• avant-hier
Alain Esquerre, porte-parole des victimes de Bétharram, était l'invité du 9 à 10 sur BFMTV ce jeudi 20 mars.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00— C'est la question qui est fondamentale. C'est est-ce qu'on embauchait des pervers, qu'on... Est-ce qu'ils se recrutaient entre eux, ou bien est-ce que c'est l'institution qui fabriquait finalement cette perversité de gens qui ne l'étaient pas forcément au départ ?
00:16— Moi, je pense que, déjà, il y a un problème avec les prêtres et la sexualité, et il faudra s'interroger sur la question du célibat une bonne fois pour toutes.
00:28Et je pense que si tous ces scandales coûtent énormément cher à l'Église, elle va peut-être se réformer, et il en serait temps, parce que, en tant que chrétien, je trouve que c'est ce qu'elle nous doit à tous.
00:41Mais au-delà, je crois que vous avez raison, Emmanuel, l'institution fabriquait des pervers. Moi, malheureusement, j'ai connu des enseignants à Saint-Pé-du-Bigorre qui sont partis ensuite dans l'établissement de Bétharame.
00:59Je pense notamment au diacre Angemur, maire de Jarré, que j'ai eu comme enseignant, à qui je ne peux rien reprocher, et qui va se mettre à frapper des enfants quand il va être à Bétharame. Donc je pense que...
01:15— Comme si Bétharame l'avait en quelque sorte transformé. — Oui. Je pense qu'en fait, il y a un tel ADN de violence dans cet établissement qu'on ne peut pas faire autrement que de devenir violent.
01:28Quand on a des responsabilités éducatives à Bétharame. Et tout ça avec la complicité de toute la communauté.
01:34— Parce que c'est un climat pathogène. — L'impunité fabrique aussi des pervers. Je veux dire, l'institution et l'impunité entretiennent, en tout cas empêchent que la lumière soit faite.
01:45— Quand on prend connaissance des plaintes et des faits dénoncés, on a le sentiment d'avoir affaire à un espèce de système de prédation organisé par les uns et les autres, les laïcs comme les religieux, où chacun se protège.
01:56Et ce qui était, je trouve, assez sidérant de constater, c'est que vous, les victimes, à l'époque, n'étiez pas au courant de ce qui arrivait à vos petits camarades,
02:06comme si les faits dénoncés, les violences, les viols avaient lieu comme ça très discrètement. Et ce n'est que plus tard, récemment, que vous avez tous pris conscience que vous étiez tous des victimes des camarades.
02:18— Oui, je crois qu'il y avait énormément de violence physique. De toute façon, on peut pas avoir été élève à Bétaram et dire « Moi, je n'ai vu aucune violence ».
02:28Ça, c'est totalement impossible, parce que les tabassages en études, on y assistait tous, parce que vous étiez obligés, par exemple, de ne pas chuchoter.
02:41Vous n'aviez pas droit à lire quoi que ce soit en dehors des livres de classe. Vous subissiez cette pression du silence d'une façon continue du matin.
02:52J'étais externe encore de 8 h à 19 h 30. Mais imaginez, en fait, la vie de ces internes. Elle était diaboliquement sidérante. Les enfants n'avaient pas le droit de s'exprimer au dortoir.
03:06Il n'y avait pas de veillée qui était organisée à Bétaram. Par exemple, on pouvait jouer à un jeu de cartes ou autre. Le jeu était proscrit dans cet établissement.
03:16— Le jeu était proscrit. Donc les enfants, eux-mêmes, ne se parlaient pas les uns les autres.
03:20— Non, sauf au moment des récréations. Et souvent, c'était des moments de règlement de compte et de violence extrême entre les enfants, parce que quand vous êtes conditionnés dans la violence, vous n'avez pas d'autre solution.

Recommandations