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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin, Thomas.
00:05Oui, je reçois ce matin Bertrand Burgala, producteur, arrangeur, musicien et président du SNEP,
00:11le syndicat national de l'édition phonographique qui représente les maisons de disques.
00:14Vous avez sorti une étude très intéressante il y a quelques jours sur l'état du marché de la musique en France.
00:21La première leçon, c'est que les Français écoutent de plus en plus de musique.
00:25Sur une année, on passe chacun l'équivalent de 40 jours et 40 nuits à écouter de la musique, c'est énorme.
00:32Oui, c'est bien. La musique, elle est très importante dans nos vies.
00:37Et c'est vrai que quand on voit, quand on le fait dans une étude comme ça, on a des chiffres qui sont encourageants.
00:42Mais le poids économique de la musique par rapport au poids qu'il peut avoir dans nos existences, il est très modeste en fait.
00:50Il y a aussi une différence, c'est qu'on l'entend parfois en bruit de fond, un peu partout, et puis on l'écoute vraiment beaucoup.
01:00Et c'est vrai que les modes d'écoute aujourd'hui, ils n'ont jamais, je pense que pour l'auditeur, là ce n'est pas le producteur qui parle mais c'est l'auditeur,
01:08ça n'a jamais été aussi formidable parce qu'on peut écouter à peu près toute la création de tous les temps sur les plateformes de streaming,
01:16partout et quelle que soit la plateforme qu'on utilise.
01:22On n'a pas ça pour la presse, on n'a pas ça pour le livre, on n'a pas ça pour le cinéma.
01:25C'est-à-dire que si vous êtes chez Deezer, chez Spotify, chez Qobuz, ou Apple ou Amazon, vous avez exactement les mêmes contenus, ce qui n'est pas le cas quand on est...
01:33Et c'est vrai que c'est grâce à ces plateformes, Ertrand Burgala, que ça augmente énormément l'écoute.
01:38Deezer, Spotify, Qobuz, vous l'avez dit, qui représentent 60% des revenus de l'industrie musicale aujourd'hui.
01:45Mais on reste, j'ai vu ça, assez en retard quand même sur le nombre d'abonnements à ces plateformes.
01:51Si on se compare à nos voisins européens, il y a à peu près un quart des Français aujourd'hui qui sont abonnés, et c'est souvent 40% chez nos voisins.
01:58Oui, alors on est dans le même cas qu'il y a peut-être des caractéristiques culturelles que l'Europe du Sud.
02:04Mais c'est vrai que par rapport aux Etats-Unis, à l'Angleterre, à l'Europe du Nord, on est très très en dessous.
02:11Et les explications, je pense qu'il y a aussi, il y a une croyance que le streaming rémunère mal, par exemple.
02:21Et je pense, et j'y pensais, quand on voit le succès de ce qu'a fait Nicolas Chaban avec ses kits de patrons pour le lait,
02:27où on voit des personnes qui sont contentes de payer un peu plus cher du lait en sachant que ça va aller aux producteurs,
02:35je pense qu'il y a cette croyance, alors que c'est beaucoup plus subtil, beaucoup plus complexe.
02:39C'est-à-dire que le streaming par abonnement, c'est le seul mode qui rémunère les artistes et les producteurs aujourd'hui.
02:46Mais effectivement, il faut arriver à améliorer un certain nombre de dévoiements, de difficultés qu'on peut avoir.
02:55Parce qu'il y a beaucoup d'artistes qui s'en plaignent quand même.
02:57Mais ils ont raison, parce qu'en fait, ce n'est pas la faute des plateformes, c'est qu'il y a de plus en plus de titres.
03:04Il y a un million de nouveaux titres par semaine, mais il n'y a pas une croissance du nombre d'abonnements en même temps.
03:09C'est-à-dire que quand il y a une croissance de 6% des abonnements, ou de 9% je crois, pardon, pour la France,
03:19mais ça n'a rien à voir avec l'inflation de contenu qu'on peut avoir.
03:24Et donc quand il faut partager après ces revenus, ça nous pose d'énormes problèmes.
03:31Et alors un autre renseignement de votre étude Bertrand Burgala, c'est que pour la première fois les ventes de disques vinyles sont repassées devant les ventes de CD.
