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Le 22 janvier, la commission des affaires économiques auditionnait Florent Menegaux, président de Michelin. En novembre 2024, l’entreprise officialisait la fermeture de deux de ses usines, à Vannes et à Cholet, avant 2026. Au total 1254 salariés voient leurs emplois menacés par ces fermetures. L'entreprise explique qu’elle résulte de l’effondrement des ventes de pneus destinés aux camions et camionnettes. Ces fermetures interviennent après la fermeture de sites en Allemagne, en Pologne et en Chine à la fin de l’année 2023, et à la Roche-sur-Yon en 2020. Alors que la concurrence chinoise sur les véhicules électriques est très forte, et que l’élection de Donald Trump ouvre une période d’incertitude pour les exportations européennes, le dirigeant livre son analyse sur la situation actuelle. Revivez leurs échanges. Année de Production :

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00:00:00Générique
00:00:10Focus sur la crise qui touche la filière automobile.
00:00:14Au mois de novembre, Michelin a annoncé la fermeture de deux de ses usines à Vannes et à Cholet d'ici 2026.
00:00:21Au total, plus de 1 200 salariés voient leur emploi menacé par cette décision.
00:00:27Les sénateurs ont auditionné ce matin le patron de l'entreprise pour comprendre ce qui se joue actuellement.
00:00:33Regardez.
00:00:34Chers collègues, je vous propose de commencer notre réunion, même si un certain nombre de nos collègues vont nous rejoindre,
00:00:44puisque nous avons la chance et le plaisir d'accueillir M. Florent Menegau, qui est donc le président du groupe Michelin,
00:00:52et je suis convaincue que vous aurez énormément de questions à lui poser.
00:00:57Afin de perdre le moins de temps possible, nous allons donc débuter notre audition.
00:01:04Ensuite, nous vous laisserons la parole, M. le Président, le temps qu'il vous sera nécessaire.
00:01:09Et il viendra une série de questions-réponses de l'ensemble de nos commissaires,
00:01:18en donnant d'abord la parole à nos trois commissaires qui sont chargés d'une mission de contrôle que nous venons de lancer
00:01:27au nom de la Commission des affaires économiques sur l'avenir de la filière automobile.
00:01:31Donc vous vous doutez bien que c'est quand même un sujet qui nous préoccupe et qui nous intéresse au premier chef.
00:01:38Donc je l'ai dit, nous vous remercions très sincèrement d'avoir pris le temps de pouvoir trouver dans votre agenda un créneau
00:01:46pour que vous puissiez participer à nos débats et à notre commission.
00:01:51Notre commission poursuit ainsi son cycle d'auditions sur l'industrie automobile.
00:01:56Nous avons déjà auditionné dans ce cadre-là Luc Châtel, président de la plateforme automobile française au mois d'octobre dernier,
00:02:05et Jean-Dominique Sénard, qui est le président de Renault, en mars dernier.
00:02:10Je l'ai dit, l'avenir de l'industrie automobile française préoccupe notre commission au plus haut point.
00:02:16C'est la raison pour laquelle trois de nos collègues, Alain Cadec, Rémi Cardon et Annick Jacquet,
00:02:22sont rapporteurs d'une mission d'information sur l'avenir de la filière automobile française.
00:02:28Et donc avec votre audition, nous ouvrons le début de leurs travaux.
00:02:33Vous êtes entré chez Michelin en 1997, après dix ans de carrière dans le consulting et la logistique.
00:02:42Vous avez d'abord été directeur commercial des pneus poids lourds pour les îles britanniques,
00:02:47puis pour l'Amérique du Nord et du Sud, avant de devenir directeur de la zone Proche et Moyen-Orient.
00:02:54Revenu en Europe en 2006, vous y avez gravi les échelons jusqu'à devenir directeur général des opérations,
00:03:02directeur général exécutif, puis en 2019, président du groupe Michelin.
00:03:09Je souligne que vous êtes seulement la deuxième personne à ce poste à n'être pas issue de la famille Michelin,
00:03:17après Jean-Dominique Senard, à qui vous avez succédé.
00:03:21L'entreprise Michelin, que vous dirigez donc depuis près de six ans,
00:03:26est le leader mondial de la fabrication des pneumatiques pour les secteurs de l'automobile, des poids lourds et des deux roues,
00:03:35mais aussi pour l'aviation et pour les engins agricoles.
00:03:39Elle est implantée dans une vingtaine de pays et emploie au total plus de cent mille personnes.
00:03:47Entreprise plus que centenaire, fleuron de l'industrie française, Michelin est une marque familière aux Français,
00:03:55fameuse pour son célèbre bibendum, son attachement à son berceau de Clermont-Ferrand,
00:04:01mais aussi et surtout pour la qualité de ses productions et ses nombreuses innovations.
00:04:08Cette assise historique et ce capital de sympathie n'empêchent pourtant pas Michelin
00:04:14de subir les contre-coups de la tourmente dans laquelle est plongée la filière automobile française.
00:04:21Après les remous de la crise Covid et de la crise ukrainienne,
00:04:24les constructeurs sont confrontés depuis plusieurs mois à une baisse drastique de la demande,
00:04:30notamment pour les véhicules électriques, doublés d'une féroce concurrence des producteurs chinois.
00:04:37Ces difficultés se répercutent sur les équipementiers.
00:04:41Forvia, Valeo, Continental, Bosch et Scheffler suppriment des postes des deux côtés du Rhin.
00:04:48Michelin a, pour sa part, annoncé il y a quelques semaines la fermeture de deux de ses usines,
00:04:54à Vannes et à Cholet, ce qui représente plus d'un million de suppressions de postes.
00:05:01Pardon. Je suis dans les millions, dans les milliards du budget, donc excusez-moi.
00:05:12Plus d'un millier de suppressions de postes.
00:05:14Dans ce contexte, mes questions porteront sur trois sujets.
00:05:18La situation de Michelin, la situation de la filière automobile française et européenne
00:05:23et la situation de l'industrie de manière plus générale.
00:05:27Tout d'abord, en ce qui concerne Michelin, je vous laisserai bien entendu présenter l'entreprise
00:05:32et nous exposer votre stratégie pour les mois et les années à venir.
00:05:36En particulier, vous avez récemment ralenti votre stratégie de diversification hors du pneu
00:05:43Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette stratégie de diversification
00:05:48reste-t-elle cependant valable à moyen et long terme ?
00:05:52Et par ailleurs, concernant le véhicule électrique,
00:05:56quel est l'impact de son développement sur l'industrie des fabricants de pneumatiques ?
00:06:02Sur le deuxième point, l'avenir de la filière automobile,
00:06:05vous avez sans doute beaucoup à nous dire sur les racines de la crise.
00:06:09La réglementation environnementale européenne est régulièrement dénoncée par les constructeurs,
00:06:15en particulier la fin des ventes des véhicules thermiques neufs à compter de 2035.
00:06:22Quel est l'impact de ce couperet sur votre propre activité ?
00:06:27Je crois que Michelin est aussi particulièrement affecté par la réglementation européenne
00:06:33sur la traçabilité des matières premières.
00:06:37Selon vous, comment restaurer la compétitivité des acteurs européens
00:06:42sans jeter le bébé de la protection environnementale avec l'eau du bain de la surréglementation ?
00:06:49Faut-il revoir nos ambitions environnementales à la baisse,
00:06:54laisser plus de temps aux industriels pour s'adapter,
00:06:58mieux contrôler les produits pour que la qualité redevienne un véritable avantage compétitif ?
00:07:06Que pensez-vous de l'activation par la Commission européenne des instruments de défense commerciale
00:07:12en vue de protéger l'industrie automobile européenne ?
00:07:17Nous souhaiterions également recueillir votre analyse plus globalement
00:07:21sur l'avenir de l'industrie en France et en Europe.
00:07:24Nous avons entendu, pas plus tard que la semaine dernière, Olivier Luancy,
00:07:29auteur d'un rapport remarqué sur la réindustrialisation.
00:07:34Partagez-vous son diagnostic sur le manque historique d'investissement dans l'appareil productif français
00:07:40et sur le poids déterminant des prix de l'énergie.
00:07:44Comment remédier, selon vous, à ces difficultés structurelles ?
00:07:49Voici, Monsieur le Président, quelques-unes des questions que je souhaitais vous soumettre au début de cette audition
00:07:56et que les membres de la Commission ne manqueront pas de compléter après votre intervention.
00:08:02Avant de vous céder la parole, je précise que votre audition fait l'objet d'une captation vidéo
00:08:08et est diffusée en direct sur le site du Sénat.
00:08:12Voilà, Monsieur le Président, c'est avec un grand plaisir que je vous cède maintenant la parole.
00:08:17Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
00:08:22d'abord, merci beaucoup pour cette introduction
00:08:26et je suis très honoré de partager avec vous la modeste expérience de Michelin.
00:08:33Je vais démarrer par d'abord resituer qui est Michelin, ce que fait Michelin.
00:08:43Michelin est une marque qui a le privilège de rayonner dans le monde entier.
00:08:49La marque Michelin est une des marques les plus connues au monde
00:08:54et est quasiment la seule marque dans le secteur industriel à avoir ce type de notoriété.
00:09:03Nous sommes un groupe très international. Vous l'avez très bien résumé.
00:09:07Nous avons 121 sites de production dans 26 pays.
00:09:11Nous faisons à peu près 28 milliards de chiffres d'affaires et nous employons,
00:09:14les chiffres bougent en permanence, environ 132 000 personnes dans le monde entier.
00:09:20Nous sommes une entreprise qui est fondamentalement ancrée dans les territoires.
00:09:24L'industrie, c'est une affaire de territoire et une usine, une implantation commerciale, c'est une affaire très locale.
00:09:32La France joue bien sûr un rôle très important au sein du groupe Michelin.
00:09:37C'est d'abord notre siège, le lieu de notre siège, le lieu de différents holdings.
00:09:42C'est le lieu de plusieurs sièges. Nous avons le siège de la France, le siège de l'Europe,
00:09:45le siège de la recherche et du développement en France et le siège du groupe.
00:09:51La France représente 9% de notre chiffre d'affaires, soit environ 2,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
00:09:59Mais c'est plus de 16% de nos effectifs mondiaux.
00:10:03Donc nous avons à peu près 18 000 équivalents en plein employés en France, dont 9 000 sont dédiés à la production.
