• il y a 2 mois
Alors que l’Etat semble chaque jour plus dysfonctionnel et liberticide, l’heure est-elle venue d’apprendre à nous en émanciper ? Peut-on encore reprendre notre destin en main et défendre nos libertés individuelles ? Le volontarisme et l’audace des peuples peuvent-ils redonner sa puissance à l’Occident ?

Dans son "Traité pour le monde d’après" publié aux Éditions Culture et Racines (disponible ici https://boutiquetvl.fr/tous-les-livres/eric-verhaeghe-traite-pour-le-monde-d-apres-sortir-de-lavachissement-par-le-retour-a-lordre-spontane), Éric Verhaeghe, énarque et fondateur du site Le Courrier des Stratèges, campe une situation basée sur un ordre vertical maintenu par la fabrication de la peur et la manipulation des masses dans une démocratie représentative à l’arrêt. Il décrit avec méthode les maux d’un monde en déclin et propose des solutions basées sur le volontarisme citoyen et une réinvention complète de la société organisée autour d’un ordre spontané, vecteur de souveraineté.

Je compte sur vous pour relayer cette émission et cliquer sur le pouce en l’air !
À tout de suite dans les commentaires !

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Transcription
00:00:00Bonjour à tous, bienvenue dans cette nouvelle saison du samedi politique, je suis très
00:00:20heureuse de vous retrouver pour cette nouvelle rentrée.
00:00:22Alors de plus en plus défaillant, de plus en plus dysfonctionnel, l'État est aussi
00:00:27de plus en plus écrasant, nous passons de l'État à Providence à un État de connivence,
00:00:32de nuisance, doit-on s'en émanciper ? Comment réussir ? Comment reprendre la main dans
00:00:38cet Occident en déclin ? C'est ce que nous allons voir dans cette émission mais avant
00:00:41toute chose, on commence tout de suite par reprendre les bonnes habitudes, je compte sur
00:00:45vous pour que cette émission soit un succès, alors pensez à la commenter bien sûr, pensez
00:00:50donc à aller dans les commentaires juste en dessous, pensez évidemment à la relayer
00:00:54et puis surtout, ce petit geste qui ne prend qu'une seconde, le petit clic sur le pouce
00:00:59en l'air, ça améliore le référencement et c'est capital, je compte sur vous, à tout de suite.
00:01:03Et à mes côtés pour cette rentrée, Éric Vérag, bonjour monsieur.
00:01:18Bonjour Elisabeth.
00:01:19Merci beaucoup d'être avec nous.
00:01:20Merci de m'inviter.
00:01:21Avec plaisir.
00:01:22Vous êtes le fondateur du site Le Courrier des Stratèges qui, je le précise, dispose
00:01:27aussi d'une chaîne YouTube, on peut vous y retrouver, vous êtes également président
00:01:31de l'association Restez Libres, vous êtes énarque, un énarque punk, j'allais dire peut-être.
00:01:37Un punk à chien.
00:01:38Un punk à chien, j'irais peut-être pas jusque-là.
00:01:39Je me manque quelques cheveux quand même, pour être crédible dans le rôle.
00:01:42Et vous avez également publié de nombreux ouvrages, Legrès Trissette, Mythes et Réalités,
00:01:47Sécession, je vous avais d'ailleurs reçu pour cet ouvrage, Sécession, manuel d'autodéfense
00:01:51contre la caste.
00:01:52Et voici le petit dernier, Traité pour le monde d'après, c'est bien entendu paru aux
00:01:57éditions Culture et Racine, et dès à présent disponible sur la boutique de TVL, sur tvl.fr.
00:02:05Alors ce nouveau livre, Éric Vérag, c'est un peu un plaidoyer pour le volontarisme des
00:02:10citoyens, des individus, une invitation à ne plus rien attendre d'un État qui ne propose
00:02:16plus grand-chose non plus, une façon de se reconstruire autrement dans cet Occident en
00:02:21déclin, un Occident en déclin, que vous décrivez comme l'avènement d'un ordre
00:02:25vertical permettant de subtiliser les libertés individuelles.
00:02:28– Oui, je crois profondément que, et je le lis très souvent dans les commentaires,
00:02:34vous parliez des commentaires sur Youtube, je le lis sur tous les réseaux sociaux,
00:02:38beaucoup de Français se sentent accablés par l'ordre de la société, par la caste
00:02:44qui la dirige, et on a aujourd'hui cette difficulté qui est, qu'est-ce qu'on fait
00:02:49à la place ?
00:02:50Et de mon point de vue, j'ai toujours dit, il y a deux visions du monde,
00:02:55mais c'était clairement apparu au moment du Covid, si vous voulez,
00:02:58dans la réaction au Covid, il y a ceux qui disent,
00:03:02en fait il faut garder une société verticale, c'est-à-dire une caste,
00:03:05une élite qui dirige, simplement il faut changer l'élite,
00:03:07mais nous ce qu'on veut c'est continuer à être en dessous.
00:03:10Et moi je fais partie de ceux, mais c'est identitaire d'une certaine façon,
00:03:15je veux dire, vous savez, je viens des contrées du Nord,
00:03:18donc de pays où les gens ont plutôt traditionnellement la culture
00:03:23de s'organiser entre eux, c'est la culture de la commune,
00:03:26mais pas au sens de 1871.
00:03:29– Oui, une culture où on ne s'émeut pas de 50 jours sans gouvernement.
00:03:32– Oui, une culture où 50 jours sans gouvernement,
00:03:34on trouve que c'est bien court, et que 100 jours de plus c'est bien mieux,
00:03:38et où donc les gens ont l'habitude de se prendre en main,
00:03:42sans attendre qu'il y ait un chef, une élite qui vous dise comment s'organiser,
00:03:46et le livre que j'ai écrit, c'est un livre sur comment on pourrait
00:03:50organiser la société entre nous, sans avoir besoin de la caste.
00:03:55Et c'est le livre, le traité de l'ordre spontané,
00:03:59où moi je suis partisan d'une société où les gens s'organisent
00:04:03spontanément entre eux, et où il n'y a pas cette verticalité qui nous accable,
00:04:08et j'essaye d'expliquer aux Français qui disent,
00:04:10ah mais on ne peut rien faire, mais en même temps,
00:04:12il faut garder toutes les structures qui nous écrasent,
00:04:15c'est-à-dire, si vous voulez être libre,
00:04:17si vous voulez reprendre le contrôle de votre destin,
00:04:20eh bien il faut accepter des changements de fond dans la société,
00:04:23et notamment une prise de responsabilité,
00:04:27et sortir de cet espèce d'univers ouaté que j'appelle l'avachissement,
00:04:31l'univers où on dit aux gens on te protège,
00:04:34c'est la fable du chien et du loup dans La Fontaine,
00:04:38au fond, soit un chien plutôt qu'un loup,
00:04:40moi je préfère une société de loups plutôt qu'une société de chiens,
00:04:43et j'essaye d'expliquer aux Français qui, à un moment donné,
00:04:46sont malheureux d'être des chiens enchaînés,
00:04:48eh bien qu'ils peuvent redevenir des loups,
00:04:51mais ça suppose parfois de réviser un certain nombre de réflexes
00:04:55ou de fonctionnements.
00:04:56– Alors j'ai eu le sentiment en lisant cet ouvrage
00:04:58que vous faisiez un lien direct entre cet ordre vertical et l'État,
00:05:02de la même façon qu'il y avait aussi un lien entre cet ordre spontané
00:05:06et la notion de nation, une nation qui a disparu finalement
00:05:11au gré de, là aussi, l'épuisement de son roman national.
00:05:15– Alors, c'est beaucoup de questions en une seule,
00:05:18ce qui est sûr c'est que pour moi, l'État aujourd'hui en France,
00:05:22dans ce qu'il a de tentaculaire, d'autoritaire,
00:05:26de négateur de nos droits fondamentaux,
00:05:30l'État est l'outil de la verticalité,
00:05:33ce n'est pas l'invention de la verticalité mais c'est son outil,
00:05:36c'est-à-dire que la caste utilise l'État comme une arme
00:05:43pour dominer la société et pour soumettre la société
00:05:46dans tous les compartiments de la vie quotidienne.
00:05:49C'est l'exemple que je prends régulièrement,
00:05:51j'ai découvert par exemple un jour que j'ai failli être qualifié
00:05:54de fraudeur sociale, j'ai heureusement échappé au contrôle URSAF
00:05:57mais j'aurais eu un contrôle URSAF, j'aurais été qualifié de fraudeur
00:06:01puisque je suis employeur, je fais partie de ces idiots
00:06:04qui en France créent de l'emploi et donc se font traiter de salauds
00:06:06par tout ce que la France comporte, ou presque,
00:06:09et je me souviens d'avoir fait un cadeau pour mes salariés,
00:06:12j'avais offert 300 euros de chèque cadeau à Noël pour mes salariés
00:06:17et en fait la limite est à 172 euros, sinon vous êtes fraudeur social.
00:06:21Alors vous auriez pu inviter ensuite Charles Prats
00:06:23pour expliquer que je suis un horrible fraudeur
00:06:25et qu'il faut des contrôleurs URSAF pour mettre au pas
00:06:28tous ces patrons qui créent de l'emploi.
00:06:29– Donc vous avez la carte vitale en règle, ça va ?
00:06:30– J'ai 4 cartes vitales mais je n'ai aucun droit
00:06:33parce que je suis libéré de la sécu donc je ne cotise pas,
00:06:37donc je ne dépense rien pour la sécu, l'assurance maladie ne me rembourse rien
00:06:41et là aussi ça fait partie des grands mensonges de faire croire aux gens
00:06:44que quelqu'un qui a une carte vitale a des droits
00:06:47alors que ce n'est pas du tout comme ça que ça marche.
00:06:49Qu'importe, on n'est pas à ce détail près, c'est un autre sujet.
00:06:52Mais donc je fais partie de ces gens qui découvrent que l'URSAF
00:06:56a même réglementé le plafond des chèques cadeaux
00:07:00qu'on peut offrir aux salariés à Noël ou en fin d'année.
