Le gouvernement Akhannouch, qui arrive au terme de son mandat en 2026, avait promis en 2021 un million d’emplois. Trois ans plus tard, le compte n’y est pas. Le bilan officiel indique une perte nette de 24.000 emplois entre 2022 et 2024, malgré une hausse des postes rémunérés. Face à ce constat, l’Exécutif tente une remise à zéro des compteurs en se projetant sur 2030, avec 1,45 million d’emplois annoncés et un taux de chômage ciblé à 9%.
Mais comment croire à ces nouveaux objectifs alors que ceux de 2021 n’ont pas été atteints ? Le problème est-il conjoncturel ou structurel ? Le gouvernement cherche-t-il à masquer son échec en repoussant les échéances ?
Taib Aisse, analyste économique
Said Youssef, professeur d'économie à l'université Hassan 2 de Casablanca
- Maroc / Egypte : enjeux et défis de l'accord commercial
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00:00Avec cette feuille de route pour l'emploi, le gouvernement de Addis-Ernouche vient de réécrire le récit de son mandat.
00:07Rappelons l'effet d'abord. En 2021, l'exécutif promettait un million d'emplois. Trois ans plus tard, le bilan n'est pas bon.
00:1424 000 pertes nettes en 2022, 157 000 en 2023 et une création nette de 82 000 emplois en 2024.
00:23Faites le calcul, le résultat n'est pas bon. Un solde négatif de 99 000 emplois perdus en trois ans.
00:28Les chiffres sont têtus. Alors que fait le gouvernement ? Il change d'objectif. Désormais, on ne parle plus de 2026 mais de 2030.
00:35Comme si en prolongeant l'échéance, on pouvait faire oublier le passé et le présent.
00:40Si l'exécutif n'a pas pu créer un million d'emplois en cinq ans, pourquoi croire qu'il serait capable d'en créer un million et demi en six ans ?
00:49Pourquoi la sécheresse est-elle toujours l'excuse de référence alors que les tendances climatiques sont connues de toutes et de tous ?
00:56Pourquoi parle-t-on d'emplois créés alors que, dans les faits, il s'agit souvent d'emplois précaires subventionnés par l'État et non d'une véritable dynamique économique ?
01:04Ce n'est pas une simple erreur de prévision. C'est une tentative politique manifeste de masquer un échec en fixant des objectifs qui dépassent la durée du mandat actuel.
01:13En d'autres termes, le gouvernement de Aziz Arnouj semble préparer l'après-2026 en laissant aux prochains dirigeants la responsabilité de justifier ces chiffres.
01:23En attendant, les Marocains ne vivent pas en 2030, ils y vivent aujourd'hui, en 2025, avec un chômage au-dessus de 13%, un pouvoir d'achat en berne et des promesses qui sonnent de plus en plus creux.
01:35Nous allons en parler ce matin avec vos deux décodeurs du jour, Staphal Jay. Non, Staphal Jay n'est pas là, mais on le salue.
01:42Vos deux décodeurs du jour, c'est Aïd Youssef et Tahir Vey. C'est juste après le point info, à tout de suite.
01:47Les décodeurs d'Atlantique matin en ce mardi 4 mars 2025. Nous sommes ensemble jusqu'à 9h30 et je suis ravi d'accueillir sur ce plateau Tahir Vey Isamago,
01:58channeliste économique, expert comptable. Bonjour, c'est Tahir. Bonjour, c'est Adil. Ramadan Moubarak, Saïd. Merci. Bonjour, c'est Youssef.
02:05Saïd Youssef, professeur d'économie à l'Université Hassane II de Casablanca. Bonjour, professeur. Bonjour, c'est Adil. Bonjour, c'est Tahir. C'est un plaisir. Ramadan Moubarak.
02:13Un plaisir partagé. Ramadan Moubarak, Saïd. À toutes et à tous. L'emploi, voilà un sujet que nous avons abordé à plusieurs reprises, notamment avec vous, messieurs.
02:21On avait pris pour habitude d'en parler avec des chiffres et des objectifs fixés par l'exécutif à horizon 2026. Et là, qu'est-ce qu'on découvre à quelques mois des prochaines élections électorales,
02:34des prochaines échéances électorales? Pardon. On a un nouvel nouveau cap avec de nouveaux objectifs, de nouveaux chiffres. 1,45 million d'emplois créés à horizon 2030.
02:46Déjà, on peut se poser la question de savoir pourquoi le gouvernement ou l'équipe gouvernementale actuelle, dont le mandat s'achève en principe en septembre 2026, se projette au-delà de cette échéance électorale.
02:59Ça peut nous étonner. Et puis, comme je disais en introduction, si les objectifs initiaux à horizon 2026 ne seront pas tenus, à savoir que le million d'emplois promis ne sera pas créé.
03:11Pourquoi alors doit-on croire sur parole les responsables politiques qui nous promettent des créations massives d'emplois à horizon 2030?
03:23Je commence par Thaïbaïs. Qu'est-ce que vous pensez de tout cela? Écoutez, c'est une bonne mauvaise manœuvre politique que de dire au lieu de présenter un bilan des 5 ans du gouvernement,
03:38de lancer un autre objectif sur 2030 et de doubler, en fait, d'en rajouter. Au lieu de créer un million à l'horizon 2026, on va en créer 1,5 million en 2030.
03:52Donc, effectivement, c'est une façon de faire oublier l'objectif qui a été fixé pour ce mandat. Et en 2026, il y aura les élections. Et donc, au lieu de présenter un bilan et une évaluation et des responsabilités,
04:12on va dire non. En fait, finalement, on va faire mieux en 2030. Et oui, ça peut marcher. Peut-être à condition que les Marocains aient une mémoire de poisson rouge. Ce qui n'est pas le cas.
