• avant-hier
Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme et président délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale est l'invité de Questions politiques. Il revient notamment sur le troisième anniversaire de la guerre en Ukraine, et la reprise en main des négociations par Donald Trump et Vladimir Poutine. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-23-fevrier-2025-9428501

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Musique d'ambiance
00:10Bonjour, ravie de vous retrouver dans Questions politiques, l'émission politique du dimanche sur France Inter,
00:16diffusée également sur France Info, la télé et en partenariat avec le journal Le Monde.
00:21Nous sommes aujourd'hui à la veille du troisième anniversaire du début de la guerre en Ukraine.
00:27Et après trois ans, la semaine qui s'ouvre s'annonce absolument cruciale.
00:32Le président Macron part ce dimanche pour Washington.
00:35Sa mission ? Sauver l'Ukraine, sauver la paix et la sécurité de toute l'Union européenne.
00:41C'est donc la survie de l'Europe qui est en jeu cette semaine.
00:44Qu'en pense le Rassemblement national qui entretient depuis longtemps des relations ambigües avec Vladimir Poutine
00:50et qui est aujourd'hui, semble-t-il, admiratif du nationalisme et de la méthode trumpienne.
00:55Bref, quel camp a choisi le parti de Marine Le Pen ?
00:59On en parle avec notre invité, le député Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale.
01:06Il est ce dimanche dans Questions politiques, en direct et jusqu'à 13h.
01:17Bonjour Jean-Philippe Tanguy.
01:18Bonjour Anne Bécard.
01:20A mes côtés, pour vous interviewer l'équipe de Questions politiques,
01:23Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions et Françoise Fressoz du journal Le Monde.
01:26Bonjour à toutes les deux.
01:27Bonjour à tous les deux.
01:36Avant les images de la semaine, exceptionnellement, il y a eu cette attaque hier au couteau.
01:40Cela s'est passé à Mulhouse.
01:42Bilan, un mort et trois policiers blessés.
01:45Emmanuel Macron a rapidement parlé d'un acte de terrorisme.
01:48L'homme qui a porté les coups est fiché pour radicalisation.
01:52La France n'a jamais pu le renvoyer en Algérie puisque les autorités de ce pays ont toujours refusé de le récupérer.
01:59Jean-Philippe Tanguy, quelle est la solution dans une telle situation ?
02:02On ne pouvait pas expulser cet individu.
02:04Dans ces cas-là, comment on fait ?
02:06Bruno Retailleau a proposé de la rétention associée à de la sûreté.
02:10Est-ce que c'est une bonne idée ?
02:12Écoutez, c'est la moindre des choses.
02:14Il n'est pas normal que cette personne, comme d'autres précédemment dans d'autres tragédies qu'a connues notre pays,
02:20puisse sortir de son centre de rétention administrative uniquement parce qu'un délai a été épuisé,
02:26en particulier dans des condamnations pour apologie du terrorisme, puisque c'était le cas de ce triste individu.
02:31Et aussi, visiblement, ce que c'est une réalité, je ne suis pas médecin, de troubles psychiatriques lourds.
02:38Schizophrénie.
02:40Visiblement, ce qui fait qu'il n'avait pas non plus à être dehors de notre point de vue.
02:44Je voudrais quand même saluer, parce que les policiers municipaux ont exposé leur vie.
02:49Grâce à leur professionnalisme, ils ont arrêté ce terroriste.
02:54Aussi d'autres personnels de la ville de Mulhouse.
02:57Et donc, il faut saluer.
02:59Peut-être, malheureusement, on a pu éviter d'autres drames.
03:01Et penser évidemment à la famille du monsieur qui a perdu la vie.
03:04Mais là, je me demandais une solution. La solution, c'est quoi en fait ?
03:06Écoutez, c'est quand même important Madame de saluer aussi les gens qui, dans des moments pareils,
03:10prennent des décisions qui exposent leur vie.
03:12La décision, c'est au moins de faire en sorte que cette personne ne sorte pas de sa rétention administrative.
03:19Soit sur une surveillance stricte.
03:21Et évidemment, dans notre rapport de force avec l'Algérie,
03:23il est grand temps de prendre toutes les mesures que propose Marine Le Pen depuis des années.
03:27Sans gradation. Maintenant, on a fait assez de gradation.
03:29Donc, on suspend les visas. On suspend toutes les aides.
03:32On suspend tous les flux financiers de la diaspora.
03:35Et le fait que la 6ème puissance du monde, pardon, la France, ne puisse pas faire céder l'Algérie,
03:40reste pour moi, comment dire, un abîme d'incompréhension.
03:44Mais à votre avis, puisque le ton s'est durci récemment vis-à-vis de l'Algérie,
03:47Bruno Retailleau a dit hier qu'il considère qu'il fallait passer à la manière forte.
03:52Qu'est-ce qu'on peut faire de plus précisément sans risquer d'essatirer les foudres des Algériens ?
03:57Et notamment, continuer à s'assurer à leur collaboration en termes de sécurité intérieure
04:02et de lutte contre le terrorisme, parce qu'ils nous donnent moins que le Maroc, mais beaucoup d'informations.
04:06Vous avez raison. Nous leur redonnons aussi.
04:08Il ne faut pas toujours croire la communication unilatérale du régime algérien
04:13qui fait toujours croire qu'elle rend beaucoup de services à la France et que nous ne lui en rendons pas.
04:17Moi, paradoxalement, le fait que le ton dans les médias soit dur, ça ne m'intéresse pas.
04:21Ce n'est sans doute pas la bonne méthode.
04:23Au gouvernement, ce qui compte, c'est les actes.
04:25Donc, le fait de multiplier les phrases provocatrices ou faussement dures pour qu'après la France...
04:29Donc là, vous parlez de Bruno Retailleau ?
04:30Oui, ou d'autres avant lui.
04:31Mais pour qu'en fait, derrière, les actes ne suivent jamais,
04:34le régime algérien répond par ce qu'il sait faire,
04:37c'est-à-dire utiliser la France comme le bouc émissaire de ses propres faillites
04:40et continuer la politique comme si de rien n'était depuis bien trop longtemps.
04:43Mais est-ce que ce n'est pas plutôt qu'on se heurte sur un mur de les réalités ?
04:45Parce que la méthode forte, il y a eu quand même, même si on ne le dit pas,
04:48il y a eu quand même un durcissement très neuf des relations.
04:51Et on voit bien que c'est très compliqué.
04:53Je n'ai pas dit que c'était simple.
04:55Et vous n'avez pas donné des solutions, d'ailleurs ?
04:56Si, notamment les flux financiers.
04:58Les flux financiers ne sont jamais concernés.
05:00Les visas ont été suspendus, mais sur une durée très courte.
05:04Nous n'avons pas tenu dans le temps.
05:06Ce qui est sûr, moi, je pense que la classe politique française,
05:08à part le Rassemblement National,
05:10vit dans une forme de culpabilité par rapport au régime algérien
05:13qui l'empêche de prendre les mesures qui s'imposent depuis bien trop de temps.
05:17Moi, je n'ai aucune culpabilité envers un régime,
05:19qui est quand même un régime autoritaire,
05:21qui meurtrit sa propre jeunesse et qui n'a rien à offrir.
05:24Plus largement, quand on voit les pays qui refusent
05:28de reprendre les personnes sous le QTF,
05:30il n'y a pas que l'Algérie, il y a un certain nombre de pays.
05:32Soit les gens n'ont pas de papiers d'identité,
05:34qui seraient les pays d'accueil dans lesquels on peut les renvoyer,
05:38ne veulent pas reprendre des délinquants.
05:40Qu'est-ce que vous faites ?
05:41On boycotte le monde entier, on suspend les visas partout,
05:43on suspend l'aide au développement partout.
05:46Comment faire ?
05:48Parce que c'est quelque chose qui, à l'échelon français,
05:50est quand même très difficile.
05:52Je ne partage pas cette analyse que c'est difficile.
05:54Je vous pose une question.
05:56Ça peut être une analyse, ce n'est pas grave.
05:58Pourquoi ne l'aurait-il pas fait avant ?
06:00Parce qu'ils ne veulent pas.
06:02Nous fréquentons les dirigeants politiques français,
06:04les collègues députés deviennent ministres inversement.
06:07Il n'y a aucune volonté, dans les échanges qu'on peut avoir avec eux,
06:10d'établir un rapport de force.
06:12Vous voulez dire que depuis des décennies,
06:14le ministre de l'Intérieur signe des OQTF,
06:16ou par l'intermédiaire du préfet,
06:18des obligations de quitter le territoire français,
06:20vous êtes satisfait de les voir pas remplies, pas réglées ?
06:23Je le crains.
06:25En tout cas, que ce critère est inférieur
06:27au fait d'entretenir ce mythe de la coopération,
06:30ce fait que ce n'est pas uniquement la douceur,
06:33et il faut bien dire le fait que la France se fasse pigeonner.
06:36On trouvera une solution.
06:38D'ailleurs, la France a le pire taux,
06:40ou parmi les pires taux,
06:42d'exécution des OQTF en Europe.
06:44Parce qu'elle les délivre plus largement que les autres pays.
06:46Oui, c'est en partie vrai,
06:48parce que si vous retirez par exemple les OQTF exercés en Outre-mer,
06:52les OQTF exercés dans l'Hexagone,
06:54ils sont vraiment à un taux très bas.
06:56D'autres pays y arrivent.
06:58C'est une attitude générale.
07:00On le sent bien dans le maçon dont notre pays est dirigé.
07:03Il n'y a pas de volonté de faire respecter du bien général la France.
07:06Je ne connais pas dans le débat public,
07:08Madame Becker par exemple,
07:10d'autres exemples d'un président qui,
07:12pendant une campagne présidentielle,
07:14insulte son propre pays, la France,
07:16l'Algérie.
