Jean-Marie Rouart, membre de l'Académie française, était l'invité de BFMStory sur BFMTV. Il réagit à la condamnation de Marine Le Pen à 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire.
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00:00Ça me paraît évident qu'en ce moment, les juges interviennent dans le libre jeu de la démocratie.
00:08Alors attention, je mets également en cause les politiques, parce que les politiques ont la manie de faire des lois,
00:15mais ils les font un peu n'importe comment, et après ils les regrettent.
00:18Parce qu'en l'occurrence, cette inéligibilité, c'est une absurdité démocratique.
00:24Pourquoi ?
00:24Parce que la sanction, c'est le suffrage universel, c'est le peuple.
00:28Mais vous avez remarqué ce que je dénonce dans mon livre ?
00:30C'est que le peuple est de plus en plus repoussé des décisions judiciaires.
00:35Il y a même maintenant des cours criminels où il n'y a plus un seul juré.
00:39Il n'y a plus de juré populaire.
00:40Depuis Vichy, on a éliminé volontairement les jurés populaires,
00:45qui étaient comme dans le fameux film « 12 hommes en colère »,
00:48où on voyait des jurés populaires qui décidaient, qui prenaient les décisions.
00:52Maintenant, on leur a collé trois juges,
00:55trois magistrats qui orientent la décision populaire.
01:00Et je l'ai vu notamment dans l'affaire que vous citez, Omar Haddad,
01:04puisque Omar Haddad a été condamné à 18 ans de réclusion
01:09avec les circonstances atténuantes.
01:11Il faut voir le crime abominable que ça représente.
01:14Elle avait le foie perforé, elle avait été torturée.
01:18Il n'y a aucune raison qu'il puisse y avoir des circonstances atténuantes.
01:22Mais les jurés l'ont dit.
01:24Il y a eu une telle pression du président du tribunal
01:27qu'il leur a dit « coupons la peint en deux ».
01:29Eh bien, il fera que la moitié de sa peine s'il a des circonstances atténuantes.
01:32Donc vous voyez, on l'élimine de plus en plus.
01:35– Ça veut dire que vous ne faites pas confiance aux juges ?
01:38– Vous leur faites confiance ?