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  • il y a 4 jours
Anne Fulda reçoit Florent Dabadie pour son livre «Hiromi» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Florent Dabadi.
00:03Merci.
00:04Alors, pour vous présenter, vous vivez au Japon depuis 25 ans, vous êtes chroniqueur, producteur,
00:12vous travaillez essentiellement pour la télévision japonaise, un peu pour la télévision française,
00:15vous avez déjà écrit deux livres, à revers, et le deuxième, Comment je suis devenu japonais,
00:20et là, vous venez d'écrire Hiromi, un livre qui est paru aux éditions Stock,
00:24un livre qui est une plongée, un retour sur une histoire d'amour entre un homme et une femme,
00:29mais aussi entre un homme, on peut dire, et un pays, une culture, la culture japonaise.
00:34Alors, un livre qui semble autobiographique, tant le héros, qui s'appelle Florent, vous raconte,
00:42semble vous ressembler pas mal, donc c'est bien vous, mais pourquoi, dans ces cas-là, avez-vous choisi la forme du roman ?
00:49D'abord parce que j'en avais envie d'écrire, d'essayer d'écrire de la littérature, de tester mon écriture.
00:57J'avais aussi besoin, par le truchement du roman, d'aller dans des lieux où je pouvais pas aller,
01:04c'est-à-dire le passé de l'héroïne, du personnage, de ma femme dans le roman, qui ne m'en a jamais parlé,
01:13et je suis un grand fan du réalisme magique de Garcia Marquez, mais aussi de Vargas Llosa,
01:19et j'ai vraiment vu comment on pouvait rentrer dans des zones interdites, dans des lieux interdits, grâce au roman.
01:24Alors justement, celle qui est la femme de Florent, s'appelle Hiromi, et il y a une première partie,
01:31qui s'appelle Elle, et consacrée justement à son enfance, qui effectivement est très marquante,
01:39parce que c'est une jeune fille qui est en 67 dans un petit village de pêcheurs,
01:43et qui va être marquée à tout jamais par cette enfance, par un père assez violent,
01:48et dans le même temps qui lui fait découvrir la musique classique, la littérature un peu,
01:53et puis une mère totalement soumise.
01:55Quelque chose de très rare, parce que le Japon est un pays où la culture occidentale est arrivée très tardivement,
02:03dans les années 80-90.
02:05Elle, elle a un père presque miraculeux, parce qu'il aime cette musique classique, cette littérature,
02:10elle lit beaucoup, elle ne va pas à l'école, et elle a une soif de connaissances extraordinaires.
02:17Mais bien sûr, le personnage du père a deux faces, et une face aussi très violente,
02:23et j'essaie de parler de ça également.
02:26Alors, ce qui est intéressant, c'est que très tôt, on voit qu'elle veut,
02:29et qu'elle y parviendra d'ailleurs, de devenir l'exact opposé de ce qu'était sa mère,
02:34c'est-à-dire de cette image assez répandue au Japon, de la femme totalement soumise à son mari.
02:39Qui est toujours le cas, parce que c'est un pays sans beaucoup de parité,
02:42c'est un pays très patriarcal, et donc, elle, elle s'est toujours battue pour l'émancipation des femmes,
02:49et comme vous le dites, ne pas être ce qu'est sa mère, avoir un travail, avoir une opinion, pouvoir l'exprimer.
02:57Ça, c'est vraiment le côté très contemporain du récit.
03:00Alors, cette émancipation, elle y parvient, notamment grâce à la lecture, on vient d'en parler,
03:05mais aussi à l'art contemporain, puisque c'est un domaine qu'elle va découvrir et qu'elle va investir,
03:13ce qui est assez original aussi, à l'époque.
03:17En fait, pour vivre sa liberté en tant que japonaise, elle est obligée d'aller avec les marginaux,
03:20et en effet, les artistes, même si c'est un stéréotype, sont au Japon des classes marginales,
03:27qui sont peu comprises, et où les femmes peuvent avoir le pouvoir,
03:30grâce à leur talent, grâce à leur intelligence.
03:33Et elle le comprend tout de suite, je ne sais pas si elle avait vraiment envie d'aller dans le monde de l'art,
03:38mais elle sait que c'est là qu'elle va s'épanouir.
03:40Et donc, ça, c'est un choix judicieux, et encore aujourd'hui, on voit qu'au Japon,
03:45c'est dans ces domaines-là que les femmes ont le pouvoir.
03:47Oui, et alors, bon, ensuite, vient l'histoire d'amour que vous racontez,
03:52une histoire d'amour qui est tourmentée, parce qu'elle reste, Irumi, marquée par cette enfance,
03:56elle a des périodes de dépression, bien sûr, de dépression assez profonde, d'absence,
04:04elle disparaît, de dédoublement de personnalité, donc c'est une histoire tourmentée.
04:11Florent lui présente ses parents, ce qui est l'occasion, effectivement, vous,
04:13de faire un petit clin d'œil, on croit reconnaître vos vrais parents,
04:17effectivement, votre père, Jean-Louis Abadie, qui vous reçoit très chaleureusement,
04:20votre mère, Marie-Martin Guillaume, qui a eu un rôle éminent au sein du prix Goncourt,
04:27de l'Académie Goncourt, et finalement, en écrivant ce livre,
04:33c'était l'histoire d'une femme ou l'histoire d'un amour que vous avez voulu écrire ?
04:37Alors, Anne, c'est aussi l'histoire, une lettre à mon père et à ma mère,
04:41qui ne sont plus là et qui m'ont toujours demandé, parle-nous de ton pays,
04:45parle-nous de ta femme, parle-nous de ton histoire,
04:47et on n'est pas toujours libre de ses décisions.
04:53Dans la vie, il y a des moments où on le peut, on ne le peut pas,
04:57et ils ne pourront pas le lire,
05:00mais j'avais vraiment envie de l'écrire aussi pour eux,
05:03pour que, quelque part, ils puissent savoir tout ce qui est arrivé dans ma vie.
05:10Oui, et donc, à travers ça, effectivement, il y a un hommage aux deux.
05:14Et, j'allais dire, presque, enfin, votre père était bien plus connu dans le grand public.
05:20Votre mère, vous lui dédiez d'ailleurs le livre et tout,
05:23qui est en hommage à tout l'amour qu'elle vous a donné.
05:27C'est elle qui m'a introduit à la littérature.
05:29C'est elle qui m'a fait lire un des livres qui m'a donné envie d'écrire celui-ci,
05:32qui est « André la nuit » de Fils Gérald.
05:34Et, à un moment, elle m'a dit « Je ne veux pas que tu finisses comme Dick Diver »
05:39qui, dans le film, est finalement mangé par Nicole et finit dans un petit village du Vermont.
05:44Et ça m'a tellement ému, ce qu'elle m'a dit,
05:46que je me suis un peu battu pour elle dans ce roman.
05:50En tout cas, c'est un très joli livre.
05:52Ça s'appelle « Hiromi », donc c'est paru aux éditions Ttock.
05:55Merci beaucoup, Florent Dabedi.
05:56Merci, Anne.

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