07:18Ça a changé depuis.
07:20Oui, ça a changé, mais il l'a fait.
07:22Je ne donne pas d'autres exemples.
07:24Quand vous commencez un débat ainsi,
07:26il n'y a pas de nécessité de se faire respecter.
07:28Et pas un petit satisfait-ci ?
07:30Gérald Darmanin, Bruno Retailleau, c'est comme les autres ?
07:32Je crains que ce soit comme les autres,
07:34je ne m'en félicite pas.
07:36Bruno Retailleau, tout de même,
07:38il a un discours, vous le disiez tout à l'heure,
07:40assez dur.
07:42Il peut même représenter un sérieux concurrent
07:44et une personne venant de la droite
07:46comme changeant tout et le contraire de tout.
07:48Il n'y a pas de différence entre Darmanin et Retailleau ?
07:50Non, ils sont très proches dans l'exercice de la parole.
07:52Et en fait, ce sont des cautions,
07:54des cautions verbales pour une politique
07:56sur le fond macroniste qui ne change pas.
07:58Et d'ailleurs, elles-mêmes le reconnaissent,
08:00parce qu'elles reconnaissent et critiquent leur propre impuissance
08:02en demandant des changements que seule Marine Le Pen serait capable de faire.
08:04Allez, on passe aux images de la semaine.
08:06On commence avec la vôtre, Jean-Philippe Tanguy,
08:08toujours l'invité en premier.
08:10Vous avez fait un choix un peu surprenant.
08:12Oui, c'est un peu décalé
08:14avec l'actualité tragique de notre pays,
08:16mais c'est une bonne nouvelle pour la France.
08:18Qu'est-ce qu'on voit d'abord ?
08:20On voit le CEA,
08:22le Centre d'énergie atomique,
08:24qui a réussi à Kadarash une opération
08:26de grande première mondiale, un record mondial
08:28de production de plasma pour la fusion atomique.
08:30Alors, qu'est-ce que c'est la fusion atomique ?
08:32Ce n'est pas l'énergie nucléaire classique.
08:34C'est reproduire ce qui se passe
08:36au sein du Soleil.
08:38C'est une énergie nucléaire propre, sans déchets
08:40et potentiellement infinie à échelle humaine.
08:42C'est une solution dont la France
08:44a une grande avance.
08:46La Chine avait battu un record il y a quelques semaines.
08:48Nous avons battu le record chinois,
08:50et j'en suis très fier.
08:52C'est la preuve que la France, avec son modèle de recherche,
08:54son modèle nucléaire, est encore capable
08:56de grandes performances.
08:58C'est une source d'espoir, notamment,
09:00pour la transition écologique,
09:02puisque c'est le contraire de la décroissance.
09:04La fusion nucléaire, c'est la capacité
09:06à produire plus d'énergie,
09:08plus d'électricité décarbonée, plus de chaleur.
09:10C'est une promesse de développement.
09:12Nous n'oublions pas que beaucoup de pays,
09:14encore aujourd'hui pauvres, ont besoin de se développer.
09:16Il faut qu'on trouve collectivement
09:18de nouvelles formes d'énergie qui sont propres.
09:20C'est la vraie écologie du point de vue
09:22du Rassemblement National.
09:24Autre image de la semaine, celle d'un rapport
09:26qui était très attendu. Avec vous, Françoise.
09:28J'ai retenu la mission
09:30flash sur les retraites qu'avait commandé
09:32François Bayrou à la Cour des Comptes
09:34en janvier. Les conclusions tombent.
09:36Qu'est-ce qu'on découvre ?
09:38Il y aura encore un déficit du régime
09:40des retraites, même si on se limite
09:42au régime général du privé.
09:44Il y aura un déficit de 15 milliards
09:46dans 10 ans.
09:48Bayrou avait dit 55 quand même.
09:50Là, je ne vous parle pas d'aujourd'hui,
09:52je vous parle de dans 10 ans.
09:54Si vous prenez uniquement le régime général,
09:56c'est 15 milliards dans 10 ans et 31 milliards
09:58dans 20 ans.
10:00Au fond, on a devant nous
10:02de nouveaux trous à combler.
10:04La question qui se pose, à mon avis, à travers ce rapport,
10:06c'est est-ce que les partenaires sociaux
10:08vont être plus positifs que
10:10les partis politiques ? Est-ce qu'ils sont capables
10:12de prendre en charge le système
10:14et d'essayer, au fond,
10:16de dédramatiser la situation ?
10:18Qu'est-ce qui se passe ?
10:20On est en évolution démographique défavorable
10:22et donc on va avoir
10:24de façon récurrente un problème de trous
10:26à gérer. Est-ce qu'on peut
10:28faire confiance aux partenaires sociaux
10:30comme ils le font pour les régimes
10:32complémentaires, où finalement le régime
10:34est bien équilibré ?
10:36Ou est-ce qu'on retourne dans l'idée que
10:38au fond, il faut revenir sur une réforme
10:40qui est mal passée,
10:42il y a un déficit démocratique, donc il faut revenir
10:44sur la réforme Macron
10:46et inventer autre chose ?
10:48Je n'en sais rien. Il y a trois mois pour essayer
10:50de trouver, mais si on arrivait
10:52à se projeter, à dépasser les crispations
10:54qu'il y a chaque réforme des retraites
10:56qui fichent le pays à feu et à sang
10:58pour finalement arriver à une solution
11:00qui n'est pas très éloignée de celle de nos partenaires
11:02européens, ce serait une bonne nouvelle.
11:04Je ne suis pas sûre qu'on y arrive.
11:06Jean-Philippe Tanguy, est-ce que la situation financière
11:08telle qu'elle a été présentée
11:10par la Cour des comptes cette semaine, est-ce qu'elle peut
11:12permettre de revenir sur la mesure
11:14d'âge ? Parce que le RN continue à demander
11:16il me semble, un départ
11:18à la retraite à 62 ans.
11:20Oui, tout à fait, sur un chiffrage qui était
11:22celui de notre programme, à savoir
11:2415 milliards d'euros pour revenir à 62 ans
11:26et pas les 40-50 milliards
11:28qu'on avait attendu nos adversaires
11:30lors de la campagne législative. Donc en fait,
11:32ce rapport est intéressant parce qu'il
11:34objective un certain nombre de choses et ce qui est intéressant aussi
11:36c'est les échelles de temps que vous donniez
11:38c'est qu'on se rend bien compte que
11:40les enjeux, ils sont pour 2035, ils sont pour 2045
11:42et donc derrière ça, c'est le développement économique.
11:44Et moi, depuis que je suis
11:46enfant, adolescent, je ne cesse
11:48d'entendre une réforme des retraites
11:50qui n'est fondée que sur une logique de pénurie
11:52et de suppression des acquis sociaux
11:54alors que si nous avions
11:56la croissance, la richesse
11:58qui arrive à produire la Suisse, les Etats-Unis
12:00d'autres pays occidentaux
12:02nous pourrions financer notre modèle social.
12:04Donc il faut sortir de cette logique malthusienne
12:06de faillite économique et à libérer
12:08la croissance par l'innovation, j'en ai donné
12:10un exemple. Mais pourquoi est-ce que vous considérez
12:12qu'au fond, ce qui se passe dans les autres
12:14pays où la retraite est à 65
12:16ou 66 ou 67 ans,
12:18c'est une remise en cause des acquis sociaux ?
12:20Est-ce qu'il n'y a pas des systèmes à inventer
12:22où vous faites du cumul emploi-retraite
12:24ou vous faites...
12:26Pourquoi est-ce que vous vous mobilisez
12:28y compris comme la gauche
12:30sur l'idée qu'il faudrait revenir à 60
12:32ou 62 ans, comme si c'était
12:34un acquis à ne pas transformer ?
12:36Là on a le Danemark, je précise,
12:38qui dans quelques semaines va passer de 67
12:40à 70 ans.
12:42Je ne suis pas sûr que ce soit une perspective radieuse
12:44pour les Danois.
12:46La liberté, tout ce qui est fondé sur la liberté
12:48on est pour. Marine Le Pen a proposé le cumul
12:50emploi-retraite, le faciliter, notamment
12:52pour les soignants, puisqu'il y a des soignants qui veulent continuer
12:54à travailler et on a besoin d'eux, vu le déséquilibre
12:56générationnel de notre système
12:58de soins. Mais oui, c'est un acquis social
13:00partir à la retraite tôt et de pouvoir
13:02profiter d'un peu de repos de sa famille
13:04et de sa santé. Mais pour beaucoup de gens,
13:06pour beaucoup de gens,
13:08j'ai visité il y a encore trois semaines
13:10une entreprise dans ma circonscription, une très belle entreprise
13:12qui fait de la métallurgie,
13:14mais j'entends encore le marteau-pilon.
13:16J'entends encore le marteau-pilon.
13:18Nous, on est des privilégiés.
13:20On a la chance de...
13:22Mais nous tous, c'est pas grave.
13:24J'accuse personne, je m'inclus dedans.
13:26Mais partir, travailler
13:28des années avec ces bruits,
13:30avec ces mouvements, avec
13:32des produits parfois qui peuvent être dangereux,
13:34malgré toutes les consignes de sécurité,
13:36c'est pas notre vie. Et oui, c'est un acquis social
13:38de pouvoir partir à 62 ans,
13:40pareil, quand on est soignante, aide-soignante,
13:42vous êtes une aide-soignante,
13:44vous mesurez 1m65 pour
13:4650 kilos, vous soulevez
13:48des personnes âgées qui sont dépendantes,
13:50vous faites bien votre travail, oui, c'est difficile.
13:52C'est difficile et à 62 ans,
13:54vous n'êtes pas aussi en forme qu'une personne
13:56qui a eu la chance ou l'opportunité
13:58de faire une autre carrière. Donc oui, partir
14:00à 62 ans pour beaucoup de Françaises et de Français,
14:02c'est pour ça que ça occupe une telle place
14:04dans le débat politique français, c'est
14:06un droit social, c'est un droit humain.
