Les données de la France et de l’Europe sont-elles livrées à tous les prédateurs ? Entre l’hégémonie américaine et l’émergence de la Chine, les technologies de pointe telles que l’Intelligence artificielle et les hébergeurs de données sont aux mains de quelques géants.
Face à eux, les dirigeants publics de l’Europe et la France semblent avoir déjà rendu les armes. Pourtant, la reprise en main de la souveraineté numérique est possible mais aussi capitale.
🎓 Thomas Fauré est ingénieur diplômé de l’Ecole Centrale de Lille, entrepreneur spécialiste de la tech, et fondateur de Whaller, un réseau social sécurisé et souverain. Thomas Fauré a publié "Après Facebook, rebâtir", aux Nouvelles éditions de Passy, disponible ici https://boutiquetvl.fr/accueil/thomas-faure-apres-facebook-rebatir.
Dans cette émission, nous évoquons la guerre des intelligences artificielles entre ChatGPT d’Open AI, Google et Meta, mais aussi entre les Chinois et notamment le dernier né DeepSeek, qui a fait plonger Nvidia en bourse.
💥 Nous reviendrons sur la question de l’hébergement des données et nous verrons combien l’abandon de notre souveraineté numérique a livré nos pays à une véritable surveillance généralisée, y compris dans les secteurs les plus sensibles comme l’Armée et la Santé, équipés par Microsoft, ou les services de la DGSE utilisant le logiciel américain Palantir, financé par la CIA. Une perte de maîtrise des données dangereuses, mais une pratique qui expose automatiquement à l’extraterritorialité du droit américain.
Thomas Fauré évoquera également comment la dépendance nous livre sur un plateau à l’adversaire en matière stratégique et économique.
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Face à eux, les dirigeants publics de l’Europe et la France semblent avoir déjà rendu les armes. Pourtant, la reprise en main de la souveraineté numérique est possible mais aussi capitale.
🎓 Thomas Fauré est ingénieur diplômé de l’Ecole Centrale de Lille, entrepreneur spécialiste de la tech, et fondateur de Whaller, un réseau social sécurisé et souverain. Thomas Fauré a publié "Après Facebook, rebâtir", aux Nouvelles éditions de Passy, disponible ici https://boutiquetvl.fr/accueil/thomas-faure-apres-facebook-rebatir.
Dans cette émission, nous évoquons la guerre des intelligences artificielles entre ChatGPT d’Open AI, Google et Meta, mais aussi entre les Chinois et notamment le dernier né DeepSeek, qui a fait plonger Nvidia en bourse.
💥 Nous reviendrons sur la question de l’hébergement des données et nous verrons combien l’abandon de notre souveraineté numérique a livré nos pays à une véritable surveillance généralisée, y compris dans les secteurs les plus sensibles comme l’Armée et la Santé, équipés par Microsoft, ou les services de la DGSE utilisant le logiciel américain Palantir, financé par la CIA. Une perte de maîtrise des données dangereuses, mais une pratique qui expose automatiquement à l’extraterritorialité du droit américain.
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NewsTranscription
00:00– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:15– Bonjour à tous, je suis très heureuse de vous retrouver pour cette nouvelle émission
00:19et ce nouveau samedi politique dans lequel nous allons aborder un sujet
00:23que nous abordons rarement, la guerre numérique,
00:26souvent pas très loin de la guerre économique, on va le voir.
00:29Alors cette semaine, l'intelligence artificielle chinoise DeepSeek
00:33a bousculé l'Occident allant jusqu'à secouer la bourse.
00:37Comment expliquer cette petite révolution ?
00:40L'Europe peut-elle s'aligner sur ces technologies ?
00:44C'est ce que nous allons voir.
00:45Alors que les Etats-Unis dominent le secteur, y compris dans les domaines régaliens
00:50qui touchent au numérique, peut-on encore redevenir maître de nos données ?
00:54C'est aussi la question que nous allons nous poser.
00:56Mais avant toute chose, vous le savez, chers amis,
00:59le samedi politique a besoin de vous pour son succès.
01:02Alors pensez bien sûr à commenter juste en bas, j'essaie toujours de vous répondre.
01:06Pensez bien sûr à cliquer sur le fameux pouce en l'air qui propulse l'émission
01:11et puis on se retrouve tout de suite.
01:13– Sous-titrage Société Radio-Canada
01:24– Et à mes côtés aujourd'hui, Thomas Fauré, bonjour monsieur.
01:27– Bonjour.
01:28– Merci beaucoup d'être avec nous.
01:29Alors vous êtes ingénieur diplômé de l'école centrale de Lille,
01:32vous êtes entrepreneur fondateur de Waller,
01:35un réseau social sécurisé et souverain,
01:38des termes que nous allons définir au fil de cette émission.
01:41Vous êtes spécialiste de la tech, comme on dit,
01:43et vous avez également publié un ouvrage,
01:45« Après Facebook, rebâtir ».
01:47C'était aux éditions, aux nouvelles éditions de Passy
01:50et c'est un livre qui est disponible dès à présent,
01:53chers amis, sur la boutique de TVL, sur TVL.fr.
01:57Alors Thomas Fauré, on commence avec l'actualité,
01:59cette fameuse intelligence artificielle,
02:01ce robot conversationnel DeepSeek qui vient donc de Chine.
02:06Cette intelligence artificielle a fait trembler jusque Wall Street,
02:10notamment à cause des puces Nvidia, on va voir ça tout de suite.
02:13Quelles sont les particularités de ce robot conversationnel, comme on dit ?
02:17– C'est un concurrent direct de ChatGPT,
02:19qui a des compétences et des caractéristiques similaires,
02:23un peu meilleures, d'après un certain nombre de critères scientifiques,
02:27mais c'est tout à fait comparable.
02:28Et ça a secoué la bourse, effectivement,
02:31parce que les Chinois ont prétendu ne pas avoir utilisé les puces,
02:35vous savez, Nvidia, qui sont des puces particulières,
02:39et qui demandent beaucoup d'énergie, qui coûtent très cher,
02:41ce qu'on appelle les GPU.
02:43Et donc, ils disent qu'ils n'en ont pas utilisé,
02:46et donc, forcément, la valeur boursière de cette entreprise s'est un peu effondrée.
02:51Maintenant, est-ce que c'est vrai, est-ce que c'est pas vrai, on sait pas.
02:55Quoi qu'il en soit, ce qu'on peut voir, c'est que ça y est,
02:58la course est lancée entre le duopole sino-américain,
03:03le monde assiste, et l'Europe en particulier,
03:07à la guerre numérique entre la Chine et les États-Unis.
03:11Et j'imagine qu'on va reparler de ça,
03:13parce que la vraie question, c'est quelle est notre place et quoi faire.
03:17– Alors, je l'ai dit, ça a fait réagir la bourse,
03:19mais ça a également fait réagir Donald Trump.
03:21On va l'écouter, c'est très court.
03:23– J'espère que le lancement de l'intelligence artificielle DeepSeek
03:26par une société chinoise sera un avertissement pour nos industriels,
03:29et le rappellera qu'il faut rester très concentré sur la concurrence pour gagner.
03:33– Générique –
03:39– Alors, c'est quand même très intéressant parce que cette entreprise chinoise
03:43qui a réussi à développer ce fameux DeepSeek,
03:46selon elle, ça a coûté beaucoup moins d'argent que développer Chad GPT,
03:50et pourtant, ça provoque des conséquences sur la bourse,
03:54et ça provoque même le besoin du président des États-Unis
03:58de faire une réaction publique.
04:00– Oui, alors ça a pris beaucoup moins de temps et d'argent probablement,
04:05parce qu'ils ne sont pas partis de zéro,
04:06ils sont partis des résultats qui ont été publiés,
04:10ce qu'on appelle en open source, c'est-à-dire de façon ouverte,
04:12qui ont été produits par les Américains.
04:15Donc, ils se sont appuyés sur le travail américain, il faut voir ça,
04:18et en particulier le groupe Meta, qui est Facebook,
04:20qui travaille sur l'intelligence artificielle depuis des années,
04:25d'ailleurs le patron de l'intelligence artificielle est Yann Lequin,
04:28qui est un Français, et qui…
04:30– Mais qui travaille pour les Américains.
04:31– Bien sûr, qui produisent leurs avancées techniques
04:36et de recherche de façon ouverte.
04:38Donc, évidemment c'est plutôt intéressant pour faire avancer la technologie,
04:43mais on voit aussi que n'importe qui peut se baser sur ces résultats,
04:47et donc ça permet d'aller beaucoup plus vite.
04:50On peut s'attendre évidemment à une accélération conséquente,
04:54parce que déjà il y avait l'accélération par la technologie en tant que telle,
04:57mais aujourd'hui on va assister à une concurrence chinoise versus Amérique,
05:03et je pense que ça, ça va faire accélérer énormément aussi les résultats,
05:07et malheureusement ça va à nouveau creuser l'écart
05:11entre ce que sont capables ou pas de faire les Européens,
05:15et ces deux géants mondiaux, voilà, l'écart va être creusé davantage,
05:20sauf si nos politiques se ressaisissent.
