• il y a 8 heures
Le ministre de l'Intérieur était l'invité du Grand entretien, mercredi 12 février, pour évoquer notamment la justice des mineurs. Bruno Retailleau est également revenu sur le meurtre de la jeune Louise, en Essonne, et a dénoncé un "ensauvagement de la société".

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Transcription
00:00« France Inter, Léa Salamé, Nicolas Demorand, le 7-10 ».
00:07Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le ministre de l'Intérieur dans le grand entretien du 7-10.
00:13Questions et réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application de Radio France.
00:20Bruno Retailleau, bonjour.
00:21Bonjour Nicolas Demorand, bonjour Léa Salamé.
00:23Et bienvenue sur Inter.
00:25Beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin.
00:28Le débat public sur l'identité française réclamé par François Bayrou,
00:32la remise en cause du droit du sol, votre politique sur l'immigration
00:37ou encore la lutte contre le narcotrafic.
00:41Mais pour commencer, quelques mots sur ce meurtre qui bouleverse beaucoup de monde,
00:46beaucoup de parents, celui de Louise, 11 ans,
00:49dont le corps sans vie a été retrouvé samedi à quelques centaines de mètres
00:54de son établissement scolaire à Longjumeau.
00:57L'ADN du principal suspect a été retrouvé sur les mains de la collégienne.
01:03Que pouvez-vous nous dire de plus ce matin, Bruno Retailleau, sur l'avancée de l'enquête ?
01:08Je ne dirai rien parce que vous savez que les enquêtes, bien sûr,
01:11sont diligentées par des forces de sécurité intérieure,
01:14que ce soit des gendarmes, des policiers,
01:15mais une enquête est placée sous l'autorité judiciaire.
01:19Pas sous l'autorité du ministre de l'Intérieur.
01:21Ce que je veux dire, c'est vraiment ma compassion profonde.
01:24Je suis père de famille et j'imagine la douleur de la famille.
01:29Tous les crimes sont horribles, mais celui-là semble avoir dépassé
01:33dans un certain nombre de limites d'imagination.
01:35Mais je pense que le coupable a été arrêté.
01:38Vous me permettrez quand même de saluer les forces,
01:42notamment de sécurité, les policiers,
01:45puisque en un peu plus de 48 heures simplement,
01:48le coupable pourrait avoir été confondu,
01:50si j'en juge, par les traces de l'ADN,
01:53par un certain nombre d'autres indices.
01:55Je veux vraiment les féliciter.
01:56Ils font un travail vraiment difficile.
01:58Vous êtes sûr que le coupable a été arrêté ?
02:00On n'est jamais sûr.
02:01Et très franchement, c'est le procureur de la République
02:03qui va s'exprimer ce soir dans une conférence de presse
02:05à 18 heures, qui pourra en dire plus que moi.
02:07Mais sur les motivations du suspect,
02:11on parle de jeux vidéo...
02:13J'ai entendu, j'ai entendu.
02:15Mais très franchement, peut-on tuer un enfant de 11 ans
02:20parce qu'on a perdu, parce qu'on a été contrarié,
02:22parce qu'on est frustré à force d'addiction
02:25à des jeux vidéo ?
02:27Ce qui montre bien d'ailleurs que les écrans,
02:29les jeux vidéo, il faut y faire très attention.
02:31Mais très franchement, de là à commettre
02:34cet acte absolument irréparable,
02:36c'est absolument terrible.
02:38Et ça montre un ensauvagement,
02:40ça montre quelque chose quand même de notre société.
02:43Il y a une quinzaine de jours, c'est le jeune Elias
02:45qui mourait à Paris, poignardé par un adolescent.
02:48Ce drame a relancé le débat sur la justice des mineurs.
02:52C'est justement aujourd'hui que Gabriel Attal
02:54présente à l'Assemblée nationale sa proposition de loi
02:56qui veut durcir la justice des mineurs.
02:58Comparution immédiate pour les mineurs,
03:01dérogation à l'excuse de minorité, sanction des parents.
03:03Ça va dans le bon sens, à vos yeux ?
03:06Ça va dans le bon sens.
03:07Malheureusement, c'est une proposition de loi
03:09qui a été largement détricotée en commission.
03:11Ça fait des années, moi, que je plaide
03:13pour une révolution juridique. Pourquoi ?
03:15Parce qu'aujourd'hui,
03:17et le cas du meurtrier d'Elias
03:19est absolument typique,
03:21aujourd'hui, on enferme des mineurs violents
03:23dans des parcours de délinquance.
