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Un mois après son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a déjà bousculé l'ordre mondial. Les conflits en Ukraine et à Gaza prennent une nouvelle tournure diplomatique. Nous faisons le point dans cette vidéo.

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00:00Un mois de Donald Trump, un mois d'executive order signé au Sharpie,
00:04un mois de déclarations incendiaires, de guerres commerciales et de menaces à peine voilées,
00:08un mois que Donald Trump a prêté serment pour son deuxième mandat de président des Etats-Unis.
00:14Que faut-il retenir de ces quatre semaines et qu'est-ce que ça nous dit pour les quatre années à venir ?
00:19C'est ce qu'on va voir dans un instant avec Pauline Hoffman, la chef du pôle international,
00:23et Véronique Lamquin, chef adjointe de ce même pôle.
00:30Bonjour Véronique. Bonjour Pierre. Bonjour Pauline. Bonjour.
00:32On aurait pu faire 37 émissions différentes vu qu'en un mois, Donald Trump a fait l'actu dans tous les domaines,
00:38mais on a décidé de se concentrer sur la relation des Etats-Unis au reste du monde,
00:43sur les aspects géopolitiques de ce début de mandat.
00:46Et pour commencer, je vous ai demandé à toutes les deux de choisir un moment, un acte,
00:50une parole de Trump ou d'un de ses proches pendant le mois qui vient de s'écouler,
00:55un moment qui vous a marqué, choqué, bouleversé, Pauline ?
00:58Alors le problème de Donald Trump, c'est que tous les jours, c'est une éternelle surprise.
01:02Moi j'ai des petits soucis d'insomnie et donc du coup au milieu de la nuit,
01:05ça m'arrive de regarder mon téléphone pour voir quelle heure il est.
01:08Ça ne va pas soigner vos soucis d'insomnie ?
01:09Non, je ne pense pas. Et le problème, c'est que je regarde régulièrement
01:12les notifications des médias américains en même temps.
01:14Le moment qui m'a marqué, c'est ce réveil effectivement à 4h du matin
01:17avec les propos de Donald Trump sur Gaza,
01:21qu'il souhaite voir transformé en côte d'Azur.
01:26C'est marquant parce que c'est fou, sans être aussi fou que ça.
01:30On y reviendra de toute façon.
01:31Véronique, vous, le moment que vous retiendrez de ces 4 premières semaines de mandat ?
01:36Mais il y en a beaucoup, comme vient de le dire Pauline.
01:37Moi, j'ai choisi de m'intéresser à un personnage qui est numéro 2
01:41dans l'administration Trump, J.D. Vance,
01:43mais qui est tout aussi dangereux, je pense, que Donald Trump.
01:47Il était la semaine dernière en tournée européenne,
01:50donc il est venu à Paris où il a rencontré une série de dirigeants européens.
01:55Puis il est allé en Pologne et puis il est surtout allé à Munich.
01:57Alors à Munich, c'est traditionnellement, à cette période de l'année,
02:00la conférence sur la sécurité qui, forcément, cette année,
02:03avec tout le contexte de la guerre en Ukraine, prenait un sens particulier.
02:09D'autant qu'avant que J.D. Vance ne prenne la parole à Munich,
02:12les Américains, par la voix des différents émissaires de Donald Trump
02:15présents en Europe, avaient donné des signaux totalement contradictoires.
02:18Et donc quand J.D. Vance monte à la tribune à Munich,
02:21c'est un public dans lequel il y a des dirigeants européens,
02:25il y a des ministres, etc.
02:27Donc c'est vraiment...
02:28Des chefs d'État.
02:29Etc. Clairement.
02:30Et donc tout le monde s'attend à ce que J.D. Vance,
02:32qui est le numéro 2 des États-Unis, clarifie la position de Donald Trump
02:36sur qui est-ce qu'on va lancer des négociations avec la Russie,
02:40qui va négocier, quelle place pour l'Ukraine, quelle place pour l'Europe.
02:42Eh bien, en fait, pas du tout.
02:44J.D. Vance, vice-président des États-Unis,
02:47se lance dans un discours qui est clairement celui d'un leader d'extrême droite.
