L'enseignante accusée d'avoir poussé au suicide Evaëlle, une enfant de 11 ans victime de harcèlement scolaire, a été relaxée, ce jeudi 10 avril.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Il est 14h01, je vais vous parler à l'instant de ce jugement qui devait être rendu par le tribunal correctionnel de Pontoise.
00:07Une enseignante de 62 ans jugée pour harcèlement moral à l'encontre d'Evael, cette élève de 6e.
00:13Elle avait 11 ans, elle a mis fin à ses jours en juin 2019.
00:17L'enseignante était poursuivie pour harcèlement moral parce que l'accusation estimait que son comportement en cours avait encouragé le harcèlement des autres élèves.
00:26La décision est tombée à l'instant, l'enseignante est relaxée, elle avait été un temps poursuivie même pour homicide involontaire.
00:33Ça avait été suivi par un non-lieu et donc l'enseignante décroche, la relaxe dans ce procès pour harcèlement moral.
00:41Affaire abominable parce que vraiment on avait appris des choses terribles sur ce qui s'était passé pendant les cours.
00:45La justice a donc estimé que l'enseignante n'était pas responsable de harcèlement moral.
00:50Et dans cette affaire aussi, Véronique Fèvre, qui est la spécialiste d'éducation de BFM TV, on s'était rendu compte qu'il y avait en fait toute une chaîne d'alerte qui n'avait pas fonctionné.
01:00Oui, c'est sans doute, peut-être aussi, bien que le tribunal ait décidé de s'être relax.
01:07Beaucoup de témoignages sont divergents, a expliqué la présidente, la présidente qui a expliqué que cette professeure n'avait pas cherché volontairement à dégrader les conditions de vie d'Evaël,
01:19qui étaient ce dont elle était accusée.
01:22Finalement, l'enjeu qui va au-delà de ce procès, c'est que cette enseignante, elle a pu continuer à exercer, malgré de multiples alertes.
01:31Un parent délégué qui s'intéressait du harcèlement de cette professeure sur une élève, on lui a affirmé qu'elle pourrait être poursuivie pour diffamation.
01:40C'était l'équipe du collège, des élèves délégués qui lui ont fourni une liste de dysfonctionnement de cette professeure à une CPE qui n'ont pas été entendus.
01:48Des professeurs qui, pendant le procès, ont soutenu cette enseignante.
01:52Il y a, comme toujours dans ces affaires, un aveuglement collectif et finalement une dilution de la responsabilité.
02:02Alors évidemment, chaque affaire fait avancer la cause du harcèlement.
02:06On a vu depuis 2017 la naissance du plan phare sous l'ère Jean-Michel Blanquer.
02:11Gabriel Attal qui a pris le sujet à bras-le-corps avec plus de fermeté,
02:14qui a créé 150 emplois créés dans les académies pour venir épauler les établissements qui, on le voit, sont souvent dépassés par ces phénomènes.
02:26Mais on comprend aussi au travers de ce jugement qu'il y a une responsabilité de la hiérarchie qui n'a pas été évoquée.
02:37Or, on sait qu'il y a un problème de suivi des enseignants.
02:39Ils n'ont que trois inspections tout au long de leur carrière, aucune visite médicale.
02:45Et on sait qu'une partie, on a une petite partie, un petit pourcentage d'enseignants qui dysfonctionnent.
02:50On va revenir un petit peu aussi sur ce qui s'était passé.
02:52Le procès avait eu lieu, Véronique, les 10 et 11 mars derniers.
02:56Et il y avait eu deux types d'attitudes.
02:58Il y avait l'enseignante qui était quelque part, qui assumait ce qu'elle avait fait.
03:02On n'a pas trop de méda-coupa.
03:04Et puis le principal qui était plus dans l'empathie.
03:06– Oui, parce que sans doute se rendent-ils compte que l'institution n'avait pas été à la hauteur.
03:13Il n'avait pas pris la mesure du mal-être de la jeune fille.
03:17Mais c'est vrai que la professeure, elle, de son côté, elle, elle avait plaidé la bonne foi.
