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Le Premier ministre François Bayrou, également maire de Pau, a eu lundi 24 mars des échanges houleux au conseil municipal concernant le scandale de violences physiques et sexuelles de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram, plusieurs membres de l’opposition municipale l’accusant d'avoir su et de ne pas avoir défendu les victimes présumées.

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00:00M. Bayrou n'a rien dit. Pendant 30 ans, il a couvert.
00:03Un mot de l'affaire qu'un certain nombre d'entre vous
00:06annonce vouloir aborder ici de manière polémique encore.
00:12Mais vis-à-vis de vous, M. le maire,
00:15je vais vous dire que je pense que le premier devoir
00:17vis-à-vis des victimes, c'est de dire la vérité.
00:21De dire la vérité devant l'Assemblée nationale,
00:24de dire qu'effectivement, comme l'a dit Béatrice Jouandot,
00:27nous savions tous dans la région
00:29que cet établissement n'était pas comme les autres établissements,
00:33que cet établissement était d'une sévérité particulière
00:37et que ça s'apparentait même parfois
00:40à une maison de redressement
00:42et que tous les garçons dans toutes les familles du Béat
00:44lorsqu'ils n'étaient pas sages
00:46se voyaient menacés d'être envoyés à Bétarame.
00:48Ça, c'est la première chose.
00:50Vous auriez pu dire également, par respect pour les victimes,
00:53que vous aviez été informés des violences physiques.
00:56Vous aviez été informés en tant que ministre
00:58de l'Éducation nationale des violences physiques
01:01et que vous avez même été destinataire d'un rapport
01:04de l'inspection.
01:05Vous vous en êtes même prévalu
01:07pour dire que vous aviez fait le nécessaire.
01:09C'est donc que vous étiez informés de ces violences physiques.
01:12Vous auriez pu reconnaître,
01:16comme l'a fait l'auteur même de ce rapport,
01:19que ce rapport était bâclé.
01:21Vous auriez pu aussi reconnaître
01:23que les violences sexuelles avaient été dénoncées
01:26avant les années 2000
01:28et que vous étiez informés,
01:29que vous n'étiez plus en poste à l'Éducation nationale
01:32à ce moment-là, mais que vous en aviez été informés.
01:35Et donc, vous interrogez,
01:37en tant que responsable politique depuis ces années-là,
01:41sur la raison pour laquelle rien n'a été fait,
01:44comme vous l'avez dit, entre 2000 et 2023.
01:48Il était ministre de l'Éducation nationale.
01:50Il était président du Conseil général.
01:54Il montre, il y a des faits, des articles, des enquêtes
01:57qui montrent qu'il a donné, pendant que c'était se produisait,
02:00il a donné des subsides publics à cette école.
02:02Il est parti les soutenir.
02:04En février 1996, puisque c'est exactement la date
02:07à laquelle je déposais une plainte
02:10pour un jeune de 14 ans
02:13qui était dans la même classe que l'un de vos fils,
02:17qui avait été frappé
02:19par un surveillant
02:21dont le tympan avait été explosé.
02:25C'était le 31 janvier 1995,
02:29et qui, ensuite, le 5 décembre 1995,
02:33avait été sanctionné d'un châtiment corporel,
02:37d'une véritable torture,
02:39le supplice du Péron,
02:41expulsé, expulsé...
02:47du dortoir
02:49et exposé devant la Vierge,
02:51au bord du Gave, dans cet endroit que vous connaissez si bien,
02:55en petite tenue.
02:58Il a pu appeler son père,
03:02qui est venu le chercher et qui l'a conduit à l'hôpital.
03:06C'était la première plainte
03:09contre Notre-Dame de Bétaram.
03:12M. le maire, en 1996,
03:14vous n'avez pas pris le parti de ce jeune
03:18de 14 ans, vous n'avez pas pris le parti de sa famille,
03:22vous avez pris le parti de l'institution catholique
03:25Notre-Dame de Bétaram.
03:27Depuis que l'affaire Bétaram a surgi
03:31et elle suscite une émotion profonde,
03:34nous avons appris aussi,
03:37nous avons appris aussi
03:39que le surveillant qui a été mis à l'examen
03:42le 21 février 2025 pour des viols
03:46est intervenu encore à Notre-Dame de Bétaram
03:51en 2024.
03:54En 2024, l'an dernier.
03:59Et nous avons appris aussi de la bouche de M. Haillet,
04:05de la bouche de M. Haillet,
04:08que le bourreau de Jean-Marie Delbosse,
04:12celui qu'il a violé de 1957 à 1961,
04:17il a continué à servir la messe
04:19jusqu'au 7 mars 2025.
04:23Et ceci signifie
04:27que le déni persiste, perdure,
04:32que la congrégation des pères de Bétaram,
04:36de Notre-Dame de Bétaram, n'a pas pris conscience
04:39ni des souffrances qu'elle a infligées,
04:43dont elle a été complice,
04:45ni des mesures qu'il y avait à Pranse.
04:47Ce que je vous demande, M. le Premier ministre,
04:50c'est d'engager la résiliation du contrat
04:53qui lie Notre-Dame de Bétaram à l'Etat,
04:56parce que la congrégation des pères
04:59de Notre-Dame de Bétaram
05:00a fait la preuve de sa dangerosité
05:04et du déni persistant
05:08dans lequel elle est enfermée.
05:11Et je pense également,
05:13et j'espère que vous partagerez
05:19cette volonté que, désormais,
05:21Notre-Dame de Bétaram doit fermer,
05:26doit cesser d'être un lieu d'éducation.
05:31Les victimes le demandent.
05:34Un grand nombre de victimes le demandent.
05:37Et elles ont raison de le demander.
05:39Et cette fermeture, elle a, pour justification,
05:43le fait que les enfants ne sont pas en sécurité,
05:46ont été en grave danger depuis 1957,
05:49ne sont pas en sécurité dans cet établissement,
05:53et, enfin, qu'il n'est pas concevable
05:57que des enfants soient encore accueillis,
05:59des adolescents, dans cette structure
06:01qui a été un lieu de torture
06:04et de supplice pour d'autres enfants.
06:09Ce site doit devenir un lieu de mémoire
06:13pour les enfants martyrisés, pour les enfants suppliciés.
06:16Mais je trouve qu'on doit ça à ces petits garçons.
06:21Au moins, de ne pas faire
06:25une affaire d'intérêt politique
06:28dans quelque chose où nous avons sans doute
06:31tous eu des responsabilités, tous,
06:34et comme on l'a montré sans exception dans cette salle,
06:38tous eu des responsabilités,
06:41et nous avons, aujourd'hui, à affronter
06:45le pire d'une situation d'enfance et d'une situation humaine,
06:53en prenant des précautions
06:55pour qu'à l'avenir, ça ne soit pas la même chose.

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