Lundi 17 février 2025, 4GOOD reçoit Thomas Breuzard (Directeur permaentreprise, norsys & Coprésident, B Lab France) , Sonia Artinian-Fredou (CEO, FIND Climate) , Pascal Demurger (Directeur Général, MAIF) et Marie Ekeland (Fondatrice et CEO, 2050)
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00:00Bienvenue dans « For Good », l'émission dédiée à la transformation de votre entreprise.
00:28Un rendez-vous résolument concret grâce au partage d'expériences de pionniers du business Impact.
00:34Et comme toujours, j'ai à mes côtés Thomas Brezard.
00:37Salut Thomas !
00:38Salut Alix !
00:39Je rappelle que tu es directeur permanent d'entreprise de Norsis
00:42et co-président du mouvement Big Corp en France.
00:45Et aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir Pascal Demurger,
00:49directeur général de la Maïf, co-président du mouvement Impact France.
00:54Bonjour Pascal !
00:55Bonjour Alix !
00:56Avec nous également Sonia Artignan-Frodoux, co-fondatrice de Fine Climate et présidente d'Ecosystem.
01:02Bonjour Sonia !
01:03Bonjour Alix !
01:04Et enfin, sur ce plateau, Marie Eklund, administratrice de SWEEP et fondatrice du Fonds 2050.
01:11Bonjour Marie !
01:12Bonjour Alix !
01:13Et bienvenue à tous les trois.
01:14Face à l'urgence climatique, les entreprises sont appelées à repenser leurs modèles
01:19si les enjeux environnementaux sont de plus en plus pressants.
01:22La transition écologique est aussi une opportunité stratégique.
01:26Mais comment conjuguer rentabilité et durabilité dans un contexte particulièrement morose ?
01:32C'est le thème de notre débat.
01:34Et comme à chaque fois, il y aura le top et flop.
01:37Nous mettrons en lumière les entreprises qui ont su anticiper le dérèglement climatique et en tirer profit.
01:43Quant au flop, c'est Thomas qui s'y collera et il nous expliquera l'incapacité des États
01:48à créer un cadre favorable aux entreprises innovantes et responsables.
01:52Et puis bien sûr, vous ne repartirez pas sans un outil.
01:55Dans le goût de tout nouveau, on parlera de la NetZéro Initiative,
02:00une méthodologie pour contribuer à un monde bas carbone.
02:04C'est parti pour une nouvelle émission !
02:11Thomas, on ouvre le bal avec ton édito et tu nous dis que les entreprises perdent du terrain face au dérèglement climatique.
02:17Oui Alex, car ces dernières années, on voit bien que les catastrophes climatiques, parfois qualifiées de naturelles,
02:24ont des impacts forts sur les rendements économiques des entreprises,
02:28qui parfois sont en chute libre, des prix aussi parfois qui s'envolent.
02:32Et donc finalement, est-ce que face à tout ça, on a vraiment le choix entre la fin du monde et la fin du mois ?
02:38C'est une expression qui revient souvent.
02:40Est-ce que la fin du monde, ce ne serait pas à chaque fin de mois pour un nombre grandissant d'entreprises ?
02:45La formule est forte, mais les statistiques récentes montrent bien que le monde économique dans son ensemble se porte assez mal.
02:51Les redressements judiciaires, les faillites d'entreprises se multiplient.
02:55Prenons un exemple au niveau européen.
02:5764% des entreprises ont subi des pertes financières liées au phénomène climatique en 2023,
03:02et 15% d'entre elles seulement sont assurées contre de tels risques.
03:05Cela montre bien à quel point les années prochaines seront déterminantes,
03:09et que toutes ces composantes nouvelles avec lesquelles les entreprises doivent prendre des décisions
03:15nous amènent à penser que finalement 2050, l'échéance des prévisions climatiques, est déjà maintenant.
03:21Cela donne quoi concrètement ?
03:23Prenons quelques exemples sectoriels dans le transport.
03:26La SNCF, par exemple, se retrouve fortement impactée par des fortes chaleurs
03:30et doit investir davantage dans la maintenance de ses réseaux.
03:33Prenons EDF, qui au niveau de la production énergétique voit des rendements baissés
03:37dans le volet notamment hydroélectrique, qui compose quand même une partie importante du mix français.
03:41Des producteurs viticoles en Bourgogne, dans le Bordelais aussi,
03:45qui voient des rendements baissés de 30 à 50%, plus largement dans le monde agricole.
03:50L'actualité des dernières semaines est assez triste à cet égard,
03:54où les agriculteurs se manifestent, mais d'ailleurs ce n'est pas tant une crise des agriculteurs
03:58qu'une crise agricole au sens large, avec des rendements en chute libre,
04:02ou des prix, comme je le disais précédemment, qui s'envolent.
04:04Prenons l'exemple de l'orange en 12 mois, qui a augmenté de 200% en termes de prix,
04:08ou le cacao, qui a pris 400% sur à peine deux ans.
04:11Et qu'en est-il de la pression réglementaire ?
04:14Alors, en Europe en particulier, un nouveau cadre réglementaire émerge,
04:17j'ai énormément évoqué ces dernières semaines, la CSRD notamment,
04:21on pourrait aussi parler de la CSDDD, la taxonomie verte,
04:25qui sont d'ailleurs attaquées de toutes parts par certains pays de l'Union,
04:29et pas n'importe lesquels, qui aimeraient voir une simplification,
04:32voire un allègement de la pression qui pourrait en découler,
04:35mais globalement la pression augmente, on se met même aussi à entendre parler
04:38d'ajustements carbone aux frontières, qui viseraient à appliquer des taxes
04:41pour pénaliser les produits qui ont des émissions, notamment de carbone, trop importantes.
04:46Mais cela peut représenter aussi évidemment une opportunité
04:49pour les entreprises européennes et françaises,
04:51c'est ce dont on va notamment parler aujourd'hui,
04:53avec à la fois des avantages concurrentiels à aller chercher à moyen terme,
04:57mais aussi de nouvelles perspectives commerciales,
04:59dès lors que l'on envisage le développement de nouvelles offres de produits ou de services,
05:02et Sonia notamment pourra l'évoquer.
05:05Ce que le dérèglement climatique nous enseigne aujourd'hui,
05:08c'est qu'on ne peut plus se satisfaire de le voir comme un défi à subir,
05:12ça doit devenir le meilleur prétexte pour enfin rendre la société soutenable.
05:15S'adapter aujourd'hui, c'est anticiper demain,
05:18et devenir un leader d'un monde plus sain,
05:20c'est ce dont on doit pouvoir travailler et discuter aujourd'hui avec nos invités.
05:26Marie, une question pour vous,
05:28les investisseurs prennent-ils réellement en compte les risques climatiques dans leurs décisions,
05:32ou est-ce que c'est encore marginal ?
05:34Je pense que c'est encore marginal, en tout cas,
05:37disons plutôt que la manière dont ils évaluent les risques n'est pas complètement holistique,
05:42et souvent assez peu fiable,
05:45c'est-à-dire qu'en ce moment on travaille beaucoup sur les océans par exemple,
05:49et on se rend compte que la valeur à risque sur les océans représente des trillions d'euros,
05:54et elle touche un certain nombre d'entreprises qui n'ont pas conscience
05:58qu'en fait elles sont potentiellement à risque sur ces sujets-là.
06:02Donc en réalité, ils ne le prennent, ils ne savent pas suffisamment bien le mesurer on va dire.
06:08Pascal, vous voulez réagir ?
06:10Oui, moi en écoutant Thomas,
06:13je me disais que dans mon métier, l'assurance,
06:17on est évidemment aux premières loges de ce que vous décrivez,
06:21ça fait 15 ans que je constate une augmentation systématique chaque année,
06:27et parfois extrêmement forte, du coût des conséquences de ces événements climatiques,
06:33et forcément si l'assurance est impactée, derrière les clients de l'assurance,
06:37et notamment les entreprises, sont impactées également doublement,
06:41d'abord par une élévation des coûts, du prix de l'assurance,
06:45forcément si le sous-jacent, si les événements à couvrir sont plus coûteux,
06:50les tarifs de l'assurance augmentent structurellement,
06:53et puis impactés presque surtout par le fait que progressivement,
06:58les réassureurs d'abord, c'est-à-dire les assureurs des assureurs,
07:02puis les assureurs ensuite, risquent de se retirer,
07:06et de moins couvrir ces événements climatiques.
07:08Et donc là c'est la double peine, on subit des événements plus nombreux et plus coûteux,
07:12et on est moins couvert pour se protéger.
07:15Sonia Darmot, avant qu'on passe à la prochaine séquence, vous voulez ajouter quelque chose ?
07:19Je pourrais parler aussi du contexte des entreprises industrielles,
07:24qui doivent elles aussi intégrer cette évaluation du risque,
07:27au travers d'une cartographie des risques.
07:29Alors les grands groupes font ça, ça fait même partie de leur gouvernance.
