• il y a 22 heures

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00:00Bonjour à tous et bienvenue ce matin sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et sur CNEW jusqu'à 10h30 pour l'heure des pros.
00:06Morte à 11 ans pour avoir croisé un homme de 23 ans qui sortait d'un jeu vidéo.
00:14Assassinée à 11 ans parce que l'homme avait essuyé une défaite face à l'écran.
00:20Parce qu'il ne supportait pas cet état de frustration.
00:23Parce que seule la violence répondait à son insatisfaction.
00:28Voici le scénario, l'hypothèse qui se dessine pour expliquer l'inexplicable.
00:34Un homme comme il en existe tant, hier comme aujourd'hui.
00:38Un homme que la furie emporte et qui tue.
00:41Sans mobile apparent.
00:44Que dire sinon que le mal existe ?
00:46Qu'il ne semble parfois avoir aucune cause ?
00:50Qu'il plonge les uns et les autres dans un état de sidération, d'incompréhension, de tristesse et de colère bien sûr.
00:57Pourquoi ? Pourquoi Louise ? Pourquoi elle ?
01:01J'entends depuis hier les témoignages des uns et des autres.
01:04Tous rapportent la même incrédulité et le même questionnement.
01:08Pourquoi ?
01:10L'assassinat d'un enfant déclenche une vague d'émotions qui unit tous les français dans le malheur.
01:15Tous sont concernés.
01:17La mort de Louise n'échappe pas à la règle comme hier Philippe Bertrand ou Grégory Villemin.
01:23Et c'est bien sûr à elle et à sa famille que toutes nos pensées convergent ce matin.
01:28Il est 9h01, Chana Lusto.
01:309h, 9h30, l'heure des pros sur CNews et Europe 1.
01:44Tous le principal suspect dans le meurtre de Louise est toujours en garde à vue ce matin.
01:49Sa culpabilité se précise.
01:51Son ADN a été retrouvé sur les mains de la collégienne.
01:54Cet individu, Owen L., âgé de 23 ans, habite dans le même quartier que Louise et sa famille,
02:00a épigné sur Orges et selon une information du Parisien,
02:03il serait déjà connu de la justice, notamment pour avoir frappé sa propre sœur.
02:08Les suites de l'enquête sur la Rix a damarri l'hélice pendant un match de foot amateur.
02:13Un joueur du club de mot a passé la nuit en prison.
02:15Il a été mis en examen et écroué hier pour tentative d'homicide.
02:19Il a 19 ans. C'est lui qui est suspecté d'avoir poignardé l'un des assaillants.
02:23La victime, toujours placée dans un coma artificiel,
02:26était venue avec d'autres individus pour en découdre avec l'équipe de mot.
02:30Et puis, le projet de loi pour renforcer la sécurité dans les transports a été adopté hier soir à l'Assemblée.
02:36Le texte, porté par le ministre Philippe Tabarro, permet notamment aux agents de sécurité
02:41de faire des palpations ou encore aux contrôleurs de porter des caméras piétons.
02:45En revanche, la création d'un délit pour les individus qui commettent des incivilités à répétition a été rejetée.
02:51Députés et sénateurs vont maintenant devoir s'entendre sur une version finale du texte en commission mixte paritaire.
02:56Voilà pour l'essentiel de l'information. C'est à vous, Pascal.
02:59Merci beaucoup, Chana Lusso.
03:01Sarah Salman est avec nous ce matin, comme Célia Barotte, Eric Nolo, Joachim Lefloquimade,
03:07Olivier Delagarde qui vient régulièrement nous voir et Jean Dorideau, vous êtes psychologue
03:12et quand je dis expliquer l'inexplicable, est-ce que vous pourrez nous apporter quelques éléments de réflexion ?
03:17Je voulais qu'on commence cette émission par Naïma M. Fadel,
03:20parce que son émotion, finalement, résume celle de beaucoup de personnes qui suivent cette affaire.
03:28Et hier soir, elle était sur le plateau de CNews avec Gauthier Rillet-Lebray
03:33et elle a parlé comme une mère qui, aujourd'hui, est inquiète.
03:38Je ne l'ai jamais fait. Je ne l'ai jamais fait attracer, mes enfants. J'ai quatre enfants.
03:43J'ai ma gamine de 25 ans, je la trace maintenant. T'imagines ? T'imagines ?
03:49Donc venir dire comme ça, d'une manière tout à fait détachée, on ne peut pas être détaché.
