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Dans ses ouvrages "La civilisation du néant - Commentaires sur l'effondrement en cours" et "Du Ciel à la Terre - Métamorphoses égalitaires", Franck Martini commente l'effondrement occidental, une mécanique inscrite profondément dans la civilisation moderne. Un phénomène que personne ne semble voir ou entendre mais qui serait selon l'auteur lié à la démocratie libérale. Un régime qui affirme l'émancipation de tous, tout en maintenant un système de domination de classe. Franck Martini affirme que son ordre de domination est opaque et mensonger avec une distance entre les affirmations et la réalité. Il repose sur un triptyque : développement de l'Etat, développement du monde marchand et l'individualisme radical. Où en est le principe de souveraineté populaire inscrit dans la Constitution de la Vème République ? Pour Franck Martini, il est l'illustration de l'empire du mensonge, car la souveraineté ne peut-être qu'intégralement entre les mains du peuple...

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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui en compagnie de Franck Martini.
00:11Bonjour monsieur.
00:12Bonjour à vous.
00:13Vous êtes de formation psychosociologue, vous êtes ancien consultant en organisation
00:20auprès de grandes entreprises et vous publiez deux ouvrages complémentaires, Du ciel à
00:27la terre, métamorphose égalitaire et la civilisation du néant, commentaire sur l'effondrement
00:35en cours.
00:36Première question, Franck Martini, de quel effondrement parlons-nous ?
00:39On va dire que c'est un effondrement d'abord multidimensionnel, total, qu'on peut constater
00:46à travers l'économique, l'éducatif, le culturel, tout un ensemble de plans.
00:56Et même, et c'est le plus important peut-être sur un plan anthropologique, une forme de
01:03réduction de l'individu.
01:04Cet effondrement, vous le constatez où ? En France ? Pour le situer ?
01:08Pour le situer globalement, je pense qu'en France, en Europe, mais plus largement dans
01:14le mode occidental.
01:15Ses racines sont communes à l'ensemble de ces pays, donc les conséquences sont également
01:22communes.
01:24Et vous dites qu'il est total.
01:25Qu'est-ce que ça veut dire au fond ? Est-ce qu'on a affaire à, est-ce qu'il y a quelque
01:33chose derrière qui ressemble à du totalitarisme tant l'effondrement s'attaque à toutes les
01:38strates de la société ?
01:39Oui.
01:40Il ne se produit pas selon une volonté.
01:43Il advient, il advient progressivement et tout le monde peut le constater dans différentes
01:50sphères.
01:52Maintenant, il ne procède pas, lui, d'une logique totalitaire.
01:57Par contre, ce qu'on voit se déployer en arrière-plan, c'est effectivement un certain
02:02nombre de ces logiques totalitaires qui, finalement, ont pour but d'installer d'abord des modes
02:10peut-être de contrôle et de surveillance, bien entendu des individus, mais principalement
02:16de réduire aussi leur capacité à se rappeler ce qu'est l'effective liberté et la réelle
02:24liberté des individus.
02:26Et je pense que c'est ce qui le porte en lui de plus toxique, de plus docif.
02:31Pourquoi vous dites qu'il n'est pas le fruit d'une volonté cet effondrement ?
02:35Parce que je pense qu'il suit le cours, en fait, d'une évolution extrêmement profonde
02:40des sociétés et que ça, ça ne relève pas de volonté de tel ou tel ou de tel groupe
02:46a priori, que c'est une mécanique qui est inscrite profondément dans la civilisation
02:50moderne.
02:51C'est pour ça qu'il ne relève pas d'une volonté.
02:54Ça ne veut pas dire qu'il n'a pas ses agents, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des groupes
02:57d'acteurs qui travaillent d'une certaine manière, mais ce n'est pas un plan, c'est un processus
03:03historique de longue durée.
03:06Vous dites que cet effondrement, au fond, personne ne le voit, personne ne le dénonce,
03:11personne ne l'entend.
03:12Comment vous expliquez cette aphasie générale ?