07:33Il y a un domaine à mon avis où ils sont assez vigilants,
07:36c'est tout ce qui concerne l'approvisionnement en ressources, en eau, en énergie,
07:40parce que ça a des conséquences importantes sur leur production.
07:44Par contre je pense qu'aujourd'hui, l'impact direct du dérèglement climatique,
07:48avec les catastrophes auxquelles ils peuvent être confrontés,
07:50n'est pas encore suffisamment pris en compte,
07:52et du coup n'intervient pas dans leur choix de décision d'investissement.
07:56On va pouvoir aborder ça un peu plus en profondeur.
07:58On passe tout de suite au Top et Flop.
08:05C'est l'heure du Top et Flop, et on a donné des devoirs maison à nos invités.
08:09On a demandé à chacun d'entre vous de choisir une entreprise
08:13qui a su prendre en compte les risques climatiques et qui en tire profit aujourd'hui.
08:18Sonia, on commence avec vous. Quel est votre Top ?
08:21Mon Top, c'est une société qui s'appelle Bontaz,
08:23qui est une société dans le secteur de l'automobile,
08:26qui est un équipementier automobile et qui est très impacté
08:29par la crise automobile qu'on vit, au niveau européen notamment.
08:34C'est une société qui est localisée dans la vallée d'Arves.
08:38C'est une entreprise dans les territoires.
08:40C'est une entreprise qui a été créée en 1965
08:43et qui fabrique des équipements qui sont dans les véhicules
08:47et qui traitent des fonctions hydrauliques.
08:49C'est très pointu.
08:51Aujourd'hui, cette entreprise, c'est 3500 personnes dans 11 pays.
08:55Ils ont lancé une nouvelle activité dans le domaine des piles à combustible
08:59pour faire des véhicules qui fonctionnent avec de l'hydrogène.
09:02La façon de tirer parti de ce dérèglement climatique,
09:07c'est d'innover et de proposer des nouveaux produits
09:10pour transformer la mobilité, qui est quand même un domaine
09:13qui a un gros impact en termes de gaz à effet de serre.
09:16Merci.
09:17Qui est le suivant ? Marie ? Pascal ?
09:19J'y vais.
09:21Moi, je suis une mauvaise élève, donc j'en ai deux.
09:25Trop bon élève.
09:27Mais je vais faire très vite sur le premier,
09:29parce que c'est le deuxième qui est le plus intéressant
09:32par rapport à ce qui arrive.
09:35J'aime beaucoup citer l'exemple de Patagonia
09:38parce que c'est aussi un exemple de gouvernance.
09:41Toute l'évolution de cette entreprise,
09:44qui a été un des pionniers dans le monde de la mode
09:46pour mettre au cœur l'adaptation au réchauffement climatique
09:50mais plus largement la soutenabilité de son industrie.
09:53Ce qui est très intéressant, c'est qu'ils l'ont ancré
09:56dans toute la manière de prendre des décisions dans l'entreprise,
09:59dans la manière dont est évaluée la performance des employés,
10:02même dans l'actionnariat puisque le fondateur vient de donner
10:05l'intégralité de ses actions à une fondation pour être sûr
10:08que cet alignement aux intérêts de la société et de la planète
10:12soit gardé dans le temps.
10:14On oublie souvent qu'il y a aussi des sujets de gouvernance
10:17et c'est pour ça que je voulais en parler un petit peu.
10:19Mais après, comme je suis une investisseur dans l'innovation
10:22et dans les startups, je trouvais ça important de montrer aussi
10:24qu'il y a des nouvelles entreprises qui se créent
10:26et qui, dès le démarrage dans leur ADN, portent ça en cœur.
10:30J'ai parlé d'une des entreprises qu'on a financées chez 2050
10:33qui s'appelle Pebble, qui est une entreprise suédoise
10:37mais qui est répartie entre la Suède, la Hollande et la Finlande.
10:42C'est une vraie entreprise européenne.
10:45Ce qu'ils arrivent à faire, c'est de produire un matériau
10:49qui remplace la pierre ponce dans la fabrication du ciment
10:52et qui fait qu'en bout de chaîne, on a des ciments qui stockent du carbone,
10:56qui stockent du CO2, qui sont des rejets industriels
11:00grâce à un phénomène qui s'appelle la minéralisation du carbone
11:04qui est un phénomène complètement naturel
11:06où il y a des roches, comme des roches d'olivine,
11:08qui captent naturellement ce carbone.
11:10Donc ils accélèrent et ils augmentent et ils tirent profit
11:12des capacités de la nature à stocker le carbone
11:15pour que derrière, on puisse complètement transformer l'industrie du ciment.
11:18Ce qui est intéressant, c'est que le modèle économique
11:21est complètement aligné avec l'impact environnemental
11:24parce qu'il est double.
11:25Ils sont à la fois un modèle économique pour stocker le carbone
11:28dans les matériaux qu'ils produisent
11:30et puis un modèle économique de vente du matériau final
11:34pour la construction des bâtiments,
11:37ce qui montre bien qu'on peut avoir des modèles gagnants-gagnants
11:40économiques et environnementaux
11:42et qu'en plus, dans la manière dont ils prennent les décisions,
11:45là encore, c'est en cœur, comme Patagonia,
11:48en cœur de décision dès le démarrage,
11:50avec la mission inscrite dans les statuts,
11:51même si ce n'est pas une entreprise à mission,
11:53et des décisions qui, dans les choix des produits
11:56ou même de l'emplacement de l'usine,
11:58prennent en compte les derniers résultats
12:00du laboratoire de recherche qu'est le Stockholm Resilient Centre
12:02pour savoir, dans la décision de là où mettre l'usine,
12:05quel est l'endroit dans lequel ils vont avoir
12:07l'impact environnemental composé
12:09entre l'utilisation du sol, les émissions carbone
12:11et l'utilisation de l'eau,
12:13qui heurte le moins et qui fait le moins de mal possible
12:16à l'environnement dans lequel ils vont s'implanter.
12:18Alix, peut-être avant de laisser la parole à Pascal,
12:20je ne peux m'empêcher de faire un rebond
12:22sur le premier point soulevé par Marie.
12:24Il a déjà été évoqué par un autre invité.
12:26Parce qu'il est assez iconique,
12:28mais il se trouve qu'il y a 15 jours,
12:29mon entreprise Norseys a fait une annonce
12:31qui est une grande première,
12:32au moins à l'échelle européenne, je pense,
12:34sur le modèle de gouvernance,
12:35puisque nous avons créé un fonds actionnaire
12:37à qui on a transmis une partie du capital
12:39et qui sera désormais présidé
12:41par un représentant de la nature
12:43au nom de Franz Gold,
12:44qui aura un siège au conseil d'administration
12:46et un droit de vote, voire un droit de veto
12:47sur certaines décisions.
12:48Mais on va aussi créer un Haut conseil pour la nature
12:51qui sera composé d'autres représentants de la nature
12:53dans nos autres organes de gouvernance.
12:55Et ça, on le fait pourquoi ?
12:56Parce que même si notre entreprise de services numériques
12:58n'est pas directement impactée aujourd'hui
13:00par le dérèglement climatique,
13:01on veut vraiment se donner les moyens d'anticiper,
13:03d'accompagner nos clients et notre écosystème.
13:05Et ça, on ne le fera que si on crée
13:07des mécaniques de décision, de réflexion collectives
13:09qui permettent à la nature, aux vivants,
13:12représentés par différentes formes,
13:14qui peuvent être des experts,
13:15qui savent aussi faire les liens
13:16avec notre métier dans le numérique,
13:18de nous aiguiller dans le bon sens.
13:20C'est exactement ce qu'on a fait sur le 2050
13:22à la Fondation aussi.
13:23Bon, donc il faudra qu'on se reparle avec Maria.
13:26Pascal ?
13:27Alors, je sais qu'on considère souvent
13:30que small is beautiful,
13:31mais moi, j'ai fait un choix peut-être
13:33un petit peu provocateur.
13:34J'ai choisi une entreprise du CAC 40
13:37qui est Veolia.
13:39Alors Veolia, c'est une immense entreprise.
13:41C'est 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires,
13:44plus de 200 000 salariés
13:46avec trois secteurs principaux d'activité,
13:49le traitement des eaux, l'énergie
13:51et le traitement des déchets.
13:53Et sur chacune de ces activités,
13:56Veolia a énormément investi
13:58pour qu'on réutilise les eaux usées,
14:02notamment dans les villes,
14:04pour détruire les rues, etc.
14:06Donc ça veut dire quand même
14:07des investissements très lourds.
14:08Il faut prévoir un système bis
14:13de circulation de ces eaux et d'utilisation.
14:17Et puis dans l'énergie,
14:18avec le développement notamment
14:21de microstructures parallèles
14:24aux réseaux principaux,
14:26y compris pour améliorer la résilience
14:28en cas de coupure.
