Abdelouahab Yagoubi, député des Algériens de France, était l'invité de BFMTV ce vendredi 21 mars. Il s'est exprimé sur les relations entre la France et l'Algérie, notamment avec les prises de positions hostiles et répétées du ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Vient de nous rejoindre Abdelouab Yaghoubi, bonsoir.
00:03Bonsoir.
00:04Et soyez le bienvenu, vous êtes député algérien.
00:06Alexandra González nous accompagne aussi, bonsoir.
00:08Bonsoir.
00:09Alexandra, nous dans quelques instants on parlera de Doualem,
00:11l'un des influenceurs refoulés par l'Algérie en janvier
00:14et qui a été interpellé jeudi dans le sud de la France
00:17en vue de son expulsion vers l'Algérie.
00:19Monsieur le député, comment vous qualifiez aujourd'hui
00:23la relation franco-algérienne ?
00:27Déjà, je vous remercie de me donner la parole
00:30sur ce dossier si sensible.
00:33Je crois que les relations entre les deux États
00:37doivent passer par la diplomatie
00:41et qu'on évite la provocation qu'on vit tous les jours
00:45avec M. Retailleau qui parle de l'Algérie matin, midi, soir.
00:50Il verse dans la confrontation
00:55alors que nos deux pays ont une histoire singulière
01:01qui peut se construire sur un respect mutuel
01:06des deux États, un échange serein
01:09parce que ce qui lie nos deux peuples est très important.
01:14Je crois qu'il n'y a pas deux pays dans le monde
01:18qui ont un pan aérien.
01:21Je viens de l'aéroport directement.
01:24On a 30 vols quotidiens entre les deux capitales.
01:27Pour vous, l'explication de la situation actuelle
01:31c'est dû à Bruno Retailleau ?
01:34Pas du tout à la façon de faire des autorités algériennes
01:37qui renvoient systématiquement malgré les accords
01:40les ressortissants algériens qui devraient rentrer chez eux ?
01:44On revient à l'histoire aussi.
01:47Normalement, ce sujet doit être traité par la diplomatie française
01:52et heureusement que M. Macron et M. Barreau
01:56ont une approche plus mesurée que le ministre de l'Intérieur.
02:01Je rappelle que l'Algérie est un pays indépendant maintenant
02:06et donc toute déclaration du ministre de l'Intérieur
02:12pourrait être interprétée comme un avis néocolonialiste
02:17parce que ça rappelle la déclaration de François Mitterrand
02:21quand il a dit que l'Algérie c'est la France
02:24de Tamar Asset à Dunkerque.
02:27Je crois qu'il est temps de laisser les diplomates sages, sereins
02:33travailler sur le dossier, loin des déclarations médiatiques
02:38qui ajoutent le l'huile sur le feu.
02:41Monsieur le député, permettez-moi de vous contredire.
02:45Pour ce qui est de Bruno Retailleau, il ne s'est jamais émissé
02:49dans les affaires algériennes.
02:52Il a dit qu'il avait un certain nombre de ressortissants algériens
02:56qui sont soit dans l'illégalité, soit qui ont commis des forfaits
03:00ou des délits en France et qu'il voulait les renvoyer dans leur pays.
03:04C'est tout ce qu'il a dit.
03:07En revanche, là où le dossier différent franco-algérien
03:13prend sa source, en dehors du passé historique
03:16qui est extrêmement chargé, c'est quand le président de la République
03:19française, parce que c'est de là que ça part vraiment,
03:22l'été dernier, décide d'un revirement d'une certaine façon diplomatique.
03:27Mais il a le droit, on est un pays souverain aussi, la France.
03:31Il dit, je reconnais que le Maroc, l'état marocain, a un droit,
03:38la marocanité du Sahara occidental, ce qui a fortement déplu à l'Algérie
03:44puisque l'Algérie, pour des raisons aussi historiques sur lesquelles
03:47on ne va pas revenir, estime que ce territoire,
03:52qui appartenait à l'Espagne jusqu'en 1975, ne doit pas être marocain.
03:56Et donc ça a fâché l'Algérie, alors que le président Macron
04:00était plutôt dans une relation de réconciliation avec le président Tebboune
04:05et ça a tout fracturé. Et à partir de là, il y a eu un enchaînement
04:09avec, il faut le dire quand même aussi, de la part de l'Algérie,
04:13la volonté de l'Algérie pour montrer sa mauvaise humeur,
04:16de ne pas reprendre les ressortissants qui étaient jugés indésirables en France.
