L'INTERVIEW D'AYMERIC. Avec plus de 60 ans de carrière et des succès à la fois dans le monde du journalisme, du foot et de la culture, Michel Denisot a pas mal d’histoires à raconter. Y compris les anecdotes les plus inattendues ! A l’occasion de la sortie de son livre "Toute première fois, ils ont tous commencé sur Canal", Aymeric a pu prendre le temps de discuter avec lui. Direction l’Hôtel Grand Amour, rue de la Fidélité, où il avait célébré quelques semaines plus tôt les 20 ans du "Grand Journal", l’émission culte de Canal+. C’est parti pour 45 minutes de discussion…
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00:00Le travail, c'est du long terme.
00:01Vous parliez que j'étais journaliste agricole,
00:04mais je suis un agriculteur, c'est-à-dire que je sème et parfois je récolte.
00:07Quand j'ai dirigé Vanity Fair, à un moment donné, il y avait une actrice très connue.
00:11On demandait qu'elle fasse la photo de la couve et tout,
00:15puis il n'y avait pas de réponse, il n'y avait pas de réponse.
00:17Et on me demande à moi, tu ne peux pas nous aider ?
00:20Je l'appelle, c'est fait en deux secondes.
00:22Ce n'est pas fait en deux secondes, c'est fait en 30 ans de travail.
00:24Bonjour Michel Deniso.
00:25Bonjour.
00:26Avant de préparer cette discussion qu'on a,
00:28j'avais en tête que Michel Deniso, c'est Canal+, Paris.
00:31En fait, il y a quand même une grosse part de vous qui vient de la ruralité.
00:34Oui, je n'ai jamais coupé les racines familiales qui sont situées dans l'Indre.
00:40En retournant là-bas et en discutant avec tout le monde,
00:43je me rendais compte que les sujets qui me paraissaient importants
00:45n'étaient pas pour tout le monde et qu'il y avait d'autres sujets d'intérêt.
00:48Et donc, ça m'a permis aussi de garder les pieds sur terre dans tous les sens du terme
00:52et de ne pas trop disjoncter dans les moments où ça aurait pu se produire.
00:57J'ai vu que vous avez commencé à 15 ans, ce qui est quand même très jeune.
01:00Vous êtes très jeune, vous saviez que vous vouliez être journaliste.
01:02Vous avez commencé au journal Centre Presse à Châteauroux.
01:04Oui.
01:05Puis après, vous avez été journaliste agricole à Radio Limoges en 68, je crois.
01:10Journaliste agricole, qu'est-ce que c'est ?
01:12Oui, oui, écoutez, à 15 ans, j'étais assez libre dans la vie
01:18puisque ma mère travaillait, la famille était réduite à ma mère et moi.
01:22Mon père est mort, j'étais tout petit.
01:24Et puis, je naviguais un peu pour m'occuper.
01:28J'étais attiré par la rédaction du journal local que vous avez cité, Centre Presse.
01:34Et donc, j'ai frappé à la porte à l'âge de 15 ans, avant les vacances.
01:37J'ai dit, est-ce que je pourrais, pendant les vacances, venir vous voir ?
01:39Ils étaient très sympas et j'ai passé deux mois dans la rédaction.
01:43Et donc, j'ai dit, voilà, c'est ça que je veux faire.
01:45Et je voulais être journaliste à Châteauroux, je ne voulais pas faire autre chose.
01:48Et donc, après, j'y suis allé régulièrement.
01:51J'ai commencé à écrire des petits articles, faire des photos dans tous les domaines,
01:54y compris les avis d'obsèques.
01:55Et donc, on apprend la rigueur.
01:57Il faut être très rigoureux, il ne faut pas enterrer des gens qui ne sont pas morts.
02:00Et donc, c'est la base, pour moi, du journalisme, c'est ça, en fait.
02:03C'est de raconter les choses telles qu'elles sont.
02:05Donc, j'étais jusqu'en terminale où c'était sans fin pour moi
02:09parce que j'étais très mauvais élève, je ne faisais plus rien.
02:11Donc, j'ai triplé la première, doublé la philo, je n'ai rien, aucun diplôme.
02:14Je suis parti au service militaire.
02:16J'ai rencontré à l'armée, à Paris, un journaliste qui venait de Radio Limoges.
02:21– Pierre Salviac.
02:21– Pierre Salviac, voilà, qui est rentré à France Inter à ce moment-là.
02:24– Que les fans de rugby connaissent.
02:25– Oui, voilà, qui ensuite est devenu commentateur de rugby à la télé.
02:29Mais à l'époque, il arrivait de Limoges et il rentrait à France Inter.
02:31Et il me dit, donc je disais que je cherchais du boulot, je n'avais rien, quoi.
02:35Et il me dit, voilà le téléphone du patron de Radio Limoges,
02:39monsieur Dussorbier, monégier Dussorbier.
02:42Et il me dit, tu vas voir, c'est un aristo qui a un nœud papillon et tout.
02:45Donc, je vais à la Radio Limoges et je prends rendez-vous, j'y vais, il me reçoit.
02:50Je ne sais pas, j'avais mis un nœud papillon, ce qui est quand même un peu, bon.
02:54Je l'avais fait un peu trop.
02:55– Je ne juge pas.
02:56– Ouais, un peu trop.
02:57Et il me dit, il n'y a pas de poste de libre, mais on peut vous prendre à la pige
03:01et vous serez payé quand vous travaillerez, mais il n'y a pas de quoi vivre, quoi.
03:04Et j'ai dit, je fais.
03:05Le poste qui était vacant, que personne ne voulait faire le matin,
03:08c'était à 6h30 à la radio, le journal agricole de la région.
03:12Donc, c'était 10 minutes de nouvelles agricoles.
03:15Donc, j'ai décidé que j'étais spécialiste agricole, de journaliste agricole.
03:18– C'est quoi le… ?
03:19– C'est donner des informations sur les cours, les cours du blé, les cours de machin.
03:24Et puis, aller faire des reportages chez les agriculteurs sur le monde agricole.
03:28Après, je suis passé au journal de 7h30 où c'était les infos.
03:32Et puis, pendant un été, il y avait donc la radio et la télé.
03:36C'était les stations originales au RTF de l'époque.
03:38Et un été, le présentateur du journal télévisé avait un rendez-vous galant à cette heure-là.
03:46Tout le monde était en vacances, la direction était en vacances.
03:49Et il me demande à midi, est-ce que tu peux me remplacer ?
03:52Un peu, oui.
03:53Évidemment que je peux te remplacer.
03:54Enfin, je pense.
03:55J'avais un blazer bleu, une cravate et donc je me suis habillé, quoi.
03:58Et puis, j'y suis allé et il y avait un bureau, voilà, c'était un truc comme ça.
04:04On présentait très sérieusement devant la caméra, comme ça.
04:07Et puis, il y avait un tiroir et j'avais mis un verre de martini,
04:11plein de martini dans le tiroir et entre chaque sujet, je buvais un coup.
04:15Et donc, on s'est fait engueuler le lendemain parce qu'on avait fait ça sans l'autorisation.
04:19Mais j'ai continué, voilà, j'ai commencé à démarrer.
04:22Je poursuis un peu dans cette veine agricole parce que quand même, en 2000,
04:25vous avez été nommé chevalier de l'ordre du mérite agricole.
04:29C'est Jean Glavani, ministre de l'Agriculture, qui m'a décoré.
04:32C'était avec beaucoup d'humour, c'était pas pris au sérieux du tout.