14:30Et puis évidemment,
14:31dans le traitement des déchets,
14:33un énorme travail sur le recyclage,
14:35y compris le recyclage de déchets complexes,
14:38soit industriels, industries automobiles,
14:41soit même déchets nucléaires, etc.
14:45Et tout ça, manifestement,
14:48crée de la croissance pour Veolia.
14:50Ils ont un plan stratégique,
14:52la 24-27,
14:54avec une hypothèse de croissance
14:56de 70% de leurs chiffres d'affaires,
14:58ce qui évidemment,
14:59vu la taille déjà de l'entreprise,
15:01est complètement considérable.
15:02Merci à tous les trois pour ces exemples.
15:04Thomas, quant à toi,
15:06tu t'attelles au flop,
15:08et tu me parles de la capacité des États
15:11à créer un cadre favorable pour les entreprises.
15:15Je vais surtout lancer,
15:16je pense que c'est un sujet
15:17qui devrait faire réagir,
15:18parce qu'on sort tout juste
15:20de deux COP successifs,
15:21sur la biodiversité et sur le climat,
15:23qui ont plutôt été qualifiés d'échecs.
15:25Et si je prends le volet
15:26de la COP du climat notamment,
15:28avec les pays du Sud
15:29qui sont en attente de financements
15:31pour pouvoir s'adapter
15:32aux dérèglements climatiques
15:33provoqués par les pays
15:34de l'hémisphère nord,
15:35qui ont qualifié d'insultants
15:37le résultat,
15:38c'est-à-dire le peu de financements
15:39qui ont été validés lors de cette COP.
15:41Et plus largement,
15:42pas que l'ensemble des États,
15:44mais des États à leur échelle individuelle,
15:46par exemple l'État français
15:48ou l'État américain,
15:49on voit bien la difficulté
15:50que peuvent avoir ces États
15:51à se mettre à la hauteur de l'enjeu
15:53et à créer un cadre,
15:54et là on se remet à l'échelle de l'entreprise,
15:55qui soit stable
15:56et qui permette aux entreprises
15:57d'anticiper, de planifier à long terme
15:59ce qu'impose la lutte
16:00contre le dérèglement climatique.
16:02Le cas en particulier
16:03que je voulais souligner,
16:04qui est très actuel,
16:06c'est l'élection très récente
16:08de Donald Trump,
16:09qui annonce,
16:10comme lors de sa première élection,
16:11vouloir sortir des accords de Paris.
16:13Ça c'est un flop au sens global du terme.
16:15Ce qui m'a intéressé
16:16dans ce cas très récent,
16:17c'est qu'il y a eu un contre-pouvoir
16:20qui s'est initié,
16:21assez inattendu en tout cas,
16:22de ma fenêtre,
16:23qui est la réaction du patron d'Exxon,
16:25qui est quand même
16:26une des plus grandes compagnies
16:27oil and gas au monde,
16:29qui réagit publiquement
16:30à cette volonté de Donald Trump
16:32de sortir de l'accord de Paris
16:33en disant, nous ne souhaitons pas,
16:34nous Exxon,
16:35que nous sortions en tant qu'État
16:36de l'accord.
16:37Pourquoi ?
16:38Parce que nous devons planifier
16:39des investissements
16:40de dizaines de milliards
16:41dans les années qui viennent
16:42et que pour que cela marche
16:43et que nos actionnaires acceptent
16:44un plan de transition aussi ambitieux,
16:46il faut que le cadre
16:47dans lequel nous opérons,
16:48national et plus global,
16:49soit stable.
16:50Donc c'est extrêmement intéressant
16:52en partant de ce flop
16:53de voir que des acteurs
16:54qui sont peut-être
16:55ceux qui sont les moins attendus
16:56aujourd'hui pour se positionner
16:57en faveur de la lutte
16:58contre les règlements climatiques,
16:59commencent à dire,
17:00là nous on a besoin
17:01de stabilité pour y aller
17:02et parce qu'on veut y aller.
17:03Sonia, je vous vois
17:04doliner de la tête.
17:05Oui, oui.
17:06Des flops,
17:07on en a tous beaucoup.
17:09Il y a un peu
17:10sur le même registre,
17:11il y a un flop
17:12qui est en train de naître
17:13en Corée du Sud
17:14autour des réglementations
17:16et des accords mondiaux
17:17autour des emballages.
17:19Je ne sais pas
17:20si ce sont les gouvernements,
17:22pas tant,
17:23plutôt les industriels
17:24qui ont débarqué en masse
17:27avec beaucoup de lobbyistes
17:30dans le domaine
17:31de la pétrochimie,
17:32de la chimie, etc.
17:33pour contrer des accords
17:35qui pourraient se mettre en place
17:37pour réduire les emballages
17:39mais le plastique
17:40de façon beaucoup plus large.
17:42Et on sait
17:43que le sujet du plastique,
17:44on est addict au plastique,
17:46on est drogué au plastique
17:47mais on va avoir besoin
17:48de se désensibiliser du plastique
17:50et les réglementations
17:52vont être essentielles
17:53pour qu'on le fasse.
17:54Et là,
17:55on a un autre exemple
17:56en France,
17:57dans le cadre
17:58de la réglementation
17:59sur les emballages
18:00pour les fruits et légumes.
18:01Je ne sais pas
18:02si vous avez vu ça.
18:03La France a été retoquée
18:04parce qu'on avait mis en place
18:06des réglementations
18:07mais qui allaient contre
18:08des réglementations
18:09qui sont en cours d'élaboration
18:10au niveau européen.
18:11Donc,
18:12les réglementations,
18:13il en faut.
18:14De la vision à long terme,
18:15il en faut.
18:16Et en même temps,
18:17ça peut aussi nous empêcher
18:18d'avancer
18:19comme c'est l'exemple
18:20des emballages en France.
18:21Pascal ?
18:22En écoutant Thomas,
18:23je me disais,
18:24oui,
18:25bien sûr,
18:26il y a l'élection de Trump.
18:27Chez nous aussi,
18:28il y a quand même
18:29un certain nombre
18:30de flops macros
18:31pour ne pas parler
18:32simplement d'entreprise.
18:33Et alors,
18:34en particulier,
18:35moi,
18:36celui qui me désespère
18:37un petit peu,
18:38c'est la multiplication
18:39des prises de parole
18:40parfois au plus haut niveau.
18:41Je pense au MEDEF,
18:42je pense au patron
18:43d'une grande banque,
18:44je ne la citerai pas,
18:45qui s'est exprimé
18:46sur le sujet récemment,
18:47les prises de parole
18:48négatives
18:49à l'encontre de CSRD.
18:50Alors,
18:51c'est vrai que CSRD,
18:52il y a sûrement des choses
18:53à regarder,
18:54et en particulier
18:55pour les entreprises
18:56de plus petite taille,
18:57celles qui sont soumises
18:58mais ne sont pas
18:59des grands groupes.
19:00Donc,
19:01il y a certainement
19:02des prises de parole
19:03négatives
19:04à l'encontre
19:05des grands groupes.
19:06En revanche,
19:07que des patrons
19:08de grands groupes,
19:09moi,
19:10je vois très bien
19:11ce qui se passe
19:12à la Maïf,
19:13et c'est évidemment pareil
19:14dans l'ensemble
19:15des grands groupes.
19:16Ça fait plus d'un an
19:17qu'on a des équipes
19:18projets
19:19qui bossent
19:20avec des consultants,
19:21et là,
19:22on arrive au bout
19:23et on va mettre en place.
19:24On y est.
19:25Remettre en cause
19:26quand on est
19:27à la tête
19:28d'un grand groupe.
19:29Aujourd'hui,
19:30CSRD,
19:31je crois que ça n'est pas raisonnable
19:32et c'est un signal
19:33qu'il faut donner.
19:34Ce qu'on peut peut-être dire
19:35pour toutes les dirigeantes
19:36et les dirigeants
19:37qui nous écouteront
19:38sur ce sujet
19:39et qui verraient peut-être
19:40d'un mauvais oeil aussi
19:41cette lourdeur administrative
19:42qui est souvent rappelée,
19:43c'est que l'étape,
19:44peut-être coeur
19:45de la CSRD
19:46qui s'appelle
19:47la double matérialité
19:48est un formidable exercice
19:49d'anticipation,
19:50de planification
19:51des risques
19:52que fait peser l'entreprise
19:53sur le climat,
19:54mais que le climat
19:55fait peser sur l'entreprise.
19:56Et ça,
19:57c'est peut-être le meilleur outil
19:58qu'elle pourrait utiliser demain
19:59pour planifier les bons investissements
20:00et s'adapter.
20:03Oui, absolument.
20:04En fait,
20:05de manière un peu générique,
20:06je vais dire qu'on a
20:07un flop général
20:08sur la compréhension du temps.
20:12C'est-à-dire que
20:13j'ai été à la…
20:15Il y a à New York
20:16tous les ans
20:17ce qu'ils appellent
20:18la Climate Week.
