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Les deux motions de censure déposées par La France insoumise (LFI) ce lundi 3 février sont étudiées ce mercredi à partir de 15H30. Sans les voix du Rassemblement national et du Parti socialiste, il est peu probable que le gouvernement de François Bayrou tombe.

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00:00Alors la parole est à madame Aurélie Trouvé pour le groupe La France Insoumise pour une durée de 10 minutes.
00:07Merci beaucoup.
00:30Stabilité, responsabilité. Le gouvernement de monsieur Bayrou n'a que ses mots à la bouche pour justifier son budget injustifiable.
00:50Responsabilité. En effet, si votre budget passe, monsieur le Premier ministre, vous serez responsable.
01:00Vous serez responsable du budget le plus austéritaire du 21e siècle.
01:06De la plus forte baisse de dépenses publiques que la France ait jamais connue en 25 ans.
01:13Une baisse de 23 milliards d'euros, pire que celle prévue dans le budget de monsieur Barnier.
01:20Vous serez responsable de la plus forte injustice, car vous serez responsable d'appauvrir les gens, et particulièrement ceux qui ont du mal à boucler leur fin de mois.
01:31Vous serez responsable d'augmenter les taxes sur l'électricité. 11 millions de ménages, des centaines de milliers d'entreprises qui verront leurs factures s'envoler.
01:41Vous serez responsable d'augmenter les taxes sur les petits entrepreneurs. 250 000 artisans, commerçants, indépendants frappés.
01:52Vous serez responsable de ruiner un peu plus les entreprises du bâtiment, en amputant le budget de la rénovation thermique des logements.
02:03Vous serez responsable d'une chute historique. 1,5 milliard de moyens en moins pour la recherche publique, pour les universités, pour l'enseignement supérieur.
02:16Soit l'assurance d'un décrochage technologique et scientifique majeur du pays.
02:25Vous serez responsable des dizaines de milliers de gens qui perdront leur emploi dans le sport ou la culture, car là aussi vous taillez dans les budgets.
02:34Vous serez responsable d'une France complètement à la traîne face aux défis écologiques.
02:41Et vous serez responsable d'une asphyxie budgétaire des communes, des départements, des régions qui se voient privées de 2,2 milliards d'euros.
02:52Mais vous êtes déjà responsable d'un sabotage de la loi spéciale votée en décembre.
03:00Car oui, il y a un budget. C'est celui de la loi spéciale qui permet de poursuivre les dépenses engagées.
03:08Pourquoi semer le doute et l'inquiétude dans les administrations par vos circulaires de décembre ?
03:14Pourquoi priver sciemment les associations de subventions, les jeunes de services publics, civiques ou de passe culture ?
03:21Si ce n'est pour semer la peur et imposer coûte que coûte votre budget.
03:27La stabilité. Voilà au nom de quoi se ferait le sauvetage du budget.
03:33Mais la seule stabilité qu'offre ce budget, c'est la stabilité dans l'erreur et la dépression.
03:39La seule stabilité qu'offre ce budget, en fait, elle est pour les milliardaires, les grands actionnaires que vous refusez de faire contribuer
03:49alors qu'ils sont les seuls à avoir profité des 7 ans de la présidence de M. Macron.
03:54Ça n'est pas moi qui le dit, c'est la direction générale des finances publiques dans son dernier rapport.
04:01En refusant de faire payer aux ultra-riches leur juste part d'impôt, M. le Premier ministre,
04:07vous faites pire que M. Barnier et vous privez encore l'État de 6 milliards de recettes supplémentaires.
04:13Vous n'augmentez pas la flat tax, ni la taxe GAFAM, ni la taxe sur les rachats d'actions, ni la taxe sur les transactions financières.
04:21Et surtout, ce sera la certitude d'un naufrage économique.
04:27Déjà, record de défaillances d'entreprises.
04:31Envolée du chômage.
04:33Baisse de l'investissement productif, chers collègues.
04:37Chute de la productivité du travail.
04:40Stagnation de la croissance.
04:42Effondrement de l'industrie.
04:44Submersion de plans de licenciement.
04:48Envolée de l'épargne des ménages.
04:51Vous savez combien ça atteint ? Un triste record 18%.
04:56C'est dire que votre politique et celle de M. Macron sèment l'inquiétude partout et paralysent l'activité économique.
05:04Votre budget, en fait, c'est la stabilité d'un cercle vicieux pour l'économie réelle.
05:10Il nous coince en fait comme des hamsters dans la roue néolibérale de M. Macron.
05:15Baisse du pouvoir d'achat des gens.
05:17Baisse des investissements publics.
05:20Et donc, évidemment, chute des carnets de commandes pour les entreprises.
05:24Chute de l'activité économique.
05:26Chute de l'emploi.
05:27Et à nouveau, baisse du pouvoir d'achat, etc.
05:29Et dans ces trous infernales,
05:35et bien évidemment, il y a de moins en moins de rentrées fiscales et une explosion du déficit public.