02:51Il vilipende, il n'y a pas d'autre mot.
02:53Il donne une leçon aux Européens sur la manière
02:56dont ils définissent la liberté d'expression.
02:58Il donne des leçons également sur la manière
03:02dont il protège erronément, dit-il, la démocratie.
03:05Il exprime à demi-mot son opposition au cordon sanitaire,
03:09ce qui est une forme de soutien implicite en Allemagne à l'AFD à 10 jours des élections.
03:13C'est un moment d'une violence verbale et idéologique incroyable.
03:17C'est vraiment un acte de guerre idéologique.
03:19Et c'est J.D. Vance, ce n'est pas n'importe qui.
03:21Il est vice-président des États-Unis.
03:23Et on y reviendra aussi sur ce que ça dit du futur
03:26de la relation entre les États-Unis et l'Union européenne.
03:28Ces derniers jours, on a beaucoup parlé du conflit russo-ukrainien.
03:31Alors, on a parlé de beaucoup de choses, comme on vient de le dire,
03:32mais notamment de ça.
03:34Il y a des pourparlers qui ont eu lieu entre Russes et Américains.
03:37Pauline, est-ce que ça veut dire que Donald Trump peut ou veut
03:42imposer la paix à Vladimir Poutine ?
03:44Alors, en fait, je pense qu'il faut un peu regarder le contexte.
03:47Le contexte militaire, c'est une armée russe qui est fatiguée,
03:52qui n'a plus beaucoup de réserves pour continuer cette guerre.
03:57C'est de l'autre côté une armée ukrainienne qui est également
03:59extrêmement fatiguée, qui a aussi payé un lourd tribut à cette guerre
04:03qui a été démarrée par le Kremlin.
04:05Et donc, des deux côtés, on sait qu'il faut arrêter ce conflit,
04:09que de toute manière, la situation sur le terrain, elle est embourbée
04:14et qu'on ne peut pas continuer éternellement cette guerre
04:17de positions interminables dont, de toute manière, il est clair
04:19aujourd'hui qu'aucun des deux ne peut sortir totalement victorieux.
04:23Une fois qu'on a dit ça, la question, c'est, comme vous le dites,
04:25est-ce que Donald Trump peut imposer la paix ?
04:27En fait, qu'est-ce que c'est la paix ?
04:29Est-ce que la paix, c'est arrêter les canons ?
04:32Est-ce que la paix, c'est arrêter de lancer des drones d'un côté ou de l'autre ?
04:36Ou bien est-ce que la paix, c'est la justice ?
04:39C'est le respect du droit international après une guerre d'agression
04:44lancée par la Russie ?
04:47Voilà, ce n'est pas tout à fait la même chose.
04:49Donald Trump, il a cette capacité de tordre le bras,
04:53d'imposer la fin des bombardements, d'imposer la fin des combats.
04:58De faire taire les canons, ça a priori ?
05:00Ça, ça ne me semble pas tout à fait impossible.
05:04Il force les gens à faire ça.
05:06Et il a remis la Russie dans le concert des nations.
05:09La Russie, c'était une nation qui était isolée,
05:11avec laquelle, diplomatiquement, l'Occident ne voulait plus discuter directement.
05:17Et la photo de Sergei Lavrov, qui est le ministre russe des Affaires étrangères,
05:20hier, en face des émissaires américains,
05:23est une photo symbolique, historique, absolument sans aucun doute.
05:26Et elle ne serait jamais arrivée sous l'administration Biden.
05:31Mais à côté de ça, on a l'Ukraine qui demande des garanties de sécurité.
05:35Donc, des garanties de sécurité, c'est obtenir un système de défense,
05:39peu importe lequel il est,
05:41qui fasse en sorte que la Russie ne soit plus en position
05:45de mener une nouvelle guerre d'agression, une nouvelle invasion,
05:48telle que celle qu'il a démarrée il y a trois ans maintenant.
05:52Et ça, aujourd'hui, Trump semble refuser de l'assurer,
05:56de le donner par le biais de l'OTAN.
05:58Quand, cette nuit, on voit Donald Trump
06:01invectiver, tenser Volodymyr Zelensky en disant que
06:05c'est lui qui a un peu exagéré, etc.,
06:07c'est le début d'un reversement des alliances potentielles ?