05:23– Alors, il y a du travail, on a vu, donc vous avez expliqué
05:26qu'il y avait cette question des puces NVIDIA qui utiliseraient potentiellement
05:32l'intelligence artificielle américaine et donc pas chinoise,
05:37vous expliquez aussi que finalement ils avaient un besoin de calcul
05:41plus faible du côté chinois, on a le sentiment que les Américains
05:46avec leur politique de sanction pensaient avoir réglé, entre guillemets,
05:50le problème de l'essor technologique et numérique de la Chine,
05:53comme si finalement ils étaient les seuls capables
05:56à s'engouffrer dans le progrès numérique.
05:58– Oui, alors derrière il y a probablement une guerre des brevets en réalité,
06:01on a oublié une chose, c'est que toutes ces puces sont fabriquées en Chine,
06:04donc même si les brevets protègent NVIDIA, alors ce n'est pas de source sûre,
06:12mais c'est quand même assez étonnant de penser que cette IA a été entraînée,
06:18c'est-à-dire que le modèle a été conçu sur des puces ordinaires,
06:21c'est assez étonnant, moi personnellement j'en doute,
06:24on n'est pas à l'abri d'apprendre dans plusieurs années
06:27que les Chinois sont en train aussi de s'équiper,
06:30de créer leur propre puce GPU, comme on a dit,
06:33c'est-à-dire l'équivalent d'NVIDIA.
06:35C'est la stratégie de toute façon de la Chine depuis des dizaines d'années,
06:39depuis 20 ans je pense, que de rattraper tout le retard qu'elle avait,
06:44comme tous les pays du monde par ailleurs,
06:46sauf que eux se sont vraiment saisis du sujet et mènent une politique de puissance,
06:51ce n'est pas une politique d'innovation, ce n'est pas une politique de paillettes,
06:58c'est une politique que mène la Chine de puissance,
07:01ils l'ont compris depuis bien longtemps,
07:03et c'est le retour en fait des puissances de façon générale.
07:06Donc on ne peut plus penser la géopolitique aujourd'hui sans penser puissance,
07:12moi c'est vraiment ce que je pense et j'appelle de mes voeux
07:16nos dirigeants européens à oser rentrer dans cette logique-là.
07:21La logique de puissance, ça ne veut pas dire qu'on écrase tout le monde,
07:24ça veut dire simplement qu'on prend conscience
07:27que sans puissance on dépend et on finira par dépendre totalement des autres.
07:32– Alors justement vous expliquez que finalement les Chinois
07:35étaient ceux qui produisaient les puces américaines,
07:37est-ce que ce n'est pas une incroyable naïveté
07:40que de penser qu'on peut faire produire intégralement des composantes capitales
07:45à un pays qui est doté d'ingénieurs qui ne sont pas forcément plus idiots que les autres,
07:49tout en croyant qu'on va conserver grâce à des brevets cette technologie ?
07:54– Oui ça c'est une naïveté, c'est une évidence,
07:56après ça vient quand même de loin parce que dans les années 90,
07:58déjà l'Asie fabriquait beaucoup de composants électroniques, pourquoi ?
08:02Parce que la main-d'œuvre était très peu chère
08:05et donc tous les industriels se sont dit on va faire produire à très bas coût.
08:09Et donc évidemment pendant ce temps les Asiatiques et les Chinois en particulier,
08:14mais pas seulement, se sont renforcés dans ce savoir-faire,
08:17ont acquis bien sûr le savoir-faire et ont même développé ce savoir-faire
08:22au point que les fabricants d'électronique aujourd'hui
08:25sont essentiellement en Chine, sont essentiellement en Asie.
08:28Donc il faut voir ça avec plusieurs dizaines d'années de recul,
08:32c'est pas forcément facile d'imaginer qu'un pays émergent en réalité
08:37puisse redevenir la puissance qu'elle a été dans le passé il y a des centaines d'années.
08:41Et donc je ne sais pas si c'est coupable cette naïveté,
08:46en tout cas aujourd'hui on ne peut plus être naïf sur ce sujet.
08:50– Et alors je me risquerais presque à une question un peu taquine,
08:55j'allais dire, finalement quand on dit les Chinois se sont emparés
08:59des données de Chad GPT pour entraîner leurs robots,
09:01les Chinois ont peut-être copié la puce américaine,
09:03est-ce que finalement on ne peut pas tout simplement imaginer
09:06que les Chinois ont gagné à la loyale ?
09:08Parce qu'en réalité ils sont capables, comme les ex-occidentaux,
09:11de produire à leur façon des outils au moins aussi compétitifs.
09:16– Oui je pense que c'est à la loyale, après sur les puces on n'en sait rien,
09:19mais sur les modèles, sur l'entraînement des intelligences artificielles, etc.
09:25qui produisent ces modèles qui sont après disponibles au grand public,
09:29c'est clairement à la loyale puisque c'est des mathématiques qu'il y a derrière.
09:33Et quand on dit open source ou des résultats de recherche publiés,
09:39ce sont des choses qui sont tout à fait applicables, de façon loyale,
09:43comme vous dites, je pense qu'il ne faut pas considérer que ce sont des tricheurs.
09:46De toute façon cette question-là n'a même pas d'intérêt,
09:51parce que dans une guerre économique tous les coups sont permis,
09:55premièrement, et puis évidemment à la fin, ça produit des puissances autonomes.
09:59Donc cette question-là finit par ne plus se poser.
10:02Et il n'y a pas de loyale ou de déloyale, il y a qui gagne…
10:04– C'est du pragmatisme.
10:05– Voilà, exactement, qui a une influence sur le monde extérieur à son territoire ?
10:11C'est bien ça l'enjeu.
10:13– Alors on sait qu'à priori il y a d'autres intelligences artificielles chinoises
10:16qui devraient arriver, adossées à Alibaba, aussi adossées à Bitdance,
10:21qui est TikTok, est-ce qu'il faut s'inquiéter de ça ?
10:24– Non, alors il ne faut pas s'inquiéter ni pour les Chinois,
10:26ni pour les Américains, ni pour la technologie en tant que telle.
10:29Il n'y a pas à s'inquiéter sur l'IA en tant que telle.
10:31En revanche, pour nous, Français et Européens,
10:35il y a largement de quoi s'inquiéter, mais je vous rassure,
10:37on n'a pas attendu l'IA pour constater notre impuissance numérique.
10:42Simplement, elle a été masquée parce que l'Occident,
10:46dans son alliance américano-européenne,
10:50avec cette alliance, on ne voit pas finalement qu'on manque de produits et de services,
10:56puisque tous nos concitoyens ont tous des téléphones et des smartphones
10:59qui fonctionnent très bien, des services, des plateformes d'échange
11:02qui fonctionnent très bien, tout fonctionne très bien.
11:05Donc c'est quelque chose qu'il faut mentaliser à un moment et se dire,
11:10oui c'est bien, mais toutes ces technologies sont étrangères.
11:12Toutes ces technologies sont étrangères.
11:14Et à quel moment est-ce qu'on va décider de faire à nouveau croître
11:20la technologie française et européenne ?
11:22À quel moment ?
11:24Moi, personnellement, ça fait des années que je crie dans le désert.
11:26Alors il y a beaucoup de gens intéressés,
11:29et je pense que c'est un sujet qui parle particulièrement aux Français,
11:34d'abord qui sont très présents aux États-Unis,
11:38dans l'établissement même de ces technologies.
11:41Je vous ai parlé de Yann Lequin pour illustrer ce propos.
11:45On n'a pas su retenir nos talents, évidemment.
11:49Et aujourd'hui, non seulement on ne sait pas les retenir,
11:53mais on ne choisit pas les produits français.
11:55Quand je dis on, c'est les grandes entreprises, les services publics,
11:59l'État lui-même.
12:00– Il n'y a pas de patriotisme économique.
12:02– Non, c'est un gros mot, voyez bien.
12:05Ne serait-ce que le mot patriotisme est un gros mot,
12:07alors qu'évidemment, ni en Chine, ni aux États-Unis,
12:12ce mot fait peur, au contraire, c'est un mot qui donne du courage.
12:15Mais la France et l'Europe sont, à mon avis, des pays malades aujourd'hui,
12:20malades de la reconnaissance de leur propre identité,
12:23de leur propre fierté.
12:25Parfois, quand je suis invité, j'explique qu'il faut être fier d'être français
12:29et qu'il existe, à mon sens, une forme de génie français.
12:33Quand on regarde les inventions qui ont été inventées par notre pays,
12:38qui viennent de notre pays, on peut les citer, l'avion, la voiture,
12:42et même l'Internet, même si on n'a pas été les seuls.
12:45Mais ce génie français, il s'est dilué,
12:48et c'est vu aujourd'hui comme une forme d'extrémisme,
12:52une forme de radicalité, que d'avoir ces idées.
12:56Alors que c'est ce qui devrait nous conduire tout naturellement
12:59à être heureux de faire partie d'une grande nation,
13:02d'être heureux d'avoir une histoire riche et formidable.
13:05Enfin, je ne vais pas raconter tout ce que je pense sur la France.
13:09Moi, je pense beaucoup de bien.
13:11Moi, si vous voulez, en tant qu'entrepreneur,
13:13jamais j'irais changer de pays, y compris, contrairement peut-être à M. Arnault,
13:18y compris si les taxes deviennent étouffantes.
13:21J'aime trop la France pour pouvoir quitter la France.
13:24– Alors, j'aimerais quand même, je suis désolée,
13:26on ne va pas faire une séquence French bashing, comme on dit en anglais,
13:30mais qu'on parle de cette IA française qui a été lancée,
13:33en plus, peu ou prou, au même moment que DeepSeek.
