A l'issue de la réunion du comité d'alerte du budget, le Premier ministre a décrit la situation économique préoccupante de la France qui nécessite de nouvelles "grandes orientations" dès le prochain budget.
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00:00C'était l'événement politique de la journée.
00:02François Bayrou, conférence de presse ce matin.
00:05François Bayrou, au chevet de la France, un malade gravement atteint selon lui.
00:09Oui, et qui présente de nombreux symptômes inquiétants.
00:12Une hypertrophie de la dette, 3 300 milliards on le sait, c'est 50 000 euros par habitant.
00:16Une hémorragie du déficit public, on ne va pas tenir les 5,4% cette année.
00:20Quant aux 3% en 2029, c'est un rêve.
00:23Une anémie de la croissance, 0,7% aujourd'hui.
00:26Et ça peut encore diminuer d'ici la fin de l'année.
00:28Et puis un grave accident vasculaire commercial.
00:31Notre rapport export, ça ne va pas du tout.
00:32Encore 81 milliards de déficit en 2024.
00:36Docteur Bayrou a fait un diagnostic implacable.
00:40Mais ce docteur en cache peut-être un autre.
00:43Écoutez un autre docteur François qui disait à peu près la même chose.
00:46Moi je suis à la tête d'un état qui est en situation de faillite sur le plan financier.
00:51Je suis à la tête d'un état qui est depuis 15 ans en déficit chronique.
00:56Je suis à la tête d'un état qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans.
01:02Bon, ça ne peut pas durer.
01:03Eh oui, c'était il y a 18 ans, septembre 2007.
01:06François Fillon, le diagnostic est elle-même.
01:08C'est pourquoi les Français ne croient plus trop quand on leur dit que ça va si mal.
01:12Les Français voient que la France continue à fonctionner, bien qu'on dise que la faillite est annoncée.
01:17Le docteur Bayrou se retrouve donc dans la position du docteur Knoch, le héros de Jules Romain,
01:22qui rappelait que les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent.
01:26Citation authentique de Claude Bernard, qui lui était un grand médecin.
01:29Et donc voilà, nous en sommes là.
01:31Le Premier ministre qui a tout de même donné aujourd'hui les raisons du mal français, ça c'est nouveau.
01:35Ah oui, ça c'est nouveau et c'est assez courageux parce qu'il nous dit que les problèmes viennent certes de l'extérieur,
01:41le prix du gaz, le prix du pétrole, des facéties de Donald Trump,
01:45mais que les problèmes viennent aussi de chez nous, de l'intérieur.
01:48Il rappelle les origines du mal.
01:51Nous n'avons pas assez de ressources parce que notre pays ne produit pas assez.
01:56Nous manquons de ressources parce que nous ne produisons pas assez pour les créer.
02:01Le taux d'emploi des jeunes français est beaucoup plus faible que chez nos voisins européens
02:09et le taux d'emploi des seniors est aussi plus faible que chez nos voisins européens.
02:14Que c'est compliqué, désindustrialisation, donc il faut plus d'investissement,
02:19donc il ne faut pas augmenter les impôts sur les capitaux.
02:21Voilà qui va fâcher la gauche et les syndicats.
02:23Plus de travail, par exemple pour les seniors, on sait que plus de travail,
02:26ça veut dire repousser l'âge de la retraite.
02:28C'est automatique, les seniors travaillent plus longtemps, ça fâche les français.
02:31Et encore faut-il que la qualité de vie au travail soit préservée.
02:34C'est très complexe, une fois le diagnostic posé, de trouver le remède.
02:38Mais justement, est-ce que l'ordonnance du docteur Bayrou est à la hauteur ?
02:41Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non de leur maladie.
02:44C'est Molière qui disait cela dans le Maladie Imaginaire.
02:47Eh bien Bayrou, il a lu Molière, il ne présente pas de remède, en tout cas pas pour l'instant.
02:51C'est avant le 14 juillet qu'on aura l'ordonnance du docteur Bayrou.
02:54C'est paradoxal d'ailleurs de sonner le toxin, l'alarme aussitôt aujourd'hui en se précipitant
02:59et de dire stop, on attend trois mois.
03:01Alors pourquoi ce délai ? Pour deux raisons.
03:03D'abord à cause de la politique.
03:04S'il fait ce qu'il doit faire, ce qu'il faut faire, Bayrou est renversé par une censure immédiate.
03:09En repoussant au 14 juillet, ça lui laisse le temps de passer le 7 juillet,
03:14la date où la dissolution peut revenir.
03:16Le président recouvre son droit de dissolution.
03:19Renverser le gouvernement, c'est à haut risque pour les parlementaires.
03:21D'ailleurs Bayrou le dit, il veut mettre les parlementaires dans le coup.
03:25Il veut les associer.
03:26Il veut un accord politique et ça, ça prend au moins trois mois.
03:29L'autre raison de l'attentisme du docteur Bayrou, c'est qu'il faudrait réformer l'État.
03:33Il le dit lui-même d'ailleurs.
03:35Il dit, si on ne propose pas des économies importantes sur le fonctionnement de l'État,
03:38on ne pourra pas demander des efforts aux Français.
03:40Or, réformer l'État, ça prend du temps.
03:44Il veut d'abord vérifier que les missions de l'État sont bien définies
03:47pour voir comment on peut faire des économies.
03:49Et d'ailleurs, il y a un Premier ministre qui le dit.
03:51Un autre.
03:52Écoutez-le.
03:52La France a besoin de réformes.
03:55Nous allons les faire.
03:56Nous allons les faire dans la concertation.
03:58Nous allons les faire pour réussir.
04:01Et nous réussirons si nous retrouvons entre nous, Françaises et Français,
04:06ce lien, cette fraternité qui font notre force.
04:10Les réformes, tout de suite, dans la fraternité.
04:13Bayrou a employé les mêmes mots.
04:14Il a parlé de la fraternité ce matin.
04:16Ça, c'était en décembre 1995, il y a bientôt 30 ans.
04:18Alors, soit on se dit qu'en fait, les problèmes en France,
04:21c'est une absence de solution qui finit par les régler.
04:24C'est ce que disait le bon docteur Henri Cueil.
04:26Il était chef du gouvernement dans les années 50, sous la Quatrième République.
04:29Ou pire, on pense en France qu'il suffit de dire réforme, réforme, réforme
04:33pour qu'elle se fasse.
04:34Et ça, c'est le bon docteur Émile Coué.
04:37Le docteur Coué si bien connu.
04:39C'était en 1922, son ouvrage sur l'autosuggestion.
04:41La méthode.
04:41C'était en 1922, son ouvrage sur l'autosuggestion.