00:10:12Nous avons aussi un peu plus de 16% de nos prélèvements fiscaux mondiaux sont en France.
00:10:19Donc vous voyez 9% de notre chiffre d'affaires. Et nous sommes beaucoup plus présents en effectifs
00:10:24et beaucoup plus présents en contributions fiscales, ce qui est normal,
00:10:28puisque c'est le siège de notre recherche et de développement et le siège de nos sièges.
00:10:37Nous avons investi plus de 2,6 milliards d'euros en France depuis 2014,
00:10:43dont un peu plus d'un milliard et demi depuis une dizaine d'années, pour moderniser nos outils industriels.
00:10:49Donc c'est un effort constant. Je tiens à rappeler ça, parce que j'ai lu à plusieurs endroits
00:10:56disant que Michelin a quitté la France. C'est pas du tout le cas.
00:11:00Michelin est en permanence en train d'investir dans des nouvelles activités,
00:11:04mais aussi en train de réadapter ces activités en fonction de l'évolution des marchés,
00:11:10l'évolution des circonstances, etc.
00:11:13Nous avons un budget d'innovation d'environ 1,2 milliard d'euros, dont un tiers pour la recherche et développement en France.
00:11:21Notre vaisseau amiral de la recherche et développement, si vous voulez le visiter, vous serez les bienvenus.
00:11:28C'est un très, très beau site qui est basé à Clermont-Ferrand.
00:11:36Et nous avons 8 sites de recherche et développement dans le monde.
00:11:39Michelin est un des plus gros déposeurs de brevets français. Nous avons 269 brevets qui ont été déposés en 2023.
00:11:46Et nous avons environ 12 000 brevets actifs dans le monde.
00:11:51Notre valeur ajoutée, c'est-à-dire une fois qu'on a prélevé ce que nos fournisseurs devaient gagner.
00:12:01Ce qui nous reste, c'est 58... Dans notre chiffre d'affaires, c'est diminué de nos fournisseurs.
00:12:08C'est 58% de masse salariale. Donc c'est à peu près 7,6 milliards d'euros de masse salariale.
00:12:15Nous avons 2,9 milliards d'euros d'investissement, à peu près.
00:12:19Nous avons... Nous versons 1 milliard d'impôts. Donc c'est à peu près 8% de l'ensemble de la valeur ajoutée.
00:12:27Et nos actionnaires perçoivent, on perçut en 2023, 900 millions d'euros, c'est-à-dire 7% de la valeur ajoutée.
00:12:36Donc si on prend la répartition de la valeur, 58% sur la masse salariale, 22% sur les investissements, 8% sur les impôts et 7% pour l'actionnaire.
00:12:48Le rendement de l'action pour l'actionnaire... Il faut imaginer qu'un actionnaire qui met son argent chez Michelin
00:12:55a le choix de le mettre dans plusieurs endroits. Il pourrait le mettre dans l'immobilier.
00:12:59On a juste voulu faire une petite comparaison. Le rendement pour l'actionnaire, c'est 5,2%.
00:13:04Donc le prix du dividende par rapport au cours de l'action. Le loyer à Paris, le rendement, c'est 3,5%.
00:13:13Donc quand on prend le risque associé à investir chez Michelin par rapport à investir ailleurs, vous voyez que la rémunération n'est pas disproportionnée.
00:13:24Alors maintenant, dans quel contexte opérons-nous ? Parce que là, c'est un point assez important.
00:13:31Donc le marché mondial du pneumatique, c'est à peu près un marché d'une valeur au niveau mondial de 200 milliards d'euros.
00:13:39Il se vend à peu près dans le monde 1,6 milliard de pneus, ce qui correspond au nombre de véhicules qui existent dans le monde.
00:13:52En gros, il se vend à peu près dans le monde 1 pneu par véhicule par an.
00:14:00La caractéristique de nos marchés en Europe, c'est que nous subissons une invasion massive de pneumatiques en provenance d'Asie.
00:14:11Et je vais vous l'illustrer. Je vais préparer une petite slide. Donc si vous avez juste la gentillesse d'appuyer... Voilà, là.
00:14:17Donc ici, vous avez l'évolution des parts de marché de tous les pneumaticiens dans le monde. Vous avez en bleu foncé l'évolution de la part de marché de Michelin.
00:14:28Et c'est exprimé en valeur. Donc vous voyez que la part de marché de Michelin a diminué, mais qu'elle s'est stabilisée depuis une dizaine d'années en valeur.
00:14:37Pas en volume. Elle continue à diminuer en volume. Mais en valeur, elle s'est stabilisée.
00:14:42Vous voyez qu'on pourrait se dire que Michelin a été moins performant que les autres. Alors Michelin reste le leader des pneumatiques dans le monde.
00:14:52Vous voyez que notre principal concurrent japonais, qui est à peu près équivalent à nous dans le monde, qui est le n°2, c'est la ligne rouge.
00:14:59Vous voyez qu'il a subi exactement la même chose que nous, sauf que même il subit plus fortement que nous encore la pression.
00:15:07Vous voyez que notre troisième grand concurrent, qui est le troisième au niveau mondial, c'est Goodyear. C'est un concurrent américain. C'est la ligne jaune.
00:15:17Donc lui, il a parfaitement décroché. Et vous voyez que les autres concurrents à l'échelle mondiale... Vous voyez, notre concurrent allemand, c'est la ligne orange.
00:15:27Et après, vous avez le rose. Et le rose, c'est la somme des manufacturiers chinois. En 25 ans, il s'est créé 200 manufacturiers de pneus en Chine.
00:15:44D'accord ? Donc vous voyez, nous sommes partis d'une situation dans laquelle les trois principaux manufacturiers dans le monde détenaient à peu près 60% de la part de marché mondiale.
00:15:54Et aujourd'hui, nous avons perdu à peu près 15 points globalement à la somme de nous trois de part de marché à l'échelle mondiale.
00:16:04Donc ça, c'est un phénomène majeur. Il existe une surcapacité mondiale massive de pneumatiques dans tous les secteurs. Mais c'est massif, ce qui crée un certain nombre de difficultés et de challenges que je vais vous exposer.
00:16:24Alors la compétitivité, en plus, en France et en Europe, s'est fortement dégradée au cours des 5 dernières années, depuis 2019, pour d'autres circonstances liées au Covid, mais pas uniquement.
00:16:39Et le contexte international de fragmentation, les tensions géopolitiques à l'échelle mondiale ont aussi créé d'autres difficultés en termes de compétitivité.
00:16:51Et je vais vous donner l'évolution de la base des coûts de production de michelin. Et c'est michelin sur michelin. Donc quand on se compare, on a la chance d'être dans beaucoup de pays dans le monde.
00:17:04Donc on peut se comparer entre nous. Si on prend une base 100 de michelin en 2019, vous prenez 100 bases 100 de michelin en Asie. On a beaucoup d'usines en Asie. 100 en 2019.
00:17:18En 2024, en Asie, c'est toujours 100. Les prix n'ont quasiment pas évolué. On a fait de la productivité qui a compensé l'inflation. L'énergie est restée stable. Les prix sont restés stables.
00:17:29En 2019, l'Europe, par rapport à l'Asie, était à un coût de production à 134. Donc on était 30% plus cher que l'Asie. Mais c'était gérable, parce qu'avec de la productivité,
00:17:45on a un contenu innovant plus important en Europe qu'en Asie. On a une valeur ajoutée qu'on arrive à extraire qui est plus forte en Europe qu'en Asie.
00:17:54Et donc c'était gérable. Et on avait des plans pour arriver à gérer cela. Et aux États-Unis, on était 27% plus cher que l'Asie en 2019. Donc on était à 127 pour une base 100 Asie, 127 dans les Amériques et 134 en Europe.
00:18:13C'était une situation qui était gérable. En 2024... Donc nous sommes toujours à 100 en Asie. Mais aux États-Unis, maintenant, nous sommes à 176 et en Europe à 191.
00:18:26Donc on est deux fois plus cher maintenant en Europe qu'en Asie. Et c'est nous contre nous. On comprend très bien ce qui se passe. On voit très bien.
00:18:32Il y a deux phénomènes qui se sont produits. Vous avez d'un côté l'énergie qui s'est envolée et de l'autre, vous avez l'inflation cumulée qui est arrivée de partout et qui s'est retraduite dans les salaires.
00:18:49À qualité égale. Rien n'a changé. On continue à investir. On continue à innover. Nos produits sont toujours très performants. Mais toutes choses égales par ailleurs, les coûts ont explosé.
00:19:01Ce qui fait que maintenant... Et c'est un constat. C'est pas un manque de volonté. Nous ne sommes plus en capacité d'exporter à partir de l'Europe.
00:19:09Or, tout notre modèle de croissance au cours des 5 ans de dernières années, ça a été d'utiliser l'Europe comme moyen d'investir le monde pour développer un marché dans le monde.
00:19:21Ce qu'on fait, c'est qu'on développe d'abord une présence commerciale. Mais la partie production, les usines, elles sont sur des bases plus massifiées pour avoir
00:19:30des coûts de revient les plus faibles possibles. Et une fois que votre marché a une capacité suffisante, que vous avez suffisamment développé votre marché,
00:19:36vous mettez une importation industrielle. Donc ce mécanisme-là a fonctionné pendant pas mal de temps. Et on a utilisé ça pour compenser une partie
00:19:45des sujets structuraux qu'on avait en Europe ou aux États-Unis en faisant de l'export. Donc aujourd'hui, nous sommes nets importateurs aux États-Unis,
00:19:54parce qu'on n'est plus en situation économique d'exporter. Mais en Europe, on était encore exportateurs et on est encore nets exportateurs.
00:20:05Mais ça n'est plus tenable. On a une hyper-concurrence, des surcapacités massives avec des... Vous voyez ce qui s'est passé en termes d'évolution de nos parts de marché.
00:20:16Donc le sujet, c'est que pour maintenir notre outil industriel en Europe, il faut maintenant qu'on ait un outil ramassé extrêmement productif.
00:20:26On parlait des questions d'investissement. Il faut qu'on investisse massivement dans la robotisation, dans la mécanisation, dans la valeur ajoutée.
00:20:34Mais on n'a plus d'espace pour pouvoir exporter et pour pouvoir faire des produits d'entrée de gamme. Ça, c'est les deux réalités.
