Valérie Donzelli revient sur son parcours et son travail, à l’occasion d’une rencontre exceptionnelle à laquelle elle a souhaité convier ses plus proches collaborateur·ices, à ses côtés depuis son premier film jusqu’à celui en écriture.
Avec Pauline Gaillard, monteuse, et Alba Thérond, assistante réalisatrice.
Animée par Anaïs Bordages, journaliste et critique séries et cinéma.
Séance enregistrée le 15 mars 2025 au Forum des images.
Dans le cadre de la thématique Elles sont là pour rester, 10 réalisatrices aujourd’hui en France.
Infos : https://www.forumdesimages.fr/elles-sont-la-pour-rester
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Institution culturelle de la Ville de Paris, le Forum des images est au cœur de la ville.
Rencontres, cours de cinéma et conférences, thématiques, festivals… Le forum de toutes les images.
Toute la programmation :
http://www.forumdesimages.fr
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Court métrageTranscription
00:00:00Bonsoir tout le monde, merci beaucoup d'être ici pour cette rencontre.
00:00:12Valérie, on va parler de votre filmographie en détail, j'ai prévu plein de questions,
00:00:18mais vous êtes venue aussi avec deux de vos collaboratrices, Alba Théron, vous êtes
00:00:22assistante réalisatrice, Couteau suisse.
00:00:27Moi je ne prends jamais la parole en public, donc c'est très compliqué pour moi.
00:00:30Je ne suis pas assistante réalisatrice, je suis script aujourd'hui, mais sinon je suis
00:00:36Couteau suisse.
00:00:37Je suis le Couteau suisse de Valérie Donzelli depuis 12 ans je crois.
00:00:42Aujourd'hui je suis script et je fais mon premier long métrage avec Valérie en tant
00:00:49que script, mais c'est très récent pour moi.
00:00:51Ça fait quoi Couteau suisse du coup ?
00:00:53Couteau suisse, ça fait fourchette, couteau, cuillère, ça fait plein de choses, ça
00:01:00fait des costumes de l'assistanat en tout genre, à droite, à gauche, ça s'improvise
00:01:10et j'adore ça.
00:01:11Ça fait qu'Alba, par exemple, je lui dis viens on va faire un film pour la troisième
00:01:17scène et puis elle prend le son.
00:01:20Alors elle n'est pas du tout ingénieure du son, mais voilà, elle est capable de faire
00:01:25ça.
00:01:26Puis après il faut monter un petit film de documentaire fait avec des photos.
00:01:30Je regarde un tuto et je le monte.
00:01:33Non mais voilà, c'est une partenaire.
00:01:36Pauline, c'est la monteuse, mais bien plus que ça puisqu'on se connaît depuis maintenant
00:01:4318 ans, puisque j'ai commencé à faire des films avec Pauline et la date est très
00:01:50précise dans ma tête puisque le premier film que j'ai fait, c'est Il fait beau dans la
00:01:53plus belle ville du monde et j'étais enceinte de ma fille qui a aujourd'hui 18 ans.
00:01:58Donc voilà, ça fait 18 ans qu'on se connaît ma chérie.
00:02:01Pauline a monté pratiquement tous mes films, sauf peut-être un documentaire et deux documentaires.
00:02:08Les deux documentaires que j'ai faits qui ont été faits par d'autres monteurs parce
00:02:11que Pauline n'était pas là et voilà, donc c'est un vrai, c'est une énorme partie
00:02:18ciseaux du couteau.
00:02:19Voilà la partie ciseaux du couteau suisse, mais excellent, très bien aiguisé.
00:02:23J'espère que vous nous en direz un petit peu plus toutes les deux sur votre contribution
00:02:27à chaque fois au film, puisqu'on va passer des extraits.
00:02:30Donc je suis sûre que vous aurez plein de choses à nous raconter, plein d'anecdotes
00:02:33sur vos rôles respectifs, justement de couteau, ciseaux, etc.
00:02:39Bon, je vais commencer par le plus évident.
00:02:41Valérie, le dénominateur commun de votre filmographie, je pense que c'est le couple,
00:02:46la question de l'intime, l'amour sous toutes ses formes.
00:02:50Est-ce que c'est une description qui vous paraît juste ou ?
00:02:57Oui, c'est vrai, c'est marrant parce que quand on fait des films, on ne se dit pas,
00:03:04on ne pense pas forcément les choses comme ça, donc c'est toujours intéressant de
00:03:07se dire que oui, finalement, si je regarde avec un peu de recul les films, effectivement,
00:03:14ça parle beaucoup d'amour et beaucoup de choses très intimes, c'est vrai.
00:03:19Pourquoi vous revenez à cette thématique, à votre avis, justement ?
00:03:22Parce que moi, j'ai l'impression que c'est la chose la plus importante dans la vie,
00:03:26la question de l'amour et de l'intimité, ce qui m'intéresse dans les relations avec
00:03:30mes amis, mais même dans les livres, dans les films, c'est quand on est connecté à
00:03:35l'intime et qu'on arrive à nous raconter qu'est-ce que c'est que cet intime parce
00:03:38que finalement, il est différent pour tout le monde et en même temps, il y a un endroit
00:03:42d'identification qui fait que tout le monde se reconnaît dans certaines situations, dans
00:03:46certains sentiments et dans la complexité de la relation sentimentale dans toutes ses
00:03:56formes en fait.
00:03:57Je crois que vous avez dit que vous aimez partir de quelque chose d'intime justement
00:04:01qui vous est peut-être arrivé à vous pour ensuite le transformer en quelque chose d'universel
00:04:05dans vos films.
00:04:06Oui, je dis souvent que j'aime partir de mon nombril pour faire un zoom arrière très
00:04:11très grand et surtout pas raconter la petite histoire parce que la petite histoire personnelle,
00:04:16ça n'intéresse personne.
00:04:17Ce qu'il faut faire quand on raconte des films et d'ailleurs, c'est difficile à réussir,
00:04:20mais c'est de raconter quelque chose de plus universel, de réussir à comprendre qu'est-ce
00:04:27que c'est que l'intime, l'endroit où les gens vont pouvoir s'identifier.
00:04:34Et comment on fait ça ? Comment on arrive à se détacher du nombril justement ?
00:04:38On le fait avec plein de gens.
00:04:40On le fait en écrivant des histoires, avec des scénaristes, on le fait en montant le
00:04:45film avec une monteuse, avec un couteau suisse, avec un preneur de son.
00:04:49Pour moi, le cinéma, il est vraiment très collectif et je me vois quand même comme
00:04:55un chef d'orchestre qui transmet une idée et puis en même temps qui travaille avec
00:05:03des gens talentueux et qui essaye de les diriger aussi d'une façon comme des acteurs presque.
00:05:11Toutes les personnes qui travaillent avec moi, j'ai l'impression que je les dirige
00:05:16un peu comme des acteurs en fait.
00:05:18Et puis j'aime bien leur laisser de la place aussi.
00:05:23Vous confirmez Pauline, Alma ?
00:05:25Absolument.
00:05:26Il y a à la fois une grande maîtrise chez Valérie mais aussi un désir d'être une éponge
00:05:33et de prendre les idées sans qu'il n'y ait aucun moment une revendication de propriété.
00:05:38C'est très libre et très joyeux.
00:05:41Alors pour rester sur cette thématique de l'amour, on va lancer un premier extrait
00:05:45qui est un extrait de votre premier long métrage, La Reine des Pommes.
00:05:49Je vous laisse regarder l'extrait.
00:05:51C'est un film qui démarre sur une rupture et puis on en reparle après.
00:06:21Étranglez-moi car je n'ai pas le courage de m'y prêter moi-même.
00:06:27Ma force me manque, je voudrais mourir.
00:06:31Étrangler comme une héroïne, Ditchcock assassiné par son amant.
00:06:38Il est m'étend, il est m'étend.
00:06:44Aujourd'hui encore c'est un peu dur.
00:06:48Je crois que je n'y arrive pas.
00:06:52Il a ouvert moi cette blessure.
00:06:56Je souffre, étranglez-moi car je n'ai pas le courage de m'y prêter moi-même.
00:07:04Ma force me manque, je voudrais mourir.
00:07:08Étrangler comme une héroïne, Ditchcock assassiné par son amant.
00:07:16Il est m'étend, il est m'étend.
00:07:28Il faut que tu couches avec d'autres hommes, d'autres hommes.
00:07:40La Reine des Pommes, c'est l'histoire de la reconstruction de cette héroïne
00:07:43après une rupture qui va passer par d'autres rencontres avec d'autres hommes.
00:07:48Et puis il y a cette séquence chantée qui est une petite marque de fabrique
00:07:52qu'on va retrouver plusieurs fois dans votre filmographie.
00:07:55Qu'est-ce qui vous plaît là-dedans ?
00:07:57Je ne sais pas que ça me plaît, c'est que j'avais l'impression que
00:08:00quand j'ai écrit ce scénario, je me suis dit
00:08:03raconter le manque amoureux, la souffrance de l'absence de l'autre
00:08:11dans un dialogue, ça me paraissait très théâtral en fait.
00:08:14Et je me suis dit, la seule façon de pouvoir le dire, c'est de le chanter.
00:08:18J'avais l'impression que la chanson permettait de raconter une émotion pure,
00:08:24que le dialogue ne pouvait pas, que ça ne résisterait pas au cinéma
00:08:29de faire ça juste dans une théâtre, c'était plus le registre du théâtre pour moi.
00:08:34Et c'est pour ça que j'ai décidé d'utiliser des chansons.
00:08:38Il se trouve que ces chansons, je les avais écrites il y a très longtemps.
00:08:41Quand j'étais enceinte de Gabriel, mon premier enfant,
00:08:45avec une amie qui est là d'ailleurs, qui s'appelle Alice.
00:08:49J'étais enceinte de mon fils et je me suis dit,
00:08:52comme je suis enceinte, je ne vais pas travailler,
00:08:54personne ne va m'embaucher comme actrice.
00:08:56Et comme je suis un peu hyperactive, je me suis dit, qu'est-ce que je vais faire ?
00:08:59Je vais écrire des chansons.
00:09:01Et je me suis mise à écrire des chansons.
00:09:03J'ai embarqué ma copine avec moi qui chantait bien.
00:09:05Et on s'est mise à écrire des chansons qui écrivaient bien aussi.
00:09:08Et ça, c'est des chansons qui viennent de cet opéra qu'on avait écrit.
00:09:15Et c'était l'idée, je voulais en faire un disque musical,
00:09:19une comédie musicale, mais qu'on écoute, pas filmée.
00:09:21Parce qu'à l'époque, je ne savais même pas que je ferais des films.
00:09:24Donc c'est marrant, comme quelques années après,
00:09:26pour La Reine des Pommes, j'ai utilisé quelques chansons de ce registre.
00:09:33J'aime beaucoup le petit détail sur Hitchcock.
00:09:36On a déjà l'idée que l'amour et la passion, ça peut aussi induire quelque chose de très violent.
00:09:43Et là, c'est fait avec beaucoup d'humour noir.
00:09:46Mais c'est une thématique qui va revenir aussi dans votre filmographie.
00:09:49Et les chansons aussi vont revenir dans votre filmographie.
00:09:51Donc là, on sent déjà la genèse de ce que vous allez faire par la suite.
00:09:58Oui, c'est-à-dire que pour moi, le cinéma est un endroit de pure liberté.
00:10:03Donc j'aimais des chansons parce que ça me plaît.
00:10:09J'ai l'intuition que ça va fonctionner, mais ce n'est pas une recette.
00:10:14Et dans les autres films, quand il y a des chansons,
00:10:18c'est toujours lié à un sentiment qu'on exprime.
00:10:22Le film Marguerite et Julien, je l'avais écrit 14 chansons pour le film,
00:10:26que je n'ai pas mise finalement.
00:10:28Parce que justement, j'avais trop peur de la référence à Jacques Demy,
00:10:32Le Comte, avec les chansons et tout ça.
00:10:35Mais ça m'a aidée à écrire le film.
00:10:37Et finalement, le film est assez musical, sans chansons.
00:10:40Il y a beaucoup, beaucoup de musique.
