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Avec Chems-Eddine Hafiz

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##L_INVITE_POLITIQUE-2025-03-28##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Ce matin, notre invité est Shem Sedin Hafiz, qui est recteur de la Grande Mosquée de Paris, bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être avec nous. Fin du ramadan, dans la nuit de samedi à dimanche, c'est vous qui fixez la fin du ramadan,
00:20enfin du moins la conclusion du jeûne.
00:24Absolument, donc il y a une commission religieuse qui se réunit.
00:29Aujourd'hui, nous avons déjà des rapports de l'Observatoire de Paris et de Bruxelles,
00:34à qui je pose la question en leur demandant est-ce qu'il y a la possibilité de voir le croissant lunaire, etc.
00:43Donc on me donne ce rapport que je soumets à la commission,
00:46et à partir de là, nous regardons quelles sont les possibilités de déclarer,
00:52parce qu'aujourd'hui l'enjeu c'est est-ce que c'est dimanche,
00:55parce que si nous faisons l'Aïd, donc la fin du jeûne, nous aurons fait cette année 29 jours.
01:02Si c'est lundi, ça sera 30 jours.
01:05Ce sera lundi ou dimanche ?
01:06Très probablement dimanche.
01:08Dimanche soir ?
01:09Dimanche matin.
01:10Dimanche matin.
01:11Donc le dernier jour de jeûne, absolument.
01:15Au lever du soleil.
01:16Voilà, c'est ça.
01:17Au lever du soleil, dimanche matin, c'est la fin du ramadan.
01:20Nous faisons ce qu'on appelle la prière de l'Aïd,
01:23et nous attendons de nombreux fidèles, parce qu'aujourd'hui effectivement la mosquée,
01:28il y a depuis la fin du Covid un vrai engouement,
01:32je crois que c'est valable pour toutes les religions,
01:34pour je dirais la spiritualité, pour le rite.
01:37Il y a un engouement ?
01:38Il y a un retour à la mosquée ?
01:39Oui, oui.
01:40Mais c'est vrai dans toute la France ?
01:42Dans toute la France et pour toutes les religions,
01:44parce que c'est plus visible pour l'Islam,
01:46parce que nous avons énormément de jeunes,
01:48mais moi je peux vous dire qu'après le Covid,
01:51nous avons été obligés d'instaurer pour le vendredi,
01:55deux offices de la prière du vendredi,
01:57parce que d'abord moi je refusais de laisser les fidèles prier à l'extérieur de la mosquée,
02:03donc on s'est organisé avec les services de police
02:07pour que nous puissions permettre aux fidèles d'entrer,
02:11de faire le premier office.
02:13Le premier office il tourne entre 12 000 et 14 000 fidèles.
02:17Ah oui, c'est énorme !
02:18Et le deuxième entre 3 000 et 4 000,
02:20donc ça vous fait chaque vendredi à peu près 18 000 fidèles.
02:23Bien, Shams Eddin Afiz, regardons l'actualité ensemble.
02:27Boalem, qui vous concerne évidemment,
02:30Boalem Sansal, condamné à 5 ans de prison
02:32plus une amende de 500 000 dinars algériens,
02:34ça représente à peu près 3 500 euros.
02:36Il est accusé d'atteinte à l'intégrité du territoire algérien
02:39pour avoir dit que le territoire marocain a été amputé
02:42au profit de l'Algérie sous la colonisation française.
02:45Est-ce que ce matin, sur l'antenne de Sud Radio,
02:48vous appelez le président algérien à gracier Boalem Sansal ?
02:51Alors, aujourd'hui je le fais avec plaisir devant vous,
02:55mais je l'ai déjà fait à plusieurs reprises.
02:58Comme vous l'avez si gentiment rappelé, je suis avocat
03:02et je sais ce que c'est la prison.
03:04Je sais ce que ça peut être pour un homme, quelle que soit la prison.
03:07En même temps il est âgé, en même temps il est malade,
03:10son épouse est malade, et donc vraiment à titre humanitaire,
03:14c'est quelque chose qui tombe dans le sens.
03:17Alors vous appelez le président algérien à la grâce ?
03:20Bien sûr, bien sûr, et depuis le début,
03:22c'est-à-dire que lorsqu'il a été interpellé,
03:25moi je me suis déjà intéressé à lui à ce moment-là,
03:28et j'ai fait des petites vérifications,
03:31et on m'avait dit qu'il avait eu accès,
03:34dès le début de sa garde à vue,
03:36à pouvoir parler avec quelqu'un de l'extérieur.