03:25On ne veut pas leur donner des peines de prison trop tôt,
03:28et donc on attend 10, 15, 20,
03:31parfois 30 antécédents judiciaires
03:34avant que la sanction ne tombe.
03:36Pire même, vous savez ce qu'on fait aujourd'hui
03:38il y a la césure.
03:39C'est-à-dire qu'on découpe,
03:41on dissocie le moment où on va reconnaître
03:43la culpabilité pour une faute d'un mineur
03:46du moment où, plusieurs mois après,
03:48on fera tomber la sanction.
03:50Du coup, la sanction se vide de son sens.
03:52Vous savez que les magistrats
03:54et que beaucoup d'associations sont opposés
03:56à cette décision en disant...
03:58Ce ne sont pas des adultes !
04:00Ce ne sont pas des adultes,
04:01et ça détourne la justice de son rôle éducatif.
04:03Mais je suis désolé,
04:06dans notre droit constitutionnel,
04:08notamment dans nos droits fondamentaux,
04:10disent qu'il faut faire une césure.
04:12C'est-à-dire séparer le moment
04:14où vous dites « tu es coupable »
04:16du moment où on va faire tomber la sanction.
04:18Ceux qui ont des enfants,
04:20est-ce que, très franchement,
04:21est-ce que quand un gamin fait une bêtise,
04:23vous lui dites « tu as fait cette bêtise,
04:25tu es coupable »,
04:26et on verra dans trois mois, dans six mois,
04:28la peine, la sanction que je vais te donner ?
04:31C'est incompréhensible.
04:33Et je pense, là encore,
04:35qu'il faut assumer des peines courtes de prison.
04:38Des peines courtes de prison,
04:39comme le font par exemple les Pays-Bas,
04:41d'une semaine ou deux semaines,
04:43dès le premier délit grave.
04:45Parce que c'est cela qui est éducatif.
04:47On a des enfants qui ont perdu,
04:49des jeunes mineurs,
04:50qui ont perdu toute empathie,
04:52qui peuvent tuer,
04:53et quelques minutes après,
04:54aller boire sur la terrasse d'un café.
04:57Et là, je crois que la prison,
04:59la butée, elle est essentielle.
05:01Il faudrait abolir la loi de Madame Belloubet de 2019.
05:05Cette proposition de loi la remet en cause,
05:08en tout cas la proposition de Gabriel Attal.
05:10Partiellement, puisque justement,
05:12on interdit en France, jusqu'à présent,
05:14des peines de prison réelles
05:16et effectuées, justement, avant un mois.
05:19Le droit du sol.
05:20Oui, et Gérald Darmanin réclame de revenir
05:22sur ce droit du sol.
05:23Il estime que l'obtention de la nationalité française
05:27ne doit plus être automatique,
05:29c'est ce qu'il dit.
05:30Bruno Retailleau lui a un peu fermé la porte
05:33en appelant à un débat public approfondi
05:36et beaucoup plus large sur l'identité française,
05:39sur ce que c'est que d'être français.
05:42Le Premier ministre Bruno Retailleau
05:44essaye-t-il de noyer le poisson ?
05:47Non, pas du tout,
05:48parce que ce débat, il est né pour Mayotte,
05:51sur Mayotte.
05:52Je le sais très bien,
05:53nous avions d'ailleurs voté,
05:54sur la loi immigration au Sénat,
05:56une restriction, un durcissement du droit du sol
05:59qui a été ensuite censuré,
06:01pour des raisons de forme, vous le savez,
06:03par le Conseil constitutionnel.
06:05A Mayotte, c'est quoi le droit du sol ?
06:06Ce sont ces femmes qui viennent dans la maternité
06:09qui est la première de France, de Mamoudzou,
06:11pour accoucher.
06:12Elles sont souvent en situation régulière,
06:14irrégulière pardon,
06:15mais lorsqu'elles viennent accoucher,
06:17le droit du sol peut donner à leur enfant justement
06:19la nationalité à sa majorité française.
06:22C'est ça qu'il faut combattre.
06:24On entend bien, mais François Bayrou ne veut pas
06:26ouvrir la question sur le droit du sol,
06:27il veut un grand débat sur l'identité française.
06:29Ce qui fait dire à Marine Le Pen,
06:31ça fait 25 ans qu'on débatte ça,
06:33il y a une chose qui est mieux que le débat,
06:34c'est le vote.
06:35Il faut arrêter de blablater
06:36et organiser un référendum
06:37pour supprimer le droit du sol.
06:38Vous lui donnez un point Marine Le Pen là ?