00:10:44Dans les autres thèmes récurrents qu'on retrouve dans vos films,
00:10:49il y a aussi la narration en voix-off qui revient dans quasiment tous vos films.
00:10:53Pourquoi ?
00:10:55C'est pareil.
00:10:57Moi, j'aime raconter des histoires.
00:10:59Et c'est vrai que je trouve que dans les films,
00:11:01quand à un moment donné, un narrateur porte le récit,
00:11:03ça repose en fait.
00:11:05Ça repose l'esprit, le spectateur, le film.
00:11:09Et puis ça permet de raconter plein de choses, de faire des ellipses.
00:11:13Je ne suis pas la première à avoir fait ça.
00:11:16Agnès Varda le faisait.
00:11:18Truffaut.
00:11:20Et c'est vrai que c'est quelque chose qui arrive très naturellement.
00:11:26J'ai du mal à faire sans.
00:11:28Dès l'écriture ?
00:11:30Oui, toujours.
00:11:32Et quand ce n'est pas un narrateur,
00:11:34c'est forcément un personnage qui raconte son histoire,
00:11:36comme dans L'Amour à les Forêts, par exemple.
00:11:40On va lancer le deuxième extrait,
00:11:42qui est un extrait de La Guerre est déclarée.
00:11:44Et on en reparle juste après.
00:11:46Ne t'inquiète pas, ça va aller.
00:11:51On va mettre un coup d'œil à ce type-là pour l'enregistrer.
00:11:53On va lui faire chanter la chanteuse.
00:11:57Il n'y a aucun commentaire ?
00:12:20Il n'y a aucun commentaire ?
00:12:51Madame, mademoiselle.
00:12:55Merci, monsieur.
00:13:21Le professeur Fitousi va venir vous voir.
00:13:23Regagnez votre chambre.
00:13:25Non, dites-moi s'il y a quelque chose.
00:13:27Venez, vous allez dans votre chambre.
00:13:29Non, vous me dites maintenant s'il y a quelque chose.
00:13:31Vous me dites maintenant s'il y a quelque chose !
00:13:35Monsieur, dites-moi s'il y a quelque chose.
00:13:37Mademoiselle, vous n'avez rien à faire ici, je vous demande de sortir.
00:13:39Non, je ne bougerai pas d'ici tant que vous ne m'aurez pas dit ce qu'à mon fils.
00:13:43S'il vous plaît.
00:13:47Il a une tumeur au cerveau.
00:13:49Il a une tumeur au cerveau.
00:14:01Dans ce film qui est sorti en 2011,
00:14:03vous rejouez un moment douloureux
00:14:05de votre vie personnelle
00:14:07qui a été la maladie de votre fils.
00:14:11Je ne rejoue pas, je mets en scène
00:14:13plutôt une histoire
00:14:15qui a été, au moment où ça m'est arrivé,
00:14:17une façon pour moi
00:14:19de ne pas sombrer.
00:14:21Je me suis dit tout de suite
00:14:23si ça m'arrive,
00:14:25il faut que je raconte cette histoire,
00:14:27j'en ferai un film un jour.
00:14:29J'ai été obsédée
00:14:31par cette idée
00:14:33de raconter
00:14:35ce qui se passe
00:14:37quand on est traversé par
00:14:39une histoire si dure.
00:14:43Vous jouez aussi le rôle principal.
00:14:45Qu'est-ce que ça fait,
00:14:47en tant qu'actrice,
00:14:49d'incarner ce moment
00:14:51qui est inspiré par un moment difficile
00:14:53de votre vie personnelle ?
00:14:55Au départ, je ne voulais pas jouer dedans
00:14:57parce que je me disais
00:14:59que ça allait être trop compliqué.
00:15:05En même temps, c'était compliqué
00:15:07parce que comme Jérémy jouait le rôle,
00:15:09c'était difficile de trouver une actrice.
00:15:11J'avais peur que l'actrice
00:15:13s'empare du rôle
00:15:15pour en faire une performance.
00:15:19Ça ne me plaisait pas trop
00:15:21dans l'idée du film
00:15:23parce que je l'avais écrit
00:15:25comme une comédie,
00:15:27comme un film assez léger.
00:15:29Je ne voulais pas du tout
00:15:31qu'on soit pris en otage
00:15:33par l'émotion.
00:15:35Le sujet était suffisamment fort
00:15:37pour ne pas faire un film dramatique.
00:15:39De fait, il était dramatique.
00:15:41Finalement, j'ai décidé de jouer dedans
00:15:43parce que je me suis dit que ce serait plus simple.
00:15:45D'ailleurs, comme pour La Reine des Pommes,
00:15:47je joue dedans parce que c'était
00:15:49plus simple de jouer dedans.
00:15:51J'ai joué dans mes films,
00:15:53pas pour m'écrire des rôles,
00:15:55mais parce que c'était plus pratique.
00:15:57Plutôt que de trouver une actrice
00:15:59alors que je n'avais jamais rien fait.
00:16:01Je me suis dit que je voulais jouer dedans.
00:16:03Vous dites que vous ne vouliez pas
00:16:05prendre en otage le public.
00:16:07Est-ce que vous faites quelque chose
00:16:09avec ce film que vous allez refaire
00:16:11avec L'Amour et les Forêts,
00:16:13qui est de démarrer par la fin,
00:16:15pour soulager immédiatement le public
00:16:17en disant qu'il ne s'agit pas de ça ?
00:16:19C'était conscient à ce moment-là
00:16:21de vouloir commencer
00:16:23par cette séquence ?
00:16:25Oui, c'était pour moi très important.
00:16:27Le film devait démarrer
00:16:29avec l'enfant plus âgé
00:16:31pour qu'on sache que l'enjeu du film
00:16:33n'était pas la question de la vie
00:16:35de l'enfant.
00:16:37Au contraire, c'était le sujet
00:16:39d'un jeune couple traversé
00:16:41par une tempête
00:16:43alors qu'ils viennent d'être parents.
00:16:47On l'a vu dans cette séquence.
00:16:49C'est peut-être une bonne occasion
00:16:51de parler du montage.
00:16:53Cette séquence est un peu clippée
00:16:55dans le couloir.
00:16:57Quel est votre rapport au montage ?
00:16:59Dès l'écriture, vous imaginez
00:17:01comment le montage va intervenir ?
00:17:03Est-ce que c'est une discussion
00:17:05que vous avez toutes les deux en amont ?
00:17:07Ou pendant la production ?
00:17:09Est-ce que vous pouvez nous raconter
00:17:11comment ça se passe ?
00:17:13On n'en parle pas vraiment avant.
00:17:15Valérie me fait lire les étapes
00:17:17d'écriture.
00:17:19Et après,
00:17:21on en parle pendant le tournage.
00:17:23Souvent, je commence à monter
00:17:25en cours de tournage.
00:17:27C'est à ce moment-là qu'on en parle.
00:17:29On n'a pas vraiment de discussion
00:17:31de montage à parler.
00:17:33C'est plus des questions de récits,
00:17:35d'écriture, de rythme du scénario.
00:17:37On ne parle pas de montage.
00:17:39Le montage, c'est assez concret.
00:17:41C'est difficile d'en parler
00:17:43de manière abstraite
00:17:45avant que le film ne soit tourné.
00:17:47C'est marrant dans l'extrait qu'on voit là.
00:17:49Ça me fait penser à une expression
00:17:51que tu avais eue, Valérie,
00:17:53qui disait de faire ce film
00:17:55les doigts dans la prise.
00:17:57Il y a quelque chose d'électrisant
00:17:59dans cette scène.
00:18:01C'est vraiment les doigts dans la prise.
00:18:03Après, sur La Guerre est déclarée,
00:18:05quand j'écris les scénarios,
00:18:07j'ai une playlist de musique.
00:18:09Je savais que cette séquence,
00:18:11il y aurait cette musique.
00:18:13Quand je l'ai écrite,
00:18:15je savais que c'était cette musique.
00:18:17Quand je l'ai tournée...
00:18:19Comme pour La Reine des Pommes,
00:18:21les chansons racontent le sentiment,
00:18:23je voulais que la danse raconte la douleur.
00:18:25La douleur, c'est quelque chose
00:18:27de très physique.
00:18:29C'est compliqué de réussir
00:18:31à le retranscrire au cinéma.
00:18:33C'est un peu raté,
00:18:35mais c'est vrai que j'aurais aimé
00:18:37faire un film où il y a
00:18:39vraiment de la danse.
00:18:41Là, il y a ce petit extrait.
00:18:43Jérémie aussi, quand je l'appelle plus tard,
00:18:45le personnage de Roméo,
00:18:47il tape sur des garages.
00:18:49Finalement, il en reste quelque chose
00:18:51de très physique.
00:18:53C'était ça que je voulais aussi
00:18:55réussir à transmettre.
00:18:57C'est marrant parce que c'est la musique
00:18:59de Yüksek, et Yüksek a fait la musique
00:19:01de Marguerite et Julien.
00:19:03C'est aussi comme des poupées russes,
00:19:05les films.
00:19:07J'aime beaucoup cette scène
00:19:09parce qu'elle raconte
00:19:11l'anéantissement de quelqu'un
00:19:13qui sort sa rage parce qu'elle sait
00:19:15qu'après, elle va devoir prévenir
00:19:17quelqu'un d'autre.
00:19:19C'est comme si elle sortait toute sa colère
00:19:21et toute sa rage jusqu'à l'évanouissement.
00:19:23C'est un enfermier ou ce brancardier
00:19:25qui la porte avec ses gros bras.
00:19:27Je trouve qu'il y a quelque chose d'extrêmement
00:19:29joli là-dedans.
00:19:31Quand on passe beaucoup de temps dans les hôpitaux,
00:19:33on assiste à des scènes très tragiques.
00:19:35On voit toujours des gens pleurer.
00:19:37C'est des endroits
00:19:39de vie et de mort
00:19:41qui cohabitent.
00:19:43Il y a beaucoup
00:19:45de récits tragiques.
00:19:47On voit des gens dans des états
00:19:49rares.
00:19:51C'est rare de voir ça.
00:19:53C'est tout à fait plausible que ça existe,
00:19:55cette chose-là de quelqu'un qui ramasse
00:19:57quelqu'un, qui le porte
00:19:59et qui sait qu'elle traverse
00:20:01quelque chose
00:20:03de violent.
00:20:05En même temps, vous avez une mise en scène
00:20:07et un montage qui sont toujours très inventifs,
00:20:09voire ludiques.
00:20:11Il y a beaucoup d'effets de style,
00:20:13beaucoup de création
00:20:15dans la manière dont les images
00:20:17sont présentées.
00:20:19C'est ça qui rend le film,
00:20:21comme vous le disiez, moins sombre.
00:20:23Très touchant, mais en même temps
00:20:25très dynamique.
00:20:27C'est une discussion que vous avez aussi.
00:20:29Ce n'est pas vraiment une discussion.
00:20:31Ce qui est assez jubilatoire
00:20:33avec Valérie, c'est qu'elle adore s'embarrer
00:20:35de tous les outils du cinéma,
00:20:37que ce soit la voix-off, la musique, la danse,
00:20:39les fondus,
00:20:41les split screens.
00:20:43C'est quelqu'un qui se sert de tous les outils
00:20:45possibles et imaginables pour produire
00:20:47de l'émotion.
00:20:49On a ce goût en commun
00:20:51par notre cinéphilie
00:20:53et par notre amour du cinéma.
00:20:55On se donne cette liberté-là
00:20:57de ne pas avoir d'a priori
00:20:59ou de position dogmatique
00:21:01et de faire feu
00:21:03de tout bois.
00:21:05C'est un peu
00:21:07dans notre ADN.
00:21:09On aime s'amuser
00:21:11et travailler dans le plaisir.
00:21:13On essaie plein de choses.
00:21:15On a une phrase
00:21:17où on essaie tout de suite.
00:21:19On essaie, on pose
00:21:21les musiques comme ça, on regarde
00:21:23et on se dit...
00:21:25Quand j'ai commencé à faire des films,
00:21:27c'était avec Pauline.
00:21:29Le premier court-métrage,
00:21:31je l'ai fait en Super 8.