03:38Je crois même qu'il a parlé avec deux personnes, je ne sais pas qui.
03:41Mais pas avec son avocat, juif, dans tous les cas,
03:44son avocat français, juif.
03:46Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous.
03:48C'est ce qu'on dit les autorités algériennes.
03:50Non, non, non, non, jamais.
03:52Jamais ?
03:53Je connais suffisamment.
03:54Vous dites non ?
03:55Absolument, et je le confirme, je connais assez bien le président Tebboune.
03:59Oui, vous connaissez bien même.
04:00Et je sais qu'on ne peut pas,
04:03on ne peut pas, aujourd'hui, sous l'autorité du président Tebboune,
04:08quelque autorité que ce soit en Algérie,
04:11qui puisse aujourd'hui dire que François Zimré
04:15ne peut pas rentrer en Algérie parce qu'il est juif.
04:18C'est faux.
04:19Alors, il y a eu des bruits, je ne dis pas, l'information est venue,
04:21je l'ai écoutée.
04:22C'est faux.
04:23Et je trouve que c'est scandaleux.
04:25Et François Zimré, avec qui j'ai eu une relation à la fois de confraternité
04:29mais d'amitié, nous en avons discuté.
04:31Il est avocat comme vous.
04:32Enfin, il a été ambassadeur, il est avocat.
04:34Absolument, et je l'ai vu, j'ai vu François Zimré.
04:37Et lorsqu'il a fait sa demande de visa, nous avons géré ensemble ce moment.
04:42Mais il n'a pas obtenu.
04:43Parce que, la première fois, il faut, je vous donne toute l'information,
04:46parce qu'il est important d'être objectif dans cette situation.
04:49On est d'accord.
04:50Aujourd'hui, François Zimré, la première fois, lorsqu'il a fait sa demande de visa,
04:54il avait une lettre de constitution comme avocat par Gallimard.
04:59Et nous savons qu'en droit pénal, que ce soit en France ou en Algérie,
05:03il faut que ce soit la personne, elle-même, qui est concernée par le procès,
05:08qui constitue l'avocat.
05:09Par la suite, M. Boilem-Sensal a rédigé une lettre
05:14pour constituer mon confrère, François Zimré.
05:17Et François Zimré a fait une deuxième demande de visa,
05:21à laquelle on n'a pas répondu, mais à laquelle la demande n'a pas été refusée.
05:26Pas de réponse, ça équivaut à un refus.
05:31M. Bourdin, on est...
05:33Non mais attendez, je veux préciser...
05:35Mais ce n'est pas le plus important.
05:37Non mais surtout, je vais vous dire une chose.
05:39Allez-y, dites-le.
05:40Je suis devant vous, je peux prendre un témoin.
05:43Ici, vous savez, on parle directement...
05:45Patrick Bruel.
05:46Posez la question à Patrick Bruel, qui a été avec sa maman en Algérie.
05:50Comment il a été ?
05:52À la demande de qui il a été ?
05:54Je crois que Patrick Bruel est également de confession juive.
05:57Sa maman, qui a eu 84 ans au moment où elle est partie en Algérie,
06:00elle a été revoir tout ce qu'elle a vécu en Algérie.
06:05C'est grâce au président de la République, Abdelmajid Tebboune,
06:08aujourd'hui, qu'on essaie de faire passer pour un antisémite.
06:11Oui, bon.
06:12Mais, puisque vous êtes proche du président Tebboune,
06:15je vous pose une question très simple et très directe.
06:18Est-ce qu'il va être gracié ?
06:20Est-ce que Boualem Sansal va être gracié ?
06:22Je suis un religieux, je suis recteur de la Grande Mosquée de Paris,
06:24je ne suis pas devin.
06:25Je vous dis, j'appelle de mes voeux.
06:27À l'occasion du Ramadan, par exemple ?
06:30Écoutez, le Ramadan, vous avez raison, et c'est un argument.
06:33Le Ramadan, c'est un moment de pardon.
06:36Boualem Sansal est un être humain.
06:39Quoi qu'il ait fait, quoi qu'il ait dit,
06:41aujourd'hui, compte tenu de sa situation,
06:44il a passé six mois en prison.
06:46Six mois, c'est trop pour lui.