00:07:04Et là vous vous dites, mais au nom de la protection,
00:07:07au nom de ce que Charles Pratt, on va lutter contre la fraude,
00:07:13on instaure une vraie dictature.
00:07:15Et moi je suis pour une société où on sort de ça et je dis effectivement
00:07:19que l'État, en s'occupant de tout, y compris de réglementer
00:07:23le montant des chèques cadeaux en fin d'année
00:07:25qu'un employeur peut offrir à ses salariés,
00:07:27eh bien, sous prétexte de protection, il réglemente, il surveille,
00:07:32il enrégimente la population.
00:07:35Et ça, il faut en sortir, mais ce n'est pas toujours facile à l'expliquer.
00:07:39Mais donc effectivement, de mon point de vue, l'État,
00:07:41lorsqu'il intervient surtout à cette fonction de domination,
00:07:45c'est pourquoi dans ce livre, je redis que pour moi,
00:07:48l'État, il a quelques fonctions dont il ne doit pas sortir.
00:07:52Ces fonctions, c'est lever l'impôt pour financer des dépenses publiques,
00:07:56ces dépenses, c'est la police, au sens large, la gendarmerie,
00:08:00c'est l'armée, c'est la justice, c'est la diplomatie,
00:08:05et c'est, je peux l'entendre, un certain nombre de réseaux
00:08:08ou d'infrastructures, l'électricité, moi ça ne me choque pas, les routes.
00:08:12Mais au-delà, l'État n'a pas de légitimité.
00:08:15Personnellement, je ne comprends pas pourquoi une infirmière
00:08:19d'une clinique privée n'a pas le même statut,
00:08:22n'est pas régie par le même droit du travail
00:08:24qu'une infirmière d'un hôpital public.
00:08:27Il y a des infirmières qui ont le même métier,
00:08:29que ce soit une clinique ou un hôpital,
00:08:32et je ne vois pas pourquoi on fait une différence entre les deux.
00:08:34Idem, je ne comprends pas pourquoi un enseignant,
00:08:37parce qu'il est dans une école publique,
00:08:39n'obéit pas aux mêmes règles, notamment de droit du travail,
00:08:42qu'un enseignant d'une école privée hors contrat.
00:08:45Et donc, pour moi, l'État n'a pas à s'occuper de ces domaines.
00:08:49Et l'État doit être réduit à ce qui fait
00:08:52le pourquoi il y a une société.
00:08:55Je reprends les grands auteurs classiques,
00:08:57les grands philosophes classiques.
00:08:59Pourquoi il y a une société ?
00:09:00Pour que les humains se protègent entre eux,
00:09:02physiquement, contre les violences,
00:09:05mais certainement pas contre les risques de la vie.
00:09:07Et donc, pour moi, l'État n'a pas de légitimité
00:09:10à s'occuper d'autre chose que ce qu'on appelle
00:09:12le régalien que je viens d'énumérer.
00:09:14Ça, c'est le premier point.
00:09:15Vous aviez une deuxième question sur la nation.
00:09:19Alors, en fait, la nation, tout le monde en parle,
00:09:22personne ne sait ce que c'est,
00:09:23y compris dans les mouvements nationalistes,
00:09:25les mouvements qui se revendiquent de la nation,
00:09:27le Rassemblement National, par exemple.
00:09:29Je pense que le mot, tout le monde l'utilise
00:09:33parce qu'on sent obscurément ce qu'il désigne.
00:09:35Mais au fond, le sens en a changé
00:09:38et le sens de la nation change souvent d'après les personnes,
00:09:42y compris au sein d'un même parti.
00:09:44Donc moi, c'est vrai que je consacre un chapitre de clarification
00:09:48à ce qui me semble être le roman national.
00:09:50Moi, je n'ai pas de problème à me revendiquer comme identitaire.
00:09:55La question, c'est qu'est-ce qui fait notre identité ?
00:09:58Et donc, j'invite les gens à lire le chapitre
00:10:00parce que c'est un sujet évidemment très touchy, comme on dit,
00:10:04qui suppose qu'on y passe un peu de temps.
00:10:07Simplement, je pense qu'on a redécouvert quelque chose,
00:10:09c'est qu'au fond, il y a eu un certain nombre de penseurs libéraux
00:10:14dont Georges Soros s'est inspiré, qui, au sortir de 1945,
00:10:18ont expliqué que l'ordre spontané d'une société
00:10:22ne pouvait pas découler de la nation,
00:10:24que la nation était l'ennemi de l'ordre spontané
00:10:27et l'ennemi du libre choix.
00:10:29Et je crois qu'après 80 ans de mondialisation progressive,
00:10:33on découvre qu'en réalité,
00:10:35l'espace de l'ordre spontané, c'est la nation.
00:10:39C'est-à-dire que c'est nos vieilles traditions,
00:10:41ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes.
00:10:45Et que d'une certaine façon,
00:10:47le mondialisme, c'est l'ordre vertical qui s'impose
00:10:51aux nations qui ont envie de vivre autrement.
00:10:53J'adore prendre cet exemple parce que je trouve très parlant.
00:10:56C'est que l'Union Européenne,
00:10:58qui est une caricature de mondialisme, d'idéologie mondialiste,
00:11:02avait entrepris de réglementer la présentation de l'huile d'olive
00:11:05dans les restaurants en expliquant que,
00:11:08alors cette directive n'a finalement pas vu le jour,
00:11:11mais il y a eu cette intention de dire
00:11:13l'huile d'olive sur les tables de restaurants méditerranéens
00:11:17puisqu'elle doit être présentée de la même façon à Dublin,
00:11:20à Connasse ou à Athènes.
00:11:22Alors qu'évidemment, il y a des pays de culture d'huile d'olive
00:11:25auxquels je n'appartiens pas, mais quand je vais en Grèce,
00:11:28il y a une façon de consommer l'huile d'olive
00:11:30et il n'y a pas de raison qu'à Dublin, on impose les mêmes règles.
00:11:34Et ça, pour moi, ce qu'on découvre, c'est qu'au fond,
00:11:38la liberté de présenter l'huile d'olive comme on veut,
00:11:40de la consommer comme on veut, puisque, qu'on le veuille ou non,
00:11:43l'huile d'olive est un élément de culture,
00:11:45eh bien, cette liberté-là, elle dépend aussi de l'identité nationale,
00:11:49dans ce qu'elle peut avoir de flou ou de changeant,
00:11:52et le mondialisme déteste ça.
00:11:54La grande découverte que nous faisons,
00:11:56c'est qu'alors que le mondialisme s'est fondé
00:12:00sur l'idée que la liberté, c'était s'émanciper de la nation,
00:12:04on est en train de comprendre qu'en réalité,
00:12:06ce qui nous permet de retrouver la liberté,
00:12:09c'est d'arrêter la mondialisation, en tout cas culturelle,
00:12:12et de revenir au fondement de nos identités traditionnelles.
00:12:16Mais après, en quoi consiste-t-elle ?
00:12:18C'est un vaste débat, nous aurons peut-être l'occasion d'en parler.
00:12:20– On va y revenir, bien sûr.
00:12:21Alors, pour revenir à cette question d'ordre spontané,
00:12:25donc que vous appelez de vos voeux,
00:12:27on peut faire un parallèle avec une forme d'ordre naturel,
00:12:31et bien entendu, on serait tenté de vous dire,
00:12:33mais l'ordre naturel, la nature, c'est la loi de la jungle.
00:12:37– Oui, alors, c'est là aussi le grand paradoxe de notre époque,
00:12:41c'est que, et je le lis très souvent,
00:12:43mais je comprends que beaucoup de Français soient déboussolés
00:12:46par ce qui se passe, et que donc, ils perdent leur repère.
00:12:49Je lis très souvent, ah, mais l'ordre spontané, c'est la loi de la nature,
00:12:53c'est la loi de la jungle.
00:12:55Beaucoup de gens de gauche écrivent ça,
00:12:58et beaucoup de gens qui se croient de droite l'écrivent aussi,
00:13:01sans comprendre forcément ce que ça signifie.
00:13:04Et beaucoup de gens proches de la France insoumise
00:13:07sont en position de révolte contre cette idée,
00:13:11c'est la loi de la jungle, la loi du plus fort, c'est horrible.
00:13:14Et les mêmes, dans le même temps,
00:13:18dénoncent le capitalisme dans ce qu'il a de productiviste,
00:13:22et nous expliquent qu'il faut respecter la nature.
00:13:24Moi, parce que la nature, c'est bien, et la production capitaliste, c'est mal.
00:13:29Et là aussi, je le lis très souvent dans les commentaires,
00:13:31des gens qui me disent, mais regardez l'agriculture,
00:13:35la bonne agriculture qui respecte la nature,
00:13:37c'est beaucoup mieux que l'agriculture productiviste.
00:13:40Et les mêmes sont capables de vous dire,
00:13:41alors la nature, c'est bien dans le domaine agricole,
00:13:44mais l'organisation de la société,
00:13:47ça ne peut pas être fondé sur le principe de la loi naturelle.
00:13:51Et là, il y a une incohérence profonde, me semble-t-il,
00:13:54c'est que plein de gens qui font l'éloge de l'écologie, de la nature,
00:13:58et Dieu sait si nous sommes en permanence bombardés par cette idéologie
00:14:02que Mère Nature s'occupe de nous,
00:14:04ces gens qui nous font l'éloge de la nature,
00:14:08nous disons qu'en même temps, la nature, c'est la loi du plus fort.
00:14:10Et effectivement, la nature, c'est la loi du plus fort,
00:14:13c'est-à-dire qu'à un moment donné, le lion mange le zèbre, le gnous,
00:14:18et la nature, ce n'est pas un truc sympa.
00:14:20Moi, je n'ai pas de problème avec ce qu'on me dit,
00:14:22je suis contre la loi de la nature dans la société,
00:14:26encore faudrait-il savoir de quoi il s'agit.
00:14:29Maintenant, ça me gêne que les mêmes me fassent l'éloge
00:14:32de la loi naturelle dans leur assiette.
00:14:34À un moment donné, il faut être cohérent.
00:14:35Sur le fond, il ne s'agit en aucun cas,
00:14:38dans ce que je propose, de dire, on va abolir l'État
00:14:42et faire l'éloge des bandes mafieuses
00:14:45qui vont mettre tout le monde un coup de trégler.
