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Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l’Ifop, est l'invité du Face à Face sur BFMTV et RMC ce lundi 31 mars 2025.

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00:00Il est 8h32, vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Bonjour Jérôme Fourquet.
00:04Bonjour.
00:04Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:06Vous êtes le directeur du département Opinion à l'IFOP,
00:09vous êtes évidemment l'auteur de nombreux livres, dont le dernier Métamorphose française,
00:13où vous analysez les grandes mutations sociales, religieuses, politiques,
00:17en termes de mode de vie aussi de la France.
00:19On va revenir dans un instant sur l'étude que vous avez menée sur les maires de France qui se disent abandonnés,
00:25étude où l'on montre aussi les questions d'insécurité qui sont aux yeux des Français.
00:29Une question majeure.
00:31Mais d'abord, ce coup de théâtre, ce coup de tonnerre politique possible,
00:35dans une heure et demie maintenant, Marine Le Pen qui va se retrouver face au tribunal,
00:40le tribunal qui se réunira pour juger le procès des assistants parlementaires du RN.
00:45Si le tribunal suit les réquisitoires du parquet à la ligne,
00:49alors Marine Le Pen pourrait être inéligible avec une exécution immédiate,
00:54elle ne pourrait donc pas se présenter à l'élection présidentielle.
00:59Quel impact sur l'opinion, Jérôme Fourquet ?
01:01C'est difficile à dire parce que ça fait un moment maintenant que ce scénario se dessine,
01:07mais tant que la sentence n'a pas été prononcée,
01:10il est compliqué de voir comment l'opinion publique va réagir.
01:15Et quand on parle d'opinion publique, je pense qu'il faut bien distinguer les choses,
01:19c'est-à-dire d'une part les Français en général,
01:22et d'autre part, ce qui est aussi très important, les électeurs de Marine Le Pen.
01:28Parce que que les gens qui ne partagent pas les opinions ou les idées du RN,
01:33ou qui n'ont jamais voté pour eux, se satisfassent de ce jugement,
01:38ou soient confortés dans leur point de vue que ce parti n'est pas fréquentable, c'est une chose.
01:43Le vrai sujet à regarder, c'est ce qui se passera dans l'électorat du RN.
01:48Un électorat qui, d'après le dernier sondage de l'IFOP pour le journal du dimanche,
01:53est un électorat extrêmement nombreux,
01:55puisqu'il serait aujourd'hui crédité de 37% des intentions de vote au premier tour.
02:02C'est ces 37% de Français qui nous intéressent en particulier, certains.
02:05Oui, parce que bien évidemment, l'ensemble des Français va avoir son avis sur la question,
02:09et ça va être intéressant de regarder comment les Français vont réagir.
02:12Mais c'est surtout ce qui va se passer dans cet électorat du RN,
02:16si Marine Le Pen était condamnée à de l'inégibilité immédiate,
02:21si elle était condamnée à de la prison également.
02:25Et donc voir comment ces électeurs vont réagir.
02:27Alors, ils sont sans doute en partie psychologiquement préparés,
02:31c'est-à-dire que le RN, déjà depuis un moment, fait passer des messages.
02:35On sait que cette affaire concerne une question de financement du fonctionnement du RN
02:44via des emplois d'attachés parlementaires au Parlement européen.
02:50Le Parlement européen comme institution n'a pas forcément une très bonne image
02:54dans l'électorat du RN.
02:57Il n'en demeure pas moins que pour un parti qui s'est historiquement présenté
03:01comme main propre et tête haute, qui fustige toujours une justice
03:06qui ne serait pas assez ferme et pas assez rapide,
03:11tout ça peut produire un électrochoc.
03:14Ce qu'il faudra aussi voir, si jamais cette sentence était celle dont on parle,
03:20c'est comment l'appareil du parti va réagir.
03:24Est-ce qu'il y aurait un plan B ? Quelle serait l'attitude de Jordan Bardella ?