06:48Je le dis et je le répète,
06:50j'espère de tout mon cœur qu'il soit gracié
06:54et qu'il revienne au moins retrouver son épouse
06:57qui est elle-même souffrante.
06:59Est-ce que vous pensez qu'il le sera, franchement ?
07:04Si on fait de la politique, de la politique fiction,
07:07je pense que le Président de la République
07:09va décider de sa grâce.
07:12Je vais vous dire pourquoi.
07:14Vous l'avez bien dit qu'il a été condamné à 5 ans
07:17et à 500 000 dinars, qui fait l'équivalent,
07:19comme vous l'avez dit, de 3 500 euros.
07:21Vous savez qu'au début,
07:23lorsqu'il a été interpellé,
07:25lorsqu'il a terminé sa garde à vue,
07:27les infractions qu'on lui reprochait
07:30étaient de l'ordre de le faire passer
07:32dans l'équivalent de ce qu'est la cour d'assis,
07:34c'est-à-dire devant le tribunal criminel.
07:36Devant le tribunal criminel,
07:38c'est d'abord une instruction plus longue,
07:40des conditions plus difficiles pour lui.
07:43L'affaire a été correctionnalisée.
07:45M. Boalem Sansal est passé devant
07:47le tribunal correctionnel d'Alger,
07:49d'Aralbéda, pour être précis.
07:52Donc aujourd'hui, son procès est terminé.
07:55C'est-à-dire qu'il lui reste une chose,
07:59est-ce qu'il va faire appel ou pas ?
08:01Parce que s'il fait appel de sa décision,
08:03je pense, parce que s'il ne fait pas appel,
08:05c'est qu'il reconnaît les faits.
08:07Et je ne connais pas très bien M. Boalem Sansal,
08:09moi à sa place, j'ai réfléchi.
08:11Parce que si je ne fais pas appel,
08:13il va être vraiment face à un dilemme.
08:15Je fais appel, les 10 jours qui vont passer,
08:17ça peut m'éviter cette grâce présidentielle.
08:20Je ne fais pas appel, je reconnais quand même les faits,
08:23je bénéficierai de la grâce.
08:25Donc je ne sais pas dans quel état d'esprit
08:27M. Boalem Sansal se trouve,
08:29mais je suis persuadé que, je pense aujourd'hui,
08:31vous savez, l'interview du président de la République,
08:34la dernière interview qu'il a faite,
08:36il a quand même vraiment eu beaucoup de hauteur
08:39par rapport à ce déferlement de haine
08:43qui est en train de, je pense...
08:45Vous parlez d'Emmanuel Macron,
08:47ou vous parlez du président algérien ?
08:49Du président Tebboune, la dernière interview qu'il a faite.
08:51Le président Macron a pris la balle au bond.
08:53Est-ce que ça se joue entre le président Macron
08:55et le président Tebboune ?
08:57Ils ont une relation très particulière.
08:59Est-ce que clairement ces dernières heures,
09:01ces derniers jours, les discussions directes
09:03entre les deux hommes ont eu lieu ?
09:05Il n'y a pas eu de relation directe,
09:07mais il y a eu des relations.
09:09Des relations directes au téléphone ?
09:11Non, non, non.
09:13Absolument.
09:15Donc, sur le cas sensuel ?
09:17Non. Sur la relation ?
09:19Sur les relations.
09:21Alors justement, tiens,
09:23Chemse Dinafis, début mars,
09:25dans votre blog, vous dénonciez
09:27les faiseurs de peur qui, dans la classe politique
09:29et les médias, nourrissent
09:31une éternelle mise
09:33en procès de l'immigration algérienne.
09:36Mais de qui parlez-vous ?
09:38Vous regardez les médias.
09:40Mais de qui ?
09:42Non, attendez.
09:44Quand on accuse, on cite.
09:46Non, je n'accuse pas.
09:48Je fais un constat.
09:50Et moi, j'appelle à l'apaisement.
09:52Aujourd'hui, j'espère que ce sont
09:54les derniers soubresauts
09:56de la guerre d'Algérie.
09:58Nous avons, de part et d'autre,
10:00en France et en Algérie, encore
10:02des personnes qui ont un vrai ressentiment
10:04de cette guerre d'Algérie.
10:06Qui a été, je pense,
10:08au moment de l'indépendance,
10:10la France, comme l'Algérie,
10:12n'ont pas su gérer la fin de la colonisation.
10:14Et aujourd'hui,
10:16on reste encore avec des...