03:54Parce qu'aujourd'hui, dans notre pays, on est en insécurité. On a peur pour nos enfants.
04:00Moi, la petite Louise, ça aurait pu être mon enfant.
04:03Et quelques années, quand je l'ai laissé rentrer de l'école, en primaire déjà, ils allaient à l'école, ils rentraient de l'école.
04:09Là, j'ai une gamine de 25 ans que je géolocalise. Et elle le sait.
04:14Voyez ? Et je lui dis, tu prends un Uber. Le soir, quand tu es fini à 11h, tu prends un Uber.
04:20Et je veux que quand tu rentres, tu me le dises.
04:22Et quand je m'endors, je me réveille pour regarder si ma gamine est bien rentrée à la maison.
04:28Voilà la situation dans laquelle on est aujourd'hui.
04:31Donc il faut savoir entendre cette douleur aussi et notre peur.
04:34Et nos politiques doivent se saisir de tout cela.
04:37Et moi, le docteur Maurice Berger, je travaille avec lui, je le connais bien.
04:41Quand il me dit qu'il y a des gamins qui, aujourd'hui, tuent à 13 ans, 14 ans,
04:45et qu'on laisse faire, et qu'ils s'attaquent.
04:49Les gamins qui ont tué le petit Elias.
04:51Les gamins qui ont tué le petit Elias.
04:53Ils avaient déjà fait des agressions avec violence, extrême violence.
04:57Et là, on leur dit, c'est pas grave, tu reviendras.
05:00Mais comment ? Il faut protéger nos enfants, les innocents.
05:04C'est eux qu'il faut protéger en premier.
05:06C'est évidemment ce qu'on apprendra dans l'enquête.
05:09Mais lorsqu'on apprend que ce jeune Owen avait déjà frappé sa sœur,
05:12ça pose toujours le même problème.
05:14Quelle réponse apporter à la violence des jeunes gens ?
05:18Et c'est ça qui sera au cœur des conversations, sans doute, ces prochaines minutes.
05:24Mais Célia Barotte, où en est l'enquête ce matin ?
05:27Ce matin, je disais, ce scénario qui se dessine avec ce jeu vidéo
05:32que les uns et les autres connaissent, qui s'appelle Fortnite.
05:35Fortnite, oui, c'est un jeu vidéo très connu.
05:39Alors, aujourd'hui, ce que l'on peut vous dire, Pascal,
05:43c'est que le jeune homme a commencé à s'exprimer, à s'expliquer.
05:46C'est pour cela aussi qu'il y a eu une prolongation de la garde à vue.
05:49Les enquêteurs essayent de faire pression sur lui
05:51afin d'avoir les réponses à toutes ses questions,
05:54notamment sur le mobile, retracer aussi son parcours
05:57pour savoir comment il a pris contact avec Louise lorsqu'elle rentrait du collège.
06:01En prolongeant sa garde à vue, les enquêteurs vont établir plusieurs pistes.
06:06Alors, à ce stade, la thèse d'un crime de sexe est écartée
06:10parce qu'aucune trace de viol n'a été mise en évidence sur le corps de Louise.
06:14Le téléphone de Louise ayant été retrouvé, la piste d'un crime crapuleux,
06:18également, c'est une piste qui n'est pas privilégiée.
06:21Et il y a cette autre piste d'un coup de colère suite à un échec sur le jeu vidéo.
06:26Et donc, par colère, il s'est vengé et il s'est acharné sur le corps de Louise
06:31puisque plusieurs traces de coups à l'arme blanche
06:35ont été retrouvées sur le corps de la jeune fille.
06:37Ce scénario, Jean Dorido...
06:41Alors, je n'ai pas de statistiques,
06:44j'ai l'impression d'avoir jamais entendu une affaire comme celle-là.
06:48J'ai ce sentiment.
06:50Alors, c'est-à-dire, en fait...
06:52Et je rappelle que vous êtes psychologue.
06:54Dans le déclencheur du passage à l'acte criminel,
06:56il y a énormément de facteurs qui peuvent intervenir.
06:59Maintenant, c'est un fait que le jeu, ça peut rendre fou.
07:04La littérature s'en est emparée il y a bien longtemps,
07:07Dostoïevski, Stefan Zweig.
07:09C'est un fait que quelqu'un qui joue toute la journée,
07:12qui, à la manifestation de ce que l'on sait, là, à l'heure actuelle,
07:15de ce jeune Owen, c'est un garçon qui ne travaille pas,
07:19qui, effectivement, passe des heures considérables
07:22à jouer derrière son écran, qui va jouer dans un PMU.
