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Près de 3 ans après le début de l'offensive russe en Ukraine, le retour de Donald Trump à la tête des États-Unis relance les discussions vers une résolution du conflit, que le Président américain souhaite rapide. L'Europe risque-t-elle d'être exclue de la table des négociations, puisque Trump parle directement avec Vladimir Poutine ? L'Union européenne doit-elle continuer de soutenir l'Ukraine militairement ? Kaja Kallas, vice-présidente de la Commission européenne, représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, est l'invitée pour tout comprendre de RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 11 février 2025.

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Transcription
00:00La dame de Ferbalt, l'ancienne première ministre de l'Estonie, Kayakalas, a pris la tête de la diplomatie européenne.
00:06Donald Trump, est-il une menace pour l'Europe ? Quelle place pour les Européens à la table des négociations sur l'Ukraine ?
00:11Kayakalas était de passage à Paris aujourd'hui et elle nous a accordé un entretien exceptionnel ce matin au bureau de liaison de la Commission européenne.
00:19Bonjour Kayakalas.
00:20Bonjour.
00:20Merci beaucoup de répondre à nos questions.
00:22Pour RTL, vous êtes vice-présidente de la Commission européenne et représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
00:29Comment riposter à la guerre commerciale que veut mener le président américain contre l'Europe, il l'assume ?
00:34Qu'est-ce qui est sur la table ? La liste des produits américains, les mesures de rétorsion, sont-elles prêtes ?
00:39Premièrement, je pense qu'il est vraiment regrettable que Trump s'engage sur cette question.
00:47Parce que je pense que personne ne gagne lorsqu'il y a une telle guerre qui, au niveau des taxes et au niveau du commerce extérieur,
00:56les conséquences sur les consommateurs sont désastreuses parce qu'il y a une augmentation des prix.
01:02Les conséquences sur les entreprises sont désastreuses aussi parce que beaucoup seront poussés au bord de la faillite à cause de l'augmentation des taxes.
01:09Donc il n'y a vraiment que des perdants.
01:12Je pense qu'une guerre commerciale entre les Etats-Unis et l'Union européenne serait vraiment très désastreuse, d'autant plus que ce sont nos premiers partenaires commerciaux.
01:22Et je pense que la Chine sera en coulisses en train de rire de cette situation.
01:28Et j'aimerais aussi réitérer que l'Union européenne est en mesure de prendre des mesures de rétorsion et de réaction à cette situation.
01:36Donald Trump veut aussi mettre la main sur le Groenland, sans écarter l'hypothèse de recourir à la force.
01:41Ce territoire appartient au Danemark, on le rappelle. Que lui répondez-vous ? Et le Groenland restera-t-il entre les mains du Danemark ?
01:48Alors je pense tout d'abord que c'est au peuple du Groenland de décider comment régler ces questions.
01:56Et deuxièmement, les rapports transatlantiques entre le Danemark et les Etats-Unis ont toujours été excellents.
02:04Et d'ailleurs les Etats-Unis pour l'instant sont toujours membres de l'ONU où il y a des chartes de responsabilité qui ont été signées, qui fixent les règles, notamment en matière de souveraineté internationale.
02:16Et pour ma part je suis sûre que pour l'instant les Etats-Unis vont suivre ces règles.
02:21Cette discussion pour moi était aussi très intéressante et importante parce qu'elle montre que la région Arctique maintenant a vraiment une importance stratégique, géopolitique et en matière de sécurité.
02:32Et c'est bien que les personnes soient devenues conscientes de ce fait.
02:35Kayak Adas, cela fait près de trois ans que la Russie a envahi l'Ukraine. L'Europe a encore une influence dans ce conflit ?
02:41L'Union Européenne offre son soutien total à l'Ukraine. Notamment 134 milliards d'euros ont été déployés et cela comprend 50 milliards d'euros d'aides militaires.
02:55En même temps, je crois que tous les pays du monde veulent la fin de ce conflit et en premier lieu les Ukrainiens.
03:02Mais il y a malheureusement un pays qui ne désire pas du tout la paix, c'est la Russie.
03:06Donc je pense que tous ensemble on doit mettre une pression à la fois économique et politique sur ces pays afin qu'ils arrêtent de bombarder les civils et les infrastructures des civils.
03:15N'avez-vous pas peur que l'Europe soit exclue de la table des négociations sachant que le président américain Trump parle directement en ce moment avec Vladimir Poutine sans nous consulter d'ailleurs ?
03:25L'Union Européenne a tout à fait sa place à la table des négociations et il est clair que si on négocie un quelconque arrangement, l'Union Européenne doit être présente et doit être d'accord.
03:37Si elle n'est pas présente, je pense que la solution ne pourra pas fonctionner.