00:21:33Je n'avais pas de monteur. Je rencontre Pauline
00:21:35et je lui envoie les rushs.
00:21:37Normalement, je ne monte plus de courts-métrages
00:21:39mais je ne peux pas ne pas monter ce film.
00:21:41On a monté.
00:21:43Je venais d'accoucher de ma fille,
00:21:45de Rebecca. J'allais chez elle
00:21:47avec ma petite voiture.
00:21:49On montait sur mon ordinateur, sur la table de mon salon
00:21:51avec le couffin dans la chambre
00:21:53et le bébé qui demandait de temps en temps à manger.
00:21:55On faisait des gnocchis.
00:21:57C'était très joyeux.
00:21:59On a travaillé tout de suite dans un truc très intime.
00:22:01Très laboratoire.
00:22:03Après, il y a eu l'Arène des pommes.
00:22:05J'avais tourné le film
00:22:07et on a mis du temps.
00:22:09Il y a eu beaucoup de temps entre la fin du tournage
00:22:11parce que je n'avais pas d'argent pour le faire.
00:22:13Je crois qu'on avait terminé
00:22:15le tournage en mars et on a monté en juin
00:22:17ou en juillet.
00:22:19Alors que
00:22:21d'ordinaire, ça peut même
00:22:23démarrer pendant, comme pour La guerre est déclarée.
00:22:25C'est vrai que
00:22:27quand on fait un film,
00:22:29on est dans le fer
00:22:31sur le tournage. Après, il y a les rushs.
00:22:33On a un peu catastrophé.
00:22:35Il n'y a pas de rythme. C'est nul.
00:22:37Ce n'est pas drôle.
00:22:39Le montage intervient pour
00:22:41créer le film,
00:22:43le fabriquer.
00:22:45C'est comme si on avait un film en kit
00:22:47quand on sort du tournage.
00:22:49On était en salle de montage
00:22:51et je disais à Pauline,
00:22:53ça ne va pas, ce n'est pas bien.
00:22:55On va faire un tour.
00:22:57En fait, on regardait les rushs ensemble.
00:22:59On a commencé à regarder les rushs ensemble
00:23:01parce que pour Il fait beau,
00:23:03il y avait quelques bobines de Super 8.
00:23:05C'était très court.
00:23:07Quand on commençait à regarder les rushs,
00:23:09je voyais qu'ils sombraient complètement.
00:23:11Je disais, sort, je monte la scène,
00:23:13tu reviens et on regarde.
00:23:15Je disais, c'est une catastrophe.
00:23:17Tu reviens dans une demi-heure
00:23:19ou une heure.
00:23:21On regardera la scène après.
00:23:23Je me souviens très bien,
00:23:25c'était la scène où Béatrice
00:23:27m'amène au parc
00:23:29où je suis évanouie.
00:23:31Il y a le fou qui s'assoit à côté de moi,
00:23:33le personnage de Jérémy qui dessine.
00:23:35C'était ce petit moment-là.
00:23:37J'avais l'impression que ça ne marchait pas du tout.
00:23:39Je reviens.
00:23:41Elle avait monté la scène.
00:23:43C'est une très grande monteuse, Pauline Gaillard.
00:23:45Elle monte la scène.
00:23:47Je me dis,
00:23:49je suis un génie.
00:23:53Sans complexe.
00:23:55C'était parti.
00:23:57J'ai compris ce que c'était que le montage.
00:23:59Après, j'ai dit, je vais faire un tour.
00:24:01Je vais faire un tour.
00:24:03Je profite du retour sur la Reine des Pommes
00:24:05pour raconter du sifflement
00:24:07qu'on entend dans la chanson.
00:24:09Dans la chanson qu'on a entendu tout à l'heure,
00:24:11il y a un sifflement qui, au départ,
00:24:13est dans la rue.
00:24:15Quelqu'un passe sous les fenêtres et siffle.
00:24:17Le sifflement rejoint la mélodie de la chanson.
00:24:19Au départ, il y avait juste une chanson,
00:24:21toute simple.
00:24:23Au montage son,
00:24:25on était à la toute fin du montage,
00:24:27et à un moment,
00:24:29il se met à siffler.
00:24:31Valérie s'est dit,
00:24:33si on mettait ça,
00:24:35quelqu'un passe dans la rue, il siffle,
00:24:37et ça devient la chanson.
00:24:39C'est une grande qualité qu'elle a.
00:24:41Tu m'as lancé une fleur.
00:24:43C'est un petit moment interflora,
00:24:45comme on dit parfois en salle de montage.
00:24:47On s'envoie des fleurs.
00:24:51C'est de se saisir,
00:24:53de tout prendre à bras le corps,
00:24:55de se saisir des idées qui flottent.
00:24:57Si on faisait ça,
00:24:59c'est vraiment une grande qualité qu'elle a.
00:25:01La guerre est déclarée,
00:25:03ce n'est pas votre premier film,
00:25:05mais c'est un film qui vous révèle pour plein de gens.
00:25:07C'est un immense succès critique et public.
00:25:09Qu'est-ce que ça a changé à votre carrière ?
00:25:11Tout.
00:25:13Tout.
00:25:15Ça m'a permis de faire tous les autres films après,
00:25:17et d'en faire encore aujourd'hui.
00:25:19Ça a changé ma vie.
00:25:21Ça ouvre toutes les portes.
00:25:23Oui.
00:25:25Quand on fait un film...
00:25:27C'est marrant parce que le film est sorti
00:25:29la même année que Intouchables.
00:25:31C'était le deuxième film
00:25:33le plus rentable après Intouchables.
00:25:35Le film n'avait pas coûté cher,
00:25:37il avait rapporté gros.
00:25:39Pas forcément à moi directement,
00:25:41mais aux distributeurs
00:25:43et aux producteurs, oui.
00:25:45Vous avez choisi plusieurs films
00:25:47pour ce cycle
00:25:49qui sont projetés en miroir
00:25:51de vos films à vous.
00:25:53Pour celui-là, pour La Guerre est déclarée,
00:25:55vous avez choisi Full Metal Jacket.
00:25:57Est-ce qu'on peut considérer La Guerre est déclarée
00:25:59comme un film de guerre, du coup ?
00:26:01Oui, parce que je l'ai un peu pensé comme ça.
00:26:03D'ailleurs, le film était en scope.
00:26:05Ça s'appelle La Guerre est déclarée.
00:26:07Au départ, ça ne s'appelait pas La Guerre est déclarée.
00:26:09Au début, ça s'appelait Désordre,
00:26:11je me souviens.
00:26:13Mais oui,
00:26:15je l'ai pensé vraiment comme un film de guerre.
00:26:17Moi, c'était
00:26:19comme ça que j'ai vécu cette période,
00:26:21comme une vraie guerre.
00:26:23Et puis,
00:26:25j'avais regardé Full Metal Jacket
00:26:27et j'aime bien regarder des films qui n'ont pas forcément
00:26:29de lien direct avec
00:26:31ce que je vais faire, mais qui m'inspirent aussi
00:26:33dans un rythme,
00:26:35dans un rapport
00:26:37à la violence, à la souffrance,
00:26:41à la tragédie,
00:26:43ou au contraire à la comédie.
00:26:45Je ne sais pas.
00:26:47C'est vrai que j'avais regardé ce film-là
00:26:49avant La Guerre est déclarée.
00:26:51Vous disiez que vous aviez envie de danser
00:26:53avec ce film.
00:26:55Ça me fait une très bonne transition
00:26:57pour parler du film d'après, qui est Mains dans la main.
00:26:59On va regarder un petit extrait.
00:27:03Allez-y.
00:27:15C'est pas très gentil, ça.
00:27:19Bon, à mon tour.
00:27:21Non, c'est bon, on a vu.
00:27:23Quoi ?
00:27:25Que ça fonctionnait.
00:27:27Non, à mon tour. Fermez les yeux.
00:27:29Fermez les yeux.
00:27:31N'ayez pas peur.
00:27:49Bon.
00:27:51Ça suffit.
00:27:53Ça nous fait parler.
00:27:59Là, on a un duo
00:28:01Valérie Lemercier, Jérémy El-Kaïm
00:28:03dans une comédie romantique
00:28:05surnaturelle, on peut dire,
00:28:07puisqu'ils se croisent.
00:28:09Deux personnages que tout au point.
00:28:11Jérémy El-Kaïm,
00:28:13Valérie Lemercier,
00:28:15Jérémy El-Kaïm,
00:28:17deux personnages que tout opposent
00:28:19se croisent à l'opéra Garnier.
00:28:21Ils sont comme ensorcelés.
00:28:23Ils ne peuvent plus se quitter
00:28:25et ils ont cette espèce de mimétisme
00:28:27où ils font les mêmes gestes, tous les deux.
00:28:29Donc ils testent un peu les limites
00:28:31de ce sort dans cette scène.
00:28:33Comment vous avez vu l'idée de ce film ?
00:28:35Je sais pas.
00:28:39Je sais pas, je trouvais l'idée hyper...
00:28:43J'allais dire génial,
00:28:45mais c'est vrai,
00:28:47je trouvais ça génial,
00:28:49l'idée que d'un coup,
00:28:51on se réveille un matin
00:28:53ensorcelé et qu'on ne puisse plus
00:28:55se séparer de quelqu'un et qu'on soit obligé
00:28:57de vivre avec lui, donc la fusion imposée.
00:28:59Et c'est un film,
00:29:01main dans la main,
00:29:03c'est un vrai film qui raconte
00:29:05qu'est-ce que c'est que la fusion
00:29:07et comment la fusion
00:29:09empêche la vie.
00:29:11Et voilà comment...
00:29:15Et c'est vraiment un film qui parle de ça,
00:29:17du rapport fusionnel à l'autre.
00:29:19Alors il y a le rapport fusionnel
00:29:21de Jojo avec sa sœur,
00:29:23il y a le rapport fusionnel
00:29:25d'Hélène Marshall avec
00:29:27Constance de Laporte, son amie.
00:29:29Et en fait, ces deux fusions
00:29:31vont disparaître parce qu'une fusion,
00:29:33une troisième fusion
00:29:35surnaturelle va s'imposer
00:29:37qui va être celle d'Hélène Marshall
00:29:39avec ce miroitier de province
00:29:41qui est Jojo.
00:29:43Et donc, ils ne peuvent plus
00:29:45se séparer physiquement
00:29:47et ils sont obligés de vivre ensemble.
00:29:49Et ils vont évidemment tomber amoureux.
00:29:51Évidemment.
00:29:53En fait, c'est en étant
00:29:55en fusion qu'ils vont devenir
00:29:57indépendants un petit peu, qu'ils vont se libérer.
00:29:59Oui, de se libérer
00:30:01des fusions qui les empêchent
00:30:03de se réaliser.
00:30:05Et c'est un film aussi,
00:30:07c'est un film que j'aime beaucoup,
00:30:09c'est un film que j'ai fait juste après avoir perdu ma mère,
00:30:11donc c'est vraiment aussi un film sur le deuil.
00:30:13C'est un film assez mélancolique,
00:30:15pas si drôle en fait.
00:30:17Et
00:30:19c'est un film qui raconte aussi
00:30:21le rapport de Paris et de la province
00:30:23parce que ça a été tourné
00:30:25dans une région
00:30:27pas très connue qui s'appelle
00:30:29la Meuse.
00:30:31Et moi,
00:30:33j'ai passé beaucoup de temps en Meuse
00:30:35avec mes enfants parce que mes grands-parents habitaient là-bas
00:30:37et mes parents sont nés à Bar-le-Duc.
00:30:39Du côté de mon père, c'était des
00:30:41immigrés italiens, mais du côté de ma mère, c'était
00:30:43des vrais lorrains qui travaillaient dans une
00:30:45ferme et tout, des fromagers.
00:30:47Et j'avais envie de raconter
00:30:49ce rapport
00:30:51de la province et de Paris
00:30:53avec le snobisme de Paris
00:30:55quand elle débarque comme ça parce qu'elle
00:30:57doit le ramener chez lui parce qu'ils ne peuvent plus se séparer
00:30:59et puis elle débarque dans cette maison
00:31:01où il y a quatre enfants
00:31:03où on sent presque l'odeur
00:31:05du chien mouillé et tout.