07:26Donc, si vous voulez, il a 23 ans.
07:29Donc, l'enquête va déterminer ce qui a bien pu se passer
07:33pour comprendre.
07:35Maintenant, ça, c'est un fait,
07:37même dans la littérature scientifique internationale.
07:40On appelle ça le gaming disorder, en anglais,
07:43le fait d'avoir des troubles psychiques
07:46de par un usage très excessif du jeu en ligne.
07:49Oui, c'est quelque chose qui est documenté
07:51et qui peut créer les conditions d'un passage à l'acte
07:54criminel et odieux.
07:56Surtout que, pour ajouter sur sa personnalité,
07:58on a appris qu'il était sans emploi,
08:01qu'il passait ses journées au bar tabac, PMU de la commune.
08:05Ses journées étaient rythmées entre les jeux vidéo,
08:08un passage à la supérette et être en terrasse au bar tabac.
08:11Mais tout ce que j'entendrai ces prochaines minutes,
08:15ne justifieront jamais cela
08:18ou n'expliqueront même jamais cela.
08:21Quand je dis que c'est inexplicable...
08:24Ils ont bon dos, les jeux vidéo, pardonnez-moi,
08:26mais à chaque fois, on nous dit que c'est les jeux vidéo.
08:28Moi, j'ai beaucoup joué aux jeux vidéo.
08:30Je vais vous dire que je n'ai jamais tapé personne.
08:32À chaque fois, on nous dit que nous ne nous inquiétons pas,
08:34qu'on jouait beaucoup.
08:35Finalement, quand on joue aux jeux vidéo,
08:36on voit et on reproduit.
08:37Non, ça, c'est... Je ne suis pas psy,
08:39mais vous ne pouvez pas croire...
08:41Ça veut dire qu'il y a un terreau psychiatrique
08:44très fort qui est peut-être accentué par les jeux vidéo.
08:48Mais il faut arrêter de dire...
08:49Parce qu'on a joué aux jeux vidéo, on tue quelqu'un.
08:51Écoutons Bruno Retaio qui s'est exprimé.
08:54Pas vous, mais il y a beaucoup de gens qui le disent.
08:56Il faut comprendre que l'excès est très toxique
08:58et vous avez des substances,
09:01l'alcool, la cocaïne, le cannabis,
09:04la drogue en général,
09:05ça peut créer les conditions d'un passage à la supérette.
09:08Le responsable du crime,
09:13la justice quand même fait son travail.
09:15Le responsable du crime, c'est évidemment le criminel.
09:18Je voulais vous faire écouter.
09:20Hier, on était avec Gilbert Collard
09:23qui a parlé de la jouissance de l'assassin.
09:26Il a dit une chose que moi, je n'avais jamais entendue.
09:29Il a été donc 50 ans avocat.
09:32Aucun de ceux qu'il a défendu n'ont regretté leur geste.
09:36Il m'a sidéré quand il a dit ça.
09:38Donc, je vous propose d'écouter Gilbert Collard.
09:42J'ai été amené dans ma carrière, vous vous en doutez,
09:44à fréquenter beaucoup de mineurs assassins.
09:50Franchement, il n'y en a pas un qui regrette.
09:52Oui.
09:53On est d'accord.
09:54Il n'y en a pas un qui regrette.
09:56Non, je n'en ai pas vu un seul regretter.
10:01Non, je n'ai pas vu un seul assassin me dire
10:04je regrette d'avoir tué.
10:06Il n'y a pas d'empathie.
10:08C'est ce qu'il y a de plus lourd à porter sur le plan humain.
10:12Alors, on peut réécrire Jean Valjean,
10:15les misérables et tout ce qu'on veut,
10:17mais moi, je n'ai pas vu un meurtrier me dire
10:20je regrette d'avoir tué.
10:21Donc, ils sont irrécupérables.
10:23Ils sont très, très dangereux, oui.
10:25Parce que, vous le disiez tout à l'heure,
10:27il y a un plaisir de tuer.
10:29Voilà.
10:30On n'ose pas le dire, on n'ose pas le raconter.
10:32Donc, ils sont irrécupérables.
10:33Moi, je le pense, oui.
10:34On n'ose pas le raconter, mais il y a une jouissance effrayante
10:37Donc, il faut protéger la société.
10:38du crime.