04:28Heureusement. Donc, je ne comprends pas le conseiller qui a conseillé cette manœuvre politique parce qu'en fait, ça risque de ne pas marcher et ça risque de faire des dégâts au niveau politique.
04:44Au-delà de la manœuvre politique, sur le plan en question, j'imagine que vous avez vu un petit peu les grands axes de cette nouvelle feuille de route présentée. Est-ce que compte tenu de ce qui a été présenté, vous pensez, vous estimez que ces objectifs, malgré tout ce qu'on peut dire sur la manœuvre politique, que ces chiffres sont ambitieux et peuvent être atteints si les leviers, les bons leviers sont activés?
05:08Oui, en fait, les chiffres, on peut atteindre n'importe quel chiffre à condition justement qu'on mette une véritable politique, une véritable stratégie avec des outils, avec des repères, avec des indicateurs chiffrés, avec une feuille de route claire et nette, ce qui n'est pas le cas.
05:24Donc, c'est exactement ce qui a été fait en 2021 avec le million qui a été annoncé. Donc, au lieu d'en créer, on en a détruit. Donc, en fait, il n'y a aucune vision, même à l'horizon 2030, qui augure de bons résultats.
05:39En revanche, si on avait annoncé en 2021 une stratégie qui allait jusqu'à 2030 ou même 2031 sur 10 ans, ça aurait du sens. Ça aurait du sens. Sur 10 ans, on va faire ceci, cela, etc. Avec évidemment un certain nombre d'outils concrets et de stratégies, de mesures concrètes justement pour arriver à ce résultat.
06:03Mais venir en 2025 et de prolonger encore davantage, ça n'a aucun sens. Qu'est-ce qui a changé par rapport à 2021 ? Qu'est-ce qui a changé et qu'est-ce qui a été mis en œuvre ? En plus, est-ce qu'une analyse critique a été faite sur ce mandat ? Pourquoi est-ce qu'on n'est pas arrivé à un million de créations d'emplois ? Au lieu de cela, on en a détruit.
06:28Aucune analyse sérieuse n'a été faite pour dire exactement ce qui s'est passé. Et pourquoi est-ce qu'on n'est pas arrivé à cela ?
06:37Alors, pas d'analyse peut-être assez sérieuse de votre point de vue. En tout cas, il y a eu des justifications de la part des responsables gouvernementaux.
06:44Laissez-moi juste terminer. Il y a eu des justifications de la part des responsables gouvernementaux qui, pour expliquer ces mauvais chiffres, ramenaient à chaque fois l'argument ou la carte de la CSF et des conditions climatiques très peu favorables.
06:58C'est trop simple en fait.
06:59Oui. Je ne fais que rappeler des faits. Après, vous faites le commentaire que vous voulez.
07:04Saïd Youssef, qu'est-ce que vous pensez de tout cela ?
07:08Pour moi, il est intelligent toujours de fixer des objectifs. Je comprends bien qu'on a fixé un chiffre d'un million quarante-cinq pour 2030. On veut un peu rappeler le grand challenge de l'organisation de la Coupe du Monde.
07:24Mais à mon sens, il a fallu tout d'abord présenter un diagnostic. Pourquoi on a atteint cette situation catastrophique ? Il faut comprendre déjà ce qui se passe réellement.
07:36On sait bien que lorsqu'on veut attaquer une maladie, on commence par un diagnostic. Un diagnostic politique, un diagnostic économique s'impose aujourd'hui.
07:47On remarque bien que les solutions proposées restent classiques, relèvent de ce qu'on a déjà essayé. Il n'y a rien d'original, il manque d'innovation.
07:58Je suppose que ce qu'on a projeté comme objectif est louable, mais il faut mettre la bonne politique pour le mener à bien.
08:07J'ajouterais quand même que lorsqu'on met 2030, il faut nous communiquer déjà comment atteindre ces un million quarante-cinq de façon chiffrée, par quelle politique de suivre.
08:18Les moyens sévères sont là parce qu'on sait bien que dans le domaine de l'emploi, on ne crée pas de l'emploi uniquement par des budgets, comme on l'a projeté de 14 milliards de dirhams.
08:29Donc il me semble qu'aujourd'hui, on doit réviser notre vision de l'emploi et croire une fois pour toutes que le chômage relève de l'économique.
08:40Et pour régler un problème économique, il faut attaquer la machine économique. Ici, c'est la croissance. C'est le mode opératoire de l'économie.
08:49C'est la relation entre le privé et le public. Et la solution nécessite beaucoup d'innovation. C'est ce qui manque à mon sens aujourd'hui dans le programme actuel.
08:58Alors en parlant du secteur privé des entreprises, on en a parlé la dernière fois avec vous. Pour 2025, il y a un budget de 15 milliards de dirhams qui a été alloué dans le cadre de ce plan pour l'emploi.
09:10Ça a augmenté. Ils ont rajouté un milliard entre-temps. On parle de 15 milliards pour 2025. Et sur ces 15 milliards, il y a au moins 12 milliards qui sont destinés au TPME pour soutenir l'investissement des TPME.
09:24Est-ce que ça, ça va dans le bon sens des mesures à prendre ou est-ce que ça, comme vous l'avez dit, ça reste des mesures classiques qui n'ont pas fait leur preuve et qui ne feront pas leur preuve ?
09:34Les données de l'argent pour soutenir l'économie, ça a été toujours une bonne chose. Mais il faut asseoir derrière une politique claire qui intègre toutes les sphères économiques.