14:08Mais là, il y a un texte à l'issue de ce conclave
14:10de 3 mois pour les représentants
14:12syndicaux et patronaux, il y a un texte
14:14qui sera soumis à l'Assemblée,
14:16vous allez discuter, si jamais il n'y a pas
14:18de retour sur la mesure d'âge, un retour
14:20à un départ à 62 ans, est-ce que vous voterez
14:22la motion de censure
14:24dont parle déjà le parti socialiste
14:26sur ce texte en particulier ?
14:28Nous étudierons avec le groupe,
14:30Marine Le Pen prendra une décision.
14:32Quelles sont les perspectives ?
14:34Qu'est-ce que vont proposer les uns
14:36et les autres ?
14:38Vous arc-boutez sur la mesure d'âge ?
14:40Ah oui, la mesure d'âge, elle est au centre
14:42de la réforme que propose
14:44Marine Le Pen, nous n'avons pas varié
14:46contrairement aux accusations
14:48lors de la dernière législative, non non,
14:50c'est plus que d'autres réformes, et il est vrai
14:52plus complexe, notamment parce qu'elle incite
14:54les jeunes à travailler
14:56plus tôt, un certain nombre de métiers
14:58dont nous avons besoin pour la transition
15:00énergétique, écologique,
15:02industrielle, remettre
15:04des gens au goût de l'industrie
15:06dans le bâtiment, le chantier
15:08d'avenir nécessite que des jeunes hommes
15:10et des jeunes femmes s'engagent, et donc les inciter
15:12à travailler tôt pour pouvoir partir plus tôt.
15:14Mais il n'y a pas quelque chose de contradictoire avec le fait
15:16de continuer à promouvoir la valeur
15:18travail comme quelque chose qui fait du lien social
15:20et qui est important, et l'idée que
15:22en fait c'est un tel, je ne parle pas
15:24de certains métiers, il est évident que les métiers pénibles
15:26et ça sera pris en compte
15:28normalement, sont des métiers
15:30certains épouvantables et qui épuisent les gens
15:32mais cette idée que le travail c'est quelque chose
15:34dont on doit se
15:36quitter le plus vite possible, ça va
15:38avec votre corpus et vos idées ?
15:40C'est très intéressant le débat que
15:42vous soulevez, des gens notamment
15:44dans le monde ouvrier que je connais bien, peuvent être très fiers
15:46de leur travail tout en ayant conscience que
15:48ce travail est difficile et qu'à un moment
15:50il faut se reposer et il faut profiter
15:52justement des années de travail qu'on a fait pour notre
15:54pays et pour sa famille, ce ne sont pas deux choses
15:56qui sont
15:58contradictoires, à l'inverse
16:00il y a quand même en France, c'est une spécificité de notre
16:02pays par exemple, beaucoup d'accidents du travail
16:04un taux d'accidents du travail, voire de
16:06mortalité au travail sur les chantiers
16:08qui n'est pas admissible, donc défendre
16:10la valeur du travail, c'est aussi défendre les droits sociaux
16:12ça ne va pas, ce n'est pas
16:14contradictoire, bien au contraire, et les forces
16:16syndicales constructives, des syndicats
16:18qui défendent notre industrie
16:20sont très à même d'améliorer les conditions de travail
16:22C'est qui par exemple ?
16:24La CFTC, Forces Ouvrières, la CFDT
16:26la CFDT quand ils ne font pas de politique nationale
16:28ce sont, voilà, concrètement sur le
16:30terrain, mais la CGT aussi localement parce que la CGT
16:32localement, moi je le vois dans la somme, les délégués
16:34CGT des usines que je peux connaître
16:36sont bien différents de Mme Binet
16:38ils savent ce que c'est que travailler
16:40Vous manifestez de temps en temps avec les syndicats parce que vous avez l'air très
16:42très proche des syndicats
16:44ça m'est arrivé dans ma jeunesse
16:46et mon suppléant, Philippe Tébignot
16:48a dirigé un syndicat salarié
16:50Picard pendant 30 ans
16:52Allez, on termine avec votre image de la semaine, Nathalie
16:54vous nous parlez du sort de la famille Bibas
16:56Oui, exactement, les deux petits-enfants
16:58Kfir et Ariel Bibas
17:00qui ont gagné, si j'ose dire, le triste nom
17:02de plus jeunes otages au monde
17:04il avait 8 mois, 8 il a dû avoir
17:069 en cours de détention, l'autre 4 ans
17:08alors l'image que j'ai choisie c'est une image que tout le monde
17:10a pu voir, il y a d'autres images qu'on n'a
17:12pas pu voir ou qu'on n'a pas voulu montrer
17:14nous, journalistes ou certaines jeunes de télé
17:16c'est quand le Hamas livre les cercueils
17:18quand le Hamas chante
17:20quand les gens sont en train de danser
17:22de joie derrière avec l'arrivée
17:24des 4 cercueils, celui
17:26aussi de cet homme de 94 ans
17:28et de leur premier corps qui n'était pas le bon
17:30juste pour dire que c'était probablement
17:32bien de ne pas montrer ces images
17:34parce que c'était quelque chose d'une déchance absolue
17:36mais c'est peut-être aussi bien, si on est intéressé
17:38d'aller les regarder parce que ça donne un peu une idée
17:40de ce que c'est, ça donne une idée aussi de l'horreur de la situation
17:42c'est un résumé de
17:44beaucoup de choses et il faut probablement
17:46même si c'est un peu nié ce que je dis, beaucoup de
17:48sagesse pour ne pas tomber dans la haine et dans
17:50le désespoir face à tant de
17:52bêtesesses et d'absence totale de
17:54civilisation, ces images
17:56ont été insoutenables et la Croix-Rouge qui en a vu
17:58beaucoup, bien d'autres, elle-même
18:00les protestants disant que ces mises en scène barbares
18:02étaient absolument intolérables
18:12Voilà, c'est Donald Trump
18:14qui parle et qui dit à propos
18:16du président ukrainien, c'est un
18:18dictateur sans élection
18:20Zelensky ferait mieux de se dépêcher
18:22sinon il ne lui restera plus de pays
18:24parce que la guerre va dans la mauvaise
18:26direction. Jean-Philippe Tanguy
18:28Le président Macron, je le disais en introduction,
18:30s'envole aujourd'hui pour Washington. Il doit rencontrer
18:32demain le président américain
18:34Donald Trump pour parler
18:36du dossier ukrainien. Pour l'instant,
18:38ni l'Ukraine ni l'Union européenne
18:40ne sont admises à la table des négociations
18:42Il n'y a que la Russie et les Etats-Unis
18:44Est-ce qu'il fallait s'y rendre
18:46à cette réunion avec Donald Trump
18:48et surtout, qu'est-ce qu'on peut en attendre ?
18:50Oui, je pense que c'est normal
18:52que le président Macron s'y rende
18:54pour faire exister la France
18:56et, si possible, nos partenaires
18:58européens, s'ils veulent se dégager
19:00de cette gaine de soumission
19:02à l'atlantisme depuis
19:04trop longtemps. On s'en rend bien compte maintenant
19:06que la ligne gaulliste, très ancienne
19:08la politique qui avait insufflé
19:10le général de Gaulle pour notre pays, à savoir
19:12on ne veut pas de soldats
19:14américains sur le sol français
19:16on veut une autonomie nucléaire
19:18qui soit purement française. On n'est pas dans le commandement
19:20intégrant de l'OTAN
19:22tout en étant dans l'alliance
19:24avec l'Atlantique. Bref, la France est un allié
19:26libre et autonome, était la bonne ligne
19:28et que toute autre ligne que, malheureusement, on suivit
19:30la quasi-totalité, pour ne pas dire la totalité
19:32de nos partenaires européens, qui consiste à s'armer
19:34américain, à penser américain
19:36à avoir des soldats américains sur son sol
19:38est une fausse protection puisque le jour
19:40où un État souverain comme les États-Unis
19:42peuvent choisir de se désengager, peuvent
19:44retourner à une ligne isolationniste
19:46qui est une tradition américaine ancienne, donc malheureusement
19:48ce n'est pas une surprise que les États-Unis
19:50un jour changent de politique. Ils l'ont fait
19:52de nombreuses reprises, y compris à des moments
19:54et j'ai presque fini ma phrase, à des moments tragiques
19:56du continent européen. Je vous rappelle que
19:58après la première guerre mondiale, les États-Unis se sont
20:00totalement désengagés des accords et du traité
20:02de Versailles et de l'ordre international
20:04qu'ils avaient eux-mêmes dictés au continent
20:06européen. Donc on n'est pas surpris
20:08c'est tout ce que je voulais dire.
20:10Vous faites une grande critique de l'Atlantisme et en même temps
20:12on voit quand même une fascination
20:14au moins d'une partie des troupes du RN
20:16pour Donald Trump. Alors est-ce que vous pouvez
20:18clarifier la position du RN
20:20par rapport à Donald Trump ?
20:22Sincèrement, je ne vois pas de fascination chez nous.
20:24Je précise tout de même la fascination par exemple
20:26puisque Jordan Bardella
20:28était il y a quelques jours aux États-Unis
20:30pour participer à cette grande réunion
20:32des conservateurs américains
20:34où Jay Devance était
20:36Steve Bannon, on aura l'occasion d'en reparler
20:38hier il y avait
20:40Donald Trump qui était
20:42et Jordan Bardella a eu l'occasion
20:44de dire que tout le bien qu'il pensait du discours
20:46de Jay Devance qui a quand même surpris
20:48tout le monde vendredi dernier.