13:36C'est Lucie, elle a été fabriquée par une entreprise française,
13:40l'Inagora, en partenariat avec le CNRS.
13:42Elle était initialement destinée à l'éducation nationale.
13:45Alors, il semble que son lancement n'ait pas été fait dans les meilleures conditions.
13:50Toujours est-il que cette IA, quand on l'interrogeait,
13:53elle était capable de nous parler d'œufs pondus par des vaches.
13:56Elle n'était pas capable de faire des calculs basiques
14:00que des collégiens, au moins des années 80,
14:04auraient pu réussir assez facilement.
14:06Comment vous expliquez ce fiasco ?
14:09– Bon, alors, c'est un fiasco de communication, c'est une évidence.
14:12Mais pour moi, ce n'est pas du tout un fiasco technique.
14:15Je ne me suis pas du tout exprimé sur ce sujet.
14:17Et je connais très bien les gens qui ont fait cette IA.
14:20Ce sont des gens qui travaillent depuis des années sur des technologies open source.
14:25C'est un projet qui a été subventionné par l'État, et c'est bien normal.
14:27D'ailleurs, ce n'est pas des milliards, il faut être honnête.
14:30C'est tout à fait normal qu'ils travaillent aussi avec le CNRS sur ces sujets.
14:33Ça change, je dirais, ça change des activités du CNRS
14:37quand ils veulent quitter Twitter.
14:39Oui, bon, ça, c'était une petite pique, mais…
14:41Donc ça, c'est tout à fait justifié.
14:43Il y a un gros problème de communication dans cette affaire.
14:45C'est-à-dire qu'ils n'auraient pas dû sortir
14:47et faire une communication officielle.
14:49Je crois qu'ils ont… J'en sais rien, mais il me semble
14:51qu'ils attendaient le sommet de l'IA qui a lieu en ce moment en France.
14:54Ils voulaient sortir leur IA juste avant pour montrer que ça avançait, etc.
14:58Bon, patatras, évidemment.
15:00Après, d'un point de vue technique,
15:02ils ont fait quelque chose qui est tout à fait différent de DeepSeek.
15:05C'est-à-dire qu'ils ne se sont pas appuyés sur des résultats produits
15:08par Meta ou produits par les Américains.
15:10Ils ont voulu recréer l'entièreté de la chaîne d'apprentissage des IA.
15:16Et donc, ils ont tout refait à zéro.
15:17Et le résultat qu'ils ont produit ici,
15:20c'est-à-dire un robot qui est capable de répondre,
15:23qui est capable d'avoir des propos cohérents, etc.
15:26Quand je dis cohérent, je vais revenir dessus.
15:29C'est déjà tout à fait remarquable,
15:30surtout avec le peu de moyens qu'ils avaient.
15:32Alors après, sur une IA, il y a deux choses.
15:35Il y a le cœur du système, mais il y a plein de garde-fous
15:38qui sont mis aussi, par exemple, pour…
15:41Si vous demandez à DeepSeek ce qu'ils pensent du gouvernement chinois,
15:44ils vous répondent tout de suite.
15:45Je ne peux pas répondre à ces choses-là.
15:47Si vous demandez à des IA occidentales
15:50ce qu'elles pensent d'Adolf Hitler, immédiatement, machin.
15:54Et c'est les exemples qui ont été pris sur l'IA Lucie
15:58où il n'y avait pas de garde-fous.
15:59Donc évidemment, ça répond.
16:00Donc le principe de ce qu'on appelle un LLM,
16:03donc c'est les IA génératives, ça prend la question,
16:06ça répond forcément.
16:09Donc s'il n'y a pas de garde-fous, ça vous répond.
16:11Alors concernant les calculs de maths, c'est encore autre chose.
16:15C'est-à-dire que c'est des mécanismes complémentaires.
16:17L'IA, elle peut vous dire de façon brute n'importe quoi,
16:20mais elle vous renvoie un résultat cohérent.
16:22Après, évidemment, il y a encore beaucoup de travail
16:24pour que ce soit comme leur ambition le veut,
16:27une IA qui soit à destination des écoles et du monde de l'éducation.
16:30Mais moi, je crois qu'ils vont y parvenir s'il y a un peu de courage.
16:34En tout cas, je crois que ce bashing…
16:36En fait, il y a vraiment eu une séparation des mondes.
16:40Il y a beaucoup de gens qui ont critiqué.
16:42Qui étaient-ils ?
16:44C'était les médias d'abord, parce qu'évidemment,
16:46ce n'est pas acceptable aujourd'hui qu'une IA fasse une blague antisémite.
16:49Ce n'est pas acceptable.
16:51Donc forcément, le grand public et les médias se sont emparés de ça.
16:54– Et puis c'était sans doute aussi ce parallèle qui était terrible
16:57entre dix psyches…
16:59– Et oui, alors ça, ils y sont pour rien, c'est tombé au même moment.
17:01– Bien sûr.
17:02– Et alors, dans le milieu de la tech, il y a quand même beaucoup de gens
17:05qui ont plutôt pris des pincettes, voire même ont défendu leur initiative.
17:10Parce qu'on sait très bien qu'il peut y avoir beaucoup de R&D,
17:14un résultat déjà 99% satisfaisant,
17:18mais le dernier pourcent, c'est ce qui fait qu'on se fait basher.
17:21Alors voilà, moi, je ne fais pas partie de ceux qui vont basher la technique
17:23et leurs efforts.
17:24En revanche, clairement, il faut arrêter de penser qu'on est les rois du monde
17:29et de faire du marketing à deux balles.
17:32Franchement, ça manque d'humilité, cette affaire.
17:34Moi, j'évolue depuis quelques années dans le milieu de la cybersécurité,
17:37qui est un milieu extrêmement humble.
17:39C'est-à-dire qu'avant d'être certain, on a le temps de faire le tour de la cour.
17:45– On est certain jusqu'à preuve du contraire, en plus.
17:47– Et c'est même un milieu qui ne sait pas trop se vendre.
17:50Ça, c'est le problème, quand on est trop humble.
17:53Mais bon, il aurait fallu trouver l'équilibre.
17:55Moi, je crois qu'ils ont reçu une bonne leçon personnelle.
17:58J'espère que ça ne va pas couper leur initiative,
18:03qu'il y aura un peu d'intelligence pour la poursuite de ce projet.
18:06Voilà, parce qu'ils ont fait, évidemment, un très bon travail technique.
18:11– Alors, j'aimerais qu'on passe à présent au deuxième volet de cette émission.
18:15Un volet très important, c'est celui du traitement des données,
18:18la fameuse data, big data.
18:20On parle souvent, notamment, des clouds.
18:23Ils sont rarement, là encore, européens.
18:26Qui sont les géants, aujourd'hui, dans le domaine du stockage de données ?
18:29– Alors, les géants, c'est les mêmes.
18:30C'est les géants américains, les GAFA, pour être clair.
18:33Microsoft, Amazon, Google, bien sûr.
18:39Et puis, on a l'équivalent en Chine.
18:41Donc, ça, c'est les géants du cloud mondial,
18:46qui partagent, je dirais, le monde en deux.
18:51Et on a clairement, si vous voulez,
18:53je pense que ce qu'on voit en géopolitique,
18:55c'est avec d'un côté les BRICS, de l'autre côté l'OTAN, etc.
18:58On a à peu près la même chose dans le numérique.
19:00Dans les boîtes européennes,
19:04il y a quand même de belles initiatives,
19:07des clouds qui fonctionnent très bien.
19:08On a OVHcloud, qui est quand même le champion européen du cloud
19:11et qui commence à flirter, à être comparé avec des clouds américains.
19:17Donc, ça, c'est plutôt une bonne chose.
19:18C'est encore trop rare et, encore une fois, la discussion est la suivante.
19:22C'est comment faire pour que OVH et d'autres,
19:26il y a Scaleway, le groupe Iliad,
19:27il y a le groupe Dassault aussi, qui a beaucoup investi dans le numérique
19:32et précisément dans les centres de données,
19:35puisque c'est ce dont on parle.
19:37Il faut que nos achats publics soient fléchés vers ces clouds
19:42et cesse d'aller commander des services qui sont hébergés en Amérique ou en Chine ou ailleurs.
19:47Alors, avant d'aller dans les conséquences, évidemment,
19:49de ces hébergements de cloud à l'étranger, etc.,
19:52on peut évidemment se dire que quand on développe de l'IA,
19:54on a besoin des données et forcément, si on n'a pas de données,
19:57puisqu'on ne maîtrise pas ces clouds, c'est plus difficile.
20:00Donc, finalement, c'est un peu une logique perdante-perdante.
20:03Oui, alors là-dessus, je serais plus modéré parce qu'Internet,
20:06qui est accessible publiquement, c'est là où il y a toute la donnée.
20:10ChatGPT, vous savez comment ils ont entraîné leur modèle ?
20:13J'ai appris ça, c'est assez particulier.
20:15Ils ont développé, en fait, un traducteur de vidéos à texte,
20:20transformé une vidéo en du texte et ils ont scanné tout YouTube.
20:25Donc, ils ont produit plein de textes qui correspondaient aux vidéos
20:29et ils ont entraîné leurs IA sur ces vidéos publiques.
20:31Donc, il n'y a pas besoin d'avoir, en l'occurrence,
20:34des centres de données en France ou ailleurs.
20:36Alors ça, c'est pour des IA grand public.