03:16Alors l'aphasie générale, c'est peut-être un peu l'aphasie de la grenouille qu'on met
03:22dans de l'eau qui monte en température petit à petit et qui ne s'aperçoit pas de ce qui
03:27se passe, contrairement à la grenouille qui est rangée dans l'eau bouillante et qui s'échappe
03:30immédiatement.
03:32Donc il y a une habituation, de fait, il y a une habituation de choses qui n'auraient
03:38pas paru acceptables il y a quelques décennies et qui le deviennent tout à fait, on peut
03:46parler de l'insécurité, on peut parler de mode de comportement, on peut parler de tas
03:50de choses.
03:51Et les uns, les autres peuvent d'ailleurs le constater, mais ça reste très partiel,
03:59c'est pas du tout une prise de conscience collective qui opérerait sur l'ensemble de
04:04la société.
04:05Et évidemment, c'est en ça que c'est extrêmement problématique.
04:10Cet effondrement, vous le nommez, il a une cause, ça s'appelle la démocratie libérale.
04:18Alors c'est quoi ? C'est un régime la démocratie libérale ? Comment vous la définiriez et
04:24en quoi cette démocratie libérale est responsable de cet effondrement ?
04:28Elle en est responsable parce qu'elle est l'expression même du libéralisme réel,
04:33c'est-à-dire de la civilisation moderne.
04:35Quand existait l'URSS, on parlait du socialisme réel, il y avait le socialisme des livres
04:44et théoriques, puis il y avait la réalité du socialisme et l'idée soviétique.
04:48Nous vivons un état de libéralisme réel, qui n'est pas tout à fait le libéralisme
04:54tel qu'il est enseigné évidemment dans les ouvrages.
04:57Et en libéralisme réel, le mode politique privilégié, c'est la démocratie libérale.
05:03C'est-à-dire que la démocratie libérale n'est que l'expression d'un régime plus
05:08profond qui est le régime libéral.
05:10Et cette démocratie libérale-là, elle a ses avantages, on ne va pas les nier, ce n'est
05:17pas la question, mais elle a un problème originel, c'est-à-dire qu'en fait, elle
05:26vend de grands principes, l'égalité, la liberté, la fraternité, enfin tout un ensemble
05:33de choses, sur la modalité française et puis on a les équivalents dans d'autres
05:37pays européens, bien entendu, mais elle est fondée sur une ambiguïté terrible qui
05:44est constitutive de ce qu'elle est, c'est-à-dire qu'elle affirme l'émancipation de tous
05:49tout en maintenant un système de domination de classe qui, lui, doit rester ininterrogeable.
05:56C'est-à-dire que le fondement de la démocratie libérale, finalement, c'est d'opérer
06:01l'ensemble des compromis qui permettent le maintien d'une domination de classe.
06:05Et partant de là, elle va pouvoir…
06:07Une domination de classe de qui sur qui ?
06:09Très simplement, depuis l'apparition de la modernité, la domination de classe, c'est
06:15la classe bourgeoise, c'est-à-dire la classe des détenteurs des moyens de production pour
06:19reprendre une définition un peu usée mais tout à fait valable, qu'il faudrait malgré
06:24tout compléter.
06:25La structure du pouvoir, depuis au moins deux siècles, n'a pas changé.
06:30Historiquement, en parlant, il s'est passé beaucoup de choses, les régimes ont évolué,
06:38on court vers l'égalité, on court à l'émancipation.
06:41Néanmoins, la structure de pouvoir telle qu'elle existe au sein de la société n'a
06:45pas bougé d'un iota.
06:47C'est-à-dire qu'il y a une adaptation permanente aux circonstances, il y a un discours
06:52sur ces grands principes, puis il y a la réalité des faits, et la réalité des faits, c'est
06:55qu'on peut parfois redistribuer la richesse, mais le pouvoir, jamais.
07:01Et il s'exerce, ce pouvoir-là, toujours au profit des mêmes groupes et de la même
07:08classe.
