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00:007h-9h, Europe 1 Matin, l'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro, bonjour Alexis Brezet.
00:07Bonjour Dimitri, bonjour à tous. Alors Emmanuel Macron a officialisé hier son choix de nommer
00:12Richard Ferrand président du conseil constitutionnel, choix qui doit encore être validé par les deux
00:17assemblées, mais alors à droite comme à gauche on s'offusque d'un choix politique. Alexis ce
00:23reproche vous semble-t-il justifié ? Ah disons que ce ne sont pas ses compétences de juriste,
00:28il a fait deux ans de droit, qui valent à Richard Ferrand cette pré-nomination annoncée, je le dis
00:35au passage, il y a près de trois semaines par le Figaro sous la plume de Louis Osalter. A
00:39l'évidence c'est un fidèle, un grognard du macronisme qui a été choisi par le président,
00:45un pur politique aussi. Venu de la gauche du PS, il était plutôt proche des frondeurs sous
00:50François Hollande, Richard Ferrand fut l'un des tout premiers à soutenir Emmanuel Macron dans la
00:55création d'En Marche. Éphémère ministre de la cohésion des territoires, président de l'Assemblée
01:00nationale de 2018 jusqu'à sa défaite post-dissolution, il n'a jamais déserté, tout en gardant une vraie
01:07liberté de parole, le cercle des intimes du chef de l'État. Donc oui, c'est bien un copain, un ami
01:14politique qui en ces temps de règne finissant est installé pour neuf ans aux rues de Montpensier.
01:19Alors on dira Alexis que recaser des amis quand le vent tourne, ça n'est pas nouveau.
01:24Vous avez raison Dimitri, c'est même aussi vieux que la Ve République. De Gaulle avait promu Gaston
01:28Palevski, Mitterrand, après Robert Badinter, avait choisi Roland Dumas. J'ai deux avocats,
01:34un pour le droit et un pour le tordu, disait-il à l'époque. Jacques Chirac, avant de partir,
01:39avait promu le fidèle des fidèles, Jean-Louis Debré, avec la mission implicite d'enquiquiner
01:44Nicolas Sarkozy. Bref, Emmanuel Macron, qui prétendait faire la révolution, n'inscrissait
01:50pas dans ceux d'une forte ancienne tradition. Alors est-ce que c'est satisfaisant pour autant ? Non,
01:55évidemment non. Chacun sent confusément qu'il y a quelque chose de profondément anormal d'un
02:01point de vue démocratique, à la veille de chaque alternance, et chacun a en tête une
02:05possible victoire de Marine Le Pen ou de la droite, de confier à un ami politique les
02:11clés d'une instance de contrôle qui se veut juridique. Surtout quand on voit la place démesurée
02:17que cette instance a prise dans nos institutions. Qu'est-ce que vous voulez dire par démesurée,
02:21Alexis ? Que le Conseil concessionnel, à l'origine, en 58, n'était pas du tout, mais pas du tout,
02:27ce qu'il est devenu aujourd'hui. C'était un simple organisme technique chargé de vérifier que le
02:33Parlement n'empiète pas trop sur les prérogatives du gouvernement. Rien de plus. Mais voilà, au fil
02:39des ans, les sages, ou prétendus tels, se sont arrogés le droit de contrôler la conformité des
02:44lois, non plus à des règles de compétences ou de procédures, mais à des principes de plus en plus
02:49larges et de plus en plus vagues tirés du préambule de la Constitution, de la déclaration des droits
02:55de l'homme, de la tradition républicaine, interprétée en fonction des besoins de la cause, et même
02:59aujourd'hui de la charte de l'environnement. Les présidents successifs, Valéry Giscard d'Estaing,
03:04Nicolas Sarkozy, ont encouragé cette évolution en élargissant les possibilités saisines. Et c'est
03:10ainsi qu'on en arrive à la situation actuelle où le Conseil, qui se prend pour une cour suprême,
03:15tranche de tout et du reste, de la constitutionnalité des lois, parfois des années après leur adoption,
03:21de la recevabilité des amendements parlementaires, de la légalité des questions posées au référendum,
03:26bref, qu'il est devenu avec d'autres, le Conseil d'État, la Cour de cassation,
03:30les juridictions européennes, partie prenante de ce qu'il faut bien appeler le gouvernement des
03:36juges. Alors certes, après Laurent Fabius, la possible nomination, c'est pas fait, de Richard
03:42Ferrand peut émouvoir. Mais il me semble que l'important est moins de savoir si le Conseil
03:49constitutionnel sera présidé demain par Pierre, Paul ou Jacques, que d'enrayer cette dérive
03:54antidémocratique qui, on l'a vu avec la censure de la loi immigration, fait qu'une poignée de
04:00personnalités politiques nommées, pas élues, peuvent faire obstacle à la volonté du peuple
04:06censé, rappelons-le, être souverain.
04:10L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brézé.
04:12Alain Dufigaro ce matin, la guerre commerciale,
04:14Donald Trump qui accélère et taxe l'acier mondial entrant aux Etats-Unis à hauteur de 25%.
04:19Alors, question que vous posez, est-ce que l'Europe va s'entendre sur une riposte ?
04:22On attend la réponse. Merci Alexis.