03:27On va y revenir, mais quand vous dites qu'au fond ils sont prêts,
03:30c'est-à-dire qu'en effet le réquisitoire a été présenté en novembre dernier,
03:34c'est aujourd'hui effectivement que les trois juges vont décider ou non
03:39de suivre ce réquisitoire du parquet.
03:42Mais est-ce qu'il y a eu un impact simplement du réquisitoire,
03:47qui lui-même était déjà extrêmement sévère,
03:50à l'encontre de ce que le parquet appelait un système de financement ?
03:54Est-ce que ça a eu un impact et est-ce que ça a découragé des électeurs du RN
03:58ou est-ce qu'au contraire ça les a renforcés ?
04:00Je pense que, comme on dirait dans les milieux boursiers,
04:03tout ça est déjà intégré dans les cours, dans la mesure où,
04:06comme vous l'indiquiez, les sondages qui sont pratiqués,
04:10tant en termes de code de popularité que d'intention de vote,
04:13montrent que le RN se maintient sur un socle qui est très élevé.
04:18Ça n'a détourné aucun électeur potentiel ?
04:21C'est peut-être qu'on peut raisonner par l'inverse en disant que
04:25si cette affaire n'avait pas eu lieu, le RN serait encore plus haut,
04:28mais manifestement pour l'instant, les électeurs qui s'étaient portés
04:32sur les candidats du RN aux dernières législatives et aux européennes,
04:36déjà un tiers des voix, n'ont pas déserté ce courant de pensée
04:41et sont toujours derrière Marine Le Pen.
04:44Est-ce que ça peut même avoir l'effet inverse ?
04:46C'est-à-dire, est-ce que le galvaniser, au sens aussi,
04:49notre candidate est victime d'une sorte de justice politique ?
04:53Je pense comme ça que c'est perçu déjà.
04:56Beaucoup de ces électeurs considèrent déjà qu'ils se sont fait voler
05:00leur victoire lors des législatives, puisque ce parti était sorti
05:04largement en tête du premier tour et qu'ensuite,
05:07avec les désistements des candidats de gauche
05:10et des candidats du Bloc central quand ils étaient mal positionnés,
05:14et ce qu'on a appelé la mécanique du Front Républicain,
05:18le RN finalement n'est arrivé que troisième au second tour
05:21et pour beaucoup d'électeurs et de cadres et de militants
05:24du Rassemblement National, le système, entre guillemets,
05:27pour reprendre leur terme, leur a déjà volé leur élection.
05:30Et là, ce serait, de leur point de vue, une confirmation supplémentaire
05:34qu'ils sont dans le sens de l'histoire et que le système,
05:37encore une fois avec 36 guillemets pour reprendre leur terme,
05:40essaierait de leur barrer la route de l'accès au pouvoir.
05:43Vous évoquiez, Jérôme Fourquet, la question de la réponse
05:46potentielle du RN et d'un éventuel plan B.
05:49Le plan B, ce serait Jordan Bardella, vraisemblablement.
05:52Les 37% qui disent aujourd'hui qu'ils souhaiteraient voter Marine Le Pen,
05:5634 à 37%, est-ce qu'il se reporterait mécaniquement,
06:02automatiquement sur Jordan Bardella ?
06:04Il faut voir, on a néanmoins quelques points de comparaison.
06:09La dernière élection européenne, qui n'est pas très ancienne,
06:12c'est l'été dernier, c'est Jordan Bardella qui était tête de liste,
06:15c'est lui qui a mené campagne et c'est lui aussi qui a mené
06:18la campagne du RN pour les législatives.
06:21Et on était dans des étiages qui sont très proches de ceux mesurés
06:25aujourd'hui dans les sondages, c'est-à-dire aux alentours d'un tiers des voix.
