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00:008h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la directrice du pôle éducation au numérique de l'agence Tralalaire.
00:06Bonjour Axel Dessin, dame du sur Europe 1. Un mot de Tralalaire, société qui produit des ressources numériques pour l'éducation du primaire au lycée dans tout un tas de domaines,
00:14l'apprentissage des langues, la programmation, la prévention du harcèlement, l'éducation aux médias ou encore l'éducation au numérique et je précise que vous êtes reconnu d'utilité sociale.
00:25Alors vous êtes avec nous ce matin Axel Dessin à l'occasion de la journée mondiale sans portable, c'est aujourd'hui, je le disais, abstinence numérique complète.
00:33Est-ce que vous y êtes prêt ? Ce n'est pas facile même pour 24 heures. Alors imaginez pour vos enfants, ça c'est vraiment la bataille du portable dans toutes les familles Axel Dessin.
00:41Oui on sent que c'est vraiment le sujet qui crispe en fait. C'est vraiment encore un sujet de tension et d'incompréhension mais moi j'ai envie de dire dans les deux sens.
00:51C'est-à-dire qu'effectivement les parents reprochent beaucoup à leurs enfants d'être scotchés et ne comprennent pas forcément ce qu'ils y font.
00:58Mais de la même manière quand on discute nous avec les jeunes, ils reprochent aussi à leurs parents d'y être très accrochés et pas forcément disponibles pour eux à cause de ces téléphones.
01:07Qu'est-ce qu'ils y font avec leurs téléphones les jeunes Axel Dessin ?
01:11On se rend compte qu'effectivement les activités numériques en très peu de temps en fait et avec les téléphones se sont concentrés sur très peu d'activités
01:17puisque aujourd'hui quasiment tout ce qu'on fait, communiquer, se divertir, s'informer, ça passe par des réseaux sociaux.
01:25Donc c'est le principal usage aujourd'hui parce que ça concentre effectivement un grand nombre d'activités et qu'en plus ils sont quand même un peu conçus pour nous capter.
01:33Je vais donner un chiffre effrayant. Moi franchement je trouve que ce chiffre effrayant il est donné par Jonathan Haidt dans son livre Génération Anxieuse qui vient de paraître.
01:40Les 13-18 ans passent 40 heures par semaine sur les réseaux sociaux en moyenne. Non mais c'est une semaine de travail. 40 heures par semaine.
01:48Oui mais je pense qu'il faut se demander aussi pourquoi. Il y a deux raisons.
01:52D'abord parce que, il faut le répéter quand même, ces réseaux sociaux sont conçus pour être captifs.
01:56C'est leur modèle économique donc ils ont besoin de notre attention.
01:59Et puis aujourd'hui quand même pour des jeunes beaucoup de leurs activités se concentrent là.
02:04C'est quand même aujourd'hui l'outil de matière de l'union sociale.
02:07Mais même au-delà de ça j'ai envie de dire, le smartphone on l'a en main tout le temps.
02:10Pourquoi ? Parce que cet appareil concentre énormément de choses qui étaient avant distribuées sur plusieurs appareils.
02:15C'est un téléphone, c'est une messagerie, c'est une console de jeux, c'est une plateforme de réseaux sociaux, etc.
02:21Exactement. C'est-à-dire que ce soit sa série préférée, discuter avec ses amis après l'école, se divertir, jouer.
02:30Avant c'était même éclaté sur différents écrans qui sont aujourd'hui concentrés.
02:34Rentrons dans le sujet qui est aujourd'hui, je le disais, le plus problématique pour les parents.
02:37Comment on fait avec ces enfants qui ne veulent pas lâcher leur smartphone ?
02:41Parce qu'on en voit clairement les dégâts. Il y a un sujet d'isolement social.
02:44Pas tout le temps bien sûr, heureusement, mais de manque de sommeil,
02:47des enfants qui sortent moins de leur chambre, qui veulent moins voir leurs amis.
02:50On connaît tous ces problèmes-là à différents degrés dans les familles.
02:53Axel Dessins, vous vous travaillez avec Tralalaire sur des méthodes, si je puis dire,
02:57pour aider les parents à engager un dialogue avec leurs enfants.
03:00Parce que c'est surtout ça que vous dites, arrêter de vouloir imposer forcément l'arrêt du smartphone ou la confiscation.
03:05Il faut parler avec vos enfants de l'usage du téléphone.
03:08Oui, nous on opère un programme national qui est Internet sans crainte,
03:11où effectivement on accompagne les familles sur ce sujet-là.
03:14Déjà, ce qu'il faut se dire, c'est essayer de mettre en place un cadre dès l'arrivée du téléphone.
03:19A quel âge le premier smartphone ?
03:22Il n'y a pas d'âge. Il faut se dire, c'est un outil et il faut en fait faire un outil qui soit adapté à son enfant.
03:29Il faut juste se dire qu'à partir du moment où on équipe son enfant d'un smartphone,
03:32on l'autorise finalement à un usage en autonomie, où le parent n'est plus présent.
03:36Donc effectivement, avant le collège, est-ce que c'est vraiment utile ?
03:40Généralement c'est la sixième.
03:41Voilà, en général c'est la sixième.
03:43On a les ENT, les Environnements Numériques Terrestres.
03:45Il y a plusieurs motivations, c'est ça. Il y a plusieurs motivations.