20:38Si on parle d'IA qui vont être spécialisées dans le médical,
20:42par exemple, là, vous avez absolument raison,
20:44il faut des données que nous maîtrisions, etc.
20:47Mais ça, c'est assez particulier
20:49parce que le savoir humain, ils se sont rendus compte,
20:52depuis des années, passe beaucoup par YouTube, par des tutoriels.
20:55En fait, c'est beaucoup d'informel,
20:57y compris dans tous les milieux spécialisés,
20:58dans tous les…
21:00Enfin, je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé,
21:02mais moi, ça m'arrive régulièrement dans le monde du bricolage, par exemple.
21:05Si vous voulez apprendre à faire un truc…
21:06– Ou de la cuisine.
21:07– Ou de la cuisine, vous tapez sur YouTube, vous avez les tutos.
21:11Donc, c'est comme ça que ChatGPT est monté
21:14et c'est aussi comme ça qu'ils sont en train de doubler Google
21:16parce que les résultats sont beaucoup plus pertinents.
21:18Voilà, le savoir humain aujourd'hui, il est beaucoup en vidéo,
21:20il est un peu moins en texte.
21:21Alors, je ne parle pas du savoir scientifique,
21:24je parle du savoir, je dirais, commun.
21:26Alors après, il y a les IA spécialisées qui sont très nombreuses,
21:30qui vont aider la défense, le médical, l'énergie.
21:35Alors tout ça, il faut des données que nous maîtrisons, effectivement.
21:38Et le sujet, c'est les données sensibles.
21:40Les données du médical en France sont très protégées par nos lois européennes.
21:44On ne peut pas exporter des données de santé comme ça.
21:47Donc, il y a des accords, probablement, à trouver.
21:49Il y a un équilibre pour permettre l'innovation.
21:52En matière d'intelligence artificielle, déverrouiller un système qui s'est auto-verrouillé.
21:57On a voulu protéger, et c'est légitime, les données personnelles des patients.
22:03Bon, très bien, mais il faut aussi être capable, derrière,
22:06d'aller faire progresser la technique et la science.
22:08– Surtout qu'on va le voir, les domaines de santé,
22:13les données de santé des Français sont hébergées par Microsoft
22:15qui n'est donc pas français.
22:17J'aimerais toutefois, avant, qu'on écoute Fabrice Epelboin.
22:20Il est enseignant à Sciences Po.
22:22Il évoquait la fragilité, donc, de certaines institutions françaises,
22:25à commencer par la plus importante d'entre elles, la défense.
22:28– La situation des armées est assez préoccupante.
22:30Nicolas Sarkozy leur a imposé Microsoft.
22:33Il y a un problème de porosité entre Microsoft et les politiques français,
22:38pour des raisons que je ne vais pas dire sur un plateau de télé.
22:40Des raisons d'influence de la société Microsoft envers,
22:43dans un temps passé, le Parti Socialiste et par la suite,
22:46la République En Marche, qui nous ont donné des scandales à répétition,
22:49que ce soit l'éducation nationale,
22:50l'implantation de Microsoft dans les armées.
22:53La plupart des grands scandales technologiques français
22:55sont liés à Microsoft d'une façon ou d'une autre.
22:56La réalité, c'est que les militaires à qui on a imposé Microsoft,
22:59sursécurisent tous les périmètres qui sont concernés par Microsoft,
23:03parce qu'ils sont terrifiés à l'idée que l'ANSA,
23:07qui a accès ouvert à tout ce qui est Microsoft,
23:09puisse pénétrer les réseaux des armées.
23:11Alors ça, c'est incroyable, parce que c'est public, c'est BFM,
23:14donc même si tout le monde ne regarde pas BFM,
23:16on peut prendre connaissance de ces informations, c'est du délire.
23:20Oui, alors, et Pelleboy, il n'a pas sa langue dans la poche,
23:22et tout ce qu'il dit est sourcé.
23:23Donc, c'est quelqu'un vraiment de confiance,
23:25moi, que je connais très bien, et on discute pas mal.
23:29Et effectivement, les affaires de Microsoft,
23:32d'abord, c'est une question de lobby,
23:35encore une fois, c'est une question de lobby,
23:36c'est une question de lobby,
23:38d'abord, c'est une question de lobby,
23:40encore une fois, c'est une question de puissance.
23:42C'est-à-dire que ce que mènent les États-Unis,
23:45ils mènent une guerre économique à l'Europe et au monde entier.
23:47Ça, c'est clair, la guerre économique,
23:49ça ne veut pas dire qu'on fait la guerre pour de vrai,
23:51ça ne veut pas dire qu'on tue des gens.
23:53Ça veut dire qu'en matière économique, il n'y a pas de quartier,
23:57et que pour gagner et remporter la guerre économique,
24:01il faut avoir imposé ses solutions, ses services, ses produits.
24:06C'est ce que font les Américains, ils le font très bien,
24:08et ils ont bien compris depuis très longtemps
24:11que le milieu militaire,
24:14c'est par là que la technologie progresse.
24:17Ça a toujours été par là.
24:19C'est en cherchant à faire des bombes atomiques
24:23qu'on a finalement réussi à faire des centrales nucléaires.
24:26Je schématise, mais ça vient toujours par là.
24:28Et en matière numérique, c'est le domaine militaire,
24:33c'est le premier domaine.
24:34Pourquoi Elon Musk a réussi à développer ses fusées ?
24:38Parce qu'il a été financé par l'armée américaine,
24:41y compris Facebook, y compris Microsoft.
24:43Ce sont des gens qui travaillent étroitement
24:46avec les armées américaines, la NSA, etc.
24:48Donc nos propres militaires ont bien compris,
24:50mais c'est vrai que c'est scandaleux qu'il y ait eu à ce niveau-là,
24:55cette implantation des produits Microsoft en leur sein.
24:58C'est tout à fait scandaleux.
24:59Honnêtement, il faut réfléchir à qui la faute ?
25:03La faute aux politiques, à ceux qui ont choisi.
25:05Certainement pas la faute aux militaires eux-mêmes.
25:09– Oui, bien sûr.
25:10Et puis quand vous dites que c'est du lobbying, vous avez raison.
25:12C'est-à-dire que les États-Unis et les entreprises américaines,
25:15de surcroît Microsoft, ont tous les droits de défendre leurs intérêts.
25:20Ce qu'on peut déplorer, bien sûr,
25:21c'est qu'il s'agisse du niveau européen ou du niveau français,
25:25les représentants politiques, publics,
25:28ne soient pas dans la défense de nos propres intérêts.
25:30– Non, alors je ne connais pas exactement leur idée précise,
25:36mais je pense qu'ils n'ont pas confiance dans les Français.
25:41Il y a une sorte…
25:43Le vrai bashing des technologies européennes et françaises,
25:47il est au plus haut niveau.
25:49Il ne l'est pas forcément à des niveaux intermédiaires.
25:52Nous, on travaille chez Waller, on vend donc à des services publics.
25:56On voit beaucoup de fonctionnaires, beaucoup d'initiatives
25:59qui ont envie de choisir du Made in France.
26:02Mais là, évidemment, ce qu'il faut regarder,
26:05c'est la stratégie de l'État français en particulier.
26:08Ce dont parle Fabrice Eppelboin, en fait, c'est quasiment la relation
26:15d'admiration ou de disciples d'Emmanuel Macron vis-à-vis des GAFA.
26:26Preuve en est son grand sommet sur ce qu'il appelle Choose France,
26:31qui est en fait l'inverse de Choose France.
26:33Alors ça, c'est encore autre chose.
26:35À la limite, French Tech, il faudrait le remettre en français.
26:38Choose France, pourquoi pas ?
26:39Parce que ça s'adresse à des étrangers.
26:41– Oui, c'est à l'extérieur, soit.
26:43– Cependant, je suis bien d'accord avec vous.
26:46Mais le Choose France, il y a deux façons de le voir.
26:48Soit Choose France, c'est choisissez nos solutions françaises.
26:51Soit Choose France, c'est choisissez la France pour nous envahir technologiquement.
26:56– Oui, bien sûr.
26:57– Je dis bien technologiquement.
26:59Et c'est ce qui se passe, c'est ça le Choose France,
27:01c'est investissez dans nos entreprises, c'est ça le message.
27:04Et au dernier sommet de Choose France, l'année dernière,
27:07quelle a été la grande annonce ?
27:08La grande annonce, c'est la construction d'un centre de données de Microsoft,
27:11un énorme centre de données en France, qui devrait démarrer.
27:16Et voilà, c'est ça l'annonce.
27:17Et je me souviens même que cette annonce a été faite
27:20avec les logos de Microsoft derrière nos représentants politiques,
27:24derrière le ministre.
27:26Ça, c'est inacceptable, c'est inacceptable.
27:29Alors que Choose France, pardon,
27:31si j'avais à choisir ce que devait être Choose France,
27:34moi j'en ferais un lieu d'exposition du génie français,
27:37et certainement pas un lieu de rachat de nos pépites.
27:41Parce que ce qui se passe, c'est que cette politique
27:43d'investissement dans nos entreprises, elle a une limite.
27:46C'est qu'à la fin, nos entreprises finissent par changer de pavillon.
27:51Elles finissent par devenir américaines en particulier.
27:53Donc ce n'est plus nos entreprises.
27:54– Alors justement, on se rappelle évidemment
27:56de la période de la crise sanitaire du Covid.
