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00:00Europe 1 soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec Mathieu Bocoté et Philippe Guibert pour commenter l'actualité.
00:07François Bayrou était au salon de l'agriculture.
00:09Il a jugé la situation de l'assaillant terroriste islamiste de Mulhouse absolument inacceptable.
00:17L'assassin de Mulhouse, il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes
00:23pour que son pays d'origine accepte que nous le renvoyons chez lui.
00:28Et les dix fois, la réponse a été non.
00:32Mais moi, comme chef du gouvernement, je dis une chose, c'est inacceptable.
00:37Imaginez la situation si elle était inversée.
00:41Si l'Algérie voulait renvoyer chez nous des délinquants, des menaces, des assassins en puissance.
00:50Et si nous disions non, qu'est-ce que diraient les autorités algériennes ?
00:54Parce que j'insiste sur le fait que ça n'est pas une question du peuple algérien.
00:59C'est une question des autorités.
01:03On n'est pas un peu impuissants ?
01:05On est impuissants si on décide de l'accepter.
01:09Et ma position à moi, c'est qu'on ne doit pas l'accepter.
01:11On ne doit pas l'accepter et d'ailleurs, on nous annonçait hier dans le grand rendez-vous,
01:16Jean-Noël Barraud en l'occurrence, ce comité sur l'immigration.
01:21Mathieu Bocoté, quand on entend François Bayrou, il a la volonté, j'ai l'impression, de faire quelque chose.
01:28Il est perturbé et inquiet du fait que ce que disait Bruno Retailleau,
01:33c'est que cet individu, par dix fois, on a demandé à l'Algérie de le reprendre.
01:38Mais dans le ton, j'ai l'impression que c'est un peu lassif.
01:43On a l'impression qu'il n'est pas impliqué, comme on dit.
01:46Je ne vois pas des choses comme ça. J'ai plutôt l'impression qu'il est déprimé.
01:49C'est-à-dire qu'il prend conscience. Il a rêvé toute sa vie d'arriver au premier rang.
01:56Il y est presque parvenu par Matignon plutôt que l'Elysée.
01:59Et il constate soudainement, mais on aurait pu lui dire,
02:02que les vrais pouvoirs ne sont plus politiques.
02:05Le politique a un pouvoir gestionnaire, résiduel,
02:08alors que le véritable pouvoir est dans les tribunaux, le véritable pouvoir est dans la technostructure.
02:13Et qu'est-ce qu'on voit en fait, c'est que la France est prisonnière aujourd'hui,
02:17d'une conception du droit, d'une conception de l'Etat,
02:21qui rend l'Etat impuissant lorsque vient le temps d'assurer la sécurité de ses propres citoyens.
02:26Et de ce point de vue, il faut ajouter une chose.
02:29Hier, avec Jean-Noël Barrault, j'étais étonné de sa candeur par rapport au régime algérien,
02:34qui se comporte objectivement comme un régime ennemi de la France.
02:37Qui nous disait d'ailleurs qu'il ne fallait pas y aller à la méthode dure,
02:40et qu'il fallait faire une autre méthode efficace, où on négociait.
02:44La force de Calais avec le régime algérien, on va finir par s'entendre.
02:47Donc je pense qu'il y a une mise à jour du logiciel qui est nécessaire,
02:50à la fois dans le rapport à l'Algérie, et aussi dans l'usage du politique en France.
02:54Une certaine conception de l'Etat de droit, comme je ne vais pas dire l'Etat de droit,
02:57une certaine conception de l'Etat de droit est aujourd'hui dévoyée,
02:59et c'est retourné contre le peuple français.
03:01Alors je ne sais pas où il parle Bruno Retailleau, mais là on a un urgent de l'AFP,
03:04qui cite le ministre de l'Intérieur, qui en France peut soutenir
03:08que la dureté n'est pas du côté du régime algérien.
03:12Voilà ce que dit Bruno Retailleau.
03:14Je crois qu'il comprend la réaction de François Bayrou,
03:17c'est-à-dire qu'il sent que Retailleau ne se contente plus de faire des déclarations,
03:22mais a évoqué l'idée par journaliste interposé, par ses conseillers,
03:27qu'à un moment donné, s'il avait le sentiment qu'il ne pouvait pas avancer
03:30par rapport à l'Algérie, par rapport au régime algérien,
03:33il pourrait envisager de démissionner.
03:35Moi je pense que François Bayrou intervient,
03:37parce que là il a senti un danger politique,
03:39et qu'il y aurait 90% de la population derrière Bruno Retailleau.
03:43C'est comme ça que je comprends.
03:44Je pense que Bayrou, aujourd'hui, est juste dans la logique
03:47de maintenir son attelage gouvernemental,
03:50et de maintenir autant que possible son absence,
03:53ses accords implicites de non-censure.
03:57C'est ça son obsession.
