L'écrivain Olivier Sebban était l’invité de Face à Bock-Côté ce samedi 8 février sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de son nouvel ouvrage intitulé «Maintenant que l'hiver» : «Le mal se déguise toujours»
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00:00J'ai toujours pensé, c'est quelque chose qui mente, c'est que le loup se déguise en agneau.
00:06La question du bien, quand elle est portée en politique d'une manière morale, est toujours extrêmement dangereuse.
00:12Elle est glissante. On le voit dans tous les totalitarismes.
00:15Quand vous interrogez le totalitarisme, il n'est jamais là pour vous dire
00:18on va faire du mal aux gens, on va les empêcher de penser, on va les contraindre, on va contraindre leur liberté.
00:24Non, c'est pour le plus grand bien en général que le mal se déguise toujours de cette forme-là.
00:29C'est cette approche-là que je voulais dénoncer en quelque sorte.
00:34Vous l'avez dit, vous ne mentionnez pas la pandémie, la Covid, mais je ne peux m'empêcher, vous disant,
00:42de croire que vous avez vécu l'expérience Covid à la manière d'une grande répétition du totalitarisme de demain.
00:49Est-ce que je vous ai bien compris ?
00:51Oui, et je l'ai vécu d'une étrange manière.
00:53J'étais en train d'écrire un roman sur la peste que je n'ai pas terminé, que je suis en train de reprendre.
00:57Et donc dans une pandémie terrifiante.
00:59Et je me suis retrouvé à être en panne, à ne plus pouvoir écrire et à voir cette épidémie qui est arrivée.
01:05Et ce qui m'a le plus choqué, je crois, c'est qu'on a basculé d'une manière anthropologique, anthropologiquement.
01:11C'est-à-dire qu'on est arrivé à un point où on ne pouvait plus enterrer ces morts.
01:14Ça, c'est quelque chose qui, pour moi, est un début de décivilisation.
01:18Et les mesures qui ont été prises aussi m'ont frappé.
01:21Non pas parce que j'ai eu un jugement immédiatement idéologique ni quoi que ce soit,
01:24mais je me suis dit, tiens, c'est étrange, on est en train de se conformer à un pays totalitaire comme la Chine
01:28pour mettre en place des mesures sanitaires.
01:32Il me semble que là, on n'a pas exercé ce qui est l'essence même de notre civilisation, l'essence même de notre réflexion.
01:40Pourquoi nous sommes une démocratie ? Pourquoi nous devons penser par nous-mêmes ?
01:43On a appliqué un modèle qui n'est pas le nôtre au nom du plus grand bien et de la protection de l'individu.
01:48Et ça, ça m'a alerté et ça m'a confondu.
01:50Et dans le roman, j'appelle ça la grande épidémie sous forme d'outrance,
01:54parce qu'en fait, quand je comparais entre l'épidémie de peste à Marseille en 1720,
01:58qui était dévastatrice, et ce qu'on vivait, qui était aussi terrible,
02:03je dois le dire, il y a eu énormément de morts, etc.
02:05Mais il y avait une espèce d'écart comme ça, quasi très outrancier,
02:10qui m'a profondément choqué, en fait.