03:22C'est-à-dire, par exemple, on avait parlé de ces deux heures de vie de classe
03:24qui avaient été la pire journée de la vie d'Evaël.
03:27C'est ce qu'elle avait expliqué à ses proches.
03:29Mais ces heures de vie de classe qu'elle avait vécues comme un procès,
03:33puisque la professeure avait demandé à tous les élèves d'expliquer en public ce qu'il reprochait à Evaël,
03:41pour cette professeure, c'était au contraire une tentative pour faire en sorte que les élèves s'expliquent entre eux,
03:48faire en sorte qu'ils vivent mieux ensemble.
03:51Il se trouve que c'est des méthodes qui ne fonctionnent pas,
03:54et c'est des méthodes pour lesquelles les professeurs, aujourd'hui, ne sont pas formés,
03:58ni en formation initiale, ni en formation continue.
04:01Et sans doute que cette question devra être au programme de la nouvelle réforme de la formation des professeurs.
04:06Il faut absolument que les professeurs sachent ce qui est efficace dans la lutte contre le harcèlement
04:12et certainement pas ce type de méthode.
04:14On va tout de suite rejoindre Mélanie Bertrand au tribunal de Pontoise,
04:18le tribunal correctionnel qui a donc rendu sa décision.
04:20Mélanie, l'enseignante de français est relaxée.
04:24Et la présidente est revenue pour expliquer point par point sa décision.
04:30Oui, exactement.
04:31Elle a repris tous les faits pour lesquels Pascal B, 62 ans, qui est absente.
04:35Il faut le souligner aujourd'hui.
04:36Il y a seulement son avocate qui est présente dans la salle.
04:39La présidente a repris effectivement point par point tous les faits pour motiver son jugement de relax.
04:44Elle a expliqué que par exemple sur l'isolement d'Evaël ou encore les moqueries régulières,
04:49où vous savez cette séquence où la jeune Evaël avait été confrontée debout en larmes face à la classe et face à ses camarades qui la harcelaient.
04:57Beaucoup de témoignages là-dessus sont divergents, explique la présidente, sur les humiliations,
05:02tout comme les témoignages des professeurs.
05:04Certains ont décrit une enseignante dévouée à son travail, dressant un portrait très positif.
05:10D'autres la décrivent comme une acharnée contre les élèves.
05:13La présidente explique que finalement tous ces points ne sont pas constitutifs de faits de harcèlement.
05:19Sur le banc des partis civils, juste devant nous, les parents d'Evaël semblent accuser le coup.
05:24La mère regarde dans le vide quand le père, lui, est fixé, les yeux rivés sur le sol.
05:28Il y a un point important qu'a souligné la présidente, c'est l'élément intentionnel.
05:33Est-ce que les actes ont eu une dégradation, les actes ont-ils eu une dégradation des conditions de vie d'Evaël
05:38en se traduisant par une altération de sa santé mentale ou physique ?
05:42Ça, c'est précisément l'effet de harcèlement.
05:44La professeure, selon la présidente, n'a pas cherché volontairement à dégrader la santé d'Evaël.
05:50Et donc il ne peut avoir lieu de condamnation puisque le harcèlement involontaire n'existe pas.
05:55Il est légitime, a rappelé la présidente à la fin de l'audience, que les parents d'Evaël cherchent à comprendre
06:00et cherchent à trouver une réponse à cette tragédie.
06:03Mais voilà, Pascal B est donc relaxé.
06:06On rappelle que la procureure, il y a un mois, avait requis 18 mois de prison à son encontre,
06:11décrivant une professeure qui avait jeté en pâture Evaël avec des propos très durs.
06:16La présidente n'a pas du tout suivi ses réquisitions.
06:20La professeure est donc relaxée.
06:21Le parquet de Pontoise a 10 jours pour faire appel.
06:24Voilà, Mélanie Bertrand qui est depuis le tribunal de Pontoise.
06:28On précise aussi qu'il y a deux mineurs qui sont soupçonnés d'avoir harcelé Evaël
06:31qui doivent aussi être jugés dans les semaines qui viennent.