10:39On a peur de le dire.
10:40Le psychologue que vous êtes, quand il entend cela,
10:42qu'est-ce qu'il en pense ?
10:44Il faut recontextualiser.
10:45Monsieur Collard, c'est un monsieur qui fait de la politique aujourd'hui.
10:47Donc, sa parole...
10:48Non, il n'en fait plus.
10:49Là, il n'en fait plus.
10:50Là, c'est une parole libre.
10:51Là, il dit...
10:52Il faut bien comprendre qu'il y a des...
10:53Il parle de jouissance.
10:54Moi, c'est ça qui m'intéresse.
10:55Il parle de jouissance.
10:56Nous sommes 9 milliards d'êtres humains sur Terre.
10:58Il y a des profils psychologiques.
10:59Et c'est un fait qu'il y a des individus qui sont, par exemple,
11:01psychopathes ou sociopathes.
11:03Ce sont des personnes qui n'ont aucune empathie.
11:05Et parmi ces personnes, vous pouvez trouver,
11:07ça aussi, c'est entre 1 et 2 personnes sur 100,
11:10donc ce n'est pas zéro du tout,
11:12des personnes qui ont un profil sadique,
11:14qui ont plaisir à faire souffrir.
11:16Ça existe.
11:17C'est un fait.
11:18Nous ne vivons pas chez les bisounours.
11:20C'est une réalité.
11:21Et donc, vous allez trouver...
11:22Et dans cette proportion de personnes sadiques,
11:25il y a des personnes qui ne font jamais passer à l'acte
11:27et qui vont s'exciter de leur fantasme.
11:30Et vous avez des personnes qui vont basculer
11:32dans le passage à l'acte criminel.
11:33On a connu Jadis Michel Fourniret
11:36et sa compagne Monique Olivier,
11:38qui manifestement connaît un vrai plaisir
11:41dans l'acte criminel.
11:42Éric Nolot,
11:43cette mort de Louise,
11:45est-ce qu'elle a, selon vous,
11:48des responsabilités politiques ?
11:50Est-ce que la société est engagée
11:53dans cette mort-là ?
11:54Ou est-ce qu'il y a une forme de fatalité,
11:57du mal,
11:58qui existe dans toute société
12:01et qu'au fond,
12:03cette responsabilité de la société
12:05n'est pas forcément engagée ?
12:06Et c'est une question, évidemment,
12:08qui nous intéresse fortement.
12:10Le mot le plus important, pour moi,
12:13c'est le mal avec un M majuscule.
12:15Il y a quelque chose d'inexplicable,
12:16il y a quelque chose d'énigmatique.
12:18Parce qu'en effet,
12:1999,9% des gens sont incapables
12:21de céder comme ça au mal
12:23de, surtout, un être sans défense,
12:25une fillette de 11 ans.
12:26Donc moi, je ne peux pas évacuer
12:27la dimension métaphysique.
12:29Ça me fascine au sens littéral du mot.
12:33Après, oui,
12:34il y a une responsabilité politique
12:36parce que moi,
12:37je trouve qu'il faut laisser transparaître
12:39son émotion
12:40parce que je trouve que ça se banalise
12:41un peu trop.
12:42C'est tellement à répétition,
12:44ce genre de faits divers atroces,
12:46qu'on finit par moins réagir.
12:48J'étais très ému par l'intervention,
12:50tout à l'heure,
12:51d'une mère qui laisse transparaître
12:52son émotion
12:53et je trouve que la réponse
12:54des pouvoirs publics
12:55n'est pas à la hauteur.
12:56Il y a quelque chose qui ne va pas.
12:57Il y a un dérèglement,
12:58ça nous est rappelé
12:59de manière très, très régulière
13:01à chaque nouveau meurtre
13:02et je trouve que la réponse politique
13:04et même au niveau de toute la société
13:05est très insuffisante.
13:07Relire l'appel de la forêt
13:08de Jack London,
13:10me dit Donna Vidal-Revel d'Europa.
13:12Moi, je suis assez mal à l'aise
13:13avec cette affaire.
13:14Olivier Lagarde.
13:15Je crois qu'on est quand même,
13:17parfois,
13:18face à des faits divers purs,
13:19c'est-à-dire des faits divers
13:21qui ne donnent pas véritablement
13:23de signification
13:25à ce qu'on est en train de vivre
13:26à l'instant T.
13:27Alors, effectivement,
13:28on peut peut-être dire
13:29que ça a tendance à se reproduire.
