• avant-hier
Depuis un an, d'anciens religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram sont visés par plus de 150 plaintes déposées pour violences physiques, agressions sexuelles et viols. Alain Esquerre, porte-parole des victimes était sur le plateau de BFMTV ce jeudi 20 mars. 

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Et on est ensemble jusqu'à 10h et on accueille Alain Esquerre. Un grand merci d'être avec nous ce matin Alain Esquerre.
00:07Vous êtes la voix, le visage des victimes de Bétharame. C'est la première fois que vous venez sur un plateau où vous a entendu
00:14aux côtés de François Bayrou lorsqu'il était venu à votre rencontre à Pau, à vos côtés Mathias Tesson que je remercie particulièrement
00:22d'être là aussi, journaliste police-justice de BFMTV qui suit l'affaire Bétharame depuis le début.
00:27Alain Esquerre, vous êtes ici parce que dans une heure vous serez devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les victimes
00:35des établissements privés sous contrat. Tout à l'heure vous avez également rendez-vous avec Élisabeth Borne qui va vous recevoir
00:42au ministère de l'Éducation nationale. Comment vous allez ?
00:46Alors déjà, bonjour à tous. Je ne vais pas super bien parce que je n'ai pas dormi cette nuit.
00:54C'est une journée qui est très importante pour les victimes, pour toutes les victimes en fait de France et je suis investi aujourd'hui
01:05d'une grande mission, celle de porter cette voie au plus haut sommet de l'État, à Élisabeth Borne évidemment et puis à la commission d'enquête
01:14parlementaire dont je me félicite qu'elle se soit constituée puisque c'était une de nos demandes initiales.
01:20Votre souffrance, on l'a entendu, moi j'ai été particulièrement bouleversée quand je vous ai entendue parce que je trouvais qu'à travers vous
01:27on entendait l'enfant que vous aviez été, on entendait ce que vous racontiez des uns et des autres, vos camarades de l'époque qui chacun ont vécu ça en solitude.
01:39Aujourd'hui vous dites vivre une forme de camaraderie. Quels sont les témoignages que vous recevez et encore les tout derniers jours ?
01:45J'en reçois tous les jours, Apolline, des témoignages les plus bouleversants les uns des autres, non seulement des violences physiques qui se sont
01:55perpétuées pendant des décennies mais ces violences sexuelles totalement inacceptables. J'ai porté ici un document où vous avez tous les prêtres directeurs
02:09de l'établissement de Bétharame depuis 1950, à 2000, ils ont tous été des agresseurs d'enfants. Est-ce que le critère de recrutement à Bétharame
02:21c'était d'agresser les enfants sexuellement ? Et quand je parle d'agression, ce n'est pas seulement des attouchements, c'est aussi des viols.
02:30Et on a une responsabilité tous face à cette ignominie de ce type d'établissement qui a perduré pendant des décennies. C'est pas normal que dans cet établissement
02:43on ait trouvé autant de pères directeurs. Mais Alain Esquerre, c'est la question qui est fondamentale. Est-ce qu'on embauchait des pervers ? Est-ce qu'ils se recrutaient
02:53entre eux ? Ou bien est-ce que c'est l'institution qui fabriquait finalement cette perversité de gens qui ne l'étaient pas forcément au départ ?
03:03Moi je pense que déjà il y a un problème avec les prêtres et la sexualité et il faudra s'interroger sur la question du célibat une bonne fois pour toutes.
03:15Et je pense que si tous ces scandales coûtent énormément cher à l'église, elle va peut-être se réformer et il en serait temps parce qu'en tant que chrétien je trouve
03:24que c'est ce qu'elle nous doit à tous. Mais au-delà, je crois que vous avez raison Emmanuel, l'institution fabriquait des pervers.
03:36Malheureusement, j'ai connu des enseignants à Saint-Pédubigord qui sont partis ensuite dans l'établissement de Bétharame. Je pense notamment au diacre Angemur,
03:49maire de Jarré, que j'ai eu comme enseignant, à qui je ne peux rien reprocher et qui va se mettre à frapper des enfants quand il va être à Bétharame.
04:01Comme si Bétharame l'avait en quelque sorte transformé ?
04:04Oui, je pense qu'en fait il y a un tel ADN de violence dans cet établissement qu'on ne peut pas faire autrement que de devenir violent quand on a des responsabilités éducatives à Bétharame.