03:43Une fois de plus, je réitère que Poutine ne veut pas du tout mettre fin à ce conflit en quelques termes qu'il soit.
03:53Donald Trump dit avoir un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Vous avez la moindre idée de ce qu'il compte faire ?
03:58Bien sûr. Aujourd'hui, Trump a envoyé un message très clair envers la Russie.
04:05Il comprend qu'il faut mettre la pression sur ce pays afin qu'il mette un terme à ce conflit.
04:10Je crois que le signal qu'il a donné est assez clair.
04:13En effet, il a fait appel à plus de sanctions et nous en Europe aussi, on va dans la même direction.
04:19On compte mettre en place tout un pack, tout un ensemble de sanctions pour marquer l'anniversaire de cette guerre qui a commencé le 24 février.
04:27Pour ma part, je pense que la pression est nécessaire, d'autant plus qu'on sait que l'économie de la Russie aujourd'hui n'est pas dans une très bonne position.
04:36Les fonds de ce pays commencent à s'épuiser.
04:40On sait qu'ils tirent moins de revenus d'avant de leurs énergies fossiles, du pétrole et des gaz naturels
04:47et que le taux d'intérêt bancaire est à 20%, ce qui nous donne une idée de l'état économique de ce pays.
04:52Y aura-t-il un jour des troupes européennes sur le sol ukrainien d'une quelconque façon ?
04:58Alors, je crois que tout d'abord, il faut nous assurer qu'on a les garanties en matière de sécurité lorsqu'il s'agit de cette question.
05:08Si on donne notre accord pour ce genre de choses, il faut vraiment nous assurer que ça met un terme à la guerre et qu'il n'y aura pas de guerre à nouveau.
05:17Et je pense, pour ma part, que la façon la plus forte pour l'instant d'assurer cela, c'est via l'OTAN,
05:22parce que les pays qui sont membres de l'OTAN, justement, ne sont pas dans une situation de conflit.
05:27Donc, à mon sens, c'est une garantie de sécurité crédible.
05:31Et cela aussi donne lieu à des questions difficiles, une réflexion difficile lorsqu'il s'agit d'envoyer nos soldats sur ce territoire
05:38et aussi s'assurer que la Russie ne va pas riposter.
05:40Nous devons nous assurer que la Russie n'attaque pas de nouveau.
05:44Nous devons répondre à ces questions.
05:46Kayak Adas, une dernière question.
05:47Un grand sommet mondial consacré à l'intelligence artificielle a lieu en ce moment à Paris.
05:51Le président français Emmanuel Macron affirme que l'Europe a une carte à jouer dans cette course technologique.
05:56Est-ce qu'il a raison ?
05:57Quelle est notre carte, si vous partagez son analyse ?
06:00Il évoque d'ailleurs une bataille pour notre indépendance.
06:02C'est bien une bataille pour notre indépendance que nous sommes en train de livrer en matière d'IA ?
06:07Aujourd'hui, c'est vrai que c'est un secteur en pleine croissance.
06:13Et on a besoin de nous assurer que les règles sont appliquées et que les personnes sont protégées dans cette situation.
06:20C'est vrai que juste hier, j'étais au Vatican et le Vatican est aussi vraiment préoccupé par ce sujet.
06:26Mais ils sont d'accord avec nous qu'on ne peut pas du tout arrêter son développement pour autant
06:32et que c'est la bonne approche à avoir à assurer.
06:36Cela dit, je pense que l'intelligence artificielle oeuvre beaucoup pour le bien également.
06:41Les entreprises européennes ont leur rôle à jouer dans la création de programmes d'intelligence artificielle.
06:46Et il y a beaucoup d'opportunités d'emploi.
06:48Par exemple, à mon poste précédent en tant que Premier ministre de l'Estonie,
06:54nous avons utilisé l'intelligence artificielle, par exemple, pour diminuer le nombre de comptes rendus que les entreprises devaient fournir.
07:01Parce que parfois, on utilise les mêmes mots, les mêmes paragraphes.
07:05Il y a beaucoup de redondances et donc cela va diminuer la charge des entreprises dans ce sens.
07:11Donc il y a beaucoup d'utilisations très judicieuses.
07:14Nous sommes d'accord pour dire que ça ne peut pas rester entre les mains des Etats-Unis et de la Chine.
07:18Ah oui, c'est ça.
07:19Merci infiniment, Kayar Kalas, chef de la diplomatie européenne, d'avoir reçu les équipes d'RTL aujourd'hui.
07:25Merci.
07:26Bon travail à vous.
07:26Merci.
07:27Et après les affaires du monde et de l'Europe, dans un instant de la légèreté, de la tendresse, de l'allégresse,
07:32Marc-Antoine Lebray, c'est le Breaking News.
07:34Vincent Derosier, Yves Kelvin.

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