09:43La croissance économique pour la beaucé, il faut des secteurs économiques et dynamiques. Il faut un cadre administratif transparent qui assure le partage de l'information, mais aussi qui sécurise les transactions.
09:54Actuellement, c'est vrai, le gouvernement a mis les moyens. Ça, c'est une très bonne chose. Mais à mon sens, on doit faire beaucoup d'innovation en matière de création de l'emploi et de création de la recherche.
10:06Comment on doit répondre à une grande question ? Comment dynamiser l'entreprise et comment encadrer et intégrer le privé dans la création de la richesse ? C'est un grand débat qu'il faut mener.
10:17Et d'ailleurs, le tableau, il est là. On a toujours cette problématique du secteur informel. On a toujours cette problématique de l'emploi qui est précaire, la fuite des cerveaux.
10:28Donc le tableau, il est là. Il faut attaquer ces symptômes pour trouver la bonne solution économique.
10:34L'argument de la sécheresse et l'argument climatique de façon générale, c'est vrai qu'il a été utilisé à tort et à travers au cours des dernières années pour justifier tous les tous les mauvais résultats, notamment économiques.
10:48Bon, on ne va pas se voiler la face. C'est une réalité. Ça fait au moins 6, 7 ans qu'on vit, qu'on traverse une période très compliquée avec une sécheresse très impactante sur la vie des gens de façon globale et sur les indicateurs macroéconomiques du pays.
11:03Une fois qu'on a dit ça, est ce que c'est suffisant pour justifier tout le reste? Autrement dit, est ce que l'argument qui est avancé à chaque fois pour expliquer les mauvais résultats, à savoir la sécheresse et les indicateurs climatiques?
11:17La conjoncture climatique plutôt. Est ce que c'est un argument valable? En fait, ça aurait été un bon argument valable s'il vient de tomber aujourd'hui.
11:28En revanche, comme vous l'avez souligné, on savait déjà depuis 6, 7 ans que quand on est rentré dans une phase de sécheresse aiguë au Maroc, qui n'est plus devenu une donnée structurelle.
11:40C'est devenu une donnée structurée qui n'est plus conjoncturelle, mais structurelle. Dans 2021, quand on avait annoncé ce programme gouvernemental, on savait pertinemment que nous sommes dans une période de sécheresse.
11:50Donc, il aurait fallu en tenir compte. Et là, justement, parmi les choses qu'il va falloir commencer à faire, c'est déjà d'analyser et de critiquer les bases sur lesquelles le programme gouvernemental s'était basé en 2021.
12:06Quelles sont les hypothèses qu'on avait prises et quels sont les outils qu'on avait pris déjà sur lesquels on allait mettre en place cette stratégie et critiquer ce travail méthodologique?
12:18Les hypothèses sont toujours les mêmes. J'ai commencé à prendre par cœur la phrase qui dit que sous l'hypothèse d'une année, d'une campagne céréalière normale à, alors on parle de 80 millions de quintaux, 60 millions, ça dépend, chaque année, ça dépend.
12:31Les hypothèses n'ont pas changé.
12:34En fait, effectivement, on avait toujours parlé de 85 millions de quintaux, alors qu'on est tombé à 34. Donc déjà, vous voyez, il y a un grand gap.
12:43Est-ce qu'on peut prévoir l'avenir?
12:46Bien sûr, en fait, il y a des choses qui sont prévisibles.
12:48La pluviométrie, vous ne pouvez pas la prévoir.
12:50Mais si, mais quand on rentre dans une phase, le Maroc est rentré dans une phase de sécheresse.
12:56On espère que l'année prochaine sera meilleure, que la pluviométrie va augmenter. Et ça, vous n'en savez rien.
13:00Mais les politiques ne se basent pas sur le hasard.
13:03Mais au Maroc, gouverner, c'est pleuvoir.
13:07Oui, mais avant, mais maintenant, même encore aujourd'hui, regardez.
13:10Non, non, non, non. En fait, justement, aujourd'hui, gouverner, c'est innover, trouver des solutions dans le cadre d'une situation de sécheresse généralisée.
13:18Nous savons pertinemment que l'Afrique du Nord et même la Méditerranée connaît une situation de sécheresse généralisée qui va s'accentuer d'année en année.
13:26C'est une donnée, donc c'est une donnée que tout le monde connaît, même au Maroc, en Espagne, en France, en Italie, en Algérie, en Tunisie, etc.
13:33Donc, c'est exactement la même problématique.
13:35Donc, il faut en tenir compte. Donc, il ne faut pas rêver.
13:38C'est bien de rêver, de lancer des souhaits.
13:41Donc, ça, ce n'est pas des stratégies, c'est des souhaits.
13:44On souhaite que... C'est bien.
13:46Mais les politiques, ça se base sur des choses concrètes.
13:48Ça se base sur des données.
13:49Ça se base sur un certain nombre de choses qu'il aura fallu mettre en place.
13:54Nous avons toute l'innovation qu'il va falloir faire.
13:56Il y a toute l'économie numérique qu'il va falloir développer.
14:00Il y a la technologie et la recherche et le développement.
14:02Il faut profiter de la jeunesse marocaine qui est là, qui ne cherche qu'à travailler.
14:06Donc, il faut en profiter. C'est la véritable richesse du Maroc.
14:09Il faut la faire travailler.
14:11Nous avions fait un travail extraordinaire sur l'amélioration de l'environnement des affaires au Maroc entre 2012 et 2021.
14:20Et on a arrêté ce travail.