00:31:07Et cette fille qui est la soeur de Joachim,
00:31:09qui adore la danse, mais elle qui est la danse de salon
00:31:11et qui d'un coup
00:31:13se met à faire une espèce de chorégraphie
00:31:15sur Bonnie Tyler
00:31:17devant la directrice de l'Opéra
00:31:19de Paris.
00:31:21J'aimais bien confronter ces deux
00:31:23univers et montrer
00:31:25que
00:31:27ce ne sont pas des ploucs.
00:31:29Ce sont des gens
00:31:31qui vivent,
00:31:33qui s'aiment.
00:31:35Je trouve qu'il y a des valeurs très belles
00:31:37qui sont racontées dans le film sur la famille
00:31:39de Joachim et qui remettent en question
00:31:41ceux qui pensent
00:31:43avoir le bon goût,
00:31:45qui pensent être dans
00:31:47la norme
00:31:49de la bienséance,
00:31:51de la réussite.
00:31:53Je trouvais ça intéressant
00:31:55de confronter ça.
00:31:57Ça a dû créer des défis techniques particuliers
00:31:59d'avoir cette intrigue avec deux personnages
00:32:01qui doivent être tout le temps coordonnés
00:32:03physiquement.
00:32:05Non, c'était surtout que
00:32:07ce n'était pas très marrant pour les acteurs parce que je les dirigeais
00:32:09avec des tops.
00:32:11J'en faisais top, top, top.
00:32:13C'est vrai que Jérémy Elkémy avait un peu du mal avec ça.
00:32:15Je me faisais régulièrement
00:32:17engueuler.
00:32:19Mais ce que je peux comprendre, parce que ce n'est pas évident
00:32:21de...
00:32:23J'aurais aimé que ce soit
00:32:25encore plus.
00:32:27J'ai un peu frustré.
00:32:29J'ai presque envie un jour de faire un remake de ce film
00:32:31qui s'appellerait Step by Step,
00:32:33mais vraiment d'en faire pas à pas
00:32:35et de vraiment faire une vraie comédie musicale
00:32:37avec de la danse.
00:32:39Vraiment, je trouve que l'idée n'est pas assez
00:32:41aboutie. J'adore le film
00:32:43mais je pense que
00:32:45mon désir était vraiment
00:32:47plus grandiose
00:32:49et que je n'étais juste pas capable de le faire à ce moment-là.
00:32:51Je pense aussi.
00:32:53On attend.
00:32:55J'aimerais bien faire des remakes de ses propres films.
00:32:57Anneke l'a fait.
00:32:59Peut-être.
00:33:01C'est vrai que je l'ai fait.
00:33:03C'est aussi un film qui exploite
00:33:05un de vos autres ingrédients de prédilection.
00:33:07Selon moi, c'est l'humour physique.
00:33:09Il y en a beaucoup dans ce film.
00:33:11Qu'est-ce qui vous plaît dans l'humour burlesque ?
00:33:13Le burlesque, je trouve que
00:33:15c'est jubilatoire.
00:33:17Faire rire avec le corps, avec les gestes.
00:33:19C'est tellement gratuit
00:33:21et tellement
00:33:23gentil.
00:33:25C'est vrai que moi, j'aime faire des films gentils.
00:33:27Souvent,
00:33:29je me dis ça quand je vois mes films
00:33:31ou quand je les revois. Je trouve qu'il y a toujours quelque chose
00:33:33d'assez gentil au final.
00:33:35Même quand c'est dur, il y a toujours
00:33:37une sorte de
00:33:39lumière
00:33:41et de gentillesse. Il y a toujours
00:33:43un petit œil qui brille
00:33:45quand même, qui se marre.
00:33:47C'est vrai que j'aime
00:33:49filmer les corps.
00:33:51J'aime le burlesque physique.
00:33:53Je trouve ça passionnant.
00:33:55Surtout avec
00:33:57les femmes. Dans La Reine des Pommes,
00:33:59ça m'amusait beaucoup d'être
00:34:01là,
00:34:03de dormir.
00:34:05Quand il la pose sur le banc, elle retombe.
00:34:07Je trouve ça drôle.
00:34:09On n'écrit pas assez de rôles comiques
00:34:11pour les femmes, qu'ils soient
00:34:13comme ça,
00:34:15de cette façon-là.
00:34:17Une sorte de poésie physique,
00:34:19un peu décalée.
00:34:21On passe au film
00:34:23suivant qui est Marguerite et Julien.
00:34:25On change un petit peu de registre.
00:34:27C'est une autre histoire d'amour.
00:34:29On va regarder un extrait.
00:34:49Ils retournèrent au château.
00:34:53Un équipage au galop.
00:35:13Les frères sont arrivés ?
00:35:15Oui, mademoiselle.
00:35:17On peut aller voir ? Dans l'attendant.
00:35:47Julien...
00:35:49Mon Julien...
00:36:17Mon Julien...
00:36:43J'adore le fait qu'on découvre
00:36:45dans le dernier plan que pendant tout ce moment
00:36:47très intime, il y avait une troisième personne
00:36:49dans la pièce.
00:36:51Marguerite et Julien, c'est une histoire d'inceste.
00:36:53De l'amour
00:36:55entre Marguerite et Julien.
00:36:57D'ailleurs, on repère
00:36:59l'effet de montage similaire à celui
00:37:01qu'il y avait dans La Guerre est déclarée.
00:37:03Aussi quand elle court,
00:37:05qui crée une impatience
00:37:07dans ce cas précis.
00:37:09On a envie qu'elle aille le plus vite possible.
00:37:11C'était Le Sauvage, la référence.
00:37:13De Jean-Paul Rapneau, qui est une pure comédie.
00:37:15Et à la fin,
00:37:17elle court comme ça pour le retrouver.
00:37:19Elle court et on a l'impression que la course
00:37:21dure une éternité.
00:37:23Tu me l'avais dit quand j'avais reçu Les Rush.
00:37:25Tu m'avais dit, fais comme dans Le Sauvage.
00:37:27Catherine Deneuve.
00:37:29C'était d'ailleurs intéressant
00:37:31parce que c'est Céline Bozon
00:37:33qui avait fait l'image de ce film
00:37:35qui est absolument magnifique.
00:37:37Je me souviens qu'elle avait
00:37:39inventé un système pour filmer
00:37:41l'escalier pour qu'on puisse descendre.
00:37:43Elle avait fait un système de poulies.
00:37:45Je ne sais même plus comment elle avait fait.
00:37:47Il y avait une espèce de colonne
00:37:49et la caméra descendait pour qu'on puisse filmer
00:37:51dans l'escalier les pieds.
00:37:53C'était un plan compliqué à faire.
00:37:55Ensuite, elle avait
00:37:57pris pour faire le plan
00:37:59où elle court comme ça.
00:38:01A l'époque, ça s'appelait le Movie.
00:38:03C'était une espèce
00:38:05de Steadicam mais pas vraiment
00:38:07Steadicam que le chef-op
00:38:09avait dirigé lui-même.
00:38:11C'était une galère sans nom.
00:38:13Je crois que plus personne s'en sert.
00:38:15On avait fait ce plan
00:38:17d'elle qui courait pour avoir la fluidité
00:38:19de la course.
00:38:21C'était compliqué à faire.
00:38:23Il fallait en plus que ça dure
00:38:25et que le trajet était long.
00:38:27J'avais adoré
00:38:29tourner ce film.
00:38:31C'était douloureux mais c'est un film
00:38:33que j'ai aimé faire passionnément.
00:38:35Je ne jouais pas dedans.
00:38:37Vraiment,
00:38:39quand j'ai fait des films,
00:38:41au départ, je ne savais pas que ça me
00:38:43plairait autant.
00:38:45Au départ, j'ai fait des films
00:38:47pour laisser une trace
00:38:49presque en réponse à la mort,
00:38:51au fait de disparaître.
00:38:53C'est quelque chose qui m'a complètement
00:38:55dépassée.
00:38:57Il fallait que ça se fasse, que ça sorte.
00:38:59Je ne savais pas que ça me plairait autant.
00:39:01J'ai découvert
00:39:03un endroit d'épanouissement
00:39:05total, petit à petit.
00:39:07Je crois que ce qui me
00:39:09plaît aujourd'hui,
00:39:11c'est de mettre en scène,
00:39:13de m'amuser
00:39:15à réaliser des films
00:39:17et de réfléchir à quel genre d'histoire,
00:39:19à ce que j'ai envie
00:39:21de raconter avec des mots
00:39:23mais aussi avec l'image.
00:39:25Je trouve que c'est ça qui est passionnant au cinéma.
00:39:27C'est comment on arrive à retranscrire
00:39:29par la mise en scène des émotions.
00:39:31C'est vraiment
00:39:33passionnant.
00:39:35Parce que c'est difficile
00:39:37aussi de
00:39:39réussir ça.
00:39:41Je ne dis pas du tout que je le réussis,
00:39:43mais en tout cas, je trouve que cette recherche
00:39:45est passionnante.
00:39:47C'est vrai que
00:39:49sur Marguerite et Julien, j'ai eu un vrai plaisir
00:39:51de m'éteindre en scène
00:39:53puisque je ne jouais pas dans le film.
00:39:55J'étais vraiment de l'autre côté
00:39:57sans aucune
00:39:59complicité avec l'acteur,
00:40:01sans être au même endroit que l'acteur.
00:40:03Et donc, en étant
00:40:05vraiment les reines
00:40:07d'un film.
00:40:09J'ai essayé plein de choses sur ce film.
00:40:11Il y a des choses de mise en scène
00:40:13qui sont un peu folles.
00:40:15Je me souviens de ces moments
00:40:17avec Céline
00:40:19où je voulais faire des photos de la famille
00:40:21comme des portraits
00:40:23de famille royale.
00:40:25J'avais dit à tout le monde de se positionner.
00:40:27Et puis, à un moment donné,
00:40:29Céline bouge la caméra.
00:40:31On devait faire un travelling après
00:40:33donc la caméra était déjà sur le travelling.
00:40:35Et la caméra a un peu bougé.
00:40:37J'ai vu cette image figée
00:40:39et qui bouge comme ça.
00:40:41Et ça m'a donné l'idée de faire
00:40:43ce qui revient souvent dans le film,
00:40:45des plans où ça démarre. Ils sont immobiles
00:40:47et il y a un travelling.
00:40:49Et à la fin, tout le monde se met à bouger.
00:40:51Et ça crée une espèce de chose
00:40:53complètement magique.
00:40:55Je l'ai inventé
00:40:57comme ça
00:40:59sur place, par accident.
00:41:01J'ai adoré faire ça.
00:41:03On en a plusieurs passages comme ça dans le film.
00:41:05Je l'ai réutilisé
00:41:07dans Dona et ses filles.
00:41:09Je l'avais refait dans L'amour et les forêts
00:41:11mais on ne l'avait pas monté au moment de la fête
00:41:13parce qu'on avait déconstruit la fête.
00:41:15Bref, c'est intéressant
00:41:17d'inventer des choses aussi visuelles.
00:41:19Là, en plus, on est dans
00:41:21le registre du film en costume.
00:41:23Ces séquences qui ressemblent à des tableaux
00:41:25fonctionnent particulièrement bien
00:41:27avec tout l'esprit visuel
00:41:29du film.
00:41:31Le film est sélectionné en compétition
00:41:33à Cannes en 2015.
00:41:35Il n'y a que deux femmes en compétition
00:41:37cette année-là, vous et Maïwenn.
00:41:39Maïwenn qui présentait Mon Roi.
00:41:41Et les deux films
00:41:43ne sont pas bien reçus
00:41:45par la critique à Cannes. Comment avez-vous
00:41:47vécu ce moment de grande exposition
00:41:49et en même temps la critique négative ?
00:41:51Alors,
00:41:53je vais vous le dire très simplement,
00:41:55j'en avais rien à faire. Moi, j'étais contente
00:41:57d'être à Cannes.
00:41:59J'étais méga fière.
00:42:01Et c'est vrai que
00:42:03je ne voulais pas bouder mon plaisir.