06:40Je ne lui donne pas un point,
06:41puisque au moment de la loi immigration,
06:43j'avais fait voter au Sénat,
06:45une restriction du droit du sol
06:47qui ne devenait plus automatique.
06:49C'est-à-dire que c'était à la disposition
06:51de Charles Pasqua,
06:53un enfant né de parents étrangers,
06:56sur le sol français,
06:57avant sa majorité,
06:59pour devenir français,
07:00on lui demandait un acte consenti,
07:02une déclaration de sa propre volonté.
07:05C'est cela qui, pour moi, est important,
07:07pour ne pas devenir français,
07:09par hasard.
07:11De leur côté, d'autres ministres
07:13de votre gouvernement,
07:15Élisabeth Borne et Éric Lombard,
07:17ne voient pas l'urgence d'un tel débat.
07:19Éric Lombard, à l'économie,
07:21dit ainsi que le dispositif législatif
07:24actuel est tout à fait satisfaisant,
07:26je ne vois pas de raison de modifier
07:28le droit du sol.
07:29Que répondez-vous à ça ?
07:31Il vient de la gauche,
07:32donc il est conforme, si j'ose dire,
07:34à sa tradition de la gauche.
07:35Ce que je réponds...
07:36Il y a deux lignes au gouvernement ?
07:38Le gouvernement, Léa Salamé,
07:40vous le savez très bien,
07:41c'est l'union des bonnes volontés,
07:43qui ont des parcours très différents,
07:45mais qui se sont dit,
07:46le pays risque le chaos,
07:48et il faut qu'on trouve un minimum
07:50d'accords sur un certain nombre
07:52de points, le budget, etc.
07:54pour faire fonctionner la France,
07:55pour que ce ne soit pas le chaos
07:57qui gagne notre pays.
07:58Et bien entendu,
07:59on n'a pas tous les mêmes origines.
08:00Oui, mais surtout,
08:01on pourrait se demander,
08:02vous parlez des bonnes volontés au gouvernement,
08:04mais vous, Bruno Retailleau,
08:05vous êtes au gouvernement
08:06pour faire avancer les choses,
08:08selon vous,
08:09ce qui est important pour vous.
08:10Vos convictions,
08:11pour le coup,
08:12vous en avez depuis longtemps,
08:13et vous les assumez.
08:14Et ce sont les mêmes.
08:15Et vous ne pouvez pas le faire.
08:16Oui, mais vous ne pouvez pas le faire.
08:17Vous voulez remettre en cause le droit du sol,
08:19vous n'avez pas la majorité.
08:21Vous voulez faire expulser,
08:23et on va en parler dans un instant,
08:25ceux que vous souhaitez expulser.
08:27Vous n'y arrivez pas.
08:28Donc, c'est vrai qu'on peut se poser la question,
08:29pourquoi vous restez au gouvernement ?
08:31Léa Salamé,
08:32bien sûr qu'il y a plein d'obstacles.
08:34Mais moi, je vais être utile à mon pays.
08:36Et je pense pouvoir l'être, d'ailleurs.
08:38Sur le droit du sol,
08:40écoutons les Français.
08:41D'ailleurs,
08:42sur tous les sujets de l'immigration,
08:44désormais il y a un consensus.
08:45Il n'y a que le petit monde,
08:46politico-médiatique parisien,
08:48qui se dispute
08:50ou il y a des polémiques.
08:52Mais les Français, à plus de deux tiers,
08:54vous prenez tous les instituts de sondage.
08:56Dans des dizaines et des dizaines d'études,
08:5870% environ,
09:00souhaitent qu'on reprenne le contrôle,
09:02en termes d'immigration.
09:04Y compris sur le droit du sol,
09:05parce qu'on ne comprend pas qu'on puisse devenir
09:07Français comme cela, par hasard.
09:09Donc, il faut remettre de l'ordre
09:11dans notre maison.
09:12Et moi, je trouvais que
09:13faire en sorte qu'un jeune
09:15né de parents étrangers
09:17puisse assumer un consentement,
09:19c'est quelque chose qui me semble fondamental.
09:21Parce que pour moi, être Français,
09:23c'est y consentir.
09:24Ce n'est pas le hasard.
09:26C'est le fruit d'une volonté.
09:28On va parler de cet influenceur algérien,
09:31Doualem, qui avait été interpellé
09:33pour les propos violents qu'il a tenus
09:34sur les réseaux sociaux,
09:35appelant à faire souffrir
09:37les opposants algériens.