04:35Il m'a décoré parce qu'il prétendait que de 91 à 98,
04:40j'avais très bien entretenu une prairie porte de Saint-Cloud.
04:43Eh oui, président du PSG.
04:44Voilà, qui était la pelouse du Parc des Princes.
04:47C'est une partie de votre vie quand même, président du PSG ?
04:50Oui, de 91 à 95, c'était Jacques Chirac qui était maire de Paris.
04:53Donc, je suivais les matchs à côté de lui et c'était drôle
04:57parce qu'il aime le foot, mais il connaît pas vraiment bien.
05:00Donc, j'avais des anecdotes avec lui.
05:03Un jour, il me demande...
05:05Donc, il y avait un joueur qui s'appelle Daniel Bravo qui joue au PSG.
05:09Et juste pour qu'on comprenne la suite, il me dit qui a marqué.
05:13On marque un but, il me dit mais qui a marqué ?
05:15Je dis c'est Bravo.
05:16Il me dit oui, mais Bravo qui ?
05:18Donc, OK, très bien, on rame un peu pour lui dire écoutez, voilà.
05:22Qu'est-ce que vous avez appris en tant que président du PSG ?
05:25J'ai appris à diriger, c'est-à-dire qu'avant, j'étais un animateur de télé.
05:27C'est-à-dire, on pense à sa pomme d'abord.
05:30C'est quand même un métier, si on est là à se montrer, c'est qu'on s'aime un peu.
05:35C'est plus ou moins avoué, mais c'est quand même la réalité.
05:37On a envie d'être aimé, on a envie d'une forme d'existence.
05:41Et quand on dirige, c'est autre chose.
05:45Donc, une équipe de foot, c'est on soliste, il faut faire un orchestre.
05:48Et c'est des gens qui ont du talent, qui sont toujours particuliers et passionnants,
05:53mais c'est particulier.
05:54Donc, j'ai appris à diriger et à gérer les égaux.
05:58Je n'aime pas ça, mais à faire en sorte que tout le monde s'entende bien
06:04et que 90 minutes par semaine donnent le maximum ensemble.
06:08Il faut qu'il y ait une volonté démesurée de réussir et de gagner de la part de tout le monde,
06:14pas que les joueurs.
06:15Je disais toujours, il faut que le chauffeur du bus, il ait envie de gagner le match.
06:18Il faut qu'il y ait quelque chose qui se ressente au moment où vous allez sur,
06:21où vous approchez de l'événement, pour que inconsciemment,
06:26tout le monde, tous ceux qui vont le faire, se sentent poussés par ça.
06:29C'est pareil dans les milieux artistiques, c'est pareil au cinéma, c'est pareil dans la chanson.
06:34Et à la télé aussi.
06:35– J'ai lu aussi que vous disiez qu'à l'époque, avec 90, 91-98,
06:39les salaires des joueurs de foot du PSG, on parle de Georges Ouéa, David Ginola,
06:45des stars à l'époque, Georges Ouéa, Ballon d'or.
06:47Vous avez dit qu'ils sont l'équivalent des salaires aujourd'hui
06:51d'un très bon joueur de Ligue 2.
06:52– Oui. – C'est vrai ça ?
06:53– Oui. – C'est incroyable.
06:54– Ben oui.
06:55– Peut-être qu'on peut le dire, il y a la prescription, c'était il y a 25 ans,
06:58ils gagnaient combien environ ?
07:00– Je ne sais plus.
07:02Les plus gros salaires, ça devait être l'équivalent d'aujourd'hui,
07:0980 000 euros peut-être.
07:10– Vraiment ? – Oui, oui.
07:13– Parce que peut-être parce que ça brassait moins d'argent du coup,
07:15si j'imagine qu'il y a une raison.
07:16– Ben oui, il y avait moins d'argent.
07:18Moi je faisais des transferts, des gros transferts.
07:22À l'époque, à cette époque-là, c'était les clubs italiens
07:26qui dominaient les compétitions européennes.
07:28C'était le Milan AC essentiellement qui était le…
07:31et donc j'ai fait beaucoup de transferts.
07:32Moi j'ai réussi à m'en sortir tout le temps
07:35avec des transferts avec le Milan AC ou l'Inter de Milan.
07:38J'ai fait… tous les bons joueurs du PSG,
07:40quand il y avait une ouverture, c'était à Milan.
07:44Et les transferts, c'était quoi ? 5-6 millions, un truc comme ça ?
07:47– Oui. – Ça n'a rien à voir.
07:48– Et qu'est-ce qui a changé le plus selon vous ?
07:50Entre le foot d'aujourd'hui et le foot de l'époque ?
07:51– Ça a changé, c'est devenu un enjeu encore plus important,
07:55c'est devenu un enjeu politique plus important, ça l'a toujours été.
07:58Dire on sépare le sport de la politique, c'est du pipeau.
08:01Le sport c'est de la politique, voilà.
08:04Et donc quand vous allez à Glasgow,
08:07il y a un club protestant, un club catholique,
08:09bon après plus ou moins, plus ou moins.
08:11Ou c'est du business, mais le business c'est politique aussi,
08:15donc bref, ça fait partie du monde.
08:17Et ce qui a changé, c'est l'argent.
08:20– Ouais.
08:21– Et ce qui a changé, c'est que les très grands joueurs
08:24sont devenus eux-mêmes des multinationales.
08:26Un très grand joueur aujourd'hui qui a des salaires de dizaines de millions par an,
08:30il a son avocat à temps plein, il a tout à temps plein,
08:35il rentre chez lui, il a à nouveau tout ce qu'il faut,
08:37au kiné, ma soeur, à domicile.
08:39Donc c'est devenu, un joueur est devenu un club quasiment.
08:43– Ouais.
08:43– Les grands joueurs, pas tous.
08:45– En cette époque, il y avait Bernard Tapie.
08:46Vous vous en souvenez de la première fois que vous l'avez rencontré, Bernard Tapie ?
08:49– Je le connaissais avant, parce qu'avant je commentais,
08:51juste avant d'être président du PSG, je commentais les matchs sur Canal.
08:54Donc je connaissais Bernard Tapie.
08:57– Mais là, j'imagine que vous l'avez connu de manière plus directe.
09:00– C'est très différent, oui.
09:01Très, très différent.
09:02Écoutez, oui, il avait sa façon de faire, il est très atypique.
09:11Donc au début, quand j'étais président, il m'a dit, je vais t'expliquer des trucs.
09:16Effectivement, il m'a expliqué quelques trucs, pas tous, mais quelques trucs.
09:19– C'était quoi les trucs ?
09:20– On apprend…
09:22– Quel truc ?
09:23– Sur les transferts, comment ça se passe, moi je croyais.
09:25Quand on est journaliste, on croit qu'on sait, évidemment.
09:28Sinon, on ne ferait pas ce métier-là.
09:30Mais parfois, on ne sait pas vraiment, et je m'en suis rendu compte là.
09:32Ça faisait des années que je commentais du foot à tous les niveaux,
09:35des hauts niveaux en général, enfin les matchs.
09:37Et je me suis rendu compte au bout de deux jours
09:40que je n'avais pas tout compris sur comment marchait le football.
09:43Et donc je me suis entouré de bien entourés.
09:46J'ai appelé à ce moment-là Michel Platini, avec qui j'ai toujours une très bonne relation.
09:49J'ai dit, qui tu prendrais à tel et tel poste ?
09:51Il m'a donné deux noms, je les ai pris.