13:30Je n'ai pas les chiffres.
13:31Je ne sais pas s'il y a aujourd'hui
13:33plus d'assassinats
13:35comme ça totalement gratuits
13:36qu'autre chose.
13:37On peut accuser les jeux vidéo,
13:39certes,
13:40mais des gens qui font trop
13:41de jeux vidéo,
13:42il y en a quand même énormément.
13:43On peut dire que c'est quelqu'un
13:44qui va trop au bistro,
13:46mais si on doit chercher
13:47les gens qui sont trop au bistro
13:48en France,
13:49on va trouver du monde.
13:50Là encore,
13:51je me demande
13:52si on n'est pas là face
13:53à ce qu'Éric parlait.
13:56Et le mal avec le M majuscule,
13:58c'est-à-dire que depuis
14:00l'animate des temps,
14:01on se retrouve face
14:02à des individus,
14:03et je parle sous le contrôle
14:04du psychologue,
14:05qui sont...
14:07On ne comprend pas pourquoi,
14:09sans raison,
14:10qu'ils deviennent des meurtriers.
14:11On a quand même l'impression...
14:12Joachim Leflo qui m'a adressé.
14:13On a quand même l'impression
14:14que ce genre de drame
14:15tend à se reproduire
14:16de plus en plus.
14:17Il y a une invariabilité
14:18de la condition humaine,
14:19mais en revanche,
14:20il y a une variabilité
14:21des statistiques.
14:22Et on voit que depuis 2017,
14:23les tentatives d'homicides en France
14:24sont augmentées de 88 %.
14:25Alors, je ne pense pas
14:26que la cause,
14:27ce soit les jeux vidéo,
14:28facteur qu'Emmanuel Macron
14:29avait d'ailleurs mis en avant
14:30au moment des émeutes.
14:31C'est plutôt, à mon avis,
14:32le clanisme,
14:33l'ensauvagement,
14:34l'effondrement de l'empathie,
14:35la crise de l'éducation.
14:36Et d'ailleurs,
14:37sur les jeux vidéo,
14:38je rappellerai juste
14:39que le Japon
14:40est le pays champion du monde
14:41en matière de pratiques
14:42de jeux vidéo,
14:43et c'est aussi un des pays
14:44où la délinquance
14:45et la violence
14:46sont les moins élevées.
14:47Je voulais qu'on écoute
14:48Bruno Retailleau
14:49qui a pris la parole ce matin.
14:50Bruno Retailleau,
14:51d'ailleurs,
14:52j'ouvre une parenthèse,
14:53qui a annoncé
14:54qu'il se présenterait
14:55à la présidence
14:56des Républicains.
14:57Je referme la parenthèse
14:58parce que ce que vous allez entendre là
14:59concerne évidemment
15:01la mort de Louise.
15:02Je pense que le coupable
15:05a été arrêté.
15:06Vous me permettrez quand même
15:07de saluer les forces,
15:09notamment de sécurité,
15:11les policiers,
15:12puisque en un peu plus de 48 heures
15:14simplement,
15:15le coupable
15:16pourrait avoir été confondu
15:17si j'en juge
15:18par les traces de l'ADN,
15:20par un certain nombre
15:21d'autres indices.
15:22Je veux vraiment les féliciter.
15:23Ils font un travail
15:24vraiment difficile.
15:25Vous êtes sûr
15:26que le coupable a été arrêté ?
15:27On n'est jamais sûr.
15:28Ce qui est intéressant
15:29dans ce que dit
15:30Bruno Retailleau,
15:31Claude...
15:32Célia.
15:33Célia,
15:34ce qui est intéressant,
15:35c'est que...
15:36Je faisais le parallèle
15:37tout à l'heure
15:38avec l'affaire Grégory.
15:39L'affaire Grégory,
15:40à l'époque,
15:41il n'y a pas
15:42de caméra de surveillance
15:43et il n'y a pas d'ADN.
15:44Donc,
15:4550 ans plus tard,
15:46on ne sait toujours pas
15:47qui a tué Grégory.
15:48Là,
15:49en 24 heures aujourd'hui
15:50ou 48 heures,
15:51il y a des caméras vidéo
15:52qui identifient,
15:53si j'ai bien compris,
15:54un garçon
15:55avec une casquette
15:56et une doudoune
15:57qui sera reconnu
15:58par des témoins
15:59et même par sa sœur
16:00si j'ai bien compris.