00:14:47Je ne suis absolument pas pour le struggle for life.
00:14:50Moi, je suis, et je l'explique concrètement,
00:14:52d'abord, on est pour des forces de police
00:14:54qui maintiennent la tranquillité publique,
00:14:56mais de façon démocratique, c'est-à-dire,
00:14:59il ne s'agit pas non plus de dire aux policiers,
00:15:01vous avez un blanc-seing pour faire ce que vous voulez,
00:15:03la police est là pour appliquer la loi et pas pour la violer.
00:15:07Mais par ailleurs, j'explique comment on fait,
00:15:10concrètement, pour protéger ceux qui, par exemple,
00:15:12ne peuvent pas travailler pour vivre.
00:15:14Et j'explique comment on fait pour protéger les personnes âgées.
00:15:19Il y a des mécanismes qui fonctionnent très bien,
00:15:21qui fonctionnent mieux d'ailleurs que ce qui existe en France.
00:15:24Et moi, je n'ai aucun problème à ce que ce soit mis en place.
00:15:28Je l'explique dans le livre et je dis comment on peut faire,
00:15:31même si j'avais écrit un livre il y a sept ans
00:15:33sur ne t'aide pas et l'État t'aidera,
00:15:35qui expliquait comment on pouvait réformer la protection sociale
00:15:38en la rendant plus efficace et plus juste.
00:15:41Moi, ce qui me gêne, c'est dans cette société,
00:15:44et c'est là aussi que je note les incohérences
00:15:48de beaucoup de Français qui sont déboussolés.
00:15:50Ce qui m'agace, par exemple, c'est quand je vais à Paris, comme vous,
00:15:57je fréquente forcément des étrangers, parfois arrivés de fraîche date,
00:16:04qui me disent, moi, je travaille,
00:16:07mais je vais, pour pouvoir devenir Français,
00:16:09pour pouvoir avoir des papiers, je vais dans une association
00:16:12où je rencontre des femmes algériennes qui disent,
00:16:15travaille surtout pas, tu vas perdre tes allocations.
00:16:18Ça me paraît injuste, ça me paraît scandaleux.
00:16:22Moi, je pense que les gens qui font des efforts doivent être récompensés,
00:16:25les gens qui n'en font pas doivent être sanctionnés.
00:16:28En ce sens, je suis pour la loi du plus fort,
00:16:31c'est-à-dire que je considère qu'à un moment donné,
00:16:33ceux qui ne prennent pas leur part de responsabilité,
00:16:36ils doivent assumer la médiocrité de leur destin.
00:16:39Si les gens ne veulent pas travailler,
00:16:40je ne vois pas pourquoi on leur donne des allocations.
00:16:43– Est-ce que, finalement, cet ordre spontané,
00:16:45ce n'est pas un peu ce que Dauquin appelle la main invisible en économie ?
00:16:49– Alors, c'est la conséquence ou un élément,
00:16:55c'est-à-dire dans la galaxie, de la main visible,
00:16:57c'est-à-dire l'idée que la société doit s'organiser
00:17:00sans avoir une intelligence prétendue au-dessus d'elle qui la corrige.
00:17:05Vous savez que ça a été l'invention du néolibéralisme,
00:17:08ça a été l'idée qu'il fallait un État régulateur.
00:17:13Moi, je suis contre l'État régulateur.
00:17:15– Mais alors, est-ce que vous ne partez pas du principe dans ce cas-là
00:17:18que si chacun poursuit, on va dire, son bénéfice,
00:17:23au sens très large du terme, pas pécunier,
00:17:26in finesse, on va arriver à un bénéfice collectif ?
00:17:31– Alors, là aussi, je consacre un chapitre sur ce sujet.
00:17:35Moi, je crois qu'il n'y a pas de principe intemporel
00:17:38dans l'organisation de la société.
00:17:40Une société, c'est un être vivant, c'est un corps vivant,
00:17:43et donc qui rencontre des problèmes et qui a besoin de réagir pour les régler.
00:17:47Et une solution qui est praticable en 1881,
00:17:51ne l'est pas forcément, ou ne l'est plus aujourd'hui.
00:17:54Je prends l'exemple de l'école,
00:17:55puisque là aussi, c'est un sujet que je traite dans un chapitre.
00:17:59Je comprends qu'en 1880, après, on peut ne pas être d'accord,
00:18:03je sais que dans vos auditeurs, un certain nombre de gens vont hurler,
00:18:06mais je comprends qu'en 1880,
00:18:08lorsque les Républicains se sont découverts majoritaires dans le pays,
00:18:13mais d'une faible majorité,
00:18:15il se soit dit, on va créer des écoles publiques pour stabiliser la République.
00:18:19On peut trouver ça absolument horrible,
00:18:20je sais que beaucoup de gens vont dire, c'était monstrueux,
00:18:23mais en tout cas, l'invention de l'école publique
00:18:27comme véhicule de la République était une stratégie
00:18:31qui répondait à une utilité sociale dans les années 1880.
00:18:36Aujourd'hui, l'école publique, c'est-à-dire plus de 100 ans plus tard,
00:18:39c'est un outil de sélection sociale, c'est un outil de défense de la caste,
00:18:43c'est un outil de fixation des différences de niveau sociaux et même de racisme.
00:18:47– Est-ce que le problème, pardon,
00:18:48c'est pas qu'en 1880 c'était le véhicule de la République,
00:18:51mais du savoir et qu'aujourd'hui, c'est plus que le véhicule de la République ?
00:18:54– Alors, moi, ce que je crois, c'est que le savoir,
00:19:00la notion de savoir a beaucoup évolué,
00:19:03que ce qu'on appelait le savoir en 1880,
00:19:06dans un monde de livresques, n'est plus la même chose
00:19:10que le savoir dans un monde numérique
00:19:12où les conditions d'accès au savoir ont changé.
00:19:15Et que donc, il est assez normal qu'on tire les conséquences,
00:19:18qu'on laisse faire le progrès dans l'accès au savoir
00:19:21en disant qu'on ne va pas rigidifier les structures.
00:19:23Moi, je suis effrayé quand je vois qu'on parle de pause numérique
00:19:27pour les élèves jusqu'à 15 ans.
00:19:29Aujourd'hui, Internet est un outil extraordinaire d'accès au savoir,
00:19:35c'est aussi un outil d'accès au pire.
00:19:38Donc, l'enjeu n'est pas d'interdire aux élèves d'avoir accès à Internet,
00:19:41l'enjeu est de leur apprendre à s'en servir intelligemment.
00:19:44Et donc, moi, quand on dit qu'on va leur interdire de s'en servir,
00:19:48je suis perplexe.
00:19:49Mais moi, ce que je crois, c'est qu'à un moment donné,
00:19:51ce qui se justifiait comme politique publique à la fin du XIXe siècle,
00:19:56aujourd'hui, ça ne se justifie plus.
00:19:57Et donc, il faut être capable de dire,
00:19:59il y a des arbitrages qui sont rendus à une époque
00:20:01et ces arbitrages changent avec le temps.
00:20:04Et je crois que ce qu'il faut admettre,
00:20:06et c'est un sujet sur lequel je m'affronte souvent
00:20:10avec un certain nombre de commentateurs, de publics,
00:20:13et je sais qu'une partie de votre public est attachée à ça,
00:20:15il y a effectivement deux conceptions de la société.
00:20:20Il y a une conception de la société, je vais caricaturer,
00:20:24on ne m'en voudra pas, c'est pour illustrer le propos,
00:20:27il y a l'idée qu'il faut créer une Jérusalem terrestre,
00:20:30c'est-à-dire une société harmonieuse, éternelle,
00:20:34où il n'y a plus de conflits, où la concorde règne,
00:20:37où tout le monde s'aime, c'est une société unie.
00:20:41Et beaucoup de gens pensent que l'unité, c'est important
00:20:44et donc c'est le fameux dicton de beaucoup de bourgeois français,
00:20:47toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.
00:20:51Moi je crois que la société, et donc dans cette théorie,
00:20:55je vais faire un petit clin d'œil polémique,
00:20:57je sais que les gens qui pensent ça ajoutent souvent
00:21:02la division c'est diabolique, et que le conflit c'est satanique.
00:21:08Moi je crois aux vertus du conflit, comme Marx l'avait dit,
00:21:11et comme Platon pensait que la dialectique,
00:21:15c'était ce qui faisait progresser l'humanité,
00:21:16c'est-à-dire la confrontation des points de vue,
00:21:18et donc les divergences de points de vue qui s'expriment parfois dans le conflit.
00:21:22Moi je crois que fondamentalement,
00:21:26ce qui fait qu'une société est prospère,
00:21:29que les gens y sont heureux,
00:21:31c'est qu'ils peuvent non seulement y vivre leurs différences,
00:21:35donc certains sont pour Jésus,
00:21:38d'autres pour le grand architecte de l'univers,
00:21:41d'autres pour Bouddha,
00:21:43et surtout je crois qu'il est important
00:21:45qu'on laisse faire les conflits et les confrontations.
00:21:48C'est-à-dire, je suis un vieux marxiste au fond,
00:21:51c'est dans les rapports de classe,
00:21:55c'est dans les divergences d'intérêts qu'il y a à un moment donné,
00:21:58des synthèses qui sont trouvées et une prospérité qui se dégage.
00:22:04Et je crois que, moi ce qui me frappe,
00:22:05c'est qu'une grande partie de l'opinion aujourd'hui
00:22:09est convaincue qu'il faut la paix,
00:22:11qu'il faut s'aimer, qu'il ne faut surtout pas s'affronter.
00:22:15Il y a aujourd'hui une mise en scène dans les médias mainstream
00:22:19du fait que les différences d'opinion n'amènent à rien.
00:22:23Si je regarde une émission de Cyril Hanouna,
00:22:26ceux qui arrivent en pensant blanc
00:22:28et qui s'engueulent avec ceux qui pensent noir pendant deux heures
00:22:31en ressortent en pensant blanc ou en pensant noir
00:22:33et il n'y a pas eu d'évolution dans le point de vue.