09:39Il a été mis dans un avion en direction de l'Algérie,
09:41avant d'être renvoyé en France,
09:42de voir la justice française annuler son EQTF,
09:44et même condamner l'État Humiliation Suprême
09:47à lui verser 1200 euros.
09:49Où ça en est ?
09:50Vous allez en rester là ?
09:52Il va rester en France ?
09:54Il est actuellement où ?
09:55Il est en liberté ?
09:56Et puis, est-ce que ce n'est pas tout simplement
09:57un désaveu pour vous, personnellement, Bruno Rotailleau ?
09:59C'est un désaveu pour la France et les Français.
10:01Vous avez un individu, je l'ai déjà dit,
10:03qui par deux fois
10:05entre illégalement en France,
10:07qui a été par six fois condamné,
10:09deux fois pour stupéfiant,
10:10qui emmagasine, si j'ose dire,
10:12sur son parcours, plus de 11 années
10:14et 11 mois de prison,
10:16et on est incapable de l'expulser
10:18parce que les Algériens n'en veulent pas.
10:20C'est les Algériens qui méprisent le droit international.
10:22Mais ce n'est pas ça.
10:24C'est parce que l'Algérie n'a pas respecté le droit.
10:26Le droit international,
10:28la Convention de Chicago,
10:30notre droit, l'accord bilatéral
10:32entre l'Algérie et la France est clair.
10:34Dès lors qu'on a un passeport, en plus biométrique,
10:36infalsifiable, où c'est un ressortissant algérien,
10:38le droit international,
10:40comme notre droit,
10:42imposait à l'Algérie de le reprendre.
10:44Moi, je suis stupéfait.
10:46Et on voit aujourd'hui, et y compris d'ailleurs
10:48en matière de droit public,
10:50de justice administrative,
10:52qu'il faut remettre parfois
10:54des règles dans le bon chemin.
10:56Il faut revoir le droit.
10:58L'état de droit n'est pas intangible
11:00ni sacré. C'est votre phrase
11:02à votre arrivée à Beauvau.
11:04C'est parce que certains
11:06nous présentent,
11:08appartenant à un état de droit,
11:10des règles qui, pour moi, ne sont pas intangibles.
11:12Par exemple, lorsque la jeune
11:14Philippine est violée,
11:16est tuée,
11:18assassinée par un ressortissant
11:20marocain, si nous avions
11:22pu, par exemple, avoir
11:24une durée de rétention dans les centres de
11:26rétention administrative plus longue,
11:28elle serait en vie. Donc moi, je veux
11:30modifier les règles de droit quand elles ne
11:32protègent pas les Français.
11:34Pareil pour les sortants de prison.
11:36On a le cas de cet individu
11:38qui est à Lure.
11:40Il est sorti de prison. D'ailleurs, il n'a pas fait son
11:42quantum. Il a été condamné
11:44quand même pour la préparation d'un acte
11:46terroriste. A neuf ans de prison, il n'en fait que six.
11:48Pourquoi est-ce qu'on diminue les peines
11:50en France comme cela pour des gens qui sont dangereux ?
11:52Et ensuite, on n'a pas le droit de le retenir
11:54alors qu'il est dangereux.
11:56Par trois fois, on a fait des tentatives législatives
11:58pour avoir des peines de sûreté,
12:00des peines de rétention, notamment pour des
12:02individus dangereux. Par trois fois,
12:04le Conseil constitutionnel a censuré.
12:06Il faut que le droit
12:08protège les Français.
12:10On va passer au standard où Christophe
12:12nous attend. Bonjour.
12:14Vous êtes magistrat ?
12:16Oui, tout à fait. Expliquez-nous.
12:18Bonjour Nicolas Demorand, bonjour monsieur le ministre.
12:20Je suis magistrat
12:22administratif au tribunal administratif
12:24de Melun. Ça doit vous parler.
12:26C'est le tribunal qui a annulé l'obligation de quitter
12:28le territoire français prise à l'encontre de l'influenceur
12:30algérien, monsieur Doualem. Je voulais
12:32juste vous rappeler, monsieur le ministre, que le jugement
12:34qui apparemment a eu l'air de vous contrarier,
12:36le jugement d'annulation de l'OQTF
12:38n'est que la stricte application du droit.
12:40Le magistrat n'a fait qu'appliquer la loi,
12:42toute la loi, rien que la loi. Et notamment
12:44l'article L432-12
12:46du Code des étrangers, qui dispose
12:48que lorsqu'un étranger est titulaire
12:50d'une carte de résident et que l'administration
12:52y retire sa carte de résident de 10 ans,
12:54à ce moment-là, il ne peut pas
12:56faire l'objet d'une OQTF. Il ne peut pas
12:58faire l'objet d'une OQTF. C'est la loi
13:00qui le dit. C'est pas le magistrat qui l'a
13:02décidée tout seul dans son coin. Voilà.