03:58Et c'est comme ça que je comprends, parce que de deux choses l'une,
04:01ou bien il n'a fait qu'une déclaration, une de plus,
04:04dont est spécialiste la classe politique française,
04:07en disant que c'est inacceptable, il ne se passe rien derrière,
04:09donc c'est parfaitement acceptable.
04:11Puisque s'il ne se passe rien derrière, c'est que c'est acceptable.
04:13Ou bien François Bayrou a pris conscience que politiquement,
04:17il ne pouvait plus ne rien dire,
04:19parce qu'il a été très discret sur ce sujet,
04:21et surtout qu'il ne pouvait plus ne rien faire.
04:24Et donc c'est là où je vois un élément peut-être d'évolution.
04:28C'est-à-dire que Bayrou se dit,
04:30maintenant il faut commencer à bouger sur l'Algérie.
04:32Mais il est à la tête d'un gouvernement qui se contredit.
04:35On entend Jean-Noël Barreau hier dire
04:37que la méthode de rapport de force n'est pas bonne
04:41quand il y a d'autres ministres,
04:43comme Madame Pannier-Runacher qui n'est pas d'accord
04:45avec ce que dit Bruno Retailleau.
04:48Comment est-ce que vous voulez avoir une cohésion gouvernementale ?
04:51Justement, le quai d'Orsay est constamment sur cette ligne,
04:55qu'on va y arriver par la diplomatie et la discrétion.
04:58Mais la diplomatie, c'est pas seulement de la soupe tiède.
05:05Je trouve qu'il y a dans la pratique du quai d'Orsay,
05:09ça me fait penser un peu à ce qu'on appelait
05:11la pédagogie de l'enfouissement chez les catholiques dans les années 70.
05:14C'est-à-dire, cachez absolument votre foi
05:17et vous allez convertir d'autant mieux.
05:19Donc là, c'est-à-dire, soyez dissimulés pour mieux convertir.
05:22Je trouve que le quai d'Orsay,
05:24le plaidoyer pour la diplomatie,
05:26c'est ne faites rien, ne bougez rien,
05:28ne cherchez pas à provoquer.
05:30Et finalement, on va réussir à obtenir, par exemple,
05:32la libération de Bois-Dame-Sensale
05:34ou encore on serait capable de renvoyer des OQTF chez eux.
05:37Je pense qu'en ces matières aussi, il va falloir,
05:39et j'y reviens souvent, changer notre rapport
05:42à une certaine conception du droit.
05:44Si vous êtes sous OQTF,
05:46et en plus que vous êtes fiché pour radicalisation islamiste,
05:48il n'y a aucune raison que vous soyez en liberté
05:50de quelque manière que ce soit.
05:52Il va falloir faire en sorte que ces gens-là soient mis à l'écart de la société.
05:54Vous n'avez pas le droit fondamental,
05:56vous n'êtes même pas citoyen français,
05:58et vous êtes un islamiste.
05:59En ce pays, vous êtes censé dégager,
06:01vous n'avez même pas le droit de pourrir la vie des français
06:03et au point même de risquer de les tuer,
06:05comme on l'a vu.
06:07À un moment donné, il y a quand même des limites
06:09à se pendre soi-même avec la corde
06:11ou l'état de droit.
06:13Il y a bien des limites au suicide.
06:15Non, mais bien sûr.
06:17On constate, une fois de plus,
06:19qu'il y a un énorme trou dans la raquette
06:21avec des conséquences évidemment tragiques.
06:23Donc évidemment, ce genre de personnages
06:25n'ont rien à faire dehors.
06:27Je pense que là-dessus, nous serons tous d'accord.
06:29Mais le problème est de passer,
06:31encore une fois, de la parole aux actes.
06:33Et je trouve que Bruno Rotaillot,
06:35qui peut dire des choses tout à fait utiles
06:37et intéressantes dans le débat,
06:39ne peut plus se contenter
06:41de simplement parler. C'est-à-dire qu'à un moment donné,
06:43il y a un problème de solidarité gouvernementale.
06:45Et encore une fois,
06:47Bayrou là-dessus, ce soir,
06:49penche un peu dans sa déclaration
06:51du côté de Rotaillot.
06:53Le quai d'Orsay est systématiquement,
06:55sur la logique, laissé faire les professionnels.
06:57Excusez-nous, nous, nous connaissons...
06:59Oui, alors moi, j'ai pas eu l'impression
07:01de ça hier, mais j'ai eu l'impression
07:03d'une sorte de gêne.
07:05Mais Villepin, c'est particulier.
07:07Regardez-le là maintenant,
07:09sur les chaînes de télévision.
07:11Ce qu'a dit Villepin tout haut, c'est ce que doivent se dire.
07:13Les diplômes du quai d'Orsay, tout bas.
07:15Il y a d'autres enjeux.
07:17Il y a d'autres enjeux pour Villepin.
07:19C'est pas que la voie du quai d'Orsay.
07:21Il y a d'autres enjeux.
07:23Moi, je crois qu'il y a,
07:25aussi, comme enjeu, la vieille politique arabe
07:27de la France.