09:54– C'était qui les noms ?
09:54– C'était Jean-Michel Moutier, Jean-François Domergue, qui était de sa génération.
10:00Et puis, comme entraîneur, on est allé chercher un entraîneur
10:03qui avait gagné la Coupe d'Europe, Arthur Georges.
10:05Et donc j'ai appris beaucoup de lui.
10:07J'ai appris plus d'Arthur Georges que de Bernard Tapie.
10:10Mais j'ai appris de Bernard Tapie aussi, un peu, voilà, assez rapidement.
10:13Puis après, il fallait garder une distance, évidemment.
10:19– Quand vous dites que vous avez appris, outre les expéditeurs…
10:22– Il m'a parlé des agents, moi je ne connaissais pas le monde des agents
10:25qui étaient différents d'aujourd'hui.
10:27À l'époque, il y avait 4-5 grands agents dans le monde
10:29qui avaient la main sur tous les transferts.
10:31Et les agents, à l'époque, c'étaient des patrons.
10:34Aujourd'hui, les agents, ils sont 15, ils sont 12,
10:40enfin un seul agent n'est pas tout seul, ils sont un paquet, c'est un autre monde.
10:45Aujourd'hui, c'est différent.
10:46Moi, c'était facile.
10:47Et au téléphone, la parole, c'était fini.
10:50On ne venait pas à rediscuter après, il faut rajouter une voiture pour sa femme, etc.
10:54ou pour sa grand-mère.
10:56C'était carré, quoi.
10:57Donc c'était assez facile.
10:58Après, moi, les joueurs habitaient tous dans les Yvelines
11:03puisqu'on s'entraînait à Saint-Germain le matin à 9h ou à 9h30.
11:07Donc c'était plus pratique.
11:08Et puis après, ça a commencé, après, avec des joueurs qui voulaient habiter Paris.
11:13Marco Simonnet, qui est arrivé de Milan, il m'a dit
11:15« Moi, je voudrais habiter Paris. »
11:16Je lui ai dit « Écoute, pas de problème, mais il faut que tu sois à 9h30 à Saint-Germain-en-Laye. »
11:19Il m'a dit « Pas de problème. »
11:20Il a toujours été à 9h30 à Saint-Germain-en-Laye.
11:22Il fallait se lever plus tôt, quoi, c'est tout.
11:24Ça pose aussi des questions peut-être de sécurité, des trucs à gérer.
11:27Oui, il n'y avait pas...
11:28Enfin, le monde était différent, franchement, il y a 25, 30 ans.
11:31Donc, il n'y avait pas les formes aujourd'hui de home-jacking,
11:37où on vient...
11:38Les joueurs de foot sont des cibles beaucoup aujourd'hui.
11:40Donc, c'est logique qu'il y ait beaucoup de sécurité autour d'eux.
11:43Et même ça ne suffit pas, on voit bien.
11:44Vous avez été président du PSG suffisamment longtemps pour que je vous pose la question.
11:47Il y a question que le PSG quitte le Parc des Princes.
11:50Les supporters, le club a dit qu'ils n'en avaient pas envie.
11:53Écoutez, ça, je ne peux pas répondre à la place.
11:55Je ne suis pas nécessaire à le qualifier.
11:56Donc, je ne peux pas répondre à ce que va faire le PSG.
11:58Apparemment, aujourd'hui, il est catégorique sur le fait qu'il veut que le PSG quitte le Parc des Princes.
12:05C'est arrivé dans d'autres clubs.
12:07En tant que président, pour vous, c'était le PSG, pas le Parc des Princes.
12:09Moi, je n'ai jamais pensé à autre chose à l'époque, mais on n'avait pas la même...
12:13Aujourd'hui, le PSG est une entreprise.
12:15Nous, c'était un club.
12:17Et c'est une entreprise et un club.
12:19Mais c'est aussi une entreprise avec un souci de marketing planétaire et tout qui est assez réussi.
12:26Et donc, ils ont besoin de développer, de développer, de développer.
12:30On n'était pas dans cette gamberge-là.
12:31En fait, Canal s'est intéressé au PSG en 91 parce que le championnat de France de foot était le feuilleton.
12:37C'est un feuilleton, un championnat avec des personnages.
12:40Donc, Marseille, Paris, Lyon, c'est des personnages.
12:42Canal l'a un peu créé avec Bernard Tapiel.
12:44Oui, on l'a créé, on l'a créé.
12:45Avec le conflit au MPSG.
12:46Oui, on a monté la sauce.
12:48Mais en fait, avant Canal, le championnat n'était pas retransmis du tout.
12:52Vous n'avez pas connu ça, mais ça n'était pas retransmis.
12:53Il y avait un match par an, éventuellement, de temps en temps.
12:56Mais donc, on a créé ce feuilleton.
12:59Et donc, comme un personnage principal risquait de disparaître, c'était Paris.
13:04Donc, c'est pour ça qu'André Rousselet et Pierre Lescure se sont intéressés, à ce moment-là, à la reprise du PSG.
13:11Moi, je n'étais pas du tout dedans.
13:12Et puis, au moment que ça a été fait, il y a eu une réunion des fondateurs de la chaîne autour d'André Rousselet.
13:18J'étais autour de la table et il a fait le tour.
13:21Bon, pas vous, pas vous, pas machin.
13:23Puis, il est arrivé à moi et il m'a dit, vous, ça serait bien.
13:25Et donc, j'ai dit, je vais réfléchir.
13:28Il m'a dit, ce n'est pas la peine.
13:30Et je dis, bon, d'accord.
13:33Ah oui, donc, ça s'est fait comme ça.
13:34C'est autour d'une table, en fait, on vous a mis dans le fait accompli.
13:36Ça s'est fait comme ça, voilà.
13:37Et du coup, vous rentrez chez vous, vous dites à votre femme, alors, en fait...
13:39Oui, je suis président du PSG, elle me dit, ah bon ?
13:43Ça n'a pas été dur, parce que ça change la vie.
13:44Non, ça n'a pas été dur.
13:45Non, non, j'ai beaucoup de chance.
13:46Ma femme comprend, me comprend et me donne beaucoup de liberté dans mon travail, mais voilà.
13:52Mais c'est vrai que ça a changé la vie.
13:54Aujourd'hui, donc, le foot, vous le suivez, j'imagine, en tant qu'amateur de sport, de foot.
13:59Il y a le fameux Kylian Mbappé, là.
14:03Vous...
14:06Alors, moi, je vais vous répondre tout de suite.
14:07C'est quoi ? Je ne sais pas la question que vous allez me poser, mais je la vois.
14:09Mais le talent ne disparaît pas.
14:12Voilà. Après, il y a des périodes de haut et de bas.
14:14Et comme disait Smaïn, il y a parfois des collants.
14:17Et donc, oui, bon, ça casse tout le temps.
14:21Ça fait rire.
14:22Vous pouvez l'enlever au montage.
14:23Mais donc...
14:25On la gardera.
14:25Oui, d'accord.
14:27Et donc, oui, il est dans une période un peu compliquée, mais le talent, il n'est pas parti.
14:31Donc, ça va revenir.
14:32C'est arrivé à d'autres.
14:34Mais à votre époque, on ne parlait pas autant de la santé mentale.
14:36La santé mentale des joueurs, notamment.
14:38Il n'y avait pas de psy au PSG, à l'époque.
14:40Aujourd'hui, c'est beaucoup plus commun qu'on s'intéresse à ça.
