Ce samedi 1er février sur CNEWS, le philosophe Michel Onfray s’est exprimé au sujet des critiques faites aux grands patrons : «Si on veut de la répartition des richesses, il faut de la production de richesses», a-t-il ainsi expliqué dans l'émission Face à Michel Onfray.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Mais bien sûr que Bernard Arnault a raison, parce que le logiciel de Marx, il est nationaliste, c'est-à-dire que quand il pense, il y a des nations.
00:07Donc quand il pense la plus-value, il a raison de penser la plus-value en disant qu'il y a des enrichissements parce que le travail du prolétariat n'est pas payé.
00:15Proudhon utilise cette image-là, il dit que quand on a mis debout l'obélisque de la Concorde, il a fallu faire travailler 100 personnes pendant une heure.
00:22Si vous faites travailler une personne pendant 100 heures, ça ne marchera pas. Donc il y a une force de travail qui n'est pas payée.
00:27Ça s'appelle du vol, dit Proudhon. C'est ça, la propriété c'est le vol, c'est pas j'ai un petit jardin et c'est du vol.
00:32Non, c'est de dire la force de travail n'est pas correctement payée. Bernard Arnault a raison de placer le discours sur le terrain international,
00:39parce que si vous dites c'est dans un terrain national et sur l'international et ce sont les frontières, ça fonctionne, il n'y a plus de frontières.
00:46Donc un patron peut très bien dire mais le coût de mon propre travail ne me permet pas de vendre le produit, à tel prix je ne suis pas concurrentiel.
00:54Si je suis en relation avec des pays comme l'Inde ou des pays comme la Chine qui produisent à bas coût et de mauvaise qualité,
01:00qui plus est LVMH est un groupe de luxe qui fait des choses formidables et enfin on peut copier mais ça n'a rien à voir.
01:06De fait, le patron dira mais moi je ne peux plus, je vais aller en Irlande par exemple ou je vais aller dans d'autres endroits.
01:12Aux Etats-Unis.
01:13Aux Etats-Unis où le coût du travail sera moindre, où je pourrai vendre et puis je vais faire tourner mes entreprises ailleurs.
01:19Qu'est-ce que ça veut dire du chômage et de la misère et de la pauvreté en France ?
01:22Donc encore de l'assistanat, donc encore des impôts, qu'est-ce que ça veut dire ?
01:25Et à un moment donné il faut penser la réalité là pour le coup, ne pas écarter les faits et juste dire que le logiciel marxiste du XIXe siècle
01:33ne peut pas fonctionner dans une économie mondialisée.
01:35Dans une économie mondialisée, le premier patron qui dit mais moi je m'en vais, vous me coûtez trop cher et pas seulement parce qu'il faudrait augmenter les salaires,
01:42ce qu'il faudrait faire ceci dit en passant, l'autogestion du général de Gaulle.
01:45En fait il faudrait enlever les charges qui pèsent sur les salaires, ce qui permettrait que le travail paye.
01:49Mais la vraie révolution c'est le dernier général de Gaulle, je vous assure.
01:52On a épuisé hélas les images d'archives mais le général qui nous dit à la fin la participation et la départementalisation, la décentralisation,
01:59c'est-à-dire l'option gérondine prise par un Jacobin, c'était formidable.
02:04Et puis surtout cette idée de dire oui il y a des profits qui sont considérables aussi tout de même.
02:08Que faites-vous de ces profits et de ces bénéfices ?
02:10Alors bien sûr il faut réinvestir, il faut avoir des politiques agressives parce que le marché planétaire est violent.
02:15Mais que faites-vous par exemple des petits salaires ou des mauvais salaires ?
02:20Et c'est tout ça qu'il faut repenser.
02:22Ça veut dire qu'il faut que les gens se parlent.
02:24Il faut arrêter de penser qu'un patron c'est juste bon à égorger ou qu'un ouvrier c'est juste bon à saigner.
02:28C'est le logiciel qui imprègne les cerveaux depuis 40 ans.
02:31Eh bien voilà, il faut en finir avec ça.
02:33Oui la lutte des classes ça existe mais les patrons ne sont pas des crétins, ils comprennent comment ça fonctionne, les ouvriers aussi.
02:38Il faut juste être capable de s'entendre et le gaullisme social rend possible avec cette perspective de participation un travail en commun
02:46plutôt que de se dire pendons-les les aristocrates à la lanterne, enfin variation sur le même thème,
02:50et en disant ils ont de l'argent prenons cet argent etc.
02:53C'est pas si simple, il ne suffit pas de dire on prend là on remet ici.
02:56Et puis ne jamais oublier un truc élémentaire c'est que si on veut de la répartition de richesses il faut qu'il y ait de la production de richesses.