20:19Donc, c'est la semaine
20:20où tous les grands
20:21scientifiques,
20:22industriels,
20:23ONG, etc.,
20:24parlant du climat
20:25se retrouvent
20:26pour essayer de faire avancer.
20:27Donc, c'est beaucoup
20:28plus informel
20:29qu'une cope
20:30ou autre chose,
20:31mais il y a vraiment
20:32tous les acteurs.
20:33Et il y avait
20:34Johan Rockström
20:35qui parlait
20:36et qui exposait.
20:37Donc, Johan Rockström,
20:38c'est celui qui a l'origine
20:39des limites planétaires.
20:40Donc, de ce modèle
20:41où on sait
20:42qu'il y a
20:43à peu près
20:44neuf limites planétaires
20:45à ne pas franchir
20:46si on veut que la Terre
20:47soit en résilience,
20:48c'est-à-dire
20:49qu'elle puisse
20:50continuer
20:51à offrir
20:52les services
20:53naturels
20:54dont on a besoin
20:55en tant qu'humanité
20:56pour survivre dans le temps.
20:57Donc, il y en a neuf.
20:58Il y a
20:59la signification des océans.
21:00Il y a évidemment
21:01les gaz à effet de serre
21:02dans l'atmosphère, etc.
21:03Donc, il y en a neuf
21:04comme ça
21:05et on en a déjà franchi six.
21:06Et tous les ans,
21:07il fait ce qu'il appelle
21:08un check
21:09de la santé de la planète.
21:10Et aujourd'hui,
21:11cette année,
21:12c'était la première fois
21:13où ils arrivaient
21:14à quantifier
21:15à peu près
21:16quand les autres limites planétaires
21:17seraient franchies
21:18et quand on sortirait
21:19de ce qu'il appelle
21:20le corridor de la vie
21:21qui est les zones
21:22de température
21:23dans lesquelles
21:24la planète
21:25est en danger.
21:26Donc, il y a
21:27un check
21:28de la santé
21:29de la planète
21:30dans lesquelles
21:31la planète
21:32a toujours fonctionné
21:33avec des hommes dessus.
21:34Et on ne sait pas
21:35ce qui se passe
21:36quand on sort
21:37du corridor de la vie.
21:38Et Johan Rockström
21:39disait
21:40qu'en réalité,
21:41on a estimé
21:42le temps qu'il nous fallait
21:43pour arriver
21:44à rester
21:45dans le corridor
21:46de la vie
21:47sans que
21:48on en sorte
21:49de manière irréversible
21:50et c'est cinq ans.
21:51Voilà.
21:52Et donc,
21:53en fait,
21:54le flop générique
21:55que je ressens
21:56au quotidien,
21:57c'est cette espèce
21:58de temporisation
21:59sur des sujets
22:00où on met toujours
22:01d'autres choses
22:02en priorité
22:03alors qu'on ne comprend
22:04pas les conséquences
22:05réelles
22:06des décisions
22:07qu'on est en train
22:08de prendre
22:09et l'ampleur
22:10ou en tout cas
22:11l'ampleur
22:12qu'on devrait
22:13y donner
22:14en fait
22:15et qu'on ne donne
22:16pas suffisamment
22:17d'ampleur
22:18à ces sujets
22:19et on est toujours
22:20en train
22:21de mettre
22:22d'autres sujets
22:23en priorité
22:24alors qu'on n'a pas
22:25de temps.
22:26Voilà.
22:27Merci Marie
22:28pour ce flop
22:29improvisé,
22:30ça valait le coup.
22:31Il est temps
22:32de passer au débat.
22:37Les entreprises
22:38ne peuvent plus
22:39ignorer
22:40les effets
22:41du dérèglement
22:42climatique
22:43qui impactent
22:44à la fois
22:45leurs chaînes
22:46d'approvisionnement,
22:47leurs infrastructures
22:48et leurs équipes.
22:49Il est aussi
22:50désormais
22:51largement admis
22:52que les entreprises
22:53sont au cœur
22:54des solutions
22:55mais la question
22:56demeure comment
22:57les entreprises
22:58sont-elles prêtes
22:59à faire face
23:00à ces impacts
23:01directs
23:02et indirects
23:03du dérèglement
23:04climatique ?
23:05Alors non,
23:06elles ne sont pas prêtes
23:07c'est clair.
23:08Oui le niveau
23:09de maturité,
23:10le niveau
23:11de conscience
23:12de la nécessité
23:13d'agir
23:14et parfois
23:15de l'urgence
23:16à agir
23:17monte progressivement
23:18mais peu d'entreprises
23:19finalement
23:20sont prêtes
23:21à réfléchir
23:22de manière
23:23un peu
23:24logique
23:25à ce qui
23:26s'agit
23:27d'agir
23:28réfléchir
23:29de manière
23:30un peu fondamentale
23:31et c'est ça
23:32qui est nécessaire
23:33tout simplement
23:34à la modification
23:35de leurs chaînes
23:36de valeur,
23:37de leur manière
23:38de produire.
23:39Donc vous avez
23:40des entreprises
23:41qui,
23:42beaucoup désormais,
23:43qui font des choses
23:44à la marge
23:45à côté
23:46de leurs activités
23:47et des choses
23:48très positives
23:49mais c'est
23:50évidemment
23:51insuffisant.
23:52Le sujet
23:53c'est de changer
23:54très profondément
23:55à se représenter
23:56le fait
23:57que
23:58transformer
23:59une chaîne
24:00de production
24:01transformer
24:02la manière
24:03d'assurer
24:04son activité
24:05pour être
24:06beaucoup plus
24:07vigilant
24:08à ses impacts
24:09écologiques
24:10évidemment
24:11mais aussi sociaux
24:12d'ailleurs
24:13bien sûr
24:14ça nécessite
24:15des investissements
24:16du temps
24:17des coûts
24:18mais très peu
24:19considèrent
24:20ou se rendent
24:21compte
24:22que ça crée
24:23in fine
24:24de performances
24:25on pourra en reparler
24:26que ce soit
24:27en matière
24:28de marque employeur
24:29de marque commerciale
24:30de vision
24:31de l'entreprise
24:32par le vaste monde
24:33c'est
24:34extrêmement positif
24:35en réalité.
24:36Marie vous observez
24:37un décalage
24:38entre
24:39les attentes
24:40des investisseurs
24:41d'une part
24:42et les réels
24:43engagements
24:44des entreprises ?
24:45Moi je dirais
24:46que c'est presque
24:47en sens inverse
24:48c'est-à-dire
24:49que je vois
24:50beaucoup d'entreprises
24:51qui ont envie
24:52de bouger
24:53qui finalement
24:54n'ont pas
24:55les investisseurs
24:56ou les actionnaires
24:57qui sont en capacité
24:58de reconnaître
24:59et de valoriser
25:00les mouvements
25:01et les transformations
25:02qu'elles font
25:03ou qu'elles désirent faire
25:04c'est-à-dire que
25:05on oublie souvent
25:06que les entreprises
25:07c'est des gens
25:08en fait
25:09c'est un groupe
25:10de personnes
25:11c'est un collectif
25:12qui agit ensemble
25:13et moi ce que je sens
25:14à l'intérieur
25:15des entreprises
25:16c'est qu'il y a
25:17une dynamique
25:18de talents
25:19qui sont vraiment
25:20dans cette logique
25:21de transformation
25:22qui sont des gens
25:23qui cherchent
25:24et qui ont envie
25:25que ça arrive
25:26mais il y a
25:27un décalage après
25:28parce que souvent
25:29on n'a pas les outils
25:30que ce n'est pas
25:31ce qu'il est demandé
25:32à l'entreprise
25:33au niveau
25:34de son conseil
25:35d'administration
25:36au niveau
25:37de ses actionnaires
25:38et des contraintes
25:39financières
25:40qu'on leur pose
25:41et qui freinent
25:42un petit peu
25:43cette dynamique
25:44entrepreneuriale
25:45interne
25:46qu'il y a
25:47dans les entreprises
25:48et donc
25:49je pense
25:50que c'est
25:51ce qu'il faut
25:52faire
25:53et donc
25:54ce que je trouve
25:55c'est que
25:56alors moi
25:57j'ai vécu
25:58la transformation
25:59digitale de l'intérieur
26:00et je vois
26:01beaucoup de parallèles
26:02entre ce qui est
26:03en train de se passer
26:04maintenant
26:05et ce qui s'est passé
26:06au début
26:07des années 2000
26:08dans la transformation
26:09digitale
26:10c'est-à-dire
26:11qu'il y a
26:12beaucoup d'envie
26:13il y a beaucoup
26:14d'appétence
26:15il y a des entreprises
26:16qui sont à la pointe
26:17sur ces sujets-là
26:18et qui tracent la voie
26:19mais on n'a pas
26:20vraiment
26:21les outils
26:22c'est vraiment
26:23comment
26:24la manière
26:25dont les startups
26:26fonctionnent
26:27de manière
26:28très fluide
26:29très innovante
26:30etc.