14:44Oui, on cherche quand on veut gagner, quand on veut réussir.
14:48Et on essaye d'additionner tout ce qu'on peut pour y arriver.
14:52Et aujourd'hui, les psys, les préparateurs mentaux qui existent dans le foot,
14:59sont là pour, de temps en temps, aider, rassurer, faire que...
15:04On se dit, tiens, si on le fait venir lui, on va gagner.
15:07Non, je ne vais pas gagner.
15:10Mais ça peut, ça peut.
15:11Je n'ai pas l'impact que ça peut avoir.
15:13Mais moi, je n'ai jamais eu recours à ça.
15:16C'est vrai, mais vous avez été un peu précurseur.
15:17Je me rappelle quand Yannick Noah, en 96, à Léman Rapide de Vienne,
15:20il vient dans le staff.
15:22Quelque part, en fait, il vient un peu pour la santé mentale.
15:24Oui, c'est vrai, c'est vrai.
15:25Mais Yannick Noah, c'est un champion.
15:27Ce n'est pas un médecin.
15:29Comment ça s'est passé, ça ?
15:32Écoutez, on était arrivés en finale de Coupe d'Europe pour la première fois.
15:37Mais l'équipe ne tournait pas rond en championnat.
15:40Ça n'allait pas, enfin bon, ça n'allait pas.
15:42Et donc, j'étais à la campagne chez moi, sur mon petit tracteur.
15:45Et puis, je pensais qu'à ça, quoi.
15:49Qu'est-ce qu'on peut faire ? Qu'est-ce qu'on peut faire ?
15:50Et je pense à Yannick Noah, parce que Yannick Noah,
15:54les gens qui ont gagné quelque chose d'important,
15:55ils ne sont pas comme les autres.
15:57D'abord, ils l'ont fait.
15:58Donc, ils savent le faire.
16:00Et donc, j'ai appelé Yannick Noah, que j'ai une relation,
16:04je connaissais un peu quand même.
16:05Et il m'a dit oui tout de suite.
16:07Et donc, Yannick, j'ai dit, tu viens, vous venez 15 jours avec nous.
16:12On était chez Blanco, en daille, en préparation, etc.
16:16Et vous faites ce que vous voulez.
16:18Alors, il a, je crois qu'au bout de deux soirs,
16:22il m'a demandé s'il pouvait partir avec les joueurs
16:24sans qu'on soit au courant d'où ils allaient.
16:25Donc, ils ont fait une soirée de décompression.
16:28Il a fait tout ce qu'il a voulu.
16:30Ça n'empiaitait en rien sur l'entraîneur,
16:32le travail de l'entraîneur, Louise Fernandez, qui faisait son boulot.
16:36Ça ne l'a pas un peu gêné aux entournures ?
16:37Sûrement, sûrement, mais c'est logique que ça le gêne.
16:40Mais bon, l'objectif, moi, c'était que ça gagne.
16:42Donc, je n'étais pas là pour faire de la diplomatie.
16:45Mais ce n'est pas Noah qui a fait la compo de l'équipe.
16:49Mais je pense qu'il a apporté quelque chose, effectivement.
16:53On gagne sur un coufran tiré par Bruno Ngoti.
16:56Et je pense qu'il y a un peu d'Yannick Noah dans le coufran.
16:58Ah ouais ?
16:59Ouais.
17:00OK, mais ça m'intéresse, moi.
17:02Il y a un côté, effectivement, on se dit OK, il a gagné.
17:04Il peut apporter la culture de la gagne.
17:06Mais concrètement, qu'est-ce qu'il apporte ?
17:10Qu'est-ce que ça change ?
17:11Il passait du temps avec les joueurs.
17:12Il faisait ce qu'il voulait.
17:13Il discutait avec eux.
17:14Il essayait de voir, pour les remettre en place,
17:18remettre la tête d'aplomb, les fixer sur l'objectif.
17:23Ne pas griller l'énergie avant le coup d'envoi.
17:26C'est tout un tas de choses, tout ce qui précède.
17:29Voilà, tout ce qui précède.
17:32Je sais qu'on est allé à Bruxelles, non pas en avion,
17:34mais on est allé en bus, mais on est revenu en avion.
17:39Et donc, il était présent.
17:43Alors après, moi, je n'y étais pas.
17:44Je lui ai laissé faire ce qu'il voulait.
17:46Ça serait possible aujourd'hui, ça ?
17:48Pourquoi pas ?
17:50C'est un peu ce qu'il fait encore aujourd'hui, Yannick.
17:52C'est un magicien.
17:54Parlons un peu de journalisme.
17:55C'est quoi, pour vous, une bonne interview ?
17:57Une bonne interview, c'est quelque chose qui apprend,
18:00qui nous apprend sur le sujet dont il est question.
18:04Et c'est des questions justes, pertinentes
18:09et qui amènent des réponses précises.
18:12Voilà, c'est tout.
18:13Donc, c'est un truc à deux.
18:15L'intervieweur doit avoir beaucoup travaillé en avant,
18:19utiliser la plupart du temps que 10% de ce qu'il a fait
18:21parce que c'est comme ça.
18:23Mais il faut être équipé, bien équipé sur le sujet.
18:26Il faut devenir spécialiste, en fait, très rapidement
18:29sur un sujet qui ne nous est pas forcément familier,
18:31surtout quand on touche à tout comme moi.
18:32Donc, c'est un gros boulot.
18:34Et puis, en même temps, quand on le fait,
18:35il ne faut pas avoir l'air d'avoir travaillé.
18:36Il faut que ça arrive naturellement.
18:38Et il faut surtout avoir une capacité d'écoute aussi.
18:41Ne pas ne pas vouloir enchaîner que ces questions, que ces questions.
18:43Alors que vous venez de me dire quelque chose,
18:45mais j'ai envie que ça continue.
18:46C'est ça.
18:47Donc, c'est une grande disponibilité.
18:49Il faut être à bloc dans le sujet.
18:52Et ensuite, que la personne avec qui on est
18:56réponde vraiment bien aussi.
18:58Je me suis demandé s'il y avait un style de Nizot.
19:01Je me suis dit que peut-être, justement, c'était cette capacité
19:04à trouver la bonne distance entre exister
19:07puis rester en recul par rapport à l'invité.
19:09Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
19:11C'est difficile de se juger soi-même.
19:12Je ne suis pas prétendant qu'il y a un style qui m'appartient.
19:15Chacun a son style.
19:16Chacun a sa façon de faire.
19:19C'est aussi le reflet de la personnalité.
19:21La façon...
19:22Quand on fait de la télévision tous les jours,
19:24on est démasqué.
19:25Donc, on ne peut pas...
19:26Est-ce que c'est vrai, ça ?
19:28Est-ce que ce n'est pas...
19:28On a tendance à dire que oui, on voit la vraie personnalité des gens à la télé.
19:32Moi, j'ai rencontré des gens de la télé.
19:34En fait, ils n'étaient pas pareils.
19:35Dans l'écran, ils n'étaient pas pareils que dans la vraie vie.
19:37Vous avez raison, vous avez bien vu.
19:38Mais après, on est dans un rôle, effectivement.
19:41Mais un rôle qui ne doit pas être du théâtre.
19:43On est dans un rôle d'essayer d'être précis, juste.
19:45Et donc, de faire abstraction aussi de ses propres sentiments.
19:49Quand on fait 15 000 interviews,
19:52j'ai interviewé des gens que j'appréciais, des gens que je n'appréciais pas,
19:55des gens que... Personnellement.