20:50Je suis d'accord avec Françoise Fressoz,
20:52ma collègue, il y a de l'enthousiasme,
20:54il y a de l'observation
20:56et il y a une validation
20:58des méthodes Trumpiennes.
21:00Sincèrement, quand Donald Trump a été élu
21:02le RN et Jordan Bardella en particulier
21:04a tout de suite mis la distance
21:06traditionnelle, historique
21:08que notre mouvement a mis envers
21:10tous les pays et tous les gouvernements étrangers
21:12à savoir que Trump
21:14défendait les intérêts américains
21:16mais par exemple Jordan Bardella à nombreuses reprises
21:18a donné cet exemple simple et qui malheureusement
21:20arrivera sans doute pour nos agriculteurs
21:22que Trump s'y défend son programme
21:24et les intérêts américains, ce sera contre les intérêts
21:26commerciaux français, ce sera sans doute
21:28contre Airbus peut-être, ce sera peut-être
21:30contre nos agriculteurs, contre nos producteurs de vin
21:32il l'a déjà fait dans le passé.
21:34Pardonnez-moi, je vous coupe, Jordan Bardella
21:36a préféré, vendredi il y avait une réunion très importante
21:38sur l'avenir de l'Europe
21:40le fameux format
21:42Saint Denis, il était l'invité
21:44il était l'un des invités
21:46l'un des participants demandés
21:48puisqu'il était chef de parti
21:50et que ça se passait dans le fameux format
21:52Saint Denis. Il a préféré rester
21:54à Washington. Si vraiment il avait
21:56l'Union Européenne chevillée au corps
21:58et si Trump ne représentait pas une certaine
22:00fascination pour lui, est-ce qu'il y aurait été ?
22:02Si il avait l'Union Européenne chevillée au corps
22:04je serais inquiet, la France chevillée au corps, oui
22:06la coopération européenne, oui
22:08mais c'est un engagement ancien
22:10le CIPAC, cette convention
22:12qui date de l'ère
22:14avant Reagan, elle a émergé
22:16du temps de Reagan. Le fait d'aller discuter
22:18avec le parti et les forces
22:20de ce parti qui sont au pouvoir aux Etats-Unis
22:22c'est normal, si les démocrates
22:24nous avaient invités, je suis sûr pour en avoir déjà parlé
22:26avec Marine et Jordan Bardella
22:28qu'on aurait très bien pu aller parler avec les démocrates
22:30c'est normal de parler avec
22:32les hommes et les femmes politiques
22:34ou les forces politiques
22:36qui dirigent la première puissance mondiale
22:38et notre premier allié de facto
22:40c'est un engagement ancien
22:42c'est Louis Alliot, premier vice-président du RN
22:44figure historique du RN, maire de Perpignan
22:46qui est allé nous représenter à cette réunion
22:48c'est quand même pas un problème que ce soit Louis Alliot
22:50qui aille, cette réunion par ailleurs
22:52avec une importance politique
22:54On attend le chef du parti
22:56Jordan Bardella, il n'est pas là
22:58on attend Marine Le Pen
23:00Mais il ne pouvait pas être là physiquement
23:02on a été prévenu de cette réunion
23:04on ne la voit pas en ce moment
23:06alors qu'il se passe des choses très importantes
23:08il avait un engagement privé
23:10j'imagine que ça vous est déjà arrivé
23:12dans votre vie d'avoir une contradiction
23:14privée avec un événement dont vous êtes prévenu
23:1612 heures avant
23:18Et Jordan Bardella ne pouvait pas choisir
23:20c'était forcément les Etats-Unis
23:22Mais il était déjà dans l'avion
23:24quand on a été mis au courant de cette réunion
23:26donc Louis Alliot il y allait
23:28franchement j'ai du mal à comprendre
23:30en quoi le maire de la plus grande ville du RN
23:32vice-président du RN
23:34des gens qui se passent quand même des choses très graves
23:36dans l'Europe et dans le monde
23:38on a l'impression que les personnages
23:40ne sont pas au bon endroit
23:42au bon moment
23:44donc on s'étonne un peu
23:46je vous réponds
23:48je vous trouve
23:50c'est un peu un manque de respect pour Louis Alliot
23:52Louis Alliot est tout à fait à même de représenter le RN
23:54et de parler pour Marine Le Pen qui connait depuis 30 ans
23:56et Jordan Bardella qui connait depuis 10 ans
23:58on n'a pas envoyé
24:00une figure secondaire du RN
24:02Louis Alliot
24:04Marine Tondelier pour les Verts
24:06Qu'est-ce qui a plus de poids politique en France ?
24:08Elle est patronne du parti
24:10Ecoutez on est sous la Vème République
24:12c'est pas le régime des partis
24:14On a le président qui à l'Elysée
24:16invite dans son format Saint-Denis
24:18tous les patrons de partis
24:20On n'a pas été prévenus
24:22Vous avez un parti au fonctionnement pyramidal
24:24qui fait que la tête n'est pas exactement la même chose que les échecs
24:26Louis Alliot est considéré comme la tête
24:28D'accord très bien
24:30Il y a une image quand même
24:32dans la population française
24:34qui est quand on veut on peut
24:36et qui caractérise un petit peu ce que fait Donald Trump
24:38c'est à dire
24:40et que certains hommes politiques utilisent en disant
24:42il l'a dit, il l'a fait
24:44aussi bien dans l'immigration
24:46aussi bien sur les droits de douane
24:48Comment est-ce que vous utilisez cette formule-là ?
24:50Est-ce que vous considérez
24:52que c'est purement de la démagogie de dire ça
24:54laissant entendre qu'on peut faire la même chose en France ?
24:56J'essaie de clarifier
24:58votre position vis-à-vis de Trump
25:00Là où vous avez raison
25:02là où vous soulignez un point très important
25:04c'est qu'une des raisons de la victoire de Donald Trump
25:06ou d'autres par exemple Javier Milei en Argentine
25:08c'est l'exaspération
25:10d'une partie des électeurs des démocraties occidentales
25:12sur tout est toujours
25:14trop compliqué
25:16et des excuses administratives juridiques
25:18qui sont parfois de fausses excuses pour ne rien faire
25:20le fait qu'une certaine partie de la classe politique
25:22et en particulier en France incarnée par le macronisme
25:24ait abandonné
25:26un certain nombre de prérogatives régaliennes
25:28ou politiques pour toujours se réfugier
25:30on l'a vu avec le rapport de la Cour des comptes
25:32vous le savez déjà, c'était le même rapport que Le Corp
25:34il y a trois ans
25:36toujours se protéger derrière des agences
25:38derrière des juges, derrière des instances internationales
25:40pour ne jamais prendre de décision
25:42pour toujours noyer le poisson
25:44et bien à la fin...
25:46C'est peut-être aussi d'essayer de les prendre à plusieurs dans le cadre européen
25:48Je ne sais pas si vous êtes souverainiste français
25:50Moi je suis totalement souverainiste français
25:52L'Europe, on ne peut pas exister face à la Russie
25:54la Chine et les Etats-Unis tout seuls
25:56Elle existe face à la Russie
25:58Le fait qu'on soit petit
26:00le fait qu'on soit petit
26:02entre guillemets
26:04mais moi je suis dans le camp de la France
26:06et la France est dans le camp européen
26:08elle est dans le camp occidental
26:10elle est dans le camp des démocraties
26:12Les Etats-Unis font encore partie du camp occidental
26:14et des démocraties, ou pas ?
26:16Donald Trump a été élu
26:18il a été bien élu, nom d'épaise, à ses adversaires
26:20je ne suis pas américain
26:22je ne suis pas engagé aux Etats-Unis
26:24j'ai commencé à ma petite échelle
26:26connu pour être particulièrement anti-atlantiste
26:28et dans la tradition gaullienne
26:30vieille école parfois quand on me caricature
26:32j'étais président d'une commission d'enquête
26:34sur les ingérences étrangères
26:36j'ai remis un avant-propos de 80 pages
26:38c'est le record d'un avant-propos
26:40tellement il y avait de choses à dire sur les ingérences
26:42Vous êtes un peu isolé là-dessus ?
26:44Marie Le Pen m'a confié la présidence de la commission
26:46Tout le monde sait que vous êtes un peu spécifique
26:48Je viens de Boulafrance
26:50je suis un rallié à Marine Le Pen
26:52j'avais un petit parcours très modeste politique
26:54avant je n'étais pas élu
26:56ce que je veux dire par là
26:58c'est que si on m'a confié la commission sur les ingérences
27:00c'est bien qu'on me faisait confiance
27:02et que Marine Le Pen et Jordan Bardella
27:04la ligne que je défendais était la leur
27:06Mais la question posée n'était pas celle-là
27:08la question c'est est-ce que les Etats-Unis font encore partie des démocraties
27:10quand Donald Trump par exemple
27:12traite Zelensky comme on l'a entendu dans l'extrait sonore
27:14qu'on vient d'entendre
27:16de dictateur sans élection
27:18vous êtes d'accord ou pas avec ces propos-là ?
27:20je pense que c'est affaiblir
27:22l'Ukraine pour rien
27:24mais
27:26les Etats-Unis restent une démocratie
27:28Donald Trump est là pour 4 ans
27:30là je renvoie au général de Gaulle
27:32qui disait que derrière l'URSS il y avait le continuum russe
27:34que derrière le régime maoïste il y avait le continuum chinois
27:36les nations
27:38et les identités des peuples
27:40dépassent les régimes qui peuvent les incarner
27:42momentanément. Donc Donald Trump
27:44est un personnage qui utilise des méthodes
27:46qui évidemment ne sont pas du tout dans la tradition
27:48gaullienne. Où est-ce qu'il veut en venir ?