26:31qui est la culture
26:32digitale
26:33mais ça
26:34ça repose
26:35sur des outils
26:36qui ont été mis
26:37en place
26:38entre les années 2000
26:39et les années 2010
26:40donc on est
26:41dans une phase
26:42de R&D
26:43en réalité
26:44sur
26:45ça veut dire quoi
26:46se transformer
26:47durablement
26:48quels sont
26:49les outils
26:50de la R&D
26:51et à la fin
26:52la plupart du temps
26:53les entreprises
26:54sont habituées
26:55à fonctionner
26:56à prendre des décisions
26:57en regardant le passé
26:58c'est extrêmement
26:59frappant en finance
27:00la finance
27:01fonctionne comme
27:02de l'intelligence
27:03artificielle
27:04elle regarde
27:05ce qui a marché
27:06dans le passé
27:07marché étant
27:08gagner beaucoup d'argent
27:09et elles prennent
27:10des décisions
27:11aujourd'hui
27:12basées sur les données
27:13historiques de performance
27:14et elles sont bien incapables
27:15de prendre des décisions
27:16différentes
27:17or aujourd'hui
27:18voulait le faire, elle ne pourrait pas le faire sans changer la manière de prendre
27:21des décisions.
27:22On est obligé aujourd'hui, dans les entreprises, et en particulier dans le monde de la finance,
27:28de prendre des décisions en regardant le futur, en se disant où est-ce que je veux
27:32aller, qu'est-ce que je veux construire, en comprenant aujourd'hui ce qui empêche,
27:36quelles sont les tensions qui empêchent les entreprises de pouvoir aller là où elles
27:39veulent aller, et du coup prendre ces décisions dans ce sens-là, et pas en regardant les
27:46bonnes pratiques du passé et en continuant sur ce qu'on a déjà fait.
27:49Et donc c'est vraiment pour moi, ce n'est pas un manque de volonté des entreprises,
27:54c'est un manque d'outils, c'est un changement profond de la manière dont on prend les décisions,
28:01et c'est un sujet de comment est-ce qu'on peut communiquer cette performance-là d'une
28:07manière qu'elle soit valorisée par ses autres parties prenantes et par ses actionnaires
28:13notamment, et donc l'industrie financière a un rôle massif à jouer parce qu'elle
28:17va être catalyseur de toute la transformation du reste de l'industrie.
28:22On va revenir sur les outils justement, Sonia vous accompagne des green tech industriels
28:27dans leur passage à l'échelle, mais allons droit au but, on peut concilier croissance
28:34et impact environnemental ?
28:36Ça c'est la question à un milliard ! Est-ce qu'on peut concilier croissance et impact
28:44environnemental ? Dans certains cas on peut le faire, et notamment avec des entreprises
28:49qui vont se construire en tenant compte finalement de ce dans quoi elles vivent, c'est-à-dire
28:56la planète, et qui vont intégrer dès leur développement des business models circulaires,
29:03elles vont faire de l'éco-conception, elles vont être sur des modèles d'économie
29:07de fonctionnalité, donc c'est ce qu'on les encourage à faire, elles vont mesurer,
29:12donc c'est ça qui fait que finalement oui elles vont être en mesure de concilier l'impact
29:16profit, moi j'appelle ça ou impact création de valeur financière, l'impact environnemental
29:21et l'impact social aussi, moi j'aime bien regarder ces trois dimensions qui sont essentielles
29:25et c'est ce qu'on essaie de faire avec elles, et il y a un élément qui leur permet
29:30aussi de faire ça je pense, et c'est là où ces start-up je trouve qu'elles sont
29:34aussi transformatrices pour l'ensemble du tissu économique, c'est le fait qu'aujourd'hui
29:40la transition environnementale nécessite que maintenant tout le monde coopère, on
29:44parlait de chaînes de valeur tout à l'heure, la coopération sur les chaînes de valeur
29:47est essentielle, la coopération transversale entre les différents acteurs est essentielle,
29:52et la coopération start-up green tech industrielle et entreprise est aussi essentielle, et donc
30:00finalement cette coopération permet aussi de concilier croissance, mais en fait on peut
30:07y passer des heures sur le thème de croissance, qu'est-ce qu'on met derrière croissance
30:10etc.
30:11Mais en fait se construire quand on est petit en ayant un impact positif et en étant une
30:18entreprise qui va être régénératrice c'est essentiel et c'est tellement facile quand
30:23on part de rien que c'est une super opportunité.
30:27Mais la plupart d'entreprises parlent d'un existant, d'un historique, et c'est là
30:31que parfois c'est un petit peu plus difficile, mais je voudrais rebondir en faisant aussi
30:34un lien avec l'édito et les nouveaux potentiels commerciaux, y compris que peuvent représenter
30:40les objectifs de lutte contre le dérèglement climatique, Marie évoquait le digital, il
30:43se trouve que c'est l'univers dans lequel œuvre Runner 6, il y a quelques années
30:47on a voulu commencer à réfléchir à l'éco-conception des services numériques, puisque même s'il
30:51est aujourd'hui assez peu visible, l'impact environnemental et numérique est énorme
30:56et surtout le développement exponentiel du numérique va générer des impacts considérables
31:00à l'avenir.
31:01Et en réalité, là où le bas blessait le plus, ce n'était pas tant notre propre
31:04appétence en tant qu'entreprise qui voulait s'engager, c'était l'écosystème autour,
31:09les clients, alors les investisseurs dans notre cas, on est sur une entreprise familiale
31:14donc ce n'est pas le problème, mais c'était plutôt aux côtés des clients que dès lors
31:17que l'on parle de surcoûts, évidemment le bas blesse.
31:20Et en réalité ce qui s'est passé c'est que progressivement, en avançant quand même
31:22sur le sujet par conviction, on a commencé à trouver des leviers de sobriété, donc
31:27la sobriété dit autrement c'est des économies de coûts, et que quand on a pu faire la preuve
31:31de cela et continuer à développer nos capacités à éco-concevoir en développant des services
31:35moins énergivores mais qui sont aussi des économies de coûts pour les clients, tout
31:38d'un coup ça a beaucoup mieux marché.
31:39Et c'est là qu'il faut qu'on gagne un petit peu en maturité mais que les entreprises
31:42se saisissent le plus possible en amont de leur réflexion de l'impact économique
31:46positif que peuvent générer des gains écologiques de sobriété parce que c'est le meilleur
31:50argument pour avoir des gains rapides à court terme et donc créer une dynamique qui
31:54après permet d'être plus ambitieux.
31:56Pascal, vous avez pris des engagements forts à la Maïf, dont celui de ne plus investir
32:01dans les énergies fossiles, question simple, quels bénéfices est-ce que vous en tirez ?
32:06On n'en tire pas de bénéfices financiers, par hypothèse, vous avez tout un champ de
32:13secteurs dans lesquels vous pouvez investir, si vous dites non en fait moi je ne vais pas
32:19investir dans cette partie-là, ça veut dire que par hypothèse on se prive de possibilités
32:26d'investissement.
32:27Donc, de toute façon, il n'y a pas de bénéfices financiers à en tirer.
32:31En revanche, et alors fort d'une expérience assez longue en la matière puisqu'on s'est
32:36retiré complètement en effet des énergies fossiles depuis déjà pas mal d'années
32:41et on investit massivement au contraire dans les énergies renouvelables notamment, fort
32:48de cette expérience, on peut malgré tout avoir un rendement de l'actif, comme on dit,
32:55qui soit suffisamment élevé.
32:59Nous, nos sociétaires, nous confions leur épargne sous forme d'assurance vie, évidemment
33:04on assure une rémunération à cette épargne qui est complètement dans les standards et
33:10souvent dans les standards les plus élevés du marché, donc on peut tout à fait avoir
33:17une gestion des actifs financiers qui soit complètement saine sur le plan du climat
33:23et c'est important parce que c'est un levier, en effet, Marie le soulignait, qui est extrêmement
33:28puissant et malgré tout avoir un taux de rendement qui soit tout à fait bon et par
33:35ailleurs on ne prend pas de risques de long terme d'actifs échoués, d'actifs qui vont
33:40être considérablement dévalorisés le jour où, effectivement, enfin on aura pris véritablement
33:51le virage.
33:52En fait, ce que je trouve très intéressant, c'est qu'il y a trois aspects, je trouve,
33:58à la question.
33:59Il y a un premier aspect qui est effectivement, est-ce qu'on peut avoir des nouveaux modèles
34:03économiques qui permettent de mieux valoriser même la production des entreprises ? J'aime
34:09beaucoup l'exemple de Michelin qui est souvent cité, qui a tenté une expérience de faire
34:14payer les pneus au kilomètre roulé et ils se sont rendus compte et c'est extrêmement
34:20intéressant parce que là, ce qu'on est en train de faire, c'est on est en train
34:22d'aligner le modèle économique avec l'impact environnemental et social puisque on va gagner
34:29plus d'argent si le même pneu est utilisé pour rouler plus longtemps et donc, finalement,
34:36ça limite la matière produite.
