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Anne Fulda reçoit Serge Rezvani pour son livre «La Traversée des Monts Noirs» dans #HDLivres

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00:00Bienvenue à l'heure des livres, Serge Resvani. On est très content de vous recevoir.
00:05On vous présente toujours comme un artiste multidisciplinaire et à chaque fois vous
00:09dites pluri-indisciplinaire. La nuance est importante. C'est une nuance qui est bonne.
00:16C'est une bonne nuance. Indisciplinaire dans des disciplines aussi différentes que la peinture,
00:22que la poésie, que l'écriture, que le théâtre. Là on vous reçoit pour l'écriture. Vous avez
00:29déjà écrit des dizaines de romans, les années Lumières, le Testament amoureux, les années Lula,
00:33des poésies, la poésie aussi. La fameuse chanson, le tourbillon de la vie, dont on vous parlera je
00:41pense jusqu'à votre dernier jour. On accompagne partout. Nous vous recevons aujourd'hui car les
00:47éditions Philippe Rey ont eu la bonne idée de publier à nouveau votre roman La traversée des
00:51Monts Noirs, un livre qui était paru en 1992.
00:56Alors l'intrigue se déroule à bord d'un train brise-glace qui file à travers les
01:04Monts Noirs, en Russie, à son bord des savants, parmi lesquels une ornithologue juive et aussi un
01:08conte antisémite. Tout ça raconté avec l'œil aigu d'un narrateur. C'est une manière de revenir
01:15sur le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, qui est une question qui se pose encore
01:20toujours. Oui mais ça se pose plus que jamais je crois. Et j'ai bien aimé ce que vous avez dit,
01:26avant qu'on commence, vous avez dit en fait tous mes livres précédents étaient un brouillon de celui-ci.
01:30Que voulez-vous dire ? Oui, d'abord dans la forme et puis pour le contenu aussi bien sûr, c'est sur
01:37l'absence. Ma mère a disparu en Pologne donc il n'y a pas de tombe, il n'y a rien. Et puis c'est difficile
01:47d'expliquer pourquoi on écrit un livre. On écrit pour écrire et on est les premiers lecteurs de ce qu'on ne
01:54sait pas de soi et des autres. Ce que disait von Kleist, disait que les mots tirent la pensée. Donc,
02:00c'est ça un livre. Et puis ce sont les derniers solitaires qui ne se connaissent pas.
02:05Oui. Alors en fait, dans ce livre, vous faites une espèce de parallèle finalement entre l'ornithologie,
02:11la façon dont les oiseaux bougent d'un endroit à l'autre et se posent un instant. Et l'histoire des
02:17juifs finalement, à travers les âges ? Jusqu'à présent, les juifs se posent un instant, mais j'ai
02:23l'impression que là, ils se sont posés un peu fort. Mais bon, ils se sont posés dans un endroit où il y a
02:29beaucoup de contestations. C'est une histoire presque tout léger d'en parler en cinq minutes.
02:35Oui. Alors, revenons sur votre enfance que vous avez évoquée. Enfin, votre mère, qui était une
02:41violliniste d'ailleurs, d'origine russe, juive, et qui vous a laissé, parce qu'elle était malade,
02:50dans un pensionnat. Vous étiez jeune. Comment se remet-on de ça ? Est-ce qu'on s'en remet ? Ou est-ce que finalement
03:00ça construit ? Enfin, ou les deux ? C'est la chance de ne pas pouvoir s'en remettre. C'est parce que quand je vis
03:04si longtemps, c'est que je suis tellement curieux que ça serait vexant de mourir maintenant. Alors, vous êtes né à
03:11Téhéran ? Oui, en cinq minutes. En cinq minutes ? Votre père était d'origine iranienne. Qu'est-ce que vous avez cru ? Un russe,
03:17iranien. C'était un personnage trop bizarre pour pouvoir même le définir. Vous avez quelque chose de russe en vous,
03:27vous pensez ? Ou d'Irania ? Ah ben, j'ai été élevé parmi les russes blancs de Paris, oui, oui, oui.