07:09Et donc là, il y a un point d'ambiguïté fondamental, il est à la naissance même
07:14de la modernité, même avant l'apparition des démocraties libérales en tant que telles,
07:18et il continue à travers les démocraties libérales.
07:20Donc elles reposent, d'une certaine manière, une forme de falsification.
07:23Elles produisent du discours, elles produisent des représentations, elles nous font croire
07:33d'une certaine manière qu'on vit dans un certain monde qui n'est pas tout à fait
07:37le monde réel, et le monde des réelles dominations.
07:41Et derrière, d'ailleurs, cette capacité à produire du mensonge, c'est aussi ce qui
07:45crée l'habituation à l'effondrement, et qui fait que les uns et les autres, finalement,
07:52ne renâclent pas plus que ça à la dépossession dont ils sont victimes.
07:56Ça fait partie des explications relatives à la question que vous me posiez précédemment.
08:01Vous dites, Franck Martigny, au fond, son ordre de domination à la démocratie libérale
08:08est opaque et mensonger.
08:10Il ne faut pas dire la vérité sur les buts recherchés.
08:12Oui, on voit tous les jours, d'ailleurs, que les buts affichés et les buts réels sont
08:18toujours disjoints.
08:19On va dire que dans l'exercice du pouvoir, c'est toujours un peu le cas, un peu le cas
08:23peut-être.
08:24Mais là, c'est constitutif et structurel.
08:26C'est sa façon, à elle, de cacher, de masquer, de dérober au regard la domination réelle
08:33qui s'exerce.
08:34Donc, par rapport à ça, la volonté effective des groupes dominants, elle reste indicible
08:47dans l'espace public, pour ce qu'elle est, d'autant plus quand on s'aperçoit que ces
08:51groupes dominants ne sont plus des groupes qu'on peut considérer comme strictement nationaux.
08:55Vous dites, les démocraties libérales ne sont pas des régimes institutionnels existants
09:02par eux-mêmes.
09:03Vous évoquiez tout à l'heure le rôle des agents et des acteurs de cette démocratie
09:08libérale.
09:09Bon, elle n'existe pas en elle-même parce qu'elle ne s'appuie que sur les principes
09:14fondamentaux du libéralisme réel.
09:15Et ça, c'est finalement un triptyque qu'on va retrouver partout.
09:20Mais c'est quoi, les principes fondamentaux du libéralisme réel ?
09:23C'est ceux de la modernité, il y en a trois.
09:25C'est la triangulation entre le développement de l'État, le développement du monde marchand
09:30de la marchandisation et l'individualisme radical.
09:33C'est cette constellation-là, j'allais dire, qui est la configuration civilisationnelle
09:39de l'époque moderne et qui est en permanente, j'allais dire, expansion dans chacun de ces
09:44termes et dans son ensemble.
09:47Et c'est ça l'équation de base.
09:50La démocratie libérale ensuite transpose sur le plan, sur l'origine du politique,
09:57ce socle-là qui est premier.
09:59Vous évoquez aussi la souveraineté populaire, ce principe qui est constitutif de la constitution
10:06de 1958.
10:07Où en est le respect de ce principe aujourd'hui ?
10:10J'allais dire, ça, c'est une illustration parfaite de ce que signifie l'expression
10:16empire du mensonge.
10:18Donc, pour le peuple, par le peuple.
10:21Et pour le peuple ?
10:23Et pour le peuple ?
10:24Je ne suis pas certain, en fait.
10:28Le peuple est réputé souverain.
10:30Très bien.
10:31Néanmoins, on lui hôte la capacité à choisir et à décider d'un certain nombre de sujets
10:37dont on doit considérer peut-être qu'il n'est pas mûr, c'est peut-être mineur,
10:41je ne sais pas, relative à telle évolution sociétale ou relative à ce qui est dans
10:49des traités qu'on ne saurait plus toucher ou des choses qu'on va mettre dans la constitution
10:53et dont il ne faut plus parler.