34:38Donc, il y a un sujet quand même qui est de rentabiliser la matière ou la ressource
34:43première.
34:44Donc, quand on bascule sur des modèles plus à abonnement où on est, du coup, en réduction
34:48de l'impact environnemental ou alors si on est sur des modèles économiques, nous,
34:53on a investi ça dans une entreprise qui s'appelle Fifteen qui fait des réseaux d'infrastructures
34:58de vélo électrique et en réalité, le modèle économique naturel devrait être de dire
35:05on est payé au kilomètre parcouru parce que plus on a d'utilisation de vélo électrique,
35:12plus ça crée un impact sur la santé et pas uniquement sur la santé des cyclistes
35:16mais aussi sur la santé des non-cyclistes, des citoyens dans la ville parce que ça permet
35:19de réduire la pollution de l'air qui est en fait, la pollution de l'air, c'est
35:23une des grandes sources de maladies des citoyens.
35:26Ça permet de limiter le bruit, ça rend des villes plus sûres et donc, en fait, il y
35:30a vraiment cette logique d'alignement des modèles économiques qu'il faut repenser
35:33en se disant comment est-ce qu'on peut faire en sorte que plus finalement mon produit
35:38est utilisé, plus il a un impact social ou environnemental qui est positif et moins le
35:44coût dans l'autre sens et donc c'est extrêmement intéressant de penser comme
35:48ça.
35:49Mais il y a aussi la réduction des coûts.
35:50Quand on se dit qu'en l'an 2030, dans 6 ans, les projections sont qu'il y a à
35:56peu près 40% des besoins d'eau dans l'industrie qui ne vont pas être satisfaits, on voit
35:59bien que le prix de l'eau va monter et que donc arriver à être dans un modèle
36:03de sobriété des ressources qui sont des ressources qui vont être plus rares dans
36:07le temps, que ce soit des métaux rares ou que ce soit de l'eau ou que ce soit l'énergie
36:13dont on ne sait pas comment le mix énergétique va évoluer dans le temps et le prix va évoluer
36:16dans le temps, c'est un gage de résilience et un gage d'économie de coûts dans le
36:22temps aussi.
36:23Et la troisième chose, donc il y a vraiment ce côté comment on repense les modèles
36:27pour les aligner avec l'impact, comment on utilise finalement, on revoit sa consommation
36:32de manière à ce qu'elle soit la plus sobre possible pour être en résilience et en maîtrise
36:38de ses coûts dans le temps.
36:39Et puis après il y a la question des risques, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce qui
36:44est une question du temps, on se met à risque à combien de temps, c'est-à-dire que
36:47les économies qu'on fait à court terme, combien elles nous coûtent à long terme.
36:51Et donc de vraiment se positionner, non pas dans des décisions à court terme, mais de
36:55se redire où est-ce qu'on veut aller et de penser les décisions aujourd'hui dans
36:58une économie ou dans une équation qui fait vivre la société sur son temps long.
37:04C'est d'ailleurs ce qui rend la CSRD extrêmement intéressante, parce que quand on regarde
37:08la façon dont les entreprises, les premières concernées, donc les grandes entreprises
37:11s'en sont saisies, ce sont des équipes et des services financiers qui ont traité
37:14le sujet.
37:15Alors que historiquement, les sujets dits de RSE, développement durable, étaient gérés
37:18par des services dédiés qui avaient une approche assez différente.
37:21On voit le niveau d'anticipation, de projection à long terme sur les coûts économiques
37:24de tout ça, qui je pense, et c'est pour ça qu'il faut absolument que la CSRD soit
37:27maintenue avec le niveau d'ambition actuel, permet aux entreprises de vraiment changer
37:31leur mode de pensée et de bien mieux considérer les conséquences économiques.
37:35Donc je pense prendre conscience de l'importance de désormais avoir des stratégies de décarbonation
37:40etc. qui soient hyper ambitieuses avec des gains à court terme.
37:43Sonia, l'économie circulaire et le réemploi sont des leviers de foi pour la durabilité.
37:48Mais ces modèles sont-ils réellement viables à court terme ?
37:53Alors, viables à court terme, c'est une bonne question parce que pour l'instant,
37:57ils ne le sont pas.
37:58On voit bien aujourd'hui que ce sont des activités qui sont subventionnées d'une
38:03façon ou d'une autre, que ce soit par des entreprises privées ou par des fonds publics.
38:08On a mis quand même en place beaucoup de choses.
38:11Au niveau de l'Europe et en France aussi, avec la loi AGEC qui nous met dans la bonne
38:16dynamique, notamment pour vraiment aller sur une circularisation complète de la chaîne
38:21de valeur, c'est-à-dire depuis l'éco-conception jusqu'à j'arrête de mettre dans les décharges
38:27et plutôt je vais réparer, réemployer etc.
38:30C'est une dynamique qu'il faut poursuivre, qu'il faut réussir à passer à l'échelle.
38:35Je pense que pendant un certain temps, il va falloir qu'elle continue à être subventionnée
38:39mais elle est essentielle, notamment parce que c'est un levier effectivement pour décarboner,
38:45pour utiliser moins de ressources etc. parce qu'on va moins produire.
38:48Donc oui, à court terme, ce n'est pas viable, y compris les start-up ou les grandes entreprises,
38:57mais c'est vraiment…
38:58Non, mais est-ce que vous avez des exemples d'entreprises qui intègrent ces pratiques
39:02et qui sont rentables ?
39:03Alors, on parlait de Veolia tout à l'heure, il y a des entreprises qui sont au cœur
39:11de l'économie circulaire parce qu'elles en ont fait leur activité, c'est-à-dire
39:15qu'eux collectent, trient, vont se lancer dans le réemploi etc.
39:19Donc eux, ils en bénéficient.
39:22Les entreprises, les fabricants qui mettent les produits sur le marché, pour eux aujourd'hui,
39:28l'économie circulaire, c'est peut-être important, ils ont des obligations notamment
39:34de contribuer avec des éco-participations.
39:37Mais c'est finalement un point de marge, une certaine quantité de marge qui n'est
39:48pas là et qui fait qu'ils sont très sensibles à la concurrence, notamment des produits
39:55qui viennent des pays asiatiques.
39:56Et on revient aux problématiques de réglementation, de carbone aux frontières etc.
40:02En fait, par rapport au sujet de l'économie circulaire, c'est un problème aussi extrêmement
40:08systémique qui relève de travaux et d'actions au sein de coalitions en fait, sur des chaînes
40:15de valeurs où les entreprises vont ensemble y travailler.
40:19Il y a un exemple hyper intéressant aujourd'hui, il y a les acteurs de la cosmétique qui se
40:25sont associés dans une coalition avec une société qui fait du conseil dans ce domaine
40:29qui s'appelle Circulaire.
40:30Ils ont créé une coalition pour en un an tester et mettre en œuvre du réemploi dans
40:37les cosmétiques.
40:38Donc il y a Chanel, Clarins, L'Oréal, Sephora etc.
40:44Et aussi Citeo qui est un éco-organisme.
40:47Et ensemble, ils travaillent sur comment en partageant les risques, en partageant les
40:52coûts, on va répondre à une problématique qui nous concerne tous et qui est essentielle
40:57parce que marque employeur, parce que nos clients commencent aussi à vouloir y aller.
41:02Et nous, en tant que fabricants, on a besoin de réduire nos coûts et de trouver un système
41:07qui tourne.
41:08Donc à court terme, c'est compliqué, mais moi je pense que c'est un levier essentiel
41:12et que ça va se faire.
41:14Pascal, vous encouragez, vous assurez à choisir des véhicules électriques, une démarche
41:19qui peut sembler coûteuse sur papier quand on sait que les frais de réparation sont
41:23plus courants et plus élevés que pour des véhicules thermiques.
41:27Quelle est la stratégie derrière ce choix ?
41:29La stratégie, c'est vraiment la stratégie d'impact et d'impact positif.
41:33On voit bien qu'il y a la nécessité de basculer assez rapidement, somme toute, le
41:39parc de véhicules vers l'électrique.
41:42Et donc, nous, on prend notre part en tant qu'assureurs pour aider les consommateurs
41:47à cette bascule en faisant payer moins cher, toutes choses égales par ailleurs, les
41:53détenteurs de véhicules électriques que ceux de véhicules thermiques.
41:57Alors même, vous avez raison, qu'en réalité, pour l'assureur, les véhicules électriques
42:02coûtent un peu plus cher, à la fois parce qu'il y a un peu plus d'accidents.
42:07Ce sont des véhicules qui sont très silencieux, donc en ville, on ne les entend pas
42:12arriver. Ce sont des véhicules qui, généralement, ont des accélérations assez fortes.
42:16Et puis, par ailleurs, le coût de réparation des véhicules électriques est beaucoup plus
42:20important. Et bien tant pis, on prend sur nous pour, malgré tout...
