Mathieu Baumel était mardi l'invité de L'Équipe de choc. Le quadruple vainqueur du Dakar, amputé de la jambe droite après un accident survenu fin janvier, a réitéré avec force sa volonté de prendre part au Dakar 2026.
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00:00Mais là, on va se pencher sur l'histoire d'un copilote
00:03qu'on a énormément suivi cet hiver au Dakar
00:05et dont la vie a basculé en début d'année
00:07après un grave accident. Mathieu Bommel est avec nous,
00:10en direct de sa chambre d'hôpital. Salut, Mathieu.
00:13Comment ça va ? Ca fait plaisir de te voir.
00:15Bonjour, France. Bonjour à tous.
00:18Oui, ça fait plaisir de vous avoir aussi en face.
00:22Alors, tu nous as fait extrêmement peur cet hiver
00:24avec ce très grave accident survenu le 30 janvier.
00:27Tu te souviens à peu près de ce qui s'est passé ?
00:30Tu peux nous raconter si c'est pas trop douloureux
00:33de te remémorer cet épisode ?
00:34Non, il n'y a pas de souci.
00:36En fait, j'étais parrain d'une équipe féminine
00:40sur le Monte-Carlo historique.
00:42Donc, je me déplaçais pour aller à Reims,
00:44pour aller au départ, en fait.
00:46Et sur la première liaison, en fait, pour aller à Reims,
00:49un des équipages est tombé en panne.
00:52Donc, c'est tout naturellement que je me suis arrêté
00:55pour essayer d'aider.
00:57Et puis, après, voilà, c'était en bord de route,
01:00c'est allé très, très vite.
01:01Une autre voiture est venue percuter, la voiture que je venais d'épaner.
01:04Je me suis retrouvé projeté sur le véhicule qu'il y avait à l'avant
01:08et ça m'a broyé la jambe droite complètement.
01:12La jambe droite a un peu protégé la jambe gauche,
01:14mais j'avais tous les os de cassé,
01:16donc que ça soit fémur, tibia, péronée,
01:18j'ai eu un peu de chance, le genou, la cheville,
01:21tout ça, ça fonctionnait à peu près.
01:23Et puis, voilà, après, ça va très, très vite.
01:26C'était quand même très grave, l'accident.
01:28Prise en charge qui a été assez rapide.
01:32Moi, je suis resté conscient,
01:33donc je pense que c'est ce qui m'a sauvé sur le coup,
01:36parce que j'avais l'artère fémorale qui a été coupée,
01:39donc j'ai perdu énormément de sang.
01:41Entre le transport et la première opération,
01:45on m'a injecté quasiment 7 litres de sang,
01:48donc c'est pour dire la gravité de la chose.
01:51Et puis, après, je me retrouve à l'hôpital,
01:54donc une très longue intervention,
01:568 heures, 2 jours de coma qui ont suivi,
01:59et puis, après, une quinzaine de jours
02:01où on est complètement dans les vapes.
02:02Donc, ça, c'est pas une partie dont on veut se souvenir.
02:07Et puis, petit à petit, j'ai toujours été positif,
02:10comme je le suis tout le temps, en fait,
02:13et puis, après, on prend des décisions.
02:15Donc, c'est qu'est-ce qu'on fait avec la jambe qui est broyée,
02:18parce qu'ils ont quand même essayé de me la réparer,
02:20chose qu'ils ont réussi à faire, donc bravo à eux,
02:22mais dans les décisions à prendre,
02:25c'était, si on voulait sauver ma jambe,
02:27c'était en dizaines d'années et de nombreuses opérations
02:30et sans être sûr que ça fonctionne.
02:32Et deuxième option, on coupe cette jambe
02:35qui fonctionne quasiment plus
02:38et qui était toute broyée de toute façon,
02:41et puis, on installe une prothèse.
02:43Donc, la décision a été rapide.
02:46Dans ma tête, ça a été prothèse.
02:48Donc, comme ça, au lieu de passer en dizaines d'années,
02:51on parle de mois.
02:53Et du coup, l'objectif a été de suite,
02:57je veux remonter dans une voiture de course
03:00et être présent sur le prochain Dakar.