05:41Ce sera donc aussi un nouveau naufrage budgétaire.
05:46Votre stabilité, c'est le chaos et la crise.
05:50Votre stabilité, c'est le conservatisme, l'arrêteur et l'entêtement.
05:55Votre stabilité, c'est la certitude de continuer comme avant alors qu'il faudrait faire tout autrement.
06:02Presque 8 ans de politique de M. Macron.
06:05En 8 ans, vous avez consumé toutes les forces vives du pays.
06:10Libérons le pays de ces trous infernales.
06:14Une autre économie est possible.
06:17Un autre budget est possible.
06:20Planifions une économie au service des besoins.
06:23Dans un monde de tensions et d'affrontements, l'État doit investir, il doit rassurer.
06:28Lançons des investissements publics massifs dans l'éducation, la santé, la bifurcation industrielle, agroécologique, dans les technologies quantiques.
06:37Ce seront les catalyseurs de la richesse future.
06:41Tout euro investi par l'État et dans les services publics, on le sait bien, dans la rénovation thermique des logements, dans les énergies renouvelables ou dans les transports durables,
06:49c'est un euro qui peut soutenir les emplois locaux, les TPE, les PME, les ZTI locales et construire la société de demain juste, humaniste et en harmonie avec le vivant.
07:02Et nous avons pour ça besoin de politiques d'achat public, mais vous, vous les démolissez.
07:09Relançons enfin la consommation populaire, celle des travailleurs, celle des étudiants, celle des retraités par des salaires et des revenus à la hauteur.
07:21Ce sont eux qui créent la richesse de ce pays et personne d'autre.
07:27Protégeons, relocalisons, bloquons les prix de l'énergie et donnons ainsi de la stabilité aux gens et aux entreprises,
07:38comme le font maintenant bien d'autres puissances économiques dans le monde, mais vous, vous faites tout à l'envers.
07:44Votre budget démolit, votre budget précipite le naufrage de l'économie française.
07:51Ce budget, enfin, est un naufrage de la démocratie. Nous en sommes au 25e 49.3 des gouvernements de monsieur Macron.
08:02Face à un 49.3, tout le monde le sait, il n'y a qu'une seule façon d'exprimer son opposition au budget, une seule façon d'exprimer son opposition au gouvernement, c'est le vote d'une motion de censure.
08:17Et donc, le seul vote responsable pour éviter ce naufrage économique et démocratique, c'est maintenant.
08:31Merci beaucoup. Je rappelle quand même aux orateurs qu'il est d'usage, lorsque l'on prend la parole dans cet hémicycle et singulièrement à la tribune, de saluer la présidence et le gouvernement.
08:53Voilà la prise de parole du chef du gouvernement.
08:58Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du gouvernement et mesdames et messieurs les députés,
09:10beaucoup d'entre vous se sont succédés à cette tribune pour expliquer que le budget n'était pas ce qu'ils espéraient.
09:21Ça tombe bien parce que ça n'est pas non plus ce que nous espérions. Ce budget a une histoire.
09:28Et cette histoire est l'histoire d'échecs successifs, de difficultés successives après la censure, après le fait que l'accord n'ait pas pu être établi entre l'Assemblée nationale et le Sénat,
09:45après des efforts multiples du gouvernement, des groupes qui participent, de ceux qui acceptent de dialoguer avec lui et même d'informations de tous les groupes de notre Assemblée.
10:01Nous avons un budget imparfait. Et je voudrais dire à ceux qui l'ont remarqué que notre but, notre intention est que ce budget, l'année prochaine,
10:16si nous arrivons à remplir les objectifs que nous nous sommes fixés, ce budget ne soit pas le même. Et donc ce budget est une étape d'urgence.
10:30Et pourquoi est-il une étape d'urgence ? Parce que notre pays ne peut pas vivre sans budget. Tout le monde l'a dit à cette tribune.
10:39Tout le monde l'a annoncé, observé. Et l'a dit peut-être... Chacun l'a dit de manière un peu exubérante, de manière violente, avec des cris de soutien et parfois mitigés.
10:59Le soutien. Tout le monde s'est exprimé. Nous ne pouvions pas en aucune manière faire autrement. C'est pourquoi nous avons fait un choix.
11:13Nous avons fait un choix d'agenda en choisissant de repartir du texte qui avait été présenté par le gouvernement de Michel Barnier et examiné par le Sénat.
11:31C'était plus difficile, naturellement. Mais ça répondait à une exigence. C'est que nous ayons un budget au début du mois de février alors qu'autrement,
11:43il aurait fallu attendre avril. Et qui peut soutenir l'idée que les investisseurs qui ont besoin de lisibilité, que les entreprises qui ont besoin
11:57de stabilité et que les foyers qui ont besoin de retrouver un minimum de cohérence dans l'action publique, qui peut soutenir l'idée que ça aurait été mieux
12:08d'attendre 4 mois pour avoir à peu près les mêmes discussions, à peu près les mêmes condamnations, à peu près les mêmes invectives ?
