Avec Denis Jacquet, entrepreneur français vivant aux Etats-Unis, fondateur de Top Cream et auteur de "Pourquoi votre prochain patron sera chinois"
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Patrick Roger.
00:03Il est 7h41, on file aux Etats-Unis avec Denis Jacquet,
00:07qui est entrepreneur français qui vit là-bas et auteur de
00:10« Pourquoi votre prochain patron sera chinois ? »
00:14Un peu de provocation. Bonjour Denis Jacquet.
00:18Bonjour Patrick.
00:19J'aimerais en fait vous entendre sur quand même ces 8 jours,
00:23cette séquence assez dingue autour de Donald Trump.
00:26Le Congrès, il y a eu, on se souvient d'abord de cette première réunion
00:31dans le bureau Oval avec Zelensky et Vance,
00:37mais surtout ce discours hier, enfin avant-hier devant le Congrès.
00:41Et comment on réagit, notamment dans les milieux économiques
00:45que vous connaissez en fait très très bien ?
00:50Allô ?
00:51Oui, Denis Jacquet, on vous entend.
00:55Non, je disais, comment réagit-on en fait dans l'ensemble des milieux économiques
00:59sur cette séquence assez folle et puis même les premiers mois de Donald Trump ?
01:05Écoutez, en fait ici, alors on peut le prendre de deux façons.
01:08Si on regarde les sondages à l'issue du discours d'hier,
01:12qui était vraiment un vrai spectacle.
01:13Enfin moi, personnellement, je me suis vraiment régalé.
01:15Pourtant, je n'ai pas vraiment un fan de la première heure de Trump,
01:18surtout son premier mandat.
01:21Là, c'était juste exceptionnel.
01:22C'est-à-dire que quand on écoute Trump pendant plus de deux heures au Congrès,
01:26on se régale, on écoute Macron, on se désespère.
01:29Donc je veux dire, on voit qu'on est déjà dans deux planètes complètement différentes.
01:33Les sondages de sortie d'émission hier,
01:36j'ai regardé à peu près les cinq, six chaînes majeures ici à droite comme à gauche.
01:40On est à plus de 74% d'approbation à la sortie du speech.
01:44Donc je veux dire, à un moment donné, quand vous avez un chef,
01:47qu'on l'approuve ou qu'on le désapprouve, le pays se range derrière,
01:50je pense qu'il y a une dynamique et parti.
01:52Donc aujourd'hui, tout le monde est excessivement optimiste.
01:55Alors évidemment, les petits balottements sur les droits de douane,
01:59qu'est-ce que ça va produire ?
02:00Donc la bourse est dans le rouge une journée,
02:02elle est dans le vert le lendemain comme aujourd'hui.
02:04Et puis les deux jours d'avant, c'était une catastrophe.
02:06Donc il y a de l'incertitude, donc ça flotte un peu.
02:09Mais globalement, à part les plus démocrates,
02:12les démocrates qui sont dans le déni et qui s'enterrent,
02:14et qui étaient ridicules hier à jamais applaudir,
02:16même un gamin d'huit ans qui disait je veux devenir un membre de l'armée.
02:20Il y avait quand même des choses que tout le monde,
02:23qui étaient suffisamment universelles et que tout le monde pouvait applaudir.
02:26Ça a été assez dramatique.
02:27Donc on a un parti démocrate qui est complètement démobilisé.
02:31On a un vainqueur qui est extrêmement fort.
02:33Et puis finalement, il y a d'un côté, on l'a vu,
02:36alors j'ai regardé Macron quelques minutes.
02:38Voilà, d'un côté, il y a la voix de la puissance.
02:40De l'autre côté, il y a la voix de l'impuissance.
02:43Il y en a une qui donne la foi et l'autre qui fait pitié.
02:45Donc bon, aujourd'hui, ici, il faut le voir depuis.
02:49C'est souvent commenté depuis l'Europe comme oui, c'est un clown, il fait des trucs.
02:54Il y a Elon Musk, c'est n'importe quoi.
02:55Non, ici, ils sont en train de mettre en place quelque chose qui est en train de marcher.
02:59Il y a une dynamique qui est en train de s'instaurer.
03:01Tout le monde pense qu'en fait, l'État, quelque part,
03:04va arrêter de voler les contribuables pour redonner de l'argent à ceux que vous et à moi,
03:09c'est-à-dire au peuple.
03:11Et tout le monde y croit fermement.