42:25Et est-ce que ça devient rentable à long terme pour la Maïf ?
42:28Écoutez, on accorde ce bonus écologique, c'est un pari.
42:35C'est aussi un pari qui permet de convaincre les détenteurs de véhicules électriques
42:42de plutôt venir chez nous que s'assurer ailleurs.
42:46Donc, c'est aussi un pari sur l'avenir et sur le développement futur de l'entreprise.
42:50Et puis, peut-être que ça peut convaincre aussi les industriels, les constructeurs
42:54automobiles européens et français de basculer aussi vers, beaucoup plus vite, vers
43:00cette mobilité. Parce qu'aujourd'hui, on voit bien qu'on est un petit peu en retard.
43:07Et ce genre d'action incitative, auprès du consommateur, je trouve extrêmement
43:13vertueuse parce qu'elle entraîne, en fait, toute la filière.
43:16Et il faut aussi que cette transition, elle vienne aussi des attentes des consommateurs.
43:21C'est essentiel.
43:23C'est même complètement essentiel.
43:25Avec Sonia, je pense qu'on était connectés parce que je voulais avoir à peu près le
43:28même rapport, c'est-à-dire qu'on a évoqué les industriels, les investisseurs, les Etats,
43:31mais pas encore les citoyens et les consommateurs dans cette affaire.
43:35Bon, voilà l'initiative de la Maïf et heureusement, il y en a d'autres, montre à
43:38quel point les entreprises ont un rôle majeur à jouer, notamment à travers le
43:41marketing, pour rendre tout ça désirable.
43:44Et j'en parle parce que comment voulons-nous réellement réussir une forme de
43:46transition et mettre les entreprises dans des conditions de pérennité à long terme
43:50si on a des citoyens qui sont constamment tambourinés par 2000 pubs par jour,
43:54qui les poussent à acheter toujours plus de trucs ?
43:56Ça ne peut absolument pas tenir et on ne peut pas d'ailleurs reprocher à ces
44:00personnes de résister ou de ne pas résister face à autant d'injonctions à
44:04consommer. Donc ce qu'a fait la Maïf là, notamment pour avoir une incitation
44:07positive et très intéressante, je pourrais citer un autre exemple d'une
44:11entreprise qui marche bien, qui est dans la circularité, qui, je pense d'ailleurs,
44:15est même devenue ce qu'on appelle une licorne, qui s'appelle Back Market, qui
44:18travaille sur une offre désirable, attractive de matériel reconditionné dans
44:23l'univers du numérique et qui s'internationalise, qui est peut-être un des
44:27plus beaux exemples récents que nous ayons, une entreprise qui se met sur le
44:30secteur, sur le créneau de la circularité autour de produits qui sont à un
44:35rythme de consommation très intense.
44:37On change de téléphone tous les deux ans en moyenne et qui arrive assez bien
44:40aujourd'hui économiquement à se développer sur ce modèle-là.
44:43Alors je voudrais intervenir sur ce point et créer un petit peu de polémique.
44:47Ça manquait ! Back Market, magnifique, très, très, très bien.
44:53Mais en fait, ce qui serait intéressant de regarder, c'est d'où viennent les
44:57produits qui sont recyclés ?
44:59Est-ce que ce ne sont pas des produits qui viennent de flottes de téléphones des
45:03États-Unis, qui vont être réparés, je ne sais où, et qu'on va importer et qui
45:09vont avoir un impact environnemental pas si bon que ça ou pas ?
45:14Je ne sais pas.
45:16On a une partie de la réponse, on le sait, mais c'est un marketplace, c'est à ce
45:20moment-là qu'on arrive à passer l'échelle.
45:22Je suis d'accord, mais il faut aussi, oui, on arrive à passer l'échelle, mais est-ce
45:26que finalement, passer l'échelle en ayant au total sur l'ensemble de cycles de vie
45:31du produit, un produit qui est recyclé, reconditionné, mais qui, finalement, a un
45:35impact peut-être moins bien qu'un produit qui va être fabriqué dans d'autres
45:41circonstances plutôt locales, etc.
45:44Donc, en fait, c'est ça aussi, je trouve, tous nos sujets, c'est qu'il faut qu'on
45:49soit vigilant aussi.
45:50Mais Thomas, je suis d'accord avec toi, c'est un bel exemple, mais c'est important.
45:59En fait, c'est un sujet sans fin.
46:02Il faut regarder, je pense aussi, l'ensemble des problématiques de cycles de vie complets.
46:07Je prends un autre exemple, c'est la machine à laver, la machine à laver, le
46:11recyclage, le réemploi des machines à laver.
46:17Une machine à laver, c'est un produit qui est essentiel aujourd'hui.
46:22Dans tous les foyers, on est très équipé.
46:26Une machine à laver, elle a une certaine durée de vie de quelques années et
46:30ensuite, soit c'est une machine à laver qui est peu réparable et qui n'a pas été
46:35éco-conçue et qui va plutôt être démantelée et ensuite, on va récupérer
46:41certains métaux et le reste, on va le mettre en décharge ou c'est une machine
46:45à laver qui a été peut-être pas beaucoup utilisée pendant le temps où elle était
46:51chez vous, qui a été plutôt éco-conçue et qu'on va pouvoir faire réparer par des
46:56structures de l'ESS et qui vont vous permettre d'avoir une machine à réemploi, etc.
47:02On a aujourd'hui des machines, on peut avoir aujourd'hui des machines qui sont
47:05remises dans le circuit, qui vont fonctionner en consommant beaucoup plus
47:09d'eau, en consommant beaucoup plus d'énergie et qui font que finalement, l'impact
47:16total n'est pas si positif.
47:18Donc, il faut qu'on continue à pousser l'économie circulaire, mais il faut aussi
47:23qu'on continue à pousser de l'éco-conception et des approches beaucoup
47:27plus vertueuses et surtout dans les territoires.
47:30En fait, l'un des points qui est un peu implicite dans ce que Sonia a dit, c'est
47:35qu'on a besoin de mesurer en fait et l'un des sujets, quand je disais qu'on a
47:41besoin des outils, c'est qu'il en existe certains aujourd'hui.
47:44Donc, SWEEP, dont on parlait au début en disant que j'étais administratrice de
47:48l'entreprise aussi, des investissements de 2050.
47:51Et c'est clairement ce type d'outil qui permet à chaque entreprise de comprendre
47:56à partir de son compte de résultats financiers, va arriver à avoir un compte
48:02de résultats extra-financiers où on peut comprendre à chaque fois quelles sont les
48:07différentes émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble de sa chaîne, c'est
48:12à dire pas uniquement sur l'entreprise elle-même, en ce qu'on appelle scope 1 et
48:152, c'est à dire voilà, mais aussi en scope 3, c'est à dire comprendre aussi les
48:19fournisseurs, comment est-ce que la chaîne de valeur, et là on commence à avoir une
48:23analyse de sa chaîne de valeur et on commence à savoir où est-ce qu'on peut
48:27agir pour limiter son impact global.
48:30Mais on a besoin pour ça, on ne peut pas juste être en bonne intention.
48:35En fait, c'est un vrai travail et c'est un vrai travail de mesure et d'analyse de
48:38ses données et de son activité et on a besoin de s'outiller pour ça parce qu'en
48:42réalité, sinon on est un peu dans le vague parce qu'il y a des impacts de partout en
48:46fait. On parle d'un impact unique d'une entreprise, mais pas du tout.
48:50Donc, arriver à avoir une vision un peu holistique ou complète de l'intégralité
48:57de la performance de l'entreprise sur les enjeux sociaux ou environnementaux dans sa
49:03globalité, c'est extrêmement important pour derrière pouvoir prendre les bonnes
49:07décisions.
49:08Chers invités, on se rapproche déjà de la fin de ce débat.
49:12J'aimerais terminer par une question collective.
49:14On commence avec vous, Pascal.
49:16Si vous deviez convaincre une entreprise hésitante à s'engager, quel serait votre
49:21argument ?
49:22Alors, moi, j'aimerais convaincre une entreprise, je vais répondre à votre
49:24question, mais j'aimerais convaincre aussi les gouvernements parce que c'est
49:28extrêmement important de créer les conditions de la transition.
49:32Convaincre une entreprise, alors là, pour le coup, de manière très, très
49:36empirique. Moi, je mesure combien.
49:39Marie disait tout à l'heure, une entreprise, c'est d'abord une communauté
49:42humaine, c'est d'abord une communauté de salariés et c'est important, le niveau
49:46de motivation, d'engagement, de fidélité des salariés.
49:50C'est important aujourd'hui sur le marché du travail que l'on connaît, d'être
49:54capable d'attirer, de recruter des talents.
49:57Clairement, ça, vous pouvez le faire avec une entreprise qui est réellement et qui
50:01est sincèrement engagée et où c'est suffisamment visible et c'est
50:05complètement essentiel.