04:21Monsieur le député, est-ce que vous avez l'impression,
04:23pour rebondir sur ce que dit Yves Tréard, que la rupture est consommée
04:27avec la France côté algérien, qu'il y a plus qu'une brouille, une rupture ?
04:32Oui, je crois qu'on est parti très très loin dans cette relation, malheureusement.
04:40Ce que je voulais dire à M. Tréard, c'est que la question du Sahara occidental
04:47est une question qui est au niveau des Nations Unies.
04:51Les Nations Unies, c'est eux qui décident du sort du peuple sahraoui.
04:57Maintenant, pour revenir aux déclarations de M. Rotaïou,
05:01vous m'avez dit qu'il ne s'immisce pas dans les affaires intérieures.
05:04Je rappelle juste qu'il y a le principe de la territorialité de la loi.
05:08Donc la loi française, elle s'applique en France.
05:11En Algérie, il y a une loi algérienne.
05:14Il y a des accords ?
05:15Il y a des accords, tout à fait.
05:16Et dans les accords, il y a la protection consulaire,
05:20donc il faut que les consulats algériens s'assurent
05:26que les ressortissants algériens épuisent toutes les voies de recours.
05:31Donc on est obligé d'avoir le laissé-passé.
05:34On ne peut pas envoyer des gens comme des colis sans…
05:37Ces derniers temps, l'Algérie a refusé des ressortissants algériens venant de France,
05:41malgré tous les documents, si je puis dire, en règle…
05:44Avec des laissés-passés ?
05:47Ce n'est pas avec des laissés-passés consulaires.
05:50Le renvoi est désormais systématique de la part de l'Algérie,
05:53comme une sanction, dans le cadre de ce qui semble être une nocture.
05:57Non, je ne suis pas d'accord avec vous sur ce propos de sanction.
06:03Pour qu'une personne arrive expulsée en Algérie,
06:11elle doit avoir un laissé-passé consulaire.
06:14Il faut que l'on vérifie que la protection consulaire est faite
06:18et que la personne a épuisé toutes les voies de recours dans le pays d'accueil.
06:24C'est là où on peut considérer,
06:28mais vu de l'Algérie, c'est ce qui a été dit,
06:31que le ministère de l'Intérieur français s'était mis en contravention,
06:34parce que, par exemple, pour l'affaire d'influenceurs d'Oualem…
06:38Dont on va entendre la fille dans quelques instants, d'ailleurs.
06:41Au tout début, il y a un mois, un mois et demi,
06:44il y a eu une procédure d'urgence qui a été enclenchée
06:48par le ministre de l'Intérieur.
06:50Et l'Algérie a estimé que ce n'était pas conforme à l'usage.
06:57Et d'ailleurs, la justice administrative française
07:01a reconnu qu'il n'y avait pas de caractère d'urgence.
07:05Donc il s'est heurté non seulement au refus algérien,
07:09mais il s'est aussi heurté à la justice administrative française.
07:13Donc voilà, on peut effectivement ratiociner à l'envie,
07:17mais ce que je veux surtout dire, c'est que jamais Bruno Retailleau,
07:22dans les faits, si on s'en tient aux faits,
07:24n'a tenu un propos sur les procédures algériennes.
07:28– Puisque l'on parle de Doualem, de son vrai nom,
07:31l'un des influenceurs refoulés par l'Algérie,
07:36en janvier, interpellé jeudi à l'aube dans le sud de la France
07:39en vue de son expulsion vers l'Algérie.
07:41Maxime Ranchetteur, bonsoir.
07:42Vous avez recueilli pour BFMTV et en exclusivité, ce soir,
07:45les confidences de la fille de Doualem, c'est bien ça ?
07:50– Oui, exactement, de la fille de Doualem Naman, de son vrai nom.
07:54C'est la toute première fois qu'elle s'exprime.
07:56Au début, elle refusait absolument et puis aujourd'hui,
07:58elle en a ressenti le besoin.
08:01C'était chez elle qu'était hébergée l'influenceur Doualem
08:04lorsque les policiers sont venus le chercher jeudi matin.
08:07Elle a vu ces 15 policiers rentrer, perquisitionner son domicile.
08:10Elle a voulu aujourd'hui prendre la parole, elle nous a raconté
08:13qui est son père, au-delà de ce qu'on en sait de cette affaire.
08:17Elle a raconté que c'était un grand-père attentionné
08:19qui, à la base, faisait simplement des vidéos sur les réseaux sociaux
08:22à propos du football, dont elle ignorait la teneur.
08:24Et puis, il y a eu cette vidéo, il y a eu cet emballement,
08:27puis le procès, puis qu'il a été placé en centre de rétention administrative,
08:31qu'il y est retourné.