27:59Il a fallu mettre, nos dirigeants politiques ont considéré
28:03qu'il était nécessaire d'avoir une base de données de santé.
28:06Là encore, c'est bien Microsoft qui a été choisi.
28:09La raison évoquée, c'est bien entendu qu'il n'y avait pas
28:12d'alternative européenne ou française.
28:15Qu'en est-il de ces entreprises type Atos,
28:19qui n'ont pas très bien vécu le passage de Thierry Breton ?
28:21Qu'en est-il d'Asso ?
28:23Pourquoi est-ce qu'il n'y avait pas d'alternative ?
28:26Ou est-ce qu'il y en avait, mais on a préféré la solution américaine ?
28:28– Qu'il y en ait ou non, il fallait confier ses chantiers à des Français.
28:33Point barre.
28:34Ça c'est mon avis.
28:36Je peux étayer un peu ce qu'a défendu le ministre Cédric O,
28:41à l'époque devant le Sénat, et à une question de la sénatrice
28:45Catherine Morin de Sailly, qui s'intéresse beaucoup à ces sujets.
28:48C'est de dire qu'il n'y avait pas eu d'appel d'offres,
28:50ce qui est déjà un scandale.
28:53– C'est d'ailleurs quasi illégal, non ?
28:54– Alors pas forcément, parce que si vous n'avez vraiment aucune solution,
28:57c'est encore autre chose.
28:58Mais en prétendant qu'il n'y avait pas de solution du marché,
29:01en dehors de Microsoft, pour faire ce qu'ils voulaient faire.
29:05Ce que j'observe, c'est que depuis, ça c'était 2020,
29:08depuis cinq ans, la France donne énormément d'argent à Microsoft
29:12pour avoir ce centre de données.
29:15Alors ça, c'est autant d'argent, je ne sais pas combien de millions
29:19ou de milliards, mais autant d'argent qu'on aurait pu investir.
29:22En fait, si on analyse un peu, c'est une question de rapport au temps.
29:27C'est-à-dire que nous avons des politiques aujourd'hui,
29:30depuis des dizaines d'années, qui ne sont que dans le court-termisme
29:33et le solutionnisme vis-à-vis des technologies.
29:36Il faut que ça fonctionne, il faut que ça fonctionne tout de suite
29:39et parfaitement bien.
29:42Ça, évidemment, c'est se mettre sous la coupe américaine.
29:45Pourquoi ? Parce qu'ils ont de l'avance.
29:48Dans cette logique, on ne confiera jamais de chantier important
29:51à une solution qui n'est pas américaine ou à une solution européenne.
29:54Jamais.
29:55Il faut changer de logiciel, il faut se remettre dans un temps long,
29:58qui est la seule condition pour recréer de l'industrie.
30:01L'industrie, c'est des dizaines d'années d'investissement.
30:03Enfin, vous voyez bien, ça ne se construit pas en cinq minutes.
30:06Il aurait fallu accepter de ne pas être tout à fait à l'état de l'art,
30:11que le système choisi au départ ne réponde pas à tous les besoins
30:15qui étaient identifiés, compte tenu de ce qu'on sait
30:17qu'il est possible de faire sur les solutions américaines.
30:20Il aurait fallu l'accepter et décider de confier à celui-ci.
30:22Oui, parce que c'est ça, comme on a à l'esprit les solutions américaines,
30:24on les calque.
30:25Aujourd'hui, cinq ans après, on aurait un système équivalent
30:28et il serait français.
30:29Il aurait été confié aux entreprises qu'on a citées tout à l'heure,
30:32à OVH en particulier ou d'autres, et on saurait le faire.
30:35Ces entreprises auraient eu les moyens de financer,
30:37non pas l'innovation, mais le progrès technologique,
30:40et seraient en capacité d'aller vendre internationalement
30:44des solutions équivalentes contre Microsoft ou contre Google.
30:48On a donc pris cinq ans dans la vue.
30:50Et c'est ainsi de suite.
30:52Donc, non seulement on donne de l'argent aux firmes américaines,
30:54mais en plus, on perd de l'argent sur l'investissement
30:57qu'on aurait pu faire si on les avait confiés à des entreprises françaises.
31:01Quand vous voyez le prix d'un contrat confié aux États-Unis
31:06ou aux solutions étrangères,
31:07il faut que vous fassiez x2 pour cette raison.
31:10On perd x2.
31:12– Alors, j'aimerais peut-être vous faire écouter Thierry Mariani.
31:14Il était à votre place il y a quelques jours
31:16et je pense que ça va aller dans le même sens que ce que vous venez de dire.
31:20– J'ai découvert cette semaine que la Suisse pouvait se payer
31:23son cloud souverain, alors qu'en Europe, à part des déclarations
31:28pendant des mois de M. Breton, elle n'en est toujours pas là.
31:30– Alors, c'est vrai, c'est pourquoi la Suisse, ce petit pays,
31:39certes un peu arrangeant sur le plan fiscal,
31:41mais quand même tout petit pays qui n'est pas dans l'Europe ?
31:43– Vous venez de répondre à la question.
31:47Le premier adversaire, à mon sens, et ce n'est vraiment pas un avis partagé
31:51par la plupart de mes collègues dans la tech, vraiment pas.
31:54Moi, mon avis, c'est que le premier adversaire du développement
31:59de cette puissance technologique et industrielle,
32:02le premier adversaire, c'est l'Union Européenne.
32:05Pourquoi ?
32:06C'est elle qui nous empêche de flécher la commande publique
32:08auprès de nos entreprises nationales.
32:11Encore une fois, ou européennes.
32:13Je ne suis pas chauvin au point de penser qu'il n'y a que les Français
32:16qui réussissent à faire de bonnes solutions.
32:19– C'est quand même un point crucial, parce que que l'UE
32:23ne soit pas favorable à la France, encore admettons,
32:25mais que l'UE ne soit pas favorable à l'UE, c'est problématique.
32:27– Mais c'est ça, c'est le cas dans plein de domaines.
32:30Alors, ce que sait faire l'Union Européenne, c'est légiférer, réglementer.
32:34Donc, c'est les génies de la réglementation avec le héros tout en haut,
32:37Thierry Breton, qui apparemment est parti,
32:40mais voilà ce qu'il save faire, légiférer, réglementer.
32:43Dans le monde que l'on voit post-Trump, post-élection de Trump,
32:47où on voit finalement que la politique américaine va se cristalliser,
32:50va se recentrer sur elle-même et va assumer à fond
32:54sa politique de protectionnisme,
32:56qu'elle a par ailleurs toujours mise en place, mise en œuvre.
33:00Dans ce monde-là, clairement, la réglementation européenne,
33:03ça va faire pchit.
33:06Qu'est-ce que ça veut dire ?
33:08Alors, moi, je pense là, vous voyez bien ce à quoi je pense,
33:10je pense aux menaces de Thierry Breton vis-à-vis d'Elon Musk.
33:14Donc, il s'en défend, mais selon moi, il en a fait une affaire personnelle.
33:19C'est la menace de, on coupe Twitter.
33:21Mais si on coupe Twitter et X en France, on coupe Facebook aussi.
33:26Parce que sur le sujet de la régulation des contenus,
33:30Facebook est en train radicalement de changer.
33:32Parce que ces légafemmes, toutes les puissances américaines,
33:36l'industrie américaine, ils sont tous légalistes.
33:38Parce que la seule crainte qu'ils ont,
33:41c'est d'être vendus à la découpe aux États-Unis.
33:46Parce qu'ils sont en situation de monopole,
33:47de fait, et que ce n'est pas conforme à la loi américaine.
33:49Sauf que, comme ce sont des puissances,
33:51enfin, des outils de la puissance américaine,
33:53ils ne vont pas être vendus à la découpe.
33:55On ne va pas séparer Instagram de WhatsApp de Facebook.
33:58C'est leur seule crainte.
34:00Et donc, ils sont légalistes.
34:03Zuckerberg, le patron de Meta, il est en train de s'aligner
34:05sur toute l'idéologie et toutes les idées politiques de Trump.
34:10Il veut faire sortir le wokeisme, etc.
34:12Ils vont tous faire ça. Google, pareil.
34:14Donc, à la fin, on va faire quoi ?
34:16On va supprimer toutes ces plateformes de l'Europe, jamais de la vie.
34:19Donc, en fait, l'Europe, avec ses lois, ses amendes, ses trucs, menace.
34:24Vous allez voir Trump derrière, il va faire quoi ?
34:26Il va monter nos droits de douane sur tous les produits.
34:29Voilà, c'est impossible.
34:31Donc, en fait, on s'est créé un arsenal.
34:33Et là, ça continue.
34:34Quand je vois…
34:35Au début, ça avait commencé par la RGPD,
34:37la Réglementation pour la Protection des Données,
34:39il y a quelques années, 2018.
34:41– Ce qui a mis dans le mâle énormément d'entreprise française.
34:42– C'est ce qu'on a dit à cette époque.
34:43Moi, je me disais, mais c'est pas mal, parce qu'on a nos règles, machin.
34:46En fait, depuis, on a créé des dizaines de réglementations dans le numérique.
34:52Et là, ça continue sur l'IA, etc.
34:54Tout le monde s'en félicite.
34:56Moi, j'avoue ne pas comprendre,
34:57parce qu'en fait, je pense que ce sont des instruments d'impuissance.