10:18Attendez, moi-même, comme vous le dites,
10:20vous me citez, merci beaucoup,
10:22mais regardez le nombre d'attaques
10:24dont je fais l'objet.
10:26C'est inouï. C'est inouï pour
10:28une institution religieuse.
10:30Je suis devenu tout à la fois.
10:32Antisémite, islamiste, tout, tout, tout.
10:34On oublie le travail que j'ai fait.
10:36Quand vous parlez de l'islamisme, moi j'ai fait...
10:38Alors, j'en parlerai à ce moment-là.
10:40Oui, on en parlera à ce moment-là.
10:42Mais oui, il y a aujourd'hui
10:44véritablement une chasse
10:46à l'immigration algérienne
10:48en France. Et je trouve que c'est injuste
10:50parce que les Algériens,
10:52depuis toujours, se sont intégrés
10:54dans la société française. Je vais vous dire ce qui fait mal
10:56le plus, c'est parce qu'on se ressemble
10:58tellement. Vous pensez que moi,
11:00je ne suis pas intégré dans la société française ?
11:02Quand j'étais avocat, vous pensez que...
11:04On se disait, tiens, ces petits Arabes, ces petits Algériens,
11:06j'étais avocat. Et j'étais fier
11:08de porter la robe d'avocat. Donc,
11:10il faut arrêter aujourd'hui de faire des
11:12procès. Quand il y a eu,
11:14dans le gouvernement, rappelez-vous Nicolas
11:16Sarkozy, le nombre de ministres
11:18qui étaient franco-algériens.
11:20Toujours, toujours, Jacques Chirac...
11:22Mais, Jems Edinafis,
11:24il faut comprendre aussi...
11:26Vous, vous allez...
11:28Vous êtes un homme qui...
11:30Je sais que vous êtes un homme, mais moi je...
11:32Je vous pose des questions
11:34qui précisent pourquoi, donc,
11:36l'Algérie refuse-t-elle de reprendre ses ressortissants ?
11:38Obligée de quitter le territoire français ?
11:40Et notamment,
11:42ça a marqué les Français.
11:44Et Bruno Retailleau insiste,
11:46évidemment, le terroriste de Mulhouse,
11:48par exemple, qui a tué en France.
11:50Oui, c'est vrai. C'est un concours de circonstances.
11:52Pourquoi est-ce que l'Algérie ne le reprend pas ?
11:54C'est un concours de circonstances malheureux.
11:56Ça, je le reconnais, c'est vrai.
11:58Mais attendez, est-ce qu'aujourd'hui, il n'y a que l'Algérie
12:00qui ne récupère pas ses occultés ?
12:02C'est pas une raison.
12:04C'est parce que les autres font mal qu'on est obligé de mal faire.
12:06Moi, je crois,
12:08M. Bourdin,
12:10que les OQTF
12:12auraient pu être expulsés
12:14si on avait respecté les règles.
12:16On n'a pas respecté les règles.
12:18On a mis quelqu'un dans un avion
12:20qui a,
12:22comme conjoint,
12:24il vit avec une Française,
12:26il a des enfants français. En principe,
12:28de ce que je connais du droit de l'immigration...
12:30Vous parlez de qui ?
12:32D'Houmen.
12:34Moi, je ne vous parle pas de cet homme-là.
12:36Je vous parle de celui...
12:38Je vous ai dit qu'il a tué Amirouz.
12:40Je sais, et je vous ai dit que c'est un concours de circonstances malheureux.
12:42C'est comme le Marocain
12:44qui devait être expulsé
12:46qui a tué une jeune femme
12:48pas très loin d'ici, au bois de Boulogne.
12:50On oublie tout ça.
12:52Aujourd'hui, on force le trait
12:54dans tout ce qui concerne Algérie-Algérien.
12:56C'est pour ça que je veux quand même
12:58qu'il reste objectif.
13:00Qu'aujourd'hui, le but...
13:02Parce que ce sont deux grands pays, la France et l'Algérie,
13:04qui ont tout intérêt à travailler ensemble
13:06et à revenir,
13:08je dirais, à des relations
13:10beaucoup plus apaisées.
13:12Aujourd'hui, on ne cherche pas l'apaisement.
13:14Attendez, quand on traite...
13:16Mais alors, qui met de l'huile sur le sol ?
13:18Les hommes qui disent que c'est un régime,
13:20que c'est une dictature.
13:22Il y a Éric Ciotti qui parle de l'État voyou.
