[#Interview] Gabon : Cris de Femmes alerte sur l'impunité des violences
Violences faites aux femmes au Gabon : 'C'est comme un film à Hollywood où tout est permis'", alerte Cris de Femmes
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00:01Madame Kaliopi Eloué, vous êtes présidente de l'ONG Cri de Femme qui milite pour l'autonomisation de la femme.
00:07Merci d'avoir répondu à notre invitation.
00:09C'est un plaisir pour moi.
00:12Depuis la création de votre ONG en 2006, comment avez-vous pu évaluer la lutte contre les violences basées sur le genre au Gabon
00:18et quels sont aujourd'hui les défis majeurs ?
00:23Oui, en tant que présidente de l'ONG Cri de Femme qui a été créée en 2006 et je crois que c'est l'une des ONG
00:31qui ont eu cette grâce de mettre en place cette problématique qui concerne MNVBG.
00:39Nous luttons depuis 2010 et avec l'appui du département d'état américain, nous avons pu mettre en place un centre d'accueil de lutte contre les violences faites aux femmes en 2013.
00:51Et aujourd'hui, je peux vous dire qu'on a reçu 1012 femmes à notre centre d'accueil situé en Gondier.
01:00Et je peux vous dire qu'aujourd'hui, c'est un phénomène qui prend de l'ampleur.
01:05Je vous assure, on ne comprend plus rien.
01:08C'est comme si on était dans un film à Hollywood où tout est permis.
01:12Et vraiment, nous sommes horrifiés.
01:15Nous sommes horrifiés.
01:17Et on s'est dit, je crois qu'on doit continuer le combat.
01:21Le combat doit être mené, pas seulement les femmes, mais ensemble avec les hommes.
01:26Parce qu'on parle ici de la masculinité positive.
01:31Et lorsqu'on parle de la masculinité positive, ça veut dire que c'est ensemble
01:34que nous devons lutter contre les violences basées sur le genre.
01:39Et pour cela, on doit mettre les violences basées sur le genre sur la table.
01:43Ça veut dire moi et l'homme.
01:45Et dire ce qui nous embête, le grand gourou qui nous embête,
01:49c'est les violences basées sur le genre.
01:51Si on ne le fait pas, on va toujours féminiser les violences basées sur le genre.
01:56Alors que c'est un problème de droits humains qui concerne la vie.
02:01Sachant toutefois que la vie est chère.
02:04Oter la vie de quelqu'un, on n'a pas le droit de le faire.
02:09C'est juste un consentement mutuel.
02:11Si on veut se séparer, on se sépare.
02:13Et dans le contraire, on doit se battre à faire les choses ensemble.
02:18Parce qu'on est condamné à vivre ensemble.
02:20La femme et l'homme.
02:22Dit Dieu, l'homme quittera son père et sa mère.
02:25S'attachera à sa femme.
02:27Et ils deviendront une même chair.
02:29Donc c'est ensemble que nous devons construire.
02:33Quelles avancées concrètes avez-vous observées dans la lutte contre ces violences basées sur le genre au Gabon ?
02:39Je peux dire quand même qu'on a des avancées.
02:43Parce qu'il y a eu des lois qui ont été votées en faveur des droits des femmes.
02:48On parlera surtout de la loi 006, barre 2021.
02:51Qui vraiment joue ce grand rôle-là de promouvoir les droits des femmes dans tous les domaines.
02:59Et j'invite ici toute femme à s'approprier de cette loi.
03:03Je crois que pour nous c'est un canneval.
03:05Pour nous c'est aussi une bible, pourquoi pas.
03:09Une brévière.
03:10Qu'on doit marcher avec.
03:11Parce que vous savez, la femme.
03:13Lorsqu'on parle de l'autonomisation de la femme.
03:16On ne voit que l'aspect économique.
03:18Lorsqu'on parle de l'autonomisation de la femme, il faut savoir que ça englobe trois grandes parties.
03:25Donc il y a l'autonomisation économique.
03:27Il y a le développement humain qui concerne donc la connaissance et l'acquisition des lois, formation et tout.
03:35Et le développement social.
03:37Donc l'indépendance sociale.
03:39L'indépendance juridique.
03:42Ce sont des points qui font en sorte que la femme soit complètement indépendante.
03:49Donc je parlais de l'autonomisation judiciaire.