27:50J'entendais Mme Freseau ce qu'il disait
27:52qu'est-ce qu'il veut détacher ? Non pardon excusez-moi c'était une autre
27:54émission sur France Culture ce matin, excusez-moi
27:56je l'ai confondu avec christinocrate. Vous êtes trop sur les médias
27:58vous êtes trop sur les plateaux télé. Bref,
28:00il indiquait que c'était le détachement de la Chine. Moi
28:02si vous voulez mon petit avis, mais ça n'engage que moi
28:04j'ai l'impression que Donald Trump
28:06cherche à détacher absolument la Chine
28:08de la Russie
28:10et que l'Ukraine va être la victime collatérale
28:12de cette stratégie
28:14et le problème là-dedans c'est qu'il y a des victimes
28:16il y a un peuple ukrainien
28:18qui a été exposé
28:20à une guerre extrêmement violente, extrêmement cruelle
28:22et qui est en train d'être lâché
28:24par des gens, des régimes
28:26qui lui avaient dit d'y aller
28:28et donc là on est dans un problème moral
28:30extrêmement lourd pour les puissances occidentales
28:32qu'est-ce qu'on peut faire ? A savoir
28:34exposer un peuple et le lâcher
28:36c'est exactement ce qu'avait dit
28:38Marine Le Pen
28:40si on s'engage, si l'Occident s'engage
28:42et engage l'Ukraine à aller
28:44vers cette confrontation et à revendiquer
28:46le statut otanien et le statut
28:48de l'Union Européenne, ils prennent le risque
28:50de la guerre avec la Russie
28:52et on ne peut pas faire la guerre avec la Russie
28:54on savait depuis le début que l'OTAN ne ferait pas la guerre pour la Russie
28:56et donc on a volontairement
28:58les puissances occidentales ont mis
29:00le peuple ukrainien dans une situation tragique
29:02alors attendez, Françoise
29:04si Zelensky demande
29:06à l'Europe d'envoyer
29:08davantage de troupes ou de l'aider
29:10y compris contre
29:12les Etats-Unis, qu'est-ce qu'on fait nous ?
29:14Contre la Russie ?
29:16Non, même si les Etats-Unis disent on arrête
29:18et que Zelensky dit
29:20aidez-nous, qu'est-ce qu'on dit ?
29:22Il n'y a aucune majorité démocratique en France
29:24pour envoyer des troupes françaises en guerre
29:26ou en conflit avec la Russie
29:28Alors qu'est-ce qu'on fait ? On assume de s'en laver les mains ?
29:30On ne s'assume pas de s'en laver les mains, il faut que les pays européens
29:32reprennent le contrôle
29:34sur la diplomatie de leur propre continent
29:36ça fait 3 ans que Marine Le Pen
29:38le dit, nous avons dit
29:40Première étape, ils ont délégué
29:42Si on vous écoute, ça veut dire qu'on se couche devant la Russie ?
29:44Mais ce n'est pas se coucher
29:46La diplomatie c'est parler avec ses adversaires
29:48voire avec ses ennemis
29:50C'est ce qu'a fait Emmanuel Macron au début ?
29:52Il fallait pas lâcher
29:54Pour négocier, il faut être deux
29:56au minimum
29:58Il faut toujours être deux, mais au début
30:00c'est difficile
30:02Je ne suis pas dans la tête du régime
30:04poutinien
30:06mais rompre les dialogues a abouti à quoi ?
30:08Je crois que je l'avais dit sur votre plateau
30:10ça aboutit à la délégation de la diplomatie
30:12à la Turquie dans un premier temps, à la Chine dans un deuxième temps
30:14aujourd'hui l'Arabie Saoudite
30:16C'est ça la tragédie
30:18que vit le continent européen
30:20c'est se reposer toujours
30:22sur des forces étrangères aux intérêts européens
30:24et après s'en étonner
30:26Nous en tant que souverainistes, on a dit
30:28la France ne doit pas lâcher le contact
30:30ni avec l'Ukraine
30:32mais il faut reprendre d'urgence
30:34un dialogue diplomatique
30:36Je n'ai pas dit que ça n'est pas fait
30:38J'ai commencé la réponse par vous dire qu'il avait raison
30:40de reprendre les liens
30:42Il faut reprendre des initiatives
30:44Il faut que la France pense par elle-même
30:46La France a une puissance militaire
30:48La France a des intérêts économiques
30:50On s'autonomise, on crée une armée
30:52On sort de l'OTAN
30:54Ce n'est pas le moment, Marine Le Pen l'a dit
30:56de sortir du commandement intégré de l'OTAN
30:58Il faudra le faire quand la paix sera revenue
31:00sur notre continent
31:02Mais excusez-moi, inversement, depuis trois ans
31:04depuis dix ans, les accords de Minsk
31:06Où est l'industrie de guerre européenne ?
31:08Où sont les usines
31:10en France, en Allemagne, en Italie du Nord
31:12en Pologne, en Suède, en Autriche
31:14dans tous ces pays qui ont une tradition industrielle
31:16Elles sont où les usines ?
31:18Là, j'essaie désespérément avec le groupe National
31:20de me battre pour sauver une des dernières usines
31:22de munitions en France
31:24qui est plus ou moins liquidation judiciaire
31:26dans la différence générale
31:28On a plus ou moins ouvert une seule usine de poudre
31:30en France depuis trois ans
31:32C'est ça l'industrie de guerre européenne
31:34Donc il y a un moment, c'est très bien de faire des grands discours
31:36que M. Barrault
31:38soit très martial
31:40Mais tout ça ce sont des mots, d'ailleurs ils n'ont rien fait
31:42tout en accusant le RN de tout et n'importe quoi
31:44Nous on a toujours été favorables à relancer
31:46une industrie militaire autonome
31:48Autre question précise, si dans le cadre d'un règlement de paix
31:50où l'Europe pourrait être associée
31:52si on devait envoyer des troupes
31:54non pas des troupes d'intervention
31:56mais des troupes de protection
31:58de garantie des frontières et de la paix
32:00Est-ce que vous topez, est-ce que vous dites
32:02oui c'est une bonne solution ou pas ?
32:04Nous on s'est toujours inscrit
32:06dans le cadre de l'ONU
32:08S'il y a un rétablissement du conflit dans le cadre de l'ONU
32:10la France participe à un certain nombre de forces
32:12de la paix, mais tout ça est très conditionnel
32:14et tout ça est très loin
32:16Ce qui est déjà l'urgence, si vous voulez
32:18c'est pas tout de suite de penser à envoyer des soldats
32:20c'est déjà reprendre les initiatives dont j'ai parlé
32:22et c'est parallèlement, pour un certain nombre d'initiatives en Europe
32:24il faut confronter aussi nos partenaires européens
32:26Est-ce que oui ou non nos partenaires européens
32:28sont décidés à acheter des armes européennes
32:30dans les pays européens ?
32:32Les choses sont en train de changer là
32:34Je le souhaite, et je ne suis pas pour la politique du pire
32:36Moi je pense que Donald Trump
32:38essaie surtout de faire pression sur les partenaires européens
32:40pour vendre des armes
32:42beaucoup d'armes américaines dans sa stratégie
32:44d'autonomie commerciale
32:46Il y a les apparences, il y a ce qu'il y a derrière
32:48Moi aujourd'hui, est-ce que
32:50la Pologne, l'Allemagne
32:52une fois de plus, l'Espagne, l'Italie
32:54vont choisir
32:56L'Allemagne est en train de se ranger derrière
32:58les Etats-Unis
33:00la bombe française
33:02Ah mais si, ça vient d'être annoncé
33:04Ecoutez, on verra, mais je ne crois pas
33:06Mais s'ils me trompent
33:08et si les pays européens décident
33:10de reprendre leur destin commun
33:12dans leur autonomie, dans leur liberté ensemble
33:14je m'en féliciterai. Moi je ne suis pas pour la politique du pire
33:16et je ne suis pas pour annoncer des catastrophes
33:18Par contre, quand des catastrophes ont été annoncées
33:20par Marine Le Pen sur la base d'une analyse
33:22raisonnable et factuelle des faits
33:24de la morale diplomatique
33:26elle avait raison. Dernière question pour qu'on comprenne
33:28est-ce qu'il est envisageable
33:30de commencer à obtenir, à négocier
33:32la paix, un cessez-le-feu de la paix
33:34en laissant aux Russes
33:36la Crimée, qu'ils ont depuis plus de dix ans
33:38et les territoires conquis
33:40ou c'est quelque chose
33:42c'est une ligne qu'on ne peut absolument pas franchir
33:44ou ce qu'il faut leur dire, se dire
33:46c'est comme ça. Marine Le Pen avait proposé
33:48pendant la commission d'enquête sur les ingérences
33:50sous serment, un référendum
33:52sous l'égide de l'ONU
33:54pour voir si, oui ou non, les habitants de Crimée
33:56choisissaient le destin russe ou le destin ukrainien
33:58Non, non, sous l'égide de l'ONU
34:00Vous ne pouvez pas
34:02dire que l'ONU est crédible
34:04quand vous voulez envoyer des soldats français
34:06avec l'ONU et dire qu'elle n'est pas crédible
34:08si elle surveille un scrutin
34:10C'est le droit à l'auteur de détermination
34:12Oui, c'est quand même un fondamentaux
34:14du droit des peuples
34:16Mais c'est la seule solution, je ne vois pas d'autres solutions
34:18La Crimée ne peut pas être reconquise
34:20de manière militaire
34:22Donc on peut faire des plans sur la comète
34:24Moi, si vous voulez, ce qui me choque depuis 3 ans
34:26parce que c'est un sujet de la Crimée, on en parle régulièrement
34:28ça n'existe pas en termes de force militaire
34:30On peut le déplorer, on peut le regretter
34:32Donc mettre des lignes rouges
34:34qui en fait n'existent que
34:36dans un certain nombre de salons parisiens
34:38ou de salons européens
34:40Non, non, c'est l'histoire du droit du plus fort
34:42On peut envoyer des pays et ça se passe bien
34:44Madame, je suis d'accord avec vous
34:46mais le droit du plus fort dans l'histoire, il a existé
34:48On peut le déplorer et le droit international
34:50a été là pour le contrer
34:52mais on l'a laissé s'installer
34:54Les Russes ne sont pas malheureusement les seuls
34:56à avoir utilisé le droit du plus fort
34:58Je regrette que les Etats-Unis, qui étaient garants du droit international
35:00après la chute du URSS
35:02aient à plusieurs reprises envahi des pays souverains sur la base de mensonges
35:04A partir du moment où les Etats-Unis ont envahi et détruit l'Irak
35:06ont envahi et détruit la Libye
35:08sur la base de mensonges
35:10ou d'interventions qui n'étaient pas légales
35:12Eh bien évidemment, les dictatures
35:14se sont mises dans cette triste lignée
35:16Si les démocraties n'ont pas été capables
35:18de défendre leurs propres droits
35:20les dictatures en ont profité pour nous imiter
35:22Je le regrette, je l'ai toujours combattu à ma petite échelle
35:24Marine Le Pen l'a toujours combattu
35:26Nous l'avions annoncé
35:28Si le droit est brisé par la démocratie
35:30les dictatures ne vont pas le respecter
35:32On clôt ce dossier avant de parler du Conseil Constitutionnel
35:34Je voudrais revenir sur Jordan Bardella
35:36à Washington
35:38parce que vous n'avez pas répondu à la question
35:40Est-ce qu'il a bien fait d'aller là-bas
35:42alors qu'au final ça s'est soldé par un salut nazi
35:44de Steve Bannon, l'ancienne éminence grise
35:46du président Trump
35:48pardonnez-moi
35:50Donc il a bien fait d'y aller ou pas ?
