Sortie de crise entre la France et l’Algérie. Le ministre Jean-Noël Barrot sera dimanche à Alger pour redonner un cours normal aux relations entre les deux pays. Le regard de Patrick Cohen sur la situation... -
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00Bonjour Patrick Cohen.
00:01Bonjour Marion.
00:02Sortie de crise entre la France et l'Algérie, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël
00:06Barraud sera dimanche à Alger pour redonner un « cours normal » aux relations entre
00:10les deux pays.
00:11Comme dans un dialogue de Michel Audiard, après des mois passés à échanger des bourre-pif,
00:15on dirait bien que les diplomates ont pris le pas sur les hommes d'action.
00:18Et l'époque serait donc au table ronde et à la détente.
00:20Exactement, et la référence au Tonton Flingueur, le film favori d'Emmanuel Macron, s'impose
00:25par son implication directe dans ce raccommodage, directe et discrète.
00:30Pendant qu'au ministère de l'Intérieur, Bruno Retailleau saturait l'espace à coups
00:33de rapports de force et de ripostes gradués, en menaçant de démissionner s'il n'était
00:38pas suivi, Emmanuel Macron envoyait des émissaires à El Mouradia, le palais présidentiel algérien,
00:43pour des entretiens à « porte-close », comme disent les diplomates.
00:47Trois rendez-vous secrets depuis janvier, en tête-à-tête avec Abdelmajid Tebboune,
00:52le troisième la semaine dernière, a donc ouvert la voie à une longue conversation
00:55téléphonique entre les deux présidents.
00:57C'était lundi, un communiqué commun qui annonce la fin des hostilités, la relance
01:01de la coopération migratoire et sécuritaire, la visite à Alger de Jean-Noël Barraud dimanche
01:07et celle, prochainement, de Gérald Darmanin.
01:09Sans un mot pour Bruno Retailleau, devenu la bête noire du régime et de ses relais
01:13médiatiques, le ministre de l'Intérieur effacé de la photo, désormais hors-jeu dans
01:18ce dossier, du moins dans sa relation avec les Algériens.
01:21Macron, le diplomate, a donc été plus efficace que Retailleau la menace ?
01:25Le président français entretient une relation personnelle avec son homologue algérien,
01:29un lien qui, dit-on, a toujours été préservé, atout majeur pour cette relance, dont les
01:34premiers résultats sont attendus très vite, une reprise du rythme des réadmissions d'Algériens
01:39sous OQTF, tombée à 20 par semaine, contre 40 avant la crise en décembre.
01:45Avec une réunion inédite, dans une dizaine de jours, entre les préfets et les 18 consuls
01:50d'Algériens de France, et bien sûr le plus sensible, l'élargissement espéré
01:55de Boilem-Sensal, là aussi le succès dépend de la discrétion.
01:58En face, même si Bruno Retailleau prétend que sa méthode de « montée en tension » a
02:02poussé à la reprise des discussions, personne ne pensait sérieusement que l'escalade
02:06d'invectives et de coups de menton allaient faire plier un régime qui, par-dessus tout,
02:11refuse l'idée d'une quelconque soumission à l'ancienne puissance coloniale.
02:14Retailleau, en réalité, a fait de l'Algérie un sujet de politique intérieure, avec un
02:19certain succès d'ailleurs, l'opinion a approuvé son bras de fer, ses démonstrations
02:23d'autorité l'ont rendu populaire, et il est le favori pour la présidence des Républicains.
02:27L'intéressé l'admet, « chaque polémique m'a servi à passer par-dessus la tête
02:32du petit monde médiatico-politique pour parler directement au français », disait-il vendredi
02:37dernier à Montaigu, en Vendée, dans un mythique de campagne auprès des adhérents LR.
02:41Une phrase que la presse algérienne a traduit par ce raccourci, « je me suis servi de la
02:47polémique sur l'Algérie ».
02:48A l'Elysée et au Quai d'Orsay, on pense d'eux-mêmes que Retailleau a « aggravé
02:52les crispations ». Qu'importe, le ministre estime sortir gagnant de la séquence en montrant
02:56que les hommes d'action ont encore de l'avenir, et qu'il n'est pas venu au gouvernement
03:00pour beurrer des sandwichs.