16:01Par sa propre petite sœur.
16:02Et vous avez l'ADN
16:03qui parle.
16:04Donc,
16:05vous avez deux éléments
16:06techniques.
16:07D'ailleurs,
16:08les caméras de surveillance
16:09parfois sont contestées
16:10dans certaines villes
16:11et on voit bien
16:12quand même
16:13toute leur utilité.
16:14Dans la rapidité
16:15d'investissement.
16:16Aujourd'hui,
16:17les enquêteurs
16:18peuvent agir
16:19avec des éléments
16:20alors qu'avant,
16:21c'était plus compliqué.
16:22Oui,
16:23c'est pour ça que le temps
16:24de l'enquête
16:25est aussi très important
16:26dans les premiers jours
16:27pour retrouver
16:28et le corps de la victime
16:29et aussi de faire
16:30des auditions,
16:31des interpellations
16:32pour avoir
16:33des prélèvements ADN,
16:34les confondre aussi
16:35avec ceux
16:36qui ont été relevés
16:37sur le corps de la victime
16:38et on voit qu'avec
16:39toutes ces nouvelles technologies,
16:40on peut aussi
16:41anticiper les investigations
16:42et avoir aussi
16:43un faisceau d'indices
16:44plus important
16:45Monsieur Dorideau,
16:46vous êtes psychologue,
16:47vous recevez
16:48dans votre cabinet
16:49j'imagine,
16:50des garçons,
16:51des jeunes,
16:52des filles de tous âges
16:53et notamment des jeunes
16:54par exemple.
16:55Ça fait combien de temps
16:56que vous êtes psychologue ?
16:57Plus de 20 ans.
16:58Est-ce que vous voyez
16:59parce que c'est toujours
17:00les mêmes questions,
17:01est-ce que vous voyez
17:02une évolution ?
17:03Est-ce que vous voyez
17:04un ensauvagement ?
17:05Est-ce que vous voyez
17:06des jeunes gens
17:07qui sont différents de nous ?
17:08C'est-à-dire que nous,
17:09on a été élevés
17:10sans images vidéo
17:11quasiment,
17:12sans jeux vidéo
17:13plus exactement.
17:14On avait un rapport au sport
17:15qui était différent
17:16parce qu'on en faisait
17:17sans doute davantage.
17:18On était moins devant
17:19les écrans, bien évidemment.
17:20On avait un rapport
17:21à la lecture
17:22qui était également différent.
17:23À la solitude
17:24qui était différente.
17:25On était capable
17:26de s'isoler pour lire.
17:27Aujourd'hui,
17:28c'est plus compliqué.
17:29À la frustration.
17:30À la frustration sans doute.
17:31Donc, on a été élevés.
17:32Notre chance,
17:33c'est qu'on a eu des parents
17:34qui nous ont élevés.
17:35Voilà,
17:36on les remercie d'ailleurs.
17:37Et notre marge de manœuvre,
17:39parfois,
17:40que serions-nous
17:41si nous n'avions pas eu
17:42ces parents-là ?
17:43Nous sommes d'accord.
17:44Donc, est-ce que vous voyez
17:45un changement
17:46ou pas en 20 ans ?
17:47Et c'est ça qui est intéressant.
17:48Bien sûr qu'il y a un changement.
17:49Il y a un changement mécanique.
17:51Il y a un changement
17:52des réseaux sociaux
17:53qui n'existait pas
17:54il y a 20 ans.
17:55Les enfants.
17:56Oui, je vous parle des jeunes.
17:57Est-ce que sur l'autorité,
17:58par exemple ?
17:59Moi, j'ai eu un jeune
18:00qui a dépensé
18:01tout son prêt étudiant
18:02sur des paris en ligne,
18:03par exemple.
18:04J'ai eu le cas d'un jeune
18:05qui a dépensé,
18:06ce n'est pas quelqu'un
18:07de très argenté,
18:08plus de 50 000 euros
18:09sur des paris en ligne.
18:13Je reviens sur le jeu vidéo
18:14parce que je vois,
18:15et ça me touche,
18:16évidemment, par mon métier,
18:17une espèce de réaction comme ça.
18:18J'ai joué aux jeux vidéo,
18:19je n'ai jamais tué personne.
18:20Heureusement, ma chère madame,
18:21que vous n'avez jamais
18:22tué personne.
18:23Quand il y a un passage
18:24à l'acte criminel...
18:25Restez sur ma question.
18:26...il y a évidemment...