03:52L'autonomisation économique.
03:54Et l'autonomisation sociale.
03:56Lorsqu'on atteint ces trois points, on est autonome.
04:00Donc ne pas seulement penser à l'aspect économique.
04:02Et c'est ce que nous avons pu faire au niveau du centre d'accueil qui est dénommé Issie Mounou.
04:10Issoué Mounou.
04:11En fait, ça signifie refuge en langue locale plus précisément Mpounou.
04:16Et par la suite, nous avons mis donc un atelier de transformation des produits agroalimentaires, cosmétiques, vanéries.
04:24Et tout simplement, parce que les femmes victimes de violences, lorsqu'elles arrivent au centre, en fait, c'est comme si la femme trahissait toute la famille.
04:36C'est une trahison.
04:38Et elle est automatiquement rejetée de la société.
04:41Et pour se remettre, il faut qu'elle soit autonome.
04:45Et d'où donc la construction de cet atelier.
04:49Et je suis trop fière, parce que je sais que beaucoup aujourd'hui, ont cette indépendance économique.
04:55Parce que vous savez que la plus grande guerre, c'est la pauvreté.
04:59Lorsqu'elle est pauvre, on va utiliser notre gabonitude qui signifie « je vais encore faire comme ça ».
05:04Donc, même si mon mari viole ma fille, je vais encore faire comme ça.
05:10Mais c'est un crime.
05:12Lorsqu'une femme dit ça, c'est un crime.
05:15Il suffit seulement de venir à cri de femme.
05:17Donc, on les oriente, on les accompagne pour qu'elles soient indépendantes.
05:22Le problème est sérieux depuis un certain temps.
05:25Alors que le Gabon a ratifié beaucoup de lois, soit des lois nationales ou internationales.
05:31On parle de la CEDEF, on parle alors de Maputo et autres.
05:36Et on se rend compte que c'est comme si tout cela se jetait dans l'eau.
05:41Il est vraiment question qu'on revienne sur terre, je vais utiliser le terme.
05:47On a conscience que les violences basées sur le genre, ce n'est pas seulement la femme, mais c'est l'homme et la femme pour construire une société solide.
05:57Quel rôle jouent les associations dans ce combat ?
06:00Nous servons de complément à l'action gouvernementale.
06:05Ce que le gouvernement ne peut pas faire, les associations et les ONG sont comme des fourmis, en fait,
06:12qui travaillent dans le silence, en secret, mais qui remontent la chose plus haut.
06:17Je parlerai des associations de lutte contre les violences faites aux femmes.
06:21Il n'y a pas que cri de femmes.
06:22Nous avons le DEFPA de Mme Honorine Zébitegué, qui est pour moi, ma référence.
06:30Avec qui nous travaillons ensemble, parce que nous sommes une grande plateforme.
06:35Nous avons agi pour le genre, la DEFPA et les autres, qui luttent vraiment contre les violences basées sur le genre.
06:42Et je crois que notre cri a été entendu, vu que j'ai eu le prix, en 2019, de lutte contre les violences faites aux femmes.
06:49Le prix Agathe Okumba, donc pour montrer que notre travail, on ne le fait pas en vain, avec Mme Honorine Zébitegué,
07:00avec les autres aussi qui se battent pour que vraiment la voix de la femme soit entendue.
07:05Et je sais aussi, aujourd'hui, qu'avec l'arrivée de la transition, avec notre président que nous proposons,
07:15il est déjà prêt à accompagner les femmes dans ce sens-là.
07:19Que ce soit dans des instances décisionnelles, que ce soit sur le plan économique,
07:24où les femmes devront être des agents de développement.
07:28Et pour cela, le combat continue.
07:31Nous n'allons pas nous lasser jusqu'à ce que le problème soit éradiqué.
07:35C'est vrai, ce n'est pas un problème gabonais, c'est un problème international.
07:40Les luttes contre les violences basées sur le genre, c'est international, c'est mondial.
07:46Mais au niveau du Gabon, nous crions encore pour dire, nous ne sommes pas peuplés.
07:52Non seulement nous ne sommes pas peuplés, cela ne suffit pas qu'on doit nous tuer, non.
07:56Par contre, conserver le patrimoine que nous avons, que ce soit humain et le reste.
08:01Tout à l'heure, vous parliez de l'autonomisation.