14:22Il y avait tout un travail qui a été fait, justement, pour améliorer l'environnement des affaires au Maroc.
14:27On avait encouragé la petite et la très petite entreprise en mettant en place un système fiscal qui favorise la petite entreprise avec 10% de l'IES.
14:40Au lieu d'aller dans ce sens et d'encourager encore davantage la petite entreprise, la très petite entreprise, qu'est-ce qu'on a fait ?
14:47On a relevé l'IES en passant de 10% à 20%.
14:50Vous voyez, on avait créé un cadre de l'auto-entrepreneur.
14:55On est revenu dessus.
14:56On avait créé un certain nombre de choses qui allaient dynamiser, justement, l'économie, faire travailler les jeunes, sortir les jeunes de la précarité de l'économie informelle, justement, pour les formaliser.
15:07On est revenu sur cela.
15:08Il y avait un certain nombre de programmes qui étaient lancés et notamment de lois cadres qui ont été lancées dans l'ancien gouvernement,
15:15notamment la réforme fiscale.
15:17Rien encore n'a été fait pour augmenter, justement, améliorer l'environnement des affaires.
15:22La restructuration.
15:23Il y a eu une loi cadre sur la restructuration des entreprises publiques.
15:28Ça a été gelé.
15:29Il y a eu une loi qui a été lancée, la loi 55-19 sur la simplification des procédures.
15:35Ça a été gelé également.
15:36Il y a eu une réforme de l'éducation et de la formation.
15:41Ça a été une loi cadre.
15:42Ça a été gelé également.
15:44Il y a un certain nombre de lois.
15:46Il y a une loi sur l'enrichissement illicite qui a été également gelée.
15:51Vous voyez, il y a tout un ensemble de lois.
15:53Cette loi, en l'occurrence, on en a parlé lors de la publication des derniers indicateurs de la corruption.
15:59Exactement.
16:00Ça a été gelé.
16:01Regardez l'horloge qui se trouve à votre gauche.
16:04Il est 1h01.
16:05Je ne vous ai pas interrompu.
16:06Je me suis dit qu'il allait s'en rendre compte et qu'il allait s'arrêter de lui-même.
16:09Mais non, en fait.
16:10Je suis obligé de vous arrêter pour que vous vous arrêtez.
16:13Il y a une heure qui a été réduite.
16:15Oui, mais il y a des choses qui ne changent pas.
16:19Et à 9h, on donne la parole à Mourad Baba pour le journal.
16:23Et à 9h01, on a légèrement débordé.
16:25Le point info.
16:26On se retrouve juste après pour la suite du débat tout de suite.
16:30Et Taye Baiss, on parle ce matin de ce nouveau plan pour l'emploi,
16:35de cette nouvelle feuille de route pour l'emploi qui se projette à l'horizon 2030.
16:38Et on est en train de discuter des tournails aboutissants de ce plan.
16:42Je vous ai interrompu tout à l'heure, Taye Baiss, parce que vous avez débordé.
16:46Vous avez interrompu à juste titre.
16:48Alors, soit je donne la parole maintenant à Césaire Youssef,
16:51soit je vous redonne la parole avec son accord, bien évidemment.
16:54Je vous laisse gérer.
16:56Pas de soucis.
16:58Terminez ce que vous étiez en train de dire.
17:00Après, je donne la parole à Césaire.
17:01Rapidement.
17:02En fait, je disais qu'il y avait un certain nombre de lois cadres
17:06qui avaient été faites par l'ancien gouvernement
17:10qu'il fallait justement mettre en place.
17:12C'est des outils sérieux pour justement travailler et redresser l'économie,
17:16notamment l'amélioration de l'environnement des affaires au Maroc,
17:19notamment la restructuration des entreprises publiques au Maroc,
17:23qui est un grand chantier sur lequel il va falloir travailler,
17:26notamment justement la finalisation de la couverture sociale
17:30qui, normalement, la loi cadre 2020 prévoyait justement qu'elle devait être achevée en 2025.
17:38Nous sommes en 2025.
17:40On n'a pas encore atteint tous les objectifs.
17:42Et la loi cadre sur la formation et l'éducation qu'il va falloir mettre en place
17:49justement pour arriver à cette adéquation entre la formation et le marché du travail.
17:55Et la simplification des procédures justement pour neutraliser l'aspect bureaucratique
18:05dans tout ce qui est procédures administratives justement avec la loi 55-19
18:10qu'il va falloir mettre en œuvre.
18:13On avait commencé justement à la mettre en œuvre, mais on a arrêté.
18:16Donc il y a énormément de chantiers qui étaient structurants
18:19qu'il va falloir travailler sur les quatre années.
18:21Malheureusement, ça n'a pas été fait.
18:23Et ces chantiers allaient justement créer une dynamique
18:26qui allait redresser l'économie et créer de la croissance et qui va créer de l'emploi.
18:31Je vais faire un focus sur cette question de l'inadéquation entre la formation prodiguée
18:36de façon générale et les débouchés du marché de l'emploi.
18:40On en a parlé avec vous la dernière fois, Syed Youssef.
18:44Et de mémoire, vous avez évoqué l'exemple allemand en matière de formation.
18:49Et vous disiez qu'on devrait, entre autres, s'inspirer de ce qui marche sous d'autres cieux,
18:53notamment ce modèle allemand qui favorise plus la formation professionnelle,
18:58des formations relativement courtes.
19:00On n'est pas sur des cycles très longs.
19:02On est sur des cycles de trois ans, mais avec des débouchés immédiats
19:05pour les entrants sur le marché du travail.
