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00:00Heureux Pinsoir.
00:0219h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec Jean-Michel Salvatore et Gilles Boutin qui ont pour point commun de très bien connaître les questions économiques de la France.
00:13Alors, la question est simple.
00:15François Bayrou a signé la fin de la récré.
00:18Le retour de l'âge de départ à la retraite à 62 ans, c'est pas possible.
00:22Ça n'est pas réaliste à confirmer Amélie de Montchalin au micro de Sonia Mabrouk hier matin.
00:27La CGT menace de se barrer, mais elle va se barrer.
00:31Il y a un syndicat patronal de...
00:35L'UDP.
00:36L'UDP, merci, qui a dit ciao aussi.
00:39À quoi sert ce conclave ?
00:41Le conclave, il sert à rien.
00:43Jean-Michel Salvatore.
00:44Il sert plus à rien.
00:45Il y a un pansement sur une jambe de bois.
00:47C'est-à-dire que Bayrou, là, il s'est piégé tout seul.
00:49Il y a une grande règle.
00:51C'était Mitterrand qui disait ça tout le temps.
00:53On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment.
00:56C'était le Cardinal de Rennes qui disait ça.
00:58Et là, c'est une illustration absolument frappante.
01:01C'est-à-dire que, évidemment, la manœuvre de Bayrou, elle était assez habile,
01:05finalement, de dire, pour obtenir la neutralité du Parti Socialiste,
01:10dans le vote du budget 2025,
01:12c'était de dire, on va faire un conclave,
01:15on va parler de tout, sans totem ni tabou,
01:18et puis on verra bien ce qu'il en sort.
01:20Je rigole pour les auditeurs qui ne comprennent pas,
01:22c'est qu'en fait, Jean-Michel Salater raconte cette histoire
01:24avec une banane d'une oreille jusqu'à l'autre.
01:27Parce qu'en fait, j'ai l'impression que vous racontez une histoire drôle.
01:29Ben oui, c'était une habileté,
01:31mais qui n'en est plus une, puisque là,
01:33il est sorti du bois et il a dit,
01:35évidemment, 62 ans, ce n'est pas possible.
01:40Tout ça était une blague !
01:42Il y a un peu de ça quand même.
01:44Alors là, il est obligé de dire qu'à titre personnel,
01:48il pense que les 62 ans sont impossibles,
01:50mais tous les économistes sérieux savent,
01:52et tous ceux qui savent compter savent,
01:54que 62 ans, c'est un rêve impossible.
01:57C'est une utopie, M. Boutin.
02:00Le conclave a rempli sa mission,
02:02effectivement, il peut mourir maintenant,
02:04donc il a permis d'éviter.
02:05Mais quel enfumage !
02:07En polonais, on dit « savonner les yeux » des gens.
02:10Vous voyez, on savonne les yeux,
02:12et puis tu ne vois plus rien après.
02:13Il y avait beaucoup de mousse.
02:15Ce qui est étonnant, en revanche,
02:17c'est que quand on parlait avec certains acteurs
02:19de ces questions autour des retraites,
02:21un certain nombre croyaient réellement.
02:23Parce qu'en fait, les professionnels,
02:25dans ce secteur qui connaissent toutes les subtilités,
02:28qu'on peut trouver sur la question des retraites,
02:30sur les aménagements,
02:31il y a toujours des marges de manœuvre.
02:33Sauf que c'est des choses qui échappent beaucoup
02:35au grand public et qui, finalement,
02:36ne sont absolument pas vendeuses.
02:38Au-delà de ça, ce n'est pas ça qui allait permettre
02:40de rééquilibrer nos comptes.
02:43Donc, je dirais que, oui,
02:45François Bayrou, de toutes les manières,
02:46n'avait pas le choix.
02:48Alors, est-ce que c'est une faute ?
02:50À un moment donné, il faut un peu de clarté,
02:52il faut arrêter de mentir aux gens.
02:54La Cour des comptes le dit,
02:55on ne peut pas tenir comme ça.
02:56Et alors, ce qui m'amuse dans cette situation,
02:59c'est que tout ça, on le doit à Donald Trump.
03:01C'est-à-dire que c'est quand même Donald Trump
03:02qui, accélérant le retrait américain d'Europe,
03:05nous met face à une situation,
03:07aux réalités économiques.
03:09Et c'est l'argument de la Défense
03:11qui devient plaider pour que,
03:12sur la question des retraites,
03:13on arrête de se leurrer
03:15et de croire qu'on pourra revenir aux 62 ans.
03:18Donc, c'est assez comique de voir
03:20que c'est le discours outre-Atlantique
03:22qui vient secouer nos belles âmes
03:24qui pensaient que les 62 ans étaient possibles.
03:26Oui, mais moi, je trouve que c'est aussi le signe
03:28d'un certain amateurisme.
03:30C'est de la vision court-termiste, on est d'accord.
03:32Avant que Bayrou n'arrive à Matignon,
03:34on se disait tous,
03:35Bayrou, c'est la politique à l'ancienne,
03:37c'est un politique madré,
03:39il a beaucoup d'expérience,
03:41il sait y faire, etc.
03:43C'est vrai qu'on l'a vu à l'oeuvre sur le budget 2025,
03:45mais il a tout cédé aux socialistes.
03:47Et là, on se rend compte que,
03:49finalement,
03:51son gouvernement, c'est un peu le foutoir.
03:53Mais sur les 62 ans,
03:55il y a donc cette gaffe incroyable
03:57qu'il a commise,
03:59parce que c'est une gaffe,
04:00quand on parle un petit peu à ses proches,
04:02ils reconnaissent qu'il n'aurait jamais dû dire ça comme ça.
04:04Et puis, on voit aussi que,
04:06sur les relations avec l'Algérie,
04:08c'est le foutoir,
04:09parce que vous avez Retailleau,
04:11et puis Darmanin d'un côté,
04:13et puis Borne de l'autre,
04:15qui disent des choses totalement différentes.
04:17Et Bayrou !
04:19Et on sent que tout ça n'est pas tenu.
04:21Alors, évidemment, au début,
04:23quand il a constitué son gouvernement,
04:25il voyait bien qu'il y avait
04:27beaucoup de gens qui avaient des sentiments
04:29très différents sur tous les sujets,
04:31et donc il a laissé la liberté à chacun de parler.
04:33Mais on voit bien que ça n'est pas possible.
04:35Et que, en même temps, sur des sujets
04:37très importants comme les 62 ans
04:39et comme l'Algérie, ça n'est pas possible.
04:41On en parlait tout à l'heure,
04:43sur le voile des mineurs,
04:45il prétend toujours qu'il va laisser la libre parole
04:47à tout le monde, mais il convoque quand même
04:49une bonne partie du gouvernement pour leur dire
04:51que ça suffit, les discours
04:53contradictoires. Et maintenant,
04:55il y a une seule voix, et il donne raison à la moitié
04:57de ceux qu'il a convoqués. Donc, on voit,
04:59on perçoit quand même les limites de ce fonctionnement.
05:01Et je suis d'accord,
05:03au début, je me disais qu'il était assez habile.
05:05Mais en réalité, c'est plutôt
05:07le parti pris du laissé-faire,
05:09et de voir comment les choses vont venir.
05:11C'est un peu la stratégie de la CARP, tout cool.