04:18Et tout ça avec la complicité de toute la communauté.
04:21Parce que c'est un climat pathogène.
04:23L'impunité fabrique aussi des pervers. L'institution et l'impunité empêchent que la lumière soit faite.
04:32Quand on prend connaissance des plaintes et des faits dénoncés, on a le sentiment d'avoir affaire à un espèce de système de prédation organisé par les uns et les autres,
04:39les laïcs comme les religieux, où chacun se protège en fait.
04:43Et ce qui était, je trouve, assez sidérant de constater, c'est que vous, les victimes, à l'époque, n'étiez pas au courant de ce qui arrivait à vos petits camarades,
04:53comme si les faits dénoncés, les violences, les viols avaient lieu comme ça, très discrètement.
04:59Ce n'est que plus tard, récemment, que vous avez tous pris conscience que vous étiez tous des victimes des camarades.
05:05Oui, je crois qu'il y avait énormément de violence physique.
05:09De toute façon, on ne peut pas avoir été élève à Bétharame et dire « moi, je n'ai vu aucune violence ».
05:15Ça, c'est totalement impossible, parce que les tabassages en études, on y assistait tous.
05:23Parce que vous étiez obligés, par exemple, de ne pas chuchoter.
05:28Vous n'aviez pas droit à lire quoi que ce soit en dehors des livres de classe.
05:34Vous subissiez cette pression du silence d'une façon continue du matin.
05:39J'étais externe encore de 8h à 19h30, mais imaginez en fait la vie de ces internes.
05:46Elle était diaboliquement sidérante.
05:50Les enfants n'avaient pas le droit de s'exprimer au dortoir.
05:53Il n'y avait pas de veillée qui était organisée à Bétharame.
05:56Par exemple, on pouvait jouer à un jeu de cartes ou autre.
06:01Le jeu était proscrit dans cet établissement.
06:03Le jeu était proscrit, donc les enfants eux-mêmes ne se parlaient pas les uns les autres.
06:07Non, sauf au moment des récréations.
06:09Et souvent, c'était des moments de règlement de compte et de violence extrême entre les enfants.
06:14Parce que quand vous êtes conditionné dans la violence, vous n'avez pas d'autre solution.
06:20Alain Esquière, vous avez prononcé tout à l'heure le mot, vous avez dit en tant que chrétien.
06:24Vous êtes, vous Alain Esquière, aujourd'hui, vous avez 53 ans.
06:28Vous êtes donc cet ancien élève de Bétharame.
06:30Vous y avez été scolarisé à partir du CM1.
06:34Vous vivez d'ailleurs toujours tout proche, je crois à 700 mètres de Bétharame.
06:39Cette vie où vous avez porté d'abord les combats des autres, vos combats à vous.
06:47Et vous êtes toujours un homme de foi.
06:50Et je suis toujours un homme de foi parce que ces hommes d'église ont trahi.
06:55Ils ont trahi leur mission auprès de nous d'abord.
06:58Les enfants qui leur étaient confiés.
07:01Ils ont trahi nos parents qui payaient cher l'institution.
07:05Ils ont trahi l'État, et c'est ce que je vais dire à Elisabeth Borne cet après-midi.
07:11Et ils ont trahi également les évêques et l'église en général.
07:15Cette congrégation des pères de Bétharame, pour moi, c'est comme une secte.
07:21Et elle devrait être dissoute.
07:24Je n'ai pas de mots assez durs quand je vois tous les témoignages que je reçois.
07:28C'est tous les jours.
07:30Et là, par exemple, des plaintes non prescrites qui vont arriver prochainement du dernier père directeur de Bétharame.
07:38Je suis sidéré, Apolline.
07:40Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
07:42En colère.
07:44C'est quoi ces plaintes ? C'est quoi ces témoignages ?
07:46C'est des viols.
07:48C'est des attouchements systématiques sur des enfants de moins de 12 à 13 ans.
07:56À Bétharame, on y arrive à l'âge de 8 ans.
08:00Les enfants, ils ont besoin d'affection.
08:04Je ne comprends pas qu'on puisse mettre ces enfants dans un établissement à cet âge-là.
08:10Alain Esquerre, est-ce que, parce que vous êtes arrivé sur le plateau tout à l'heure en disant,
08:14j'ai fait de l'insomnie, j'ai mal dormi.