19:09Est-ce que de ce que vous voyez aujourd'hui, on se dirige vers ce type de modèle ?
19:15On a annoncé une réforme de l'ANAPEC, une nouvelle façon de voir la formation dans le cadre de ce plan.
19:21Est-ce que vous voyez les prémices, on va dire, de ce modèle-là
19:25ou est-ce qu'on en est encore très, très loin ?
19:28Il est clair que dans la problématique de l'emploi, il y a une facette formative.
19:35Au niveau de la formation, il y a des dysfonctionnements.
19:40Donc, parmi tous les consultants, les experts parlent de cette inadéquation
19:44entre la formation et l'emploi.
19:46Et donc, il faut passer à l'action.
19:48Mais lorsqu'on parle d'un changement de modèle, on ne doit pas uniquement se limiter à l'ANAPEC
19:54parce que la solution doit être systémique.
19:56Lorsqu'on parle de la formation, c'est l'université, c'est les grandes écoles d'ingénieurs,
20:00c'est la formation professionnelle.
20:03Et donc, il faut qu'il y ait un rapprochement entre le milieu de formation
20:07et les besoins professionnels, surtout du secteur innovant.
20:13Et d'ailleurs, on avait parlé du modèle allemand qui est parfaitement modèle dual,
20:17c'est-à-dire que l'étudiant passe une bonne partie de son temps en entreprise,
20:23il est en pleine formation.
20:25C'est un peu ce qu'on avait toujours fait depuis des années sur le système LM,
20:29avec le métier LM en quelque sorte.
20:31Il y a quelques années, les beaux jours aujourd'hui de l'artisanat marocain,
20:37c'est grâce à cette politique parce qu'il y a des apprenants, c'est la transmission.
20:41C'est de la bonne formation tout simplement, si on veut faire le parallèle avec d'autres secteurs,
20:46notamment industriels.
20:48C'est de la formation pratique.
20:49Et donc aujourd'hui, si on veut vraiment réduire cette problématique de l'emploi,
20:53on doit avoir un système de formation qui permet d'avoir des lauréats capables de passer à l'action.
21:00Et d'ailleurs, c'est toujours dans ce temps qu'on parle d'emploi.
21:05En 2025, la Chine a un grand projet, ce qu'on appelle « Made in China ».
21:13D'ailleurs, c'est le cheval de bataille de la croissance et de la création de l'emploi.
21:18Et aujourd'hui, le Maroc doit faire la même chose.
21:21Si on prend le modèle chinois, le modèle chinois, il veut une stratégie industrielle ciblée,
21:26basée sur la technologie, sur la voiture électrique, sur la technologie innovatrice.
21:31Et donc le Maroc, à mon sens, doit aller dans ce sens.
21:34Si on veut créer de l'emploi, on parle de la formation.
21:37Mais on sait bien que pour créer de l'emploi, on a besoin de secteurs industriels innovants.
21:43Et pour avoir un secteur industriel innovant, on doit mettre le point sur un élément important.
21:48C'est le manque de terrain industriel.
21:50Si on veut investir au Maroc aujourd'hui, il y a des zones d'accélération industrielle, mais ce n'est pas suffisant.
21:56Au contraire, le contraste, c'est qu'aujourd'hui, dans certaines grandes villes du Maroc,
22:00on est en train de démolir des zones industrielles et de les transformer en zones résidentielles.
22:06Donc il faut faire le bilan.
22:08Est-ce qu'on est dans une stratégie de création de l'emploi ou encore on veut bloquer l'emploi ?
22:15Répondre à une grande question, est-ce que l'emploi relève du structurel ?
22:18Oui, ça relève du structurel, ça relève du modèle économique choisi par le Maroc.
22:22Et donc il faut une solution radicale qui touche les mécanismes fondamentaux de l'économie marocaine.
22:27Vous avez baissé sur cette question de la formation. Quel est votre point de vue ?
22:30Bien sûr, la formation, c'est capital.
22:32Donc on ne peut pas faire un développement sans formation.
22:36La véritable richesse du Maroc, c'est finalement ces jeunes.
22:40C'est le facteur humain, effectivement.
22:43Donc il va falloir justement former et bien former.
22:46L'école marocaine forme bien, en général.
22:48Mais maintenant, il faut...
22:50L'école marocaine a déjà formé des cadres de haut niveau.
22:54Mais maintenant, il ne faut pas la casser, il faut l'entretenir.
22:56Il faut l'améliorer.
23:00Surtout, là où le bas blesse parfois, c'est qu'elle forme bien.
23:04Globalement, ça dépend des filières et de ce qu'on entend par la formation.
23:08Mais surtout, elle doit former des gens qui puissent travailler rapidement.
23:12Ce qui fait défaut souvent.
23:14Exactement, c'est ce que disait Seuss tout à l'heure.
23:16Effectivement, il va falloir avoir cette adéquation entre la formation et le monde de travail.
23:20Justement, par une collaboration directe, avec des liens directs entre l'université et l'entreprise.
23:26La recherche et le développement, c'est un thème très important.
23:29Justement, la recherche et le développement, ça se fait entre ces deux secteurs.
23:33Entre l'entreprise et l'université.
23:36On va marquer une petite pause, il est 9h15.
23:38Karim Drolé nous a rejoint pour le Point Info.
23:40On se retrouve juste après pour la suite du débat.
23:42On va parler d'un accord commercial avec nos amis égyptiens.
23:47On va essayer de voir avec vous si on est dans une coopération inuine entre les deux pays.
23:52Ou est-ce que l'Egypte et le Maroc se voient toujours comme des concurrents régionaux.