19:57Mais il ne faut jamais le montrer, on n'est pas là pour ça.
19:59Moi, je ne suis pas un éditorialiste qui dit, voilà, c'est bien, ça, c'est bien.
20:02C'est assez mal, je suis là pour raconter des faits, relater des faits.
20:06Les gens qui...
20:07C'est un autre métier que de commenter.
20:08Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de commentateurs que de journalistes
20:12sur les chaînes d'infos qui sont des chaînes de débats et pas d'infos.
20:14La plupart du temps.
20:15Mais raconter l'information, c'est un travail.
20:19Et la commenter, c'est un autre.
20:21Mais il y a des gens qui peuvent commenter sur des plateaux de télé.
20:24Ils peuvent vous parler des punaises de Lille, l'endemain de Gaza, puis d'Mbappé, etc.
20:27Ils sont très forts. Moi, je ne sais pas faire ça.
20:29– J'ai discuté un peu avec des gens qui vous connaissent,
20:31notamment une certaine personne qui s'appelle Renaud Levent-Kim,
20:34que vous connaissez de longue date, qui est producteur chez Brut.
20:35Il m'a dit une chose.
20:37Il m'a dit que vous étiez le seul journaliste
20:39qui assume de laisser les silences lors des interviews.
20:43– Oui, voilà.
20:47Donc, oui, le silence n'existe plus à la télévision.
20:51Le silence, ça veut souvent dire beaucoup plus que les mots.
20:57Mais on a peur du silence aujourd'hui.
21:00Il ne faut pas qu'il y ait de silence.
21:01Qu'est-ce qui se passe ?
21:03J'ai fait des interviews avec beaucoup de silences, jadis.
21:06Notamment, j'ai fait une fois une interview de Maurice Pialat
21:08pendant une heure et demie où j'ai dit, j'avais une bonne relation avec lui,
21:11mais en même temps, on faisait l'interview, on faisait l'interview.
21:12Et je lui ai dit, écoute, on fait une interview où il n'y a pas de limite de temps
21:16comme on est en train de faire là, et puis après, on fait le montage.
21:18Et je lui ai dit, mais je ne te ferai pas toujours des relances.
21:21Et donc, on se connaissait bien.
21:23Et de temps en temps, il terminait une phrase, je le regardais et je ne disais rien.
21:28Il y avait un silence et il repartait.
21:30Et bon, pas tout le temps.
21:31Mais c'est un genre qui, aujourd'hui,
21:35paraît à la fois iconoclaste et contre-productif.
21:39Je ne suis pas d'accord avec ça.
21:41Mais c'est vrai qu'on n'entend plus le silence.
21:42Et j'aime bien le silence dans les interviews.
21:45Ça crée une intimité dans la conversation.
21:48Et ça crée, du coup, la personne que vous interviewez,
21:51si vous laissez le silence, elle va plus loin.
21:54Là, aujourd'hui, on veut mitrailler, on veut faire du buzz,
21:57on veut faire des effets de manche.
22:00Après, il y en a qui réussissent très bien comme ça,
22:02mais moi, ce n'est pas ce que j'aime.
22:04Est-ce que ce n'est pas aussi dû au fait qu'il y a moins de silence
22:07parce que le présentateur, il a envie d'exister, il a envie de parler ?
22:09Oui, c'est ça, le présentateur, aujourd'hui,
22:12souvent, les interviewers, ce n'est pas votre cas,
22:15mais ils ont des auteurs qui leur écrivent déjà des blagues avant,
22:18ou la phrase qui va « ouah ah ah ».
22:20Très bien, on aime bien ça, je peux regarder ça aussi,
22:23mais ce n'est pas ce que j'aime faire.
22:24Il y a le silence, mais il y a aussi les mots.
22:27Vous êtes économe de mots.
22:29Et j'ai vu que vous le revendiquiez parce que vous dites,
22:30finalement, il faut savoir que j'ai des questions courtes.
22:34Je parle trop, merci, c'était très bien.
22:38Plus on travaille, plus on fait court.
22:41Moins on travaille, plus on fait long, voilà la base.
22:43Dans le livre, toute première fois,
22:45ils ont tous commencé sur Canal+, c'est flagrant.
22:47Vous avez finalement propulsé énormément de gens.
22:50Ça, c'est parce que vous sentez le talent des gens,
22:52c'est parce que vous leur faites confiance.
22:53Avant de ressentir le talent, je ressens l'envie.
22:56L'envie est dans notre métier,
22:59le métier de la télévision, ce n'est pas un métier de talent,
23:01c'est un travail où il faut avoir envie.
23:04Il y a deux raisons de faire de la télé, il y en a une bonne et une mauvaise.
23:07La bonne, c'est parce qu'on aime ça.
23:09Et la mauvaise, c'est pour ce que ça représente.
23:11Il ne faut pas la mettre devant, sinon c'est mort.
23:13Donc, tous les gens qui sont dans le bouquin,
23:16qui ont travaillé avec moi et qui ont réussi tous,
23:19c'est parce qu'ils aimaient ça ou parce qu'ils ont découvert qu'ils aimaient ça.
23:22Parfois, ils sont arrivés là un peu comme, un peu par hasard certains,
23:28mais ils ont vite compris que c'était un enjeu très fort,
23:31que c'était une chance forte
23:33et que ça pouvait changer leur vie professionnelle.
23:37C'est quoi la part du hasard ?
23:38Elle joue en fait, quelqu'un qui doit réussir, réussit.
23:41Il n'y a pas de... Je ne crois pas au hasard, je crois...
23:45Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous.
23:48Cette phrase est connue, mais je crois qu'il n'y a que des rendez-vous dans la vie.
23:52Alors après, on y est ou on n'y est pas.
23:54J'ai créé beaucoup d'émissions sur Canal.
23:58Au début, j'ai fait la télé du matin, après j'ai fait le midi,
24:01après j'ai fait le soir, enfin bon bref, j'ai fait tout le tour.
24:04Et donc à chaque fois, on prenait des décisions seules.
24:09On avait cette liberté qui est rare.
24:11On a décidé qu'on allait retransmettre les cérémonies de Cannes
24:15un jour avec Pierre Lescure et Gilles Jacob en cinq minutes.
24:22Qui dirigeait le festival de Cannes, oui.
24:23Oui, en cinq minutes, ça a été fait.
24:25Ah oui ?
24:25Oui, ben oui.
24:26Il y avait une cérémonie qui ne plaisait pas,
24:29enfin à l'époque, je ne vais pas refaire l'histoire.
24:31Et donc on se voit avec Pierre Lescure,
24:34il y avait Gérard Depardieu aussi, Gilles Jacob.
24:36Et ils disent maintenant, vous êtes la chaîne du cinéma, vous arrivez.
24:40On s'est regardé, ben on va le faire.
24:42Et voilà, ça a été fait comme ça.
24:43La chaîne ne s'est créée que sur des décisions de comptables,
24:47sur des décisions rapides, il n'y avait pas d'études marketing.
24:51La DRH n'était là que pour remplir les contrats,
24:53mais pas pour dire il faut engager ou pas engager telle ou telle personne.
24:56C'était fait à l'instinct, à l'intuition et à l'envie.
24:59Et donc on a toujours fonctionné comme ça depuis la création de la chaîne
25:02avec André Rousselet, Pierre Lescure, Alain Degreff, etc.
25:05avec qui j'ai débuté cette chaîne.
25:07Et après, on a gardé ça et tout est comme ça.