00:20:42Et ça, ça a changé en 5 ans, 2019-2024. Et malheureusement, je vais prendre les coûts de l'énergie.
00:20:52Le coût de l'électricité en Europe, en moyenne, est à 132 € MWh. Lorsqu'en Amérique du Nord, c'est 68 € MWh. D'accord ? Donc c'est l'électricité.
00:21:06La France a la chance d'avoir une électricité décarbonée. Mais son coût est encore à 108 € MWh, alors qu'en Amérique du Nord, c'est 68.
00:21:18Et l'Espagne... Ça, c'est une particularité de l'Europe. L'Espagne est beaucoup moins chère que la France en Europe. Elle est à 97 € MWh.
00:21:28Là, je parle de l'électricité. Mais dans le gaz, c'est un énorme problème. Dans le gaz, après les baisses... Aujourd'hui, le gaz naturel en Europe, en moyenne,
00:21:36il a 53 € du MWh. En France, il a 51 € du MWh. En Espagne, il est à 39. Mais en Amérique du Nord, il est à 16.
00:21:49Or, l'industrie du pneumatique, c'est une industrie qui consomme beaucoup d'énergie, parce qu'il faut transformer la matière.
00:21:56Il faut associer les matières, les malaxer, faire en sorte que les réactions chimiques se produisent, etc. Nous sommes fortement consommateurs d'énergie.
00:22:07Alors face à ce défi-là, on a développé des outils technologiques pour transformer l'énergie. Notamment, l'énergie principale qu'on consomme, c'est au moment de la cuisson des pneumatiques.
00:22:20Le pneumatique, c'est un peu comme dans la cuisine. Il faut assembler les matériaux. Et puis, il faut les cuire. Et au moment de la cuisson, se passe une transformation chimique
00:22:28qui fait que le pneu a ces propriétés viscoélastiques que vous connaissez. Donc on a développé une technologie. On a démarré il y a 20 ans une technologie pour substituer
00:22:42dans la cuisson des pneumatiques, l'énergie gaz et faire des cuissons électriques. Mais si on reprend l'analogie de la cuisine, si vous faites un poteau-feu dans une cocotte,
00:22:55ce n'est pas pareil que si vous faites un poteau-feu dans un grille-pain. Ce n'est pas pareil. Mais nous, le pneu, il sera différent.
00:23:07Voilà. Mais en fait, c'est à peu près l'équivalent. Donc nous, on a appris à faire du poteau-feu dans des grilles-pains. Et donc on sait maintenant cuire des pneus dans des presses électriques.
00:23:20Et Michelin est aujourd'hui le seul au monde à savoir le faire. Donc on est en train de déployer. Mais on a plus de 10 000 cavités de cuisson dans le monde.
00:23:27C'est des investissements assez colossaux. C'est plusieurs milliards d'euros. Et on est en train de déployer cette technologie. Pourquoi je vous en parle maintenant ?
00:23:35Parce que l'avantage de cette technologie, c'est que non seulement elle est plus propre, elle consomme moins d'énergie fossile, mais en plus, elle consomme intrinsèquement
00:23:437 fois moins d'énergie quand on cuit en électrique. On consomme 7 fois moins d'énergie que quand on cuit au gaz. Donc il y a des voies technologiques qui permettent de le faire.
00:23:52Par contre, n'oubliez pas que l'industrie, c'est du temps long. Et donc pour déployer ça, il va nous falloir 15 ans à l'échelle mondiale pour déployer cette technologie.
00:24:00Il nous a fallu 20 ans pour la mettre au point. Maintenant, si je prends le coût de la fiscalité, c'est toujours un sujet qui est délicat.
00:24:10La part des impôts de production dans le PIB en France, c'est 4,5. La moyenne en Europe, c'est 2,2, alors qu'en Allemagne, on subventionne la production.
00:24:20Quand on parle de réindustrialisation, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Quand vous taxez la production, quand vous voulez faire de l'exportation,
00:24:28comment voulez-vous être compétitif ? C'est pas possible. Donc là, il y a un sujet à traiter. Les prélèvements obligatoires. La France est championne d'Europe.
00:24:40Les prélèvements obligatoires, avec 45,6% de prélèvements obligatoires. L'Allemagne est à 40. La moyenne de l'UE est à 40 et la moyenne est à 40.
00:24:52Donc bien sûr qu'on peut augmenter les taxes sur les industries en France. Bien sûr. Mais en fait, il faut pas s'étonner si après, les industries vont aller ailleurs.
00:25:05Parce que d'ailleurs, c'est pas possible dans un environnement concurrentiel ouvert, mondial, si on imprime des charges de cette nature sur les industriels d'un côté,
00:25:18avec un jeu totalement ouvert et que vous n'imposez pas de l'autre côté, dans l'univers concurrentiel, des règles du jeu équitables.
00:25:27On demande pas des règles du jeu uniformes. On demande pas. Nous, on aime la compétition. On adore ça. On aime être en concurrence.
00:25:35Mais il faut que si vous jouez au foot, il y a une équipe qui a 11 joueurs et vous en avez une équipe qui a 22 joueurs et qui peut prendre la balle avec la main.
00:25:42C'est pas le même jeu. C'est pas le même problème. D'accord ? Donc les règles du jeu équitables. Et ça, l'organe politique, vous jouez un rôle fondamental.
00:25:52Les règles du jeu, c'est pas nous qui les établissons. L'équité des règles du jeu, pour avoir un jeu concurrentiel au bénéfice du consommateur qui soit juste,
00:26:02c'est avoir des règles du jeu équitables. Or, aujourd'hui, les règles du jeu, elles sont pas réellement équitables.
00:26:07Les coûts salariaux. On va prendre 100 euros bruts versés en France. Le coût pour l'entreprise, pour 100 euros bruts versés en France, le coût moyen pour l'entreprise, c'est 142.
00:26:20Le salarié, lui, va toucher 77,5. D'accord ? Donc pour 100 versés, ça coûte à l'entreprise 142 et le salarié va toucher 77,5.
00:26:30Les mêmes 100 euros versés en Allemagne, l'entreprise, ça va lui coûter 120 et le salarié va toucher 80.
00:26:38Donc c'est normal qu'en France, les salariés râlent parce qu'eux, ils touchent 77,5. Et c'est normal que les entreprises râlent parce que ça leur coûte 142.
00:26:48Mais derrière, il faut voir qu'est-ce que ce différentiel apporte réellement. Nous, les entreprises, on voit bien ça.
00:26:56Mais après, derrière, je vais prendre le Canada. Le Canada, pour les mêmes 100 euros, le coût pour l'entreprise, c'est 115. Pour le salarié, c'est 85.
00:27:05Mais après, pour la Thaïlande, le coût brut, c'est 100 euros. Le coût pour l'entreprise, c'est 120 et le salarié, c'est 80. C'est comme en Allemagne.
00:27:15Pour les mêmes 100 euros. D'accord ? Michelin est une politique de salaire équitable partout dans le monde, etc. Donc ce sont des comparaisons.
00:27:22Mais la France a une particularité en termes de coût pour l'entreprise salariale qui va pas. Et le gros problème, c'est pas tant le niveau de salaire.
00:27:31C'est l'écart entre le brut et le net. Et là, on a un sujet collectif qui va pas du tout.
00:27:38Le coût salarial en France pour l'entreprise, il est trop élevé. Et le net perçu par les salariés est trop faible.
00:27:46Et donc à un moment, il faut traiter ce sujet, parce que derrière, quand on parle de réindustrialisation, si on n'aborde pas ce sujet-là, on pourra pas avancer.
00:27:56Autre chapitre, la complexité administrative. Nous avons une réglementation créative.
00:28:04On a beaucoup d'innovation en matière de réglementation, notamment en Europe, sauf que derrière, une industrie, quand vous mettez 20 ans à développer une technologie,
00:28:13si vous avez une réglementation qui change tous les ans, c'est très difficile d'investir. C'est très difficile de se projeter.
00:28:20C'est très difficile de faire ce qu'on appelle dans notre jargon une MRI, un retour sur investissement.
00:28:25Si vous avez une réglementation qui bouge en permanence, en fait, vous avez du mal à investir.
00:28:30Et donc les industriels sont dans le temps long. Et donc il faut comprendre qu'on a besoin d'une stabilité du système réglementaire fiscal dans tous les secteurs,
00:28:43qu'il soit fiscal, environnemental, social. Tout ça, ça doit être relativement stable. On ne dit pas qu'il ne faut pas faire de changement.
00:28:51Mais il faut vraiment avoir des choses dans la durée de manière à ce qu'un investisseur, un industriel puisse se dire comment je prends cet environnement et je le considère stable.
00:29:02Et donc, du coup, comment moi, je fais mon travail. La loi climat et résilience de 2021 a modifié tous les articles du code de l'environnement relatifs à la prévention et la gestion des déchets.
00:29:14Et malgré la promulgation de la loi en 2020, AGEC, qui avait déjà modifié ces mêmes articles, à l'agenda européen, la France a rajouté par rapport à la loi européenne,
00:29:30avec le marquage CE sur les déchets, le logo trimane, qui est une complexité supplémentaire. En Europe, nous avons des directives.
00:29:39Michelin est présent dans tous les pays d'Europe. Donc, une directive qui a une déclinaison par pays, pour nous, c'est 27 déclinaisons sur une même réglementation,
00:29:51avec des spécificités ici ou là et avec des surenchères locales qui se produisent et qui font que, pour nous, c'est un cauchemar administratif.
00:30:03Et donc chaque proposition de loi... Et encore une fois, Michelin est vraiment... On essaie d'être bons citoyens. Et on a vraiment envie de faire progresser
00:30:13socialement les choses en profondeur. Mais là, on a une machine qui est complètement emballée et complètement déréglée en Europe. C'est-à-dire qu'on a vraiment
00:30:23un sujet qui va pas du tout. Moi, je préfère qu'on ait une réglementation européenne sans déclinaison qu'une des directives où chaque pays va décider ici ou là
00:30:33de mettre sa touche. Chaque projet ou proposition de loi devrait précéder d'une analyse d'impact. Il n'y a pas d'analyse d'impact.