13:24Attendez.
13:26Il dit qu'il n'y a pas de démocratie dans ce pays,
13:28que le Téboune est un dictateur.
13:30Il a été élu.
13:32Il y a quand même des dizaines de milliers d'opposants politiques qui sont emprisonnés en Algérie.
13:34Pourquoi il n'y en a pas ici en France ?
13:36Des opposants politiques des dizaines de milliers ? Non.
13:38Des dizaines de milliers qui sont...
13:40Demandez aux Kabiles. Vous les connaissez.
13:42Vous les aimez. Vous les appréciez.
13:44Les Kabiles, il y a eu un match à Tiziouzou,
13:46capitale de la Kabili.
13:48Le drapeau algérien flottait.
13:50Donc il faut également
13:52arrêter de jouer sur la division.
13:54Les Kabiles sont des Algériens
13:56et ils ont payé le lourd tribut
13:58pendant la guerre d'Algérie.
14:00Énormément de chefs de guerre
14:02qui ont combattu la France
14:04étaient des chefs Kabiles.
14:06Donc aujourd'hui, moi,
14:08je ne peux pas laisser dire
14:10que les Kabiles, c'est un épiphénomène
14:12dans cette Algérie.
14:14Il y a des mouvements d'opposition, c'est normal.
14:16C'est la nature humaine. Et au contraire,
14:18vous me dites qu'il y a une opposition.
14:20Elle est ici en France ou elle est un peu partout à l'étranger.
14:22Moi, je trouve que cette opposition,
14:24c'est quelque chose qui fait en sorte
14:26que nous vivons notre démocratie.
14:28D'une certaine manière,
14:30ce n'est pas les mêmes règles.
14:32Je vais vous prendre deux grands pays démocratiques
14:34qui, pour moi, sont des pays importants.
14:36Les Etats-Unis et la France.
14:38Mais vous voyez que la démocratie s'exprime
14:40de différentes manières. Aujourd'hui, on voit bien
14:42les écarts qui sont en train
14:44de se faire aux Etats-Unis.
14:46Donc, moi, je ne souhaite pas.
14:48Je l'ai dit, M. Bourdin,
14:50je vous le dis les yeux dans les yeux,
14:52j'ai choisi d'être français.
14:54J'ai choisi d'être français
14:56parce que j'aime la France.
14:58Parce que j'aime ce que représente la France.
15:00Moi, j'étais jeune Algérien quand je faisais
15:02mes études de droit à Alger.
15:04Je n'ai jamais fait d'études de droit ici.
15:06Je les ai faites là-bas. J'aimais le droit.
15:08J'aimais Robert Badinter. J'aimais ces gens-là
15:10qui étaient véritablement
15:12pour moi des symboles
15:14de ce qu'était à la fois
15:16la profession de droit, mais en même temps,
15:18ce qu'était véritablement
15:20la France, l'honneur de la France.
15:22Et aujourd'hui, je suis malheureux,
15:24vraiment malheureux, qu'on puisse
15:26traiter de la sorte un partenaire
15:28qui a toujours été là.
15:30L'Algérie a toujours été,
15:32malgré toutes les, je dirais,
15:34les situations,
15:36a toujours été aux côtés de la France.
15:38Chems Eddin Hafiz,
15:40la haine des Juifs
15:42vient-elle essentiellement
15:44du monde musulman,
15:46comme le dit Manuel Valls ?
15:48Pas du tout. Mais enfin, Manuel Valls,
15:50qui était un ami,
15:52ça me gêne beaucoup.
15:54Je l'ai invité pour qu'il vienne
15:56à l'Aïd, donc à la fête de l'Aïd dimanche.
15:58Il m'a gentiment
16:00répondu
16:02en me disant qu'il serait en Nouvelle-Calédonie.
16:04J'ai eu des relations avec
16:06Manuel Valls et je suis un peu déçu.
16:08Pourquoi il le fait dans le contexte
16:10aujourd'hui ? Mais franchement,
16:12à part des déclarations de ce type,
16:14apportons des preuves.
16:16Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
16:18Pardon, mais les actes
16:20antisémites aujourd'hui sont
16:22de plus en plus souvent commis par des musulmans.
16:24C'est pas des musulmans.
16:26Alors ce sont des...
16:28Comment les qualifiez-vous ?
16:30Des antisémites.
16:32Point. Parce que je l'ai dit,
16:34je le répète. C'est pas au nom de la religion.