08:32Et tout ça, elle le vit aujourd'hui extrêmement difficilement.
08:35Elle nous l'a raconté, écoutez-la.
08:39J'espère de tout cœur que Rotaïo regardera ce que je dis aujourd'hui.
08:43C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on joue avec la vie d'un homme
08:45qui a déjà tout perdu, il a perdu son travail.
08:47Il a perdu sa dignité, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
08:51mon père est un homme qu'on cible du doigt,
08:53qu'on a affiché impunément, sans mettre en avant
08:58la présomption d'innocence, bien avant qu'il soit jugé.
09:00Et ça, je remets la faute justement au maire de Montpellier,
09:02monsieur Delafosse, qui a fait ce signalement,
09:04sans même attendre que la justice s'en mêle,
09:07ne serait-ce que pour les traductions, d'accord ?
09:10Et ça, c'est quelque chose que je prends à cœur
09:12parce que je suis Montpellieraine de souche,
09:14je contribue beaucoup au mouvement de ma ville, d'accord ?
09:18Et aujourd'hui, je trouve ça déplorable et scandaleux
09:21que la tête de mon père ait été affichée
09:23dans tous les journaux de Montpellier
09:25avec le titre « Appel au meurtre »,
09:28sans avoir une décision de justice.
09:30Et à savoir, et c'est important de le dire,
09:32c'est que mon père, après ce lanceur d'alerte,
09:35s'est présenté, parce qu'il a toujours été présent
09:37à toutes ces convocations, devant le juge
09:39qui a jugé, au vu du profil de mon père,
09:41qu'il avait le droit d'être libre.
09:43Elle nous l'assure, elle ne comprend pas son père.
09:45Pour elle, il n'est pas un danger pour l'ordre public,
09:48il est encore moins un agent d'Alger
09:50qui voudrait déstabiliser ou cibler des opposants
09:54au régime algérien.
09:55Pour elle, c'est simplement un homme
09:57qui a été emporté sur les réseaux sociaux
09:59et qui n'en fera plus jamais.
10:00Aujourd'hui, ils sont dans la tente.
10:02Elle l'a régulièrement au téléphone, son père,
10:04du centre de rétention industrielle.
10:05Mais elles ne savent pas ce qui va se passer.
10:07Elles ne savent pas s'il va être finalement expulsé
10:09vers l'Algérie, si l'Algérie va l'accepter ou pas.
10:11Elle nous assure que sa vie est en France
10:13et qu'en Algérie, il n'a que très peu de famille
10:15et même pas de domicile.
10:16Merci Maxime, merci également à Vincent Gauthier
10:18qui nous accompagne à Montpellier.
10:19Alexandra, rappelez-nous ce qui est reproché
10:22à Doualem, c'est son surnom,
10:23cet influenceur algérien.
10:24Oui, alors Doualem qui faisait des vidéos
10:27sur les réseaux sociaux.
10:28Et dans l'une de ces vidéos qui avait été signalée,
10:31comme le disait sa fille, par le maire de Montpellier
10:33mais aussi par le préfet de l'Hérault.
10:35C'est une chaîne qui est suivie par 168 000 personnes
10:39à ce moment-là, au moment du signalement.
10:41Et d'après l'arrêté d'expulsion que BFM TV
10:44avait pu consulter, dans cette vidéo,
10:46il appelait ses concitoyens algériens
10:48à la violence contre un opposant politique
10:51au régime algérien.
10:54Dans cette même vidéo, toujours selon cet arrêté d'expulsion,
10:57il cautionnait et légitimait les actes de torture
11:00qui seraient commis par les policiers algériens
11:03envers ses opposants.
11:04La justice est passée sur ces faits
11:06qu'il a admis en garde à vue
11:09et la justice l'a condamnée le 24 février dernier,
11:12enfin le procès avait lieu le 24 février,
11:15la justice l'a condamnée le 6 mars dernier
11:18à cinq mois de prison avec sursis
11:20pour provocation non suivie des faits
11:23à commettre un crime ou un délit.
11:25Abdelouad, Diaghoubi, qui doit changer de ton
11:28aujourd'hui d'après vous ?
11:30Les deux.
11:32Il y a deux parties.
11:34Je crois que du côté algérien,
11:38le président Tebboune a exprimé
11:41lors de son dernier entretien avec l'Opinion
11:45une envie de reconstruire
11:49mais de rester aussi dans l'apaisement,
11:52dans le respect mutuel,
11:54dans le respect des deux États souverains.