12:19— Vous voulez l'Assemblée ? — Non, sûrement pas. Et je proposerais même qu'on travaille avec l'Assemblée, parce que nous avons à reconstruire
12:31ce que quelques-uns d'entre vous ont dit à cette tribune. Nous avons à reconstruire la conception même de notre action publique et de l'allocation
12:42des moyens qui sont dévolus à cette action publique. Mission par mission, mission par mission, si ce budget est adopté comme il est réputé
12:55devoir l'être s'il n'y a pas de vote de motion de censure, si ce budget est adopté, alors nous allons, dès la semaine prochaine,
13:07repartir de chacun des départements ministériels en analysant pour chacun d'entre eux si l'action, si les missions qu'il doit conduire
13:19sont bien réalisées et si l'argent public qui leur est apporté est bien placé. C'est cela, l'action que nous allons entreprendre.
13:31C'est nécessaire, difficile, mais il n'y a pas de possibilité de continuer comme nous le faisons depuis des décennies, avec une méthode extrêmement simple.
13:44Comment faisons-nous le budget ? Nous prenons le budget de l'année précédente. Nous y affectons plus ou moins un coefficient d'inflation.
13:54Et ce succède à cette tribune... Que personne ne prenne mal ce que je vais dire, parce que je sais que cette culture est répandue.
14:04Tous ceux qui viennent à la tribune disent « Il faut baisser la dépense publique ». Tous ceux qui viennent à cette tribune disent « Vous mettez trop d'impôts ».
14:14Les foyers sont frappés. Les entreprises sont frappées. Et en même temps, chacun exige qu'on dépense plus pour la préférence dans l'action qui est la sienne.
14:26Chacun se plaint de ce que l'augmentation du budget auquel il est attaché a été trop faible, et dans le même temps qu'on n'ait pas fait
14:40le rééquilibrage que l'on attendait. L'un est contradictoire avec l'autre. Je veux simplement dire ceci, et je le dis avec prudence et humilité.
14:54On ne peut pas reprendre la méthode éternelle qui consiste à repartir du budget précédent pour bâtir le budget suivant avec un coefficient
15:08d'augmentation des dépenses, des impôts et des taxes. L'immense travail que nous avons à faire est un travail de reconstruction.
15:16Et j'ai confiance, après avoir entendu chacun des orateurs qui mentionnaient ou qui notaient, qui analysaient les faiblesses du budget
15:28que nous allons, je crois ou j'espère, adopter dans les heures qui viennent, j'ai confiance que tout le monde peut participer à cet effort de reconstruction.
15:39Le budget que nous allons adopter aujourd'hui, je le crois, est une étape. C'est même le début du début du commencement du travail que nous avons à faire.
15:51Le gouvernement, naturellement, y participera. Mais je voudrais dire un dernier mot. À l'heure même où nous avons ce débat, un peu par moment surréaliste,
16:06parfois décalé, l'Ukraine, avec plus de 100 000 morts, s'arboute sous les coups de l'armée russe sous les ordres de Poutine qui, elle, a eu 200 000 morts.
16:26Le 47e président des États-Unis annonce qu'il va annexer le canal de Panama, l'immense Groenland. Et l'immense Groenland, je rappelle que le Danemark
16:43est un État de l'UE. Et que la question, si cette menace se réalisait, se poserait à tous les États de l'UE de la réaction qu'il pourrait être la leur
16:59face à cette tentative de prise de contrôle. La Chine a passé le cap des 1 000 milliards d'excédents commerciaux. Et tout cela, ce sont des tsunamis qui s'avancent irrésistibles,
17:22en tout cas en face desquels nous demeurons paralysés. Et nous nous évertuons, nous nous ingénions, nous nous obsédons à rester, à nous enfoncer et à aggraver
17:35nos faiblesses et nos divisions. Le gouvernement n'a qu'une ligne. Restaurer une puissance publique digne de ce nom au service d'une nation qui doit retrouver
17:47sa solidité, sa solidarité et sa fierté. Merci beaucoup.
17:52Merci beaucoup, M. le Premier ministre. La discussion est close. Je vais mettre aux voix la motion de censure. Le scrutin est annoncé dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.
18:01Je rappelle que seuls les députés favorables à la motion de censure participent au scrutin et que le vote se déroule dans les salles voisines de l'hémicycle.
18:08Le scrutin va être ouvert pour une durée de 20 minutes. Il sera donc clos à 18h05. La séance est suspendue.
18:17Voici le résultat du scrutin. Majorité requise pour l'adoption de la motion de censure sur la majorité absolue des membres composant l'Assemblée 289 pour l'adoption 128.
18:29La majorité requise n'étant pas atteinte, la motion de censure n'est pas adoptée. En conséquence, les conclusions de la commission mixte paritaire
18:37sur le projet de loi de finances pour 2025 sont considérées comme adoptées.

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