23:56Notamment dans certains secteurs et sur certaines filières.
23:59Le Point Info avec Karim Drolé, à tout de suite.
24:03Merci, vous revenez tout à l'heure pour le journal de 9h30.
24:06On poursuit nous avec Saïd Youssef et Taïb Haïss, notre émission du jour.
24:12On va passer au deuxième sujet programmé aujourd'hui.
24:15C'est cet accord conclu entre le Maroc et l'Egypte,
24:19qui ont donc décidé récemment de renforcer leur coopération économique et surtout commerciale
24:23avec la création d'un mécanisme baptisé Fast-Track,
24:26qui vise à faciliter les exportations marocaines vers l'Egypte.
24:30C'est un accord qui a été conclu entre Riad Mzour, le ministre de l'Industrie et du Commerce,
24:34et son homologue égyptien.
24:36Alors pourquoi cet accord a été conclu ?
24:38C'est ça qui est intéressant.
24:39C'est parce que récemment, on a assisté à un blocage de certaines exportations marocaines vers l'Egypte,
24:45notamment des produits de la filière automobile de l'industrie automobile marocaine.
24:50Et donc, c'est la raison pour laquelle cet accord a été conclu.
24:53Maintenant, la question que j'ai envie de vous poser, puisque ça fait écho,
24:55quand j'ai vu un petit peu cette actualité récemment,
24:58j'ai automatiquement, je me suis remémoré automatiquement,
25:02l'épisode avec l'ancien ministre de l'Industrie, Boleh Afedali,
25:07qui avait tapé du poing sur la table vis-à-vis de certaines pratiques de nos amis égyptiens.
25:13Et donc, la question que j'ai envie de vous poser, c'est,
25:15est-ce que l'Egypte doit être perçue, côté marocain, comme un allié commercial, économique,
25:21un partenaire ou comme un concurrent sur certaines activités,
25:26dans certains secteurs et certaines filières ?
25:29Qu'est-ce que vous en pensez, Taïbaïs ?
25:31En fait, le Maroc et l'Egypte auraient pu être de très bons partenaires économiques
25:38si les deux parties respectent les règles de ces accords.
25:42Il y a des accords de libre-échange entre les deux pays.
25:45Mais ce qui se passe, en fait, c'est que côté marocain, en général, ça se passe très, très bien.
25:50Mais côté égyptien, il y a ce qu'on appelle des barrières non tarifaires.
25:55Même si vous n'allez pas payer le droit de douane,
25:59quand votre marchandise arrive aux différents ports d'Egypte,
26:03on va vous mettre énormément de barrières non tarifaires.
26:06Ça veut dire qu'on va bloquer la marchandise, on va faire des analyses,
26:09on va faire ceci, cela, etc., un certain nombre de choses.
26:11Et finalement, votre marchandise est bloquée et vous n'arrivez pas à accéder au marché.
26:16Quoique, il y a des accords, effectivement, qui font ce libre-échange.
26:20Ça a été appliqué au Maroc, malheureusement, depuis des années,
26:23notamment sur les voitures, en prétendant que les voitures marocaines ne sont pas...
26:28En fait, le taux d'intégration n'a pas atteint un certain niveau de 50%, de 60%, voire même plus.
26:35Et donc, en disant que finalement, ce ne sont pas des voitures marocaines,
26:37ce sont des voitures qui ont fait que le montage au Maroc,
26:40avec 30%, au moins de 30% d'intégration au Maroc.
26:44Et donc, on les bloque en disant que ce ne sont pas des voitures marocaines.
26:48Donc voilà, c'est le genre de barrière non tarifaire et non justifiée, effectivement.
26:54Donc là, ça pose un grand problème pour les marchandises marocaines
26:59et pour les hommes d'affaires marocains qui travaillent avec l'Egypte.
27:02En revanche, lorsque les marchandises égyptiennes arrivent au Maroc,
27:05en général, ça se passe très, très bien, donc il n'y a pas de souci.
27:08Donc là, c'est le premier problème et la première grande problématique.
27:11La deuxième grande problématique, c'est déjà au niveau de la structuration
27:15de l'économie marocaine et égyptienne.
27:17Vous savez que déjà, on est au Maroc,
27:20le coût de l'énergie est très, très élevé par rapport à l'Egypte.
27:24Deuxièmement, il y a de grandes subventions en Egypte
27:28d'un certain nombre de secteurs qui exportent,
27:32ce qui fait qu'il y a une sorte de dopage, en fait,
27:36des produits égyptiens par rapport aux produits marocains,
27:41ce qui fait que si on continue de cette façon,
27:44on va casser l'industrie marocaine qui n'a pas les mêmes protections.
27:48Donc là, il y a un problème à ce niveau-là également qu'il va falloir travailler.
27:52Si, justement, cet accord qui est une bonne chose,
27:55peut-être, j'espère qu'il va réussir avec l'intervention de Cemsual
27:58qui fait du bon travail à ce niveau-là.
28:00Donc le fast-track, ça veut dire quoi ?
28:02Ça veut dire tout simplement qu'on va faciliter l'entrée
28:05des marchandises marocaines sur le...
28:07Surtout, ça permet un suivi minutieux et précis
28:11des échanges commerciaux entre les deux pays
28:13et d'identifier rapidement des blocages ou des problèmes
28:15pour les régler rapidement.
28:16Oui, exactement.
28:17Mais le fast-track, ça veut dire, en fait,
28:19que la marchandise marocaine va circuler,
28:21va entrer rapidement sur le marché égyptien,
28:25justement, en limitant ces barrières non tarifaires.