35:52Il a bien fait d'y aller, mais il a surtout bien fait de partir
35:54et je suis très fier que Jordan Bardella
35:56ait eu le courage de quitter immédiatement
35:58dès qu'il a été informé
36:00Et les Trumpistes, ils ont un problème avec le salut nazi ou pas ?
36:02Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas de réaction
36:04Donc c'est encore une démocratie, les Etats-Unis ?
36:06Autre que Jordan Bardella
36:08et malheureusement, dans l'histoire américaine
36:10parce que ça m'intéresse, si vous voulez qu'on en parle
36:12du mouvement suprémaciste
36:14moi je ne vais pas faire de l'exégèse
36:16ça ne m'intéresse pas de savoir quel est le sens final
36:18de ce geste
36:20mais l'histoire du suprémacisme blanc aux Etats-Unis
36:22il a une histoire plus que tragique
36:24et pas si ancienne
36:26et il faut aussi que la France
36:28comprenne les Etats-Unis dans son histoire réelle
36:30et je vous rappelle qu'il y avait encore des sénateurs
36:32au congrès des Etats-Unis
36:34qui avaient soutenu le régime ségrégationniste
36:36des Etats du Sud jusqu'aux années 2000
36:38donc c'est une histoire qui n'est pas si ancienne
36:40donc effectivement, ce salut moi
36:42quand je l'ai vu, je n'ai eu aucun doute
36:44sur sa signification
36:46est-ce qu'il renvoie à l'histoire de l'Europe ? Je pense surtout qu'il renvoie
36:48à l'histoire des Etats-Unis
36:50et nous n'avons aucune maille à partir
36:52avec le régime ségrégationniste
36:54parce que rappelons-nous que les grands héros
36:56de l'égalité des droits, des droits civiques
36:58prenaient la France des années 60-70
37:00comme un modèle de droit humain
37:02Françoise, vous voulez ajouter quelque chose ?
37:04Je voulais une question
37:06sur le réarmement
37:08où Emmanuel Macron
37:10dit qu'on a changé d'époque
37:12où il va falloir se réarmer
37:14où le budget de la défense
37:16va devoir augmenter en pourcentage du PIB
37:18alors est-ce que c'est 3,5 ? Est-ce que c'est 5% ?
37:20Est-ce que vous, vous approuvez
37:22cette orientation-là ou pas ?
37:24Il faut voir le détail
37:26mais le fait que l'Europe se dégage
37:28des moyens financiers pour investir dans la défense
37:30oui, ça me paraît de bonne alloie
37:32Jusqu'à 5% ?
37:34Ce n'est pas la doctrine des chiffres
37:36Vous avez vu
37:38le niveau de l'endettement en France
37:40est-ce que vous êtes prêt
37:42pour faire davantage
37:44de dépenses militaires, c'est-à-dire
37:46davantage de protections
37:48de revoir un peu la façon dont vous dépensez
37:50l'argent public
37:52ça va être dur
37:54mais on n'a pas le choix
37:56Je pense que nous avons fait avec Jordan Bardella
37:58une campagne législative, moi je l'avais annoncé qu'il y avait 100 milliards à trouver
38:00et Jordan Bardella
38:02a repris, a totalement fait une campagne
38:04sur cet effort que la France
38:06doit faire
38:08Pour la défense, pour l'autre pays
38:10Il n'y a pas que la défense, il y a la recherche
38:12si vous n'avez pas une recherche solide, votre défense armée ne vaut rien
38:14et si vous n'avez pas une industrie d'humain général solide
38:16votre défense ne vaut rien
38:18Mais qu'est-ce que vous dites aux Français ?
38:20Est-ce que vous leur dites, on va serrer la ceinture
38:22parce qu'il y a un effort de guerre
38:24on va peut-être arrêter de faire des allégements d'impôts
38:26parce qu'il y a un effort de guerre
38:28comment on s'adapte
38:30à cette nouvelle réalité ?
38:32L'effort de guerre, il est si on est en guerre
38:34entre l'absence totale
38:36de stratégie de réarmement
38:38pour le continent européen
38:40tel que c'est depuis
38:42au moins les années 90
38:44et l'économie de guerre dont M. Macron
38:46et d'autres parlent sans rien faire
38:48il y a un monde, et ce monde c'est juste
38:50réorganiser une industrie de défense
38:52réorganiser une industrie de base
38:54capable en métallurgie, en chimie
38:56par l'innovation, de produire une industrie
38:58de défense, et c'est surtout acheter
39:00des armes françaises et européennes en général
39:02parce que si c'est pour faire 5% de déficit
39:04pour acheter des armes américaines
39:06ou coréennes, ou je ne sais quoi
39:08et bien on n'aura pas avancé
39:10on n'aura pas avancé, donc la question
39:12ce n'est pas l'argent, c'est qu'est-ce qu'on fait derrière
39:14et je crains que les propositions du Rassemble National
39:16ce que je ne comprends pas non plus, c'est que vous êtes contre l'Europe de la défense
39:18vous en avez toujours été, au nom de la souveraineté nationale
39:20c'est parce que ce n'est pas la même conception
39:22il peut y avoir une coopération de défense
39:24sans que les armées soient fusionnées
39:26c'est ça, on est contre
39:28le fait de croire que la souveraineté européenne
39:30peut remplacer la souveraineté des états
39:32parce qu'au moment où vous décidez de la vie ou de la mort de vos compatriotes
39:34il n'y a que le destin national
39:36qui entre en jeu. Est-ce que ça empêche de coopérer ?
39:38Est-ce que ça empêche de faire une industrie commune ? Non
39:40mais entre la fusion
39:42et l'isolement, il y a un monde quand même
39:44Il est une heure moins le quart et on est toujours avec Jean-Philippe Tanguy
39:46dans Questions Politiques jusqu'à 13h
39:48je voudrais qu'on revienne aussi sur un temps fort
39:50de l'actualité politique de cette semaine
39:52la validation par les commissions
39:54des lois à l'Assemblée et au Sénat
39:56de Richard Ferrand, ce proche d'Emmanuel Macron
39:58c'est donc le prochain président
40:00du Conseil Constitutionnel
40:02il est passé à une voix près
40:04avec un rassemblement national qui s'est abstenu
40:06donc sur le sujet, je vous propose
40:08deux réactions à ce vote
40:10d'abord l'insoumis Antoine Léaumant qui sera suivi
40:12du républicain Olivier Marlex
40:14Moi je suis assez surpris
40:16assez choqué
40:18aussi parce qu'on s'attendait tous
40:20à ce que monsieur Ferrand soit battu
40:22et que ce soit une nouvelle défaite pour Emmanuel Macron
40:24dans cette commission des lois
40:26Je trouve encore le plus choquant
40:28au-delà de ce faible score
40:30obtenu par monsieur Ferrand
40:32de cette très faible adhésion qui fragilise
40:34l'institution du Conseil Constitutionnel
40:36qui n'en a certainement pas besoin
40:38c'est ce deal secret
40:40entre Marine Le Pen et le président Macron
40:42Voilà, personne n'a compris
40:44pourquoi le rassemblement national s'est abstenu
40:46Jean-Philippe Tanguy, vous allez nous expliquer
40:48pourquoi est-ce que vous avez soutenu un macroniste
40:50contesté à droite et à gauche, on vient de l'entendre
40:52Est-ce que comme le dit Olivier Marlex
40:54il y a un deal, un accord secret ?
40:56Non mais c'est un peu pathétique
40:58que la force de gouvernement que fut les républicains
41:00en soit arrivée là, mais on pourra y revenir si vous voulez
41:02Il n'y a pas de deal secret
41:04Il y a éviter la politique du pire
41:06C'était très difficile pour nous
41:08Mais c'était quoi le pire ?
41:10Le pire c'est un espèce de juriste
41:12qui a l'apparence de la neutralité technocratique
41:14et qui en fait est un idéologue
41:16Oula, vous vous pensez
41:18qu'il y avait ça dans les tuyaux ?
41:20Comme M. Combrexcel par exemple
41:22Ah d'accord, c'était ça la cible
41:24Vous pensez qu'un juriste est plus dangereux
41:26qu'un politique à la tête du Conseil Constitutionnel ?