13:04Je rappelle juste à monsieur le ministre
13:06que cette loi, elle a été votée, avec un peu
13:08de malice quand même, cette loi, elle a été votée
13:10en janvier 2024. Cet article,
13:12le L432-12, il n'existait pas
13:14auparavant. Il a été voté en janvier
13:162024, dans le cadre de la dernière
13:18loi Immigration, en attendant la prochaine,
13:20il a été voté par
13:22le groupe LR du Sénat,
13:24dont monsieur Retailleau était le président.
13:26Donc, si cette loi ne lui convenait pas,
13:28il ne fallait pas la voter. Mais maintenant, la loi,
13:30elle est dans l'ordonnancement juridique,
13:32le magistrat ne sait que l'appliquer.
13:34Je voudrais juste également dire une chose.
13:36Rapidement, Christophe, s'il vous plaît.
13:38Depuis maintenant, 3-4 jours, au tribunal
13:40administratif de Melun, c'est un déchaînement de haine
13:42sur les réseaux sociaux, de toute la
13:44fachosphère. La présidente, on a
13:46appelé à la pendre au écourt,
13:48le premier vice-président a le décapité, etc.
13:50Il y a même des individus
13:52qui ont été sur Internet, à partir d'un organigramme,
13:54essayer de penser
13:56qui pouvait être l'auteur de ce jugement,
13:58qui, encore une fois, n'est que l'application de la loi,
14:00strictement de la loi.
14:02Le genre de commentaire, c'est
14:04lui, il a un prénom maghrébin,
14:06ça peut être lui. Elle, elle a un nom
14:08à consonance espagnole ou portugaise,
14:10ça doit être elle. Alors qu'en plus, elle est greffière,
14:12elle ne prend pas de jugement.
14:14Voilà où on en est aujourd'hui.
14:16Simplement parce qu'un magistrat ne sait qu'appliquer la loi.
14:18Et si cette loi ne plaît pas au ministre,
14:20qu'il la change.
14:21Merci Christophe. Qu'est-ce que vous lui répondez, Bruno
14:24Rejaillot ?
14:26Je veux lui dire qu'il ne se sent pas visé.
14:28Je ne l'ai jamais visé.
14:30Je viens d'expliquer précisément que
14:32on a construit, notamment sur le droit des étrangers,
14:34un échafaudage juridique
14:36qui protège tellement les étrangers,
14:38parfois en situation irrégulière,
14:40que l'état régalien,
14:42lui, est désavoué.
14:44Ce n'est pas les magistrats que je critique.
14:46Je critique simplement des textes
14:48dont il va falloir revoir profondément
14:50un certain nombre de règles.
14:52Ça m'étonne,
14:54peu importe. En tout cas, quand on constate,
14:56c'est l'expérience.
14:58On avance par l'expérience.
15:00Quand l'expérience nous montre qu'une règle
15:02n'est pas adaptée, il faut être pragmatique.
15:04Il faut changer la règle. Voilà tout.
15:06Je pense que
15:08ce que je conteste, vous voyez,
15:10c'est un déséquilibre. J'en parlais, par exemple,
15:12pour la censure du Conseil constitutionnel qui n'a pas permis
15:14aux législateurs, à trois reprises,
15:16pour des individus terroristes dangereux
15:18qui sortent de prison, de mettre des peines de sûreté.
15:20Je pense que le déséquilibre,
15:22il est celui-là. Il est le déséquilibre
15:24entre la protection individuelle
15:26de gens qui sont dangereux
15:28et la protection des Français, de la société.
15:30Je pense que le curseur,
15:32il faut qu'on le mette un peu plus du côté
15:34de la protection des Français, plutôt qu'un peu
15:36plus du côté de la protection
15:38de ces individus qui sont dangereux.
15:40C'est ce que nous demandent les Français.
15:42Et comme ministre de l'Intérieur, ne me demandez pas
15:44autre chose que de vouloir, que de pouvoir,
15:46y compris parfois contre le droit,
15:48qu'il faut alors changer, protéger
15:50la société française.
15:52Bonjour Stéphane.
15:54Vous êtes fonctionnaire de police depuis 30 ans.
15:56Depuis 30 ans,
15:58et plus spécialement chargé de la lutte contre
16:00les stupéfiants.