00:22:35C'est-à-dire qu'on nous dit en fait ne pas avoir le même point de vue,
00:22:41ça ne sert à rien, l'exprimer ne sert à rien,
00:22:43il n'y a pas de progrès possible, tout est figé,
00:22:46le conflit, le débat ne sert à rien
00:22:48et en fait ce qu'il faut c'est un ordre vertical,
00:22:50les gens obéissent et puis tout le monde se fait des bisous,
00:22:53comme à la fin de la messe.
00:22:55Moi je ne crois pas à ce modèle-là,
00:22:56moi je crois très bien qu'il y ait une évolution dans la société,
00:23:01des rapports de force qui s'exercent
00:23:03et au fond des changements d'avis et des changements de pratiques
00:23:07et que croire qu'on va créer une société éternelle c'est une absurdité,
00:23:11ça n'a pas de sens, la société humaine ne fonctionne pas comme ça,
00:23:14une société humaine prospère c'est une société qui s'adapte
00:23:18et qui évolue d'une certaine façon.
00:23:20Oui il y a un darwinisme social,
00:23:22c'est-à-dire que croire qu'une société peut rester figée pendant mille ans,
00:23:27c'est une idéologie mais ça ne fonctionne pas comme ça la vraie vie.
00:23:30La vraie vie c'est qu'il y a des conflits, des oppositions,
00:23:34des gens qui se croient gentils qui ne sont pas sympas,
00:23:36des gens qu'on dit qui ne sont pas sympas qui sont en fait inspirés de bonnes idées
00:23:40et il est normal qu'il y ait des prises de bec
00:23:43et des conflits pour faire avancer la société, voilà.
00:23:46J'ai répondu longuement mais votre question était là.
00:23:50– Pour réussir à imposer cet ordre vertical,
00:23:53de ce fait les États, les institutions ont diverses techniques,
00:23:57je vous propose d'évoquer celle de la fabrique de la peur,
00:24:01on a eu de beaux exemples durant la crise sanitaire
00:24:04et ce que je vous propose c'est de revenir un petit peu en arrière,
00:24:05au tout début de l'année 2024 c'était l'arrivée à Matignon de Gabriel Attal,
00:24:09le 30 janvier, on va écouter un tout petit extrait
00:24:12de son discours de politique générale si vous voulez bien.
00:24:14– L'épidémie de Covid a mis à jour bon nombre de fractures dans notre société,
00:24:18elle a poussé notre modèle social dans ses retranchements
00:24:21mais notre pays a tenu et nous avons protégé nos concitoyens
00:24:24mieux que beaucoup d'autres l'ont fait.
00:24:26– Applaudissements –
00:24:33Le dérèglement climatique nous frappe plus dur, plus fort, plus souvent,
00:24:36l'exceptionnel devient la norme, les catastrophes se multiplient
00:24:40mais notre pays agit avec force et jamais dans son histoire
00:24:43les émissions de gaz à effet de serre n'ont baissé aussi rapidement que l'an dernier.
00:24:47– Applaudissements –
00:24:55La guerre en Ukraine a ébranlé l'Europe,
00:24:57elle a détruit le rêve d'une paix éternelle sur notre continent,
00:25:00elle nous a rappelé durement que la démocratie était fragile
00:25:04et la liberté un idéal toujours à défendre.
00:25:07Mais notre pays, notre Europe, ont montré le visage de la détermination
00:25:10face à l'agresseur et sa solidarité pour le peuple ukrainien.
00:25:15L'attaque terroriste monstrueuse en Israël et la guerre au Proche-Orient
00:25:18ont ravivé des plaies, des maux jusque dans notre société
00:25:22mais notre pays a su se dresser, répondre par le refus de la haine et par l'unité.
00:25:28La crise énergétique, l'inflation, la menace terroriste,
00:25:30les crises se superposent, s'enchevêtrent et s'additionnent.
00:25:35Elles n'offrent aucune solution miraculeuse
00:25:38mais méthodiquement, avec les Français, nous y répondrons.
00:25:41– Générique –
00:25:47– Alors je précise que ce n'est pas un montage,
00:25:49c'était vraiment un passage entier.
00:25:52– Une rafale.
00:25:53– Exactement, c'est moins de 90 secondes, on parle du Covid, du climat,
00:25:56de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique, de l'inflation et du terrorisme.
00:26:01C'est fini l'État qui doit rassurer, aujourd'hui l'État doit tétaniser.
00:26:05– Non, alors je vous présenterai, là aussi il y a une dialectique.
00:26:09Pour garantir l'unité, et on l'entend dans le discours de Gabriel Attal,
00:26:15pour faire l'unité du bloc central dans la position macronienne,
00:26:19mais qui est théorisée par notamment de nombreux psychologues sociaux américains
00:26:24depuis une trentaine d'années.
00:26:25Pour fabriquer un bloc central uni, on fabrique des menaces.
00:26:31Et pour garder le contrôle d'une société,
00:26:35on fabrique des menaces en expliquant qu'on va protéger la société contre ces menaces.
00:26:41Vous savez, beaucoup de gens ironisaient à juste titre sur Bill Gates
00:26:45qui, pour vendre des antivirus, fabriquait les virus sur ordinateur.
00:26:50On n'a pas encore prouvé qu'il les fabriquait hors de ses ordinateurs,
00:26:53on y arrivera peut-être un jour.
00:26:55Mais en tout cas, tout le monde sait que Microsoft s'est enrichi
00:26:59en vendant des antivirus pour répondre aux virus que Microsoft disséminait,
00:27:04les virus informatiques, j'assiste.
00:27:07Et donc, c'est une stratégie du deep state américain,
00:27:13bien connue depuis les années 80.
00:27:16On invente un ennemi pour expliquer qu'on va protéger la société contre l'ennemi
00:27:21et qu'il faut tous faire front contre l'ennemi.
00:27:24D'une certaine façon, si vous me permettez là aussi
00:27:28de vous exposer un certain nombre de critiques, chère Élise,
00:27:30mais ce n'est pas pour vous nuire,
00:27:33mais si je regarde ce qui s'est passé en Israël en octobre,
00:27:36je ne suis pas loin de penser que Benyamin Netanyahou
00:27:41a utilisé cette stratégie pour rester au pouvoir
00:27:45et pour souder l'opinion israélienne qui le contestait lourdement.
00:27:49– La puissance des États, c'est aussi d'utiliser les contextes.
00:27:52– Voilà, et que dans une très large mesure,
00:27:54il est attesté en tout cas par la presse israélienne elle-même
00:27:58qui a publié des rapports officiels,
00:28:00que Benyamin Netanyahou a au moins laissé faire l'attaque du Hamas
00:28:04dont il était parfaitement prévenu depuis au moins 48 heures
00:28:09par ses propres services.
00:28:10Et donc, à un moment donné, la menace, elle permet de souder.
00:28:14Et face à la montée de ce qu'on a appelé le populisme,
00:28:18et notamment, on voit bien l'histoire récente telle qu'elle se compose,
00:28:22la montée de partis dits d'extrême droite,
00:28:24l'arrivée de Trump au pouvoir, le Brexit,
00:28:29tout ça nourrit la crainte d'une contestation de la mondialisation
00:28:32qui profite à une caste, et cette caste n'a pas beaucoup de scrupules à dire
00:28:37pour garder le contrôle des sociétés.
00:28:39On va, en Occident, d'une façon ou d'une autre,
00:28:43mettre l'accent sur des menaces, voire, on va dire, aiguiser des menaces.
00:28:49Si je prends l'exemple du Covid,
00:28:51je ne vais pas rentrer dans les débats complotistes,
00:28:53mais ce qui est sûr, c'est que la gravité du Covid
00:28:55a été systématiquement surévaluée, surdramatisée par les gouvernements.
00:29:00On se souvient en France de tous ces gens qui venaient tous les soirs
00:29:03nous faire la liste des morts en disant…
00:29:04– Les camps de morts, oui.
00:29:05– Voilà, donc on voit bien comment l'exacerbation de ces menaces
00:29:12a permis de souder des gens, on regarde l'histoire française,
00:29:17jusque au printemps 2019, nous étions sous le coup des Gilets jaunes,
00:29:23on a enchaîné sur une grève historiquement très longue
00:29:26contre la première réforme des retraites de Macron,
00:29:29et le confinement a permis, d'une façon ou d'une autre,
00:29:33d'anesthésier toute contestation et de rétablir l'équilibre du foire,
00:29:37ce qui a permis à Emmanuel Macron d'être réélu.
00:29:40Donc on voit bien qu'il y a des calculs de la part de la caste mondialiste
00:29:47pour préserver son pouvoir en utilisant les peurs
00:29:51et en expliquant le bloc central, vous le savez très bien,
00:29:54nous sommes le dernier rempart.
00:29:55– Oui parce que l'ironie c'est que vous parlez d'idéologie de la protection,
00:29:59c'est assez marrant parce que c'est quand même un comble
00:30:01d'en plus faire revêtir cette stratégie, l'idée même d'une protection.
00:30:08– Le grand tour de force, je vais le dire comme ça là aussi,
00:30:13de Klaus Schwab et j'appelle les gens qui ne savent pas
00:30:17à lire la grande réinitialisation de Klaus Schwab,
00:30:20le tour de force de Klaus Schwab est d'avoir expliqué
00:30:23que ce qui allait sauver la mondialisation,
00:30:26c'est l'idéologie protectrice de l'État.
00:30:28Il l'écrit noir sur blanc et il y consacre de nombreuses pages en disant
00:30:33pour éviter les révoltes contre la mondialisation,
00:30:37il faut que l'État protège beaucoup plus ce qui ne le fait.
00:30:40Et donc qu'on augmente les dépenses sanitaires,
00:30:43qu'on augmente les dépenses sociales,
00:30:44qu'on pratique ce que Biden appelait l'hélicoptère money,
00:30:48ce que les économistes appellent l'hélicoptère money,
00:30:50si on envoie des chèques aux gens… – C'est l'argent magique.
00:30:51– L'argent magique.
00:30:53Et donc toute cette idéologie de l'État vous veut du bien,
00:30:57ça m'amuse beaucoup de voir plein de gens,
00:30:59quand moi je fais l'éloge de la responsabilité individuelle
00:31:01et donc de la fin de l'État-providence,
00:31:05les gens me disent, ah donc vous êtes mondialiste.