35:00D'impuissance.
35:01C'est-à-dire que ça va être inapplicable.
35:02D'ailleurs, la RGPD, ce qu'on a vu, c'était que c'était inapplicable.
35:05Je ne sais plus, moins de 1% des sanctions qui auraient pu être prises
35:08ont été prises par Acnel.
35:09Moins de 1%.
35:10Encore, si ça avait permis d'apporter de l'argent en France, machin.
35:15Non.
35:17Donc, en fait, pour moi, toutes ces questions de pourquoi la Suisse
35:22a réussi à faire son cloud ou ses clouds ?
35:24Alors, je ne dirais pas qu'on n'a pas de cloud souverains en France.
35:27On a des clouds souverains.
35:28Encore une fois, je ne vais pas les citer 100 fois non plus,
35:30mais OVHcloud, Scaleway, Outscale du groupe Dassault,
35:35tous ces gens-là produisent des clouds souverains.
35:37Et ce n'est pas les seuls.
35:39Alors, le problème, c'est que c'est une taille un peu petite.
35:41Mais c'est quand même amusant, ce que dit M. Mariani.
35:44C'est-à-dire qu'en Suisse, on n'a pas honte de ça.
35:46En France, on a honte de ça, alors qu'on a probablement
35:49des clouds souverains beaucoup plus puissants,
35:50beaucoup plus étendus qu'en Suisse.
35:52Nos armées le savent.
35:54Il y a aussi les clouds de l'État qui protègent les données secrètes, etc.
35:58Ça existe.
35:59Ce sont des clouds souverains.
36:00Mais on a aussi, évidemment, la gabegie des projets nationaux
36:04qui ont été faits, CloudWatt en particulier,
36:07où on a voulu créer des clouds souverains
36:09et où l'État s'est inventé entrepreneur, ce qu'il ne sait pas faire.
36:12Et c'est normal, ce n'est pas son rôle.
36:14Ce n'est certainement pas le rôle des hauts fonctionnaires
36:16d'aller faire de l'innovation ou de l'industrie.
36:20Il faut que notre pays, nos dirigeants, apprennent.
36:24Enfin, ce n'est pas apprennent, change de chemise, change de direction.
36:28Il faut qu'ils apprennent à être fiers de ce que nous pouvons faire
36:30et d'arrêter de bâcher, au moins par leurs décisions
36:34et leur pudeur de gazelle, à ne pas défendre les technologies françaises.
36:40C'est insupportable.
36:42C'est insupportable, mais ça va finir, ça, ça va finir très vite.
36:46Parce que vous voyez, maintenant, il n'y a plus de pudeur aux États-Unis.
36:49Il n'y a plus de pudeur.
36:50En Suisse, il n'y a pas de pudeur.
36:52À dire, on est bon. C'est ça que je veux dire.
36:54La pudeur de dire, on sait faire.
36:56C'est quand même insupportable.
36:57Alors, ça, c'est un problème franco-français, en réalité.
37:00Je ne suis même pas certain que dans tous les pays de l'Union européenne,
37:02ce soit le cas.
37:03L'Allemagne, ce n'est pas le cas.
37:05En France, il y a un problème entre l'État et la nation.
37:09Il y a un problème.
37:09Il y a certains services publics,
37:11comme la Direction interministérielle du numérique,
37:13qui décident, en théorie, tous les outils que l'État devrait choisir.
37:17Ces gens-là détestent les entreprises privées.
37:19Ils choisissent que des solutions open source,
37:21que des choses qui s'appuient le moins possible sur un capital privé.
37:24Ils n'aiment pas la nation.
37:26Et ça, il faut changer, il faut faire le ménage.
37:29Il n'est pas normal que l'État ne protège pas ses concitoyens,
37:33qui devraient être la priorité numéro un.
37:35– Alors qu'on comprenne bien, en plus,
37:36parce que ce n'est pas qu'une question de patriotisme
37:39et de carte d'identité d'entreprise.
37:42Quand on parle du cloud qui est utilisé, notamment par la Défense,
37:47on l'a vu, qui est hébergé aux États-Unis,
37:50c'est que quand on met nos données dans le circuit américain,
37:55ça nous expose.
37:56– Exactement.
37:57– Ça nous expose notamment à l'extraterritorialité du droit américain.
37:59– Voilà, exactement.
38:01Les États-Unis d'Amérique ont des lois
38:04qui s'appliquent sur des territoires extérieurs.
38:06N'importe quelle entreprise ou filiale d'une entreprise américaine
38:10qui gère des services, en particulier numériques,
38:14eh bien l'État, la NSA, le FBI, etc.,
38:18peuvent, pour des raisons économiques ou quelles que soient les raisons,
38:21aller regarder ce qui se passe.
38:23Et évidemment, chacun des grands GAFA
38:27ont développé des portes grandes ouvertes aux services américains, bien sûr.
38:32Encore une fois, ils sont légalistes, c'est tout à fait normal.
38:36C'est aussi, évidemment, des lois de puissance américaine.
38:40Donc, évidemment, si vous utilisez Teams aujourd'hui pour faire de la visio,
38:46toutes vos conversations se retrouvent sur des serveurs américains
38:50et vous pouvez être certain,
38:51surtout si vous vous appelez Ministère des Armées
38:54ou quoi que ce soit d'autre, d'officiel et de sensible,
38:57vous pouvez être certain que c'est exploité.
38:59Tout le monde le sait, tous les décideurs le savent,
39:02c'est un énorme problème, c'est l'éléphant dans la pièce.
39:05Et c'est l'une des raisons pour lesquelles
39:09il faut absolument développer notre industrie.
39:12Et c'est ça, la souveraineté.
39:14C'est-à-dire qu'il n'y a pas de souveraineté quand vos données sensibles,
39:17alors je parle du secret industriel, par exemple,
39:20l'invention, l'innovation, on ne peut pas se dire
39:24allez, ok, on réindustrialise, on recrée, on va créer.
39:27Par exemple, hier, j'ai croisé une patronne de la tech
39:30dans le milieu du quantique, qui fait des…
39:33ils arrivent, ils font de la recherche, ils trouvent des choses,
39:35voilà, ils sont les premiers à les trouver.
39:38Si ce qu'ils trouvent se retrouve sur un serveur américain, c'est fini.
39:44Il y a une boîte américaine qui va le faire.
39:45– On a légalisé l'espionnage industriel.
39:48– Ah, ça c'est certain, ça c'est certain.
39:51Et donc, il faut, avant de réindustrialiser la France,
39:55avant de mener une géopolitique dans l'énergie,
39:58dans les transports, dans l'industrie,
40:00il faut d'abord la mener dans le numérique
40:03pour reprendre, au moins, pour tout ce qui est données sensibles,
40:05données secrètes, secrets industriels, etc.,
40:09dans le public et dans le privé,
40:11avoir les moyens de notre confidentialité et de notre cybersécurité.
40:16– Peut-être que, pour terminer cette démonstration,
40:18on va prendre un autre exemple, c'est celui de Palantir,
40:20un logiciel qui a été co-fondé par Peter Thiel,
40:23qui a été d'ailleurs associé à Elon Musk dans la firme Paypal.
40:28C'est un incroyable logiciel de traitement de données,
40:33c'est l'instrument utilisé aujourd'hui en France par la DGSE.
40:38– Oui, c'est l'outil numérique qui permet d'aller chercher
40:44des informations sur qui que ce soit dans le monde,
40:47et parfois en temps réel.
40:49C'est les outils qu'on voit, je ne sais pas si vos téléspectateurs
40:53ont vu le biopic de l'espion américain,
40:58pardon, pas de l'espion américain, son nom échappe, pardon,
41:01où on voit les services de la NSA, et c'est des outils,
41:05vous cliquez et vous arrivez même à activer parfois
41:08les caméras de smartphone, etc., c'est des outils comme ça.
41:12Donc, la France a souscrit à ce service, bon, très bien,
41:15et bien, toutes les recherches qu'a effectuées la France
41:18sont connues par les États-Unis, toutes les recherches,
41:20puisque c'est un outil de recherche qui permet d'avoir du résultat
41:23et de comprendre des données, tout est connu, voilà.
41:27Et sur ce sujet, il y a des alternatives françaises
41:30qui sont en train d'naître, c'est-à-dire qu'il y a des entreprises
41:33qui essayent de refaire la même chose, ou des choses un peu similaires,
41:37et qui, j'espère, un jour seront choisies sur des marchés plus larges
41:40que leurs marchés actuels, mais ils ont déjà des contrats
41:43avec des armées en particulier, voilà.
41:45Donc, simplement, c'est inacceptable, inacceptable.
41:48– Alors, ce qui est aussi, on n'en a pas encore parlé peut-être,
41:51mais là, on parle de quelque chose qui est virtuel, puisque c'est le cloud,
41:55il y a aussi du matériel physique qui est utilisé,
41:58je pense notamment aux câbles, on parle beaucoup des câbles sous-marins
42:01qui peuvent être dégradés, on a parlé à l'époque de Nord Stream
42:05pour l'énergie, à qui appartiennent ces câbles ?
42:08Et puis surtout, comment on fait quand ce ne sont pas nos câbles
42:13pour en assurer la sécurité et l'intégrité ?
