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C’est le grand martelage, depuis plusieurs années, avec une accentuation depuis plusieurs mois. L’intelligence artificielle, entité aux contours abstraits, serait la réponse à tous nos maux. La promesse d’une vie future marquée du sceau du progrès. Nous serions là face à une « révolution ».
Derrière cette euphorie, il y a une réalité. Matérielle. Celle que les grands entrepreneurs de la tech mondiale, américains en tête, s’évertuent à cacher : l’intelligence artificielle n’a rien d’artificiel. Dans les coulisses, ce sont des centaines de milliers, voire des millions d’ouvriers répartis dans les pays du sud (Kenya, Colombie etc.), ceux qu’on appelle les « travailleurs du clic », qui étiquettent, annotent, modèrent des quantités astronomiques de données. Tout un travail indispensable à l’apprentissage des IA, et sans lequel ces technologies ne pourraient fonctionner.
Comme nous l’explique notre invité, le sociologue Antonio Casilli, ce mécanisme de « capitalisme de plateforme », au cœur de l’économie des GAFAM, participe à faire renaître les monstres d’un passé supposément révolu : colonialisme, racisme, et, avec l’exemple américain, fascisme. Techno-fascisme même, pourrait-on dire : la répression féroce et les expulsions de masse, dans une main, la promesse d’un futur où la technologie améliorera la vie de tous, dans l’autre. Entre les deux, des milliers de personnes broyées par l’administration et renvoyées dans leur pays d’origine. Là où ils pourront rejoindre la cohorte surexploitée et sous-payée des « petites mains de l’intelligence artificielle ». Et ainsi boucler la boucle.
Journaliste : Maxime Cochelin
Montage : Lucas Zef
Son : Baptiste Veilhan
Graphisme : Margaux Simon
Production : Hicham Tragha
Directeur du développement des collaborations extérieures : Mathias Enthoven
Co-directrice de la rédaction : Soumaya Benaïssa
Directeur de la publication : Denis Robert
Le site : https://www.blast-info.fr/
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Twitch : https://www.twitch.tv/blastinfo
#IA
#Technofascisme
#Gafam
C’est le grand martelage, depuis plusieurs années, avec une accentuation depuis plusieurs mois. L’intelligence artificielle, entité aux contours abstraits, serait la réponse à tous nos maux. La promesse d’une vie future marquée du sceau du progrès. Nous serions là face à une « révolution ».
Derrière cette euphorie, il y a une réalité. Matérielle. Celle que les grands entrepreneurs de la tech mondiale, américains en tête, s’évertuent à cacher : l’intelligence artificielle n’a rien d’artificiel. Dans les coulisses, ce sont des centaines de milliers, voire des millions d’ouvriers répartis dans les pays du sud (Kenya, Colombie etc.), ceux qu’on appelle les « travailleurs du clic », qui étiquettent, annotent, modèrent des quantités astronomiques de données. Tout un travail indispensable à l’apprentissage des IA, et sans lequel ces technologies ne pourraient fonctionner.
Comme nous l’explique notre invité, le sociologue Antonio Casilli, ce mécanisme de « capitalisme de plateforme », au cœur de l’économie des GAFAM, participe à faire renaître les monstres d’un passé supposément révolu : colonialisme, racisme, et, avec l’exemple américain, fascisme. Techno-fascisme même, pourrait-on dire : la répression féroce et les expulsions de masse, dans une main, la promesse d’un futur où la technologie améliorera la vie de tous, dans l’autre. Entre les deux, des milliers de personnes broyées par l’administration et renvoyées dans leur pays d’origine. Là où ils pourront rejoindre la cohorte surexploitée et sous-payée des « petites mains de l’intelligence artificielle ». Et ainsi boucler la boucle.
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NewsTranscription
00:00C'est devenu le sujet du moment, en politique, en économie, dans la guerre informationnelle.
00:05L'intelligence artificielle est désormais partout.
00:08Journée spéciale IA, faut qu'on se parle sur Inter.
00:11L'intelligence artificielle est un sujet qui est rependu partout.
00:15En fait, c'est devenu un marronnier.
00:17Deux mots plus que jamais incontournables, intelligence artificielle.
00:21L'artificiel de l'intelligence artificielle est largement fait à la main.
00:25Dans cette entreprise de la capitale,
00:27ces 1500 employés sont ce qu'on appelle les annotateurs de données.