16:02Ça fait 20 ans maintenant
16:04que j'interpelle différents ministres de la Justice
16:06et de l'Intérieur sur les antennes de France Inter,
16:08sur la réforme de la procédure pénale,
16:10la simplification nécessaire,
16:12indispensable de la procédure pénale
16:14qui permettra vraiment de lutter
16:16contre le trafic de stupéfiants.
16:18Et puis une dernière remarque sur la
16:20dernière réforme de la police judiciaire
16:22qui est venue justement
16:24accroître les difficultés en termes
16:26de lutte contre le narcomanditisme.
16:28Je voulais savoir si le ministre de l'Intérieur
16:30allait faire en sorte que la
16:32procédure pénale soit vraiment simplifiée
16:34pour permettre aux policiers de faire leur travail correctement.
16:36Merci beaucoup Stéphane.
16:38Bruno Retailleau vous répond.
16:40Excellente question. Les policiers
16:42et les gendarmes sont dans un étau.
16:44Il y a de plus en plus de violences
16:46et la procédure est de plus en plus lourde.
16:48Ils perdent du temps justement
16:50dans des procédures qui les amènent vraiment
16:52à passer plus de temps administratif
16:54plutôt que sur la voie publique. Ce que je veux lui dire
16:56c'est qu'il y a un acte très important
16:58qui s'est passé au Sénat il y a quelques jours puisque
17:00à l'unanimité les sénateurs
17:02ont voté un texte qui va
17:04tout refonder en matière de lutte contre
17:06la criminalité organisée
17:08avec une organisation nouvelle
17:10de l'État, un parquet national
17:12spécialisé, un état-major
17:14notamment pour réunir dans un même
17:16lieu à Nanterre les services
17:18d'enquête, les services de renseignement
17:20de quatre ministères concernés
17:22et avec des nouvelles procédures plus simples
17:24contre le blanchiment, bien sûr
17:26contre la corruption. Un dossier
17:28qu'on appelle grossier coffre pour que
17:30les criminels, ces grands criminels
17:32n'aient pas accès aux informations qui sont fondamentales.
17:34Vous allez y arriver ou c'est trop tard ?
17:36On avait Roberto Saviano à votre micro
17:38la semaine dernière qui disait
17:40enfin la France ouvre les yeux
17:42sur le narcotrafic. Oui il y a
17:44des mafias en France. Vous n'osez pas
17:46employer le mot de mafia, vous parlez de gang
17:48ou de deal, de grand
17:50banditisme, etc. Non,
17:52il y a des mafias, il y a des mafias internationales
17:54des cartels, la France y appartient
17:56pendant longtemps. Il disait, bon la gauche
17:58n'a jamais voulu voir le problème, quant à la droite
18:00elle expliquait que c'était pas le problème
18:02français, c'était les pays sous-développés
18:04c'était les Marocains, c'était les
18:06Italiens, c'est ses mots à lui.
18:08Vous vous êtes voilé la face et est-ce que
18:10vous allez y arriver ou c'est trop tard ? Écoutez, c'est moi qui
18:12il y a deux ans ai demandé une commission
18:14d'enquête sur le narcotrafic quand j'étais sénateur
18:16et le texte qui a été
18:18voté la semaine dernière provient
18:20justement de la conclusion, des conclusions
18:22de cette commission d'enquête. Il y a un tsunami
18:24blanc qui est en train de submerger la France
18:26on a en 2023
18:28la saisie de cocaïne, 23 tonnes
18:30un an plus tard, plus du double
18:3247 tonnes. Cette nuit
18:34des douaniers à Lille
18:36plus de 400 kilos
18:38les drogues les plus dures sont disponibles
18:40partout, pas seulement en ville, dans les quartiers
18:42mais aussi en milieu rural, dans nos villages
18:44tout le temps avec le huberchit.
