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00:0013h-14h sur Europe 1, merci de nous rejoindre, vous écoutez Céline Giraud et avec vous aujourd'hui Céline Olivier d'Artigolle et Jean-Claude Bassier.
00:09Et on va bien sûr revenir sur ce drame absolu, le meurtre de la jeune Louise, 11 ans, sauvagement assassinée vendredi dernier à Ypiné-sur-Orge en Essonne.
00:20Hier soir, le procureur de la République d'Evry, Grégoire Dulin, a donné quelques détails sur le profil du meurtrier présumé Owen, 23 ans, lors d'une conférence de presse.
00:32Il pratique la boxe et le football, il est actuellement étudiant en BTS informatique en alternance, sans entreprise depuis le mois de décembre dernier.
00:40Il consacre la majeure partie de son temps libre à jouer aux jeux vidéo et reconnaît pouvoir être pris de violente colère, il lui arrive ainsi de quitter son domicile à pied ou au volant de sa voiture pour se calmer.
00:52Il n'a jamais fait l'objet d'un suivi médical ou psychologique, le mis en cause est connu pour deux affaires ayant fait l'objet d'alternatives aux poursuites.
00:59L'une pour tentative de vol commise le 23 juin 2021 et l'autre pour le vol commis le 27 février 2022.
01:08Cette dernière affaire a fait l'objet d'une obligation d'accomplir un stage de citoyenneté qu'il a effectué dans le cadre d'une mesure de composition pénale qui est inscrite à son casier judiciaire.
01:18Voilà quelques précisions sur le profil d'Owen, 23 ans, famille de classe moyenne, des parents qui travaillent, il habitait dans un quartier pavillonnaire, il était en alternance, il avait renoncé.
01:30Il y avait eu des signes avant-coureurs, une main courante déposée par sa petite sœur, deux peines alternatives, il y a eu une dérive.
01:39Ce n'est pas fréquent quand même, c'est une situation très particulière, vous n'avez pas, heureusement, dans beaucoup de familles, une sœur qui va porter, non pas plainte puisqu'elle a déposé simplement une main courante au commissariat, mais ce n'est pas quelque chose de fréquent.
01:53Et il ne se parlait plus dans ce foyer depuis plus d'un an et demi, qu'est-ce que ça dit de cette dérive finalement lente ?
02:00Je vais attendre les études des experts, mais honnêtement, vous avez eu raison tout à l'heure de parler de drame absolu, je disais hier que c'était sans doute une tragédie de trop, on a du mal à cerner la réalité du mobile.
02:18On est effrayé en même temps par une situation qui fait qu'un gamin qui joue aux jeux vidéo, enfin il a 22 ans, 23 ans, il sort, il est énervé et il cherche quoi ?
02:30Voler quoi ? Un téléphone alors qu'il en a déjà un sur une gamine de 11 ans et il la tue, il y a quelque chose qui nous échappe et qui en même temps nous fait peur, toutes les familles, beaucoup pardon.
02:42Est-ce que ce sont les parents qui ont failli ?
02:44Je ne veux pas accabler la famille, mais honnêtement, on est obligé de se poser la question, encore une fois, il y a cette main courante déposée par la sœur, trois jours avant, le même Owen,
02:59et je ne dis pas que ce serait terminé de la même façon, mais tant d'agresser une gamine qui avait le même âge, honnêtement, on ne comprend pas très bien ce qui pouvait se passer dans cette famille, le père travaille, il est banquier me dit-on, la mère travaille dans une grande société RH,
03:18je ne veux pas, moi, les accabler, simplement, il y a quelque chose qui fait qu'ils n'ont pas vu ce qui était arrivé à leur fils, on ne comprend pas qu'en 10 minutes, il soit sorti de chez lui et tué une gamine de 11 ans, ça n'a pas de sens dans le monde, hélas, dans lequel on vit, il faut y réfléchir et prendre, essayer de réfléchir et de prendre les bonnes décisions.
03:40On verra l'évolution du dossier, premier point, première faille, une main courante déposée, alors que la victime, sur des violences intrafamiliales et mineures, normalement, cela aurait dû déclencher une enquête et une plainte, donc, déjà, là, il faudra regarder précisément, parce que nous sommes tous à nous dire, est-ce qu'on aurait pu interagir, est-ce qu'il y a eu des signaux faibles, forts, des alertements,
04:09première chose, là, il y a un sujet, deux, il y a, bien sûr, un sujet concernant cette famille, puisque ce qui a déclenché, vraiment, l'accélération de tout ça, c'est le témoignage de cette petite sœur qui, on parle de passage à tabac, on dit qu'elle a eu peur de mourir sous les coups de son frère, donc, il y a la description d'un climat intrafamilial douloureux.