06:12Je ne sais pas, parce qu'à mon avis,
06:14c'est des choses que Volodymyr Zelensky,
06:17auxquelles il s'attendait.
06:17Il connaît très, très bien l'administration Trump.
06:21Et donc, je pense qu'il sait comment jouer avec ça.
06:24Après, ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui,
06:25l'Ukraine est en position de faiblesse énorme par rapport à la Russie.
06:32Et que ça, ça donne des ailes politiquement au Kremlin.
06:35Véronique, quelle place est-ce qu'il reste pour les Européens là-dedans ?
06:39On l'a dit, à la table des négociations à Riad,
06:41il y avait des Russes, il y avait des Américains.
06:42Les Européens n'étaient pas conviés.
06:44Il va falloir se réinventer pour exister face à Donald Trump.
06:47Comme l'a dit Pauline, cette photo est terriblement symbolique
06:49parce que dans la logique, si tant est que ce soit une logique de Donald Trump,
06:53il y a des discussions avec la Russie,
06:54mais il n'y a pas de place pour l'Ukraine, qui n'était pas à la table,
06:57et il n'y a pas de place pour l'Europe.
06:58Et c'est terrible.
07:00Donc, les Européens, ils sont effectivement dans une position un petit peu difficile,
07:05singulièrement parce que là, on parle de sécurité, on parle de défense.
07:09Et c'est un sujet qui ne fait pas l'unanimité des 27.
07:12Je rappelle que tout ce qui concerne l'armée, c'est une compétence nationale.
07:17Alors, on parle toujours de l'Europe, de la défense, etc.
07:20Mais la compétence, si à un moment, on doit envoyer
07:22pour appliquer les garanties de sécurité dont parlait Pauline,
07:25des hommes en Ukraine,
07:28c'est une décision que chaque État membre doit prendre souverainement ou ne pas prendre.
07:32Certains États n'y sont visiblement pas prêts.
07:34Donc, quand on parle de réponse européenne,
07:36on a déjà cette limite qu'il y a quand même encore beaucoup de choses
07:38qui restent de compétence nationale.
07:40Et par ailleurs, il y a aussi beaucoup de divisions,
07:43même si l'Europe n'aime pas le dire, entre les différents États membres.
07:46Il faut savoir que depuis que la Russie a envahi l'Ukraine le 24 février 2022,
07:51c'est un sujet quotidien de discussion au niveau européen.
07:54Et l'Europe s'est plus ou moins accordée sur la nécessité,
07:58un, de dépenser davantage pour la sécurité,
08:02donc d'investir dans tout ce qui est militaire,
08:05et d'essayer, par ailleurs, de développer sa propre industrie.
08:08Parce que pour l'instant, quand on parle de dépenses militaires,
08:10certes, certains États membres ont une petite production,
08:13mais bon nombre des dépenses filent aux États-Unis.
08:15Ce qui pose, un, la question des retombées économiques,
08:18mais deux, beaucoup plus sérieusement maintenant,
08:19la question d'une dépendance sécuritaire et d'une souveraineté militaire.
08:23Exactement.
08:24Et donc, toutes ces questions-là, pour être honnête,
08:26ça fait trois ans qu'on en discute dans les sénats européens
08:28et ça fait trois ans qu'on progresse très, très, très, très, très lentement.
08:32Certains trouvent même qu'on ne progresse pas.
08:34Ce qui est vrai, c'est que l'Europe a dégagé des moyens,
08:36pas assez à l'évidence,
08:38mais que sur le développement de la base industrielle
08:40ou sur l'harmonisation de nos systèmes,
08:42ce qu'on appelle l'interopérabilité,
08:44toutes ces choses dont on discute depuis trois ans,
08:45on a peu avancé.
08:47Et maintenant, il y a une pression à, quelque part, avancer très, très vite,
08:50puisque Trump, lui, il n'attend pas
08:52et qu'il pousse sur la pédale d'accélérateur.