06:28Donc, il y a une doublure possible à Marine Le Pen
06:33pour un premier tour. Ce qu'on a vu néanmoins,
06:36c'est que Jordan Bardella, notamment en termes de compatibilité
06:41dans les débats, de maîtrise des grands dossiers de fonds,
06:45n'était peut-être pas aussi préparé que Marine Le Pen.
06:50On l'a vu lors des dernières campagnes européennes et législatives.
06:55Donc, si le potentiel électoral est là, il y aura quand même fatalement
06:58la question de l'incarnation qui va se poser.
07:01Et je vous posais la question à l'instant, Jérôme Fourquet,
07:03de savoir si ça avait eu un impact dans l'opinion et dans l'électorat RN
07:07d'avoir un réquisitoire aussi sévère.
07:10S'il n'y a pas d'inéligibilité immédiate, mais qu'il y a tout de même
07:15une peine de prison, est-ce que l'opinion publique française est prête
07:18à voter pour un ou une candidate, en l'occurrence une candidate
07:22qui aurait été condamnée à de la prison ?
07:25C'est une vraie question. Encore une fois, je pense que ça renforcera
07:30ce qu'on appelle le front républicain et le cordon sanitaire,
07:33c'est-à-dire que c'est d'abord au nom des idées qui sont prônées
07:36par le RN qu'une majorité de Français, ne l'oublions pas,
07:39ne souhaitent pas que ce parti arrive au pouvoir.
07:41Et ont fait barrage lors des dernières élections législatives.
07:44Et donc, s'ajouterait à cela le statut de condamné, lourdement condamné,
07:50que porterait désormais Marine Le Pen.
07:53Vous voyez, c'est la bouteille à moitié pleine, à moitié vide,
07:55c'est-à-dire que ça ne entamera pas forcément son socle électoral très élevé,
07:59mais ça peut renforcer le cordon sanitaire ou le plafond de verre
08:03qui empêcherait ce parti d'accéder au pouvoir.
08:06Prenons un autre exemple de notre histoire politique récente.
08:10Quand François Fillon a été condamné lors de l'élection présidentielle de 2017,
08:16il a quand même fait près de 20% des voix au premier tour.
08:19Donc toute une partie de son électorat lui est restée fidèle.
08:22Sauf que la même Marine Le Pen avait fait 21,5% des voix.
08:27Ce n'était pas énorme le décalage qu'il y avait entre les deux,
08:29et c'est ce qui lui a permis à Marine Le Pen d'accéder au second tour.
08:32Donc si on regarde à plat, on peut se dire François Fillon a conservé son socle électoral,
08:37mais il a quand même perdu des plumes avec cette condamnation,
08:40ce qui lui a coûté la qualification.
08:42– La qualification à l'élection présidentielle.
08:44Jérôme Fourquet, vous avez mené une très vaste étude,
08:47on va y revenir auprès des maires,
08:49mais lorsque vous parlez à l'instant de cet électorat,
08:52en gros un tiers des Français, dites-vous, qui dès le premier tour
08:55sont à peu près à voter pour Marine Le Pen ou pour le RN.
08:58Plusieurs études ont montré récemment aussi qu'un sentiment,
09:03parfois le mot est sans doute trop fort, de sécession,
09:06ou en tout cas de mise au banc d'une partie de la société
09:09par ce qui pourrait être une forme de résurrection des gilets jaunes,
09:13les ZFE notamment, qui sont vus par une partie des Français
09:16comme une manière de les exclure des centres-villes.
09:19Est-ce que c'est le même mouvement ?
09:23Est-ce que les deux mouvements,
09:26c'est-à-dire celui qui adhère aux idées du RN,
09:29celui qui se sent exclu d'une partie de la société,
09:31sont à peu près les mêmes ?
09:33– Oui en partie, encore une fois, je disais tout à l'heure,
09:37pour beaucoup d'électeurs du Rassemblement National,
09:39on parle du système, le système dont nous serions,
09:43si on reprend leur terminologie, nous serions exclus.
