Le capitalisme n'est pas le libéralisme, bien au contraire ! [Benoît Heilbrunn]

  • il y a 7 mois
Pensons-nous l’économie ou la subissons-nous ? Nous avons décidemment le plus grand mal à nommer clairement et donc à comprendre le système dans lequel nous évoluons, cet économisme qui prend la forme exclusive d’une contrainte exercée par les forces économiques qui nous condamnent à l’impuissance.
L’une des croyances qui nous anime est que nous pensons vivre dans un monde libéral, alors que le capitalisme qui nous gouverne n’a en fait que peu à voir avec la théorie libérale originelle. Telle est l’idée que défend Valérie Charolles dans son stimulant ouvrage, Le libéralisme contre le capitalisme. Il s’agit de questionner un décalage entre des théories qui occupent le devant de la scène autour de l’idée de liberté et des systèmes globaux de pensée qui remettent en cause l’usage de la liberté en proposant un univers qui est fermé sur lui-même. [...]

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00:00 [Musique]
00:08 Pensons-nous l'économie ou la subissons-nous ?
00:11 Nous avons décidément le plus grand mal à nommer clairement et donc à comprendre
00:16 le système dans lequel nous évoluons.
00:18 Ce système prend la forme exclusive d'une contrainte exercée par les forces économiques
00:24 qui nous condamnent à l'impuissance.
00:27 L'une des croyances qui nous anime est que nous pensons vivre dans un monde libéral
00:32 alors que le capitalisme qui nous gouverne n'a en fait que peu à voir avec la théorie libérale originelle.
00:40 Telle est l'idée que défend Valéry Charolle dans son stimulant ouvrage
00:44 « Le libéralisme contre le capitalisme ».
00:48 Il s'agit de questionner un décalage entre des théories qui occupent le devant de la scène
00:53 autour de l'idée de liberté et des systèmes globaux de pensée qui remettent en cause
00:59 l'usage de la liberté en proposant un univers qui est fermé sur lui-même.
01:04 Puisant ses racines dans l'esprit des Lumières, le marché est conçu dans la pensée libérale
01:10 comme le pendant de la démocratie.
01:13 Il se fonde sur la reconnaissance de la liberté de chacun
01:16 et sa capacité sous-jacente à participer à la sphère économique,
01:21 d'où l'idée chère à Adam Smith que la richesse s'enracine dans le travail.
01:27 Pourtant, le travail n'est pas une valeur dans les comptes de l'entreprise
01:31 et de la même façon, le travail domestique n'est absolument pas reconnu.
01:36 Dans les règles comptables qui ont été dictées à la Renaissance,
01:39 le travail est systématiquement considéré comme une charge
01:42 et non pas comme une source de profit pour l'entreprise.
01:46 Cela veut concrètement dire que notre système économique ne reconnaît pas au travail
01:51 la capacité à créer de la valeur qui incombe au seul capital.
01:56 C'est en ce sens, nous rappelle Valéry Charolle,
01:59 que notre pratique de l'économie est capitaliste et nullement libérale.
02:04 Le libéralisme propose à son origine une idée révolutionnaire
02:09 qui est celle de marché, strict corollaire de l'idée de démocratie.
02:14 La démocratie est d'ailleurs le marché du politique,
02:17 car s'y joue la capacité de chacun à être partie prenante dans le processus économique,
02:23 c'est-à-dire être reconnu comme un acteur dont la présence est justifiée.
02:29 L'idée de marché fait donc fonctionner les trois fondements du pacte républicain.
02:34 La liberté au sens de l'autonomie du fonctionnement du marché
02:38 par rapport à des pouvoirs ancestraux ou imposés.
02:41 L'égalité avec le principe de concurrence qui assure une atomisation des acteurs.
02:47 Et enfin, la fraternité qui incombe naturellement à l'État libéral.
02:52 Dans un tel système, l'économie repose sur un processus de décision libre
02:57 entre individus autonomes que l'on appelle justement le marché.
03:01 On postule donc des individus capables de forger leur destin dans un univers réel.
03:08 Ce qui signifie que l'individu libéral est capable de définir et de choisir ce qu'il désire.
03:14 C'est-à-dire exactement l'opposé de ce qui se passe aujourd'hui,
03:18 dans la mesure où le libéralisme, pris à tort pour un économisme,
03:22 est aujourd'hui assimilé à la raison du plus fort et à la contrainte sur les individus.
03:28 C'est pourquoi il est nécessaire de revenir au libéralisme
03:31 qui fait reposer la société sur l'intérêt des hommes et l'enrichissement des populations.
03:37 Ce qui veut dire reconnaître à chacun une place dans la société,
03:42 place qui n'est nullement figée mais qui peut évoluer.
03:45 Ce qui est tout à fait envisageable si on se donne simplement la peine
03:49 de se rappeler que l'économie n'est après tout que la somme des comportements des acteurs économiques
03:55 et que si ces comportements venaient à changer la sphère économique, en seraient transformés.
04:00 [Musique]

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