11:56Les diplomates algériens et français
11:59des deux côtés essayent de dépasser
12:03ces déclarations provocatrices.
12:07Et pour revenir aux influenceurs,
12:10je crois que les relations entre les États
12:12ne se font pas sur des propos
12:17des uns et des autres
12:19qui n'engagent qu'eux-mêmes.
12:21Malheureusement, les médias
12:23et les réseaux sociaux l'emportent.
12:26Ce n'est pas dans les propos
12:27que ce qui s'ensuit qui pose problème.
12:29Dans le cas de Doualème comme des autres,
12:30c'est le fait qu'ensuite,
12:31étant expulsé,
12:32il est renvoyé vers la France
12:34dans la foulée.
12:35Oui, mais là, par exemple,
12:37la décision, normalement,
12:38je n'ai pas commenté les décisions
12:40de la justice,
12:42mais là, dans le cas de l'espèce,
12:45le tribunal a déclaré
12:47qu'il n'a pas été suivi d'effet.
12:50Donc, on est en train de stigmatiser
12:53tous les Algériens de France
12:55pour des propos qui,
12:58en fin de compte,
13:00n'ont eu rien d'effet sur le terrain.
13:03Yves, est-ce qu'Emmanuel Macron
13:05ne va pas finir par être gêné
13:08par la méthode Bruno Retailleau
13:11qui est une volonté claire et assumée
13:14et soutenue par une majorité de Français,
13:16d'en découdre avec l'Algérie
13:19sur la scène publique,
13:22et non en coulisses ?
13:23Je pense que vraiment,
13:24c'est les deux présidents
13:25qui ont la clé de la relation
13:27et la clé de la libération, d'abord,
13:30de Doualème-Sensal,
13:31qui est tout à fait arbitrairement,
13:33il faut le dire,
13:34complètement arbitrairement,
13:36retenu là-bas,
13:38parce que, certes,
13:40il a contesté un pan historique,
13:42il y a un débat sur le sud algérien,
13:45est-ce que, historiquement,
13:46il appartenait au Maroc et tout,
13:47c'est ce qu'il a contesté.
13:48C'est pour ça qu'il est, aujourd'hui,
13:50retenu en prison,
13:51Doualème-Sensal,
13:52c'est parce qu'il a dit,
13:53voilà, le sud algérien,
13:54normalement,
13:55il aurait dû revenir au Maroc.
13:57Bon, très bien,
13:58mais est-ce que ça,
13:59ça vaut de rester...
14:01La vérité,
14:02c'est qu'il y a une brouille terrible
14:04entre les deux pays,
14:05que toutes les arguties judiciaires
14:08ne tiennent pas debout,
14:09mais sincèrement,
14:10ça ne tient absolument pas debout,
14:11et que tout ça devrait se régler.
14:12J'interroge un changement de ton
14:13du Président de la République,
14:14je vous laisse continuer,
14:15mais écoutons précisément Emmanuel Macron,
14:17Yves, en janvier,
14:18puis hier,
14:19sur le même sujet, écoutez.
14:22J'ai une pensée singulière
14:24pour un combattant de la liberté,
14:26écrivain,
14:27franco-algérien,
14:28qui est Doualème-Sensal.
14:30Il est détenu,
14:31de manière totalement arbitraire,
14:33par les responsables algériens.
14:36L'Algérique nous est mon temps,
14:37et avec laquelle nous partageons
14:38tant d'enfants et tant d'enfants,
14:40entre dans une histoire
14:41qui la déshonore,
14:43a empêché un homme gravement malade
14:45de se soigner.
14:47Et ça n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est.
14:49Et nous qui aimons le peuple algérien
14:51et son histoire,
14:52je demande instamment
14:53à son gouvernement
14:54de libérer Doualème-Sensal.
14:56J'ai confiance
14:57dans le Président Tebboune
14:59et sa clairvoyance,
15:00pour savoir que tout ça
15:01n'est pas sérieux.
15:02Et je souhaite qu'on puisse trouver
15:04une issue rapide
15:06à cette situation.
15:08Une situation humaine,
15:09humanitaire,
15:10et de dignité.
15:11De dignité pour tout le monde.
15:13Voilà.
15:14Je pense que c'est très important.
15:15Et c'est très important aussi pour l'Algérie.
15:17– Georges Marc Médamou,
15:18bonsoir.
15:19– Bonsoir.
15:20– Bienvenue.
15:21Vous nous rejoignez un petit peu en retard,
15:22donc voilà, je file droit vers vous.
15:23Il nous reste seulement quelques minutes.