03:32À ce pensionnat, justement, où vous avez été... En ce moment, vraiment, ce qui se passe en Russie est
03:36très intéressant. Et vous regardez de quel œil, justement, vous qui... Il y a eu Rasputin qui a foutu en l'air la Russie.
03:44Il y a Poutine qui va foutre en l'air la Russie, évidemment. Mais comme c'est un peuple d'esclaves, il va durer encore un
03:51moment. Mais à moins qu'ils nous foutent tous en l'air aussi, c'est très possible. Ah oui.
03:57Un peuple d'esclaves, c'est assez fort. C'est-à-dire que vous mettez tout le peuple russe, toute l'entité russe ?
04:01Non, sauf ceux qui sont dissidents. Ils se résistent. Mais ils ont les plus grands dissidents du monde.
04:08Et les plus intelligents et les plus fabuleux, comme Dostoevsky et tous les autres.
04:13Et alors que vous avez évoqué votre âge, vous avez 97 ans aujourd'hui ?
04:19J'ai 98 ans maintenant, moins 3 ou moins 2, je ne sais plus.
04:23Alors bon, bientôt un siècle, mais pas encore 100 ans.
04:27Mais une vitalité incroyable, une créativité qui semble toujours être là.
04:32Oui, mes livres sans bouteille chez mon insisteur, c'est vrai.
04:36Et comment vous expliquez finalement cet amour de la vie ?
04:40C'est la vie qui est de l'amour pour moi, il faut croire.
04:43Parce que vraiment, je vis, non, on vieillit par les jambes un peu, mais à part ça, non, je ne vois pas du tout où est la différence.
04:52On en parlait tout à l'heure, on vous associe sans cesse à cette chanson qui a été chantée notamment par Jeanne Moreau,
04:58enfin surtout par Jeanne Moreau, le tourbillon de la vie dans Jules et Jim.
05:01Je suis devenu le musicien de Nouvelle Vague par hasard, j'écris avec deux accords.
05:08On entend deux accords, là.
05:10Est-ce que, c'est une chanson qui n'a pas vieilli, est-ce que son succès vous a dépassé ?
05:17Ah oui, oui.
05:20Et finalement, lorsqu'on vous associe finalement toujours et toujours à cette chanson, ça vous fait plaisir ou ça vous agace ?
05:27C'est un miracle, c'est, non, vous savez, mes chansons ne sont pas de moi, quoi, elles sont de moi.
05:33Dès que je les ai écrites, elles se sont envolées, vraiment, et je ne suis absolument pas un auteur qui est...
05:39Mais je suis, ce qui est bizarre, surtout, c'est que je suis souvent...
05:43Il y a des vieilles dames qui m'accostent, vous savez, quand j'étais petite, ma mère...
05:47Alors là, vraiment, je prends conscience de mon âge.
05:52Dernière question, vous êtes bien dans notre époque ?
05:56Oh là là, il y a beaucoup à dire.
05:57Moi, je suis passionné par notre époque, c'est tellement dément.
06:01C'est vexant de mourir, j'aimerais bien être en haut, sur la rambarde et regarder en bas et me dire, ces cons-là, ils en sont là.
06:08En tout cas, vous êtes là, bienvenus, Jean, et on était ravis de vous recevoir.
06:12Et donc, je vous conseille de relire ce livre qui vient de...
06:16Ou de lire, ou de relire ce livre, La traversée des monts noirs, qui vient d'être réédité par Philippe Rey.
06:21Et vous pouvez en profiter pour relire d'autres de vos livres, c'est toujours un plaisir.
06:25Merci beaucoup, Serge Lozani.
06:27Merci à vous.
06:27Donc, on attend le prochain.
06:29Oui, il y en a pas mal de prochains.
06:30Bon, très bien.
06:31Merci beaucoup.
06:31D'accord.

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