08:55Et donc, les Européens sont dans cette difficulté-là
08:57d'essayer de combler leur division pour arriver à une réponse unanime,
09:02en sachant, par ailleurs, qu'il y a, en leur sein,
09:05au moins deux gouvernements qui affichent des sympathies
09:08pour Trump et pour Poutine ou pour les deux,
09:10à savoir Orban et Fico, les dirigeants hongrois et slovaques,
09:14ce qui n'aide pas non plus à formuler une réponse unanime.
09:16Donc, tout ça donne quoi ?
09:18Donne, pour l'instant, une série de réunions à l'Élysée
09:21avec Emmanuel Macron,
09:22qui reçoit les dirigeants européens par petits groupes.
09:25Ça ne donne pas une image très coordonnée.
09:28La seule chose sur laquelle ils sont d'accord,
09:30mais ça fait trois ans qu'ils sont d'accord,
09:31c'est de dire qu'on doit en faire plus ensemble sur la défense.
09:34Quoi, comment, quand, concrètement, et avec quel argent,
09:37qui sera une grosse discussion aussi et qui n'est pas tranchée,
09:39on n'a pour l'instant pas de réponse.
09:41Et même en élargissant la question, en allant plus loin
09:45que juste, entre guillemets, la question russo-ukrainienne,
09:48on l'a senti aussi dans le discours de Jody Vance
09:50dont vous parliez tout à l'heure.
09:52Il y a beaucoup de mépris pour la vieille Europe,
09:54entre guillemets, de la part de cette nouvelle administration.
09:57Mais clairement, Trump, déjà, n'aime pas tout ce qui est le multilatéralisme,
10:00l'Europe, etc. C'est clair que ce n'est pas sa tasse de thé, si je puis dire.
10:06Par ailleurs, Trump a deux agendas.
10:08Un, il ne veut pas l'Union européenne,
10:10et le meilleur moyen d'affaiblir l'Union européenne, c'est de la diviser.
10:14Il ne veut pas d'une Union européenne forte ou il ne veut pas d'une Union européenne tout court ?
10:17Je pense qu'il ne considère pas que l'Union européenne
10:19soit un interlocuteur ou une interlocutrice crédible.
10:22La meilleure preuve est qu'il n'a toujours pas invité
10:24ni Ursula von der Leyen ni Antonio Costa à la Maison Blanche.
10:28Officiellement, l'Europe assure qu'il y a des contacts qui sont établis
10:31entre les entourages, etc.
10:33Mais l'invitation n'est toujours pas venue, ce qui déjà est un signe.
10:37Si vous regardez qui était présent à l'investiture le 20 janvier,
10:40il y avait Georgia Melanie.
10:41Il se murmure qu'à la réunion, lundi soir,
10:44entre dirigeants des États qui contribuent beaucoup sur le plan militaire,
10:48Georgia Melanie a été une de celles qui a le plus freiné les Européens
10:52sur la voie de « agissons entre nous et descochons-nous un petit peu des États-Unis ».
10:58Donc clairement, Donald Trump ne considère pas
11:00que l'Union européenne soit une interlocutrice valable.
11:04Il entend diviser l'Europe.
11:06Et par ailleurs, il entend aussi imposer son agenda idéologique à l'Europe.
11:10C'était le message de J.D. Evans.
11:11Les alliés de Trump en Europe, c'est Melanie invitée le 20 janvier.
11:15C'était Orban, dès qu'il peut.
11:17Donald Trump souligne combien Victor Orban est un dirigeant fantastique.
11:20C'est aussi une façon de diviser l'Europe
11:23et de se trouver des alliés idéologiques
11:25qui ne sont pas le projet européen tel que les autres le conçoivent.
11:30Pauline, un des nombreux autres points chauds de la planète, c'est le Proche-Orient.
11:35La première victoire de Trump, c'était l'accord de cessez-le-feu
11:38obtenu entre Israël et le Hamas fin janvier.
11:41Depuis, il a proposé de transformer Gaza en riviera de la Méditerranée,
11:47de déplacer tous les Palestiniens en Jordanie et en Égypte.
11:50Une fois de plus, on est dans le rapport de force pur et dur, bête et méchant,
11:54on va presque tenter de dire.
