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  • 02/04/2025

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Transcription
00:00Bonjour Emmanuel Ducroix.
00:02Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04A propos de caviar, on va rester dans l'alimentaire.
00:06Est-ce qu'il faut laisser les agriculteurs
00:08européens payer l'effort de
00:10guerre ukrainien ? La commission
00:12européenne semble comprendre qu'ils sont
00:14un peu arrivés à bout de leur patience, les agriculteurs.
00:16Elle devrait renégocier
00:18d'ici au mois de juin l'accord qui permet la libre
00:20entrée de tous les produits agricoles ukrainiens dans l'Union.
00:22Pour que les auditeurs d'Europe 1
00:24comprennent bien de quoi on parle quand on dit que les
00:26agriculteurs européens ont soutenu l'effort de
00:28guerre ukrainien, un petit
00:30retour en arrière s'impose. En juin
00:322022, quelques mois après l'invasion russe,
00:34l'Ukraine s'était retrouvée dans une situation
00:36intenable. Ses ports sur
00:38la mer Noire étaient minés, elle ne pouvait
00:40plus commercialiser 90% de sa
00:42première richesse, c'est-à-dire ses productions
00:44agricoles, et l'Europe lui avait offert
00:46une échappatoire en ouvrant ses frontières
00:48aux céréales, aux poulets, aux œufs
00:50ukrainiens sans droite douane et sans limite de
00:52tonnage. Une façon de faire tourner
00:54l'économie ukrainienne et donc
00:56de financer l'effort de guerre
00:58par l'agriculture. Donc dans un premier temps
01:00tout le monde avait compris et accepté.
01:02Oui, y compris les agriculteurs
01:04européens. Dans le choc de la guerre
01:06il y avait eu de leur part un réel élan
01:08de solidarité sincère
01:10envers l'Ukraine et envers ses agriculteurs.
01:12Les agriculteurs européens avaient donc accepté
01:14que leur production soit mise en concurrence avec
01:16des produits ukrainiens qui coûtent
01:1830% de moins à produire
01:20parce que les contraintes et les standards
01:22ne sont pas les mêmes en Ukraine. Et ils avaient
01:24quand même l'idée derrière la tête que tout ça
01:26c'était temporaire. Mais cette union
01:28sacrée agricole elle s'est vite détricotée.
01:30Oui, parce que ça a duré. Dès 2023
01:32les polonais, les roumains qui ne pouvaient plus
01:34vendre leur blé trop cher face au
01:36blé ukrainien ont commencé à manifester.
01:38Et puis très vite on s'est rendu compte dans l'Europe
01:40agricole que les tonnages qui arrivaient
01:42étaient énormes. En 2021
01:44avant-guerre on apportait en moyenne
01:46d'Ukraine 500 000 tonnes de blé par an
01:48du blé taxé. En 2023
01:50c'est 5 millions de tonnes
01:52qui sont arrivées sans droit de douane.
01:54Pour l'orge, les volumes ont été multipliés par 10
01:56là encore sans taxe. Et en 2024
01:58les producteurs d'œufs et de poulets avaient crié
02:00grâce, ils avaient obtenu des limitations
02:02de volume. Mais on apporte quand même 2 fois
02:04plus de poulets ukrainiens qu'avant la guerre
02:06et tout ça sans droit de douane.
02:08Toute cette histoire ça a déstabilisé les marchés
02:10agricoles européens, d'autant que les cours du blé se sont
02:12effondrés de moitié depuis 2022
02:14et que les récoltes ici ont été très mauvaises.
02:16Et c'est devenu intenable, mais
02:18cette fois-ci pour les agriculteurs européens.
02:20Ils disent stop, les agriculteurs.
02:22Et l'Europe a compris qu'elle a poussé leur
02:24effort au maximum et qu'elle est en train de nuire
02:26à sa propre force agricole.
02:28Elle a donné 3 milliards et demi d'euros
02:30de plus à l'Ukraine il y a un mois.
02:32La comprepartie c'est donc une renégociation de cet
02:34accord agricole qui doit s'achever en juin.
02:36De façon bien moins avantageuse pour l'Ukraine
02:38le commissaire à l'agriculture a prévenu.
02:40D'autant que maintenant les ports
02:42de la mer Noire fonctionnent de nouveau
02:44et que l'argument initial ne tient plus beaucoup.
02:46Les agriculteurs européens vont pouvoir souffler ?
02:48Pas si sûr, figurez-vous, parce que les quotas
02:50qui vont s'appliquer aux productions ukrainiennes vont rester élevés.
02:52Et puis, la concurrence ukrainienne
02:54a mis son pied dans la porte.
02:56En Europe, elle s'est installée.
02:58Et figurez-vous, comme on n'en est pas à un paradoxe près,
03:00il va y avoir maintenant des réticences
03:02au sein même de l'Europe à l'instauration
03:04de quotas. De la part de l'Espagne par exemple
03:06qui achète à elle seule 20%
03:08des céréales à bas coût pour ses
03:10élevages de porcs. Ou de la part des Pays-Bas
03:12qui transforment des oléoprothéagineux
03:14et des poulets ukrainiens à tour de bras pour les revendre.
03:16Ça fait baisser leurs coûts
03:18et ils en font leur beurre. Et eux,
03:20ils n'ont plus très envie de revenir en arrière.

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