00:31:07Non, aujourd'hui l'État-providence c'est une doctrine mondialiste
00:31:11telle que Klaus Schwab l'a largement écrite.
00:31:14Et ce qu'il faut comprendre c'est que c'est précisément
00:31:17par cette idéologie de la protection,
00:31:19non mais vous êtes des pauvres petits choux,
00:31:21un certain nombre d'influenceurs prétendument de la résistance
00:31:23font ça d'ailleurs en disant les Français sont des gens magnifiques
00:31:26mais victimes de ceci, victimes de cela.
00:31:30C'est le discours même du mondialisme,
00:31:33c'est pour vous protéger on va vous mettre sous cloche,
00:31:36on va vous mettre sous protection,
00:31:38on va vous mettre dans une bulle et vous allez obéir.
00:31:42Et moi je dis aux Français, il faut malheureusement à un moment donné,
00:31:46je vais être vulgaire, s'enlever la merde des yeux
00:31:49et il faut se dire ouais, si on veut retrouver le contrôle de notre destin,
00:31:54si on veut échapper à la caste,
00:31:56eh bien il faut accepter les cas de refuser,
00:32:00de renoncer aux cadeaux empoisonnés de la caste,
00:32:02c'est-à-dire cet avachissement devant notre fauteuil,
00:32:04devant notre télé qu'on nous propose en disant
00:32:06on va vous filer de l'argent pour rester chez vous
00:32:08pendant qu'il y a une épidémie,
00:32:09il faut être capable de dire non, je préfère risquer,
00:32:13je préfère une vie inconfortable où je suis libre
00:32:17plutôt qu'une vie confortable où au fond ma marge de manœuvre
00:32:22c'est de dire vous êtes tous des méchants, des salauds, des enfoirés
00:32:25mais continuez à me donner de l'argent parce que ça me va bien.
00:32:28On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre
00:32:30et je sais que c'est un discours difficile à tenir aujourd'hui
00:32:34parce que l'opinion est astucieusement travaillée
00:32:37par des contrôleurs d'opinion qui leur disent
00:32:40non mais le problème c'est l'Union Européenne,
00:32:43on n'a qu'à sortir de l'Union Européenne, c'est réglé.
00:32:45Le problème c'est les Arabes ou les musulmans,
00:32:48on n'a qu'à sortir d'eux et c'est réglé.
00:32:50Le problème c'est les Juifs et les francs-maçons,
00:32:53on n'a qu'à les virer et puis c'est réglé.
00:32:56Cette croyance magique que certains c'est les capitalistes, les BlackRock,
00:33:02cette idée qu'il y a un bouc émissaire désigné
00:33:06et qu'il suffit de supprimer le bouc émissaire
00:33:08pour redevenir heureux et se retaper sur le bide au déjeuner du dimanche,
00:33:16c'est une idée magique.
00:33:17– C'est aussi une simplification extrême qui permet de se déresponsabiliser.
00:33:19– Alors en fait quand on regarde,
00:33:22quand on relit les œuvres un peu ingrates de René Girard
00:33:25sur le sacrifice et sur la logique du bouc émissaire,
00:33:29et René Girard a écrit des textes très pertinents
00:33:31sur comment a fonctionné le christianisme d'ailleurs,
00:33:33comment il s'est développé,
00:33:35on s'aperçoit qu'on est aujourd'hui dans une logique sacrificielle,
00:33:38c'est-à-dire que Girard a parfaitement décrit dans les années 70 et 80,
00:33:43c'est-à-dire qu'aujourd'hui on vit des crises et ces crises elles sont profondes
00:33:47et on va devoir changer de mode de vie parce que la société évolue
00:33:53et face à ce risque, face à cette obligation, face à cette menace qui pèse,
00:33:59on retrouve les réflexes sacrificiels d'antan,
00:34:02donc on ne va pas en parler parce que ce n'est pas dans mon livre,
00:34:05je n'ai pas fait un livre sur René Girard,
00:34:06mais Girard a très bien défini le processus,
00:34:08on désigne un bouc émissaire, ça a été Jésus à l'époque,
00:34:12on tue le bouc émissaire, on en fait le sacrifice
00:34:15et tout redevient comme avant.
00:34:17Je vois bien que beaucoup de Français, face à un monde complexe, angoissant,
00:34:21et c'est vrai que le monde est angoissant,
00:34:23parce que vous avez des tas de technologies qui arrivent,
00:34:27vous avez des menaces réelles,
00:34:29parce que l'ordre international tel qu'il a été construit en 1945
00:34:35n'est plus opératoire, l'Occident s'affaiblit
00:34:38et donc on ne peut plus minorer les non-occidentaux comme on l'a fait,
00:34:41tout ça sont des changements angoissants évidemment,
00:34:44et pour réagir à cette angoisse,
00:34:46plutôt que de se dire je lâche prise et je fais face,
00:34:50on n'a qu'à tuer le voisin et puis on va revenir à la France de De Gaulle,
00:34:54France fantasmée, je lis là aussi beaucoup de commentaires très impressionnants
00:34:58sur l'époque de De Gaulle, la France de De Gaulle, c'était génial,
00:35:02la France de De Gaulle c'était 45 heures de travail par semaine,
00:35:05de la retraite à 65 ans.
00:35:07– Ça doit vous aller ça ?
00:35:09– Moi ce qui me va c'est que les gens gagnent bien leur vie,
00:35:13et moi ce qui me va c'est que chacun puisse choisir,
00:35:15là aussi c'est le principe de l'ordre spontané,
00:35:17il y a des gens qui sont très heureux de vivre avec pas grand-chose
00:35:21en arrêtant de travailler à 55 ans,
00:35:24moi ça ne me gêne pas,
00:35:25il y a des gens, moi par exemple je n'ai pas envie de m'arrêter de travailler,
00:35:29moi je n'ai pas envie de prendre ma retraite,
00:35:30moi je n'ai pas envie d'être protégé, il y en a qui aiment ça,
00:35:34moi ce que je veux c'est que chacun s'organise comme il le veut,
00:35:37moi qui n'aime pas la protection, qui n'aime pas la retraite,
00:35:39je ne vois pas pourquoi je dois payer la retraite de gens qui ont envie d'y partir,
00:35:44je dis aux gens qui ont envie de partir à la retraite,
00:35:46organisez-vous entre vous,
00:35:49et là-dessus moi je suis pour le libre choix,
00:35:51je ne suis pas pour qu'on impose un modèle de société aux gens,
00:35:54et là aussi, j'entends bien que c'est compliqué à entendre.
00:35:59– J'aimerais qu'on revienne sur cette question d'idéologie de la protection
00:36:02et ce fameux argent magique ou l'hélicoptère monnaie
00:36:05comme vous avez expliqué,
00:36:06là aujourd'hui on est en train de voir un peu les conséquences de tout ça,
00:36:09je vous propose d'écouter là tout de suite le rapporteur général LR
00:36:13de la commission des finances au Sénat, Jean-François Husson,
00:36:15qui s'exprime sur les comptes publics et sur les révélations successives de Bercy.
00:36:20– Comme notre commission l'avait démontré en avril,
00:36:26au moment de la présentation et de l'examen du programme de stabilité,
00:36:30les notes de l'administration confirment
00:36:33que les prévisions du gouvernement n'étaient pas documentées
00:36:37et donc, par conséquent, elles ne se concrétiseront pas.
00:36:41La direction générale du Trésor chiffre à près de 57 milliards d'euros.
00:36:47Dès 2025, l'effet de l'absence de mise en œuvre effective
00:36:52des mesures d'économie annoncées dans le programme de stabilité en avril,
00:36:58imaginez-vous ce montant colossal,
00:37:01c'est à titre de comparaison l'équivalent de tout le budget de la défense de la France.
00:37:09Alors autant le dire, personne n'est dupe.
00:37:12Un tel montant d'économie n'a d'abord jamais existé,
00:37:17et la trajectoire présentée par le gouvernement en avril
00:37:20était, disons-le, totalement irréaliste.
00:37:22J'avais d'ailleurs estimé lors de notre débat sur le programme de stabilité
00:37:27qu'il était légitime de se demander si l'exécutif lui-même y croyait
00:37:32ou se contentait d'une opération de communication,
00:37:36force à être constaté que nous avons désormais la réponse.
00:37:38– Sous-titrage Société Radio-Canada
00:37:45– Alors là aussi, après cet extrait, il y a beaucoup de choses à dire.
00:37:47Il y a bien sûr le mensonge successif de Bruno Le Maire
00:37:51qui n'a eu de cesse que finalement de présenter des budgets insincères
00:37:55pour qu'aujourd'hui on découvre, si tant est qu'on ne le sache pas avant,
00:37:59l'énorme trou qui apparaît dans les comptes de l'État.
00:38:04Mais vous disiez tout à l'heure aussi,
00:38:06on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre,
00:38:07mais moi j'ai le sentiment aujourd'hui que les Français,
00:38:09le beurre, ils n'en ont pas vu la couleur,
00:38:11et par contre les conséquences, ça, il n'y a pas de problème,
00:38:15ils vont les sentir tout de suite.
00:38:17– D'abord, on va le redire, Jean-François Husson commet une erreur factuelle,
00:38:26il dit qu'on n'a jamais vu autant d'économies en une année.
00:38:30C'est faux, en Allemagne ils l'ont fait.
00:38:32L'Allemagne se porte bien parce qu'ils ont accepté
00:38:35de faire des économies drastiques, de l'ordre de 3 points de PIB.
00:38:38Et la France, elle en est à dire, 2 points de PIB, on ne peut pas y arriver,
00:38:42ce n'est pas possible.
00:38:43L'Allemagne l'a fait, en 18 mois, ils ont baissé les dépenses publiques,
00:38:46il y a une quinzaine d'années, de 3 points de PIB, et ça a très bien marché.
00:38:50Donc c'est possible dans certains pays.
00:38:52La question c'est pourquoi ce qui est possible partout en Europe
00:38:54ne l'est pas en France ?
00:38:55Parce qu'on est des petites choses ?