25:11Les Césars, c'est pareil, ça s'est fait comme ça.
25:13Les décisions de changer tout un truc d'une émission,
25:17de dire on va aller là-bas, on va faire ci, on va faire ça,
25:19ça se faisait très rapidement, effectivement.
25:21Et moi, j'aime ça.
25:22Mais en fait, je crois aux signes, je ne suis pas superstitieux,
25:27mais je crois aux signes, je vois quand quelque chose s'en mange bien
25:30ou ne s'en mange pas bien.
25:31Quand ça s'en mange bien, j'y vais à 200 à l'heure.
25:34Si ça ne se mange pas bien, je m'arrête tout de suite.
25:36Oui, puis vous avez aussi évolué, le premier grand journal,
25:40je crois qu'il y avait des marionnettes et tout, ça a beaucoup bougé.
25:42Oui, on avait une idée géniale qui était une catastrophe.
25:45Donc oui, on avait mis des personnages virtuels,
25:49qui étaient des personnes qui étaient connues.
25:50Il y avait Marc-Olivier Fogel, je ne sais plus qui il y avait,
25:52et l'autre qui intervenait, qui posait des questions.
25:54On pensait que ça allait révolutionner la télé.
25:56C'était nul.
25:57C'était le début du grand journal, mais les gens ont oublié finalement.
25:59Oui, vous savez, la télé, on l'oublie, ça ne marque pas.
26:04La télé, on l'oublie.
26:05Il y a des gens qui ont fait de l'antenne pendant 15 ans
26:08à des heures de grande écoute, 10 ans après, on ne sait plus qui c'est.
26:12On ne marque pas l'histoire, on n'imprime pas la pellicule,
26:16on imprime l'écran de façon éphémère.
26:19On parlait du grand journal, il y a eu quelques critiques à l'époque du grand journal,
26:23j'ai vu sur le côté infotainment.
26:25Au début, il y a eu des mélanges de genres.
26:27Oui, au début, on a fait des erreurs.
26:28Martine Aubry, je crois notamment.
26:29Oui, en effet.
26:30Martine Aubry et Michael Jung habitaient habillés en personnages féminins extravagants.
26:38Et on pensait que le mélange des genres,
26:40on pense toujours que c'est une idée géniale et c'est une utopie.
26:43Ça ne marcherait quasiment jamais, sauf quelques fois.
26:46Et ça a marché une fois de façon magnifique, je retiens toujours.
26:49C'est avec Jamel Debbouze, Ségolène Royal et The Hams qui chantent.
26:53Et donc, on est en 2007, Ségolène Royal n'a pas encore dit
26:57qu'elle allait être candidate à la présidentielle.
27:02On attendait, c'était un secret de policière, mais elle n'avait pas dit.
27:04Et elle avait prévu de le dire plus tard.
27:07Et donc, The Hams qui chante le tube du moment,
27:10Jamel qui se lève, qui fait danser Ségolène Royal,
27:15et puis après, il a fini par dire oui.
27:18Et donc, on avait obtenu là, en une minute,
27:20un mélange des genres improbable, incroyable et avec un résultat magnifique.
27:26Donc ça, ça arrive, mais c'est très rare.
27:28Il faut séparer.
27:30Oui, la conviction que vous avez aujourd'hui, c'est finalement
27:32quand on parle de politique, on parle de politique.
27:34Quand on parle de culture, on parle de culture.
27:36La politique, parlons-en un petit peu parce que j'ai vu quand même
27:40que plusieurs fois, vous avez été approché pour faire de la politique.
27:43En 2020, vous avez dit qu'on vous avait sondé pour savoir
27:47si le poste de ministre de la Culture pouvait vous intéresser.
27:50Comment on fait pour sonder quelqu'un ?
27:53Non, mais en fait, ça a commencé très tôt, ces histoires de...
27:56Moi, je fais partie de rien, je suis indépendant
27:59et je respecte beaucoup tous les gens qui s'engagent.
28:02Mais j'ai été élu local dans mon village.
28:06J'ai été conseiller municipal dans mon village.
28:08Ma femme a fait deux mandats dans un village, dans le village où on est.
28:11Ma mère a fait quatre mandats à Châteauroux.
28:13Donc, je sais ce que c'est qu'être élu local.
28:14Ça n'a rien à voir.
28:15On ne fait pas de la politique quand on est élu local.
28:17Quand on est élu local, on ne demande même pas aux gens qui sont sur votre liste
28:20ce qu'ils pensent, on est déjà content d'en trouver 12 pour être candidat.
28:22Parce que ça demande beaucoup d'abnégation, du temps, de l'ingratitude, etc.
28:27Donc, j'ai beaucoup d'estime pour tous ceux qui font ça.
28:30Après, faire de la politique son métier, c'est une autre chose.
28:33Et donc, dès quand je me suis présenté au municipal dans mon village,
28:36il y a dans les années 70, Jean-Jacques Servan-Schreiber,
28:39qui était pour moi une référence absolue du jeu,
28:41qui avait créé le magazine L'Express, m'a contacté pour que j'aille le voir,
28:46pour que je sois candidat, il était parti radical,
28:49pour que je sois candidat au législatif dans mon coin, parti radical.
28:51Donc, j'ai dit non, parce que voilà.
28:52Et puis après, ça s'est régulièrement, ce qui est logique un peu,
28:56quand on est un peu connu et qu'on cherche des candidats.
28:58Donc, j'ai été contacté à la mairie de Paris, à gauche, à droite, au législatif.
29:04– En 2022, ouais.
29:05En 2022, pour le législatif aussi ?
29:07– Oui, aussi, oui, oui.
29:09– Par la République En Marche.
29:10– Oui, oui, puis il y en a eu d'autres qui m'ont contacté,
29:13d'autres mouvements, par les extrêmes.
29:17Et voilà, mais bon, non, c'est pas…
29:19Je ne me sens pas allégique.
29:23Maintenant, je suis à un moment de ma vie où je peux choisir ma vie, quoi.
29:25Donc, je ne suis pas obligé de faire ceci.
29:27La politique, c'est encore autre chose, mais ce n'était pas mon…
29:30– Quel rapport vous avez à l'engagement ?
29:32Est-ce que vous, vous avez réussi aussi à durer
29:34parce que vous n'étiez pas particulièrement engagé ?
29:36– Mais ce n'était pas mon métier de m'engager,
29:38mon métier, c'est d'être crédible.
29:40Nous, il faut qu'on nous croit.
29:42Et après, vous pouvez donner la même dépêche à quatre personnes.
29:45Vous les mettez devant une caméra,
29:46le même texte, lui, je crois ce qu'il dit,
29:49et lui, pourquoi ?
29:51Donc, il faut être crédible.
29:52– Pourquoi ?
29:53– Ça, il y a un truc de la nature.
29:54– C'est le charisme.
29:55– C'est la tête qu'on a.
29:56Il ne faut pas avoir l'air trop farceur, même si on l'est.
29:59Moi, j'aime bien rire et tout,
30:00mais quand je fais mon métier, je ne fais pas des blagues.
30:02Et donc, après, oui, c'est ça, c'est…
30:09Il faut interviewer tout le monde de la même façon.
30:12J'aime ça, c'est ça mon métier.
30:13Et ça passe avant tout le reste,
30:15tout ce qui pourrait être…
30:18Donc, les gens qui s'engagent, j'ai beaucoup de respect pour eux.
30:22C'est compliqué, de plus en plus,
30:24et qui plus est aujourd'hui au moment où on se parle.