08:06Pourquoi l'autonomisation n'est peut-être pas une solution ?
08:12Vous savez que je vous disais tantôt que la pauvreté était mal et c'est la source même des conflits.
08:17Tous les braqueurs que nous voyons dehors, parfois, ils ont faim.
08:22Ils sont amenés à braquer, à tuer.
08:26Mais nous voulons combattre cela.
08:30Si la femme est autonome économiquement, je vous assure, c'est un grand pas.
08:37Et ça rend la femme plus indépendante et pour participer aussi au développement économique.
08:44Vous savez, lorsque vous faites une évaluation des sociétés dirigées par des femmes,
08:51moi-même, je suis entrepreneur,
08:53vous allez vous rendre compte que toutes les sociétés dirigées par des femmes,
08:56ce sont des sociétés qui prospèrent.
08:59La femme ne sait pas mentir.
09:01La femme ne sait pas voler.
09:02Mais la femme fait un effort de préserver et de faire avancer les choses.
09:08Donc, si la femme est l'acteur principal en ce qui concerne l'agent du développement économique,
09:14on sait que les choses vont avancer.
09:16Voilà pourquoi on demande un soutien financier à toutes ces femmes
09:19qui voudront participer au développement de leurs entreprises.
09:25D'accord. Alors, quels sont les plus grands défis qui restent ?
09:29Les grands défis, c'est d'amener les hommes.
09:32Parce que c'est un problème de droits humains.
09:35Comme je le disais tantôt, c'est de faire participer les hommes et les femmes
09:40à la lutte contre les violences faites aux femmes.
09:42Lorsque je parle de la masculinité positive,
09:45ça veut tout simplement dire que l'homme accompagne la femme à son épanouissement.
09:50Et pour faire participer la femme à son épanouissement,
09:53c'est ensemble qu'on va le faire.
09:54Et à lever tous les stéréotypes qui font en sorte qu'on croit que l'homme,
09:59en tant que phallocrate,
10:01et parmi, vous savez, les plaisanteurs sociaux culturels aussi,
10:06jouer un grand rôle dans ce sens-là,
10:07où on croit que la femme se limite à la cuisine.
10:11C'est bien.
10:12Et à la femme leader aussi de dire,
10:14lorsqu'on est femme mariée,
10:16lorsqu'on est femme,
10:17on assure aussi ses devoirs conjugaux et la suite.
10:21Ce n'est pas un problème de bagarre ou de course ou de compétition.
10:25Chacun doit reconnaître sa place.
10:28En quelques mots, la femme doit reconnaître sa place
10:31et défier l'homme dans sa manière de faire,
10:35dans sa manière de contribuer,
10:37de participer et de vivre.
10:40Qu'est-ce que vous pouvez dire à ces femmes
10:42qui hésitent à demander de l'aide ?
10:46C'est une interpellation.
10:48Parce qu'on a toujours cru que la vie était facile.
10:52Les mêmes problèmes que les hommes ont,
10:53c'est les mêmes problèmes que les femmes ont,
10:55mais c'est que les autres hommes
10:56qui vont toujours donner l'argent à la femme.
10:58Il faut que la femme se batte à faire quelque chose.
11:01Je suis ambassadiste de la femme rurale du Gabon
11:03et j'essaie d'aider ces femmes
11:06à l'intérieur du pays
11:08à faire quelque chose.
11:09C'est vrai, nous avons un problème de conflit femme-faune,
11:12mais en dehors de ça,
11:13il faut toujours trouver le plan B.
11:15Si les éléphants nous en battent,
11:17en tout cas, on crée d'autres activités
11:19génératrices de revenus
11:20qui vont faire en sorte
11:21qu'on puisse au pouvoir à nos besoins
11:23et subvenir aux besoins de nos enfants,
11:25de nos familles.
11:26Nous sommes là.
11:27Je suis disposée.
11:29Je suis vraiment disposée
11:30à accompagner toutes ces femmes
11:31qui ne savent pas comment commencer
11:33et leur montrer le chemin à suivre
11:35pour être indépendantes financièrement.
11:38Merci beaucoup, Mme Kaliopi-Elué,
11:40pour cet entretien que vous nous avez accordé.
11:42C'est moi vraiment qui vous dis merci.
11:44Je suis disposée.
11:44Lorsque vous voulez m'appeler, vous m'appelez.
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