Avec Patrick Sabin, ancien maire de Escource (à l’origine du projet) et Vice-Président en charge de la transition énergétique et écologique au niveau de la communauté de commune
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00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Aiglaise.
00:056h40 sur Sud Radio, la vie en vraie, direction donc le village d'Escourse, dans les Landes.
00:09En 2009, c'est devenu le premier village auto suffisant en énergie de France.
00:14Qu'est-ce que ça a changé concrètement pour les habitants, pour la commune ?
00:17Pour en parler, j'accueille donc l'ancien maire de ce village de 800 habitants,
00:21à l'origine de cette première en France. Bonjour Patrick Sabin.
00:25Bonjour.
00:26Et merci d'être avec nous sur Sud Radio.
00:27Vous êtes aujourd'hui vice-président de la communauté de communes en charge de la transition énergétique et écologique.
00:32Alors, il faut se rendre compte, pour ceux qui nous écoutent,
00:34en 2009, vouloir rendre tout un village auto suffisant en énergie, c'était vraiment précurseur.
00:39Comment elle vous est venue, cette idée, Patrick Sabin ?
00:42Tout simplement après la tempête Clos.
00:45Nous sommes une commune forestière aussi grande que Paris en surface, avec 800 habitants.
00:50Et après la tempête Clos, on a été complètement dévasté.
00:53Il y a plus de 60% de la forêt par terre.
00:56Et à ce moment-là, on a vu arriver tout un tas d'opérateurs exogènes
00:59qui nous ont proposé de mettre de l'éolien du photovoltaïque.
01:02Et nous, on s'est dit qu'il fallait qu'on fasse autrement
01:05et qu'on ne laisse pas notre vent et notre soleil.
01:07C'était exogène et c'est comme ça que c'est parti en fait.
01:09C'est comme ça que c'est parti ?
01:11Exactement.
01:12Politiquement, on s'est dit que ce n'est pas facile quand vous êtes tout seul dans un petit village.
01:18Mais on a eu la chance de rencontrer un président de région qui nous a écoutés,
01:23qui nous a suivis, qui nous a aidés pour se lancer dans une démarche
01:26qui s'appelle une démarche TEPOS, territoire énergie positive.
01:30On a fait un diagnostic et à partir de ce diagnostic du village,
01:34on avait un fil rouge qu'on a suivi jusqu'à aujourd'hui.
01:37C'est-à-dire en premier lieu, diminuer les consommations.
01:40La première chose qu'on a fait, c'est isoler les bâtiments.
01:43Et ça, on a commencé dès 2010.
01:46En plus, pour la petite histoire évidemment,
01:48toutes les toitures étaient parties avec cette tempête.
01:51On a refait les toitures, on a isolé tous les bâtiments, double vitrage.
01:55Et au fur et à mesure des années, on a fait les travaux pour à peu près un million d'oeufs jusqu'à aujourd'hui.
02:00Et on a mis en place des énergies renouvelables, bien sûr.
02:06On a supprimé toutes les énergies fossiles.
02:08Notamment, on avait du fuel et du gaz.
02:11On a mis du photovoltaïque.
02:14Et la première...
02:16Notamment sur l'église.
02:18C'est ça, sur l'église.
02:20On a une dizaine de bâtiments qui sont équipés de photovoltaïque.
02:24Et cette énergie, on l'autoconsomme.
02:27C'est-à-dire qu'on s'en sert pour alimenter nos bâtiments en énergie.
02:31On a aussi créé un réseau de chaleur qu'on utilise en bois,
02:35un plaquet de bois, ce qu'on appelle la plaquette bois.
02:37Donc, c'est une autre propre ressource puisqu'on est propriétaire de 600 hectares.
02:42Aujourd'hui, on produit à peu près deux fois plus d'énergie par rapport à nos besoins.
02:48C'est-à-dire que vous faites mieux que d'être autosuffisant en énergie
02:51parce que vous produisez deux fois plus d'électricité que ce que vous consommez, c'est ça ?
02:56Exactement.
02:58Et donc, une partie de l'énergie qu'on ne consomme pas,
03:01parce qu'on en a assez.
03:05Alors évidemment, quand on ne produit pas, c'est toute la problématique.
03:08Mais quand on produit de l'excédent, on en vend une partie à nos commerçants.
03:12On a trois commerces dans notre village.
03:14On leur vend une partie à peu près à la moitié du prix qu'ils payent aujourd'hui.
03:18Ça leur fait une économie.
03:20On a un restaurant, un multiservice et un coiffeur.
03:24Le restaurant et le multiservice gagnent à peu près 1000 euros par an.
03:28Et le coiffeur, à peu près 360 euros.
03:31Et là, depuis le 1er janvier, on vend l'excédent à nos foyers.
03:37Aux foyers Escourçois, qui font partie d'une coopérative qu'on a montée en 2018.
03:41Et à partir du 1er janvier, on leur vend l'énergie à des prix qui sont à peu près inférieurs à 25-30%
03:47à ce qu'ils payent aujourd'hui à leur opérateur.
03:49Oui, parce que depuis 2009, le prix de l'électricité a explosé en France, plus 159%.
03:54Donc c'est une vraie aubaine pour vos habitants, pour également vos commerces, pour vous aussi.
04:00Est-ce que la commune, la mairie, est rentrée dans ses frais d'investissement d'1,2 million d'euros ?
04:07Est-ce que vous êtes rentrée dans vos frais aujourd'hui, plus de 10 ans après ?
04:11Bien sûr.
04:12Alors, en 2008, pour vous donner une idée, en énergie, tout confondu, stéréo-électricité et fuel,
04:17puisqu'à l'époque on avait les chaudières au fuel, on payait 61 422 euros en 2008.
04:22Malgré l'augmentation de l'électricité, effectivement, de 159% et 400 m² de bâtiments en plus.
04:27Aujourd'hui, tout confondu, on paye 38 076 euros sur 2024, c'est les chiffres de 2024.
04:33Donc vous voyez, on a baissé notre facture de 38% et on a aussi baissé notre consommation de 48%.
04:39Le temps de retour sur investissement, sans subvention.
04:42Alors, je parie toujours sans subvention, parce que comme on était précurseur,
04:45on a eu la chance d'avoir...
04:47Précurseur et démonstrateur, quelque part, on a eu la chance d'avoir des subventions.
04:51Mais sans subvention, on avait un temps de retour sur investissement de 8 ans.
04:55Ah oui, hyper rapide, hyper rapide.
04:57Voilà.
04:58Exactement, ce qui représente 55%, l'économie réalisée représente 55% des impôts de l'UH.
05:05Patrick Sabin, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur cette radio.
05:09Avec plaisir.
05:10Ancien maire, donc, Descours, premier village de France,
05:12à être autosuffisant en énergie dans le département des Landes.
05:16Passez une très belle journée, Patrick Sabin.