08:16Est-ce que vous redoutez qu'il y ait aujourd'hui, possiblement, un rendez-vous manqué avec ceux qui vous écouteront ?
08:23Je ne le crois pas.
08:25Il n'y a pas de rendez-vous manqué.
08:27Nous devons démontrer, et les 7 autres membres des collectifs qui vont en parler tout à l'heure,
08:35et qui vont être auditionnés, attesteront que les violences à Bétharame, en fait,
08:41elles se sont reproduites.
08:43Mais votre insolite est liée à ce que vous avez entendu ?
08:45Oui.
08:46Bien entendu.
08:47Mais moi, je le crois.
08:48François Bayrou nous a bien écoutés.
08:50Il a mis plus de 3h30 autour de la table.
08:53Il y avait une grande diversité, et il n'y avait pas que des amis à François Bayrou.
08:57Il y en avait, mais il n'y en avait pas que ça.
09:00Et il a été très à l'écoute, et c'est pour ça que je l'ai trouvé sincère.
09:05Maintenant, je crois qu'on a tous une responsabilité.
09:09Je crois que les politiques, comme les enseignants, comme toute la population locale,
09:15nous avons agi par lâcheté sur ces périodes-là,
09:18parce que nous pensions que dans certains établissements, dans notre pays,
09:23on pouvait avoir des établissements où on casse l'enfance, où on brise.
09:31Tout ça pour des résultats illusoires.
09:34Parce que, moi, mes résultats scolaires, ils n'ont fait...
09:37Vous allez dire, je suis arrivé petit, mais ils n'ont fait que décroître.
09:40Ces gens-là ne m'ont rien appris.
09:43Ils ne vous ont jamais rien apporté, ils ne vous ont pas accompagné.
09:46Vous disiez à l'instant que vous alliez porter, à la connaissance aussi de la commission,
09:51vous arrivez avec, je ne sais pas si c'est ce cahier, là vous avez un dossier,
09:54mais je sais que vous consignez dans un cahier tous les témoignages
09:58que vous avez entendus, qui vous ont été apportés.
10:03Est-ce que, d'abord, c'est très lourd de porter tout ça sur vos épaules ?
10:07J'ai presque l'impression que le fait de les consigner dans votre cahier
10:09vous permet, en quelque sorte, de les mettre dans un petit coffre,
10:12de les poser proches, mais pas trop proches de vous.
10:17Comment vous faites pour vivre avec tous ces témoignages dans votre esprit, dans votre mémoire ?
10:24En tout cas, il faut que quelqu'un s'y mette.
10:27J'ai envie de dire, on est en train de se libérer au niveau national
10:32de quelque chose qui est historique.
10:36On vit un moment historique.
10:41De tous ces châtiments, parce qu'on ne fait pas le procès de la fessée ou de la gifle.
10:46Je veux bien que les téléspectateurs comprennent que ce sont des humiliations,
10:51des brimades, des actes de torture qui sont qualifiés comme tels.
10:56Quand vous faites des piqûres à des enfants par sadisme,
11:00des piqûres d'eau ou d'alcool,
11:03on ne peut pas qualifier autrement que par des actes de barbarie et de torture.
11:11Juste une question. Mathias parlait d'un système de prédation.
11:15C'est le mot que Mathias a employé.
11:17Ce qui nous sidère, au-delà de la souffrance et des témoignages,
11:20c'est l'absence de contrôle de ces établissements.
11:23C'est l'objet de la commission d'enquête qui se réunit au Parlement aujourd'hui, qui vous reçoit.
11:29Il y a une autre question que tout le monde se pose, je pense.
11:32C'est la propagation de la parole dans les familles, parce qu'il y a les enfants.
11:38Et puis, beaucoup de silence.
11:41J'imagine que tout ça est en train d'exploser et que dans les familles,
11:46les parents qui ont mis ces enfants dans ces établissements,
11:49qui savaient ou ne savaient pas, qui ont vu ou ne voulaient pas voir,
11:53j'imagine que ça doit faire exploser les familles entières maintenant.
11:58Absolument. C'est ça, le drame, en fait.
12:02Déjà, il y a eu un drame auparavant, et il y en a un nouveau aujourd'hui.
12:07Parce qu'on a des parents qui disent,
12:10mais vraiment, il faut oublier, ne viens pas me culpabiliser à 85 ans avec ton histoire.