00:42:05Et en fait, à l'époque,
00:42:07ce qui était difficile, c'était le regard des autres.
00:42:09C'était la tristesse de tout le monde.
00:42:11Moi, je ne les lis pas
00:42:13les critiques. Je ne fais pas très attention
00:42:15à ça. Alors, quand elles sont
00:42:17positives, oui, quand on me dit qu'il y a une super critique,
00:42:19je vais la lire. Mais je ne suis pas obsédée par
00:42:21les critiques de mes films. Je ne fais pas
00:42:23trop attention à ça parce que
00:42:25je n'ai pas envie que ça me blesse
00:42:27et ça va me blesser. Je trouve que c'est
00:42:29de la souffrance inutile.
00:42:31Et puis, il ne faut pas s'empêcher de faire des films.
00:42:33En fait, il y a beaucoup de choses qui peuvent nous freiner. On peut se décourager
00:42:35et tout ça. Et je crois que ce qui est important
00:42:37quand on fait des films, c'est d'être insubmersible.
00:42:39Que ce soit par les succès,
00:42:41que ce soit par les échecs,
00:42:43de toute façon, c'est difficile de faire des films
00:42:45les uns après les autres. Et plus on en fait,
00:42:47plus c'est dur de se renouveler et tout ça.
00:42:49Donc, quand j'ai fait
00:42:51La guerre est déclarée, j'avais tellement peur
00:42:53que les gens n'aiment pas le film,
00:42:55que j'avais tout de suite écrit un autre film
00:42:57pour vite me prendre de vitesse et surtout pas
00:42:59être triste si le film était
00:43:01pas compris,
00:43:03mal reçu et qu'il fasse deux ans
00:43:05et demi. Donc, ça n'a pas été le cas.
00:43:07Donc, main dans la main,
00:43:09ça a été un film. Et puis, je m'étais dit
00:43:11pour Marguerite et je viens, non, là, je vais profiter.
00:43:13Donc, je ne vais pas tout de suite refaire
00:43:15un film. Puis, le film était lourd,
00:43:17était dense. Donc, quand il est allé à la compétition
00:43:19officielle, je me suis vue, moi, avec
00:43:21la palme d'or, mais je ne pensais pas que j'allais me faire
00:43:23massacrer comme ça, vraiment.
00:43:25Donc, j'y suis allée vraiment la fleur au fusil et tout.
00:43:27Et en fait, le vent a commencé
00:43:29à tourner assez vite parce qu'au départ, on devait
00:43:31être projeté le samedi soir. Puis, finalement, on dit non,
00:43:33finalement, ça va être le mardi. Donc, on sent
00:43:35déjà qu'il y a un truc
00:43:37un peu bizarre et tout.
00:43:39Et puis, à l'époque,
00:43:41le film, alors,
00:43:43c'était un contexte particulier parce que
00:43:45c'était le début des réseaux sociaux
00:43:47et la presse,
00:43:49à ce moment-là, était un peu stressée de plus
00:43:51exister parce que les gens lisaient moins
00:43:53la presse. Il y avait tout un...
00:43:55C'était la transition de la presse qui
00:43:57devenait moins écrite et plus
00:43:59sur Internet
00:44:01et tout ça. Et c'était
00:44:03le début des réseaux et de Twitter
00:44:05et de tous ces trucs-là. Et le
00:44:07film, à l'époque, était projeté en
00:44:09projection presse le matin
00:44:11de la veille de la projection de Gala.
00:44:13Et suite
00:44:15à cette année-là, d'ailleurs, Thierry
00:44:17Frémaux a décidé d'arrêter ça parce que, en fait,
00:44:19ça a massacré les films
00:44:21alors que personne n'a lu, à part que
00:44:23200 journalistes,
00:44:25quoi. Et pendant
00:44:27la projection, les
00:44:29gens tweetaient « c'est n'importe quoi »,
00:44:31« une grosse daube », enfin, ils ne regardaient même pas.
00:44:33C'était à celui qui
00:44:35se ferait le plus mousser
00:44:37pour exister, en fait.
00:44:39Il faut remettre ça dans un contexte aussi un peu
00:44:41bête, quoi,
00:44:43de journalistes un peu
00:44:45frileux, aussi,
00:44:47qui cherchaient à avoir le meilleur mope possible
00:44:49pour qu'on parle d'eux aussi. Enfin, c'était un rapport
00:44:51à la critique qui était un petit peu
00:44:53plus qu'assassine que d'habitude,
00:44:55quoi. Et après, je dis,
00:44:57moi, le film, je comprends tout à fait
00:44:59qu'on puisse le rejeter parce que c'est un film complexe
00:45:01et on peut ne pas l'aimer,
00:45:03on peut pas du tout rentrer dedans et tout.
00:45:05Mais c'est vrai que moi,
00:45:07j'étais contente d'être à Cannes et tout ça
00:45:09et après, bon ben, j'ai vu
00:45:11l'attaché de presse
00:45:13parce que le soir, on devait faire des interviews
00:45:15me dire « blanc, mais
00:45:17comme un linge », je dis « mais qu'est-ce qui se passe ? »
00:45:19« Non, non, tout va bien, Valérie ! » Comme ça, alors on se dit
00:45:21« bon, il y a une catastrophe, mais... »
00:45:23Puis après, une journaliste qui me croise qui fait « moi, j'ai...
00:45:25en tout cas, moi, j'ai aimé. »
00:45:27Alors on se dit « oula, mais qu'est-ce qui se passe ? »
00:45:29Puis après, il y a les acteurs qui ne veulent plus sortir
00:45:31de leur chambre parce que c'est un échec,
00:45:33qu'on dit que c'est de la merde
00:45:35et j'étais là « oula ! »
00:45:37Et là, moi, j'ai fait un peu
00:45:39ce que je suis capable de faire, c'est-à-dire j'ai
00:45:41fermé mes oreilles
00:45:43et j'ai profité de Cannes.
00:45:45Mais la sortie a été
00:45:47très dure parce qu'ils ont repoussé la sortie.
00:45:49Le film devait sortir en
00:45:51septembre et puis voilà, ils se sont dit « ça va pas
00:45:53marcher », donc ils l'ont repoussé à décembre
00:45:55et le film est sorti le 4
00:45:57décembre, donc le jour de la
00:45:59mort de Marguerite et Julien
00:46:01de Ravalet, les vrais Marguerite et Julien de Ravalet.
00:46:03Le jour de l'anniversaire de ma mère
00:46:05qui était morte juste avant
00:46:07la guerre est déclarée à Cannes
00:46:09et 15 jours
00:46:11après les attentats de novembre.
00:46:13Donc, il y avait un contexte.
00:46:15C'était une année, de toute façon l'année 2015
00:46:17a été une année d'une tristesse. On a commencé
00:46:19avec les attentats, nous ont monté
00:46:21Marguerite et Julien.
00:46:23Moi, ça a acté
00:46:25la séparation définitive
00:46:27avec Jérémy et El-Kaïm. Enfin, ça a été
00:46:29une année très dure et on l'a
00:46:31terminé avec les attentats
00:46:33et je me souviens de la soirée chiffre
00:46:35de Marguerite et Julien, j'y étais
00:46:37allée avec un grand sourire. Le film avait
00:46:39fait le même nombre que
00:46:41La Reine des Pommes, je crois
00:46:43et il avait coûté beaucoup, beaucoup plus cher.
00:46:45C'est le film le plus cher,
00:46:47c'est le plus gros budget que j'ai eu pour faire un film et c'est celui
00:46:49qui a rapporté le moins d'entrées.
00:46:51Et donc, ce qui était dur, c'est qu'à Cannes,
00:46:53le film a été enterré, que personne ne l'a vu
00:46:55et que c'est ce qu'on appelle un film maudit.
00:46:57Mais je vous invite
00:46:59à le voir je ne sais pas comment
00:47:01parce qu'il ne passe jamais au cinéma
00:47:03et il n'est pas acheté par Netflix.
00:47:05Peut-être un DVD, je ne sais pas.
00:47:07En tout cas, si vous avez l'occasion,
00:47:09je vous invite à le voir parce que c'est
00:47:11vraiment un film incompris.
00:47:13Pauline ?
00:47:15J'ai été
00:47:17hyper émue de revoir l'extrait de L'Escalier
00:47:19que je trouve vraiment magnifique
00:47:21et où je vois plein de choses en commun avec tes autres films
00:47:23et notamment ce truc de filmer les pieds,
00:47:25de filmer les gens qui courent.
00:47:27C'est marrant,
00:47:29je ne veux pas spoiler,
00:47:31mais
00:47:33moi aussi, ça m'a rendue très triste
00:47:35parce que c'est un film dans lequel je croyais
00:47:37et je crois toujours d'ailleurs,
00:47:39énormément et j'avais
00:47:41l'impression qu'à Cannes, c'était
00:47:43le TGV foncé dans un mur. On n'était pas du tout
00:47:45prêts, absolument pas prêts
00:47:47à ça. Toutes les projections étaient
00:47:49extrêmement enthousiastes,
00:47:51le distributeur était très sûr qu'on serait en compétition,
00:47:53on l'était.
00:47:55Il m'en reparle.
00:47:59Je crois que ça a beaucoup marqué.
00:48:01Les gens qui ont été proches du film et les gens qui ont aimé
00:48:03le film, c'est comme une sorte de blessure,
00:48:05comme quelque chose
00:48:07que l'enfant a incompris.
00:48:09Mais vous avez raison,
00:48:11du côté journaliste, c'était
00:48:13clairement une période de transition, je pense,
00:48:15sur la critique à Cannes
00:48:17et ça a fait des dégâts sur
00:48:19pas mal de films. Je trouve que c'est vraiment un film à voir
00:48:21parce que c'est un film qui
00:48:23invente un nombre
00:48:25de formes,
00:48:27ces espèces de portraits figés,
00:48:29en mouvement, l'utilisation de la
00:48:31musique, du récit, avec la jeune
00:48:33fille qui raconte l'histoire de Marguerite et Julien,
00:48:35le mélange des époques,
00:48:37l'hélicoptère, le film en costume.
00:48:39C'est vraiment un film incroyablement riche
00:48:41et inventif
00:48:43que j'aime énormément.
00:48:45C'est un conte.
00:48:47On l'a vu, il y a eu une mise en action
00:48:49aussi, il y a un récit dans le récit.
00:48:51C'est effectivement un film très riche.
00:48:53Une splendeur visuelle. C'est très opératique
00:48:55aussi. C'est vraiment un film que j'adore.
00:48:57C'est une analyse
00:48:59très personnelle mais moi j'ai cru déceler
00:49:01dans les critiques à l'époque un petit peu de sexisme
00:49:03aussi.
00:49:05Est-ce que c'est quelque chose que vous percevez
00:49:07parfois justement sur les retours de vos films
00:49:09ou sur celui-là en particulier ?
00:49:11Sûrement,
00:49:13je ne sais pas, je ne fais pas attention
00:49:15tellement à ça. Mais c'est vrai que
00:49:17j'ai...
00:49:19C'est marrant parce que j'avais
00:49:21passé l'oral du CNC
00:49:23pour mon dernier film.
00:49:25Il se trouve que ça s'est
00:49:27très bien terminé pour moi mais je l'ai passé
00:49:29deux fois et la première fois
00:49:31comme je peux être
00:49:33quelqu'un d'en jouer quand je parle
00:49:35et tous les retours
00:49:37qu'on m'a fait étaient...
00:49:39Le film n'avait pas eu l'avance sur recettes
00:49:41donc la subvention du CNC.
00:49:43Et les retours
00:49:45c'était très belle énergie.
00:49:49Et ça m'a hyper vexée en fait.
00:49:51Je me suis dit bon d'accord,
00:49:53on me réduit à quelqu'un qui a une belle énergie.
00:49:55C'est sympa. Mais je pense que
00:49:57je ne sais pas si on dirait ça d'un homme
00:49:59par exemple. Même s'il parlait avec autant
00:50:01d'enthousiasme et tout.
00:50:03J'avais été un peu vexée quand même.