41:28Un juriste qui est en fait un politique
41:30Pourquoi un politique ?
41:32Je préfère un politique habillé en juriste
41:34comme M. Ferrand
41:36Je ne rejette moins un politique
41:38habillé en juriste comme M. Ferrand
41:40qu'un juriste qui en fait est un politique, comme M. Combrexcel
41:42C'est-à-dire des gens qui manipulent l'état de droit
41:44pour faire de la politique
41:46tout en ayant l'air très sérieux
41:48C'est ce qui est dangereux, ce qu'appelle le gouvernement des juges
41:50et ce qui est une des causes du backlash, du retour de Bougran
41:52qu'on peut avoir dans certaines démocraties comme les Etats-Unis
41:54qui ne supportent plus cette impuissance organisée
41:56derrière des couloirs au nom du droit
41:58Par exemple, le principe de fraternité
42:00qui n'existe nulle part dans la Constitution française
42:02qui n'a pas été jamais prononcé
42:04par le Général de Gaulle ou par Debré
42:06fondateur de la Vème République
42:08qui permet de ne pas lutter contre
42:10l'accueil des clandestins
42:12c'est surréaliste
42:14Mais ça veut dire qu'avec un politique on peut s'arranger ?
42:16Les formules de la Constitution et les principes fondamentaux du droit
42:18qui font qu'il y a la jurisprudence du Conseil constitutionnel
42:20s'est étoffée
42:22en s'émancipant parfois
42:24ou en comprenant un peu plus que les articles de la Constitution
42:26Ce n'est pas la tradition française
42:28Ce n'est pas ce qu'a dit le Général de Gaulle
42:30Avec Richard Ferrand vous pensez être tranquille ?
42:32Ou du moins savoir ce à quoi vous pouvez vous attendre ?
42:34J'ai dit que c'était difficile pour nous
42:36mais nous on ne veut pas la politique du pire
42:38et on pense que le pire
42:40c'était quand M. Ferrand aurait été rejeté
42:42moi je ne sais pas ce qu'a calculé M. Macron
42:44c'est d'avoir une personnalité
42:46qui manipule la Constitution
42:48pour faire le gouvernement des juges
42:50nous ne voulons pas le gouvernement des juges
42:52ce n'est pas la tradition française
42:54et je peux débattre avec n'importe qui
42:56pour démontrer que ce n'est pas la tradition française
42:58nous ne sommes pas dans le monde anglo-saxon
43:00et en France
43:02dans la tradition montesquieu
43:04le juge est la boule de la loi
43:06il ne fait pas la loi
43:08Est-ce qu'il faut réformer le mode de nomination au Conseil constitutionnel ?
43:10Peut-être
43:12Il faut que le Conseil constitutionnel revienne à sa place historique
43:14celle que la Constitution lui a donnée
43:16et pas celle qu'elle s'est attribuée
43:18avec la complicité des instances européennes
43:20Mais vos électeurs comprennent
43:22au fond
43:24c'est quand même une fleur faite à Macron
43:26vous avez quand même sauvé la nomination
43:28d'une personnalité qui était soutenue
43:30par le Président de la République
43:32vos électeurs comprennent ça ou pas ?
43:34Je n'ai pas eu de difficulté particulière
43:36On vous en a parlé ?
43:38Il faut expliquer
43:40aux électeurs évidemment
43:42comme j'ai essayé de le faire aujourd'hui
43:44la communication du Rassemblement national
43:46mais nous n'avons pas gagné la présidentielle
43:48avec Marine Le Pen et l'égislative
43:50Je le regrette
43:52Si les Républicains et si M. Léaument pour les Insoumis
43:54n'avaient pas soutenu Macron par leur vote
43:56c'est Marine Le Pen qui aurait choisi le Président du Conseil constitutionnel
43:58elle aurait choisi sans doute un juriste
44:00qui était dans la tradition de l'état de droit français
44:02Oui mais la Marine Le Pen
44:04elle est en procès et il y a un jugement important
44:06qui doit tomber le 31 mars
44:08Mais avant ça
44:10on va quand même expliquer aux auditeurs qui nous écoutent
44:12il y a avant ça
44:14une QPC
44:16une question prioritaire de constitutionnalité
44:18qui va donc être soumise au Conseil constitutionnel
44:20sur la peine d'inéligibilité
44:22et notamment son exécution immédiate
44:24Il va être libre
44:26Richard Ferrand
44:28Il ne nous doit rien
44:30il est là pour 9 ans, il fait ce qu'il veut
44:32d'ailleurs il a dit lui-même il y a un devoir d'ingratitude
44:34donc c'est presque l'inverse
44:36C'est presque l'inverse
44:38c'est-à-dire qu'on a même pris un risque
44:40par rapport au destin juridique
44:42C'est qu'il veuille montrer tellement son indépendance
44:44Oui c'est qu'il montre que je ne vois rien au RN
44:46donc il fait l'inverse. Cette accusation
44:48qui a repris M.Marlex
44:50qui visiblement vit très mal le fait de soutenir directement
44:52M.Macron puisqu'il participe au gouvernement
44:54de M.Macron, avoir dit pendant des années
44:56qu'il ne le ferait pas, on est dans le grotesque
44:58et vous avez raison de poser la question
45:00parce que c'est une question que les gens se posent donc il faut y répondre
45:02mais c'est totalement l'inverse. On a pris au contraire
45:04notre courage à deux mains parce que le risque
45:06est que M.Ferrand dise vous voyez je ne vois rien au RN
45:08je prends une décision injuste mais j'espère que M.Ferrand
45:10prendra juste une question, une décision en droit
45:12Bon sur cette QPC quand même
45:14la quasi-totalité des juristes
45:16qui la commentent dans les journaux
45:18expliquent que non
45:20l'exécution provisoire n'a pas été apprise
45:22Juste une dernière question, scrutin législatif
45:24ce dimanche en Allemagne
45:26l'AFD
45:28le parti d'extrême droite allemand
45:30peut faire un score. Vous soutenez ?
45:32La victoire de l'AFD ou pas ?
45:34Non, nous avons rompu
45:36avec l'AFD avant les européennes alors qu'ils étaient
45:38déjà promis à des gros scores
45:40de la même manière que Jordan a montré
45:42son courage en quittant
45:44la CIPAC aux Etats-Unis, nous ne faisons pas
45:46de compromis avec nos principes
45:48on a un programme au français, il n'y a pas de programme caché
45:50donc quand des forces politiques
45:52assument des gestes ou des valeurs ou des programmes
45:54qui ne sont pas celui du RN et pas ce qu'on veut
45:56pour la France, nous rompons sans équivoque
45:58et je trouve, permettez-moi
46:00que ça ne nous est jamais reconnu
46:02parce que quand même
46:04c'est très courageux de notre part
46:06d'affirmer ses principes
46:08et parfois ça nous coûte.