11:55En fait, au moment où cet accord de cessez-le-feu
11:57qui était attendu depuis de très très très longs mois a été passé,
12:03il y a eu, je crois, un énorme soulagement
12:05parce qu'il était absolument nécessaire, ne serait-ce que pour des raisons humanitaires,
12:08mais aussi une grande question qui est,
12:10qu'est-ce que Trump a promis au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou
12:14pour obtenir cet accord ?
12:16Le Premier ministre israélien avait toujours freiné là-dessus
12:19et puis soudainement, Trump arrive et il l'obtient.
12:24Et donc, tout ce que vous dites aujourd'hui,
12:25à savoir les déclarations de Donald Trump sur Gaza
12:29qu'il faudrait vider de sa population palestinienne,
12:33en fait, on se soupçonne, en tout cas on se demande très fortement
12:36si ce n'est pas ça, en fait, que Benjamin Netanyahou pourrait avoir obtenu.
12:41En tout cas, ces déclarations, elles suscitent énormément énormément de craintes.
12:46Vous avez parlé, il y a la question des régimes jordaniens et égyptiens
12:51puisque Donald Trump a dit, en fait, on va déplacer la population de Gaza,
12:55donc les deux millions de Gaza, oui, vers l'Égypte et vers la Jordanie
12:58et ça suscite d'énormes craintes dans ces pays.
13:02Pour une bonne raison, c'est que ce sont des pays
13:03qui sont économiquement extrêmement dépendants des États-Unis.
13:08L'Égypte est un partenaire essentiel, à la fois militairement, sécuritairement,
13:12mais aussi financièrement.
13:14Elle est dans une crise économique et financière énorme.
13:18Et donc, si Donald Trump force ces déplacements massifs de population,
13:23qui sont un nettoyage ethnique, il faut le rappeler,
13:26est-ce que le dirigeant égyptien Al-Sisi est en capacité de dire non ?
13:31Ça s'annonce très compliqué et on sait que Donald Trump, justement, utilise la force.
13:36On l'a vu, enfin, en tout cas, utilise ce rapport de force.
13:39On l'a vu avec le Canada et le Mexique, où il a menacé d'une guerre commerciale,
13:43justement, pour obtenir des avancées sur des questions importantes,
13:46que sont celles du trafic de drogue et de la migration avec l'Égypte.
13:49Et il a réussi à avoir ça.
13:50C'est la diplomatie de la clé de bras.
13:52Oui, c'est vraiment ça et ça fonctionne.
13:54Ça marche très, très bien parce que Donald Trump est capable de tout.
13:59On dit souvent qu'il est transactionnel, mais c'est vraiment ça.
14:01Il demande un prix extrêmement élevé et puis ensuite, on négocie un peu à la base
14:04et on finit quand même par obtenir un très, très bon prix, en tout cas, de son point de vue,
14:09si on peut dire ça comme ça.
14:11Mais je crois que les menaces de Donald Trump, elles sont prises extrêmement au sérieux,
14:19même si déplacer 2 millions de Palestiniens de Gaza, ça semble totalement fou.
14:23Ça, on ne peut pas préjuger de ce qui va se passer.
14:25Ce qui est plus ou moins certain, c'est que la relation entre Israël et les États-Unis,
14:28elle va sortir renforcée de ce mandat de Trump ou en tout cas, pas déforcée.
14:32Oui, l'appel de Trump à déplacer ces populations a été très entendu en Israël
14:37et je crois que c'est là où il faut aller vraiment regarder.
14:41Donald Trump, lui, n'a pas la capacité d'amener les GIs à Gaza et de leur faire déplacer tous les Gazaouis.
14:50Ça, ça ne peut pas arriver.
14:51En revanche, l'armée israélienne, elle, elle est encore présente à Gaza.
14:55Et le ministre israélien de la Défense, dans la foulée des déclarations de Donald Trump,
14:59a annoncé la mise en place d'un plan de l'armée pour déplacer massivement la population.
15:05Il y a quelques jours, il a aussi annoncé la création d'une instance, je cite,
15:09pour faciliter le déplacement volontaire des Gazaouis.
15:11Donc, les déclarations amènent des faits.
15:15Oui, il y a des faits et des actes qui suivent.