03:02Donc, c'est ça qui me tient depuis le début.
03:06C'est forcément pas une réhabilitation,
03:09réadaptation facile,
03:10parce qu'il y a les deux jambes à travailler.
03:12Donc, une prothèse d'un côté et ma jambe gauche,
03:14comme je l'ai dit, qui a été opérée aussi deux fois
03:18et qui, aujourd'hui, en fait, est remplie de métal.
03:22Donc, j'ai des clous, c'est des longues tiges
03:24qui traversent complètement tout l'os d'en haut en bas.
03:28Et petit à petit, je suis resté habité
03:32sans bouger quasiment cinq semaines.
03:34Et depuis là, ça fait maintenant trois semaines
03:37que je commence petit à petit à reprendre un peu
03:40la mobilité de ma jambe gauche,
03:42sans pouvoir m'y poser dessus.
03:45Mais voilà, on y travaille chaque jour
03:47et c'est un peu mieux, c'est un peu mieux.
03:49Moi, je reste calé sur mon objectif,
03:52qui est retour Dakar.
03:54Et c'est ça qui me fait me lever tous les matins
03:57et aller travailler,
03:59aller avec les kinés, avec l'épreuve de sport,
04:03avec tout ce qu'il faut travailler
04:04pour être au top le plus rapidement possible.
04:07Magnifique message, un beau combat que tu lis.
04:08Merci de nous partager tout ça, parce que c'est une épreuve folle.
04:11On a quelques vidéos que t'as bien voulu nous partager.
04:13Alors, si vous pensez que Mathieu se morfond du fond de son lit,
04:17vous êtes bien loin du compte.
04:17Regardez ce que c'est qu'un athlète
04:19qui a besoin de challenge et de compétition, visiblement.
04:24Oui, oui.
04:30Allez, je me réhabitue un peu à la vitesse.
04:33Trois, deux, un, go.
04:37Aujourd'hui, c'est ma première sortie en dehors de l'hôpital
04:40et j'ai un pilote de chariot de fou, Romain Dumas.
04:44Merci, Romain, de m'amener au restaurant.
04:47Voilà.
04:49Je ne sais pas où on va, mais on y va.
04:51Je ne sais pas si on va se trouver.
04:53Parce que, normalement, je mange à 11h45 et là, c'est 13h30.
04:57J'ai faim, j'ai l'estomac qui gargouille.
04:59Il y a un trottoir, vieux.
05:00Ah, il y a un trottoir.
05:01Il y a un trottoir.
05:02Il y a un trottoir.
05:03Il gargouille.
05:04Il y a un trottoir, vieux.
05:06Ah, il y a un trottoir.
05:07T'as ton permis de...
05:08Il est lourd. Je vous confirme, le poids n'a pas changé, par contre.
05:11Bon, allez, à table.
05:13On a reconnu Romain Dumas, lui aussi pilote d'endurance,
05:16un multiple vainqueur des 24 Heures du Mans, qui t'a rendu visite.
05:18Vous le voyez, entre courses de brancard
05:20dans les allées de l'hôpital ou du wheeling en fauteuil,
05:22on voit que l'esprit de compète est toujours très présent.
05:24Ça t'anime, mais il faut des challenges pour toi, Mathieu.
05:28Oui, il ne faut jamais arrêter d'avoir une pensée positive
05:32et de toujours trouver des challenges.
05:34C'est ce qui fait passer les journées.
05:35C'est quand même des longues journées ici à l'hôpital.
05:38J'attaque ma neuvième semaine.
05:40Donc, c'est vrai que cette première sortie avec Romain,
05:43je l'ai appréciée parce que, déjà, on n'a plus à aller au restaurant.
05:47Donc, entre la bouffe de l'hôpital et un très bon restaurant,
05:51franchement, il n'y a pas photo.
05:54Donc, je vais pouvoir maintenant, petit à petit,
05:55les week-ends, profiter un peu plus.
05:58Mais voilà, il y a quand même encore au moins trois, quatre mois
06:02à l'hôpital, donc en chambre d'hôpital, à travailler.
06:05On a des journées assez chargées.