00:30:44Donc je vais prendre un sujet favori, le UDR, la loi sur la déforestation. La France a poussé la loi sur la déforestation pour inclure le caoutchouc naturel
00:30:56dans la loi sur la déforestation. Uniquement les achats de caoutchouc naturel de Michelin nous faisons vivre à peu près 1,5 million de paysans dans le monde.
00:31:06C'est de petites exploitations qui font 2 hectares, 3 hectares. On n'est pas du tout dans le même champ que l'huile de pomme avec des milliers d'hectares
00:31:16où on est sur une exploitation vivrière des petits paysans qu'on souhaite continuer à faire vivre. On nous a demandé à travers la loi sur la déforestation
00:31:30une traçabilité à la parcelle sur 1,5 million de paysans à l'échelle mondiale. Et il faut qu'on démontre que tout le caoutchouc qu'on achète n'a pas été sur des parcelles
00:31:44qui ont été déforestées préalablement. Donc Michelin s'est mis en marche. Le coût pour Michelin de cette réglementation, c'est 150 millions à 200 millions d'euros,
00:31:56dont on sait... Alors elle vient d'être repoussée. On l'a repoussée fin novembre. Nous, on est prêts. Elle devait être applicable 1er janvier 2025.
00:32:06Donc nos caoutchoucs naturels, il est déjà tracé. On a déjà mis des drones dans les forêts indonésiennes, thaï, vietnamiennes, au Laos, etc., pour aller vérifier que nos parcelles fonctionnent bien, etc.
00:32:19On a déjà fait tout ça. Repousser d'un an, c'est le pire qui puisse exister. Parce que nous, on a le coût direct. Et on sait qu'aucun de nos concurrents ne va l'appliquer.
00:32:30Donc on a ce coût qui est là. Et on est dedans. Et ça, je dis derrière, l'intention, elle est bonne. On a dit, redit, attention, le caoutchouc, c'est pas du tout les mêmes filières,
00:32:45c'est pas du tout les mêmes sujets. Et puis, l'EVA, c'est un arbre qui met 7 ans avant de produire des caoutchoucs naturels. 7 ans. Ça ne déforeste pas.
00:32:56Ça reforeste. Et c'est un puits à carbone. L'EVA, c'est le meilleur puits à carbone de tous les arbres. Parce que le latex, c'est une chaîne carbonée extrêmement sophistiquée
00:33:09qui met 7 ans à être produite par l'arbre. Et l'arbre, il ne produit que pendant 30 ans. Et je peux vous dire que les paysans qui dépendent de ces arbres pour vivre, ils ne les coupent pas.
00:33:20Ils en prennent soin. Et puis, nous, on les aide à améliorer les rendements. On aide à ce qu'il y ait une agriculture vivrière qui naisse à travers ça.
00:33:28Et donc, nous, on encourage. Et au contraire, plus on a des paysans qui gèrent des petites exploitations d'EVA, eux-mêmes font barrière aux gens qui viennent déforester
00:33:40pour aller couper les arbres parce qu'eux, ils connaissent la valeur des arbres. Et donc, plus vous mettez... On a en Indonésie une exploitation spéciale que Michelin gère
00:33:50pour protéger des forêts primaires. On a mis devant des exploitants de forêts d'EVA et ils empêchent les personnes de venir couper les arbres derrière
00:34:02parce qu'ils ne veulent pas que des gens viennent couper les arbres. Les arbres, c'est leur nourriture. Voilà. Donc on a un environnement quand même très challengeant au niveau industriel.
00:34:13Alors ça s'est traduit par les annonces. Et madame la présidente, vous faisiez référence. Vannes et Cholet. Alors sur Vannes et Cholet, ça n'est pas une décision prise court terme.
00:34:27C'est la fin d'un cycle sur Cholet de 50 ans. On a investi, développé, redéployé. Mais on est arrivé au bout de ce qu'on arrivait à faire sur ce site.
00:34:38Ce site était le plus cher du monde pour fabriquer des pneus de camionnettes, était peu chargé parce qu'on a perdu des parts de marché et qu'on ne peut plus exporter à partir de l'Europe
00:34:50parce que ça n'a aucun sens économique. Donc on avait un taux de charge prévisionnel pour cette usine de moins de 40%. On ne peut pas faire vivre économiquement notre industrie
00:35:01avec ce niveau de chargement. Donc dans ces moments-là, on a regardé si on pouvait trouver d'autres solutions. C'est pour ça qu'on a pris du temps.
00:35:09Je peux vous garantir que chez Michelin, la fermeture d'un site, c'est un événement extrêmement grave. On le prend vraiment en dernier ressort.
00:35:17Donc on a étudié toutes les possibilités, mais on ne voit pas ce qu'on peut faire. Donc il vaut mieux qu'on redéploie ce site pour faire autre chose
00:35:23que d'essayer de maintenir une production qui n'est plus là. Et Vannes, lui, est un site qui fabriquait des câbles de renfort métallique pour des pneumatiques poids lourds.
00:35:35Nous avons perdu massivement des parts de marché en Europe et nous ne pouvons plus exporter à partir de l'Europe sur des pneus poids lourds.
00:35:41Et donc malheureusement, les usines de câbles qui fabriquaient ça sont obligées de fermer. Et on a deux usines de câbles qui fabriquent les mêmes choses en France.
00:35:49On a une à l'est et une à l'ouest. Quand on a regardé la France, on a dit que ces deux usines sont sous-chargées, en dessous de 50%.
00:35:58On a dit que ça n'a pas tellement de sens. Il vaut mieux qu'on rapatrie toutes les productions sur un seul site. Et donc on a regardé les bassins d'emploi.
00:36:08Et on s'est rendu compte que le bassin d'emploi du Morbihan était beaucoup plus actif, beaucoup plus dynamique.
00:36:13Et on n'aurait aucun problème pour valoriser nos salariés et pour redéployer et recréer au moins autant d'emplois que ceux qu'on avait supprimés dans le Morbihan.
00:36:23Par contre, le site dans l'est est à Epinal. Là, le bassin d'emploi est beaucoup plus délicat.
00:36:30Et en plus, pour livrer l'Europe en pneumatiques et en câbles, il vaut mieux de placer à l'est plutôt qu'à l'ouest, à la pointe de l'Europe à l'ouest.
00:36:41Donc quand on prend tout ça, on a dit qu'il vaut mieux qu'on ferme le site de Vannes. Et on n'aura aucun problème pour le remettre en état de fonctionner
00:36:53et pour remettre sur le territoire une empreinte d'emploi équivalente à celle qu'on avait précédemment.
00:37:02Donc sur les fermetures du site, Michelin prend toujours deux engagements fermes. Le premier, c'est qu'on va accompagner chaque personne individuellement touchée
00:37:12pour qu'elle se redéploie professionnellement et qu'elle retrouve un emploi stable. Alors je ne peux pas vous donner trop de détails en ce moment,
00:37:19parce que nous sommes en négociation avec les organisations syndicales pour définir le package. Mais cet engagement est ferme.
00:37:25Nous avons déjà des cellules psychologiques, nous avons des cellules d'accompagnement pour tous les salariés, pour que chacun redéfinisse son projet professionnel
00:37:33et qu'on puisse les accompagner là-dessus. Et je sais qu'on l'a toujours fait. Si je prends La Roche-sur-Yon, qui était le dernier site que nous avons restructuré en France,
00:37:43nous avons recréé plus d'emplois que ceux que nous avons supprimés. Et ça, c'est le deuxième engagement que nous prenons, c'est de recréer toujours au moins autant d'emplois
00:37:50que ceux qu'on a supprimés dans un territoire, dans un rayon de 50 km autour du site. Nos sites sont en bon état, ils ont tous les fluides.
00:37:58Et j'ai déjà plusieurs signaux de personnes qui sont intéressées par venir implanter industriellement leur site. Par contre, quand un industriel vient s'implanter,
00:38:10il va regarder si l'industrie et l'économie, c'est pas une donnée tous les jours. Nous, on joue la finale des Jeux olympiques. On est en bataille permanente tous les jours.
00:38:24Et c'est jamais gagné. C'est jamais gagné. C'est pas un acquis, une entreprise. On peut très bien ne pas y arriver. Alors Michelin est en bonne santé.
00:38:35Et c'est pour ça qu'on fait ces opérations en anticipation avant que les choses se dégradent franchement. Maintenant, la situation nette en France, sur nos activités en France,
00:38:47c'est qu'il faut que vous compreniez que nos activités de production en France perdent de l'argent et que les résultats du groupe Michelin, ils sont faits à l'extérieur de la France.
00:39:00Mais la France a la chance d'avoir le siège, la recherche et le développement et donc de facturer des tas de prestations à l'extérieur. Mais nos activités de production en France ne sont pas rentables.
00:39:10Ça n'est pas la faute de nos salariés. Nos salariés, ils sont super forts, super bons, bien entraînés, bien formés, très engagés. Mais il y a des circonstances.
00:39:21Et il faudra que je vienne avec une slide juste. Les circonstances marchées bougent, évoluent. Lorsque le marché du véhicule électrique s'effondre, nous, on peut pas produire.
00:39:35Et donc il faut bien comprendre qu'une activité économique, c'est pas un acquis. C'est pas un droit. C'est une sorte de devoir qui se gagne au quotidien.
00:39:49Alors maintenant, il y a quand même des tas de choses qu'on peut faire. Et donc pour rendre la compétitivité en France et pour y arriver, d'abord, on a besoin d'avoir des réglementations harmonisées, simplifiées
00:40:04et beaucoup plus arcoboutées sur les principes plutôt que dès qu'il y a quelqu'un qui va dévier de faire une réglementation sur la déviance. Ça, c'est un... Quand on a une déviance, il faut taper dessus.
00:40:18Il faut être sanctionné. Il faut être ferme. Mais par contre, ne pas surréglementer parce qu'il y a un cas sur des milliers qui fonctionnent bien.
00:40:27Il y a un cas qui dysfonctionne. On fait une réglementation pour le cas qui dysfonctionne. Honnêtement, ça, c'est contre-productif parce que ça crée une lourdeur, une charge administrative.
00:40:36Ça distrait toutes les entreprises qui font bien de ce qu'elles font bien. Et ça les occupe à faire autre chose.
00:40:43Deuxième chose, c'est que les réglementations doivent être adaptées au secteur d'activité. Et donc on prend le UDR. Là, c'est pas du tout adapté.