15:17Exactement.
15:18En Cisjordanie, il y a 40 000 Palestiniens qui ont été déplacés des camps de réfugiés du nord de la zone depuis quelques semaines.
15:27Et c'est des choses qu'on ne remarque presque plus.
15:30Et donc, la présence de Donald Trump pour le gouvernement israélien lui donne un blanc-seing pour avancer sans aucun problème.
15:40Je voulais encore, juste pour terminer, aborder une chose, la question du multilatéralisme, de la coopération internationale.
15:46Il y a des déclarations qui, aujourd'hui, font craindre nos temps à deux vitesses,
15:49avec ceux qui cotisent suffisamment et puis les autres.
15:52Il y a l'OMS, il y a les accords de Paris.
15:54Pendant quatre ans, ça va être Donald Trump et les États-Unis contre le reste du monde ?
15:59Peut-être pas contre le reste du monde, mais en tout cas, pour l'Europe, c'est clairement la question qu'on se pose,
16:02de savoir si les États-Unis ne sont plus un allié sur lequel on peut compter, mais un adversaire dont on doit se méfier.
16:11Vous parlez de l'OTAN.
16:13La question de la sécurité, elle est criante.
16:15On en a déjà parlé.
16:16Il faut quand même rappeler que parmi toutes ces déclarations tonitruantes,
16:19Donald Trump a aussi annoncé qu'il voulait annexer le Greenland.
16:22Ça a été suivi d'un coup de fil que les personnes qui ont eu accès à un résumé de l'échange qualifient d'extrêmement violent.
16:31La première ministre danoise ne s'en cache pas.
16:34Donald Trump a déclaré une guerre commerciale à l'Europe.
16:37Et donc, je pense que pendant quatre ans, on va effectivement avoir une relation à réinventer entre l'Europe et les États-Unis.
16:43Ça, c'est clair.
16:44Pauline, là-dessus, c'est les autres États qui doivent essayer de faire du multilatéralisme sans les États-Unis,
16:49parce qu'on sait bien qu'avec eux, on n'en fera pas pendant quatre ans.
16:53Mais en fait, moi, je trouve qu'il y a un grand risque pour le multilatéralisme.
16:56C'est un grand mot.
16:58J'ai l'impression qu'il y a pas mal de gens qui ne se rendent pas compte de ce que c'est.
17:00En plus d'être difficile à prononcer.
17:03Mais en fait, c'est des principes qui sont extrêmement importants.
17:07Le multilatéralisme, c'est avoir des règles communes selon lesquelles tout le monde accepte, avec lesquelles tout le monde accepte de jouer.
17:14C'est estimer que Vladimir Poutine, quand il a envahi l'Ukraine le 24 février 2022, a commis un acte illégal selon le droit international.
17:23C'est ça, le multilatéralisme.
17:25C'est se retrouver tous ensemble à l'ONU et être d'accord pour dire que l'ONU est une instance crédible avec laquelle on accepte de discuter.
17:35Donald Trump envoie tout ça à la poubelle.
17:38Et l'immense risque qu'il y a là derrière, c'est qu'il y a d'autres grandes puissances dans le monde qui ont aussi un agenda, qui essayent aussi d'avancer un agenda.
17:50Je pense notamment à la Chine, avec laquelle Donald Trump est en conflit.
17:54Chine qui essaye d'augmenter, d'avoir une influence de plus en plus importante sur un certain nombre de pays.
18:03On pense notamment aux pays africains, mais elle essaye aussi d'avoir une influence beaucoup plus importante au Moyen-Orient.
18:11Et donc, si Donald Trump envoie balader toutes ces règles là, en fait, la Chine a un boulevard pour avancer, pour déplacer ses pions à ces endroits là.
18:22Et a-t-on réellement envie de voir ce régime s'imposer à la place de l'Occident ?
18:28C'est ce qui risque de se passer.
18:30Merci beaucoup, en tout cas à toutes les deux.
18:31Merci Véronique.
18:32Merci Pauline.
18:33Et on revoit tous nos spectateurs à vos articles et à ceux de l'ensemble du Pôle international pour ne rien rater de l'actualité, notamment aux États-Unis.

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