03:14Tout le monde se range derrière cet état d'esprit.
03:16Il se dit, on ne va pas continuer à donner de l'argent à l'Ukraine,
03:19on va le donner aux Américains.
03:20Donc on est vraiment dans une autre planète.
03:22Oui, mais Denis Jaquet, pourtant, il y a des choses que la bourse,
03:26l'économie et les investisseurs n'aiment pas, c'est l'incertitude.
03:30Et il y a quand même des choses, il y a chez Donald Trump,
03:35un côté imprévisible sur sa politique quand même commerciale.
03:39Malgré ça, les entrepreneurs, les banquiers sont quand même rassurés ?
03:45Oui, parce qu'en fait, si à nouveau, et vraiment, c'est loin de moi l'idée
03:49toujours de taper sur l'Europe.
03:51Mais aujourd'hui, les milieux économiques détestent l'incertitude,
03:56mais ils détestent les mauvaises certitudes.
03:58C'est-à-dire qu'il y a une certitude en Europe, c'est que c'est le déclin total.
04:01Donc ça ne les acclame pas vraiment beaucoup.
04:03Ici, il y a un ballottement qui va durer encore quelques semaines et quelques mois.
04:07Le temps que les négociations se fassent sur les droits de douane,
04:09parce qu'au final, il n'a pas envie d'augmenter de 25%.
04:12Donc, il veut juste avoir une victoire politique et que le Canada, le Mexique,
04:16la Chine cèdent sur un ou deux trucs.
04:18Et après, ça sera complètement terminé.
04:20Une fois que cette phase sera passée, qui doit d'ailleurs être rapide,
04:25brutale et sans concession, c'est le seul moyen de déshabiller
04:29pour réhabiller un petit peu le soldat Ryan.
04:31Tout ira bien.
04:32Donc, si on regarde les investisseurs aujourd'hui,
04:34personne n'a peur d'investir dans les startups.
04:37Si on regarde les banques aujourd'hui, elles ne se retiennent pas particulièrement.
04:41Et je citerai Jamie Dimon, qui est le patron de la banque la plus puissante au monde,
04:47qui est JP Morgan, ici, qui dit bon, je n'aime pas Trump,
04:50je n'ai pas voté pour lui, mais on ne gagnera jamais autant d'argent qu'avec lui.
04:53Donc, tous les milieux, y compris démocrate comme lui, disent
04:56qu'on sait que pendant ces quatre années-là, l'économie va foncer à fond.
05:00Donc, le seul problème, c'est réussir à conjurer l'inflation
05:05parce que c'est vraiment un fléau au quotidien.
05:08On disait aujourd'hui que dans le magasin,
05:12je ne sais pas combien elles sont à Paris parce que je ne suis pas venu depuis deux mois,
05:15mais une orange, l'unité, une orange est à 1,39$.
05:20Je ne sais pas si vous vous rendez compte.
05:22C'est le prix d'un filet d'orange à Paris.
05:26Donc, ça, il va falloir qu'ils règlent ça
05:28parce que c'est à la fois un problème politique majeur pour ceux qui l'ont élu
05:31et puis c'est un problème de réalité économique qui peut complètement voiler la roue.
05:36Et s'il arrive à résoudre ça, les Etats-Unis sont partis pour avoir une puissance écrasante
05:42et il va léguer ça au prochain président.
05:45Ce qu'il est en train de construire là, s'il le réussit,
05:48c'est une Amérique victorieuse pour au moins les 20 ou 30 prochaines années.
05:51On verra.
05:53En tout cas, c'est vrai que sur cette guerre commerciale,
05:55ce que vous avez dit, c'est-à-dire qu'il pousse ses pions comme il le fait à chaque fois
05:59et qu'il veut revoir les choses.
06:00Et je disais ce matin que du côté de Pékin, où on est assez affaibli,
06:04on veut éviter à tout prix l'escalade justement avec les Etats-Unis
06:07parce que sinon, on ne réussira pas à atteindre l'objectif officiel de croissance
06:11puisqu'il y a une relance qui est attendue de 5%
06:14et on veut absolument s'épargner cette guerre commerciale d'ampleur.
06:18Merci pour cet éclairage parce que c'est intéressant de l'entendre des Etats-Unis.
06:22Bien souvent, on a des commentateurs qui sont d'ici et qui commentent ce qui se passe là-bas
06:26alors que vous, vous êtes en fait de l'intérieur.
06:28Merci Denis Jaquet.