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00:00Europe 1 Matin
00:00Le club culture d'Europe 1 Matin, présent avec, pour commencer, Nicolas Carreau, le livre du jour.
00:06Vous nous parlez ce matin du livre d'Irène Frein, qui paraît en forme à poche.
00:11L'Irène Frein, grande dame de la littérature contemporaine, le nabab, secret de famille,
00:16notamment des romans, mais pas seulement.
00:18Il y a quelques années, elle avait obtenu le prix interallié pour un crime sans importance,
00:22une enquête sur l'assassinat de sa sœur, un livre fou, et celui-ci s'appelle
00:26Écrire est un roman, c'est chez point.
00:28Alors, elle parle de sa manière d'écrire.
00:30Oui, un jour, elle est contactée par un atelier d'écriture, vous savez, il y en a beaucoup maintenant,
00:34des écrivains qui animent des stages avec des participants qui ne savent pas comment écrire ou terminer leur roman.
00:39On estime qu'un Français sur quatre voudrait écrire un roman, ou en a un dans le tiroir, n'est-ce pas, Nissa ?
00:45Bref, on propose ça à Irène Frein, qui au début pense qu'elle ne va jamais y arriver,
00:48elle ne sait pas trop quoi leur dire, alors elle travaille, elle se souvient,
00:51elle remonte le fil pour savoir comment elle a commencé à écrire.
00:54C'est souvent le cas quand des romanciers publient un livre sur leur manière d'écrire,
00:57ça se termine en autobiographie.
00:59Stephen King dans écriture, ou Moura Kami avec autoportrait de l'auteur en coureur de fond.
01:04Et donc Irène Frein raconte comment écrire s'est imposé à elle dans l'enfance.
01:07Elle écrivait tout le temps, mais écrire quoi et pour qui, elle ne savait pas trop,
01:11alors elle a commencé à écrire des lettres à ses copines tous les jours,
01:14avant même de recevoir des réponses simplement pour se constituer un lectorat.
01:18Mais il y a des conseils concrets dans ce livre ?
01:20Oui, oui, oui, oui. Par exemple, elle trouve une photo d'une maison étrange avec une ombre au premier plan.
01:24Vieille photo, je vous passe les détails de la découverte de cette photo qui est en soi un roman,
01:28mais elle demande ensuite à ses élèves d'imaginer ce qui se passe dans cette maison,
01:32pas de décrire, d'imaginer.
01:34Et elle publie un résumé de deux lignes, de la douzaine d'idées récoltées,
01:38c'est ça ce qui est fascinant avec l'imagination.
01:40Il y a autant d'histoires complètement différentes,
01:42un crime, un repère de nazis, un repère de libertins, aussi une escroquerie, etc.
01:46Il y a du concret, mais il y a aussi des visions plus larges.
01:49Qu'est-ce qu'une histoire ? Comment il faut croire à sa propre fiction ?
01:53Et surtout, pourquoi a-t-on peur d'écrire ce qui est souvent l'obstacle numéro un ?
01:57A créer ces vertigineux.
01:58Irène Frein, donc écrire un roman.
02:01Merci Nicolas Carreau, qui en a déjà deux à son agressif.
02:04J'essaye, j'essaye.
02:04Et deux très réussies en plus.
02:06Le musée Carnavalet à Paris consacre en ce moment,
02:10Olivier Benkemoun, c'est la sortie de la semaine,
02:12une très grande exposition de photos signée Agnès Varda.
02:16Oui, Agnès Varda.
02:17Vous la connaissiez, réalisatrice de cinéma,
02:19avec Cléo de Saint-Cassette, documentariste,
02:22les glaneurs et la glaneuse.
02:23Vous la connaissiez, icône de la mode.
02:25Eh bien aujourd'hui, vous allez la découvrir photographe.
02:27Ça a d'ailleurs été son premier métier.
02:29Dès 1950, elle s'inscrit au registre du commerce comme artisan photographe,
02:33parce qu'il fallait s'inscrire au registre du commerce.
02:35Et elle mitraille Agnès, sa fille.
02:38Rosalie parle de dizaines de milliers de photos.
02:40Agnès, quand elle est allée vers le cinéma,
02:42en gros, on a dit, ben non, t'es pas photographe, t'es cinéaste.