04:38Et les parents, j'ai pu lire ça dans la presse, impuissants face à ce comportement, à ce processus, donc, souvent, d'ailleurs, on le sait, c'est vieux comme la littérature, mais les violences intrafamiliales, très souvent, restent dans le secret maudit des familles.
05:01Ce qui rend très important des sujets qu'on évoque, parfois, c'est le fait qu'il faut que nos politiques puissent, justement, ne pas permettre ce huis-clos familial, c'est-à-dire que les politiques de prévention, qu'il y ait des infirmières et des psychologues scolaires, qu'on puisse desceller des signaux, qu'on puisse, vous voyez.
05:23Alors, est-ce que notre société enfance, finalement, des psychopathes ? Eh bien, écoutez ce qu'en pense Marie-Estelle Dupont, elle était l'invitée de Pierre Devineau hier soir sur Europe 1.
05:31C'est de la psychopathie, il est incapable de tolérer la frustration, il semble avoir extrêmement bien construit son discours en disant, oui, mais en fait, je voulais la racketter, etc., etc., ça, c'est typique de la construction manipulatoire du discours d'un psychopathe dans l'après-coup.
05:46Le psychopathe n'arrive pas à gérer sa frustration, il est impulsif. Vous le contrariez, vous lui dites que vous n'avez plus de stylo bleu, il est capable de vous frapper à la tête au sang. Et après-coup, il va rationaliser.
05:58En tout cas, il a un profil psychopathique, pas d'empathie, incapacité à tolérer de la frustration, impulsivité et manipulation après-coup dans le discours pour essayer de diminuer sa peine, très probablement.
06:07Est-ce que c'est notre société qui favorise l'émergence des psychopathes ?
06:10L'intervention hier de Marie-Estelle Dupont dans le journal de Pierre de Villeneuve était remarquable. Moi, j'invite nos auditeurs à aller la rechercher sur les réseaux sociaux, tout simplement parce que Marie-Estelle Dupont a cette capacité sur des choses extrêmement complexes de nous amener à une réflexion, justement, sur cette complexité, sur la manière dont, sur le plan psychique, psychiatrique, les choses peuvent, au fil du temps, se construire pour comprendre ces phénomènes.
06:40Ces phénomènes qui nous échappent, qui nous dépassent parce qu'ils nous font extrêmement peur. Et elle dit donc que le jeu vidéo n'est absolument pas l'unique responsable, que c'est un déclencheur, très certainement, mais qu'il y a dans le tréfonds de ce qui s'est passé des choses qui relèvent en effet d'un déséquilibre.
06:59Oui, je crois que, encore une fois, j'attends avec, je ne dirais pas de l'impatience, parce que la tragédie est là, et nul ne pourra y changer quoi que ce soit. Mais j'attends l'avis des psychanalystes et des psychiatres quand même, car c'est eux qui vont nous aider.
07:17La vidéo, bon le procès qui a été esquissé hier sur la vidéo responsable de tous les maux était évidemment complètement ridicule. Vous avez des centaines de millions de gamins qui jouent à la vidéo, heureusement qu'ils ne passent pas tous à l'acte, en revanche, c'est vrai que pour les gosses qui sont un peu, peut-être une petite pathologie psychologique, peut-être, qui ne sont pas stables, qui s'interrogent sur ce qu'ils font sur cette planète et ce qu'ils vont y faire demain,
07:45il est possible que ça déclenche quelque part la réaction, mais enfin, moi je suis navré, mais la réaction de WEN hier, même fâché, parce que ça n'a pas bien, il jouait avec un jeu vidéo d'ailleurs, plutôt fréquenté par des gamins de 10 ans.
08:01Oui, mais c'est des jeux en réseau où vous êtes en interaction avec d'autres personnes, et il s'est fait moquer par un de ses collègues qui est de jeu, parce qu'il avait perdu sa partie.
08:08Oui, mais enfin bon, en revanche, l'attitude qui a été la sienne, avec vouloir raqueter une gamine de 11 ans comme si elle était pleine de billets de banque a priori sur elle, tout ça n'a pas de sens.
08:21C'est ce qu'il dit pour l'instant, c'est son seul témoignage.
08:23Je pense que quelque part, ce garçon est effectivement probablement à examiner de près et à suivre, ça ne nous ramènera pas, hélas, la petite Louise, on vit encore une fois une tragédie, c'est pour ça que ce qui s'est passé ce matin à l'Assemblée Nationale, c'est sans doute un début,
08:40une loi qui, la loi Attal et un autre député qui a co-signé cette loi, qui est un durcissement, comparution immédiate, etc., avec un certain nombre de dispositions, qui a priori va dans la bonne direction, peut nous aider, ça ne va pas suffire, la maladie sociale que nous vivons actuellement est plus lourde et plus inquiétante que celle-là.