42:17– Alors, ce qu'on dit souvent, Internet est américain, voilà,
42:20bon, ce n'est pas entièrement vrai, mais c'est quand même largement vrai,
42:24c'est les câbles, c'est les routeurs, c'est les serveurs,
42:26autant de briques techniques et physiques qui constituent l'Internet d'aujourd'hui
42:30et jusqu'aux terminaux, qui sont les points les plus sensibles,
42:33les terminaux, c'est les téléphones, les ordinateurs, voilà.
42:37Il y a une chaîne extrêmement vaste sur laquelle tournent,
42:42évidemment, des logiciels, il faut avoir la main sur tout, voilà.
42:47Il faut conduire une politique.
42:49Il y a quelques années, il me semble qu'à l'Assemblée nationale,
42:52l'entreprise Huawei voulait fournir, je ne sais plus quel appareil,
42:58peut-être des routeurs Wi-Fi ou des choses comme ça.
43:00– Une entreprise chinoise.
43:02– Exactement, une entreprise chinoise,
43:04une entreprise chinoise qui, pareil, a des antennes 4G, etc. en France.
43:10Donc, il y a tout ce sujet, en fait, des briques physiques,
43:14c'est extrêmement important, parce que les briques physiques,
43:17c'est ce qui conduit, en théorie, un signal, etc.
43:20mais c'est surtout, physiquement, un cheval de trois.
43:24C'est-à-dire qu'il y a probablement, dans ces briques-là,
43:26et ça, c'est une certitude, y compris les briques américaines,
43:28par exemple, les routeurs.
43:29Alors, les routeurs, il faut comprendre,
43:31c'est comme des échangeurs d'autoroutes sur Internet.
43:33Donc, vous avez les câbles qui rentrent, puis les câbles qui sortent.
43:36Donc, voilà, ça distribue l'information.
43:40Il y a des routeurs américains,
43:41on sait très bien que la NSA a accès à chacun de ces routeurs.
43:45Parfois même, il y a des puces téléphoniques dans les routeurs,
43:50dans les appareils physiques, qui permettent d'en prendre le contrôle,
43:54même si cet appareil n'est pas connecté à Internet.
43:57D'accord ?
43:57Donc, ça permet de rentrer dans des réseaux privés.
43:59Ce que je vous raconte, là, ce n'est pas de la science-fiction.
44:01– C'est vrai que ça ressemble un peu à Big Brother, quand même.
44:03– Oui, mais en réalité, c'est un cheval de trois.
44:06C'est très simple.
44:06Vous voyez une puce SIM, une carte SIM, vous avez ça dans votre téléphone.
44:09Vous mettez l'équivalent dans un boîtier,
44:12et puis, vous dites à votre lien, non, non, mais vous branchez vos câbles et tout.
44:14Et vous, vous avez accès avec votre boîtier,
44:16ce qu'on appelle les objets connectés.
44:18Il n'y a rien de sorcier, d'un point de vue technique.
44:20C'est pour ça que dans les centres de données sécurisés,
44:23ils mettent ce qu'on appelle des cages de Faraday,
44:24c'est-à-dire des cages en métal, et ça bloque les signaux.
44:27On sait que les signaux radios, les signaux invisibles, en fait,
44:30sont des vecteurs connus dans le milieu de l'espionnage,
44:34dans le milieu des cyberattaques, etc.
44:36– Ça rappelle, pardon, cette séquence avec ces espions, entre guillemets,
44:38je crois que c'était des agents, justement, de la DGSE,
44:41qui, en plus de servir de palantir, avaient des montres connectées.
44:44– Oui, oui, non mais, bien sûr, bien sûr.
44:46Donc, en fait, c'est toute la chaîne.
44:48Je ne voudrais pas affoler nos décideurs ou quoi.
44:50– Je crois que c'est trop tard, c'est fait.
44:52– Ce qu'il faut comprendre, c'est que nos capacités de connaissance
44:57de ces sujets, en France, sont très élevées.
45:00On a des capacités de cyberdéfense très élevées,
45:02de cyberattaque très élevées, en particulier en lien avec les armées et l'État.
45:06On n'est pas du tout à poil, pardonnez-moi de parler comme ça,
45:08mais on a un écosystème d'entreprise dans le milieu du cyber extrêmement vaste,
45:13extrêmement vaste.
45:14Je suis tombé l'autre jour sur un panel qui est fait européen par le FIC,
45:20qui est le salon international de la cyber,
45:23où ils exposent comparativement, par domaine,
45:25toutes les entreprises qui existent en Europe.
45:28À chaque fois, il y a une énorme patate française, à chaque fois.
45:32Alors, je n'ai pas fait le compte total,
45:34mais il est probable que, dans le milieu de la cyber,
45:37la moitié des entreprises européennes soient françaises.
45:40En tout cas, c'est ce que je pense.
45:42Donc, même si aujourd'hui,
45:44nous ne fabriquons pas physiquement telle ou telle chose,
45:47même si nous n'avons pas codé de A à Z des systèmes d'exploitation,
45:51des logiciels, on est capable de les sécuriser,
45:53capable de les maîtriser.
45:54On ne pourra pas, évidemment, du jour au lendemain,
45:57tout refaire comme on fait chinois.
45:58Ça leur prend des dizaines d'années, mais à la fin, c'est ce qu'il faut faire.
46:01Ce qu'il faut faire, c'est reprendre la main sur la technologie.
46:04C'est d'ailleurs le titre de mon livre, qui est Rebâtir.
46:08Moi, je défends cette idée-là, qui est, encore une fois,
46:11une idée absolument pas à la mode dans le milieu tech et le milieu politique.
46:15C'est de dire non, non, il faut arrêter de faire sans cesse la course
46:18à la prochaine innovation.
46:20C'est ce que font nos politiques.
46:21Vous vous souvenez, il y a quelques années, les métavères sont sortis.
46:24On n'a jamais vu la couleur d'un métavère, mais bon.
46:27Alors, le président Macron avait dit on va faire un métavère européen.
46:31Avant, c'était la blockchain.
46:32On va faire la blockchain européenne.
46:34On va faire la blockchain française.
46:35Maintenant, c'est l'IA.
46:36On va faire l'IA française.
46:38En fait, sur tous ces sujets, l'Europe a déjà perdu.
46:43Sur tous ces sujets, les Américains ont 20 ou 30 ans d'avance.
46:45Les Chinois, maintenant, pareil.
46:47Je schématise.
46:48Donc, en fait, ce n'est pas la bonne stratégie.
46:50On a perdu à chaque fois. Pourquoi ?
46:51Parce qu'à chaque fois, on s'est emparé d'un sujet,
46:52il était déjà dans les cartons depuis un bail de l'autre côté de l'Atlantique.
46:57Donc, on avait déjà du retard.
47:00C'est pour ça que l'innovation, la thématique innovation,
47:03on n'entend que ça dans la bouche des politiques, moi, elle me dérange.
47:06Elle commence à me déranger.
47:07Autant l'innovation, quand il s'agit de dire
47:10on va faire du neuf, inventer des choses, l'invention, finalement,
47:12on devrait dire, ça, je trouve ça assez sympa.
47:14Mais on ne peut pas, dans le milieu de la technologie, inventer chaque jour.
47:17Innover, ce que ça veut dire, c'est progresser, en fait.
47:20Et le problème de l'innovation, c'est qu'on perd tout le début du progrès,
47:26qui est d'aller pas à pas, maîtriser chaque étape.
47:29Non, l'innovation, c'est ce qui reste à la fin.
47:31Vous êtes une entreprise innovante, vous avez aujourd'hui des sous financés,
47:35beaucoup plus que les autres boîtes.
47:37Un jour, nous, on faisait un réseau social
47:39qui est devenu une plateforme collaborative, etc.
47:42Waller, donc.
47:42Exactement.
47:44Un jour, j'ai été reçu à l'Élysée.
47:46Et on m'a dit, Thomas, par un conseiller numérique.
47:48Et on m'a dit, Thomas, mais en fait, tu fais de la low tech.
47:51Alors après, j'ai appris que c'était un mot, etc.
47:53Oui, parce que c'est pas high tech, c'est pas à la mode.
47:57Pourquoi ? Parce que les réseaux sociaux, ça existe déjà.
47:59Les plateformes de communication, ça existe déjà.
48:02Et on a vu ça aussi avant Covid,
48:05avec toutes ces levées de fonds qui se sont faites
48:07sur les mots intelligence artificielle,
48:09toutes ces levées de fonds qui se sont faites sur le mot blockchain, etc.
48:13En fait, et c'est du vent, c'est-à-dire qu'il n'y a rien derrière.
48:16Il n'y a rien.
48:17Bien souvent, sur l'IA en particulier, c'est l'utilisation de l'IA américaine.
48:21Donc, une entreprise se branche,
48:23elle crée un service branché sur la techno américaine.
48:26Pourquoi pas ?
48:27Et c'est ces gens-là qui obtiennent les financements.
48:30C'est ces gens-là qui obtiennent l'investissement.
48:32Mais eux, ils ont raison.
48:33C'est des entrepreneurs particuliers qui jouent leur jeu.
48:36– Oui, ils font du business, comme on disait.
48:37– Ils font du business, ils vont devenir riches, ils vont investir, machin.
48:40Et forcément, les entrepreneurs, une partie en tout cas, sont comme ça.
48:44Mais il y en a d'autres, dont je fais partie,
48:46qui sont des gens qui essayons d'avoir une vision long terme.
48:49Pour revenir à ce qu'on disait tout à l'heure.