46:10Merci Jean-Philippe Tanguy, vous restez avec nous
46:12il est temps d'accueillir notre second invité
46:14pour le livre de la semaine
46:16France Inter
46:20Questions politiques
46:22Karine Bécard
46:24Merci Adrien Broche
46:26ne sortez pas un grand calepin comme ça
46:28parce que vous n'allez pas avoir le temps de beaucoup discuter
46:30on a beaucoup interviewé
46:32Jean-Philippe Tanguy
46:34merci en tout cas de nous avoir rejoint sur le plateau de questions politiques
46:36vous êtes politiste donc
46:38vous êtes responsable également des études politiques
46:40pour l'institut Via Voice
46:42l'institut de sondage
46:44et vous venez de sortir un livre très érudit
46:46me semble-t-il, et très enclairant en tout cas
46:48sur la gauche, Portrait moderne de la gauche française
46:50c'est publié aux éditions
46:52de l'Aube avec la fondation Jean Jaurès
46:54c'est un livre dans lequel vous
46:56disséquez je dirais
46:58les débats d'idées qui agitent en ce moment
47:00la gauche française depuis 2010 jusqu'à aujourd'hui
47:02alors on a bien sûr tous
47:04en tête les récentes motions de censure
47:06à l'Assemblée déposées par les insoumis
47:08qui n'ont pas été votées par les socialistes
47:10ce qui a profondément agacé
47:12Jean-Luc Mélenchon qui a estimé d'ailleurs
47:14dimanche dernier dans la presse que les socialistes
47:16n'étaient plus parmi
47:18ses alliés, vous allez essayer
47:20Adrien Broche de nous rendre tout cela
47:22un peu plus clair, un peu plus lisible
47:24d'abord j'ai été très surprise par le titre
47:26en fait de votre livre, quand je lis
47:28la gauche, j'avais l'impression qu'il n'existe plus
47:30une gauche mais des gauches, donc il existe
47:32toujours une gauche française
47:34justement j'essaye d'interroger
47:36ce signifiant de gauche, on peut
47:38effectivement au gré
47:40des lignes du livre
47:42on conclure qu'il y en a effectivement plusieurs
47:44de cultures politiques différentes, de traditions
47:46politiques, de sensibilités différentes
47:48mais j'essaie quand même de prendre au sérieux cette
47:50grande famille qui doit partager je crois normalement
47:52un élément qui est une forme d'affect égalitaire
47:54qui doit réunir les gauches
47:56en général, donc c'est un point de départ
47:58assumé que j'essaie d'interroger
48:00tout au long du livre. Mais donc du coup si on prend
48:02Jean-Luc Mélenchon par exemple, François Ruffin
48:04Olivier Faure
48:06François Hollande, merci
48:08Emmanuel Valls
48:10on pense au même, là il y a
48:12un front commun, il existe
48:14il y a une communauté au départ de valeurs
48:16d'idées, de quoi ? Exactement
48:18théoriquement il doit exister une communauté
48:20de valeurs, d'idées
48:22un certain rapport à la tradition politique
48:24socialiste, après tout Jean-Luc Mélenchon
48:26a été membre du parti socialiste, après tout
48:28Jean-Luc Mélenchon comme François Hollande
48:30comme Benoît Hamon ont été à un moment ou à un autre
48:32proches de quelqu'un comme Michel Rocard
48:34donc il y a des transferts normalement
48:36d'idées, un socle commun
48:38qui doit lier ces personnalités
48:40Un socle commun qui est quoi par exemple ? Parce que quand on voit le nombre d'ouvriers
48:42qui votent pour la gauche ou l'absence
48:44de milieu populaire dans le choix
48:46pour la gauche, ça veut dire que la gauche s'occupe
48:48de quoi spécifiquement ? Disons que le socle commun
48:50normalement, moi je
48:52travaille du point de vue des idées, ça doit être un certain rapport
48:54à l'idée socialiste quoi, effectivement
48:56à l'émancipation d'un certain nombre de catégories
48:58socio-professionnelles, les ouvriers, les employés
49:00en premier, un certain affect égalitaire
49:02il faut aller vers davantage d'égalité
49:04ça c'est le socle qui théoriquement
49:06doit lier
49:08toutes les personnalités qui peuvent se
49:10raccrocher à la gauche, certaines
49:12plutôt réformistes, d'autres plutôt dans le conflit
49:14vis-à-vis du marché, certaines plus accommodantes
49:16etc. Mais bon, ce qui
49:18je crois est très éclairant sur les 15 années
49:20qu'on vient de traverser, c'est
49:22qu'il y a un certain nombre de brèches
49:24on l'a vu dans ce
49:26socle commun, j'essaye de montrer
49:28où sont ces brèches là, peut-être
49:30là où on ne les voit pas toujours
49:32là où on a aussi des oppositions qui sont je crois
49:34une forme parfois de commodité
49:36médiatico-politique, qui consiste à dire
49:38on a deux gauches irréconciliables
49:40j'essaye de challenger en bon français
49:42ça vous ne le reprenez pas ? Je ne le reprends pas mais disons
49:44j'essaye de l'interroger là aussi
49:46c'est quoi les brèches ? Alors il y en a un certain nombre
49:48je pense qu'on a une
49:50première fracture
49:52une première sensibilité de rupture
49:54qui apparaît, vous vous rappelez
49:56après cette fameuse note Terra Nova
49:58qui sort en 2011
50:00et la gauche est globalement
50:02sur les classes populaires exactement
50:04la note propose aux candidats
50:06socialistes à l'aide présidentielle de l'époque
50:08d'abandonner ce qu'on appelle
50:10François Hollande, la coalition ouvrière
50:12au profit d'un agglomérat
50:14de segments sociologiques de la société française
50:16donc plutôt les minorités ethno-conventionnelles
50:18les femmes, les jeunes diplômés, les urbains etc
50:20Et aujourd'hui on n'arrête pas de dire il nous faut
50:22ces classes populaires pour réussir à gagner une élection
50:24Moi j'essaye d'interroger classe populaire
50:26pas en sociologue, pas dans le sociologue que je ne suis pas
50:28mais plutôt comme signifiant politique
50:30comment les gauches se restructurent à partir
50:32de cette question classe populaire
50:34parce qu'on parle
50:36des classes populaires mais c'est déjà un débat
50:38c'est la France des bourgs, la France des tours
50:40la France périphérique, Jean-Luc Mélenchon va viser
50:42une autre France
50:44ce qu'il appelle la nouvelle France, la France des quartiers populaires
50:46donc ça c'est déjà un débat
50:48Vous parlez de deux brèches au pluriel
50:50plusieurs brèches
50:52Alors quelles sont les autres ? On en a une là
50:54François disait les brèches
50:56Il y a une autre brèche qui va être
50:58le rapport à la responsabilité
51:00ce que j'essaye de développer
51:02dans le livre, on dit souvent vous avez une gauche
51:04responsable plutôt gouvernementale
51:06et puis une gauche qui va être plutôt dans la contestation
51:08On voit par exemple
51:10au moment des émeutes que cet enjeu
51:12de la responsabilité
51:14il ressurgit à nouveau mais sur un
51:16segment un petit peu différent du débat d'idées
51:18vous allez avoir des gens qui vont vous dire
51:20la responsabilité de cette violence
51:22malgré tout qui se déchaîne dans les émeutes
51:24au mois de juillet 2023
51:26ça va plutôt être une responsabilité sociale
51:28de la République française qui n'a pas accompagné
51:30ses enfants etc. D'autres vont vous dire non
51:32il n'y a pas d'excuses à la violence
51:34donc on dit non à la violence
51:36On entend des débats aussi sur la responsabilité
51:38est-ce que la responsabilité des frères Kouachi
51:40à l'époque elle est la responsabilité
51:42d'un embrigadement djihadiste
51:44est-ce que c'est la responsabilité d'un
51:46état français de la République qui là aussi
51:48n'aurait pas donné toutes ses chances
51:50aux mêmes jeunes citoyens français
51:52une responsabilité plutôt libérale
51:54Il n'est qu'à soyer
51:56Mais là c'est ce que vous appelez la gauche identitaire
51:58Alors ça c'est effectivement une appellation
52:00qu'on utilise pas mal, la gauche identitaire
52:02pour en gros cibler, qui vient plutôt
52:04de ce qu'on appelle les identity politics
52:06aux Etats-Unis, qui a été reproché
52:08à Hillary Clinton et puis peut-être plus récemment
52:10aussi à Kamala Harris, qui est justement
52:12de perdre les élections parce que
52:14plutôt que de cibler une majorité
52:16sociologique ouvriers
52:18employés, ils ciblent un agglomérat de minorités
52:20Je pense que c'est une problématique qu'on peut retrouver en France
52:22Qui incarne ça ? Parce que
52:24moi je vois pas, qui incarne la gauche
52:26identitaire aujourd'hui en France ? Je sais pas si c'est la gauche
52:28identitaire, je pense que la version
52:30la plus proche c'est
52:32la tactique électorale
52:34qui essaye de mettre en place Jean-Luc Mélenchon
52:36Je sais pas si c'est une gauche identitaire, en tout cas c'est une gauche
52:38C'est une gauche par-de-marché, par-de-marché électorale, c'est ça que vous dîtes
52:40Exactement, mais derrière la gauche identitaire
52:42il y a une manière de s'adresser
52:44à un segment de la population
52:46Si vous vous adressez à des employés, des ouvriers
52:48et que vous mettez en avant une condition
52:50socio-économique
52:52Vous vous adressez précisément à cette
52:54condition qu'ils partagent en commun
52:56Si vous vous adressez à une jeunesse française
52:58issue de l'immigration en mobilisant
53:00des affects plutôt identitaires
53:02Vous êtes une génération
53:04d'enfants dont les parents
53:06les grands-parents ont connu la colonisation
53:08Vous portez encore en vous ces germes-là
53:10Là on va plutôt parler de gauche identitaire
53:12C'est quelque chose qui est difficile à calquer
53:14sur le cas français, si on devait
53:16aujourd'hui plutôt retrouver une traduction politique
53:18c'est plutôt ce qu'essaye de faire autour de la nouvelle France
53:20quelqu'un comme Jean-Luc Mélenchon
53:22avec toutes les spécificités qu'on a en France
53:24Françoise, vous posez une question, vous avez 45 secondes
53:26pour poser la question et répondre à la question
53:28Les gauches pèsent à peine 30% actuellement
53:30et l'un des gros enjeux
53:32ça a été la perte de l'électorat populaire
53:34qui est partie du côté
53:36du Rassemblement National
53:38Est-ce que la gauche est durablement marginalisée
53:40ou est-ce qu'elle a une chance
53:42de retrouver un peu de dynamisme ?
53:44La gauche, je pense, a sûrement
53:46une chance de retrouver
53:48une vivacité électorale et politique
53:50Elle est affaiblie en gros sur
53:52deux piliers qui sont structurants
53:54chez elle, l'idée socialiste
53:56qui est une partie de la société industrielle
53:58parce que mutation de la sociologie électorale
54:00parce que son lien avec l'acteur historique
54:02la classe ouvrière est altérée
54:04Deuxième pilier
54:06l'idée de république qui là aussi fracture
54:08Est-ce qu'elle est prête à gouverner ?
54:10La gauche a déjà fait des preuves de capacité
54:12à gouverner maintenant
54:14Est-ce qu'ils peuvent se réconcilier ?
54:16Soit ils sont réconciliables
54:18parce qu'il y a alliance
54:20c'est la position un peu formelle
54:22et dans ce cas-là l'affect unitaire est extrêmement puissant
54:24parce qu'il est encore aux législatives anticipées
54:26donc je crois que c'est très difficile d'enterrer la capacité des gauches
54:28dites irréconciliables de se réconcilier
54:30dans un accord électoral
54:32et moi ce que j'interroge plutôt c'est les positions
54:34Est-ce qu'il y a des positions réconciliables ? Là je crois qu'on le voit
54:36notamment depuis le 7 octobre, il y a des positions incompatibles
54:38et donc inconciliables
54:40Je vois bien que vous essayez d'accélérer votre manière de parler mais malgré tout
54:42le tablier s'écroule
54:44Merci à tous les deux, merci Adrien Broch
54:46Je rappelle le titre de votre livre
54:48Adrien Broch, Portrait moderne de la gauche française
54:50aux éditions de l'Aube, merci à vous
54:52J'avais lu le livre
54:54Ah vous avez lu le livre, vous pouvez discuter maintenant
54:56il n'y a pas de soucis, vous allez retrouver beaucoup de temps
54:58Je vous souhaite une excellente fin de week-end
55:00et je vous dis bien sûr à la semaine prochaine

Recommandations