00:38:57Parce qu'on est moins bons que les autres ?
00:38:59Parce qu'on est des nanars ?
00:39:02Après, les gens n'ont pas vu la couleur.
00:39:04Excusez-moi, mais la couleur, elle est partout.
00:39:09Lorsqu'au moment du Covid,
00:39:11on a nationalisé les salaires pendant 3 mois, pratiquement 4 mois,
00:39:17c'est-à-dire que c'est l'État qui a payé les salaires.
00:39:19Pas tous les salaires en l'occurrence ?
00:39:21Pas tous les salaires, mais l'État a passé la barre des 60% de PIB
00:39:25de dépenses publiques, c'est-à-dire qu'on a augmenté
00:39:27de 4 points de PIB les dépenses.
00:39:29Pour payer les gens qui ont maintenu chez eux,
00:39:32les gens, ils ont quand même bien été payés
00:39:34pour rester chez eux pendant 2 mois.
00:39:38Beaucoup de salariés, beaucoup de fonctionnaires.
00:39:41Donc, ça signifie que l'argent, ils l'ont consommé.
00:39:45Dans la foulée, quand on dit qu'il faut plus d'argent pour les hôpitaux,
00:39:48on a dépensé 20 milliards en plus pour les hôpitaux,
00:39:51l'argent, il est bien allé quelque part.
00:39:54Quand les gens disent qu'il faut plus de policiers…
00:39:56Voilà un bon exemple, les hôpitaux, pardon.
00:39:58Je ne sais pas si on injecte toujours plus d'argent dans les hôpitaux,
00:40:01mais le résultat, les hôpitaux sont toujours plus délabrés.
00:40:04Oui, mais parce que…
00:40:05Donc, les gens n'en profitent pas, en fait,
00:40:07de cet argent qui est versé sur les hôpitaux.
00:40:08Il y a des gens, je vous garantis qu'on pourrait faire
00:40:113 jours de débat sur le sujet.
00:40:13Si les hôpitaux sont délabrés, ce qui n'est pas sûr,
00:40:15moi, j'ai eu dans des hôpitaux publics,
00:40:17je peux vous dire, je ne les trouve pas délabrés.
00:40:19Certains le sont, mais pas tous.
00:40:21Vous allez aux urgences, vous vous attendez,
00:40:24il n'y a pas assez de médecins, il n'y a pas de soignants.
00:40:25J'ai la chance, je touche du bois, de ne pas aller aux urgences,
00:40:29mais c'est un débat très long,
00:40:32mais on peut accepter qu'un certain nombre d'hôpitaux soient délabrés,
00:40:37je ne suis pas sûr que ce soit une vérité générale.
00:40:41Je pense que le délabrement, ce n'est pas une question d'argent,
00:40:45c'est une question d'organisation.
00:40:47C'est-à-dire que lorsque l'essentiel de l'argent qu'on met dans les hôpitaux
00:40:51est absorbé dans des salaires d'administratifs
00:40:53qui font des tableaux Excel au lieu de financer des soins,
00:40:57ça n'a pas de sens.
00:40:58– Mais précisément, c'est là où je veux en venir Éric Vérac,
00:41:00c'est que l'argent, il est donné par les impôts, par les Français
00:41:03pour arriver au mauvais endroit et de fait aboutir à une situation
00:41:08de service public qui n'est pas acceptable, qui n'est pas satisfaisant.
00:41:11– Ah non mais t'as dit, moi je suis d'accord.
00:41:13– Donc dans les deux cas, les Français empathisent,
00:41:14les Français empathisent parce qu'ils payent
00:41:15et les Français empathisent parce qu'ils n'ont pas de service à la hauteur.
00:41:18– Est-ce que vous voyez beaucoup de Français descendre dans la rue
00:41:21pour réclamer des suppressions d'emplois de fonctionnaires ?
00:41:24Moi je me balade dans Paris, qui est une ville privilégiée,
00:41:28je vois sur toutes les écoles où il y a des fermetures de classes,
00:41:30des banderoles de ne fermez pas de classes dans notre service public.
00:41:34Alors qu'on sait qu'il y a un nombre d'enfants en diminution permanente.
00:41:39Je prends l'exemple des lits d'hôpitaux,
00:41:40moi je me souviens d'un traumatisme absolu,
00:41:43j'ai été opéré de l'appendicite, j'avais 14 ans,
00:41:45je suis resté 10 jours à l'hôpital.
00:41:47Aujourd'hui, l'appendicite c'est une heure d'intervention chirurgicale,
00:41:52même pas, une heure d'immobilisation à l'hôpital.
00:41:55Il est normal qu'on supprime des lits.
00:41:58– Reste à savoir si l'hospitalisation n'a pas été réduite précisément,
00:42:01parce qu'on réduit les lits, mais…
00:42:03– Non mais Élise, c'est… on peut suivre avec…
00:42:07Voyez bien la difficulté qu'on a,
00:42:09c'est que dès qu'on dit l'argent utilisant le bien,
00:42:12il y a toujours quelqu'un pour dire,
00:42:14ah oui mais en fait non, on va toucher à rien.
00:42:17– Si je peux me permettre, Eric Vérac,
00:42:19vous m'expliquez d'abord qu'il y a trop de fonctionnaires
00:42:22dans la bureaucratie des hôpitaux,
00:42:24et puis finalement on en est à se dire,
00:42:26bon finalement il faut peut-être retirer des professeurs
00:42:27et puis il faut peut-être retirer des médecins.
00:42:29– Oui.
00:42:30– Il faut peut-être commencer par retirer ces fonctionnaires justement.
00:42:32– Non mais attendez, on a… – Des bureaucrates.
00:42:34– On a des sujets de fond, c'est qu'aujourd'hui,
00:42:36on fantasme un besoin de service public qui n'est plus tenable.
00:42:41Je prends l'exemple des postes d'interne dans les hôpitaux.
00:42:45On a dû baisser le nombre de postes ouverts
00:42:48parce qu'il y avait beaucoup moins de candidats que d'habitude.
00:42:52Et on vit dans cette situation paradoxale où plein de gens disent
00:42:55il faut des moyens supplémentaires dans les hôpitaux,
00:42:58mais plus personne ne concourt pour rentrer comme médecin.
00:43:03On a plein de Français qui nous disent, il nous faut plus d'enseignants,
00:43:06on ne veut pas diminuer le nombre de postes d'enseignants,
00:43:09simplement à l'issue des concours, il y avait 3500 postes non pourvus
00:43:13parce qu'il n'y avait pas assez de candidats pour occuper les postes.
00:43:17– On ne peut pas vous dire qu'il n'y a pas assez de candidats
00:43:18parce qu'ils sont trop mal payés ?
00:43:19– Non, sauf que vous prenez n'importe quel employeur qui ouvre un poste,
00:43:23il vous dit, je n'ai pas de candidats.
00:43:25Et aujourd'hui on vit cette situation paradoxale où on fantasme et où on se ment,
00:43:30où on dit, ah mais non, mais nous on veut la retraite à 62 ans,
00:43:33mais on ne fait plus d'enfants.
00:43:35Nous on veut plus de médecins, mais personne ne se présente au concours.
00:43:40On veut plus d'enseignants, mais on ne va pas y aller.
00:43:43Mais on travaille beaucoup et on est un peuple très courageux.
00:43:46Moi ça ne me pose aucun problème, simplement ça n'est pas réaliste.
00:43:50Tout le monde sait par exemple que les postes de cadre A dans la fonction publique,
00:43:54c'est environ 100 000 recrutements par an
00:43:57pour 150 000 diplômés du supérieur qui sortent chaque année.
00:44:02C'est-à-dire qu'aujourd'hui et depuis des années,
00:44:05l'essentiel de l'université en France fonctionne essentiellement
00:44:10pour pourvoir des postes de fonctionnaires.
00:44:13Et que ça épuise le pays et ça épuise les entreprises.
00:44:16Moi je suis patron d'une petite entreprise.
00:44:18C'est la croix et la bannière pour trouver des candidats diplômés.
00:44:21Il y a, tiens je vous prends un exemple puisque c'est des sujets que je connais bien,
00:44:23et c'est là qu'il y a un fantasme.
00:44:25– Et puis notez, les spectateurs pourront candidater dans les commentaires.
00:44:28– Ils pourront candidater s'ils veulent.
00:44:29Mais je prends un exemple, c'est que figurez-vous
00:44:33qu'il n'y a plus aucune université en France
00:44:36qui enseigne réellement le fonctionnement de la protection sociale.
00:44:42Alors il y a des enseignements sur le droit de la sécurité sociale,
00:44:46mais le droit des conventions collectives n'est plus enseigné.
00:44:51Ça veut dire qu'il y a plein de gens qui en veulent plus de droits,
00:44:54plus de ceci, plus ça, mais l'enseignement ne se fait même plus.
00:44:57Et qu'au fond, on est en train de vivre dans une société
00:45:00qui s'invente des besoins, des problèmes,
00:45:03mais qui en même temps n'a pas l'énergie vitale pour les régler.
00:45:07Et donc moi là-dessus, si vous voulez, les hôpitaux,
00:45:11je pense qu'il y a des hôpitaux qui sont bien dotés
00:45:14pour répondre aux questions des hôpitaux qui sont mal dotés,
00:45:16mais d'une manière générale, le problème,
00:45:18c'est l'organisation du service public et le management du service public.
00:45:22J'ai été fonctionnaire à l'Éducation nationale,
00:45:26c'est une administration extrêmement riche.
00:45:29Simplement, l'argent était gaspillé.
00:45:32Et aujourd'hui, le problème,
00:45:34ce n'est pas de donner plus de moyens au service public,
00:45:37le problème, c'est de laisser les gens s'organiser,
00:45:40de sortir de cette verticalité où vous avez, pour les hôpitaux,
00:45:44l'administration de la santé qui paye des tas de gens
00:45:46pour suivre au jour le jour ce que font chaque hôpital,
00:45:50ce que fait chaque hôpital.
00:45:52Et le soin, l'hôpital n'est plus là pour soigner,
00:45:56l'hôpital est là pour rendre compte à une administration de son fonctionnement.
00:45:59Ça n'a pas de sens.