50:07C'est la même chose avec les clients, avec l'image de marque.
50:11Moi, je peux vous dire que la Maïf, depuis quelques années maintenant, a un
50:15niveau de développement qu'elle n'avait jamais connu dans son histoire alors
50:18qu'elle a été créée en 1934.
50:20C'est dire que même pendant les Trente Glorieuses, cette période durant laquelle
50:24les ménages s'équipaient en logement, en voiture, avec en plus une croissance
50:29démographique forte et une très faible concurrence sur le marché de l'assurance.
50:33À l'époque, on n'avait pas les mêmes niveaux de développement qu'aujourd'hui.
50:37Donc, c'est bien qu'effectivement, ça attire.
50:40Malheureusement, je pense que ça ne suffira pas.
50:42En tout cas, ça ne suffira pas à aller assez vite.
50:44Il faut impérativement que les pouvoirs publics créent un environnement juridique
50:51et fiscal qui soit réellement incitatif pour que les entreprises aient un bénéfice
50:57rapide, immédiat, en termes d'accessibilité aux aides publiques, au marché public,
51:01en termes, pourquoi pas, de modulation de la fiscalité demain, pour qu'il y ait ce bénéfice.
51:07Et puis, dernier point, très rapidement, on a commencé sur l'élection de Donald Trump.
51:13C'est évidemment une catastrophe pour l'humanité.
51:18Ça peut être aussi une opportunité.
51:20Ça veut dire que derrière, on voit bien qu'on est en train de remettre en cause un
51:25modèle idéologique de libre-échange généralisé dans le monde entier.
51:30Je pense qu'aujourd'hui, on peut conjuguer transition écologique, protection d'un
51:36certain modèle social et souveraineté économique.
51:39Et le développement des mécanismes, ce qu'on appelle les mécanismes d'ajustement
51:44carbone aux frontières, c'est-à-dire de la taxe carbone.
51:46Et pourquoi pas, en mettant aussi des critères sociaux, permet de dire au reste du
51:50monde, voilà, nous, on a des standards, des standards écologiques, des standards sociaux.
51:54Si vous n'êtes pas en dessous de ces standards, il y a forcément une compensation,
51:59une pénalisation pour rentrer sur le marché européen.
52:03Et on voit bien qu'on arrive à aligner l'ensemble des intérêts.
52:07Sonia, même question ?
52:08Bien sûr, la dimension employé, collaborateur et talent, c'est essentiel.
52:16Mais je dirais aussi, pour l'avoir moi-même vécu, c'est faites-le d'un point de vue
52:22collectif, avec votre écosystème, avec vos partenaires, avec vos fournisseurs, avec
52:27vos clients et travaillez dans votre territoire.
52:31Et je pense que toutes les entreprises aujourd'hui ont beaucoup d'opportunités.
52:35Par exemple, on parlait des déchets et de l'économie circulaire.
52:37Il y a beaucoup de choses à faire pour revoir sa chaîne de valeur, travailler avec
52:43ses clients, ses fournisseurs, dans une logique de coalition d'impact, dans une logique
52:47de coopération, parce qu'en fait, ce qu'on est en train de vivre, c'est complexe.
52:52Ça peut faire peur et je suis convaincue qu'en le faisant ensemble, de façon
52:57collective, on va mieux y arriver.
52:59Nous, on fait partie avec Fine Climate, de la Convention des endroits pour le
53:02climat industrie, et on est avec une cinquantaine d'entreprises industrielles.
53:06Et en fait, on voit que ça crée une dynamique incroyable d'être avec des pairs et de
53:10voir que c'est possible de tester des choses, etc.
53:13Donc moi, ma conviction, c'est le collectif, la coopération.
53:18Marie, d'un mot, parce qu'on n'a plus beaucoup de temps.
53:21Je vais renforcer ce que Sonia vient de dire, parce que je suis parfaitement d'accord.
53:25C'est vraiment l'une des grandes différences que moi, je vois entre la
53:27transformation digitale et la transformation durable.
53:30Le digital, on pouvait se transformer à l'échelle de l'entreprise elle-même.
53:33Sur le durable, on dépend de ce que ses fournisseurs font, on dépend de ce que ses
53:36clients font. Donc, c'est une bascule de chaîne de valeur.
53:39Donc, c'est nouveau aux accords de coopération et de penser différemment la
53:44relation à sa chaîne de valeur et comment on y va ensemble.
53:47C'est super clé.
53:50Et on doit même le penser au niveau financier.
53:52Donc, je terminerai par cet exemple pour reboucler la boucle aussi sur cette
53:56entreprise suédoise dont j'ai parlé au début, qui fait du ciment.
53:59En fait, ce qu'ils font, c'est un matériau qui est un des constituants du
54:04ciment. Et comme on a besoin, quelque part, d'avoir aussi les fabricants de
54:10ciment, aussi les constructeurs et aussi les clients finaux qui soient en demande
54:15de ce matériau-là.
54:17Et on a besoin, en plus, qu'ils prennent des risques avant la création de
54:20l'usine, donc à faire des accords de pré-achat pour pouvoir financer l'usine,
54:26etc. Ce qu'on a fait, c'est qu'au moment où on a levé des fonds pour
54:30l'entreprise, avant de se basculer sur le financement de cette usine et sur
54:35l'industrialisation de ce produit, on les a fait rentrer au capital.
54:41Donc, on a Holcim au capital de l'entreprise.
54:44On a la famille Golbeck et une famille qui fait de la construction immobilière.
54:49Et on a aussi Amazon Climate Pledge Fund, qui est le client final, parce qu'ils
54:54se sont engagés à pré-acheter le matériau de Payball pour construire les
54:59murs de leur data center en Europe.
55:01Et donc, c'est un nouvel type de coalition qui n'est pas uniquement une
55:05coalition commerciale, mais qui peut aussi être une coalition d'intérêts et
55:09d'actions aréales pour aligner vraiment les intérêts de toute la chaîne et faire
55:12en sorte qu'on optimise le succès.
55:15Merci, Marie. On passe à notre dernière séquence, c'est le Good to Know.
55:23C'est bientôt la fin de cette émission et Thomas, tu nous présentes un outil
55:27déterminant, c'est la NetZéro Initiative.
55:29Oui, alors je voudrais aussi faire un lien avec la question précédente sur
55:31qu'est-ce qui pourrait motiver des entreprises à se lancer.
55:33Moi, j'aimerais surtout qu'on s'adresse à celles et ceux qui nous regarderont,
55:36qui sont des leaders dans leurs entreprises, de se rappeler que c'est
55:39peut-être le plus beau projet entrepreneurial qu'ils peuvent initier.
55:41Et c'est quand même ce qui nous fait lever le matin, je pense, Sonia, Marie,
55:45Pascal et moi et bien d'autres d'ailleurs.
55:47Et donc, lancez-vous maintenant si vous vous sentez un petit peu perdu face à
55:50l'ampleur du sujet, parfois peut-être aussi, et moi, je le vis personnellement,
55:54une forme de dépression intérieure face à l'état de ce monde.
55:56Eh bien, je vais vous donner une première option pour entrer en phase de
55:59jubilation extérieure, c'est d'embarquer vos équipes dans un projet qui soit
56:02vraiment motivant et surtout qui vous aide à planifier.
56:05Cet outil s'appelle la NetZéro Initiative.
56:07C'est un outil qui a été co-construit par une quarantaine de cabinets qui sont
56:11des experts de l'accompagnement sur des sujets de transition et de
56:13décarbonation des modèles d'affaires qui ont imaginé cette solution pour
56:17offrir un premier outil accessible, gratuit, une méthodologie et un
56:21référentiel commun pour se préparer et engager une stratégie de
56:25décarbonation de son organisation.
56:27Selon trois piliers, je m'arrêterai là-dessus, la réduction de ses propres
56:30émissions. Et d'ailleurs, on l'a évoqué, ça peut créer des économies de
56:34coûts aussi que de chercher à y mettre moins et donc à consommer moins de
56:38ressources et de matières. C'est de contribuer à des projets d'évitement,
56:41c'est-à-dire des projets qui vont retirer des gaz à effet de serre dans
56:43l'atmosphère en dehors de son périmètre.
56:45Et enfin, c'est de contribuer à des projets de captation de carbone pour que
56:49à long terme, on parvienne à atteindre l'objectif de neutralité d'ici 2050,
56:52si tout va bien.
56:54Nickel, simple, efficace.
56:55Merci beaucoup, Thomas.
56:57Merci à tous les trois.
56:58Pascal Demurger, directeur général de la Maïf, co-présidente du mouvement
57:02Impact France.
57:04Sonia Artignan-Fredoux, co-fondatrice de Fine Climate, présidente
57:08d'Ecosystem et Marie-Éclande, administratrice de SWIP et fondatrice du
57:12Fonds 2050.
57:14Et merci à vous de nous avoir suivis sur Be Smart For Change.
57:18On se retrouve le mois prochain pour un nouvel épisode.