16:36Pas du tout. C'est au nom de la haine des Juifs.
16:38D'une haine maladive des Juifs
16:40qui n'est pas la spécificité...
16:42Pourquoi existe-t-elle et
16:44s'amplifie-t-elle cette haine des Juifs ?
16:46Attendez, vous êtes dans un pays où
16:48il y a eu beaucoup d'antisémitisme,
16:50il y a eu énormément
16:52d'actions commises
16:54contre les Juifs. Moi je l'ai dit, je l'ai répété
16:56en tant que recteur de la Grande Mosquée de Paris,
16:58je ne peux pas laisser passer
17:00le moindre acte antisémite.
17:02Je vous rappelle que l'un de mes
17:04prédécesseurs, le fondateur de la Grande
17:06Mosquée de Paris, en 39-45,
17:08pendant la Deuxième Guerre mondiale,
17:10c'est le moment où Paris était occupée.
17:12Alors que la police française arrêtait
17:14des Juifs,
17:16Cadour Benrabrit venait les sauver
17:18au risque de sa vie.
17:20Vous feriez la même chose aujourd'hui ?
17:22Vous feriez la même chose aujourd'hui ?
17:24Bien sûr, je le ferais de la même chose.
17:26Et pour vous dire, Abdelkader Mesli,
17:28qui était son adjoint, qui était imam,
17:30a été déporté.
17:32Il a été déporté comme un Juif.
17:34Donc aujourd'hui, on ne peut pas
17:36dire qu'à la Grande Mosquée de Paris,
17:38nous sommes antisémites. Et moi,
17:40je suis le recteur de la Grande Mosquée de Paris,
17:42je ferai tout,
17:44de toute ma force, pour que
17:46jamais, jamais,
17:48il y ait un acte antisémite. Et je peux vous le prouver,
17:50c'est-à-dire que nous avons fait des prêches,
17:52mes imams ont parlé
17:54de la relation du prophète de l'Islam
17:56avec les Juifs au VIIe siècle.
17:58On ne peut pas. J'ai
18:00débattu avec le grand rabbin,
18:02et je lui ai dit, en Algérie,
18:04ce n'est pas possible qu'il y ait eu des actes
18:06antisémites pendant la colonisation.
18:08Est-il vrai
18:10qu'en France, il n'y a qu'un seul
18:12communautarisme, un seul
18:14séparatisme, qui menace la République,
18:16c'est l'islamisme ?
18:18C'est vrai ou faux ?
18:20Alors l'islamisme, oui.
18:22Je l'ai dit, je l'ai écrit
18:24dans mon manifeste contre le terrorisme islamiste,
18:26je l'ai écrit noir sur blanc.
18:28Donc on ne peut pas me dire
18:30que je suis, je dirais,
18:32parce que je suis devant vous.
18:34Certains disent,
18:36bon, il est
18:38sous l'influence des frères
18:40musulmans.
18:42J'ai lu cela, j'ai entendu cela.
18:44Il y a des rapports qui,
18:46aujourd'hui,
18:48ont été rédigés,
18:50notamment à la demande de Gérald Darmanin,
18:52quand il a été mis de l'intérieur, et le président de la République
18:54avait soutenu cette
18:56action. Il y a eu un
18:58ambassadeur et un préfet qui ont fait une étude
19:00sur l'islamisme et
19:02sur l'entrisme dans la République,
19:04et le constat est terrible.
19:06Et moi-même,
19:08je n'ai cessé
19:10de dénoncer
19:12l'islamisme qui est effectivement
19:14un danger pour la France,
19:16un danger pour toutes
19:18les démocraties, parce qu'il n'est pas uniquement
19:20en France. Parce que c'est une idéologie politique,
19:22il faut le rappeler. Même dans les pays musulmans,
19:24M. Bourdin,
19:26l'ennemi, le premier ennemi des pays
19:28musulmans, c'est ces mouvances islamistes.
19:30Ça veut dire quoi, être islamiste ?
19:32Moi, je vais vous donner une définition très simple.
19:34Est-ce que les islamistes vous ont menacé
19:36ou vous menacent ? Bien sûr, je suis sous protection
19:38policière, M. Bourdin.
19:40C'était juste après Samuel Paty, quand j'ai dit
19:42qu'il était anormal qu'ici,
19:44en France, on décapite
19:46un enseignant, quel que soit ce qu'il a fait.