18:27Restez sur ma question.
18:28...je reste sur votre question.
18:29Je veux savoir s'il est...
18:30Évidemment qu'en 20 ans,
18:31mon cher Pascal Praud,
18:32la société change
18:33et donc évidemment
18:34que mécaniquement,
18:35la jeunesse change.
18:36Quand vous relisez Platon,
18:37il vous explique déjà
18:38que les jeunes
18:39ne sont plus ce qu'ils étaient.
18:40Qu'est-ce qui a changé ?
18:41Très immodestement,
18:42au niveau de Platon,
18:43vous voyez,
18:44ça change mécaniquement.
18:45Qu'est-ce qui a changé ?
18:46Ça a changé déjà la situation,
18:47le contexte a changé.
18:48Vous voyez,
18:49cet objet que nous avons tous
18:50là autour de nous
18:51n'existait pas il y a 20 ans.
18:52Oui, mais les conséquences...
18:53Donc, vous êtes psychologue
18:54et merci de rappeler
18:55que c'est mon métier,
18:56vous êtes soumis avant tout
18:57au contexte qui vous entoure.
18:58L'idée que la personnalité
18:59déciderait du comportement
19:00d'un individu,
19:01c'est une idée
19:02qui est illusoire.
19:03La psychologie moderne,
19:04a montré que c'est la situation
19:05dans laquelle se trouve
19:06un individu
19:07qui prédit son comportement.
19:08Stanley Milgram
19:09a même démontré
19:10que n'importe qui,
19:11pratiquement,
19:12peut se transformer
19:13en tortionnaire.
19:14Quand vous vous y prenez bien,
19:15quand vous le mettez
19:16dans le bon contexte,
19:17et Anna Arendt,
19:18banalité du mal,
19:19etc.,
19:20on ne va pas en faire des heures.
19:21C'est la fameuse séquence
19:22de Yves Comicard.
19:23Yves Comicard,
19:24Yves Montand,
19:25Henri Verneuil,
19:26voilà,
19:27dont on salue la mémoire.
19:28C'est exactement ça.
19:29Donc, si vous voulez,
19:30quand vous êtes devant
19:31un passage à l'acte,
19:32qui nous abasourdit tous,
19:33qui vous sidère,
19:34un gamin de 23 ans
19:35qui tue une fillette
19:36dans une sauvagerie inouïe,
19:37et manifestement,
19:38le premier élan,
19:39c'est de comprendre,
19:40et votre journaliste l'a dit,
19:41pas de mobile sexuel,
19:42pas de mobile crapuleux.
19:43Donc, chacune et chacun
19:44essaye de comprendre.
19:45Et là,
19:46la première chose à faire,
19:47c'est de regarder, certes,
19:48la personnalité de l'individu.
19:49Peut-être est-il psychopathe.
19:50Peut-être est-il
19:51en train de décomposer
19:52son corps.
19:53Peut-être est-il
19:54en train de décomposer
19:55son corps.
19:56Peut-être est-il
19:58la personnalité de l'individu.
19:59Peut-être est-il psychopathe.
20:00Peut-être est-il
20:01en train de déclarer
20:02une maladie psychique
20:03qui pourrait, un jour,
20:04déclarer son irresponsabilité pénale.
20:05Et puis, peut-être que pas du tout.
20:06Peut-être c'est une personne
20:07qui n'est pas du tout malade
20:08au sens psychiatrique.
20:09Et là, vous regardez,
20:10est-ce que tous les facteurs
20:11de risque...
20:12J'entends bien.
20:13La responsabilité des parents.
20:14Ah ben, évidemment.
20:15Il vivait chez ses parents
20:16à 23 ans.
20:17Donc, évidemment,
20:18vous l'avez dit vous-même,
20:19Pascal Praud,
20:20très justement.
20:21Évidemment que,
20:22encore une fois,
20:23la situation,
20:24le contexte,
20:25le cadre
20:26dans lequel une personne grandit,
20:27c'est essentiel,
20:28justement,
20:29à sa structure psychique,
20:30à, justement,
20:31ce que, jadis,
20:32les anciens appelaient
20:33le surmoi,
20:34ce qu'on appelle aujourd'hui
20:35des normes sociales.
20:36Nous avons, chacune, chacun,
20:37une espèce de structure
20:38avec un périmètre.
20:39Qu'est-ce qui est autorisé ?
20:40Qu'est-ce qui est au bord ?
20:41Et puis,
20:42qu'est-ce qui interdit ?