10:55On vous dira que les Français ont le droit de vote et qu'ils peuvent s'exprimer par
10:59le biais de leurs représentants dignement élus.
11:02La souveraineté, ça ne se partage pas trop, en fait.
11:06C'est-à-dire que si vous avez une moitié de souveraineté, vous n'êtes pas vraiment
11:09souverain.
11:10La souveraineté ne peut être qu'intégrale.
11:12La souveraineté peut-être, normalement, c'est un idéal, mais au moins tendre à
11:17l'intégralité.
11:18C'est-à-dire que quand on retire à la décision populaire tout ce qui fait l'importance
11:22des évolutions de la société, finalement, on arrive, je ne sais plus qui avait utilisé
11:29l'expression, c'est Emmanuel Todd, je crois, à une démocratie de détail.
11:34C'est la démocratie, effectivement, vous pouvez choisir, vous pouvez voter, bien entendu.
11:39Il n'y a pas de souci pour ça, quoique, on s'aperçoit que quand les gens votent
11:43mal, bon, on va reprendre un peu les choses en main.
11:46Mais vous allez voter sur des choses qui n'engagent pas le devenir effectif de la
11:53société.
11:54C'est-à-dire que, l'air de rien, on est devenu, c'est une régression, une société
11:59qui n'est plus une société politique, au sens strict.
12:02Parce qu'une société politique, c'est une société qui débat dans l'espace public
12:06des choix à faire pour l'avenir.
12:07Quand vous ne débattez plus vraiment des choix à faire pour l'avenir dans l'espace
12:12public, vous avez régressé, vous n'êtes plus vraiment une société politique et vous
12:16êtes devenu une oligarchie.
12:19Voilà.
12:20Mais c'est très insidieux, en fait, et c'est très difficile à expliquer, le moment où
12:24on passe de ce qu'on appelle la démocratie à la dictature.
12:27Les Français ont l'impression d'être en démocratie.
12:31Comment les convaincre que ce projet démocratique est une illusion ? En réalité ?
12:37Déjà, je pense, moi, à titre personnel, qu'ils n'ont jamais été en démocratie,
12:42véritablement.
12:43Parce qu'en démocratie, il existe une espèce particulière d'individu qui s'appelle le citoyen.
12:48Mais le citoyen, ce n'est pas celui qui vote, c'est celui qui a le pouvoir.
12:53Quand on réduit, d'abord on réduit le vote à la seule élection, ce qui est une mutilation
12:59assez remarquable, mais en plus, comment dire, dans quel domaine et comment le citoyen aurait-il
13:10le pouvoir ? Il n'a aucun pouvoir.
13:12C'est un citoyen passif.
13:13Et ça, c'est un oxymore, ça n'a aucun sens, un citoyen passif.
13:18C'est-à-dire que la citoyenneté, ce n'est pas un État, c'est une activité, c'est une
13:23fonction qui est exercée.
13:24Quand on vous dit que des gens sont citoyens, mais qu'en même temps, ils ne font rien et
13:31ils n'ont aucun pouvoir, bon, non, d'ailleurs, comment dire ?
13:35On est citoyen, en fait, une fois tous les cinq ans, puisque c'est de la présidentielle
13:41que tout découle.
13:42Oui, c'est ça, donc ça veut dire qu'on ne l'est pas et c'est un jour tous les cinq
13:49ans, deux jours, s'il y a deux tours, donc vous doublez votre dose de citoyenneté dans
13:54la même occasion, mais en même temps, on a quand même suffisamment filtré les choses,
14:01choisi et trié les candidats de telle manière que tout ça est à peu près vide de sens.
14:06Mais qui fait le tri ?
14:07C'est un système qui fonctionne par lui-même et qui se trie assez bien, je ne sais pas,
14:14mais il y a des différentes sources du tri, c'est assez concordant, il y a ceux qui décident
14:18par exemple de qui sont les Young Global Leaders, déjà, vous avez pris une première source
14:21de tri, vous avez les banques qui financent les partis, les intérêts oligarchiques et
14:28médiatiques qui ont leur préférence, enfin, il y a tout un ensemble de processus qui aboutissent
14:34au résultat final.