03:47Souvent d'ailleurs les parents disent, c'est parce qu'il y a un ENT que j'ai équipé mon enfant,
03:51puis parce que l'enfant va se déplacer seul. Il y a plein de motivations.
03:54Je précise l'ENT pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est le cahier de texte en ligne,
03:57c'est la messagerie parents-profs, élèves-profs, etc.
04:00C'est indispensable, tous les élèves ont ça aujourd'hui.
04:02Ils sont obligés effectivement de s'y connecter.
04:05Donc ce qui est important déjà, c'est de mettre un cadre dès le départ.
04:08Parce que ça, ça va permettre de mettre en place des bons réflexes.
04:11Et le premier réflexe qu'on devrait avoir, c'est effectivement
04:14de paramétrer avec son enfant son téléphone,
04:16poser des plages horaires, lui dire,
04:18tu sais, ce téléphone, il va être extrêmement attractif,
04:21tu vas en voir envie d'y être tout le temps,
04:23on a besoin ensemble de trouver un équilibre.
04:25Puis vous avez parlé du sommeil, vous avez raison,
04:27parce que quand même, en 20 ans,
04:29les adolescents ont perdu l'équivalent d'une nuit de sommeil par semaine,
04:32c'est énorme.
04:33Ils dorment 7 heures par nuit en moyenne, je voyais ça, c'est très peu.
04:35Alors qu'on a besoin encore de 9-10 heures à l'adolescence.
04:38Donc prendre le réflexe dès le départ,
04:40que ce téléphone, par exemple, ne rentre pas dans la chambre le soir,
04:43pour préserver le sommeil,
04:45c'est mettre en place dès le départ des bons réflexes,
04:47et surtout que le jeune comprenne.
04:48Et si on ne les a pas pris ces bons réflexes dès le départ,
04:50comment on fait pour revenir en arrière,
04:52enfin j'aime pas ce mot, mais rééduquer,
04:54corriger le tir.
04:55Alors déjà, il faut aussi se questionner en tant que parent
04:57sur qu'est-ce qui nous pose soucis dans ce temps,
04:59et qu'est-ce qui est problématique,
05:01parce qu'on l'a dit, beaucoup d'activités passent par là.
05:03Donc si son enfant, à côté de ça,
05:05continue à faire du sport, à voir ses amis,
05:07ses résultats scolaires vont bien, il va bien,
05:10peut-être que toutes ces activités-là,
05:13elles sont juste normales.
05:14Après l'adolescence, c'est un moment de vulnérabilité,
05:17et donc si on se rend compte que son enfant va pas très bien,
05:19effectivement les réseaux sociaux peuvent enfermer aussi
05:21dans ces bulles de filtre.
05:22Il y a une hypersensibilité des jeunes à la comparaison sociale,
05:24alors les réseaux sociaux viennent se greffer là-dessus quand même,
05:27c'est un vrai sujet.
05:28À un âge où effectivement on se construit,
05:31où on est particulièrement vulnérable,
05:33effectivement se confronter l'image des autres,
05:35à l'image de créateur de contenu, d'influenceur,
05:37où tout se passe bien, qu'ils sont très beaux.
05:39En substance, il faut aller les chercher,
05:41il faut en parler avec eux,
05:42tiens, qu'est-ce que tu regardes,
05:43sans être intrusif, c'est compliqué.
05:45L'idée c'est déjà de s'intéresser.
05:46C'est vrai que parfois, en tant que parent,
05:48on a des injonctions qui sont pas favorables au dialogue.
05:50Ça fait des heures que tu arrêtes,
05:51ou qu'est-ce que c'est que ce jeu débile,
05:53ou tu regardes des bêtises.
05:54Non.
05:55Le jeu n'est pas débile.
05:56C'est ça qu'il faut le dire.
05:58Déjà, s'intéresser à en faire un sujet de dialogue.
06:00Et puis, une chose qui marche bien aussi avec les ados,
06:04c'est de les faire prendre conscience en fait,
06:05qu'ils sont un peu victimes d'un système.
06:07C'est-à-dire que ces réseaux qui sont contenus
06:09pour leur attirer l'attention,
06:10leur dire,
06:11mais toi t'as envie d'être un produit de consommation ?
06:13Tu veux pas essayer un peu de te réguler par rapport à ça ?
06:16Et puis oser aussi en tant que parent dire,
06:17tu sais, moi je suis un peu comme toi,
06:19moi aussi je suis scotché,
06:20tu veux pas qu'ensemble,
06:21on regarde notre temps d'écran de la semaine
06:22et qu'on voit si la semaine prochaine,
06:23on arrive à faire mieux.
06:24Si c'est gratuit, c'est que c'est vous le produit,
06:26n'oubliez jamais ça.
06:27Et en substance, faire du téléphone un sujet de conversation,
06:29pas de conflit.
06:30On aura retenu ça de votre intervention ce matin sur Europe 1,
06:32Axel Dessins.
06:33Merci beaucoup.
06:34Merci à vous.
06:35Vous pouvez, auditeurs, aller voir ce que fait l'agence Tralala.
06:36Il y a plein de choses,
06:37plein de contenus numériques en ligne
06:38sur votre site internet.
06:39Merci d'être venu nous voir ce matin sur Europe 1.
06:40Merci à vous.