00:50:05Je me suis dit, comme je devais repasser le CNC
00:50:07parce qu'ils avaient trouvé le projet
00:50:09quand même intéressant et ils l'ont ajourné.
00:50:11Au final j'ai eu le CNC. Mais quand j'ai fait mon deuxième oral
00:50:13je me suis dit bon là je vais parler
00:50:15oui alors
00:50:17mon film...
00:50:19Et j'ai vraiment fait ça.
00:50:21Sans énergie du coup.
00:50:23Sans énergie en étant...
00:50:25J'ai été quand même moi-même
00:50:27mais j'ai essayé de calmer le côté
00:50:29un peu.
00:50:31Parce que là en fait
00:50:33comme je peux être moi.
00:50:35Là je suis très posée et tout ça. Mais c'est vrai que je peux partir
00:50:37en toupie.
00:50:39Et ça peut être
00:50:41à mon...
00:50:43à mon désavantage.
00:50:47Et alors juste après Marguerite et Julien
00:50:49vous partez sur un film très différent
00:50:51qui est Notre-Dame.
00:50:53Et vous m'avez dit que Notre-Dame avait été inspirée
00:50:55directement par l'expérience sur Marguerite et Julien
00:50:57justement. Ou l'expérience à Cannes.
00:50:59Ah bah oui. Parce qu'en fait je me suis dit bon
00:51:01j'ai fait un énorme
00:51:03bide. Et on fait quoi
00:51:05avec ça ? Et je me suis dit
00:51:07je vais faire une comédie sur l'échec.
00:51:09Et en fait l'idée
00:51:11m'est venue
00:51:13à partir du moment... Alors au départ
00:51:15je me disais bon... Alors c'était le producteur aussi
00:51:17il me disait non mais tu devrais refaire un film petit
00:51:19dans lequel tu joues et tout. Je te jure.
00:51:21J'ai dit ah bon d'accord et tout.
00:51:23Puis je savais pas trop quoi faire. Puis je me suis dit ah bah je vais faire une comédie sur l'échec.
00:51:25Alors au départ je m'étais mise en cinéaste
00:51:27puis je trouvais que ça allait pas.
00:51:29Et puis après j'ai eu cette idée de l'architecture
00:51:31et de l'architecte
00:51:33qui allait faire un scandale.
00:51:35Qui allait faire un film qui allait...
00:51:37Un projet qui allait faire scandale.
00:51:39Et donc je me suis amusée
00:51:41pour le coup à lire toutes les critiques
00:51:43de Marguerite et Julien et j'ai repris
00:51:45certaines phrases
00:51:47pour critiquer le projet de Mot de Crayon.
00:51:49Et ça m'a beaucoup
00:51:51beaucoup fait rire parce que j'ai commencé
00:51:53le scénario par les critiques.
00:51:55Les jeux de mots. Donc triste mine
00:51:57pour Mot de Crayon. Mot de Crayon a perdu
00:51:59cassé sa mine.
00:52:03Je m'étais marrée à faire plein de jeux de mots.
00:52:05Notre-Dame de Phallus.
00:52:07C'était l'idée d'une architecte
00:52:09je sais pas si vous avez vu le film
00:52:11qui répond...
00:52:13Qui gagne un concours qu'elle n'a pas présenté
00:52:15pour le réaménagement du parvis de Notre-Dame.
00:52:17Concours qui a existé par la suite
00:52:19puisque Notre-Dame a brûlé
00:52:21et donc il y a vraiment eu un concours
00:52:23pour le réaménagement du parvis de Notre-Dame.
00:52:25Il paraît que le projet est super.
00:52:27Vous avez prédit le futur avec ce film.
00:52:29C'est fou.
00:52:31Et donc Mot de Crayon,
00:52:33rentre chez elle. C'est une petite architecte
00:52:35complètement exploitée par son patron
00:52:37qui a une charge mentale de malade
00:52:39qui a encore un ex dans les pattes
00:52:41qui fout rien et qui vient bouffer dans ses placards
00:52:43et tout.
00:52:45Elle doit rentrer chez elle finir une maquette
00:52:47pour une aire de jeu.
00:52:49La maquette...
00:52:51En fait, des choses s'écroulent
00:52:53sur la maquette. Bref, elle rentre chez elle pour finir la maquette
00:52:55parce que le patron lui dit
00:52:57il faut que tu finisses cette maquette. Donc elle finit sa maquette.
00:52:59Et puis là, elle reçoit un coup de fil
00:53:01de son... Elle appelle son patron pour lui dire
00:53:03j'ai fini la maquette et tout. Il lui dit t'es pas au courant
00:53:05c'est ma chien qui a remporté le concours
00:53:07c'était pas la peine.
00:53:09Elle est un peu découragée
00:53:11puis elle signe Mot de Crayon sa petite maquette
00:53:13puis là il y a une tempête et la maquette
00:53:15s'envole et
00:53:17la maquette atterrit sur le parvis
00:53:19à l'hôtel de ville sur le tas
00:53:21des projets pour le réaménagement du parvis
00:53:23de Notre-Dame. Et la mère flash
00:53:25elle adore. Elle flash sur le projet
00:53:27de Mot de Crayon. Et donc Mot de Crayon
00:53:29se retrouve à la tête d'un énorme
00:53:31budget. Et c'est vraiment
00:53:33c'est un film
00:53:35qui raconte en fait
00:53:37mon parcours de cinéma
00:53:39quoi. Et comment un échec
00:53:41comment se remettre d'un échec et comment
00:53:43retomber sur ses pattes
00:53:45et retrouver sa vérité
00:53:47en fait de vie quoi.
00:53:49C'est un film que j'adore. C'est un film pour le coup très burlesque
00:53:51et
00:53:53je me suis beaucoup amusée à le faire. On a beaucoup
00:53:55beaucoup rigolé à le faire.
00:53:57J'avoue que j'adore ce film aussi. Donc j'ai choisi
00:53:59un petit extrait. On va le regarder et on va voir
00:54:01cette séquence dont vous parliez.
00:54:27...
00:54:29...
00:54:31...
00:54:33...
00:54:35...
00:54:37...
00:54:39...
00:54:41...
00:54:43...
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00:54:49...
00:54:51...
00:54:53...
00:54:55...
00:54:57...
00:54:59...
00:55:01...
00:55:03...
00:55:05...
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00:55:17...
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00:55:21...
00:55:23…
00:55:33…
00:55:43…
00:55:54…
00:56:04…
00:56:14…
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00:59:42…
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01:00:01…
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01:02:17…
01:02:27…
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01:03:35…
01:03:43…
01:03:53…
01:04:05…
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01:04:43…
01:04:48…
01:05:03…
01:05:13…
01:05:15…
01:05:28…
01:05:30…
01:05:40…
01:05:52…
01:05:59…
01:06:09…
01:06:17…
01:06:27…
01:06:38…
01:06:45Applaudissements
01:06:51En parlant de montage, on a l'exercice du jumpscare qui est encore un autre…
01:06:56Je ne connaissais pas l'expression.
01:06:58C'est vrai ?
01:06:58Non.
01:06:59C'est généralement plus dans les films d'horreur,
01:07:01mais c'est justement ce petit moment qui fait sursauter ou réagir un petit peu le public.
01:07:07Là, on est dans quelque chose d'un petit peu différent,
01:07:10mais on sent quand même la tension qui se construit vraiment de plan en plan.
01:07:14Elle est enfermée aussi par le cadre.
01:07:17Je trouve génial le point de vue du téléphone.
01:07:19Le plan large, depuis le téléphone, à travers les barreaux, je trouve ça vraiment magnifique.
01:07:24Oui.
01:07:26Qu'est-ce qui vous intéressait dans la thématique de l'emprise dans le couple ?
01:07:33Qu'est-ce qui m'intéressait ?
01:07:37En fait, c'était vraiment de raconter le point de vue de la victime.
01:07:42C'est-à-dire que souvent dans les films comme ça,
01:07:45je me souviens de l'Enfer, le film de Chabrol.
01:07:51On est dans la tête du fou.
01:07:52Souvent, on est...
01:07:55Alors que là, moi, je voulais vraiment raconter le mécanisme de l'emprise sur quelqu'un
01:08:02et de raconter en fait cette espèce d'enfermement.
01:08:07Parce qu'évidemment que si Blanche Renard s'était rendue compte tout de suite du problème,
01:08:13elle n'y serait pas allée.
01:08:14Donc, ce n'est pas qu'elle icône.
01:08:16C'est juste que c'est une mécanique très bien huilée.
01:08:19C'est un vrai système en fait de schématique qui, à un moment donné, enferme.
01:08:26Et ça passe par plein de petites choses.
01:08:29Et je trouvais ça très bien raconté dans le livre d'Éric Renard.
01:08:34Et je trouvais que c'était passionnant à raconter au cinéma et que c'était un vrai défi en fait.
01:08:40Comment raconter ça ?
01:08:42Comment raconter une relation qui, au départ, paraît idyllique
01:08:50et petit à petit devient un cauchemar ?
01:08:54C'est aussi, je crois, votre seul film dans lequel il n'y a pas de voix off,
01:08:57ou long métrage dans lequel il n'y a pas de voix off.
01:08:59Il n'y a pas de narrateur, mais c'est elle qui raconte l'histoire.
01:09:02Donc, il y a une voix off tout le long du film.
01:09:05Ça crée quelque chose d'un petit peu plus viscéral,
01:09:07de ne pas avoir la distance du narrateur qui va parler à la troisième personne.
01:09:13Là, on est tout de suite complètement ancré dans ce qu'elle vit elle.
01:09:17Elle raconte son histoire.
01:09:18Parce qu'en fait, le livre, c'est ça, c'est l'histoire d'un témoignage
01:09:23d'une actrice qui se confie à un auteur et qui lui raconte son histoire.
01:09:31Donc, elle lui raconte le cauchemar qu'elle vit avec son mari.
01:09:34Puis après, elle lui dit, merci beaucoup, grâce à vos livres,
01:09:35j'arrive à survivre, j'ai rentré chez moi.
01:09:37Et il lui dit, mais vous n'avez pas rentré chez vous, là, avec ce fou.
01:09:40Je ne peux pas faire autrement.
01:09:41Et le livre raconte quand même une vraie victime.
01:09:44La fille, elle en meurt de ça.
01:09:47Elle fait un cancer.
01:09:48Je ne sais pas si vous avez lu le livre, mais c'est très, très sombre.
01:09:51Et moi, c'est vrai que ce qui m'intéressait, c'était de raconter comment,
01:09:54qu'est-ce qui s'est passé avant, en fait, pour en arriver jusqu'à ce moment
01:09:58où le mari devient fou et il écoute cette émission de radio
01:10:02et il se rend compte qu'il est justement malade et qu'il faut que sa femme l'aide.
01:10:07Donc là, elle est doublement emprisonnée.
01:10:08Il prend, lui, le statut de victime.
01:10:10C'est ça qui est terrible.
01:10:11Et donc, je m'étais dit, tiens, moi, en tout cas, le film,
01:10:16je savais que je voulais garder l'idée des jumelles
01:10:18parce que c'est ce qu'il y avait dans le livre et je trouvais ça intéressant.
01:10:21Et l'idée du récit, de la parole qui se libère.
01:10:24Et pour moi, c'était très important.
01:10:26Donc, je ne savais pas comment m'y prendre.
01:10:28Et je me suis dit, tiens, ce sera intéressant qu'elle parle à l'avocate
01:10:34dont on ne sait pas encore qui elle est au départ
01:10:37et que le film soit comme ça, en flashback jusqu'à la fin
01:10:40et qu'on sache, pareil, que l'enjeu n'est pas est-ce qu'elle va mourir ou pas,
01:10:43mais qu'on comprenne qu'est-ce qui est arrivé à cette femme.
01:10:48Et je voulais qu'elle s'en sorte par elle-même, pas par un homme,
01:10:50pas par une histoire, vraiment que ce soit elle
01:10:53qui se libère elle-même de cette situation.
01:10:57Vous avez choisi Virginie et Fira pour incarner le rôle principal.
01:11:00Vous avez ressenti cette même liberté dont vous parliez plus tôt
01:11:03en étant purement cinéaste dans ce film et pas aussi dans le rôle de l'actrice ?