18:46C'est une menace fondamentale, ce que je veux dire
18:48aujourd'hui, c'est que les
18:50narcotrafiquants utilisent des
18:52jeunes, ils sont de plus en plus jeunes et donc
18:54le narcotrafic ce sont
18:56des jeunes soldats
18:58des soldats qui sont mineurs
19:00qui sont recrutés et les tués
19:02sont de plus en plus jeunes et il y a une
19:04menace sur nos institutions avec
19:06notamment la corruption. Oui, nous allons y mettre
19:08un terme. Ce que nous avons fait, ce que nous allons
19:10faire avec cette nouvelle organisation
19:12cet arsenal juridique
19:14c'est exactement ce que nous avons fait
19:16contre le terrorisme il y a 10 ans
19:18et ça a fonctionné. L'an dernier
19:20je rappelle, 9 attentats
19:22terroristes qui ont été déjoués
19:24pas de morts. Je ne veux pas dire que demain
19:26il n'y aura jamais d'attentats mais nous nous sommes
19:28réarmés. Il faut que l'état régalien
19:30celui pour lequel je plaide
19:32qui protège les plus faibles
19:34de la loi du plus fort. C'est en culpabilisant
19:36les consommateurs comme vous le faites. Vous avez lancé
19:38une grande campagne pour expliquer que fumer un joint
19:40ou prendre un rail de cocaïne c'est d'avoir du sang
19:42sur les mains. C'est comme ça que vous allez changer les choses vous pensez ?
19:44Eh bien oui. J'assume
19:46j'assume aussi
19:48de sortir de cette culture
19:50récréative un peu
19:52bobo et j'assume de dire
19:54aux consommateurs
19:56s'il y a des trafiquants c'est parce qu'il y a
19:58des consommateurs. S'il y a
20:00une offre c'est parce qu'il y a une
20:02demande et moi j'en ai marre de voir ces jeunes
20:04je me souviens à Marseille
20:06un gamin de 15 ans, lardé de 50
20:08coups de couteau, achevé
20:10par le feu. Ils l'ont brûlé vif
20:12je me souviens de cet enfant
20:14il en réchappe mais avec quels séquelles
20:16à Rennes, 5 ans, 2 balles
20:182 balles dans la tête, tiré par là encore
20:20un mineur de 14 ou 15 ans. J'en ai
20:22marre. Donc je dis aux françaises
20:24et aux français, responsabilisez-vous
20:26voilà. On ne peut pas disjoindre
20:28la consommation de la demande. Que ça
20:30plaise ou non, je le dis
20:32et on le montre pour la première fois dans une
20:34campagne. Campagne payée
20:36campagne payée par l'argent
20:38de la drogue, par la saisie
20:40des biens des narco-racailles
20:42Bruno Retailleau
20:44quelques mots sur la fin de vie
20:46hier à ce micro la ministre
20:48du travail de la santé des Solidarités
20:50Catherine Vautrin nous disait que le choix
20:52de François Bayrou de scinder
20:54le texte en deux avec d'un côté
20:56les soins palliatifs, de l'autre
20:58l'aide active à mourir
21:00n'était pas actée. L'Elysée
21:02est sur un seul texte, disait-elle
21:04et elle-même qui vient de la droite
21:06comme vous, dit aussi clairement préférer
21:08un texte et un seul. Qu'est-ce
21:10que vous lui répondez ? Qu'elle a tort ?
21:12Que c'est François Bayrou qui a raison ?
21:14J'approuve totalement le
21:16Premier ministre François Barriot. Nous en avons
21:18parlé à plusieurs reprises et
21:20je ne vois pas ce que cela enlève
21:22d'avoir deux textes plutôt qu'un
21:24d'avoir qu'un seul texte, c'était
21:26une confusion. Il y a des
21:28centaines de milliers de soignants
21:30qui nous ont dit attention, c'est deux choses différentes.
21:32Aujourd'hui, ce qu'il faut
21:34c'est qu'on ait des soins palliatifs partout
21:36en France parce qu'il y a des centaines
21:38chaque jour de Françaises
21:40qui meurent dans la souffrance parce
21:42qu'ils ne disposent pas de soins palliatifs.
21:44C'était une ligne rouge pour vous, vous avez
21:46dit je quitte le gouvernement si le texte
21:48n'est pas scindé en deux. Non, j'avais
21:50indiqué que je ne souhaitais pas qu'un
21:52PJL, un projet qui viendrait du gouvernement
21:54à objet unique soit évidemment
21:56ce qui n'est pas le cas.
21:58Ce qui n'est pas le cas, ce que je veux dire
22:00c'est que au moment de la mort
22:02d'abord il y a la conscience intime
22:04et que Catherine Vautrin pense
22:06différemment du Premier ministre ou de moi
22:08ça ne me choque pas du tout.
22:10Elle vient de la droite comme vous.
22:12Oui mais sur ces questions, elles sont encore une fois
22:14des questions de conscience
22:16et je crois que chacun doit apporter sa réponse
22:18simplement la réponse que moi j'apporte
22:20c'est qu'on ne doit pas laisser souffrir
22:22les gens quand ils vont mourir. Les soins
22:24palliatifs c'est d'abord le remède.