28:30J'espère que ça va se faire.
28:32Mais on aurait pu éviter tous ces mécanismes
28:36si, tout simplement, les accords ont été respectés.
28:39Les accords d'Agadir, notamment, ont été respectés,
28:41justement, avec les accords de libre-échange,
28:44ce qui n'est pas malheureusement le cas encore aujourd'hui.
28:46Professeur Saïd Youssef.
28:48On parle...
28:50Revenons un peu au contexte.
28:51On parle des accords d'Agadir 2004.
28:54On parle des accords avec la Jordanie, l'Égypte, Tunisie, Maroc.
28:58On a signé en 2004.
29:00On commence à rencontrer des problèmes
29:04en 2024-2025 et un peu avant.
29:06On doit déjà expliquer une chose fondamentale.
29:10Dans tous les accords de libre-échange signés avec ces pays,
29:13le Maroc est déficitaire.
29:15C'est-à-dire qu'on n'importe plus ce qu'on exporte vers ces destinations.
29:19Donc, diagnostiquons un peu la situation.
29:22Ça veut dire qu'on signe des accords
29:24et après, il n'y a pas de suivi de façon permanente
29:27des situations de chaque accord.
29:28Donc, il a fallu attendre 2024 avec l'Égypte
29:31à ce que cette dernière bloque les voitures made in Morocco
29:35pour des raisons techniques,
29:37chose que le Maroc refuse.
29:39Et on décide, en contrepartie,
29:42le Maroc décide de bloquer aussi les importations égyptiennes.
29:47Donc, maintenant, il y a une solution.
29:50C'est vrai, il y a une procédure accélérée pour les exportations marocaines.
29:53C'est une bonne chose.
29:54Mais il ne suffit pas de mettre des procédures.
29:56Il faut qu'il y ait un suivi continu, permanent,
29:58des relations bélatérales, surtout de libre-échange.
30:01Le même scénario, aujourd'hui, on ne doit pas l'oublier,
30:04avec la Tunisie.
30:05Avec la Tunisie, on est en déficit commercial.
30:07Avec la Turquie, c'est la même chose.
30:09Avec la Tunisie, il y a d'autres problèmes politiques à régler aussi.
30:12Oui, oui, mais parlons d'économique.
30:15Lorsqu'on signe un accord de libre-échange,
30:18c'est pour booster l'économie nationale.
30:20C'est pour le respecter, surtout.
30:22Si vous ne le respectez pas...
30:23C'est win-win.
30:25On n'est pas dans la casse-figure.
30:28Et à mon sens, aujourd'hui, ces accords de libre-échange,
30:31un, il faut les communiquer déjà à nos partenaires économiques
30:34et aux acteurs économiques marocains.
30:36Deux, faire un bilan réel de ce qui se passe secteur par secteur
30:40et évaluer les dégâts sur l'économie marocaine.
30:43Parce qu'on n'oublie pas,
30:45l'accord de libre-échange avec la Turquie
30:48a provoqué la fermeture de beaucoup d'usines du textile
30:51à déveillement au Maroc.
30:54Aujourd'hui, l'industrie de l'agroalimentaire
30:56et de certaines industries chimiques souffrent
30:59avec les importations égyptiennes.
31:02Et donc, ce qu'on fait,
31:04ce qu'il fait actuellement par l'actuel ministre Mzouri,
31:07M. Omar Hajera, c'est ça,
31:11le secrétaire d'État, c'est une bonne chose.
31:13Mais généralisons ça et évaluons tous les accords.
31:16Et c'est un devoir.
31:17Parce qu'un accord de libre-échange mal géré
31:20est une hémorragie pour l'économie nationale.
31:24Et d'ailleurs, on parle de l'emploi, c'est lié.
31:26On ne peut pas signer des accords pour détruire l'emploi.
31:29On ne peut pas signer des accords pour transformer notre économie
31:32en entreprise où on fait de la simple importation.
31:36Donc, vigilance extrême.
31:38Ce qu'il fait actuellement avec l'Égypte, c'est une bonne chose.
31:41Il faut mettre les points avec les îles,
31:43avec les points sur l'Égypte, sur le dossier,
31:46le dossier qui est brûlant.
31:47Mais on doit contrôler aussi les autres accords
31:49de libre-échange qui sont beaucoup plus...
31:50Après, ça ne représente pas une part très importante
31:53des échanges commerciaux du Royaume.
31:55Ce sont des peanuts par rapport à d'autres partenaires.
31:58Mais pourquoi ?
31:59Je trouve que c'est intéressant d'en parler
32:00parce qu'on a pris pour habitude lorsqu'il s'agit
32:02de parler des relations commerciales du Maroc
32:05avec son environnement régional et international.
32:08On parle des partenaires principaux,
32:10l'Union européenne, etc.
32:12Mais c'est vrai qu'il y a un élément
32:14que vous avez évoqué par Iberis,
32:15c'est-à-dire que ces pays-là,
32:17ces pays qui nous ressemblent d'une certaine façon,
32:19on parle de l'Égypte, de l'Algérie,
32:21on met de côté, mais la Tunisie,
32:22les pays d'Afrique subsaharienne.
32:25Souvent, on a des économies
32:27qui peuvent être assez complémentaires,
32:31mais dont le plein potentiel
32:32n'est pas exploité au maximum.
32:34Et c'est la raison pour laquelle
32:35je voulais parler de la relation économique
32:39et commerciale qu'entretient le Maroc
32:40avec un pays comme l'Égypte,
32:42pour voir peut-être ce qui nous manque
32:45ou ce qui nous empêche
32:47de booster davantage
32:48les échanges économiques et commerciaux
32:50dans une relation, dans une vision win-win,
32:53bien évidemment.