00:41:02La réglementation, elle doit avoir aussi une destination. Elle doit faciliter... Le rôle du pouvoir politique, c'est d'orienter, en fait. C'est de pouvoir guider.
00:41:12Donc de mettre l'accent aux endroits où on a des entreprises innovantes, où on a de l'innovation, où on a des choses, et pas essayer de se raccrocher sur des choses qui sont devenues trop courantes et trop banalisées.
00:41:27Et en fait, on est dans une espèce de cycle permanente. Mais ça s'appelle le progrès. L'être humain, il est en progrès permanent. On est en développement permanent.
00:41:36Donc vous avez des phases de maturité. Vous avez des phases d'expansion. Donc ce qui est important, c'est d'être sur les secteurs innovants et d'avoir tout un écosystème d'innovation
00:41:47qui permette de créer les industries de demain qui vont, elles, connaître des périodes de croissance et d'accepter que d'autres soient dans d'autres phases plus déclinantes,
00:41:56mais qu'à ce moment-là, on les incite à se redéployer et à réinvestir ailleurs. Avoir une cohérence dans la réglementation entre les ambitions et les moyens,
00:42:08notamment si on fait trimane, qui va contrôler quoi ? En plus de CE. Et tout le problème de la réglementation, c'est... On va prendre la déforestation.
00:42:19À supposer que la réglementation soit restée en vigueur. Vous avez des dizaines de milliers de containers qui arrivent dans tous les ports d'Europe toutes les semaines.
00:42:30Comment on va contrôler la traçabilité de cailloux naturels sur tous les pneumatiques qui arrivent en Europe ? Ce sont des millions de pneumatiques qui arrivent en Europe.
00:42:41Ça va pas être fait. Donc faire une réglementation qui n'est pas contrôlée, ça ne sert à rien. D'accord ? Par contre, vous avez les bons citoyens. Ils vont les mettre en place.
00:42:54Et ça, c'est tout le problème. Bon. Réaliser auprès de la municipalité d'impact, ça, je vous l'ai déjà dit. Et privilégier les règlements aux directives avec des déclinaisons dans tous les pays.
00:43:07Alors maintenant, chez Michelin, nous sommes absolument convaincus que, d'abord, nous sommes toujours très positifs. Malgré les difficultés, nous, on y croit. On innove.
00:43:18On pense qu'il y a un contenu d'innovation. La France a un savoir-faire cumulé énorme, a des très belles filières de formation. Par contre, attention, la formation de base s'est fortement dégradée.
00:43:33Donc là, on a un sujet à long terme sur la compétitivité de la France. On le voit pas trop encore parce qu'il y a une forme d'inertie. Mais par contre, il faut faire attention parce que nous, on constate une dégradation dans l'enseignement de base.
00:43:48Ce qui nous a amenés, nous, d'ailleurs, à développer des nouvelles filières de formation pour compenser. Mais c'est pas notre rôle, en fait. Ça, c'est un autre sujet.
00:43:59À la base de la compétitivité, vous avez la formation. Pour innover, il faut avoir des personnes formées et il faut un environnement qui accepte que ça ne marche pas.
00:44:12Une innovation sur 10 innovations que vous allez lancer, il y en a peut-être une qui va fonctionner. Et donc, il faut encourager l'innovation parce que si vous ne développez pas les 10, vous n'aurez pas celle qui va marcher.
00:44:26Et il faut accepter donc que ça ne marche pas. Mais il faut accepter aussi que quand ça marche, à ce moment-là, il faut y aller, développer, accompagner.
00:44:37Les financements en France et en Europe sont pas suffisants pour accompagner les filières de développement aux différents stades de développement.
00:44:45Ce qui fait la force des États-Unis ou de la Chine, c'est que vous avez des filières entières à tous les stades de développement d'accompagnement avec des gens qui ont bien compris que ça marcherait
00:44:54ou que ça ne marcherait pas. Et qu'une entreprise, elle peut faillir à différents stades. Et une innovation, c'est une création qui rencontre un marché.
00:45:02Donc il faut d'abord une création. Et en France, on a cette chance d'être très créatif. Par contre, on ne va pas suffisamment accompagner dans tous les stades qui permettent d'aller rencontrer le marché.
00:45:14Et là, il y a plein d'obstacles. La pré-industrialisation, l'industrialisation, les marchés sont un peu erratiques. La voiture électrique en est un exemple.
00:45:24L'électrification du parc de véhicules est inéluctable. La seule façon réellement de décarboner le transport, ça sera d'électrifier le parc de véhicules.
00:45:33Maintenant, on a le choix sur le rythme. Il y a un certain nombre de conditions préalables. C'est pas en déclarant, en imposant les choses directement qu'on va l'obtenir.
00:45:44Sur l'électrification du parc automobile, nous, Michelin, depuis le premier choc pétrolier, on a commencé à rechercher quelles seraient les alternatives aux fossiles.
00:45:55Et on a découvert que l'électrique, c'est ça très bien. Et donc, on est convaincu que les batteries auront leur place, mais que l'hydrogène aussi aura sa place.
00:46:04Parce que l'hydrogène, c'est une bonne façon de stocker l'énergie électrique qui est produite en continu avec une consommation discontinue.
00:46:11Et donc, l'hydrogène, c'est un bon moyen de stocker le surplus d'énergie qu'on va produire en continu pour ensuite le redistribuer dans les phases de consommation auxquelles on a besoin.
00:46:23Et donc, l'électrification, elle est inéluctable. Maintenant, le rythme, la manière dont on le fait, ça, il faut faire attention.
00:46:33Il faut écouter les industriels. Il faut écouter les marchés. Aujourd'hui, les consommateurs sont habitués à recharger leur quantité de kilomètres en 3 minutes.
00:46:48Et puis, c'est très flexible. Il y a un contenu énergétique très puissant. Il y a une quantité d'énergie dans le fossile qui est énorme.
00:46:56L'électrique, c'est une autre façon de concevoir les choses. Mais si vous n'avez pas l'infrastructure de recharge, si vous n'avez pas...
00:47:03Qui est suffisamment prête, si vous n'avez pas des véhicules, la technologie qui est suffisamment avancée, etc.
00:47:11Et ça, sur 10 ans, honnêtement, c'est extrêmement difficile. C'est presque impossible. Nous, on a démarré... Tous nos pneumatiques sont compatibles avec l'électrique.
00:47:23Mais on a démarré il y a 30 ans. Ça fait 30 ans qu'on modifie toutes nos productions pour avoir des pneumatiques qui consomment moins d'énergie.
00:47:33Parce qu'on ne sait pas, mais 20% de la consommation énergétique d'un véhicule, c'est uniquement le pneu.
00:47:38Donc la manière dont le pneu gère l'énergie a une incidence directe sur la consommation d'énergie du véhicule.
00:47:44Mais on a mis 30 ans. Donc une réglementation qui modifie toute la chaîne de valeur automobile à l'échelle d'un continent,
00:47:55sans se préoccuper de... Est-ce que c'est un mouvement, d'ailleurs, qui se passe dans tous les continents ?
00:48:00Et sans modifier les règles de la concurrence sur le marché européen, ça peut pas marcher.
00:48:06Ça, on va tout droit à travers la difficulté. Et puis ce qui se passe en ce moment... Je profite pour faire une petite... Un quartade.
00:48:14En ce moment, ce sont des à-coups liés à l'innovation, ça. Il y a des moments, des périodes... On a fait le plein de ce qu'on appelle des early adopters,
00:48:23les personnes qui aiment bien adopter au début les technologies. On a fait le plein de ces gens-là. Et ensuite, il faut convaincre la masse.
00:48:33Et ça, ça va prendre plus de temps. Il faut changer les idées, changer les mentalités.
00:48:39Mais il faut aussi que... Quand l'infrastructure de développement de la France se développe beaucoup plus vite que celle de l'Italie,
00:48:46les transfrontaliers qui sont entre la France et l'Italie, s'ils sont obligés de se recharger en France quand ils vont en Italie, ça peut pas marcher.
00:48:56C'est pareil sur les transfrontaliers italiens. Mais espagnol, c'est pareil. Allemand, c'est pareil.
00:49:02Il faut imaginer que l'autonomie dans un véhicule, ça reste quand même un sujet primordial, même si le kilométrage moyen vous dit que le kilométrage moyen est faible.
00:49:15Voilà. Alors dernier élément sur le crédit impôt recherche. Donc il y a eu beaucoup de buzz autour de ces questions-là.
00:49:22Michelin touche 40 millions de crédits impôts recherche. Ça permet d'irriguer... Nous avons 12 labos communs avec le CNRS.
00:49:32Je sais qu'il y a beaucoup de questions autour de ces éléments-là. Le crédit impôt recherche, c'est une mesure qui a très bien fonctionné
00:49:43et qui fonctionne très bien. Le crédit impôt recherche, il a permis à la France d'être compétitive sur le coût de son chercheur.
00:49:50Le coût d'un chercheur sans le CIR en France est 100. En Allemagne, c'était 84. En Italie, 71. En Espagne, 56. Et en Inde, 34.
00:50:01Avec le CIR, la France a un coût chercheur de 72. Donc on est mieux que l'Allemagne. Donc on est dans l'Italie, dans l'Espagne, etc. Donc c'est bien.
00:50:15Bien sûr, on peut supprimer le crédit impôt recherche. Michelin ne va pas mourir si on supprime le crédit impôt recherche.
00:50:20Simplement, moi, j'ai 75% des actionnaires du groupe Michelin qui sont non-français. 75%. Il faut que je leur explique pourquoi Michelin a mis toute sa recherche fondamentale en France.
00:50:38Pourquoi Michelin a plus de la moitié de ses effectifs de recherche et de développement en France ? Aujourd'hui, ça fonctionne. Demain, il va falloir que j'explique pourquoi on continue à faire ça alors que le coût, l'intelligence en Inde, en Chine, aux Etats-Unis, au Vietnam, c'est la même.
00:51:02D'accord ? Donc pour la France, nous, on a notre attachement historique à la France. On a aussi une base développée. On a une histoire en France. Mais il faut quand même que je sois capable d'expliquer que je gère l'argent des actionnaires et des investisseurs correctement dans un environnement concurrentiel débridé.
00:51:30Et le dernier exemple que je vais vous prendre, nous avons une usine qui fabrique des pneumatiques agricoles à Troyes, à l'est de la France. Nous avons aujourd'hui l'interdiction d'importer en Inde des pneus.
