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A quelques jours de la fin des traditionnelles négociations entre distributeurs et industriels, la majorité des contrats n'a toujours pas été signée. La tension est plus forte que jamais selon les observateurs. La situation économique n'y est pas étrangère.
Regardez L'éco & You avec Pierre Herbulot du 20 février 2025.

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Transcription
00:00L'écho à New avec vous Pierre Herbulot, vous êtes non seulement un très bon pâtissier,
00:04vous nous avez rapporté ce matin du flan en studio et on va le goûter après l'émission,
00:08on verra d'ailleurs si vous êtes très bon ou pas, mais vous faites aussi des chroniques
00:11écho.
00:12Alors elles sont encore plus compliquées que d'habitude, je parle des négociations
00:14commerciales entre la grande distribution et les industriels.
00:18On est à 8 jours de la fin de Sénégal, on est très loin d'avoir la garantie que tout
00:22le monde trouvera un accord.
00:23Oui, avec des conséquences qui pourraient être très concrètes pour nous les consommateurs,
00:27c'est ce qu'on appelle le déréférencement, c'est la disparition pure et simple de produits
00:31de grandes marques des supermarchés.
00:33A ce point-là ?
00:34Oui, c'est le scénario du pire, c'est très rare, mais c'est possible.
00:37Aujourd'hui, 90% des PME ont trouvé un accord avec les distributeurs, mais seulement 40%
00:42des gros industriels qui représentent la majorité des produits, ils ont jusqu'au
00:461er mars pour le faire.
00:47Il faut dire que ce qui est discuté en ce moment est tout sauf anodin, c'est la place
00:50des produits en rayon, tête de gondole ou tout en haut des étagères, et surtout le
00:54prix de vente.
00:55Donc indirectement, le chiffre d'affaires des industriels.
00:57Et celui des grandes surfaces, sauf que la stratégie est inverse, elles veulent avoir
01:01des prix les plus bas possibles pour attirer des clients, et à la fin gagner plus d'argent.
01:05C'est normal que ça crispe comme discussion, les enjeux sont énormes.
01:09Et comment expliquer le regain de tension ? Cette année, on est pourtant en train de
01:13sortir de la crise de l'inflation.
01:15C'est vrai, la hausse des prix sur un an est inférieure à 2% d'après une publication
01:19de l'INSEE cette semaine, loin de ce qu'on a connu ces dernières années.
01:21Non, aujourd'hui, ce qui rend tout plus difficile, ce sont les répercussions de la
01:25situation économique française.
01:26Et la dégradation de nos comptes publics, ça va faire quoi là ?
01:28Deux lignes dans le budget 2025 viennent ajouter un peu de piment dans ces négociations commerciales.
01:33D'abord, la taxe Soda, votée dans le plan de financement de la sécurité sociale.
01:37Plus un produit est sucré, plus il est taxé.
01:40Les industriels essaient de tout refourguer aux consommateurs, lâche un représentant
01:44de distributeur qui ne veut pas en entendre parler.
01:46Et il y a aussi la surtaxe sur les grandes entreprises.
01:48Oui, elles visent celles qui font plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires.
01:53Le problème avec celle-là, c'est qu'elle conserve les deux parties.
01:56Les gros industriels vont la payer, mais les distributeurs aussi réussir ces négo et
02:01donc encore plus important pour tout le monde, ne serait-ce que pour amortir cette surtaxe.
02:05Alors, ce qui n'arrange rien, Pierre, c'est que les patrons de supermarchés sont accusés
02:08de contourner la fameuse loi EGalim, censée protéger les agriculteurs.
02:12Oui, parce qu'ils négocient désormais les prix avec les grosses entreprises à l'étranger,
02:16dans ce qu'on appelle des centrales d'achat.
02:17La ministre de l'Agriculture, Annie Gennevard, a d'ailleurs tapé du poing sur la table
02:22lors d'une réunion lundi.
02:23Elle accuse la grande distribution de demander des baisses de prix inacceptables à l'industrie
02:28agroalimentaire.
02:29Bon, ça, c'est de la com', je vous rappelle qu'on est à deux jours du Salon de l'Agriculture,
02:33ça fait toujours bien de cogner sur les supermarchés.
02:35L'an dernier, à la même date, son prédécesseur Marc Fesneau dénonçait un manque de patriotisme.
02:40C'est le traditionnel poker banqueteur.
02:43Oui, et d'ailleurs, de son côté, la FCD, la Fédération du Commerce et de la Distribution,
02:47accuse aussi les industriels de s'arranger avec la législation.
02:51Aujourd'hui, le prix des matières premières agricoles ne peut plus faire l'objet de négociations.
02:55Problème, les géants de l'agroalimentaire utilisent une option d'égalim pour garder
02:58secret le montant auquel ils achètent le blé, la viande, les œufs.
03:03Ça fausse les négociations selon les distributeurs.
03:06Bon, ça va se terminer comment tout ça ?
03:07Comme d'habitude, les deux parties vont se mettre d'accord parce que c'est dans l'intérêt
03:11de tout le monde, y compris les consommateurs.
03:13Les déréférencements n'arrangent absolument personne.
03:15C'est comme dans ces vidéos qui tournent sur Internet avec deux chiens qui se grognent
03:20au-dessus de chaque côté d'un portail.
03:21Quand quelqu'un finit par l'ouvrir, je vous le donne en mille, les animaux enragés rentrent
03:25l'écrou et retournent à leur croquette.
03:27Très très belle image.
03:28Merci beaucoup.

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