09:47Donc ça peut être une exclusion politique et symbolique,
09:51en disant ce qu'on fait subir à Marine Le Pen dans la scène politique,
09:55on le fait subir à nous dans la société au quotidien,
09:58ça peut être une exclusion sociale,
10:01on voit que l'électorat qui vote pour le RN
10:05se recrute principalement dans les catégories modestes et moyennes,
10:09avec les fins de mois difficiles,
10:11et puis ça peut être aussi une forme de relégation géographique,
10:14donc c'est la question de la dépendance à la voiture,
10:17de l'accès au grand centre urbain, de l'absence de services publics
10:21ou la moindre présence de services publics dans certains territoires.
10:24– Est-ce que c'est ce même sentiment d'être empêché ?
10:27Écarté ?
10:31– De ne pas forcément être reconnu,
10:34et de ne pas forcément être pris en compte dans le débat public,
10:38et quand on écoute encore une fois ces électeurs,
10:42beaucoup s'identifient au statut qui est celui du RN dans la vie politique,
10:48en disant ce statut un peu de paria,
10:52à qui est à coller au RN,
10:56quelque part nous en sommes aussi victimes dans notre vie quotidienne.
11:02– La question du respect des décisions de justice,
11:05est-ce que cette décision de justice sera respectée comme telle ?
11:09Il faut rappeler que c'est la loi qui permet la sévérité de ce réquisitoire
11:13et des peines encourues,
11:15ou est-ce qu'au contraire ça pourrait être l'étincelle
11:19qui met le feu à cette colère sourde que vous décrivez souvent ?
11:23Quel est le degré d'acceptation des décisions de justice ?
11:28– Je pense qu'on accepterait très majoritairement cette décision,
11:36en revanche ça peut renforcer la détermination
11:39de la base la plus radicalisée du RN,
11:44mais nous ne sommes pas aux Etats-Unis,
11:47on n'a plus grande peine du monde à imaginer une scène
11:52comme ce qui s'était passé au Capitole aux Etats-Unis,
11:56et le RN, s'il était l'objet d'une décision
12:03de cette sévérité-là, je pense qu'il aurait à cœur
12:07à la fois d'essayer de maintenir le lien avec son électorat,
12:11mais aussi de ne pas hypothéquer ses chances sur le plan électoral
12:16en jouant la stratégie de la radicalisation dans la rue,
12:19parce que là pour le coup, il y aura sans doute
12:22des sanctions d'opinion qui seraient très fortes.
12:24– Jérôme Fourquet, cette étude que vous venez de réaliser avec l'IFOP
12:27pour le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure,
12:30vous avez mené cette enquête auprès de 504 maires de France,
12:35la sécurité reste une préoccupation majeure pour les maires des zones urbaines,
12:40moindre pour les maires des zones rurales et des petites communes,
12:43ça veut dire que plus on est dans une grosse ville,
12:46plus la question de la sécurité est préoccupante.
12:48– Oui, alors pour les maires, 48% nous disent
12:50soit que la sécurité est une priorité, 19% d'entre eux,
12:53soit 29% que c'est un des sujets les plus importants,
12:56ça veut dire que 52% considèrent que c'est un sujet parmi d'autres,
12:59donc on a des populations de maires qui sont coupées en deux
13:02dans cette question de la sensibilité à la question de l'insécurité
13:05et comme vous le rappeliez, tout ça est lié à la taille de la commune.
13:09Dans les communes rurales, moins de 2 000 habitants,
13:11il n'y a que entre guillemets, mais c'est déjà beaucoup,
13:1345% des maires qui considèrent la sécurité comme une priorité
13:17et dès qu'on passe au-dessus des 2 000 habitants,
13:202 à 5 000 habitants, c'est 63% des maires qui partagent ce constat
13:23et les plus de 10 000 habitants, c'est 82%.