22:26Un mot sur
22:28Emmanuel Macron qui choisit
22:30Richard Ferrand pour succéder à
22:32Laurent Fabius à la tête du conseil constitutionnel
22:34c'est un bon candidat à vos yeux ?
22:36Je ne me prononcerai pas parce que
22:38désormais les trois présidents
22:40de la République, les deux présidents des assemblées
22:42ont mis sur la table trois noms
22:44et maintenant c'est
22:46le Parlement qui va devoir
22:48déterminer si ce sont des bons
22:50candidats. Vous préférez
22:52Langue de bois ce matin ?
22:54Non, c'est la séparation des pouvoirs
22:56si jamais j'entrais
22:58dans cette discussion
23:00on me dirait mais il est ministre
23:02c'est l'exécutif.
23:04Et je le garde pour moi.
23:06Léa Salamé.
23:08Un mot sur votre parti LR. Depuis octobre
23:10Laurent Wauquiez, chef des députés LR s'est lancé dans le chantier
23:12de la refondation du parti. Il y aura bientôt un congrès
23:14avec l'élection du nouveau président de LR. Vous êtes candidat ?
23:16Si je devais l'être
23:18ce n'est pas ici que je l'annoncerais.
23:20Et pourquoi donc ?
23:22C'est devant les militants si je devais l'être.
23:24Si je dois être amené à prendre
23:26cette décision, c'est les militants.
23:28Je la réserverai aux militants.
23:30Vous avez décidé ?
23:32Ah ça c'est mon fort intérieur qui ne peut pas vous le dire.
23:34Laurent Wauquiez il s'inquiète là.
23:36Il vous rappelle
23:38le deal que vous avez passé à toi
23:40d'incarner la droite au gouvernement, à moi
23:42de reconstruire notre famille politique.
23:44Si tu romps cet accord Bruno, tu porteras
23:46la responsabilité d'allumer une guerre des chefs
23:48qui sera dévastatrice.
23:50Non mais la démocratie a été inventée
23:52en Grèce et on l'a en France
23:54pour éviter la violence justement.
23:56Voter ça n'est pas diviser.
23:58La démocratie c'est au contraire faire des choix
24:00et on verra bien
24:02quel sera le choix des uns et des autres
24:04mais tant que je ne suis pas candidat
24:06je l'étais avec M.Siotis à l'époque
24:08est-ce qu'il y avait eu une guerre des chefs ?
24:10Est-ce qu'il y avait eu du sang sur les murs ?
24:12Je pense qu'on a besoin et je le vois bien
24:14et pas que moi mais on l'a vu
24:16aussi dans des résultats
24:18des élections législatives partielles, municipales
24:20la droite retrouve des couleurs
24:22et je pense qu'il faut vraiment refonder un grand
24:24parti de droite qui accepte de s'élargir.
24:26Il y a un goût parce que les Français
24:28viennent vers nous parce que je pense qu'ils
24:30adhèrent à nos solutions et à nos propositions.
24:32Une dernière, que pensez-vous
24:34de l'idée d'une grande primaire
24:36du centre et de la droite comme le souhaite
24:38le maire de Cannes, David Lissnard ?
24:40Très franchement
24:42je me consacre à ma tâche, 2027
24:44c'est beaucoup trop loin
24:46donc je ne m'embarrasserai pas avec ce genre de questions
24:48que je n'ai pas résolues non plus en plus au moment où
24:50je vous en parle. Mais vous vous tâtez quand même
24:52tout le monde dit que vous vous préparez, c'est ce que
24:54dit votre entourage.
24:56Mon entourage, je l'ai dit
24:58c'est le seul entourage que je connais, c'est mon tribunal
25:00intérieur. Et alors il en est où ?
25:02Comment va le tribunal intérieur ?
25:04Que dit le tribunal intérieur ?
25:06Eh bien il n'a pas délibéré et je crois
25:08que ma force vient de ma liberté
25:10la liberté de dire
25:12ce que je pense, je crois que
25:14on peut me critiquer, je comprends
25:16parce que j'ai des options qui sont fortes, j'ai des convictions
25:18que j'assume, elles sont cohérentes depuis
25:20longtemps, mais au moins on ne peut pas
25:22dire, il en change en permanence
25:24ce que je veux simplement dire, c'est que ma liberté
25:26c'est cette force et cette force aussi
25:28c'est que je ne suis pas dans le coup d'après.
25:30Je me consacre totalement à ma tâche.
25:32Merci Bruno Retailleau
25:34d'avoir été au micro d'Inter ce matin

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