20:43Éric Nolot l'a dit.
20:44Le mal avec un grand M.
20:45Pardon,
20:46je ne veux pas faire
20:47du prosélytisme.
20:48Tu ne tueras point.
20:49Ça a plus de 4 000 ans.
20:50Et puis,
20:52c'est quand même la base,
20:53quand on est ensemble,
20:54de ne pas se tuer
20:55les uns les autres.
20:56Non, mais moi,
20:57ce qui me surprend,
20:58c'est la réticence
20:59à vouloir établir le lien
21:00entre certaines évolutions
21:01de la société
21:02et des comportements délinquants.
21:03Parce que, moi,
21:04j'ai commencé par le mal,
21:05mais j'ai ajouté autre chose.
21:06Il faut quand même
21:07analyser ce qui se passe.
21:08Écoutez,
21:09les jeux vidéo,
21:10moi, ça ne me semble pas
21:11tout à fait anodin.
21:12Vous passez votre journée
21:13à flinguer de manière virtuelle
21:14des gens.
21:15Non, c'est un argument
21:16trop facile.
21:17Je trouve...
21:18Bon, là,
21:19l'effondrement
21:20du niveau scolaire
21:21et intellectuel,
21:22l'effondrement
21:23du niveau d'empathie,
21:24l'impossibilité
21:25de supporter
21:26la moindre frustration
21:27chez les jeunes,
21:28et l'hyperviolence
21:29et le comportement...
21:30Excusez-moi,
21:31je ne pense pas
21:32que c'était comme ça
21:33dans mon adolescence.
21:34Par exemple,
21:35le port du couteau,
21:36maintenant,
21:37c'est un prolongement
21:38de la main.
21:39Tout le monde se balade
21:40avec un couteau
21:41dans le métro,
21:42à l'école,
21:43si bien que maintenant,
21:44il y a une proposition...
21:45Les blousons noirs,
21:46c'est quand même...
21:47Les blousons noirs,
21:48les blousons noirs,
21:49ils n'étaient pas à l'école,
21:50chers amis.
21:51Ils n'étaient pas à l'école.
21:52Il n'y avait pas
21:53le ministre de l'Éducation nationale
21:54qui disait
21:55que tout porteur d'un couteau
21:56doit passer en conseil
21:57de discipline
21:58parce que la question
21:59ne se posait pas.
22:00En tout cas,
22:01pas à mon époque.
22:02Vous pouvez me dire
22:03ce que vous voulez,
22:04on ne se baladait pas
22:05avec un couteau en classe.
22:06Et 400 coups,
22:07ça n'a rien à voir.
22:08Franchement,
22:09c'est impossible.
22:10Le 400 coups,
22:11le prof,
22:12il donne des tannées
22:13à Jean-Pierre Léo
22:14et il le met au coin
22:16et pas qu'au port d'un couteau.
22:19Je trouve qu'on devrait
22:20analyser ça jusqu'au bout.
22:21Il y a un dérèglement
22:22de la société,
22:23donc un dérèglement
22:24de la délinquance.
22:25Le carillon,
22:26et on sera avec
22:27Audrey Bertheau après
22:28qui est sur place,
22:29bien sûr.
22:30Je salue, évidemment,
22:31notre amie Thomas Hill.
22:32Je leur remercie
22:33pour la qualité grave
22:34et dramatique
22:35que nous traitons.
22:36La vôtre sera peut-être
22:37plus légère
22:38dans quelques instants.
22:39On va se demander
22:40si vous pourrez
22:41être remplacé un jour
22:42par de l'intelligence artificielle.
22:44Ça me paraît difficile.
22:45Ça me paraît difficile.
22:46Ça me paraît difficile.
22:47Ça me paraît difficile.
22:49Allez, à tout à l'heure Pascal.
22:56On vous a encore préparé
22:57une belle émission
22:58ce matin pour Culture Média.
22:59On parlera notamment
23:00de cet appel
23:01des artistes
23:02à réguler l'intelligence artificielle.
23:03On sera avec
23:04une avocate spécialisée,
23:05le Robin Desbois.
23:06Maurice Barthélémy
23:07nous rejoindra pour son film
23:08Tout le bleu du ciel
23:09qui fait un quart tour
23:10en ce moment.
23:11Et puis,
23:12Buenaventura
23:13va venir chanter
23:14dans ce studio.
23:15Il fait son grand retour en France.
23:16À tout de suite.

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