00:32La promesse implique évidemment qu'on doive cacher
00:38ces personnes qui constituent la matérialité même de ces intelligences artificielles.
00:43Cette nouvelle entreprise américaine investira 500 milliards de dollars
00:47dans les infrastructures d'intelligence artificielle aux Etats-Unis.
00:50Donc on est face à une administration techno-fasciste
00:55qui s'appuie sur des règles et des comportements autoritaires et totalitaires.
01:01Donc ça, c'est le parti fasciste.
01:02Les Etats-Unis, où Donald Trump avait promis de lancer
01:05le plus grand programme d'expulsion de l'histoire américaine.
01:08Et techno, parce qu'effectivement, il s'appuie sur la technologie.
01:11L'intelligence artificielle n'existe pas sans travail humain
01:14et ce travail humain est constamment tenu à l'écart.
01:21Antonio Gazzilli, je suis professeur de sociologie à l'Institut Polytechnique de Paris
01:26et je dirige depuis un moment un groupe de recherche qui s'appelle DeepLab,
01:30Digital Platform Labour.
01:32L'intelligence artificielle est un sujet qui est rependu partout.
01:36En fait, c'est devenu amarronnier, mais souvent on oublie de donner une définition.
01:41Aujourd'hui, c'est surtout un ensemble de solutions logicielles
01:46qui s'appuient sur des données.
01:48C'est ça le secret, l'ingrédient secret.
01:50Alors qu'auparavant, les logiciels étaient basés sur des règles.
01:53Si l'utilisateur fait A, alors toi, tu fais B.
01:59Désormais, c'est plutôt basé sur des données qu'on donne à la machine
02:05pour que la machine apprenne.
02:06Et donc, c'est pour ça qu'on parle aussi d'apprentissage automatique.
02:16Alors, dès qu'on parle d'intelligence artificielle,
02:19évidemment, on présuppose que les machines et les technologies qu'on utilise
02:23soient intelligentes et en plus qu'elles soient artificielles.
02:26Mais on oublie de dire que l'intelligence prétendue des machines,
02:31c'est une approximation de l'intelligence humaine.
02:33Il n'y a pas, à aujourd'hui, et selon moi, il n'y aura jamais
02:37une intelligence artificielle qui dépasse les capacités cognitives des êtres humains.
02:42Mais de l'autre côté, surtout, on n'aura jamais ce qu'on appelle
02:45une automatisation complète du fonctionnement et des tâches réalisées
02:50par ces intelligences artificielles,
02:52dans la mesure où, en effet, l'artificiel de l'intelligence artificielle
02:57est largement fait à la main.
02:59Et ça, c'est, disons, le 90 % de mon travail.
03:03C'est tourner partout dans le monde,
03:07aller à droite et à gauche,
03:08aller dans des endroits dans lesquels on ne soupçonne pas
03:10que l'intelligence artificielle soit produite
03:13pour découvrir, un peu comme, vous savez, dans la rare boutique
03:18ou dans une cuisine, comment on produit un certain mets
03:22ou un certain objet.
03:24Et souvent, on découvre, dans l'intelligence artificielle,
03:27on a énormément de travail humain.
03:30Donc, ce travail humain est réalisé par des personnes
03:33qui sont très faiblement remunérées pour produire des données
03:39et ensuite annoter,
03:41c'est ce qu'on appelle parfois l'étiquetage des données.
03:44L'étiquetage consiste surtout à prendre des images,
03:47prendre des bouts de texte ou des vidéos
03:51et y ajouter, que sais-je, des étiquettes,
03:54c'est des tags, comme on le fait par exemple sur Instagram,
03:57qui décrivent l'image.
03:59La même chose constitue les tâches principales
04:04des annotateurs de données,
04:06de ce qu'on appelle les travailleurs du clic
04:10ou les petites mains de l'intelligence artificielle,
04:12c'est des ouvriers de la data,
04:14c'est des personnes qui récupèrent des données,
04:16des images, du texte, des vidéos
04:18et y ajoutent de l'information supplémentaire.
04:22Pour faire quoi ?
04:23Pour que les machines apprennent à gérer, à analyser,
04:28à traiter ces images.
04:29Et pour entraîner ces machines, par exemple,
04:32il faut récruter des centaines de milliers,
04:34selon certaines estimations,
04:36plusieurs millions, voire des centaines de millions de personnes
04:39partout dans le monde
04:40pour que l'information et l'apprentissage
04:43soient le plus variés possibles.