01:11:10Oui, parce que d'abord, c'est mon sixième film, je crois,
01:11:15L'amour et les frais, donc j'avais un peu...
01:11:16Moi, j'ai quand même appris à faire des films en 11 ans,
01:11:18donc j'avais plus confiance en moi.
01:11:20Et puis, je savais assez bien ce que je voulais faire et tout.
01:11:23Et puis, j'ai eu des acteurs quand même remarquables
01:11:26qui m'ont fait, voilà, super confiance.
01:11:30Enfin, c'était vraiment un tournage très agréable, très joyeux.
01:11:33On a beaucoup rigolé en faisant Alba était là.
01:11:36Et donc, c'était super.
01:11:38Petite anecdote côte aux Suisses.
01:11:42Ah si, c'était un...
01:11:44Non, j'ai pas de...
01:11:46Le film était éprouvant à faire,
01:11:48mais il y avait quand même des moments où on riait beaucoup.
01:11:50C'était un film très...
01:11:52C'était pas un film douloureux à faire.
01:11:56Non.
01:11:57Alors qu'on faisait des choses compliquées.
01:12:00Mais c'est la première fois aussi que je filme la vraie violence physique.
01:12:04Je m'étais jamais penchée là-dessus.
01:12:07Et c'est pas facile à filmer et à jouer.
01:12:11C'est très dur.
01:12:13C'est un thriller, donc on se détache vraiment de ce que vous aviez fait auparavant,
01:12:17mais en même temps, on trouve tous ces ingrédients dont on a parlé.
01:12:20Il y a une séquence chantée,
01:12:22il y a le travail sur les costumes, les décors qui est extrêmement abouti.
01:12:26C'est vraiment un accomplissement total, en fait.
01:12:30C'était pas une question, c'était juste une...
01:12:32Merci.
01:12:33Et puis après, vous passez à Rue du Conservatoire.
01:12:36Oui.
01:12:37Qui est un documentaire.
01:12:39Oui.
01:12:40Qu'est-ce que ça change ?
01:12:41Ça change tout.
01:12:42Parce qu'un documentaire, ça se fait avec rien.
01:12:45Là, c'était les jeunes du conservatoire.
01:12:49Et c'était cette jeune actrice qui me dit...
01:12:52On va tous partir du conservatoire, ça va être horrible.
01:12:55Et moi, je vais faire ma première mise en scène,
01:12:57et je voudrais que toi, tu le filmes.
01:12:59Je dis, écoute...
01:13:00Et là, je me suis dit, une actrice qui quitte le conservatoire,
01:13:03qui décide de mettre en scène au moment de partir,
01:13:06et qui me demande à moi de la regarder,
01:13:08il y a le sujet pour un film.
01:13:10Et donc, j'ai dit, OK.
01:13:12Il y a quelque chose d'intéressant, c'est une actrice qui met en scène.
01:13:15Bien sûr.
01:13:16Évidemment, il y a un reflet.
01:13:18Et moi, je me suis complètement identifiée à elle
01:13:20et à la jeune femme que j'étais à cet âge-là.
01:13:23Donc, c'était passionnant à faire.
01:13:25Puis, j'ai rencontré des jeunes incroyables.
01:13:27C'était super.
01:13:29C'était vraiment magnifique.
01:13:31Est-ce que vous pouvez nous dire sur quoi vous travaillez maintenant ?
01:13:34Qu'est-ce qui vient ensuite ?
01:13:35Ah oui, là, je suis en tournage et en montage,
01:13:38puisque Pauline est en même temps,
01:13:41et Alba tourne aussi en tant que script.
01:13:44Et c'est l'adaptation d'un livre, encore, de Franck Courtès,
01:13:47qui s'appelle À pied d'œuvre.
01:13:49Voilà.
01:13:50Et qui parle de la liberté et de la radicalité d'un artiste qui est écrivain,
01:13:56d'un homme écrivain.
01:13:58Et puis, aussi, de l'ubérisation du travail.
01:14:02Très hâte de voir ça.
01:14:04Voilà.
01:14:05Je crois qu'on a le temps pour quelques questions du public,
01:14:08si vous avez envie d'en poser.
01:14:13Ne soyez pas timide.
01:14:14Ah, il y en a une là, déjà.
01:14:16Oui, vous formez une équipe solide, soudée.
01:14:22Je suppose qu'il y a d'autres collaborateurs et collaboratrices.
01:14:25Est-ce qu'en quelques mots, on peut savoir
01:14:28comment cette équipe s'est formée, au fil du temps ?
01:14:35Nous, c'était il y a 18 ans.
01:14:38Alba, c'était il y a 12 ans.
01:14:39Enfin, à chaque fois, c'est des rencontres.
01:14:43Alba, quand je l'ai rencontrée, c'était aussi par Bastien Bouillon,
01:14:48qui était acteur dans mes films.
01:14:51Et puis, je cherchais quelqu'un pour travailler,
01:14:55un peu comme un couteau suivi.
01:14:56Il m'a dit Alba...
01:14:57C'était sur ton canapé.
01:14:59Tu m'as appelée une semaine après, mais c'était hyper instinctif, en fait.
01:15:03Moi, je répondrais à cette question de manière très instinctive,
01:15:07la façon dont elle s'entoure.
01:15:09Après, c'est aussi par qualité professionnelle.
01:15:12Quand tu vas chercher un chef opérateur, une chef opératrice...
01:15:14Oui, mais un truc instinctif.
01:15:16Un ressenti très fort.
01:15:17Voilà.
01:15:18En tout cas, nous, c'est comme ça.
01:15:19En tout cas, ça passe par un truc humain.
01:15:22Je ressens les gens d'une certaine façon.
01:15:26Et c'est vrai que, quand même, le point commun de toutes ces personnes,
01:15:30c'est que ce sont des personnes extrêmement honnêtes et gentilles.
01:15:33Et donc, c'est vrai que j'aime bien m'entourer de gens gentils.
01:15:39Et intelligents, et tout ça, mais quand même.
01:15:43Non, mais on est une équipe très gentille.
01:15:45Là, on fait un film avec un cadre, c'est très doux.
01:15:48J'aime la gentillesse.
01:15:49On a énormément de plaisir à être ensemble.
01:15:53Ça se passe vraiment avec beaucoup d'amour.
01:15:55Il y a beaucoup d'amour sur les plateaux de Valérie.
01:15:58Une deuxième question, juste là.
01:16:00Bonsoir.
01:16:01Merci beaucoup.
01:16:03Déjà, c'est un régal de vous entendre toutes les trois.
01:16:05Et c'est très inspirant.
01:16:06Moi, j'ai une question que j'avais déjà, il y a quelques mois,
01:16:09quand j'ai vu L'Amour et les Forêts.
01:16:10Et comme vous venez d'en parler, je me dis que c'est maintenant qu'il faut que je la pose.
01:16:14Est-ce que vous auriez pu faire L'Amour et les Forêts sans violence physique ?
01:16:17Sans filmer la violence physique ?
01:16:19Est-ce que vous pensez qu'on peut faire un film sur l'emprise psychologique ?
01:16:22Je regarde beaucoup, il y en a peu, mais je regarde beaucoup.
01:16:25J'en lis aussi.
01:16:27Et je trouve qu'il y a toujours un moment où il y a de la violence physique.
01:16:31Comme si on ne pouvait pas percevoir l'enfer de l'emprise
01:16:35sans ce moment, cette bascule où la mort physique s'approche.
01:16:42Je voulais savoir si vous auriez pu faire L'Amour et les Forêts sans cette violence physique.
01:16:47Non, parce que dans le film, elle existe, la violence...
01:16:51Enfin, dans le livre.
01:16:53Mais je pense que oui, c'est complètement possible de raconter une violence
01:16:57qui n'est que psychologique et pas physique.
01:16:59Vous avez des exemples ?
01:17:01Par exemple, là, il y a des choses qui sortent sur les femmes qui sont poussées au suicide.
01:17:08C'est une façon de les tuer, c'est des féminicides qui sont reconnus comme des féminicides.
01:17:14Donc des femmes qu'on détruit psychologiquement jusqu'à ce qu'elles se suicident.
01:17:19Est-ce qu'il y a eu des oeuvres dessus ?
01:17:21Pardon ?
01:17:22Est-ce qu'il y a eu des oeuvres cinématographiques, notamment ?
01:17:25Moi, ça m'intéresserait de l'en faire une.
01:17:27J'ai bien l'intention un jour, peut-être.
01:17:29Merci.
01:17:30Une question là-bas.
01:17:32Bonsoir.
01:17:34Je ne vous avais pas parlé des costumes et des décors.
01:17:37Moi, j'aime bien regarder les extraits de vos films.
01:17:39Enfin, je n'ai pas le temps de tout revoir parce que j'aime bien comment vous êtes habillés,
01:17:44les couleurs, notamment dans la série.
01:17:47J'adore espionner la cuisine.
01:17:50Il y a toujours des petits détails très intéressants.
01:17:52Donc, si vous avez quelques mots à nous dire là-dessus.
01:17:56Oui.
01:17:57J'ai travaillé avec deux chefs d'écho.
01:18:01Gaëlle Hussain-Divaras, qui a fait tous mes films, excepté Marguerite et Julien.
01:18:07Et Manu Dechovigny, qui lui a fait Marguerite et Julien
01:18:12et qui fait le film que je suis en train de faire en ce moment.
01:18:16Gaëlle, elle comprend mon univers.
01:18:19Elle sait le retranscrire.
01:18:21Et j'adore travailler avec elle.
01:18:24Elle avait fait La guerre est déclarée.
01:18:26Alors, sur La reine des pommes, il n'y avait pas de chef d'écho,
01:18:28mais ça a commencé avec La guerre est déclarée,
01:18:30même si c'était une petite déco parce qu'on a tourné dans des décors naturels et tout ça.
01:18:34Et c'est vrai que j'aime bien aussi travailler dans des décors naturels,
01:18:39des décors que je connais.
01:18:41Donc là, par exemple, sur La pied-d'oeuvre, je tourne dans tous les endroits que je connais.
01:18:45Je sais beaucoup les choses aussi à l'avance par rapport aux endroits que j'aime filmer
01:18:49parce que je les connais.
01:18:52C'est difficile pour moi d'écrire.
01:18:54Et d'ailleurs, c'était compliqué sur L'amour et les forêts
01:18:56parce que la maison, je ne la connaissais pas,
01:18:58mais j'imaginais quelque chose.
01:19:00Et quand on a vu cette maison en repérage avec Gaëlle,
01:19:03j'ai tout de suite su que c'était la bonne maison
01:19:06parce qu'il y avait cet escalier,
01:19:08il y avait un endroit de circulation pour la mise en scène qui était génial.
01:19:10Et le fait qu'elle soit toute vitrée comme ça.
01:19:12Et c'était un taudis, la baraque.
01:19:15On avait l'impression d'être dans un mauvais fait d'hiver et tout.
01:19:19Et Gaëlle, franchement, elle a été extra
01:19:21parce qu'elle a réussi à faire de cette maison
01:19:25un vrai décor incroyable avec des astuces dingues.
01:19:29Et puis les costumes, pareil.
01:19:31C'est des rencontres.
01:19:34C'est Babette, Elisabeth Mehu, qui avait fait les films jusqu'à Nona.
01:19:38Et puis après, parfois on aime bien aussi changer.
01:19:41Parfois, ça fait du bien.
01:19:43Et là, je travaille avec Nathalie Raoul,
01:19:45elle qui faisait L'amour et les forêts, qui fait ce film-là.
01:19:48Et Nathalie, je l'avais rencontrée parce que j'étais actrice.
01:19:51C'est elle qui m'a habillée pour le premier grand rôle
01:19:53que j'ai fait au cinéma de Sandrine Wessé,
01:19:55qui s'appelait Marta Marta.
01:19:57Donc voilà, c'est...
01:20:00Mais je n'ai peut-être pas du tout répondu à votre question.
01:20:03Vous vouliez...
01:20:05On choisit ensemble, c'est des propositions.
01:20:07Je dirais, oui, ça c'est super, ça non.
01:20:09Enfin, c'est vraiment un travail d'équipe.