30:26Et donc, mais c'est pas moi…
30:28Moi, je vote, j'ai toujours voté, je vote tout le temps,
30:31mais j'aime bien le secret de l'isoloir,
30:33sinon il n'y aurait pas d'isoloir.
30:34– Oui, et en les interviewant, les politiques,
30:39est-ce que vous avez vu une évolution
30:40dans la façon dont les hommes politiques répondaient à vos questions ?
30:43Les fameux éléments de langage qui sont arrivés, ce genre de choses ?
30:46– Oui, oui, alors il y a des hommes politiques et des femmes politiques
30:48qui sont très à l'aise dans le débat, qui cherchent l'échange,
30:53comme Nicolas Sarkozy, comme François Hollande,
30:57et aussi dans la pirouette, il est très intéressant, etc.
31:02Mais tous les hommes politiques ont un intérêt.
31:04Alors après, il y en a d'autres qui sont coincés dans les…
31:07que je déteste, qu'on appelle les éléments de langage,
31:09qui sont…
31:10Ça veut dire qu'ils ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils pensent.
31:13Donc c'est ce que je… caractère un peu,
31:15mais je n'aime pas du tout les éléments de langage.
31:17– Comment vous faites quand vous êtes intervieweur
31:19et que vous êtes confronté à ça ?
31:20– Un élément de langage ?
31:21Ben, j'essaye de poser une question
31:24qui n'était pas comprise dans les éléments de langage.
31:26– Ouais.
31:27Il y a un moment aussi où, je vous ai rarement vu fâcher,
31:32mais il y a eu un moment où vous êtes fâché contre Mélenchon
31:33quand il vous a un peu pris de haut sur la pratique du latin.
31:36– Oui, oui, effectivement, un jour, Jean-Luc Mélenchon…
31:42C'est une phrase en latin, je ne sais plus laquelle.
31:44Et en regardant Alibadou,
31:46qui était le représentant de la culture dans mon émission,
31:48et il me fait comme ça, c'est du latin.
31:50Je me prenais en comme si j'étais une muse, quoi.
31:53Je ne suis pas totalement inculte
31:55et donc je trouve que j'ai fait 5 ans de latin,
31:58que mon beau-père est prof de latin grec,
31:59enfin bref, je ne suis pas totalement perdu dans le latin.
32:03Et donc je l'ai pris comme une forme de mépris.
32:06Et donc je lui ai dit, et donc ça a chauffé un petit peu,
32:09ça a chauffé encore un peu plus dans la loge après,
32:13et puis il dit qu'il ne reviendrait plus, bon, ok.
32:15Les politiques, quand ils se fâchent avec des journalistes de télé
32:20et qu'ils disent qu'ils ne reviendront plus, ça dure 6 mois.
32:23Pour une raison simple, c'est qu'ils ont besoin de revenir
32:25et que nous on a besoin qu'ils reviennent aussi.
32:27Donc ça s'est passé aussi avec Jean-Luc Mélenchon.
32:29Elle est rentrée quelques temps après, x mois après.
32:32Je dis à mon équipe, je dis, tiens, on démarre avec quoi ?
32:35On sert toujours, quand on redémarre, à avoir un truc un peu fort, quoi.
32:38Donc je dis, si on a invité Jean-Luc Mélenchon,
32:39mais il ne vient plus, je dis, on va l'appeler.
32:41Donc on a appelé Jean-Luc Mélenchon et il a dit,
32:44je reviens que si je peux déjeuner avec Denisot.
32:47J'ai déjeuné avec lui, ça s'est très bien passé.
32:49On a eu un échange courtois, agréable au déjeuner.
32:54Je pense qu'il se trompait un peu sur ma vie, qu'il ne connaissait pas d'ailleurs.
32:58On avait au moins un point commun,
32:59c'est qu'on avait été enfant de cœur tous les deux.
33:01Après, il y a un jour où Xavier Bertrand ne répondait pas aux questions,
33:04donc j'ai été un peu désagréable avec lui.
33:08Enfin, je me souviens, je crois que je lui avais dit,
33:15c'est difficile de se faire un nom quand on a deux prénoms, quoi.
33:17Donc effectivement, c'est pas...
33:19Il est mal pris.
33:20Oui, mais on peut le dire à Claude François et à Thierry Henry, mais ce n'est pas vrai.
33:25En 1995, vous avez écrit un livre d'entretien avec Nicolas Sarkozy,
33:29alors qu'il n'était pas encore président, il était ministre du budget.
33:31Comment ça s'est passé, les entretiens avec Nicolas Sarkozy ?
33:33En fait, quand j'étais président du PSG, il y avait une loge,
33:37enfin la tribune officielle, disons, où venaient tous les élus, etc.
33:40Et donc Nicolas Sarkozy venait tout le temps au match,
33:42il aime le foot, il aime le PSG.
33:44Et puis un jour, pour me remercier, il m'invite à déjeuner
33:47et il était ministre du budget, il était à Bercy, donc je vais déjeuner avec lui.
33:51Et je ne connaissais pas plus que ça, quoi.
33:54Et il me raconte, il me dit, cache, moi je vais être président de la République.
33:58Je dis, ah bon, c'est assez rare.
33:59Et il me raconte un peu sa vie, mais je dis,
34:02on n'a jamais raconté votre vie, si vous voulez, on peut faire un bouquin.
34:04Voilà comment c'est parti.
34:05Donc après, j'ai fait des entretiens avec lui pendant des week-ends à Bercy.
34:10Et du coup, j'imagine, vous l'avez vu évoluer.
34:11Comment ça se passe, une fois ?
34:12Parce que si en 95, vous faites un livre d'entretien avec lui,
34:14j'imagine qu'après, vous avez des rapports humains.
34:17Oui, alors après, il y a une période où on se voit, etc.
34:22Et après, c'est comme une balle de tennis, ça rebondit un petit peu, puis de moins en moins.
34:25Donc chacun vit sa vie.
34:26Après, je l'ai reçue, etc.
34:30C'est tout.
34:31OK, on a parlé un peu de politique, un peu de foot.
34:33On va parler de cinéma.
34:34Le cinéma, c'est quand même une grande partie de votre vie
34:37et même de votre vie récente,
34:38puisque vous avez quand même réalisé un film sur le tard, quelque part.
34:41Toute ressemblance, en 2019 avec Franck Dubosc.
34:45Je crois que c'était un peu compliqué entre le premier scénario et la 25e version.
34:50Quelle leçon vous étiez à tirer ?
34:52J'ai découvert un univers dont je parlais tous les jours.
34:54Et en fait, on aurait commencé par faire un film avant de parler de cinéma.
34:57J'ai fait le truc à l'envers.
34:58C'est comme le foot.
34:59J'ai eu la chance, comme journaliste, d'être journaliste de foot
35:03et puis président d'un grand club,
35:05de parler de cinéma et de faire un film, même si ça n'a pas été un succès.
35:08Mais j'ai appris comment c'était.
35:09J'ai appris beaucoup.
35:10J'ai appris beaucoup en le faisant.
35:11Beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup.
35:13Après, Jamel m'avait dit, au moment où il a vu que je faisais ça,
35:17il m'a dit surtout n'écoute personne.
35:19Et en fait, j'ai écouté tout le monde.
35:20Donc voilà.
35:22Mais ça m'intrigue parce qu'effectivement, vous avez une grosse expérience.
35:25Vous avez réussi dans divers domaines.
35:26Vous arrivez, vous pouvez faire un film.