14:36Vous évoquez aussi l'immigration et je vous cite, une politique organisée et soutenue,
14:41mais qui n'est plus sous le contrôle des pouvoirs nationaux.
14:45Quelle est la finalité de cette politique alors ?
14:49Alors déjà, une première remarque, c'est-à-dire depuis des années et des années, l'ensemble
14:54des sondages indiquent que les Français sont pour l'arrêt de l'immigration, ou sa limitation
14:58drastique et c'est un...
14:59Oui, les sondages indiquent 60 ou moins 60%.
15:02De manière continue.
15:03Bon, on voit bien qu'on s'assoit dessus, ça n'a aucune importance ce que pensent et
15:10ce que veulent les Français.
15:11On a encore là un exemple qui me semble assez parlant.
15:14La démocratie c'est cause toujours et la dictature c'est ferme ta gueule mais c'est
15:18à peu près...
15:19Non, sauf que là c'est cause toujours mais tu ne m'intéresses pas en plus.
15:22Parce que normalement c'est cause toujours, tu m'intéresses.
15:25Là on n'a pas l'impression d'intéresser beaucoup.
15:27Cette immigration, bon, les éléments sont classiques, vous savez, la première association
15:33pro-immigration en France, c'est le début du 19ème, c'est les patronats du Nord.
15:38Ça a continué, l'immigration c'est toujours un moyen de faire pression sur les salaires,
15:43d'autant plus quand vous faites venir des immigrés qui globalement ont très peu de
15:47qualifications et qui vont, comment dire, comme ça pouvoir concurrencer...
15:54Faire pression à la baisse sur les salaires.
15:56À la baisse et en même temps maintenir l'industrie et les services à des niveaux technologiques
16:02assez faibles, c'est aussi une des conséquences.
16:07Ça c'est une raison technique, évidente à peu près.
16:10Il y a une deuxième raison, ce n'est pas un complot mais enfin, c'est la dissolution
16:17du peuple.
16:18C'est la dissolution du peuple comme un, c'est-à-dire que la destruction...
16:22L'homogénéité ethnique, vous parlez de ça.
16:24Et culturelle.
16:26L'homogénéité ethnique et culturelle d'ailleurs au fondement, ça se recoupe très largement.
16:31Quand on produit de la culture sur de l'homogénéité.
16:34Oui, la France est restée homogène entre les invasions barbares et le 19ème siècle
16:39globalement.
16:40Globalement oui, bien sûr.
16:41Bien sûr.
16:42Et ça, dissoudre le peuple, c'est une idée de génie.
16:47C'est, comment dire, c'est le, c'est, et là du coup on aura ni la souveraineté ni
16:53le populaire.
16:54Donc toutes les portes seront ouvertes.
16:57Mais cette idée de dissolution du peuple comme un, c'est aussi une idée de dissolution
17:03de la culture.
17:04C'est aussi une idée de dissolution d'une forme d'enracinement.
17:07C'est l'idée de dissolution d'une forme de singularité.
17:11Et c'est le projet achevé de la mondialisation et de la disparition des nations.
17:16C'est cette mondialisation aussi avec ces réglementations qui viennent de l'Union
17:22Européenne, laboratoire du mondialisme, qui pèse sur les petites et moyennes entreprises
17:27françaises.
17:28Ça relève de cela aussi ?
17:30Ça relève de ça, dans la mesure où de toute façon, on peut parler du fonctionnement
17:35de l'Union Européenne, mais ce qui est bien clair, c'est que c'est un fonctionnement
17:41qui se fait aussi pour des multinationales, à travers des multinationales.
17:45Qui elles, pour le coup, sont totalement mondialisées.
17:52Au détriment des TPE et PME françaises.
17:55Et qui ont des moyens extraordinaires, à tous les niveaux, et bien sûr financiers.