19:48Je ne rentre pas là-dedans. Mais que
19:50Samuel Paty, ici,
19:52est décapité, je l'ai dit, à un moment donné,
19:54on s'est dit, tiens, le recteur, j'ai dit, je penserai
19:56toujours à son enfant qui avait sept ans
19:58quand il a été assassiné. La décapitation.
20:00Comme le jour où ils sont rentrés
20:02dans la basilique de Nice. Ils ont tué
20:04deux femmes. Le tueur a tué deux femmes.
20:06Vous croyez que c'est au nom de ma religion ? Et vous croyez
20:08que je viendrai devant vous, en tant que recteur de la Grande Mosquée de Paris,
20:10dire que ma religion est une religion
20:12d'amour et de paix ? Parce que
20:14ce sont des gens qui ont dévoyé...
20:16Nous sommes les premières victimes, M. Bourdin.
20:18Nous sommes les premières victimes.
20:20Et vous m'avez parlé,
20:22je peux le dire, de Dalil Boubaker.
20:24Dalil Boubaker, nous étions ensemble.
20:26Nous avons été à Créteil, à la synagogue
20:28de Créteil. Et Dalil Boubaker avait
20:30dit, les musulmans seront les boucliers des
20:32juifs s'ils sont
20:34aujourd'hui menacés.
20:36Vous pourriez prendre une initiative, là, par exemple ?
20:38Je dis la même chose.
20:40Avec Aïm Korsia,
20:42qui est un ami.
20:44C'est un ami qui m'est très proche.
20:46Vous pourriez prendre des initiatives ?
20:48On a essayé d'en faire. On a essayé de les
20:50prendre juste au lendemain du 7 octobre.
20:52Nous avons été chez un de vos confrères
20:54sur une chaîne de télévision.
20:56Nous nous sommes fait massacrer, lui et moi,
20:58lui par sa communauté, moi par la mienne.
21:00Parce que ce n'était pas le moment.
21:02On n'aime pas les hommes de paix dans ce pays.
21:04Et moi, je veux être un homme de paix.
21:06Et avec Aïm Korsia, on est des hommes
21:08de paix, les deux, avec nos différences.
21:10Avec des religions différentes
21:12mais qui se ressemblent tellement.
21:14Moi, je veux dire, aujourd'hui, devant
21:16vous, M. Bourdin, que musulmans
21:18et juifs... Vous savez, je vous rappelle la phrase
21:20de Frantz Fanon. Lorsqu'on parle d'un juif,
21:22tendez l'oreille, on parle de vous.
21:24Donc, je sais ce qu'est, aujourd'hui,
21:26l'antisémitisme. Et je ne peux pas
21:28comparer, aujourd'hui, ce qui se
21:30passe pour nous, musulmans. Parce qu'il y a
21:32une haine et des
21:34discriminations anti-musulmanes
21:36tous les jours. Tous les jours, contre
21:38les musulmans, ici, en France. Alors, moi,
21:40j'ai 70 ans, c'est fini. Mais un gamin
21:42de 13-14 ans, qui est français jusqu'au bout
21:44des ongles, mais qui est musulman, qui regarde
21:46ça, qu'est-ce qu'il pense ? Il a envie
21:48de quitter la France. Moi, je ne veux pas qu'il quitte
21:50la France. Vous savez, il y a eu un livre...
21:52Il se rapproche des frères musulmans. Et il écoute
21:54les frères musulmans. Bien évidemment.
21:56C'est ça, aujourd'hui, ces attaques
21:58contre une communauté qui cherche à
22:00s'intégrer, qui s'intègre.
22:02Regardez autour de nous.
22:04Regardez autour de nous
22:06ce qui se passe. Là, tout à l'heure, j'étais en train d'attendre,
22:08il y a Djemel qui est rentré. Il travaille
22:10chez vous, je ne sais pas qui c'est ce Djemel. Mais
22:12vous croyez que ce sont des gens qui ne sont pas intégrés
22:14au sein de la société française ?
22:16C'est terrible, quoi.
22:18Je voudrais terminer
22:20sur 120 ans de la loi
22:22de 1905. Nous fêtons
22:24cette année. Le
22:26port du voile fait débat.
22:28Est-ce une prescription religieuse ?
22:30Le port du voile...
22:32Quand je venais en voiture,
22:34j'ai entendu... Malheureusement, je ne peux pas vous répondre.
22:36Parce que...
22:38Le Coran parle de pudeur.