00:51:45L'Inde a décidé, en infraction avec toutes les règles de l'OMC, d'interdire l'importation de pneumatiques. Donc nous n'avons pas d'usine qui fabrique des pneus agricoles en Inde. On ne peut pas se développer en Inde.
00:51:57Nous avons perdu plus de 10 points par le marché sur les pneumatiques agricoles en France en face d'un concurrent indien qui, lui, produit en Inde, exporte massivement en France. Je prends la France, puisque c'est vrai, en Europe. Et on laisse faire. Et on laisse faire.
00:52:20Donc je dis, d'ailleurs, c'est ce type de choses-là qu'il faut adresser. Il faut arrêter de faire des choses comme ça. Parce qu'en fait, il ne faut pas s'étonner après. Donc notre site de Troyes, en ce moment... Alors en ce moment, le marché agricole est très bas.
00:52:34Mais notre site de Troyes est en difficulté, parce qu'on a perdu aussi beaucoup de parts de marché. Et on ne peut pas exporter. Donc on fait quoi ? Voilà. J'ai terminé mon propos liminaire. Et je suis maintenant ouvert à toutes vos questions.
00:52:50— Merci beaucoup pour cette première intervention, monsieur le Président. Donc sans plus tarder, j'ai une liste assez impressionnante de membres de la Commission qui souhaitent vous poser des questions.
00:53:01Et on va commencer alors dans le cadre de la mission d'information. L'un des rapporteurs est absent, Rémi Cardon. Mais on va commencer avec Alain Kadek et Annick Jacquet, qui poseront leurs premières questions.
00:53:13Et ensuite, vous pourrez leur répondre. Et puis on prendra, si vous le voulez bien, des questions 3 par 3. Alain et Annick. Alain.
00:53:21— Merci, madame la présidente. Monsieur le Président, je voudrais vous interroger sur la stratégie de Michelin face à la concurrence croissante des acteurs extra-européens que vous avez évoqués tout à l'heure, de la filière automobile asiatique en particulier.
00:53:37Nous avons effectué avec la Commission des affaires économiques et avec notre chère présidente, il y a 6 mois, à peine 6 mois, un déplacement en Chine, dont le but principal était d'analyser les avancées techniques et industrielles de l'empire du milieu en matière de construction automobile.
00:53:56Nous n'avons pu que constater l'avance technologique phénoménale des constructeurs chinois, notamment sur les véhicules électriques, avec une montée en gamme impressionnante tout en préservant des prix très en dessous de la production européenne.
00:54:10Dans cette frénésie industrielle et commerciale, les pneumatiques font-ils toujours exception ? Sachant que les 3 principaux manufacturiers restent Bridgestone, Michelin et Goodyear, les manufacturiers low-cost chinois, parce qu'ils font du pneu low-cost, en plein développement, sont-ils des concurrents sérieux pour vous, sachant qu'ils font des progrès en matière de qualité de leurs produits ?
00:54:38Par ailleurs, êtes-vous, Michelin, directement affecté par le ralentissement de la demande mondiale de véhicules ? La demande mondiale baisse, sachant que le marché chinois lui-même stagne. Le marché, mais pas la production, parce que ça n'empêche pas les Chinois d'être en surcapacité et de continuer à produire, sans doute à terme, pour inonder l'Europe.
00:55:03Enfin, face à la concurrence extra-européenne, notamment asiatique, comme je le disais tout de suite, comment les acteurs de la filière automobile peuvent-ils s'organiser pour travailler ensemble, pour que les pneumatiques achetées en Europe soient des pneumatiques européennes ?
00:55:18L'enjeu de la première monte des véhicules est-il toujours une priorité commerciale ? Parce qu'on a vu en Chine des véhicules avec des premières montes européennes, Michelin, Pirelli, Goodyear et autres.
00:55:34Et enfin, qu'attendez-vous des pouvoirs publics français et européens, vous l'avez évoqué un peu, pour soutenir une telle structuration de la filière ? Et en particulier, qu'attendez-vous du dialogue stratégique sur l'avenir du secteur automobile, qui débute en ce mois de janvier sous la houlette de la Commission européenne ? Voilà, M. le Président.
00:55:54Merci, M. Alain Cadec, le rapporteur de cette mission d'information. Annick Jacquemy.
00:55:58Merci, Mme la Présidente. M. le Président, moi, j'aurais 2 questions à vous poser. Vous avez en partie répondu dans votre propos liminaire. Premièrement, il y a beaucoup été question, lors de l'examen du projet de loi de finances à l'automne, du crédit impôt-recherche, justement, vous l'avez abordé.
00:56:17Donc, lorsque Michelin a annoncé la fermeture des usines de Cholet et de Vannes, on vous a reproché d'avoir bénéficié, en 2023, de 42 millions d'euros au titre du CIR. L'ancien Premier ministre Michel Barnier avait alors affirmé vouloir savoir ce que Michelin et d'autres grands groupes – vous n'étiez pas le seul – avaient fait de l'argent public qu'on leur a donné.
00:56:40Il n'a pas eu le temps d'obtenir de réponse. Je vous la pose donc, mais de manière moins polémique. Michelin dépense chaque année plus d'un milliard d'euros en faveur de la recherche et développement. Ces investissements sont indispensables pour que la France et l'Europe puissent prétendre à nouveau au leadership technologique dans le secteur automobile.
00:57:00Comment le CIR appuie-t-il cette dynamique ? Quelles seraient les conséquences d'un durcissement des conditions d'accès au CIR pour une entreprise comme la vôtre ? Et sur le fond, quels sont vos principaux axes de travail en matière d'innovation ?
00:57:16Et ma deuxième question, vous l'avez abordée aussi, concerne les compétences. L'électrification et la numérisation induisent de profondes modifications dans les profils recherchés dans le secteur de l'automobile. Est-ce aussi le cas pour Michelin ? Et si oui, comment mieux accompagner ces transformations pour mettre en adéquation l'offre de formation avec les besoins de la filière ?
00:57:40Vous nous avez dit que la formation de base s'est énormément dégradée. Qu'est-ce que vous entendez par là ? Qu'est-ce qui manque, justement, dans cette formation de base ? Et qu'est-ce que vous pensez qu'on pourrait améliorer pour que les nouveaux formés répondent mieux à vos attentes ? Je vous remercie.
00:58:00Voilà, Monsieur le Président, si vous souhaitez répondre à ces deux interventions.
00:58:04Merci. Alors, la stratégie de Michelin face à la concurrence, c'est l'innovation. L'innovation, l'innovation, l'innovation. Le sujet, c'est d'avoir toujours un temps d'avance, voire deux, et on espère trois.
00:58:18Par rapport aux concurrents chinois, les concurrents chinois n'ont pas les mêmes technologies que nous, mais ils avancent. Ils avancent très vite. Mais nos meilleures usines sont en Chine. Les usines les plus performantes au monde, chez Michelin, sont en Chine.
00:58:36Nous avons un corpus de chercheurs en Chine très performant. Donc ce que je disais tout à l'heure, l'intelligence, elle est répartie beaucoup plus uniformément qu'on l'imagine. Mais nous avons toujours un temps d'avance.
00:58:52Et nous faisons très attention à protéger nos savoir-faire avec trois sujets. Un sujet, c'est le secret. On ne dit pas tout ce qu'on fait. Deuxième chose, c'est les brevets. Et là, attention.
00:59:09Les brevets, on arrive à les déposer en France. Il y a une réglementation qui est favorable aux brevets en France. J'ai entendu qu'elle était remise en question. C'est dommage de faire ça, parce que les brevets, ils vont être déposés ailleurs et ils seront disponibles ailleurs.
00:59:26Donc on peut faire ça. Mais en fait, la réglementation fiscale sur les brevets, elle a été très utile à la France. Et la troisième chose, c'est d'être constamment en train de remettre en question ce qu'on fait.
00:59:44On est toujours en train de bouger. On est toujours en train de se dire... Donc je peux vous dire que chez Michelin, au moment où on a quelque chose de très innovant qui sort, vous avez tout de suite une équipe qui travaille à comment on peut le casser, comment on peut le faire différemment, comment on peut le rendre.
01:00:02Et cette équipe ne rend compte à personne d'autre qu'à moi. Ils n'ont pas de contraintes, de résultats, etc. Leur objectif, c'est de voir comment on peut faire différemment, mieux, moins cher. Pour moi, c'est la seule façon de gérer.
01:00:20Il y a des surcapacités au niveau mondial. Donc derrière ça, ce phénomène-là, maintenant, la Chine a un marché intérieur avec plus de consommateurs que l'Europe, qui ont un niveau de vie moyen supérieur à l'Europe.
01:00:37Mais elle a aussi 500 millions de personnes qui ont un niveau de vie très inférieur. Mais elle a 700 millions de personnes qui ont un niveau de vie moyen supérieur au niveau de vie moyen en Europe.
01:00:48Et la Chine a bâti son modèle de départ sur... En fait, je favorise la délocalisation des productions des pays dits matures pour les fabriquer. Mais maintenant, ils ont développé suffisamment de surfaces, suffisamment de choses pour faire en sorte maintenant qu'ils changent.
01:01:08Et quand on écoute le président Xi Jinping, il dit bien que maintenant, il faut passer à de la croissance qualitative et plus de la croissance quantitative, sauf que derrière, c'est la deuxième économie du monde. Et donc derrière, pour faire faire ce virage, ça va prendre quelques années.
01:01:25Là-dessus, la seule maille économique possible de réponse, c'est l'Europe. Mais il faut que l'Europe ait des réglementations qui permettent d'avoir des règles du jeu équitables. Il s'agit pas d'empêcher les Chinois d'investir en Europe ou d'empêcher les Chinois de...
01:01:42Mais il s'agit de faire en sorte que les règles du jeu soient équitables, fiscales, sociales, environnementales, etc. Et c'est sur quoi les règles de concurrence actuelles de l'Europe ont été bâties sur il faut que le consommateur puisse acheter le moins cher possible, même au détriment des industries locales.
01:02:02Donc aujourd'hui, moi, j'ai des opérations que je peux faire, que je ne fais pas parce que derrière, les contraintes que je vais avoir posées par la Commission européenne en matière de concurrence feraient que je serais obligé d'installer un concurrent chinois.