04:45Or, le fait que cet apprentissage soit varié
04:50déjà impose une certaine tendance
04:54vers la globalisation de ce travail
04:57d'entraînement de l'intelligence artificielle,
04:59mais il y a aussi l'autre élément fondamental,
05:02c'est le fait que ces tâches,
05:03parce qu'elles sont réalisées par des millions de personnes,
05:05sont payées très, très faiblement.
05:07Et quand je dis très, très faiblement,
05:09nous, on rencontre des personnes qui sont payées,
05:11lorsqu'elles sont payées par mois,
05:13elles reçoivent de l'ordre de 100 ou quelques centaines d'euros,
05:18le correspondant, dans la monnaie locale.
05:22Et parfois, on rencontre des personnes qui sont payées
05:24voire un centime, deux centimes
05:27pour chaque tâche réalisée parce qu'elles sont payées à la pièce.
05:30Alors, la question est,
05:31qui est prêt à travailler dans ces conditions-là,
05:34sans aucune certitude d'être rémunéré à la fin du mois ?
05:37Et lorsqu'on a cette certitude,
05:39la certitude, c'est d'être payé une misère.
05:41Et c'est des personnes qui, normalement,
05:42se trouvent dans des pays ou dans des zones du monde
05:46qui sont les pays à faible revenu,
05:48donc du sud global ou de ce qu'on appelle
05:51la majorité du monde, en réalité.
05:55Et donc, là, à cause des conditions de travail,
05:59des conditions politiques,
06:01souvent, c'est difficile de trouver un travail bien rémunéré.
06:05Et on se rabat sur ce type d'occupation
06:08qui est en train de devenir de plus en plus répandue.
06:17Les géants de la tech, aujourd'hui,
06:20s'appuient sur des modèles d'affaires
06:22et sur des modalités technologiques de fonctionnement
06:25qu'on peut résumer en disant que c'est du capitalisme de plateforme.
06:28Capitalisme de plateforme signifie qu'on a affaire
06:32à un Google ou à un Meta
06:36ou d'autres qui sont beaucoup moins connus
06:38au public français ou au public de cette partie du monde.
06:44Donc, c'est des plateformes dans la mesure où
06:47il s'agit de structures en réseau dans lesquelles
06:51plusieurs acteurs, des vendeurs et des acheteurs,
06:54des travailleurs et des employeurs potentiels se rencontrent.
06:57Et la plateforme a la prétention d'être, disons, neutre.
07:01Et cette plateforme a surtout la prétention de
07:03fonctionner de manière automatique.
07:05Et c'est là où l'intelligence artificielle joue un rôle important
07:09parce que Amazon est basée sur des intelligences artificielles,
07:13Google, le moteur de recherche même,
07:15est une intelligence artificielle,
07:18Facebook se sert d'intelligence artificielle
07:21pour, que sais-je, produire des filtres Instagram
07:25ou pour sélectionner l'information
07:29qui se manifeste sur nos feeds,
07:32sur nos fils Facebook ou Instagram et ainsi de suite.
07:36Donc, il y a un lien très fort technologique
07:39entre plateforme et intelligence artificielle,
07:42mais il y a surtout un lien très fort
07:45entre la modalité de financement de ces plateformes
07:48et des groupes d'investisseurs
07:50et de ce qu'on appelle des venture capitalists,
07:52donc des capitalistes aventuriers un peu,
07:55si on voulait traduire ça à la lettre,
07:59qui, grosso modo, cherchent toujours
08:02à réaliser des grands rêves,
08:05des rêves technologiques ou des rêves économiques.
08:08La promesse que chacun de ces capitalistes
08:12et de ces investisseurs construisent
08:16est finalement une promesse d'un monde
08:18dans lequel la technologie va apporter
08:21des améliorations certaines à la condition humaine,
08:24aux fonctions même des marchés et de nos sociétés.
08:27Donc, automatiser signifie pour cette catégorie de personnes
08:32aller vers un monde meilleur.
08:34Ça, c'est la base.
08:35En même temps, c'est aussi la base du mensonge,
08:38si l'on veut, qui constitue ce qui est vendu à ces investisseurs
08:42qui, bien sûr, on pourrait dire qu'ils ne sont pas dupes,
08:45mais un peu.
