François Bayrou est sous le feu des critiques après des révélations sur des abus sexuels au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, près de Pau, où ses enfants ont étudié et sa femme a enseigné le catéchisme. Ministre de l'Éducation au moment de la première plainte, il assure n'avoir "jamais eu la moindre information" sur l'affaire. Ce samedi 15 février, le Premier ministre a reçu neuf victimes de cette affaire à la mairie de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques.
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00:00C'est aussi des élèves qui se sont livrés à des agressions sexuelles très graves parfois en bande organisée.
00:07J'invite tous ceux qui n'ont pas encore saisi la justice à se manifester car un nombre colossal de victimes reste encore tapis dans l'ombre.
00:18De même, les services de l'État et notamment ceux de l'éducation nationale ont parfois dysfonctionné
00:27alors que des alertes évidentes avaient été déclenchées par les enfants victimes.
00:32Le corps enseignant témoigne des violences quotidiennes et à quelques exceptions près n'a pas réagi
00:40et a laissé faire ses comportements délictueux pendant plusieurs décennies.
00:45La congrégation des pères de Betharam porte par son inaction et par réflexe de protection une responsabilité immense dans cette affaire.
00:56Certains de ces prêtres ont trahi la mission qui leur avait été confiée par nos parents de participer à notre développement personnel et à notre éducation.
01:08Non seulement ils ne nous ont rien appris mais se sont livrés sur nos corps d'enfants innocents à toutes les dépravations et les bassesses de la nature humaine.
01:19Je pense en ce moment à tous ces coups, à ces 21 gifles donnés à un élève de 15 ans juste pour avoir sorti un livre non autorisé par un surveillant
01:31qui aujourd'hui est tranquillement adjoint au maire d'une petite commune béarnaise,
01:36à ces humiliations répétées du Péron où nous attendions terreur au ventre et nez contre le mur le tabassage en règle à venir,
01:45à ces camarades qui se retenaient d'aller aux toilettes et préférant uriner dans leur lit plutôt que de solliciter le surveillant pour s'y rendre,
01:55à ces mises à l'air dans le bureau du surveillant général qui jouissaient de cette scène,
02:01et à toutes ces agressions sexuelles, et notamment celles du petit Anthony, neuf ans violé par un prêtre,
02:08ou celle de Jean-Charles, masturbé à 12 ans par deux prêtres directeurs.
02:13J'ai entendu pendant des centaines d'heures le récit de mes camarades qui ont survécu tant bien que mal à ces épreuves qu'il fallait endurer.
02:23Monsieur le Premier ministre, entendez comment ça fait mal à chacun de nous de nous retrouver ici pour dénoncer l'omerta, le non-dit, l'hypocrisie d'un système qui nous abroyait.
02:37Entendez dans ces lieux la souffrance de tous ces enfants, ceux de Bétarame, mais aussi des 5 millions de Français qui ont connu les ténèbres et qui vous obligent à agir.
02:48Entendez ces crises indélébiles qui resteront à jamais gravées au fond de nos tripes.
02:54La violence envers les enfants n'a pas de visage, mais elle doit être combattue partout, dans tous les foyers de France.
03:03C'est notre responsabilité collective de se nourrir de ce scandale de Bétarame et de s'en servir comme d'une opportunité formidable pour changer notre façon d'agir auprès de toutes les victimes de violence.
03:19Je termine cette intervention pour remercier les victimes qui témoignent sans filtre et si courageusement, donnant un visage à ces souffrances et un mot aussi à toutes ces dizaines de journalistes que j'ai rencontrés pendant près de 15 mois.
03:36Merci encore à vous tous.