13:26Donc on est effectivement sur une France à deux vitesses,
13:29avec une France rurale dont les maires considèrent
13:32à un peu moins de la moitié que la sécurité est un vrai sujet
13:36et dès qu'on rentre dans même des petites villes,
13:40ce sujet s'impose à beaucoup de maires.
13:43Un indicateur non sondagier de tout cela, c'est qu'en 1990,
13:47il y avait 2 700 communes qui étaient dotées d'une police municipale,
13:51aujourd'hui, il y en a 4 600.
13:54– Et c'est à la discrétion des maires.
13:56– Voilà, et si les municipalités ont décidé de consacrer des budgets
14:00conséquents souvent à la création d'une police municipale,
14:03qui est la norme, dès qu'on passe 2 000 habitants,
14:07dans beaucoup de ces communes, il y a désormais une police municipale,
14:10alors souvent assez peu nombreuse, mais ça montre bien le fait
14:15que la question de la sécurité, des incivilités du quotidien,
14:19est un sujet majeur pour beaucoup de ces maires,
14:23pour les populations concernées, et sans doute aussi que la police nationale
14:27ou la gendarmerie n'est pas forcément en capacité de répondre rapidement
14:33à les différentes manifestations de cette insécurité,
14:36qu'il s'agisse des petites incivilités ou des sujets plus graves.
14:39– Ces petites incivilités, ou même les émeutes,
14:43puisque Jérôme Fourquet, dans votre étude, ce qui ressort,
14:47c'est aussi le sentiment d'abandon d'un certain nombre de maires de France,
14:50notamment depuis les émeutes de juillet 2023, c'est un marqueur ?
14:54– Oui, alors je pense que c'est déjà au quotidien,
14:5756% des maires nous disent qu'ils ont le sentiment en tant que maire
15:01de ne pas suffisamment être soutenus par la puissance publique
15:04sur ces questions de sécurité, d'où le fait que certains,
15:07quand ils en ont les moyens, ont créé leur propre police municipale,
15:11et ce sentiment d'insécurité, je pense qu'il va être ressenti au quotidien,
15:15c'est-à-dire qu'on va demander l'ouverture d'un commissariat
15:20des effectifs supplémentaires, on va leur répondre
15:22qu'on n'a pas forcément la capacité de le faire,
15:24et puis ça s'était cristallisé dans certaines communes,
15:27au moment des émeutes de l'été 2023, on se souvient quand des maires
15:32débordés face à l'ampleur des dégradations et des violences
15:36qui étaient commises dans leurs communes, avaient appelé les préfectures
15:40pour demander des renforts, on leur avait expliqué souvent
15:43que les renforts étaient envoyés sur la ville d'à côté
15:46où la situation était très grave, et beaucoup de ces maires,
15:49ils avaient témoigné sur vos plateaux, avaient eu le sentiment
15:52à ce moment-là de ne pas être assez épaulés, donc là c'était
15:55un moment paroxystique, mais il y a un sentiment qui est
15:58je pense plus général et plus diffus.
16:01Vous étudiez régulièrement, Jérôme Fourquet, ces fractures françaises,
16:04est-ce que vous considérez qu'aujourd'hui ces fractures sont en cours
16:07de cicatrisation, ou est-ce qu'au contraire elles s'élargissent ?
16:10Peut-être ni l'un ni l'autre, c'est-à-dire qu'elles sont là,
16:13et beaucoup de ces maires considèrent qu'elles ne sont pas,
16:16la réponse n'est pas adéquate,
16:19que tout ça n'est pas assez rapide,
16:22et encore une fois, le sentiment du coup
16:25qui s'impose c'est d'essayer de, quand on peut le faire,
16:28s'organiser soi-même.
16:30S'organiser soi-même, ça veut dire quoi ?
16:32Pour les maires, pour les municipalités.
16:34Les maires se disent on doit se débrouiller tout seul.