18:00Ça ne se fait qu'au détriment, effectivement, de TPE, de PME, d'unités économiques, qui
18:09elles, trouvent leur raison d'être dans le lieu où elles sont, dans l'écosystème
18:14dans lequel elles sont nées, et qui ont donc une dimension territorialisée.
18:20Et donc, une dimension culturelle forte.
18:23Et ça, ça fait partie aussi, d'une certaine manière, c'est une autre forme de grand remplacement.
18:29Mais c'est une vision complètement schizophrène de la part d'un État, d'obéir à ses règles,
18:36visant à réduire les TPE, PME, à leur promettre la destruction, cet État se tire une balle
18:47dans le pied.
18:49Si on considère qu'il y a encore un État qui travaille pour la nation, est-ce qu'on
18:56peut dire que…
18:57– L'État a disparu, selon vous, l'État français ?
19:00– Il n'a pas disparu comme administration, comme administrateur des choses, on pourrait
19:07dire ça.
19:08Mais il a disparu comme acteur national, ça oui.
19:12Et d'ailleurs, qui pourrait dire, très sérieusement, en regardant les quelques décennies
19:17qui y sont passées, que l'ensemble des actions de l'État ont convergé vers le
19:21développement, l'affirmation et la prospérité du peuple français.
19:25Donc on pourra soutenir ça.
19:26– L'essence de la démocratie libérale, vous la résumez par le contrôle de la société.
19:37Qu'est-ce que le numérique et les datas, en quoi ça peut la servir, la démocratie libérale ?
19:45– On ne va pas la ramener à ça.
19:47La démocratie libérale, juste un petit point, puis pour rebondir sur la question de numérique,
19:54comment dire, elle a eu sa confirmation le jour où on a compris que le suffrage universel
20:00ne changeait rien du tout, mais qu'au contraire, c'était une arme extraordinaire pour faire
20:03valider toutes les décisions qu'on souhaitait du sceau de la souveraineté populaire, de
20:08les rendre intouchables.
20:10Partant de là, ça a été le boulevard de la démocratie libérale, parce que toutes
20:17les forces qui détiennent les leviers du pouvoir ont compris que le suffrage universel
20:22n'était pas leur ennemi.
20:23Au contraire, c'était un outil extrêmement intéressant.
20:26– Tocqueville disait, le suffrage universel, je ne le crains pas, les gens voteront comme
20:31on leur dira.
20:32– Mais c'est ce qui s'est réalisé, Tocqueville étant un visionnaire à bien
20:37des égards.
20:39Alors aujourd'hui, on est quand même dans une situation technologique assez particulière
20:43parce qu'on dispose d'outils extraordinaires, d'outils technologiques qui permettent un
20:50contrôle et une surveillance de quasiment tous les actes de la vie.
20:55– De tous les instants presque.
20:57– Et de tous les instants, par le téléphone, par la carte bancaire, par bientôt les automobiles
21:09qui sont connectées, demain par l'automotique qui sera connectée.
21:15Et tout ça, évidemment, alimentant des big data qui sont utilisées, ce qui fait que
21:22chacun, d'une certaine manière, peut être marketé pour l'inciter à la consommation
21:28et le cibler précisément, mais bien entendu dans toutes les sphères de la vie.
21:33Et ça, cette évolution technologique, qui est une évolution technologique majeure,
21:39c'est évidemment aussi un extraordinaire danger pour l'ensemble des libertés réelles,
21:44libertés individuelles.
21:45– Et dans votre ouvrage ?
21:47– Ce qui est impalpable parfois, et ce qui se fait petit à petit peut-être, même si
21:50ça se produit assez rapidement, très rapidement, mais dans la vie quotidienne, on ne s'en
21:56aperçoit pas.
21:57Et à la fin, on s'aperçoit qu'on a des radars qui vous flashent, ils repèrent votre
22:07plaque d'immatriculation et vous avez une contravention parce que vous êtes allé dans
22:11un endroit où vous n'avez pas le droit d'aller, à travers les EFE par exemple.