32:54En fait, la problématique,
32:56c'est qu'en parlant de l'Égypte,
33:00déjà, nous avons un déficit commercial aigu.
33:04Même au niveau des investissements étrangers,
33:06les investissements étrangers marocains
33:08en Égypte sont supérieurs
33:09aux investissements égyptiens en Maroc.
33:12Et en fait, la balance commerciale
33:14entre le Maroc et l'Égypte,
33:15c'est entre 1 et 70 en faveur de l'Égypte.
33:19De 1 à 70.
33:20Mais évidemment, au niveau des échanges
33:25commerciaux avec l'Égypte,
33:26ce n'est pas grand-chose.
33:27Ce n'est pas grand-chose,
33:28mais c'est la matière, en fait,
33:29qui pose un peu problème.
33:31Pour les échanges...
33:32Mais la question, c'est comment,
33:33qu'est-ce qui doit être fait
33:35pour booster ce volume d'échanges
33:37qui n'est pas dérisoire,
33:38mais qui n'est pas très important.
33:39Voilà, j'y arrive justement.
33:40En fait, notre problématique,
33:41c'est que le Maroc, l'Égypte
33:44et tous les pays du Sud
33:45avaient été victimes, en fait,
33:47de la distribution internationale
33:51de travail entre les pays du Nord
33:53développés et les pays du Sud.
33:55Ça veut dire quoi ?
33:56Ça veut dire que les pays du Sud,
33:57du Nord qui avait colonisé
33:58les pays du Sud pour la plupart,
34:00avaient orienté les économies du Sud,
34:03Afrique, Amérique latine, etc.,
34:06vers la production des matières premières,
34:08la production de l'agriculture
34:09et un certain nombre de productions
34:11à faible valeur ajoutée.
34:13Et donc, finalement,
34:14on est tous conquérants,
34:15en quelque sorte.
34:16Donc, ce qu'il va falloir faire,
34:17justement, pareil
34:18à ce que tu viens de dire,
34:19c'est de sortir justement
34:20de cette distribution mondiale
34:26du travail et donc de restructurer
34:30nos économies pour justement
34:32être des économies industrialisées
34:34et complémentaires entre les pays.
34:36On a énormément de choses
34:37à voir avec l'Egypte
34:40en tant que pays partenaire
34:42et complémentaire
34:43au niveau de l'économie.
34:44On peut faire énormément de choses.
34:45Ils ont un potentiel
34:46très, très important.
34:47C'est un marché qui dépasse
34:49les 100 millions d'habitants
34:51avec une forte progression
34:53dans la population.
34:54Le Maroc, également,
34:55présente un certain nombre
34:56de facteurs
34:57qui sont très, très importants.
34:58On aurait pu faire un partenariat
35:03gagnant-gagnant entre les deux pays.
35:05Dans certains secteurs,
35:07on est concurrent.
35:08Oui, justement,
35:09parce que la distribution
35:11internationale du travail
35:13fait qu'on est concurrent.
35:15On produit la même chose
35:16pour le Nord.
35:17L'industrie agroalimentaire,
35:18le tourisme,
35:19on a des destinations concurrentes.
35:20Oui, justement,
35:21parce qu'on a été formatés
35:25de façon à ce qu'on soit
35:26un marché pour les Européens,
35:28pour les pays du Nord.
35:29Donc, il va falloir sortir
35:30de ce cadre pour justement
35:32créer un nouveau cadre
35:33entre nos différents pays.
35:35Ça y est, Youssef.
35:36Au-delà de l'accord avec l'Egypte,
35:38parce que si on met le focus
35:40uniquement sur l'accord avec l'Egypte,
35:42on présuppose que les autres conventions
35:45marchent agréablement.
35:47Prenons même le modèle,
35:48l'accord de l'émergence
35:50avec les Etats-Unis.
35:51Le Maroc ne tire pas vraiment profit
35:55de ce grand marché.
35:57On parle des Etats-Unis.
35:58Donc, ça signifie quoi ?
36:00On signe des accords.
36:02Il est plus symbolique qu'autre chose,
36:03cet accord.
36:04On signe des accords, malheureusement.
36:07Mais on ne sensibilise pas suffisamment
36:10les acteurs économiques
36:11pour développer les exportations
36:13vers ces marchés.
36:14Il y a un problème de communication aussi.
36:16N'allez pas rappeler à Donald Trump
36:18qu'on a un accord de libre-échange
36:20signé avec les Américains.
36:21Il est capable.
36:22Avec le Maroc, c'est autre chose.
36:24En fait, il est 9h30.
36:25En 30 secondes.
36:26La plupart des accords de libre-échange
36:28signés par le Maroc sont déficitaires,
36:30sauf les accords avec les pays africains.
36:32C'est uniquement avec les pays africains
36:34qu'on est un petit chouïa positif.
36:37Sinon, pour le reste, on est négatif.
36:39Parce que, justement,
36:40nous avons un problème
36:41de notre outil de production industrielle.
36:43Merci, Thaïbaïs.
36:44Merci, Saïd Youssef.
36:46C'est toujours un plaisir
36:47d'échanger avec vous,
36:48de vous accueillir.
36:49Je vous souhaite un très bon Ramadan.
36:51Ramadan Mubarak, Saïd.
36:52Merci à vous.
36:53Et au plaisir de vous retrouver prochainement
36:55pour d'autres émissions.
36:56Karim Drôny revient dans quelques instants
36:57pour Le Point Info.