12:16Il va falloir grandir à des gens qui ont 40, 50 ans.
12:19J'étais dans l'avion tout à l'heure.
12:22Une dame m'a reconnue.
12:24Elle est venue me raconter le viol de sa fille à l'âge de 15 ans.
12:28Je pense que toutes les familles en France se sont impactées,
12:32de près ou de loin, sur un sujet qui est tabou.
12:36Parce que là, on est dans un univers clos.
12:39Et ça veut dire qu'après des années de silence,
12:43il y a une forme encore aujourd'hui de déni.
12:46Mais c'est évident.
12:48Il y a l'affaire Abbé Pierre, évidemment.
12:51Mais on dit toujours que la parole se libère.
12:54Moi, je n'ai pas vraiment l'impression que la parole se libère.
12:57C'est très, très dur.
12:58J'ai des témoignages ici qui démontrent le contraire.
13:01Les gens ne vont pas comme ça déposer une plainte.
13:04La parole, elle commence tout juste à se libérer.
13:07Si elle se libère vraiment, nous allons tous en vomir.
13:11Mais précisément, il pourrait y en avoir 112 plaintes.
13:14Non, non, non, on est à 180 plaintes sur le dossier de Bétharame.
13:20Et vous allez voir que dans les autres établissements, ça peut être par dizaines.
13:237 autres établissements, à vos côtés aujourd'hui,
13:26de collectifs de victimes qui vont témoigner à la commission d'enquête.
13:28Alain, quand vous dites « la parole commence tout juste à se libérer »,
13:33j'ai reçu dans le face-à-face, il y a 3 semaines,
13:36Elisabeth Borne, la ministre de l'Éducation nationale,
13:38que j'ai évidemment largement et longuement interrogée
13:41sur l'affaire Bétharame.
13:44Elle en faisait d'abord une lecture politique
13:48en disant qu'une partie, notamment Mediapart ou LFI,
13:53aurait voulu en faire une lecture politique.
13:55Je précise ici que je trouve particulièrement puissant
14:00et digne et juste le fait que vous ne soyez à aucun moment
14:04dans une question politique.
14:06Vous êtes dans une question de victime
14:08qui veut être entendue, reconnue comme telle
14:11et que la dignité justement de ses enfants soit reconnue aujourd'hui.
14:16Mais il y avait aussi l'idée qu'il y avait des contrôles
14:21qui allaient être faits dans les établissements privés.
14:23Mais je demandais alors à Elisabeth Borne,
14:25le problème c'est que Bétharame, nous étions à ce moment-là en février,
14:28il était prévu un contrôle effectivement de l'établissement
14:33le 17 mars, qui a donc eu lieu cette semaine.
14:36Mais nous étions 3 semaines en avance.
14:38Et je lui disais « mais est-ce qu'il ne faut pas changer le système
14:40et faire en sorte que les contrôles soient inopinés, spontanés,
14:43et qu'on ne prévienne pas des semaines à l'avance ? »
14:46Est-ce qu'il y a un problème aujourd'hui dans la prise de conscience ?
14:48Vous en parlez au passé, il y a ce qui s'est passé,
14:50mais il y a ce qui potentiellement se passe encore aujourd'hui.
14:53Est-ce que l'État n'est pas encore dans une forme de déni ?
14:58Moi je le crois, Pauline.
15:00On a un coup toujours...
15:04Au lieu d'avoir un coup d'avance, on est en retard.
15:07Annoncer effectivement une inspection, c'est un simulacre,
15:11c'est du théâtre d'envoyer cette mercenaire à Bétharame.
15:16Ce que je crois par contre, c'est aux contrôles inopinés.
15:20J'étais directeur d'EHPAD pendant 17 ans,
15:23et dans les EHPAD, nous avons des contrôles inopinés
15:27à 6h du matin par les agents du Conseil départemental
15:31et de l'Agence régionale de santé,
15:33et ils sont intraitables.
15:35Et tant mieux !
15:37Ils vont aller collecter des données auprès des personnels
15:40et interroger les personnes âgées sans notre consentement,
15:44parce que c'est normal, ils nous financent.
15:47Allez-vous proposer à Elisabeth Borne la même chose ?