01:20:11Donc on...
01:20:14Voilà, je les laisse aussi s'emparer de...
01:20:20Interpréter aussi les décors
01:20:22par rapport à leur façon de leur lecture du scénario.
01:20:25Ça apporte des choses, quoi.
01:20:27Et puis on réfléchit surtout à la justesse à chaque fois
01:20:32de qui est-ce qui est incarné ou qui est-ce qui ne l'est pas.
01:20:35Et sur L'amour et les forêts, par exemple,
01:20:37cette maison, ce n'était pas facile
01:20:39parce qu'il fallait qu'elle soit un peu surannée
01:20:41mais c'est une maison, il faut se poser la question
01:20:43à chaque objet, est-ce qu'il l'a acceptée ou pas.
01:20:46Lui.
01:20:48C'est validé par lui ou ce n'est pas validé par lui.
01:20:50Donc à chaque fois, on se disait, tiens, c'est marrant, ça.
01:20:52Non, ça, ce n'est pas validé par lui, ça ne peut pas être là.
01:20:54Bon, ça, il a accepté qu'éventuellement, cette lampe,
01:20:57elle l'ait ramenée de Normandie.
01:20:59Enfin, à chaque fois, tout est très précis, en fait.
01:21:01L'air de rien, c'est assez construit, assez précis.
01:21:03Et puis c'est tout en angles.
01:21:05C'est une maison qui est très angoissante.
01:21:07Il n'y a pas de séparation, il n'y a pas d'intimité, en fait.
01:21:10Elle est tout le temps surveillée, d'une certaine manière.
01:21:12Voilà, il n'y a pas de porte.
01:21:14Une autre question ?
01:21:16Oui, j'avais une question pour la Valérie Comédienne
01:21:19parce que j'apprécie énormément votre travail
01:21:22en tant que réalisatrice.
01:21:24Et ça me bouleverse.
01:21:26Bon, évidemment.
01:21:28Surtout, La Guerre est déclarée, qui a été vraiment
01:21:30un très gros bouleversement pour moi.
01:21:33Et L'Amour et les Forêts.
01:21:35J'ai commencé à l'envers, moi.
01:21:37J'ai vraiment tout commencé à l'envers.
01:21:39Je suis remontée.
01:21:41Et j'avais une question pour vous, la Comédienne,
01:21:43parce que, justement, vous découvrir pour moi Comédienne,
01:21:46ça a été vraiment quelque chose d'inouï.
01:21:48Et je trouve que, vraiment,
01:21:50ça vous manquait dans le paysage.
01:21:52Vraiment, ce visage, cette émotion que vous avez,
01:21:54cette pureté.
01:21:57En fait, vous avez une forme de pureté d'enfance.
01:21:59Un regard assez incroyable.
01:22:01La façon dont vous parlez à l'image.
01:22:03Il y a quelque chose,
01:22:06qu'on n'a pas, actuellement.
01:22:08Et donc, je me demandais
01:22:10si vous aviez des propositions,
01:22:12si vous aviez envie de revenir en tant que Comédienne.
01:22:15Parce que, voilà,
01:22:17vous avez quelque chose d'à part.
01:22:19Et donc, ma deuxième question,
01:22:21je rebondis sur les Comédiens,
01:22:23parce qu'une fois, je vous ai vu parler dans la rue
01:22:26avec Philippe Rebeau,
01:22:28et que j'apprécie énormément,
01:22:30et qui a complètement ce côté burlesque, bouleversant,
01:22:32drôle, etc., et d'humanité,
01:22:34qui, pour moi, vous rejoint.
01:22:36Et donc, ma question, quand je vous ai vu ensemble,
01:22:39sur le trottoir,
01:22:41je me suis dit, est-ce qu'un jour,
01:22:43il fera partie de votre univers de réalisatrice ?
01:22:45Voilà.
01:22:47Peut-être.
01:22:50Peut-être, oui.
01:22:52Je ne pense pas, là,
01:22:54maintenant.
01:22:56En tout cas,
01:22:58pour répondre sur la question
01:23:01de l'actrice,
01:23:04oui, je n'ai pas beaucoup de propositions,
01:23:06parce que les films,
01:23:08il faut les monter aussi, financièrement,
01:23:10donc je pense que les gens,
01:23:12ils ne pensent pas forcément à moi pour monter un film
01:23:15avec des rôles importants, mais j'adore jouer.
01:23:17Après,
01:23:19c'est vrai que je m'amuse peut-être un peu plus
01:23:21à jouer dans mes films,
01:23:23parce que, d'abord, c'est avec moi
01:23:26que j'ai le plus travaillé, finalement.
01:23:30J'ai adoré tourner
01:23:32avec Lionel Bayer,
01:23:34Les Grandes Ondes,
01:23:36qui est une comédie
01:23:38vraiment irrésistible
01:23:41que Pauline Gaillard a montée.
01:23:43Et puis,
01:23:45non, j'ai des propositions,
01:23:47il y a des gens qui me font des propositions
01:23:49de rôles magnifiques, voilà.
01:23:52Mais je ne peux pas en parler,
01:23:54parce que c'est encore un peu secret.
01:23:56Non, mais oui, j'adore jouer.
01:23:58Après, jouer dans mes films, c'est toujours un peu frustrant,
01:24:00parce que je n'ai pas le même plaisir
01:24:02et à jouer.
01:24:05Alors, à jouer, si, parce que je m'amuse quand je joue dans mes films,
01:24:07surtout quand c'est des comédies,
01:24:09et j'aime jouer que dans mes comédies.
01:24:11Je ne joue pas dans les films dramatiques,
01:24:13ça ne m'intéresse pas de me diriger dans un drame.
01:24:16Donc ça, c'est mon principe, on va dire.
01:24:18Mais en tant que metteur en scène,
01:24:20jouer dans mes films,
01:24:22ce n'est pas très marrant pour moi,
01:24:24comme metteur en scène,
01:24:27parce que c'est hyper fatigant,
01:24:29et puis je m'énerve après elle,
01:24:31parce que je trouve qu'elle ne va pas comme elle peut.
01:24:33Enfin voilà, mais c'est dur,
01:24:35parce qu'il y a un truc de schizophrène,
01:24:37où on veut être à la fois devant et derrière,
01:24:40on n'y arrive pas.
01:24:42Donc l'idéal serait peut-être que je demande
01:24:44à un metteur en scène que j'estime
01:24:46de me mettre en scène dans une histoire que j'écrirais,
01:24:48mais ce serait un peu délicat comme démarche.
01:24:51Enfin voilà, je ne sais pas, je dis un peu n'importe quoi,
01:24:53mais non, non, mais j'aime bien jouer, bien sûr.
01:24:55Mais je considère d'ailleurs que je suis une actrice ratée,
01:24:58que c'est pour ça que j'ai fait des films.
01:25:00Non, mais quand je dis une actrice ratée,
01:25:02dans le sens où je n'ai pas une vraie carrière d'actrice.
01:25:05Ce n'est pas mon métier d'actrice qui me fait vivre.
01:25:08Ce n'est pas ça qui me permet de...
01:25:13Bonsoir, moi j'avais une question
01:25:15plutôt pour la Valérie Donzelli, scénariste.
01:25:17Je me demandais, est-ce que vous avez une méthode d'écriture ?
01:25:19Est-ce que vous écrivez plutôt seule, plutôt à plusieurs,
01:25:21plutôt des idées personnelles ?
01:25:24Est-ce que c'est des producteurs qui amènent des idées ?
01:25:26Vous écrivez le soir, le matin, je ne sais pas.
01:25:28Non, je n'écris pas seule, mais j'aime écrire.
01:25:30Donc souvent, je prends de vitesse les scénaristes
01:25:33et je me mets à écrire et ils repassent derrière moi.
01:25:36Parce que quand j'écris un scénario, j'aime écrire vite.
01:25:38Je n'aime pas que ça dure des mois.
01:25:41Des mois, c'est déjà...
01:25:43En général, ça dure quand même quelques mois,
01:25:46mais pas des années, on va dire.
01:25:48J'aime bien faire les choses rapidement.
01:25:50Je ne suis pas quelqu'un qui aime prendre son temps.
01:25:52Donc voilà, mais je n'écris pas pour les autres.
01:25:55Ça pourrait m'amuser, peut-être, je ne sais pas.
01:25:57En tout cas, voilà.
01:25:59Je ne sais pas, j'ai peut-être pas bien répondu à la question.
01:26:02Mais oui, en général, c'est moi qui ai les idées, de départ.
01:26:05Je suis à l'endroit de départ de l'idée ou de l'adaptation.
01:26:10Enfin là, pour un pied-d'œuvre, par exemple,
01:26:12c'est quand même Pauline qui me dit,
01:26:14tu devrais lire ce livre et tout, et je l'ai lu.
01:26:17Je pense qu'elle savait que ça me plairait pour l'adapter.
01:26:20Souvent, elle me donne des idées comme ça,
01:26:23mais le point de départ, par exemple,
01:26:26de Mains dans la main ou de Nonna et ses filles,
01:26:29tout ça, c'est souvent des idées.
01:26:31Notre-Dame, c'est des idées que j'ai comme ça,
01:26:34qui me viennent, je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs.
01:26:37Il y a une question là-bas, dans le coin.
01:26:42Est-ce que vous avez...
01:26:44Est-ce que quelqu'un vous a...
01:26:46Plusieurs personnes vous ont abandonnées quand vous avez fait un film
01:26:49ou vous avez toujours eu du soutien ?
01:26:51Oh...
01:26:55La question qui tue.
01:26:57Alors...
01:27:01Oui, parfois, on a des gens qui nous abandonnent.
01:27:05Par exemple, tout à l'heure, je parlais de producteurs
01:27:09qui ne croyaient pas dans un scénario.
01:27:11Ils m'ont dit, non, ça, on ne va pas le faire.
01:27:13Parfois, ça peut être des acteurs aussi.
01:27:15Mais par contre, j'ai un vrai soutien sans faille de mes enfants.
01:27:18Ils sont très gentils.
01:27:20J'ai réussi de l'avoir une mère réalisatrice
01:27:23et c'est vrai qu'ils m'encouragent beaucoup, ils me soutiennent beaucoup
01:27:26et je les bassine beaucoup avec mes histoires.
01:27:28Et puis, j'ai le soutien de tous mes collaborateurs.
01:27:31Donc j'ai quand même beaucoup plus de gens qui me soutiennent
01:27:33que de gens qui ne me soutiennent pas.
01:27:36Mais on peut rencontrer des gens qui ne nous soutiennent pas.
01:27:38Et c'est vrai que c'est dur.
01:27:40Merci beaucoup pour votre question, jeune homme.
01:27:43C'est la dernière question.
01:27:47Moi, je me demandais si vous hésitiez
01:27:50dans le choix des sujets de vos films.
01:27:53Et si oui, comment est-ce que vous les choisissez ?
01:27:57Oui, parfois, il y a des films que j'ai toujours...
01:28:01Un ou deux films d'avance.
01:28:03J'ai toujours envie de faire des films.
01:28:05Et parfois, je me dis, non, ce n'est pas le bon moment
01:28:07pour faire celui-là.
01:28:09Par exemple, à pied d'oeuvre, c'est vrai que j'étais en train d'écrire un autre film.
01:28:12Et je me suis dit, non, en fait, c'est ce film-là
01:28:14qu'il faut que je fasse maintenant.
01:28:16Donc j'ai changé de projet en cours de route.
01:28:18Parfois, on hésite.
01:28:20Parfois, il y a des films que peut-être on ne fait pas.
01:28:22Mais c'est bizarre.
01:28:25C'est comme des petites graines qu'on plante
01:28:27et puis elles poussent ou pas.
01:28:29Parfois, ça fait un truc pas terrible.
01:28:31Et puis, quelquefois, on sent le potentiel.
01:28:33Voilà.
01:28:36On attend Notre-Dame 2, alors.
01:28:38Ah !
01:28:40Et le remake de Mains dans la main.
01:28:42Step by step.
01:28:44Beaucoup de futurs projets.
01:28:46Ça fait très longtemps.
01:28:49Merci beaucoup.