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Dans son édito du 29/03/2025, Jules Torres revient sur l'écriture d'un livre qui retrace, à sa manière, les événements de Crépol.

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00:00bouleversé, dévasté, en colère et encore les mots sont faibles pour traduire le
00:05sentiment des parents de Thomas, ce jeune rugbyman de 16 ans,
00:08poignardé à mort lors d'un balle à Crépole en novembre 2023
00:12et honnêtement ils ne reviennent pas. Ils n'en reviennent pas,
00:15non pas de l'attaque barbare qui a coûté la vie à leur fils, ce cauchemar-là,
00:19et ils le revivent chaque jour, mais ils ne reviennent pas de cet affront
00:22supplémentaire, la parution du livre
00:24Une nuit en France, l'anatomie du fait divers qui a déchiré le pays. Un ouvrage
00:28signé par deux journalistes et une scénariste qui manifestement n'a pas
00:31résisté à la tentation de tout scénariser, à commencer par l'histoire
00:35elle-même, les victimes qui deviennent les suspects, les agresseurs qui deviennent
00:39les victimes. Un retournement glaçant maquillé en enquête et hier les parents
00:43de Thomas, ils ont décidé de sortir du silence. Par la voix de leur
00:46avocat, ils ont dénoncé une plaidoirie avant l'heure, des passages très gênants,
00:50des propos incompréhensibles et une volonté manifeste de minimiser la
00:53gravité des faits. Un livre, non, une entreprise de banalisation de la
00:57violence, de l'omerta, de la victimisation des mises en cause, disent les
01:01parents. Une sorte de manuel de déconstruction en somme. Et à Crépole, la
01:05mémoire est vive, les cicatrices sont encore ouvertes, la présidente de
01:08l'association des victimes ne mâche pas ses mots.
01:10Encore une fois, c'est nous qui passons pour les méchants, c'est hallucinant, on
01:13passe une soirée tranquille, on se fait attaquer, on témoigne et on devient le
01:17problème. Voilà le monde à l'envers, la vérité réécrite et les rôles inversés.
01:21Et justement pour vous Jules Thorez, quelle est la réalité de ce drame ?
01:24Eh bien la réalité de ce drame, c'est que Thomas, 16 ans, est mort d'un coup de
01:29couteau en plein cœur lors d'un bal d'hiver dans un village paisible de la
01:33Drôme. Une fête, des jeunes, de la musique et puis la violence. Des agresseurs
01:37venus du quartier de la Monnaie à Romand-sur-Isère et selon plusieurs
01:40témoins, neuf exactement, les attaques visaient clairement les Blancs. Neuf
01:44témoignages, tous mystérieusement disparus du dossier, écartés, effacés,
01:48comme si parler de racisme anti-Blanc restait en 2025 un tabou insupportable.
01:53Et pendant que la justice tourne en rond, eh bien les journalistes
01:56listen-quistes avancent. Plateau télé, chroniques, interventions, ils relativisent
02:00l'agression. Ils ne sont pas venus pour agresser, ils sont venus avec des couteaux
02:04mais c'est très différent, dit l'un d'eux. Ils accusent les victimes d'avoir
02:08provoqué, ils reconnaissent des insultes racistes pour mieux affirmer que le
02:12racisme anti-Blanc est un concept d'extrême droite, pour ne pas dire un
02:15fantasme, une fiction, une illusion circulée, il n'y a rien à voir. Et
02:19comble-le de l'indécence, il s'apitoie sur la supposée stigmatisation du
02:24quartier d'origine des agresseurs. À ce niveau-là, ce n'est plus de
02:27l'aveuglement, c'est un mépris froid et méthodique. Et l'enquête, eh bien elle
02:31piétine. Quinze mois après, toujours pas de certitude sur l'auteur du coup fatal,
02:35350 auditions, 14 personnes mises en examen, dont trois mineurs, ADN, vidéo,
02:40expertive, caméra de vidéo, surveillance. Et pourtant, les policiers le savent, les
02:45mises en cause connaissent le meurtrier, mais personne ne veut parler parce qu'être
02:49une poucave, eh bien c'est pire que tout. Mais vu au protégé, un tueur que briser
02:52l'omerta, voilà où nous en sommes. Et pourtant, Jules, une condamnation est bien
02:56tombée dans cette affaire, mais ce n'est pas celle qu'on croit. Oui, à ce jour, une
02:59seule condamnation, et elle ne vise pas un agresseur ou quelqu'un qui aurait
03:04participé à ce bal de crépole, non non, elle vise Éric Zemmour, le président de
03:08Reconquête, à écoper de 9000 euros d'amende pour injure raciale, après avoir
03:12déclaré la phrase suivante, ce sont toujours les Thomas qui tombent et ce
03:16sont toujours les Chahides qui tuent. Une phrase brutale, évidemment, mensongère,
03:20pas forcément, le JDD avait révélé les noms des mises en cause et des mises en
03:23examen à l'époque. Parmi les mises en cause figurent Iliès, Yassir, Matisse,
03:27Faysal, Cuider, Yanis et donc Chahide. Des prénoms qui n'en déplaisent à certains et
03:32sans doute aux journalistes, qui disent quelque chose de notre époque. Éric
03:36Zemmour l'a dit, il a été condamné. Dans cette affaire, on a bien compris qu'on ne
03:39jugeait plus les faits, on jugeait les mots et parfois ce qui les prononce. Et
03:43pendant ce temps, les parents de Thomas, ils tentent de survivre, de tenir, de
03:46choisir chaque jour la vie plutôt que la haine, selon leurs propres mots.
03:49Leur fils n'est plus là, quatre autres jeunes sont encore suivis médicalement,
03:54des mères sont encore traumatisées, des ados évidemment marqués et face à ce
03:59désastre, et bien donc, on l'a dit, certains journalistes s'empressent
04:01d'écrire leur version avant même la fin de l'enquête. Et c'est ça peut-être le
04:05plus choquant, cette précipitation elle est suspecte, c'est une entreprise de
04:09confusion, une tentative donc de réécriture. Les proches de Thomas
04:12d'ailleurs envisagent des suites judiciaires contre ce livre, mais qu'il
04:16sache ceci, malgré le tapage médiatique, malgré les nombreuses invitations
04:19notamment sur le service public, malgré les efforts pour maquiller la vérité, ce
04:23livre n'a convaincu presque personne. 315 exemplaires vendus la première
04:28semaine, c'est tout, c'est quasiment rien. Le mensonge ne fait pas recette et la
04:32vérité, elle, finira par éclater.

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