15:50Absolument, nous allons lui proposer,
15:53et c'est pour ça que je porte un dossier
15:57sur la création d'un office national de prévention
16:00et de contrôle des établissements sous contrat,
16:04et notamment quand ils sont dotés d'un internat,
16:07afin de pouvoir réaliser ces contrôles avec des membres de l'office
16:10et aussi de l'éducation nationale.
16:12Il y a la question des contrôles,
16:13il y a aussi la question de la parole de ces enfants.
16:15L'une des idées énoncées par le ministère de l'Éducation,
16:19c'est de faire des questionnaires auprès des enfants.
16:23Alain, si à l'époque, et je ne sais pas si ça a été fait,
16:26on vous avait demandé, est-ce que quelqu'un d'abord l'a fait ?
16:29Est-ce qu'un adulte vous a demandé, à vous, petit enfant,
16:32Alain, est-ce que tu vas bien ? Est-ce que les gens s'occupent bien de toi ?
16:34Est-ce qu'on vous a posé la question ?
16:36C'est évidemment que non.
16:38Ça commençait par nos parents, qui ne nous posaient pas de questions,
16:42et ça continuait par les enseignants,
16:45qui voyaient très très bien quand on revenait en classe
16:47qu'on avait la tête complètement défoncée.
16:49Non, on ne pose pas de questions.
16:53Moi, je ne crois pas à la vertu du questionnaire.
16:56Et si les enfants, aujourd'hui, sont interrogés à Bétarame,
16:59vous pensez bien qu'il y a une pression collective,
17:01à la fois des parents et aussi entre élèves,
17:04pour dire, bon, aujourd'hui, quand même,
17:06l'établissement, il a changé, c'est vrai, heureusement, d'ailleurs,
17:09sinon il serait fermé immédiatement.
17:12Mais la parole de l'enfant, elle est détournée.
17:16Et si on vous l'avait demandé ?
17:18Moi, je n'aurais rien dit.
17:20Je n'aurais rien dit.
17:22En tant qu'enfant, je n'aurais rien dit.
17:24Alors, aujourd'hui, Alain Esquerre, vous vous souvenez du jour
17:27où vous avez décidé qu'il fallait témoigner de ce qui a basculé ?
17:31Qu'est-ce qui fait qu'un jour, vous avez dit ?
17:33Moi, depuis longtemps, je suis ce dossier de Bétarame,
17:39puisque j'étais aux côtés de ce père,
17:43Lacoste Serice, en 1996,
17:46et de cette enseignante courageuse,
17:49Françoise Gullug, professeure de mathématiques,
17:52qui va se faire renverser par des élèves,
17:55fracasser au sol,
17:58le rapport d'inspecteur qui est uniquement à charge.
18:02C'est une honte, ce type de dossier à charge.
18:07Mais pourquoi un jour, vous avez parlé ?
18:10Parce que ce que j'ai vécu à Bétarame
18:13était inacceptable et intolérable.
18:17Et je n'ai eu que des violences physiques.
18:19Parce que vous avez croisé votre agresseur, c'est ça le déclic ?
18:21Oui, j'ai croisé mon agresseur,
18:24mais je veux dire que je suis dans ce combat depuis des décennies,
18:29mais personne ne voulait l'entendre.
18:31Je distribuais avec ce père,
18:33qui était vice-président de l'Appel,
18:36qui est l'Association des parents d'élèves,
18:38qui est derrière moi.
18:39Mais à l'époque, les parents d'élèves
18:42nous jetaient au visage les tracts que nous distribuions,
18:46alors qu'on s'insurgeait juste
18:49de la violence qu'il y avait dans l'établissement.
18:52Et vous avez ce jeune Marc, courageux, à 15 ans,
18:56qui déclare sur les chaînes nationales,
19:00il demande juste que les surveillants soient moins brutaux.
19:04Personne n'a bougé. Personne.
19:07Ni l'Éducation nationale, qui n'a strictement rien fait,
19:11ni les politiques du coin,
19:14ni la justice.
19:17Et c'est ce que vous espérez évidemment aujourd'hui,
19:19non seulement la justice, mais aussi l'Éducation nationale.
19:21Un très grand merci d'être venu ce matin avec nous, Alain Esquerre,
19:26porte-parole des victimes de Bétarame.
19:28La journée, on le sait, va être très chargée pour vous.
19:31On la suivra bien sûr.
19:33Je voudrais également mentionner Bétarame, 50 ans d'Omerta,
19:37le documentaire Ligne rouge.

Recommandations