03:40C'est la première fois que ça arrive depuis 1987.
03:43C'est vrai, et c'est vrai que le physique se maintient.
03:48Ce qui est étonnant aussi, enfin très intéressant, c'est que c'est essentiellement des moins de 35 ans qui achètent des vinyles et des CD.
03:58Et encore une fois, je pense que cette bonne santé du physique, qui n'a rien à voir avec les chiffres des années 70 pour le vinyle ou 90 pour le CD,
04:09mais cette bonne santé, elle va de paire avec la bonne santé du streaming.
04:14Parce que c'est deux modes d'écoute qui se complètent.
04:16Et je pense que les personnes qui écoutent en vinyle ou en CD, souvent écoutent aussi en streaming.
04:22C'est le plaisir d'avoir l'objet à la maison, le garder.
04:26Et c'est vrai qu'on peut savoir ce qu'on va entendre.
04:28Moi, qui suis d'un certain âge, quand j'allais chez un disquaire, on demandait à écouter un vinyle, on essayait de se faire une idée, puis on en écoutait un deuxième.
04:38Si au troisième, on n'avait rien acheté, on n'osait pas demander un autre.
04:41Aujourd'hui, on peut tout écouter, se faire sa propre idée.
04:44Et ça, je trouve ça assez remarquable.
04:46Mais alors la grande menace pour l'industrie musicale, c'est ça, écouter.
04:56Kill Me Lord, plus d'un million d'écoutes sur Youtube pour ce titre, qui est soi-disant une reprise de Céline Dion.
05:09Sauf que Céline Dion n'a jamais chanté ça, c'est de l'intelligence artificielle.
05:13Et elle a poussé un coup de gueule contre l'utilisation de sa voix, parce que là, c'est encore loin d'être parfait et loin d'être convaincant.
05:19Mais à l'avenir, c'est une grande menace pour l'industrie musicale, Bertrand Burgala.
05:23Alors oui, ce n'est pas l'intelligence artificielle qui est une menace, parce que l'intelligence artificielle, on l'a dans les studios depuis 40-50 ans.
05:29Les machines, les machines plus ou moins intelligentes, on les a, les consoles automatisées, les voix retravaillées, etc.
05:35Mais c'est l'intelligence artificielle générative.
05:39Et c'est vraiment tout autre problème que ça pose.
05:44On en parlait à propos du streaming.
05:46Aujourd'hui, vous avez des personnes qui déposent, c'est Deezer qui a montré ça,
05:51qu'il y a des personnes qui déposent 1000 nouveaux morceaux par jour sur les plateformes,
05:55qui sont créés entièrement par des machines.
05:57Donc effectivement, ça pose d'énormes problèmes.
06:00Et ce qui me paraît intéressant, c'est que ces problèmes ne concernent pas que la musique.
06:05Même si on est, parce que la musique est fragile, c'est des ondes, on est peut-être les premiers un peu à affronter ça,
06:11mais ça va concerner toutes les industries culturelles et créatives, et le reste de la société.
06:18Donc je pense qu'il faut qu'à travers la musique, qu'on se pose des questions qui vont concerner tous les autres métiers.
06:25Et c'est pour ça que nous, toutes les réflexions qu'on a, on essaie de ne pas être trop catégoriel là-dessus,
06:30parce qu'on ne demande pas d'exemption, on ne demande pas que nous on nous sauve,
06:35quitte à sacrifier d'autres métiers qui vont être beaucoup plus impactés.
06:39C'est toute la culture qui va être touchée effectivement.
06:41Restez avec nous Bertrand Burgala pour suivre l'actu des médias dans un instant.
06:44Oui, avec le journal des médias de Julien Pichenay qui arrive dans un instant sur Europe 1.
06:48Et ce matin, on va parler de Vincent Lagaffe, qui pourrait bientôt être à la tête d'un tout nouveau divertissement sur les chaînes du groupe RMC.
06:54Et puis vous entendrez l'un des membres de la grande famille Europe 1, Stéphane Berne,
06:59qui viendra nous parler du Sid Action qui commence aujourd'hui.
07:01A tout de suite sur Europe 1.