02:44On a commencé un peu à ouvrir des boîtes,
02:46mais on ne savait pas qu'on avait 27 000 négatifs.
02:49En fait, elle a très peu exposé sa photographie.
02:51Quand même, il ne faut pas oublier que ce n'était pas si facile que ça,
02:54dans les années 50,
02:55que les grandes agences de presse avaient été créées par des garçons.
02:57Elle a dit 27 000 négatifs.
02:59Ouais, près de 30 000.
03:00Et un nombre de tirages incalculables.
03:02Elle a un sens de la lumière incroyable.
03:03Mais incroyable !
03:04Dès les années 50, Agnès Varda prend en photo son petit monde,
03:07ses colocataires, ses amis, ses voisins,
03:09puis Paris, puis la Seine, puis Montmartre, sans touriste.
03:12Ce n'est pas le Paris de carte postale,
03:13mais un Paris en noir et blanc,
03:14avec des gravats, des immeubles détruits,
03:17des gueules aussi,
03:18des compositions très travaillées,
03:19inspirées par les surréalistes.
03:21Mais toujours avec cette poésie et cette malice,
03:23comme ce jour de 1956,
03:25lorsqu'elle embarque,
03:26le grand réalisateur Federico Fellini
03:28à bord de sa toute petite 4 chevaux,
03:30direction Porte de Venve,
03:31pour la faire poser au milieu d'un amoncellement de pavés.
03:34Elle est allée chercher à l'hôtel,
03:36ils sont partis dans une petite voiture,
03:38et elle a fait une séance de photos Porte de Venve.
03:40C'est une espèce de chantier en démolition,
03:43moitié des charges.
03:44Elle a envie de faire un vrai portrait,
03:46parce que c'est une portraitiste.
03:47Et dans ces photos, Olivier,
03:49on croise également des stars.
03:50Ouais, comme l'immense acteur Gérard Philippe,
03:52dans un ascenseur moderne,
03:53avec sa tenue du Cid,
03:55Anna Karina en robe de mariée,
03:56Jean-Luc Godard,
03:56Philippe Noiré,
03:57le jeune de Pardieu,
03:58Catherine Deneuve,
03:59photos souvenirs des essais-coiffures
04:00pour les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy,
04:02compagnon d'Agnès Varda.
04:0480% des photographies qui sont exposées
04:06n'ont jamais été montrées.
04:08Et son premier autoportrait,
04:09qu'on a mis au début de l'exposition,
04:12il est raide.
04:13Elle veut la structure du visage,
04:15les cernes.
04:15Et moi, je trouve ça vachement émouvant,
04:17et vachement culottée,
04:19hyper moderne.
04:20Le monde photographique d'Agnès Varda
04:23en 130 photos
04:23et quelques extraits de films,
04:25des images parfois sombres,
04:26mais aussi faites de calembours visuels,
04:28comme elle les appelle,
04:29et surtout de beaucoup d'humanité.
04:30Une vraie découverte
04:31et une vraie réussite.
04:33Et c'est sa fille,
04:34donc Rosalie.
04:35Rosalie Varda
04:35qui s'occupe du fond.
04:37Il y a du Jim Morrison dedans ?
04:38Il n'y a pas de photo de Jim Morrison.
04:39Parce qu'Agnès Varda
04:41est, je crois,
04:41l'une des rares personnes
04:42à avoir vu Jim Morrison
04:43mort chez lui.
04:44Elle avait un lien particulier avec lui.
04:46Absolument,
04:46mais celle-là,
04:47c'est une photo un peu triste.
04:48Mais les photos sont supplantes.
04:49Je ne parlais pas de Jim Morrison
04:51mort en photo,
04:52mais enfin,
04:52Jim Morrison tout court,
04:53c'était pas mal.
04:53Le Paris d'Agnès Varda
04:54de ci-de-là.
04:55Et donc,
04:55il y a un très beau livre
04:56que vous nous avez montré.
04:57Merci.
04:57C'est au musée Carnavalet,
04:59Histoire de Paris
05:00jusqu'à la fin du mois d'août.
05:01Merci Olivier Benkemoun.
05:02Merci Nicolas.
05:03Merci Vincent.
05:03A demain.
05:04Dans un instant.