16:36C'est ce que je vous disais, on est passé de 2700 à 4600
16:39polices municipales en une trentaine d'années.
16:42Et aussi le sentiment qu'ont ces maires
16:45que souvent l'état central décide à leur place
16:48et leur impose des choses.
16:5093% par exemple des maires qu'on interroge
16:53souhaitent qu'ils soient systématiquement informés
16:56de la présence sur le territoire communal
16:59d'un individu qui serait fiché S.
17:02Ce qui n'est pas forcément automatique.
17:04C'est le débat qu'avait relancé le maire de Lure,
17:06qui disait qu'il ne comprenait pas pourquoi ça ne tournait pas davantage
17:09et qui longtemps avait accepté de rester discret
17:12voire même secret sur la présence de ce fiché S
17:14et qui finalement avait décidé de prendre l'opinion à partie.
17:17Oui, avec l'idée que parfois, encore une fois,
17:20l'état central va imposer un certain nombre de décisions à ses maires.
17:23Donc non seulement il y a le sentiment chez les maires
17:25de ne pas forcément être assez soutenus
17:27et puis de subir aussi des décisions qui viennent d'en haut.
17:30Je voudrais votre explication et votre analyse aussi Jérôme Fourquet
17:33sur cette question du débat qui ressurgit
17:36de la mort de Crépole à Crépole de Thomas
17:38à la faveur d'un livre en quête sur l'affrontement
17:40entre deux types de jeunes.
17:42Ceux de la campagne précisément, Crépole, 600 habitants.
17:44Ceux de la ville, Romans-sur-Isère, quartier de la Monnaie.
17:47Est-ce qu'il existe un racisme anti-blanc ?
17:50Est-ce qu'on peut parler de racisme anti-blanc
17:52alors qu'il n'y a pas forcément de stigmatisation
17:55au sens d'une stigmatisation à l'embauche par exemple
17:59ou au logement ?
18:00Est-ce que la seule injure peut faire racisme ?
18:04Alors manifestement il y a des propos et des comportements racistes
18:08qui peuvent émaner de différents groupes de la société française
18:13et donc on a inforgé les notions de racisme systémique
18:18avec les discriminations au logement, discriminations à l'embauche.
18:21Donc la population dite blanche n'est manifestement pas souvent victime
18:26de ce type de stigmatisation ou de discrimination.
18:30En revanche que dans certains quartiers ou auprès de certaines populations
18:34les représentants dits blancs de la population
18:38soient victimes de stéréotypes, de menaces, de colibés, d'agressions.
18:44C'est une réalité qui existe dans certains territoires.
18:48Est-ce que tout est lié Jérôme Fourquet ?
18:50Je commençais cette interview en vous posant la question
18:53de la manière dont l'opinion publique pourrait percevoir
18:56la décision de justice d'inéligibilité ou non de Marine Le Pen.
19:00Quand on voit ce que vous disent les maires sur leurs difficultés du quotidien
19:04est-ce que tout ça est lié pour vous ?
19:06Non je pense qu'il faut faire la part des choses.
19:08Le Rassemblement National essaiera de faire l'amalgame
19:13mais je pense que les maires vont faire la distinction entre les sujets
19:17et encore une fois ces maires qui sont très républicains et très légalistes
19:21sinon vous ne vous présentez pas à une élection de ce type
19:25qui ont à cœur de défendre l'intérêt général de leur commune.
19:29Je pense que typiquement sur ce type de population
19:32le fait qu'une personnalité politique de premier plan soit condamnée
19:36à de la prison et de l'inéligibilité serait quelque chose qui serait
19:42de nature à les détourner je pense du soutien ou du vote
19:48pour cette famille politique-là.
19:50Merci Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l'IFOP
19:53et vous qui avez aussi mené cette étude sur l'insécurité
19:58auprès des maires notamment et de leurs préoccupations du quotidien.
20:01Il est 8h52 sur RMC-BFM TV.

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