22:15Et tout ça est impossible s'il n'y a pas le numérique.
22:18Et le numérique permet de donner le sentiment qu'on n'est pas dans un état policier,
22:27tout en réalisant l'état policier par ailleurs.
22:29Donc c'est à la fois un outil puissant, mais c'est un outil qui permet de masquer
22:36les choses.
22:37– Et dans votre ouvrage, « Du ciel à la terre », vous présentez l'égalité comme
22:40le socle de toute la pensée du progrès.
22:43Est-ce que ce principe a un seul et même sens, l'égalité ?
22:47– L'égalité, comment dire ? D'abord, c'est une histoire qu'on nous vend perpétuellement
22:58sans que par ailleurs, comme je le disais tout à l'heure dans la répartition des
23:01pouvoirs, on voit qu'il y a un quelconque changement qui se produit, ce qui se gagne
23:08ici se perd là et globalement la situation ne s'améliore pas.
23:11Est-ce que l'égalité a progressé en 40 ans ? La réponse est évidemment non.
23:15Est-ce que le discours sur l'égalité a progressé ? La réponse est évidemment
23:18oui.
23:19Donc, j'allais dire, ça fait partie un peu des potions du régime et du marketing,
23:26c'est les valeurs de la République, c'est les valeurs de l'Europe, c'est ce qu'on
23:32vous vend, très précisément.
23:34Après l'égalité, ça a été aussi le moyen de l'individualisme radical, et on
23:41est dans des sociétés individualistes radicales et elles sont principalement malades de ça,
23:48c'était la porte à cet individualisme, en laissant croire que finalement, les hiérarchies
23:54réelles, la hiérarchie c'est très vieux, la hiérarchie c'est quelque chose qui existe,
23:59qui est plus vieux que les arbres, comme le disait Jordan Peterson, tandis que l'égalité
24:06est une construction beaucoup plus récente.
24:07Mais c'est une égalité à qui on laisse un libre cours absolu, une porte infinie,
24:17d'une certaine manière, donc une abstraction, en réalité, qui n'a pas vraiment de sens
24:22concret, et quand on veut, quand l'ingénierie sociale veut lui donner un sens concret de
24:27plus en plus développé, on s'aperçoit qu'on arrive à des catastrophes, parce
24:34qu'on veut arraser d'une certaine manière ce qui dépasse, et on a du mal à supporter
24:39ce qui peut apparaître comme une supériorité effective dans quelques domaines que ce soit.
24:44– Vous évoquez ce terme d'ingénierie sociale, pour vous, la démocratie libérale
24:48en est l'apogée ?
24:50– Oui, c'est beaucoup plus sophistiqué que par exemple les régimes marxistes, léninistes
24:56qui…
24:57– Oui, c'est beaucoup plus raffiné, beaucoup plus insidieux.
24:59– Oui, c'est beaucoup plus puissant, d'une certaine manière.
25:02– Il y a moins d'usage à la violence physique, c'est une violence psychologique.
25:06– Non, parce que la violence physique, c'est…
25:09– Il y a le goulag dans le régime soviétique.
25:11– Oui, après il s'est adouci, il y avait moins de goulag, il y avait toujours autant
25:16d'absurdité.
25:18La démocratie libérale tient toujours les règnes du narratif, en quelque sorte, et
25:32dans ce sens-là, elle n'en est pas encore, je vais le dire, à ses dernières extrémités.
25:38En même temps, le retour du réel fera que, je pense que la mécanique en elle-même va
25:45s'effondrer sur elle-même, en fait.
25:47– Vos ouvrages, La civilisation du néant, commentaire sur l'effondrement en cours,
25:52et le deuxième, le voici, tous les deux, évidemment, à retrouver sur la boutique
25:56de TV Liberté, du ciel à la terre, métamorphose, égalitaire.
26:00Merci à vous, monsieur.
26:01– Merci à vous.

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