22:40Comme dans les autres religions monothéistes.
22:42Il n'y a pas un vêtement spécifique
22:44en islam. Il y a
22:46la notion de pudeur. Vous allez dans le
22:48judaïsme, vous allez dans le christianisme,
22:50la femme,
22:52il y a tout ce côté de la pudeur.
22:54Et à partir de là,
22:56chacun l'interprète à sa manière. Parce que le
22:58verset coranique en question, il parle
23:00des femmes du prophète. Mais en même
23:02temps, moi je ne peux pas aujourd'hui devant vous,
23:04M. Bourdet, excusez-moi, mais une femme
23:06qui a envie de le porter librement,
23:08qui n'est pas obligée de le porter,
23:10moi je ne peux que la soutenir.
23:12Mais c'est un symbole de revendication ou pas ?
23:14Ça peut être ici en France, oui, un symbole
23:16de revendication. Je l'ai dit, je l'ai
23:18écrit. Je l'ai dit que
23:20aujourd'hui, on ne peut pas
23:22être laïque dans la société
23:24française. Parce qu'il y a
23:26aujourd'hui les interdits. Qu'est-ce que je fais
23:28lorsqu'une femme a envie
23:30d'entrer dans la fonction publique ? Demain
23:32elle a envie de travailler chez vous à Sud Radio.
23:34Et elle est brillante. Vous avez envie
23:36de la recruter, mais elle porte un voile.
23:38Pour vous c'est un blocage.
23:40Moi je dis à cette femme, parce que
23:42l'islam est une religion,
23:44je vous assure, M. Bourdin, qui est une religion
23:46très belle. Cette femme,
23:48compte tenu des contraintes,
23:50elle doit l'enlever.
23:52C'est tellement simple.
23:54Et dans le sport, en compétition,
23:56elle doit l'enlever ?
23:58Si ça la gêne, oui. Aujourd'hui, moi je ne veux pas
24:00entrer dans ce débat parce que, je l'ai dit,
24:02si la loi
24:04interdit, moi pour moi,
24:06C'est la loi qui prime ?
24:08Absolument. La liberté religieuse, elle est
24:10totale, sauf
24:12lorsqu'il y a une atteinte à l'ordre
24:14public. Et donc,
24:16si effectivement il y a une loi...
24:18Si il y a une loi, on l'applique. M. Bourdin,
24:20sincèrement, je termine deux minutes.
24:22L'école, en 2004,
24:24on disait, les jeunes
24:26filles, elles sont... Est-ce qu'il y a eu
24:28un seul procès ? Jamais. Est-ce qu'on a
24:30été devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme ?
24:32Jamais. Tout le monde s'est inscrit
24:34dans le respect de la loi. Quand on a interdit
24:36la burqa, c'était
24:38la même chose. Les musulmans sont
24:40respectueux des lois. Demain, il y a...
24:42Mais il faut arrêter.
24:44Je vous pose, très vite, parce que
24:46je suis déjà très en retard, je déborde.
24:48Dernière question. Les lois de la République,
24:50sont-elles au-dessus de la loi divine ?
24:52Mais bien sûr, ça je l'ai dit,
24:54je l'ai écrit, je l'ai répété.
24:56Vous savez, par contre, je veux simplement
24:58préciser, quand je fais ma prière,
25:00M. Bourdin, quand je suis seul avec Dieu,
25:02il n'y a que Dieu qui existe pour moi
25:04et qui a l'importance pour moi.
25:06Mais après, quand je suis devant vous, maintenant,
25:08je suis dans une vie laïque, je ne sais pas
25:10quelle est votre religion. Moi, vous la connaissez,
25:12parce que je suis recteur Lacan-Mosquée de Paris.
25:14Voilà, il n'y a aucun problème
25:16pour moi, et si nous devons,
25:18vous et moi, parce que nous sommes français, c'est ça
25:20la beauté de la laïcité, c'est que la loi
25:22prime pour vous et pour moi.
25:24Mais à partir du moment où vous êtes
25:26dans votre religion comme moi,
25:28je suis dans ma religion, bien évidemment,
25:30c'est tout à fait normal que le divin
25:32prime.
25:34Merci beaucoup d'être venu nous voir, d'avoir
25:36accepté de répondre à toutes mes questions.
25:38Shems Edinafis,
25:40qui est le recteur de la Grande Mosquée
25:42de Paris. Merci beaucoup.
25:44Merci à vous de m'avoir invité.

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