01:02:19Et en plus, pour qu'il s'installe en Europe, il faudrait que je lui explique technologiquement comment faire. Donc ça, je vais pas le faire. D'accord ? Donc on a un certain nombre de choses et les règles de la concurrence en Europe doivent être modifiées.
01:02:36Il ne s'agit pas de protéger l'industrie parce que la concurrence est saine. C'est utile. Les sportifs dans les Jeux olympiques, ils deviennent performants quand ils sont confrontés à d'autres. S'ils sont entre eux, ils sont moins performants. Donc l'industrie, c'est pareil. Donc il nous faut de la concurrence. Mais il nous faut de la concurrence avec des règles du jeu équitables.
01:02:58La première montre que oui, ça reste important. Maintenant, ça dépend des véhicules, ça dépend de la taille des pneus, ça dépend des marques de pneus, ça dépend de plein de choses. Et donc en fait, c'est plus ou moins important. Et en Chine, c'est extrêmement important. En Europe, ça l'est beaucoup moins. Pourquoi ? Parce que les Européens ont pris l'habitude de changer leurs pneus. En Chine, vous avez pas l'habitude.
01:03:23Quand vous avez quelque chose qui fonctionne, vous avez votre premier véhicule, ça marche, vous avez tendance à dire... Donc ça s'appelle le taux de loyauté entre le remplacement et les pneumatiques de première monte. Il est très élevé en Asie. Il est beaucoup moins élevé en Europe. Et après, ça varie de pays à pays, etc.
01:03:43Pour Michelin, c'est un investissement important parce que derrière, la relation avec les constructeurs, on travaille maintenant sur des véhicules qui vont sortir en 2030, 2035. Et on comprend vers quoi l'industrie automobile va à l'échelle mondiale puisqu'on travaille très bien avec les constructeurs automobiles chinois, coréens, japonais, américains. Et tous les constructeurs automobiles travaillent avec Michelin et Michelin réciproquement.
01:04:11Maintenant, qu'est-ce qu'on attend des pouvoirs publics ? Moi, j'ai un seul message. C'est... Je pense qu'on a besoin d'avoir une vision, effectivement, de savoir qu'est-ce qu'on veut obtenir.
01:04:25Et Michelin, nous avons une raison d'être exprimée, un rêve d'entreprise à 2050, un jalonnement à 2 ans, 5 ans, 10 ans, 20 ans, 30 ans. Nous savons ce que nous voulons faire. Le chemin, il n'est pas tracé, mais on sait où on veut arriver à actuel moment.
01:04:42Et nous avons besoin d'un partenariat public-privé beaucoup plus fort. C'est-à-dire qu'il faut qu'on arrête d'avoir la suspicion entre le public et le privé. Moi, je ne rencontre que des gens formidables dans le privé.
01:04:56Bien sûr, comme dans toute communauté humaine, il y a des déviations, mais globalement, c'est très sain. Et donc, derrière, ce qui est important, c'est qu'on travaille collectivement, public-privé.
01:05:09Et puis ensuite, il faut arrêter d'opposer petites entreprises et grandes entreprises. Les grandes entreprises ne sont pas mauvaises, par définition, et les petites entreprises, bonnes, par exemple.
01:05:21Et une grande entreprise, nous faisons vivre plusieurs dizaines de milliers de fournisseurs. Michelin, sur l'empreinte territoriale de l'Auvergne-en-Alpes, c'est extrêmement important pour toutes les PME, PMI, ETI du tissu économique local.
01:05:37Mais c'est vrai au Brésil, en Argentine, au Chili, en Vietnam, dans tous les pays dans lesquels Michelin opère. Et on a besoin d'un organe législatif qui travaille sur la prise en compte des impacts avant de mettre en place la législation
01:05:59et d'avoir un organe législatif à peu près stable et qu'on puisse comprendre le code du commerce uniquement en la loi du travail. Vous prenez le code du travail que moi, j'ai appris il y a quelques années maintenant.
01:06:19J'ai beaucoup vieilli, parce qu'il a pris certains chapitres par cœur. Mais maintenant, il a pris un volume incroyable. Donc on utilise des armées de personnes pour être conformes. Et moi, j'ai toujours une crainte.
01:06:34C'est qu'à un moment, quelque part, on soit pas conformes, parce qu'il y a tellement de choses. Voilà. Et donc il faut mieux s'accoubouter sur les principes et sanctionner les déviances plutôt que de légiférer sur les exceptions.
01:06:46Alors maintenant sur le CIR. Je vous ai répondu là-dessus. Le CIR, c'est ce qui permet de rendre compétitive la recherche en France. Donc le CIR, chez nous, il est tracé. Vous pouvez venir voir.
01:07:02Le CIR, il passe pas directement soit dans ma poche – c'est un peu le raccourci qui peut être fait – ou le CIR, il sert pas à servir des dividendes. Le CIR, il sert à accélérer la recherche.
01:07:15Ça nous permet de développer des labos communs avec le CNRS. Ça nous permet de développer des labos avec des universités. Ça nous permet de faire travailler tout un écosystème et d'avoir une recherche compétitive en France.
01:07:25Si on le supprime, je vous le dis, Michelin ne mourra pas. Mais maintenant, Michelin pourra réfléchir à comment réallouer ses efforts de recherche dans le monde.
01:07:36Parce que d'ailleurs, moi, j'obéis à une loi. Michelin opère sur un marché mondial. Michelin est présent dans 175 pays. Michelin a la présence dans les pays du monde la plus forte du CAC 40.
01:07:48On est quasiment présent dans tous les pays du monde. Donc 75% de l'actionnaire de Michelin est étranger. Je rends des comptes à nos investisseurs, à nos actionnaires.
01:08:01Et donc je dois montrer que je gère bien leur argent. Maintenant, l'innovation et les transformations, la formation de base. Nous vivons dans un monde technologique.
01:08:15En France, nous avons fait des mathématiques une sorte de repoussoir. Il est impératif de ramener les mathématiques à la base de l'enseignement.
01:08:29Parce que les mathématiques, c'est simplement une façon de voir le monde autrement et de manière simplifiée. Il ne s'agit pas de développer des mathématiciens.
01:08:39Il s'agit que des personnes comprennent des choses de base. Et on a une énorme menace sociale associée à ça. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on peut dire n'importe quoi sur les réseaux sociaux, n'importe quoi.
01:08:50Et on n'a plus de notion de base. L'être humain, par rapport à la machine, il fait une chose qu'on appelle la metacognition. Il fait une chose très particulière.
01:08:59Quand vous tapez sur votre machine 2 plus 2, de base, si la machine vous répond 100, vous vous dites, tiens, j'ai dû faire une erreur quelque part.
01:09:08Il y a soit de la mémoire, soit j'ai tapé un truc. Vous utilisez la machine donc vous ne connaissez pas le résultat. Mais vous avez déjà anticipé ce que pourrait être le résultat.
01:09:20La machine ne fait pas ça. Mais si vous avez des enfants qui n'ont pas appris que 2 plus 2, ça devait faire moins de 10, à peu près, je ne demande pas à ce que ça fasse 4, c'est un gros problème.
01:09:36Et après, dans l'entreprise, tous les jours, ils sont confrontés à des machines, ils sont confrontés à des questions de proportions. Le pneu, pour que ça marche, c'est 200 matériaux qui vivent ensemble.
01:09:45Il faut des proportions et on a des degrés de précision aux centaines de microns. Le pneu, c'est un produit de très haute technologie.
01:10:00Les agents, on n'a quasiment pas d'emplois non qualifiés, mais on les qualifie. Mais il faut d'abord un contenu de base.
01:10:10Qu'est-ce qu'une proportion ? Proportion, ce n'est pas un gros mot. C'est dire un tiers de quelque chose de tout petit par rapport à un tiers de quelque chose de très gros.
01:10:21Ou même 10% de quelque chose de très gros, ça peut être beaucoup plus grand qu'un tiers de quelque chose de tout petit. Mais ça, on ne l'a pas.
01:10:31Et ça, c'est un gros problème parce qu'en face de l'intelligence artificielle, ce qui va être clé pour l'intelligence artificielle qui arrive, qui est déjà là d'ailleurs, c'est d'être capable d'utiliser son raisonnement et son jugement.
01:10:45Et pour pouvoir faire ça, il faut avoir des notions de base et les mathématiques sont un instrument de base essentiel. Il ne s'agit pas de faire des équations différentielles au second degré dès la maternelle.
01:10:59Mais ce qui se passe, c'est qu'en Chine, à Singapour, il faut qu'on réenchante les mathématiques. Il faut qu'on redonne envie à tout le monde d'aimer les mathématiques.
01:11:09On a un énorme problème pour recruter des femmes ingénieures. Pourquoi ? Parce que dès la sortie de la maternelle, vous avez déjà des biais qui se sont formés où les femmes commencent à dire « non mais moi, je ne vais pas aimer ça ».
01:11:25Ça n'a aucun sens. On sait que d'un point de vue plastique, le cerveau des femmes et des hommes, c'est exactement le même au départ. On imprime ce qu'on veut dessus.
01:11:33Et donc, sur les mathématiques, c'est un drame de dégoûter dans les filières d'enseignement, de finir par dégoûter les gens des mathématiques.
01:11:43Donc, on a un énorme sujet. Si j'avais une seule recommandation, c'est de dire « heureusement qu'on est revenu en arrière, mais supprimez le caractère obligatoire des mathématiques ».
01:11:55Franchement, ça c'est une chose qu'il faut absolument éviter par rapport à la technologie qui arrive. Les technologies, si vous croyez l'intelligence artificielle, on est cuit.
01:12:09C'est un outil à l'aide des personnes. J'étais Michelin, on dit toujours « toutes les technos sont au service des êtres humains ». Il n'y a aucune techno qui est au service de la techno.
01:12:19Et aucun être humain au service de la techno. Les technologies sont au service. Mais il faut que les êtres humains soient capables de s'en servir.
01:12:27Il y a toute la formation, etc. Mais il faut une formation de base quand même. Nous, on est amené à réapprendre des proportions à des personnes qui rentrent. Ça, ce n'est pas normal.
01:12:39Très bien. Donc, on va passer aux questions 3 par 3. Vous essayez d'être concis, s'il vous plaît, pour qu'on puisse tenir notre timing. Daniel Fargeau. Daniel.