00:46:02La seule solution, c'est de privatiser les hôpitaux,
00:46:04parce que comme ça, on va déjà supprimer tous les postes
00:46:07qui ne servent qu'à rendre compte à l'ARS,
00:46:10à l'administration centrale de la santé.
00:46:13Il faut, à un moment donné, laisser les gens s'organiser librement
00:46:16pour que ça marche.
00:46:17Parce qu'avec tout l'argent qu'on met dans le service public,
00:46:20on pourrait avoir de bien meilleures performances.
00:46:22Et là aussi, si je prends des comparaisons documentées,
00:46:26et croyez-moi, je les regarde de près,
00:46:28l'OCDE publie un comparatif,
00:46:30un panorama annuel de la santé qui est extrêmement bien fait.
00:46:34Et la France est le pays où la perception du service hospitalier,
00:46:39du service sanitaire, est le plus négatif,
00:46:43par rapport à des pays qui mettent beaucoup moins d'argent,
00:46:45mais qui sont beaucoup mieux organisés.
00:46:48Et donc, ça veut bien dire que tout ça n'est pas fondé sur des constats objectifs,
00:46:52tout ça est fondé sur des ressentis,
00:46:55et d'une façon ou d'une autre, une qualité de service qui baisse.
00:46:59Mais n'importe quel fonctionnaire vous dirait que la qualité de service,
00:47:04il n'est pas noté dessus.
00:47:05Vous voyez, vous pouvez faire carrière dans le service public
00:47:08en n'ayant jamais eu pour préoccupation de servir le public.
00:47:12Et ça, c'est un problème.
00:47:14Eh bien, il faut changer le mode d'organisation
00:47:17et il faut très largement décentraliser et privatiser,
00:47:20parce que moi, je ne comprends pas pourquoi, par exemple,
00:47:24c'est le ministère de l'Éducation qui prend une mesure générale
00:47:28sur l'organisation des classes dans les collèges,
00:47:31selon cette idée ahurissante que tous les collèges
00:47:34devraient fonctionner de la même façon.
00:47:35Ça n'a pas de sens.
00:47:37– Alors, vous avez dit tout à l'heure
00:47:39que les Français avaient des volontés paradoxales,
00:47:41payer moins d'impôts, mais pour autant,
00:47:43avoir toujours plus de services publics.
00:47:44Vous parlez d'une démocratie finalement dépassée,
00:47:48vous utilisez le terme de liquide.
00:47:51Comment vous organisez tout ça en fait ?
00:47:53Comment vous voyez ça finalement ?
00:47:55Est-ce qu'il faudrait une démocratie directe,
00:47:58mais en même temps faillible ?
00:47:59Puisque, comme vous le dites, les Français veulent des choses
00:48:02qui ne sont pas cohérentes, etc.
00:48:04Comment vous organisez une démocratie fonctionnelle, j'allais dire ?
00:48:08– Alors, là aussi, c'est beaucoup de questions en une seule,
00:48:10mais d'abord, moi je suis pour une réduction drastique
00:48:15du périmètre d'intervention de l'État, je pense qu'on l'a compris.
00:48:18– On l'aura compris.
00:48:20– Et donc, je pense que les Français seront beaucoup plus heureux
00:48:22s'il n'y a pas un flic derrière chaque automobiliste,
00:48:25s'il n'y a pas un contrôleur du fisc derrière chaque contribuable,
00:48:28et si au fond, on redonne de la souplesse à l'organisation de la société.
00:48:33Pour moi, le bonheur des Français, il est dans leur liberté d'agir
00:48:37et de choix, et certainement pas dans leur soumission
00:48:39accrue à des contrôleurs, des policiers, des gendarmes, etc.
00:48:42Ça, c'est fondamental.
00:48:44Deux, moi je ne suis pas pour la démocratie directe,
00:48:46parce que la démocratie directe, pour moi, c'est le régime d'assemblée.
00:48:51C'est des gens qui se réunissent en permanence pour décider de tout,
00:48:54y compris de la couleur de la machine à café.
00:48:56– Et surtout ceux qui ont que ça à faire.
00:48:57– Et surtout ceux qui ont que ça à faire,
00:48:59c'est-à-dire pas forcément ceux qui font la richesse nationale.
00:49:03Donc moi, je suis pour qu'il y ait une démocratie liquide.
00:49:07C'est-à-dire, je pense que la démocratie représentative,
00:49:09effectivement, elle est morte du fait des progrès technologiques.
00:49:13C'est-à-dire, quand on a inventé l'idée que pour qu'une démocratie fonctionne,
00:49:17il fallait qu'il y ait des représentants,
00:49:18c'était parce que pour aller de Paris à Bordeaux, il fallait 20 jours,
00:49:22et que donc le député, l'habitant de Bordeaux,
00:49:25ne pouvait pas participer en temps réel aux décisions.
00:49:28Maintenant, compte tenu des technologies numériques,
00:49:31il est fascinant de voir que vous pouvez, en temps réel,
00:49:34voter pour l'Eurovision, voter pour un candidat télé,
00:49:38un ceci, un cela, Koh-Lanta, ce que vous voulez.
00:49:41En revanche, la loi que le député discute, vous ne pouvez pas voter.
00:49:46Alors moi, il faut qu'on m'explique comment il est possible
00:49:49de pouvoir décider en temps réel de tout,
00:49:51ou participer en temps réel à toutes les décisions,
00:49:55sauf pour ce qui concerne la chose publique, c'est incompréhensible.
00:49:58Donc je pense que le compte à rebours sur la démocratie représentative
00:50:02est enclenché, et qu'elle finira naturellement par disparaître,
00:50:06parce que plus personne ne peut accepter d'être écarté des décisions,
00:50:09alors qu'il peut participer à ses décisions sur tous les autres sujets,
00:50:12sauf sur les sujets politiques.
00:50:13– Mais si je peux me permettre, il y a autre chose,
00:50:14c'est qu'on a le sentiment, et je vais vous faire écouter tout de suite
00:50:17une petite intervention de Jean-Luc Mélenchon,
00:50:20on a aussi le sentiment que les Français peuvent s'exprimer,
00:50:23mais que personne ne les écoute.
00:50:25C'est ce que semble dire justement le leader insoumis,
00:50:28on va le regarder tout de suite.
00:50:29– L'élection est volée, le Premier ministre porte un message
00:50:34de négation de la volonté du peuple français, et ce n'est pas la première fois.
00:50:39J'en appelle donc à la mobilisation la plus puissante que possible,
00:50:44le 7 septembre, pour le respect de la démocratie,
00:50:48pour le respect de la bonne compréhension de ce que sont des institutions républicaines
00:50:53placées sous la souveraineté du peuple,
00:50:55et pour la dignité personnelle de ceux qui ont été votés
00:51:00et qui ont donné un avis que personne n'a le droit d'effacer.
00:51:03– Alors une fois, quoi qu'on pense de ce que dit Jean-Luc Mélenchon,
00:51:13de sa mobilisation pour le 7, etc. etc.
00:51:15C'est pas la question, mais il est vrai que les derniers scrutins
00:51:20qui ont suscité l'intérêt des Français, à savoir les européennes,
00:51:23qui ont consacré la victoire du Rassemblement National,
00:51:27qui est un parti euro-critique, puis la victoire aux législatives,
00:51:31on va dire, du RN et du bloc de gauche constitué par le Nouveau Front Populaire,
00:51:36on se demande comment, à la fin, on arrive avec Michel Barnier à Matignon.
00:51:41Là encore, on peut discuter de tout cela, mais il est quand même européiste,
00:51:45il n'est pas vraiment de gauche, donc on a l'impression finalement
00:51:48que le scrutin des européennes et le scrutin des législatives
00:51:51ont tous deux été totalement balayés avec ce vote.
00:51:55Et ça m'a fait penser, quand j'ai lu votre ouvrage,
00:51:56vous parlez du nudge, qui est un outil finalement
00:52:00qui repose sur les théories du comportement
00:52:01pour faire faire quelque chose aux gens de façon positive, sans leur…
00:52:05– En leur donnant le sentiment qu'ils sont libres.
00:52:06– Voilà, c'est ça, qu'ils sont conscients et consentants
00:52:09de faire quelque chose en les manipulant.
00:52:11Il y a l'inverse, c'est le sludge, et finalement ce qui vient de se produire,
00:52:15on a le sentiment que c'est la démonstration pour les Français
00:52:18qu'aujourd'hui, aller voter, ça ne sert plus à rien,
00:52:20puisque plus personne ne les écoute.
00:52:21– Eh bien, je suis d'accord avec vous.
00:52:24– Ah, au moins !
00:52:26– Je pense qu'effectivement, Macron est en train d'accélérer
00:52:30l'effondrement de la démocratie représentative,
00:52:33et en ce sens, je m'en félicite, c'est-à-dire que je pense
00:52:36qu'il est en train de démontrer que ce qui a marché au XXe siècle
00:52:40et qui est apparu comme un progrès dans l'histoire de l'utilisation du XXe siècle,
00:52:44ne fonctionne plus parce que, d'abord, la machine ne marche plus
00:52:50comme elle aurait pu marcher, ou comme elle marchait avant,
00:52:53et ensuite, les gens sont en attente d'autre chose.
00:52:56Et la crise que nous vivons, c'est une crise beaucoup plus profonde
00:53:00que Macron qui a violé les élections.
00:53:03C'est un symptôme important, et vous le relevez à juste titre,
00:53:06la crise que nous vivons est une crise beaucoup plus systémique,
00:53:10et au fond, ce que les gens attendent, c'est qu'on décide,
00:53:14qu'on prenne des décisions collectives autrement,
00:53:17qu'on prenne sans doute des décisions collectives
00:53:18sur d'autres sujets que celles où on les prend.
00:53:21Souvenez-vous de la grogne contre les 80 km heure sur les routes nationales
00:53:24qui était emblématique du fait que,
00:53:26est-ce qu'on a besoin que l'État s'occupe de ça
00:53:29alors qu'on a un déficit budgétaire de près de 200 milliards ?