08:46Ils doivent se laisser un peu mener un bateau
08:50par les producteurs de ces technologies
08:52parce que, que sais-je, Tesla doit promettre, par exemple,
08:57une voiture qui est entièrement autonome,
09:01qui n'est pas là depuis dix ans.
09:03Ça fait dix ans qu'Elon Musk promet,
09:06chaque année en réalité,
09:09que l'année prochaine, on aura un système
09:12de conduite entièrement autonome
09:14et, en même temps, il demande, presque dans la même phrase,
09:18plus de fonds ou une augmentation des prix de ces voitures même.
09:25Et, en réalité, on n'arrive jamais à atteindre
09:30le niveau de ce qui est promis,
09:32mais ce qui est important est que la promesse soit mise sur le tapis.
09:36Même chose avec JGPT.
09:38JGPT a été lancée depuis un moment
09:42et existe sur le marché depuis le début des années 20
09:46et il promet de réaliser l'intelligence artificielle générale,
09:50c'est-à-dire une intelligence artificielle
09:51qui soit au moins au même niveau que les êtres humains.
09:55Et on n'est pas là du tout.
09:57Ce qu'elle est arrivée à produire,
09:59c'est surtout un chatbot qui marche plus ou moins,
10:03c'est-à-dire plus ou moins parce qu'il a une certaine tendance à halluciner
10:06ou à produire des réponses qui sont biaisées.
10:11On est décidément loin d'une intelligence humaine.
10:14Ce qui compte est cette promesse.
10:16Or, la promesse implique évidemment
10:20qu'on doive cacher ces personnes
10:23qui constituent la matérialité même de ces intelligences artificielles,
10:27c'est-à-dire les personnes qui représentent la force de travail,
10:32si vous voulez, la chair et le son de cette technologie
10:36qui se veut désincarnée, qui se veut projetée vers un futur rose
10:41ou blanc, ça dépend de votre préférence
10:44et normalement aussi de votre racisme,
10:46dans le choix de ces couleurs.
10:48Et en même temps, on cache avec ça
10:53la plupart de ces corps, de ces mains qui travaillent chaque jour,
10:58lesquelles, à cause de leur emplacement même,
11:02se trouvent dans des pays du monde
11:05qui sont historiquement des pays qui sont marginalisés,
11:09exposés à des formes de racisme
11:11et à des formes d'exploitation.
11:12Et donc, c'est effectivement une intelligence artificielle
11:15qui réalise un rêve pour une certaine catégorie d'êtres humains,
11:21normalement des blancs dans des pays du Nord très riches,
11:26qui exploitent des personnes qui ne sont pas blancs,
11:29normalement blanches, dans des zones du Sud.
11:32Donc, on arrive derrière cette promesse
11:36à voir ressurgir des monstres horribles de notre...
11:40On aurait imaginé de notre passé, mais en réalité de notre présent,
11:43comme le racisme, comme le colonialisme,
11:45comme tout un tas d'autres tendances délétères de nos sociétés.
11:56Je pense que d'abord, c'est du fascisme.
11:59C'est-à-dire qu'on est vraiment face à une résurgence
12:02d'une tendance autoritaire et totalitaire
12:05qui s'installe au sein même des démocraties,
12:09comme, historiquement, il y a un siècle exactement,
12:12le fascisme même l'avait fait.
12:14Le fascisme même de Mussolini, de Hitler,
12:18c'était un fascisme qui avait accédé au pouvoir
12:22via des mécanismes démocratiques de l'époque.
12:26Donc, la question est que la même chose se manifeste aujourd'hui
12:30avec, par exemple, le cas américain l'exemplifie en 2025,
12:37avec l'arrivée au pouvoir, ou plutôt le retour au pouvoir de Donald Trump,
12:41accompagné par un bataillon de personnages discutables,
12:45c'est le moindre qu'on puisse dire.
12:46Les Jeff Bezos, les Mark Zuckerberg,
12:48dans sa nouvelle version de divorcés de 40 ans
12:52avec la chaîne à la Eminem, etc.
12:55De Elon Musk, qui est un personnage dérangeant et franchement ridicule.
13:00Mais ce côté ridicule, ce côté grotesque de ces personnages,
13:07ces tronches patibulaires, rajoutent effectivement au côté de...
13:12Là, on est vraiment face à des méchants.