15:24Je sais que le retard n'est pas de votre fait.
15:25Soyez le bienvenu.
15:26Vous êtes journaliste et essayiste.
15:27Vous avez collaboré
15:28à l'ouvrage collectif
15:29pour Doualème-Sensal,
15:30avec un chapitre intitulé
15:31de Camus à Sensal,
15:32le même procès.
15:33Allons droit au but.
15:35Quel message
15:39adressez-vous ce soir
15:40à la fois à l'Algérie
15:41mais aussi aux autorités françaises ?
15:44La toile de fond étant ces tensions
15:47qu'on n'avait pas connues
15:48depuis très longtemps,
15:49voire jamais,
15:50entre la France et l'Algérie.
15:51– Ça fait 4 mois
15:52que ce très grand écrivain,
15:53vieil homme,
15:54pardon,
15:55j'ai un peu perdu ma voix,
15:56atteint d'un cancer
15:57et est emprisonné,
15:58embastillé.
15:59Ça ne se passe plus comme ça
16:01dans les civilisations occidentales.
16:03Donc on appelle dans ce comité
16:05avec une manifestation
16:07le 25 mars
16:08près de l'Assemblée nationale
16:10auxquelles se joindront
16:11beaucoup de personnalités.
16:12On vient d'apprendre
16:13que le président Larcher
16:14et madame Bonne-Pivet
16:16seront présents
16:17et beaucoup de politiques
16:19à la libération sans condition.
16:21J'en sais rien,
16:22je ne sais pas s'il faut
16:23la méthode douce,
16:24la méthode pas douce.
16:25Je veux dire,
16:26il faut arrêter de se perdre
16:27dans ces choses byzantines.
16:29La vie de Doualème-Sensal
16:31est en danger,
16:32non pas parce qu'il a un cancer
16:33et qu'il est mal soigné
16:34ou pas soigné,
16:35on n'en sait rien.
16:36Tant c'est opaque,
16:38mais parce qu'on vient
16:39de prendre aujourd'hui
16:40ou hier
16:41des réquisitions
16:42à 10 ans de prison
16:43pour une des incriminations.
16:44Donc il y en aura peut-être d'autres.
16:46Ça équivaut
16:47à une condamnation à mort.
16:48Il y a deux scénarios,
16:50soit il est libéré très vite,
16:51soit il est condamné
16:52et le président Taboun,
16:54dans sa bienveillance,
16:55lui donnera une grâce
16:56qui serait pas mal,
16:57mais vite.
16:58Moi je ne veux pas rentrer
16:59dans des querelles byzantines,
17:00je me fous de la ligne Retailleau,
17:02de la ligne du ministre...
17:03Vous n'avez pas l'impression
17:04que ça a une influence
17:05sur le sort de Boilem Sansal ?
17:11La stratégie pour laquelle...
17:14Il n'y a pas de stratégie.
17:16Il y a des gens qui disent
17:17qu'il ne faut pas faire de vagues,
17:18il y a des gens qui disent
17:19qu'il faut cogner,
17:20moi je n'en sais rien.
17:21Je sais que le pays
17:23d'Albert Camus,
17:24de Mouloud Ferraoune,
17:26de Kateb Yassine,
17:27de Mohamed Dib,
17:28de tous ces grands écrivains,
17:30ne doit pas
17:32embastiller un homme libre.
17:35Et que le président
17:36de la République,
17:37visiblement,
17:38on n'y arrive pas.
17:39Donc on en appelle
17:40au président,
17:41on appelle à tout le monde,
17:42au président Tebboune,
17:43à qui vous voulez,
17:44pour qu'on libère Boilem Sansal
17:45qui est en danger de mort.
17:46Donc le 25 mars,
17:47dans la rue,
17:48tout simplement...
17:49À la banveille
17:50de la décision judiciaire
17:51concernant...
17:52En Algérie,
17:53il sera fixé
17:54sur son sort
17:55de l'année prochaine.
17:56On a été beaucoup joué
17:57quand la députée Constance Grip
17:58a fait voter
17:59une motion de soutien
18:00à Boilem Sansal
18:01que le parti socialiste,
18:03moi l'FI,
18:04c'est pas étonnant,
18:05se soit abstenu.
18:06Le parti de François Mitterrand,
18:08ne soutenant pas
18:09Boilem Sansal,
18:10c'est le comble
18:11pour une certaine gauche
18:12qui a refusé
18:13de se tourner vers
18:14ce grand écrivain
18:15et d'essayer de le sauver.
18:16Merci.
18:17Merci à tous les quatre.