48:51Mais avoir une vision long terme sans stratégie globale nationale,
48:55ça ne sert à rien.
48:57– Depuis tout à l'heure, vous parlez beaucoup des décideurs politiques.
49:00J'aimerais vous faire écouter Nathalie Loiseau.
49:02En plus d'être députée européenne de Renaissance,
49:06elle a également été ministre des Affaires européennes.
49:08On l'écoute tout de suite parce qu'elle nous parle souvent
49:10d'ingérence étrangère, mais pas de celle dont on a parlé aujourd'hui.
49:14– Regardez les tweets d'Elon Musk depuis plusieurs semaines.
49:17Il s'en prend au Royaume-Uni.
49:19Il s'en prend à Kirstarmer, le Premier ministre britannique.
49:22Avec des termes d'une violence inouïe.
49:23– Oui, il parle de pédophilie facilitée par Kirstarmer.
49:26– Il le qualifie de violeur en chef.
49:29Il en fait autant vis-à-vis du chancelier allemand.
49:32– Mais alors comment agir face à lui ?
49:33– Des alliés des États-Unis.
49:35C'est une ingérence flagrante de l'homme le plus riche du monde
49:38qui met sa fortune au service de son réseau social
49:42pour diffuser de la désinformation,
49:44pour, avec les algorithmes de X, manipuler ce que l'on voit
49:48ou ce qu'on ne voit pas sur l'ancien Twitter.
49:52– Générique –
49:58– Alors, je vais un peu sortir de moule,
50:00mais après tout ce qu'on a dit, là, dans cette émission, Thomas Fauré,
50:04on a quand même l'impression qu'elle se moque un peu du monde.
50:06Parce qu'on a l'impression qu'il y a l'ingérence étrangère qui dérange,
50:10qui a le mérite d'être dénoncée systématiquement par tous nos politiques.
50:15Mais il y a une autre ingérence étrangère dont on ne peut pas parler.
50:17C'est celle dont parlait François Fillon quand il expliquait
50:19que l'intégralité de son Conseil des ministres était écoutée par les États-Unis.
50:24C'est celle dont on a parlé depuis le début.
50:27Est-ce que ce n'est pas une blague, cette affaire ?
50:29– D'abord, je trouve que Mme Loiseau a placé tous les mots-clés en l'espace.
50:33J'ai eu du mal à suivre parce qu'à chaque phrase, il y avait un mot-clé important.
50:37La désinformation, l'ingérence, les algorithmes manipulés.
50:43En fait, ces politiques-là se rendent compte d'une chose.
50:46Oui, ce que je disais tout à l'heure.
50:48Nous sommes dans une guerre économique.
50:49Nous sommes face à des puissances qui n'ont pas envie de rigoler.
50:53Alors, l'ingérence, il y a plusieurs façons de le voir.
50:57L'ingérence est massive.
50:58Elle est massive.
50:59Ils ont juste les moyens de l'ingérence, en fait.
51:01Et pour moi, cette affaire de Twitter, de X, avec Elon Musk,
51:06en fait, il soutient l'AFD en Allemagne, il soutient un certain nombre de trucs.
51:11Et il l'exprime, et comme il a des millions de suiveurs sur son réseau,
51:15forcément, c'est repris, etc.
51:16En plus de ça, peut-être même qu'il met en avant ses tweets, j'en sais rien.
51:21Mais c'est le haut de l'iceberg.
51:23C'est le haut de l'iceberg.
51:24– Et à la rigueur, c'est visible.
51:25– Et oui, c'est ça.
51:27Donc, moi, je ne vois pas, elle découvre la lune, en fait.
51:30Elle découvre la lune.
51:31Il serait temps que ces politiques appliquent
51:33ce qu'ils sont en train de dénoncer à l'action politique, pas au discours.
51:38C'est bon, le discours, on a compris.
51:40– Vous diriez que c'était le DSA-Breton.
51:43– Non, mais c'est la même chose, c'est la même chose.
51:45Mais oui, mais Thierry Breton a dénoncé la même chose.
51:48Le DSA, c'est soi-disant l'arme.
51:49On en a parlé tout à l'heure, à mon avis, inefficace.
51:52Mais donc, ces politiques dénoncent l'ingérence américaine.
51:56Dont acte, dont acte.
51:58Devenons plus autonomes.
52:01Quelle politique on va mener ?
52:02Ce sont des moulins à parole.
52:04Voilà ce que ces politiques sont.
52:07Alors, j'espère que pas tous, mais en tout cas,
52:10ceux dont on a parlé sont clairement des moulins à parole.
52:13Il n'y a jamais d'action, il n'y a jamais de décision.
52:16Alors, très bien, l'Europe se rendrait compte de ça.
52:18Alors, pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, l'Union européenne
52:20est en train d'essayer de faire en sorte que le seul critère souverain
52:24qui a été amené par M. Guillaume Poupard
52:26dans la norme française de cybersécurité soit enlevé ?
52:29Ils travaillent là-dessus, l'Union européenne.
52:31Quand je dis l'Union européenne, c'est un certain nombre de pays,
52:33comme les Pays-Bas, l'Allemagne et tout.
52:35Mais non, ils sont trop proches des Américains.
52:36Donc, ils ne voudraient surtout pas ça.
52:39Moi, je crois qu'il est temps de sortir de la naïveté.
52:42Il est temps de changer de classe politique.
52:45Ces gens-là sont nuls. Ils sont nuls.
52:48À mon avis, ce n'est pas le cas de tout le monde.
52:50Mais ils sont trop peu nombreux, ceux qui comprennent les enjeux techniques.
52:54Et ce milieu de la technologie, c'est un milieu qui a créé une rupture.
52:57Enfin, l'avènement de la technologie, depuis 50 ans,
53:00a créé une rupture politique.
53:01Pourquoi ? Parce qu'en fait, avant, un politique pouvait tout comprendre.
53:06Il pouvait comprendre comment les transports fonctionnaient,
53:09comment l'écoulement des eaux marchait dans sa ville.
53:12Et encore, il fallait quelques compétences quand même.
53:14Il pouvait comprendre ça, les thématiques d'immigration,
53:18les thématiques de logement.
53:20Aujourd'hui, avec la technologie, ils ne peuvent plus tout comprendre.
53:23C'est-à-dire que c'est devenu tellement un sujet d'ingénieur,
53:27voire même, quand on parle quantique, de chercheur,
53:32qu'il faut avoir fait polytechnique, en fait.
53:33Enfin, je dis ça, je n'ai pas fait polytechnique.
53:35Mais ce que je veux dire, c'est que, et c'est ce que font les États-Unis,
53:38et c'est pour ça que Trump s'est adjoint Musk.
53:42Parce que lui, il comprend.
53:44Et que c'est un cerveau, c'est un cerveau ingénieur, en fait.
53:46Je pense que nos politiques devraient commencer à travailler un peu
53:49avec des ingénieurs, des informaticiens, des types qui savent de quoi ils parlent.
53:51– Pourtant, on nous disait que c'était des gouvernements de technocrates.
53:54– Oui, ça, c'est un bon jeu de mots.
53:56Mais je crois que c'était la technocratie, et pas la technique autochtone.
53:59Voilà, donc elle, elle ne comprend rien, manifestement, elle ne comprend rien.
54:03Elle répète les éléments de langage, en fait,
54:05qui sont plutôt de courant politique.
54:07C'est-à-dire, il y a un courant à gauche,
54:09qui est anti-gauche au centre aussi, qui est anti-Trump, anti-Musk.
54:14Voilà, ces gens-là, qu'est-ce qu'ils n'aiment pas ?
54:16En fait, ils n'aiment pas le masculinisme, ils n'aiment pas le patriotisme,
54:20ils n'aiment pas la grande gueule Musk, qui est un peu fou, c'est vrai.
54:26Mais franchement, c'est ça le sujet.
54:29C'est-à-dire que ceux qui sont restés sur X, c'est-à-dire la plupart des gens,
54:32sont des gens qui sont plutôt de droite, et puis elle est fille.
54:35Donc, c'est un courant, pour moi,
54:38c'est pour ça que cette polémique de qui TX, c'est dénoncer les algos Twitter.
54:41Mais c'est une vaste blague.
54:43Dénonçons alors les algorithmes de Facebook depuis toujours,
54:45dénonçons les algorithmes de TikTok qui détruisent les cerveaux de nos enfants.
54:49Enfin franchement, dénonçons la technologie américaine et chinoise.
54:51Moi, je n'ai aucun problème avec ça.
54:53Mais ça ne suffit pas de dénoncer.
54:55Il faut bâtir et rebâtir, il faut créer des technologies, très bien,
54:57qui ne soient pas comme ça.
54:59Moi, c'est ce que j'ai fait avec Waller, avec une ambition plus restreinte,
55:01et certainement pas d'aller concurrencer Twitter.
55:04Mais il faut arrêter de parler, il faut agir.
55:09– Eh bien, je vous remercie beaucoup Thomas Fauré d'être venu jusque TV Liberté.
55:12Merci à tous de nous avoir suivis.
55:13J'espère que cette émission vous aura plu.
55:15J'espère que vous allez d'ailleurs me l'écrire juste en dessous dans les commentaires.
55:18Pensez bien sûr à cliquer sur le pouce en l'air.
55:20Ça améliorera le référencement.
55:22En attendant, la semaine prochaine, portez-vous bien, chers amis.
55:25À bientôt.