13:14Et ces méchants-là, ce ne sont pas des méchants de caricature, malheureusement,
13:19même s'ils sont faciles à caricaturer,
13:21parce que c'est vraiment le retour d'un discours fasciste,
13:24d'un discours qui veut la répression des opposants politiques,
13:28l'expulsion de personnes perçues comme des étrangers,
13:33voire des ennemis de la patrie,
13:34un retour en arrière tout en prenant une projection en avant.
13:39C'est-à-dire qu'on promet par exemple une technologie
13:42qui va permettre dans cinq siècles
13:44de donner à manger et de la prospérité à tout le monde,
13:49mais en même temps, on propose de revenir en arrière
13:52à un passé fantasmé dans lequel l'Amérique était grande,
13:58où l'Allemagne était pour les Allemands,
14:00où l'Italie pour les Italiens, etc.
14:03Ce passé n'a jamais existé et ce futur n'existe pas non plus.
14:07Ce qui existe, c'est seulement un présent
14:09qui est fait d'un ensemble de manipulations politiques
14:14lesquelles de fait réduisent à zéro
14:19les contrepoids démocratiques qui ont historiquement existé,
14:23qui par exemple limitent le pouvoir des juges,
14:28qui excluent les journalistes,
14:31qui mettent en prison les opposants politiques.
14:33Et ça, c'est quelque chose qui se réalise de plus en plus.
14:36Et en plus, j'ai envie de dire que ce technofascisme
14:39utilise d'une manière particulièrement violente
14:45le travail humain et l'intelligence artificielle.
14:48La première chose que Donald Trump a fait,
14:49c'est de déréguler complètement l'intelligence artificielle
14:52et presque au même moment,
14:54il a permis la présentation à la Maison Blanche
14:58de la nouvelle initiative entrepreneuriale de Sam Altman,
15:03donc le monsieur OpenAI et donc le monsieur Chajipiti,
15:06de présenter donc sa nouvelle entreprise
15:09qui s'appelle Stargate,
15:10financée à la hauteur de 500 milliards de dollars.
15:14Pourquoi les deux choses vont ensemble
15:15et pourquoi cela a un lien avec le travail humain ?
15:18Parce qu'effectivement, la promesse de Trump
15:20d'irréguler l'intelligence artificielle
15:22et la promesse faite au moment de sa réinstallation
15:27à la Maison Blanche
15:28de déporter des millions de personnes des États-Unis,
15:32les personnes qu'il déporte, ce n'est pas des personnes au hasard,
15:35ce sont des personnes des classes populaires,
15:36ce sont des travailleurs et des travailleuses
15:38qui sont envoyés ou parfois dans leur pays d'origine.
15:41Donc, l'idée de base est rentrer chez vous,
15:44mais continuer à travailler pour nous.
15:46Et c'est exactement ce que fait l'intelligence artificielle aujourd'hui,
15:49dans la mesure où l'intelligence artificielle se sert
15:52de ces petites mains qui sont réléguées
15:56ou plutôt bloquées dans leur pays d'origine,
15:58qui n'ont pas le droit de migrer, circuler internationalement
16:02parce qu'ils se heurtent à des lois
16:04qui leur empêchent d'accéder à la forteresse Europe
16:07lorsqu'ils veulent venir en Europe ou à l'Amérique de Trump.
16:10Donc, avec ces règles draconiennes, c'est la même situation.
16:14On garde à distance le travail nécessaire
16:17pour faire fonctionner l'économie d'ici,
16:20laquelle s'appuie largement sur l'intelligence artificielle
16:23ou les promesses de l'intelligence artificielle.
16:26Et donc, on est face à une administration technofasciste,
16:30effectivement, je n'ai pas de problème avec la définition,
16:33qui s'appuie sur des règles
16:36et des comportements autoritaires et totalitaires,
16:39donc ça, c'est le parti fasciste,
16:41et techno, parce qu'effectivement,
16:42il s'appuie sur la technologie.
16:44L'intelligence artificielle n'existe pas sans travail humain
16:47et ce travail humain est constamment tenu à l'écart.
16:51Et ça, c'est, si vous voulez, la règle qui est,
16:53en même temps, ce qui fait fonctionner Chachupiti,
16:56parce qu'on le sait, Chachupiti est produit
16:58par des personnes qui sont au Kényan ou en Colombie,
17:03et en même temps, ce qui fait fonctionner, entre guillemets,
17:06ce théâtre dystopique qu'est l'administration Trump 2,
17:11laquelle promet et réalise des déportations de masse
17:15depuis les États-Unis vers leur pays d'origine.