06:07J'attaque à 9h le matin et je termine quasiment à 16h.
06:11Donc, entre les kinés, la physio, le sport.
06:14Donc, on travaille le haut du corps, le bas du corps.
06:16Il faut que tout soit hyper gainé pour pouvoir,
06:19déjà, là, maintenant, pour faire les transitions,
06:21donc du fauteuil au lit, à la douche, aux toilettes.
06:24Ça, c'est des trucs auxquels on n'y pense pas.
06:26Mais quand on passe, pareil, cinq ou six semaines
06:29où tout se fait dans le lit, la toilette,
06:31enfin, bon, je passe les détails,
06:33le jour où on arrive à le faire seul,
06:36c'est quand même déjà une petite victoire.
06:38Et pour ça, ça veut dire qu'il faut avoir les bras,
06:41le haut du corps hyper gainé.
06:43Et encore une fois, en cinq semaines d'alitement,
06:45on perd tous les muscles.
06:47Il doit y avoir des gros, gros bras, Mathieu.
06:49Je ne demande pas une démonstration.
06:50Ah ben, je pense qu'il devait sortir de l'hôpital
06:53mieux que ce que j'étais avant.
06:56On a vu des images de Dakar, forcément,
06:58parce que quand on pense à toi, on pense au Dakar.
07:00Il y a quand même un monde où on se dit,
07:02putain, ce mec-là, il est dans son lit d'hôpital
07:05en train de lutter pour refaire marcher sa jambe.
07:07Il va avoir une prothèse dans pas longtemps.
07:09Et puis, la compète, parce qu'on imagine
07:11que tu ne vas pas y aller en mode de l'expérience.
07:13Toi, tu vas y aller pour la gagne.
07:15Comment tu envisages ce retour à la compétition,
07:17déjà, là, dans moins d'un an ?
07:21C'est ce que je me suis fixé comme objectif.
07:23Donc, tout le monde est au courant, ici.
07:26Les médecins, les infirmières, les aides-soignants.
07:29Tout le monde, du coup, suit un peu les réseaux,
07:32maintenant, pour voir où j'en suis.
07:34Je reçois encore des messages du personnel soignant de Reims.
07:38Donc, ça fait plaisir.
07:40Et ils veulent tous savoir si vraiment je vais y arriver.
07:42Donc, je ne sais pas si je serai capable
07:45d'être au prochain Dakar.
07:46Mais en tout cas, dans le timing, ça me paraît possible.
07:50Donc, je vais tout faire pour y arriver.
07:52Après, une fois qu'on marche, c'est une chose.
07:54Le fait de pouvoir intégrer la voiture, c'en est une autre.
07:59Et on a déjà discuté, ici, avec mon prothésiste, en fait.
08:03Et lui, l'idée lui plaît parce que ça va être un nouveau développement.
08:07C'est des prothèses peut-être un peu différentes
08:10qu'il va falloir que j'utilise.
08:11Et tout ça, ça motive tout le monde, et moi, le premier.
08:14Donc, une fois que je vais pouvoir être autonome et marcher,
08:17c'est sûr qu'il va y avoir un peu de boulot à faire
08:19sur la voiture elle-même,
08:20peut-être pour m'aider à rentrer, sortir
08:22et me faciliter la vie dans le cockpit.
08:26C'est pas que conduire ou copiloter,
08:28c'est aussi rentrer, sortir pour dépanner,
08:30pour changer une roue, etc.
08:31On va te souhaiter une belle rééducation.
08:33On va suivre tes progrès, Mathieu, vraiment.
08:35Merci de nous avoir accordé un peu de temps.
08:37On sait que tu adores le ski sur la chaîne d'équipe.
08:39On a du ski freestyle pour toi demain. Tu nous regardes ?
08:42Mais j'ai entendu et je vais regarder.
08:44Déjà, j'ai eu la chance, pendant mes trois premières semaines,
08:47d'avoir championné du monde des skis.
08:49C'était super.
08:50Et là, on va continuer avec le freestyle.
08:52Super. Merci beaucoup, Mathieu Wawel.
08:54On t'embrasse, on te souhaite une bonne rééducation.
08:56Salut, à la prochaine.