01:12:49Merci, Mme la Présidente. Merci, M. le Président, de votre analyse et de votre vision. Alors vous aviez déclaré au Figaro il y a quelques temps, et vous venez de le formuler à l'instant,
01:13:01que malgré l'ambition du plan France 2030, il était compliqué d'inscrire la réindustrialisation dans le temps long. Je rappellerai que l'objectif gouvernemental serait de porter l'industrie à 15% du PIB en 2035.
01:13:14Il est à préciser qu'à ce jour, le ratio est à moins de 10%, d'où Mission Impossible. Et je serais tenté de dire « et pour cause ». Nous le constatons de façon permanente.
01:13:23L'essentiel des moyens de notre politique de réindustrialisation se fonde actuellement sur des plans outils qui, par nature, ont une dimension exceptionnelle et limitée dans le temps.
01:13:34Alors vous, le fleuron français du pneumatique. Vous annoncez la fermeture de vos sites de Vannes et Cholet d'ici 2026, augurant plus de 1 200 emplois.
01:13:44Il en découle trois questions auxquelles vous avez certes partiellement répondu mais que je vais vous poser malgré tout.
01:13:51Ces fermetures participent-elles à une illustration du déclin industriel français et européen ? Comment pensez-vous que nous puissions renouer avec une profonde ambition industrielle en France ?
01:14:03Et enfin, pensez-vous que la montée de tensions commerciales et le retour de discussions qui s'annoncent musclées sur les droits de douane soient à même d'opérer une prise de conscience
01:14:14et ainsi modifier une vision européenne en matière de concurrence ? Merci, M. le Président.
01:14:20Merci, Daniel. Alors le local de l'étape, Jean-Marc Boyer.
01:14:27Oui, merci, Mme la Présidente. Je ne serai peut-être pas très synthétique, mais pour une fois, je vous pardonnerai.
01:14:34Je voudrais vous remercier, M. le Président, de votre venue ici à la Commission économique.
01:14:39La Commission économique s'est rendue il y a trois ans sur le site de Michelin à Catarou.
01:14:45Effectivement, on a, je peux vous le dire, une réelle fierté de compter une entreprise de l'importance de Michelin non seulement en Auvergne, mais aussi dans le Puy-de-Dôme et à Clermont-Ferrand,
01:14:59où vous avez conservé le siège social de Michelin. C'est très important de le souligner, je crois.
01:15:04Juste une première question concernant l'évolution des nouvelles technologies. Alors je sais que vous parlez des secrets, des brevets. C'est normal.
01:15:13Lorsque nous étions venus, on avait découvert le pneu nouvelle génération alvéolé. J'en ai pas encore vu sur les véhicules.
01:15:21Quand est-ce que nous le verrons ? Parce que ça nous a éparu intéressant. Et dans l'évolution de ces nouvelles technologies, avec les contraintes environnementales que vous nous avez expliquées,
01:15:30la concurrence féroce et les enjeux de compétitivité avec des coûts qui sont quand même beaucoup plus importants que dans les autres pays,
01:15:37quelle évolution de nouvelles technologies pouvez-vous envisager ? Ma deuxième question... Vous avez répondu sur le crédit impôt-recherche.
01:15:48Donc je ne vais pas y revenir. Mais je voulais aussi vous remercier pour ce que vous avez dit concernant Michelin, qui est une entreprise vertueuse sur le plan écologique,
01:15:57sur le plan fiscal, sur le plan social. Mais cette démarche vertueuse, est-ce que quelque part n'est pas un handicap dans la concurrence mondiale et internationale ?
01:16:06Quelque chose que je trouve quand même de très grave dans vos propos, c'est la baisse de qualification de l'enseignement de base. Vous avez un peu répondu tout à l'heure.
01:16:15Je sais que, à Clermont, vous avez mis en place une formation spécifique. Vous avez aussi développé le système d'apprentissage, en particulier au niveau de Hall 32,
01:16:26qui est une réalisation que j'espère, lorsque nous aurons l'occasion de venir, madame la présidente, que vous pourrez nous montrer, parce que c'est exemplaire, je pense, dans le cadre de la formation.
01:16:37Et ce qui me paraît important, c'est quand même grave, je trouve, qu'on ait une baisse de qualification de base dans ce pays, avec un système éducatif aujourd'hui,
01:16:46un budget d'éducation nationale qui est certainement le plus important dans le cadre du budget. Il y a quand même des interrogations à avoir sur notre système éducatif,
01:16:54parce que c'est quand même une des conséquences qui est quand même importante. Dernier point qui concerne la mobilité et qui concerne le désenclavement de notre région.
01:17:03M. le Président, je vous ai demandé tout à l'heure comment vous étiez venu. Si vous étiez venu en train. Vous m'avez dit ah non. Donc je ne veux pas revenir sur les incidents...
01:17:12Parce qu'il voulait être à l'heure. Exactement. Je ne veux pas revenir sur les incidents importants qu'il y a eu ces dernières semaines, ces derniers mois, qui sont absolument désastreux pour notre région.
01:17:24Et je pense à une incompétence, je le dis très clairement, de la SNCF sur ce sujet-là, parce que c'est inadmissible ce qui peut se passer.
01:17:32Alors c'est aussi un handicap, un handicap de compétitivité pour vous, pour d'autres entreprises, bien sûr, mais aussi pour vous.
01:17:39Est-ce que vous avez des propositions à nous faire sur ce sujet-là, non seulement sur le train, mais aussi sur la ligne aérienne, en particulier Clermont-Orly ? Merci.
01:17:47Merci, Jean-Marc. Daniel Gremier.
01:17:50Merci, Mme la Présidente. M. le Président, merci pour la qualité de vos propos. J'aurais deux questions. La première qui concerne effectivement le dossier énergétique.
01:17:59Vous nous avez donné les différences de prix, l'énergie, l'élément essentiel au coût de production. Ma première question sur ce domaine-là.
01:18:09Que faudrait-il à la France, puisque dans l'Union européenne, chaque État membre a le choix de son mix énergétique pour avoir une stratégie énergétique compétitive pour redynamiser son industrie ?
01:18:21Le deuxième point qui va en ligne, en direct avec ça, c'est le dossier hydrogène. Vous l'avez évoqué. Votre Michelin a investi plus de 20 ans sur la pile à combustible, notamment.
01:18:37Je voudrais vous entendre un peu plus sur ce sujet-là, parce qu'on a l'impression quand même qu'en France, dans la bataille hydrogène qui se joue à travers le monde,
01:18:45qu'on est en train d'être à nouveau un peu à la traîne, pour pas dire plus. Et la petite question subsidiaire, c'est quelles seront les conséquences de la stratégie Trump sur le véhicule,
01:18:58et notamment par rapport à son position de la fin du véhicule, enfin la fin, le non-intérêt du véhicule électrique. Et je ne pourrais pas terminer mon propos sans vous dire merci
01:19:08pour les investissements que vous réalisez dans le département des Vosges. Je suis sénateur des Vosges. Mais aussi un petit merci pour votre implication sur le territoire à travers votre fondation Michelin,
01:19:17puisque vous avez restauré dans mon petit village de Dessimons un tableau absolument magnifique, magnifique. Je voulais vous le dire, parce que la population y est très sensible.
01:19:25Ce n'est pas grand-chose, mais c'est beaucoup, quand même. – Merci, Daniel, de ce beau témoignage. Monsieur le Président.
01:19:32– Merci. Alors il y a beaucoup de questions. Alors l'industrie à 15% ? Oui, c'est possible. Quand Michelin ferme deux sites en net, Michelin embauche en France, net.
01:19:45Et l'autre chose, c'est que Michelin investit beaucoup. On a l'usine de piles à écondustible, elle est à Lyon. Michelin redéploie le parc Catarou.
01:19:55Nous venons de signer une co-entreprise avec Danone pour développer des capacités de fermentation, pour développer des biotechnologies de précision qui vont impacter l'Europe et le monde demain.
01:20:09Michelin développe des nouvelles générations de polymères qui vont réparer le corps humain, être biocompatibles, biodégradables et donc pouvoir aussi porter des médicaments
01:20:21pour régénérer les sols et faire uniquement de la fertilisation de précision. Donc Michelin fait tout ça en même temps. Il se trouve qu'il y a un prisme dans la communication
01:20:32sur les choses qui sont douloureuses et pas sur les choses qui sont heureuses. Mais en net, Michelin est heureux et est heureux en France. Donc oui, il y a des choses qui sont possibles sur les 15%.
01:20:45Par contre, il y a de l'inertie. Donc là, on est en train de vivre la fin d'un cycle qui est lié à des décisions qui ont été prises il y a beaucoup d'années.
01:20:59Maintenant, il y a une inflexion qui a été donnée. En ce moment, l'environnement n'est pas favorable, mais ça ne change pas le fond. La France, au cours des dernières années,
01:21:12moi, j'étais à Tchouz, France, chaque année. Je voyais bien le mouvement des industriels revenir vers la France. La France a des atouts formidables.
01:21:25On a une infrastructure remarquable. On a, en dehors de certaines lignes ferroviaires, mais le reste est superbe. On a une électricité décarbonée d'ampleur, un peu trop chère,
01:21:38mais elle est quand même disponible. On a des personnes bien formées. On a un tissu industriel déjà préexistant. On manque d'ETI, mais on a beaucoup de PME, PMI,
01:21:54et on a beaucoup de fleurons mondiaux de grandes entreprises mondiales. Donc on a des atouts formidables. Et géographiquement, la France est super bien positionnée.
01:22:06On est vraiment au centre du monde. Et donc, de ce point de vue-là, la France a énormément d'atouts. Il faut juste repartir sur la question de la vision.
01:22:15Il faut simplement se donner une vision et s'y tenir dans le temps. C'est long, ardu, difficile, mais ce n'est pas du tout impossible.
01:22:24Voilà donc pour cette audition du président de Michelin. Je vous rappelle qu'au mois de novembre, l'entreprise a officialisé la fermeture de deux de ses usines, Havan et Acholay.
01:22:33Au total, plus de 1 200 salariés voient leur emploi menacé par cette décision. Le patron de l'entreprise est venu ce matin expliquer celle-ci devant les sénateurs.
01:22:43Voilà, c'est la fin de cette émission. Merci de l'avoir suivie. Restez avec nous. La formation politique continue sur notre antenne.
01:22:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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