Médecin généraliste à l’origine, le Dr Eric Sarriot s’est rapidement tourné vers la santé publique. À l’international comme au niveau local, il travaille avec de nombreux acteurs pour améliorer le système de santé. Rencontre.
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00:00qui a des acteurs différents dans la santé, des acteurs multiples même,
00:03et il faut que tout ça, ça travaille ensemble,
00:05parce que si ça ne travaille pas bien ensemble, on n'a pas un système, on a une cacophonie.
00:17J'étais médecin généraliste, après je suis parti habiter en Afrique de l'Ouest,
00:22travailler pendant quatre ans en Mauritanie, je me suis vraiment lancé dans la santé publique,
00:26et j'ai beaucoup travaillé, toujours en international, dans les ONG,
00:30dans le secteur privé en assistance, en appui technique,
00:32beaucoup en relation avec le gouvernement,
00:34j'ai travaillé dans le renforcement des systèmes de santé,
00:36et j'ai fait mes trois dernières années avant d'arriver en ARES,
00:39avec Gavi, qui est l'alliance du vaccin, qui est basée à Genève,
00:46qui a des acteurs différents dans la santé, des acteurs multiples même,
00:49et il faut que tout ça, ça travaille ensemble,
00:51parce que si ça ne travaille pas bien ensemble, on n'a pas un système, on a une cacophonie.
00:54L'ARES, c'est un nœud dans tout ça.
00:56Travailler au niveau local, avec les acteurs locaux qui sont prêts,
01:00les populations, pour l'offre de services,
01:01moi je me suis dit que c'est un endroit très cohérent.
01:07Quand on a des réunions à New York, ça fait plus envie que quand on parle de faire une réunion à la Trimouille,
01:12mais les problématiques sont très similaires.
01:17C'est quelqu'un qui a la qualification de médecin,
01:19donc qui a des compétences, par exemple, pour avoir accès aux dossiers médicaux, pour les demander,
01:23c'est quelqu'un qui peut répondre à des questions techniques, cliniques,
01:26ou sur des risques épidémiologiques.
01:28Ça veut dire aussi qu'on est un vis-à-vis par rapport à ses collègues.
01:31J'ai tendance à me concentrer bien sûr sur les missions médicales,
01:33et aussi il y a les missions d'appui aux pôles,
01:36on a des pôles ici très dynamiques,
01:37pôle prévention, le pôle hospitalier, le pôle personnes âgées,
01:41personnes en situation de handicap.
01:4590% de mon travail, c'est avec des collègues sur ces différents dossiers.
01:50Je ne fais pas beaucoup de travail analytique,
01:52ce n'est pas ma fonction ici.
01:53Par contre, on analyse pour voir où est-ce qu'il y a des carences,
01:56où est-ce qu'on a ou on n'a pas des médecins,
01:58où est-ce qu'on n'a pas des professions paramédicales,
02:01où est-ce qu'on a des populations qui ont vraiment un risque particulier,
02:05qui ont accès à des services particuliers.
02:07Donc moi, je crois beaucoup à l'évaluation qui nécessite des chiffres,
02:10qui nécessite aussi des données qualitatives.
02:12Et d'ailleurs, le médecin lui-même, il va prendre une tension,
02:14il va demander si quelqu'un a de la fibrillation,
02:17il va demander si quelqu'un a de la fièvre.
02:20Les chiffres, ils sont dans toute exploration d'un système complexe.
02:22Alors après, quelle utilisation on fait de ces chiffres
02:24et comment on communique sur ces chiffres ?
02:29Une semaine typique, il y a beaucoup de réunions
02:31pour essayer de discerner des directions d'action.
02:34Il y a des sollicitations du siège qui nous disent,
02:36voilà, une réflexion qui est là.
02:38Quel sens ça a sur le territoire ?
02:40Donc nous, on va travailler avec les professionnels, les usagers aussi.
02:44Alors c'est vrai que dans une semaine typique,
02:45c'est difficile de qualifier parce que tous les jours,
02:48il y a des choses qui tombent, que ce soit un signalement
02:50ou voilà une situation complexe qui est amenée par des partenaires
02:53qui travaillent sur le handicap.
02:55Quel est le médical ? Quel est le médico-social ?
02:57Quelles sont les structures où on peut aller ?
02:59Quel conseil doit être donné ?
03:00Quel intervenant doit être là ?
03:02Faut engager tel type de spécialiste ou tel autre type de spécialiste ?
03:09Oui, oui, moi, je suis à fond derrière le service public.
03:12Je crois beaucoup aux sociétés plurielles.
03:13Je crois beaucoup que le service public, c'est essentiel.
03:15Il faut qu'il soit gouverné, il faut qu'il soit organisé,
03:18il faut qu'il soit coordonné.
03:19Je crois aussi que l'intelligence qui vient des usagers,
03:21mais des associations, du milieu social, même du milieu socio-culturel,
03:26ça peut être très important, y compris dans la santé.
03:33Ça, c'est une question existentielle.
03:34Je ne peux pas y répondre sans avoir pris mes médicaments avant.
03:36Quand j'étais médecin généraliste, quelqu'un me disait merci docteur
03:39ou quelqu'un me disait, on n'arrivait pas à avoir d'enfants.
03:42Vous avez diagnostiqué l'hypothyroïdie de ma femme.
03:45Maintenant, on a un enfant, en santé, très utile.
03:47C'est vrai que dans la santé publique, la réponse n'est pas aussi immédiate.
03:50Quand on attaque des situations complexes,
03:52pas au niveau individuel, mais au niveau institutionnel,
03:54il y a aussi des fois, on sort de réunions et on n'est pas persuadé.
03:58Mais justement, ça veut dire comment il faut réfléchir,
04:00comment il faut engager les gens, quel dialogue il faut avoir.
04:02Oui, je me sens utile.
04:07C'est quand on voit justement quelque chose où on devient plus invisible.
04:11C'est une situation qu'on a pu redresser, une solution qui est trouvée.
04:14Une personne qui est en situation de soins complexes, qui a fait l'appel à nous.
04:18On engage les partenaires, les prestataires.
04:20Puis tout d'un coup, on aboutit à une solution qui va être satisfaisante.
04:25Et au moment où ça commence à marcher, en fait, on ne nous voit plus, nous.
04:31Bien sûr, de temps en temps, on voit de la médecine de haut niveau qui se réalise.
04:34On se dit, ah, ça, c'est le chemin que je n'ai pas pris.
04:36Et c'est vrai que c'est beau.
04:37Mais moi, je trouve que la santé publique, c'est noble.
04:40La santé, ce n'est pas que l'absence de maladie.
04:42Il y a un tout autour de la santé.
04:44Et en travaillant dans la santé publique en ARS,
04:46c'est ce à quoi on tend et c'est ce qu'on peut faire.
04:48Et ça, je ne le regrette pas du tout.
04:52Écouter, apprendre, analyser, répondre.
04:58La santé communautaire ne doit pas être négligée.
05:00On fait de l'aller vers, on ne fait pas assez d'aller avec.
05:02La santé communautaire, c'est faire avec les populations.