35:27Alors, c'est un film qui parle de la télé.
35:29C'est un sujet que vous maîtrisez.
35:31Comment ça se passe le premier jour où vous vous retrouvez sur le plateau?
35:35Je suis comme un enfant à Noël.
35:37J'imagine.
35:38Quand je dis action la première fois, c'était au cimetière Montparnasse.
35:45C'était un enterrement, évidemment.
35:46Et mais quand je dis action le premier coup, c'est vrai que je me dis,
35:50mais ma vie est incroyable, quoi.
35:53Après, après tout le tournage, c'était très bien.
35:55C'est très bien passé.
35:55Après le montage, c'était compliqué.
35:57Après, on m'a, entre guillemets, enlevé le film pour faire un autre film.
36:01C'est à dire qu'il y a un monteur qui a pris le film sans moi et qui a rajouté des séquences.
36:04Donc à la fin, ce n'était pas trop que mon film.
36:08Mais j'ai assumé le truc.
36:09Voilà. Après, c'était comme ça.
36:10Mais si je devais en faire un deuxième, je saurais un peu mieux ce qu'il faut faire.
36:14Mais j'ai appris.
36:16Tu sais, pour moi, l'échec, c'est de rien faire.
36:19Et donc après, c'est pas une réussite, mais le vrai échec, c'est de ne pas faire les choses.
36:25Donc voilà. Donc je l'ai fait.
36:27Ce n'était pas très bien, mais j'ai beaucoup appris.
36:31Et voilà.
36:33Donc, si je ne pense pas que je referais un autre, mais si je devais refaire un autre,
36:37je pense que ce serait mieux, évidemment.
36:40Puis il y a eu quand même Alain Delon.
36:41Et c'est son dernier film.
36:42Mais j'avais une relation, un peu bonne relation avec lui depuis longtemps.
36:45Évidemment, sinon, il ne serait pas venu pour une boîte de chocolat.
36:48Et donc, il m'a appelé pendant le tournage
36:53parce que j'avais proposé un petit rôle à Anoushka, à sa fille.
36:59Vraiment un tout petit rôle.
37:00Et on parle, il me dit, ah ouais, t'as eu Anoushka, etc.
37:02Et je lui dis, oui, oui.
37:04Il me dit, mais c'est quoi ton film ?
37:05Et il m'interroge, il m'interroge.
37:06Je lui dis, du coup, je ne vais pas te parler de mon film à toi, avec ta carrière, quoi.
37:12Puis il y a un silence, il me dit, mais c'est...
37:14Et donc, je ne sais pas trop, je me dis, mais il veut peut-être faire quelque chose, quoi.
37:19Et donc, je lui dis, je ne vais pas te proposer quelque chose.
37:23Il me dit, ben, pourquoi pas ?
37:25Et il dit, envoie-moi une page, deux pages.
37:29Et donc, j'envoyais une page d'un rôle muet.
37:32Donc, il était quand même un peu gonflé.
37:35Et donc, il a fait un rôle muet où il dit juste trois mots à la fin,
37:39qui était la fin du tournage.
37:41Et il était très heureux de se retrouver avec une équipe de tournage de cinéma.
37:46Il m'a envoyé un message vraiment inoubliable après.
37:49Et voilà.
37:51Là, vous êtes plus dans des documentaires, si j'ai bien compris.
37:53Il y avait les Rassam que vous avez faits, vous avez monté les marches de Cannes.
37:58En fait, c'est l'une des choses dont aujourd'hui je suis le plus, disons, fier de ce que j'ai fait.
38:06Ce documentaire est sur le podium, quoi.
38:10Je n'avais jamais fait de documentaire.
38:12Et je me suis retrouvé à faire celui-là sur la famille Rassam et la famille Berry,
38:18avec la participation de Coppola, Carole Bouquet, etc. et de beaucoup de monde.
38:23Et en fait, c'est le résultat de 30 ans de liens avec Paul Rassam,
38:30qui est un producteur, qui est le producteur français qui est le plus hollywoodien et inconnu.
38:38– Qui a produit Coppola.
38:39– Oui, il a produit tous les Coppola, etc.
38:40Et donc, avec qui j'ai une relation depuis longtemps.
38:44Et on déjeune ensemble de temps en temps, on discute au téléphone,
38:48puis un jour, leur histoire est tellement énorme,
38:50j'ai dit je voudrais faire un bouquin, il s'appellerait Les Rassams,
38:53un an plus loin sur ses ancêtres.
38:57Et il me dit toujours non, non, non.
38:59Et puis, il y a deux ans, à peu près à cette époque-là,
39:02il m'appelle, il dit je suis avec Thomas, chez Thomas Langman, donc son neveu.
39:06– Producteur également de cinéma.
39:07– Producteur, le fils de Claude Berry.
39:09Et il dit je suis avec Thomas, on nous demande toujours de faire des trucs
39:11et on dit qu'on n'en fera jamais sauf si c'est toi.
39:15Cinq minutes, dix minutes après, j'étais dans le taxi.
39:17Et il dit ok, on y va.
39:19Et puis après, voilà.
39:21Et donc, j'ai fait ce documentaire avec vraiment beaucoup de plaisir.
39:25On s'est retrouvé effectivement à Cannes en sélection.
39:28Et pour moi, quand le film n'a pas marché, je m'étais dit,
39:32je ne pouvais dire qu'à moi parce que tu viens de faire un truc
39:34qui ne marche pas bien et tout, tu ne dis rien.
39:38Je m'étais dit comment je pourrais tourner, remonter cette pente éventuellement.
39:42Et je m'étais dit qu'à moi, mais vraiment qu'à moi,
39:44parce que il faudrait que j'aille à Cannes.
39:47Et bon, tu mets ça dans ta poche puis tu attends.
39:49Et là, donc on fait le documentaire avec France Télévisions, France 2.
39:57Et à France 2, la première réunion, on dit ça serait bien si vous étiez prêts pour Cannes.
40:02Je n'y avais pas pensé.
40:04Et on y a été, c'était fort, il y a eu une ovation à la fin.
40:08C'était pour moi un des plus beaux moments de ma vie professionnelle.
40:11Donc, comme quoi, ça peut arriver même tard.
40:13On est rue de la fidélité.
40:15Mais j'ai l'impression que la fidélité, vous parlez de Paul Rassam.
40:19Finalement, vous avez pu faire ce documentaire parce que vous étiez amis, quelque part.
40:24Oui, dans notre métier, j'ai jamais fait la relation avec Paul
40:27avec une arrière pensée professionnelle, jamais.
40:30Mais donc, ça s'est conclu comme ça.
40:32Il est aussi heureux que moi que ça soit conclu comme ça.
40:34Puis on continue de se parler, évidemment, au moins une fois par semaine.
40:38Donc, c'est comme ça.
40:39Le travail, c'est du long terme.
40:41Vous parliez que j'étais journaliste agricole, mais je suis un agriculteur.
40:45C'est-à-dire que je sème et parfois je récolte.
40:47Quand j'ai dirigé Vanity Fair, à un moment donné, il y avait une actrice très connue.
40:51On demandait d'avoir, qu'elle fasse la photo de la couve et tout.
40:55Puis il n'y avait pas de réponse, il n'y avait pas de réponse.
40:57Et on me demande à moi, tu ne peux pas nous aider.
41:00Je l'appelle, c'est fait en deux secondes.
41:01Ce n'est pas fait en deux secondes, c'est fait en 30 ans de travail.
41:04Voilà.