00:53:33Et au fond, les gens sont, je ne partage pas votre point de vue
00:53:38sur le sous-jacent de ce que vous me prêtiez,
00:53:41moi je crois que les gens sont aujourd'hui beaucoup plus formés
00:53:44et diplômés qu'avant,
00:53:46ils ont beaucoup plus accès à la connaissance qu'avant,
00:53:49et ils sont beaucoup plus en capacité de participer aux décisions qu'avant.
00:53:55Et donc, il faut capitaliser sur ce progrès humain qui a eu lieu
00:53:59et beaucoup plus impliquer les citoyens dans les décisions collectives,
00:54:04et beaucoup plus les laisser s'organiser entre eux
00:54:07parce qu'ils en sont beaucoup plus capables qu'avant.
00:54:10Et la crise que nous vivons,
00:54:12c'est la crise de cette caste qui ne veut pas lâcher le pouvoir
00:54:17et qui serre que bout sur un système ancien
00:54:20qui est de toute façon en sursis, il est en état de mort cérébrale.
00:54:23Donc, moi là-dessus, je suis optimiste,
00:54:25et je crois que ce qu'il faut, c'est une autre façon de décider,
00:54:30mais j'insiste, pour moi ce qui est fondamental
00:54:33dans l'organisation d'une société,
00:54:34c'est la préservation du libre choix.
00:54:37Et donc, de ce point de vue, ce qu'on appelle aujourd'hui la démocratie directe,
00:54:40au sens où cette expression est utilisée,
00:54:43c'est un système où des assemblées décident de tout,
00:54:46et ça pour moi, c'est le danger, c'est ce qu'on a vécu en 1792,
00:54:51ça a été la terreur, et je crois qu'en fait l'État ne peut pas décider de tout,
00:54:55et tout n'est pas politique, et tout ne relève pas de la décision collective,
00:54:59il y a des choses qui relèvent des décisions privées,
00:55:02et il faut les laisser faire, et les laisser respirer,
00:55:05et il faut en étendre le champ.
00:55:08– Alors, quand on voit la couverture de votre ouvrage,
00:55:09et ce sera ma dernière question, Éric Vérag,
00:55:11ce dernier ouvrage, traité pour le Monde d'après,
00:55:13aux éditions Culture et Racines, est disponible sur le site de TVL,
00:55:17sur tvl.fr, il y a également un sous-titre,
00:55:20enfin plus exactement une citation,
00:55:21« Oser, voilà qui redonnera à l'Occident sa grandeur et ses ambitions anciennes ».
00:55:25Au fil de cette émission, Éric Vérag, j'ai bien compris votre volonté
00:55:29de susciter une forme de dynamisme, de volontarisme chez les Français,
00:55:33et chez les citoyens d'ailleurs, de tout l'Occident justement,
00:55:37pour qu'ils se réorganisent et qu'ils fassent un peu ces sessions,
00:55:40votre ouvrage précédent,
00:55:41– Pour retrouver notre souveraineté.
00:55:42– C'est-à-dire qu'ils apprennent à vivre autrement qu'avec l'État,
00:55:46mais on a le sentiment quand même, quand vous parlez de finalement
00:55:48reconstruire l'Occident, sa grandeur, ses ambitions anciennes,
00:55:52vous exagérez un peu quoi, les gens peuvent se réorganiser
00:55:55au niveau local, au niveau régional peut-être,
00:55:58réussir à se mettre à l'abri de la prédation de l'État,
00:56:02quant à reconstruire l'Occident, on n'y est pas quoi.
00:56:04– Mais l'Occident a toujours été une espèce de puzzle,
00:56:09d'initiative locale, individuelle, regardez l'Empire de Charlemagne,
00:56:14c'était au fond une somme de petites pièces rassemblées entre elles,
00:56:19regardez le monarchisme, une des grandes inventions de l'Occident,
00:56:25c'est l'ordre monastique qui a quand même porté la culture,
00:56:29le savoir, l'architecture, les arts pendant des siècles,
00:56:32c'était quoi ? C'était des initiatives individuelles,
00:56:35et puis des gens qui disaient, on va s'aimer,
00:56:37le monastère où on vit, l'abbaye est trop peuplée,
00:56:42on va en créer une autre un peu plus loin,
00:56:43c'était l'initiative individuelle sans aide de l'État,
00:56:47alors il y avait quelques avantages fiscaux à l'époque,
00:56:49mais au début non, ce sont ces initiatives individuelles
00:56:53qui ont fait l'Occident, l'Occident n'a pas été construit par l'État,
00:56:57on peut discuter sous Louis XIV en France,
00:56:59mais structurellement ce qui fait que l'Occident est puissant,
00:57:02c'est l'énergie vitale des nations,
00:57:06c'est certainement pas l'intelligence étatique de quelques bureaucrates
00:57:10qui disaient on va corriger le marché,
00:57:12ce qui a fait la grandeur de l'Occident et sa puissance,
00:57:15c'est cette énergie vitale qu'il dégageait
00:57:18et que les gouvernements laissaient s'exprimer
00:57:21pour pouvoir en faire masse,
00:57:24et si vous regardez l'histoire de la monarchie française,
00:57:26c'est que parmi vos lecteurs,
00:57:28certains sont des adeptes de l'ancien régime,
00:57:30là où je suis d'accord avec eux,
00:57:32c'est que ce qui a fait la grandeur de la France,
00:57:34ce ne sont pas ses rois,
00:57:36c'était la liberté que les rois laissaient aux citoyens,
00:57:42ce n'étaient pas des citoyens au sujet,
00:57:43mais aux Français de s'exprimer, d'inventer,
00:57:47notamment je lis beaucoup de commentaires sur les libertés municipales,
00:57:51sur les conseils de fabrique dans les paroisses,
00:57:53mais une très grande partie,
00:57:54l'essentiel même de la grandeur de la France,
00:57:57elle est venue de la force des paroisses,
00:57:59et certainement pas des décisions omnipotentes du roi.
00:58:03Lorsque Louis XVI chute, si j'ose dire,
00:58:06il est à la tête d'un État qui collecte très peu de richesses,
00:58:12et qui a très peu de pouvoir d'action,
00:58:14comme dit mon ami Yves-Marie Hadid,
00:58:16avec qui je fais les chroniques de la royauté
00:58:17sur la chaîne YouTube du Courrier,
00:58:20si vous me permettez un peu de publicité,
00:58:22Yves-Marie Hadid dit,
00:58:23Louis XVI est un roi pauvre à la tête d'un État riche,
00:58:27ce qui a fait la prospérité de la France,
00:58:29c'est certainement pas l'État,
00:58:31et l'Ancien Régime était un système
00:58:34qui s'appuyait sur l'énergie vitale des Français.
00:58:37Et donc je pense que l'Occident,
00:58:40ce n'est pas la Russie, ce n'est pas la Chine,
00:58:43ce n'est pas un écosystème, je vais dire ça comme ça,
00:58:49qui peut se fonder sur des puissances étatiques.
00:58:52C'est un écosystème qui ne peut parier
00:58:55que sur la richesse des habitants,
00:58:57l'énergie vitale de ces habitants,
00:58:59et leur capacité à construire spontanément de grandes sociétés.
00:59:02Et c'est ce que je propose,
00:59:04et donc je ne partage pas votre idée que c'est beaucoup trop ambitieux,
00:59:07je pense que c'est une idée avachie, je vais vous taquiner amicalement,
00:59:10vous défendez une idée avachie sur laquelle
00:59:12la grandeur d'un pays dépend de la puissance de son État.
00:59:15Je pense que c'est vrai pour certaines identités ethniques,
00:59:20les Occidentaux ont toujours été étranglés par leur État,
00:59:24et ils se sont toujours développés en dehors de l'État.
00:59:28Regardez la puissance de l'Italie au Moyen-Âge,
00:59:31elle était fondée sur l'initiative privée,
00:59:34sur les initiatives individuelles,
00:59:36et regardez encore la puissance de l'Italie aujourd'hui,
00:59:39qui est sous-estimée politiquement
00:59:41parce que l'Italie c'est un État relativement faible,
00:59:45et c'est surtout une capacité de la société,
00:59:48on peut en discuter, on n'a plus le temps,
00:59:50mais l'Occident c'est ça,
00:59:52ça n'a jamais été le plan, le gosse plan, le plan quinquennal etc.
00:59:58La grandeur de l'Occident c'est la ferveur des gens,
01:00:01notamment ceux qui voulaient des églises, des cathédrales, des monastères,
01:00:05qui croyaient à leur projet,
01:00:07qui ont traversé l'Atlantique pour découvrir l'Amérique,
01:00:10c'était ça l'Occident.
01:00:12– Et ce n'était certainement pas lié à une puissance d'État,
01:00:14on l'a bien compris,
01:00:15mais moi je faisais plutôt référence à sa capacité de nuire.
01:00:18– À l'État ? – Bien sûr.
01:00:20– Oui, alors j'ai adversé votre question,
01:00:22mais sur le fond vous avez bien compris mon propos.
01:00:26– Je vous remercie beaucoup Éric Vérac,
01:00:27je rappelle à nos téléspectateurs, c'est un livre passionnant,
01:00:30j'avais beaucoup aimé ses sessions, qui étaient plus pratiques peut-être,
01:00:32celui est plus réfléchi, plus idéologue peut-être.
01:00:37– Théorique.
01:00:38– C'est donc le traité pour le monde d'après,
01:00:40c'est disponible sur la boutique de TVL, sur tvl.fr.
01:00:43Si vous ne l'avez pas encore fait,
01:00:44j'espère que vous avez commenté cette émission,
01:00:46sinon vous ne le ferez jamais,
01:00:47j'espère que vous avez réagi, juste en dessous.
01:00:49Bien sûr, n'oubliez pas de cliquer sur le pouce en l'air,
01:00:51ça améliore le référencement,
01:00:52c'est capital pour la diffusion de nos programmes.
01:00:55N'oubliez pas, si ce n'est pas déjà fait,
01:00:57ou si YouTube vous désabonnait,
01:00:59de vous réabonner à la chaîne officielle de TV Liberté.
01:01:02Je vous dis rendez-vous la semaine prochaine, bien entendu,
01:01:05et puis en attendant, portez-vous bien, à bientôt.
01:01:08– Sous-titrage FR –

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