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Claire Thoury, souligne la nécessité "d'un texte unique", alors que le Premier ministre suggère de passer non pas par un, mais deux textes, un sur les soins palliatifs, l'autre sur l'aide à mourir.

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00:00Il n'y aura pas un mais deux textes sur la fin de viste, en tout cas le souhaite François Bayrou qui veut
00:05scinder en deux la loi dont l'examen doit reprendre le mois prochain à l'Assemblée après une interruption pour cause
00:11de dissolution. Bonjour Claire Toury. Bonjour. Vous êtes sociologue, membre du conseil économique, social et environnemental et présidente
00:19du comité de gouvernance de la convention citoyenne, autrement dit c'est vous qui avez organisé ces débats qui ont duré des mois
00:27il y a maintenant deux ans. Deux lois donc, une sur les soins palliatifs
00:31puis une autre sur l'aide à mourir. Comment est-ce que
00:34vous accueillez, comment est-ce que vous comprenez cette nouvelle ?
00:37Déjà je vous remercie de m'avoir invité ce matin parce que je crois que c'est très important qu'on recommence à parler
00:42de ce sujet, de la fin de vie, du travail de la convention citoyenne, du travail des différents contributeurs qui ont alimenté un débat qui a été
00:50difficile, exigeant et je crois de qualité.
00:52Comment on accueille cette nouvelle ? Alors j'ai échangé avec les citoyens, j'ai échangé avec beaucoup de monde hier et on était un peu surpris
00:59voire dubitatif parce que finalement ça va un peu à rebours de ce que les citoyens de la convention ont
01:04préconisé puisque je sais pas si vous l'avez toutes et tous en tête mais les citoyens de la convention
01:09qui ont mis leurs travaux le 3 avril 2023 quand même, donc ça va faire bientôt deux ans, ont toujours
01:15beaucoup insisté sur un travail avec deux jambes.
01:18D'abord le quoi qu'il en soit, donc quoi qu'il en soit, il faut renforcer les soins palliatifs et c'est extrêmement important et puis ensuite
01:24la nécessité d'avancer
01:27sur le cadre de la fin de vie en France mais de bien penser l'articulation des deux ensemble, c'est ça le projet
01:32collectif qui a été poussé par la convention citoyenne sur la fin de vie. C'est votre travail, celui
01:36des membres de la convention citoyenne qui est remis en cause ?
01:39Alors je dirais pas ça parce que pour l'instant quand même,
01:41recontextualisons, c'est le premier ministre qui a dit ça dans le cadre d'un échange avec un groupe parlementaire hier à l'assemblée donc il n'y a aucune annonce
01:47officielle, donc j'espère que les réactions des uns et des autres feront que les annonces officielles ne seront pas celles-ci.
01:53J'espère surtout qu'il y aura des annonces officielles, c'est ça l'urgence, je crois que
01:57voilà, vous l'avez dit, le texte sur la fin de vie a fait l'effet de la dissolution,
02:00il allait être examiné en première lecture à l'assemblée puis la dissolution
02:04en a décidé autrement, donc il faut que ça revienne.
02:07Je pense que démocratiquement c'est extrêmement important que ce texte là soit
02:12traité, débattu et qu'on aille au bout de cet exercice
02:16très important.
02:17Rapidement, parce qu'il y a une urgence comme le dit la présidente de l'assemblée nationale, qu'on entendait tout à l'heure.
02:23Il y a une urgence démocratique, ça c'est sûr, moi je n'ai pas forcément vocation à me prononcer sur le fond, mais sur la forme,
02:29on convoque une assemblée de citoyens, on la fait travailler pendant des mois, on lui demande de remettre un avis
02:34rapidement, ça se fait de façon remarquable et, alors c'est pas moi qui le dit, tout le monde a salué l'exercice de la convention,
02:39les débats étaient apaisés, on a réussi à trouver un chemin nuancé collectivement
02:44et puis presque deux ans plus tard, on est toujours en attente de ce texte, de la première lecture de ce texte, alors que les annonces
02:50du président de la république ont été faites l'année dernière.
02:52Mais couper la loi en deux, qu'est-ce que ça changerait ?
02:54Il y a un risque à ce que ce soit pas pensé de manière
02:57articulée en fait, c'est ça le message. Pourquoi j'insiste un peu là-dessus ? Parce que le message de la convention citoyenne,
03:03c'est quoi ? C'est de dire le cadre de la fin de vie, la question c'était le cadre de la fin de vie, est-il adapté aux différentes
03:08situations rencontrées ou d'éventuels changements devraient-ils être introduits ? La réponse des citoyens,
03:12c'est oui, il faut des changements, mais il faut des changements qui soient articulés. On ne peut pas penser l'un sans l'autre et c'est bien les
03:18deux pans de la fin de vie qu'il faut traiter de manière articulée. Un renforcement des soins palliatifs,
03:24c'est très important et en même temps une évolution du cadre de la fin de vie avec une
03:30légalisation de l'aide active à mourir. Les adversaires de l'évolution de la loi disent que s'il n'y a pas de soins palliatifs
03:36dignes de ce nom, avec des moyens, alors il n'y a pas de choix vraiment libre
03:41concernant l'aide à mourir. Est-ce que vous l'entendez ? Et est-ce que c'est ça
03:46qui a derrière cette volonté de François Bayrou, à votre avis ?
03:49Je ne sais pas ce qu'il y a derrière la volonté de François Bayrou, franchement j'en ai absolument aucune idée, puis je me garderai bien
03:55d'interpréter ça. En revanche, ce que
03:58les opposants à l'évolution disent, c'est qu'il faut bien renforcer les soins palliatifs et ceux qui sont favorables disent qu'il faut aussi les renforcer
04:04tout en autorisant l'aide active à mourir. Et donc du coup, c'est bien l'articulation des deux qu'il faut qu'on
04:09arrive à voir dans ce texte, un texte unique. Et puis rappelons quand même que le contexte du calendrier parlementaire
04:14fait qu'il y a quand même un risque à ce que ces deux textes ne soient pas traités ensemble et que finalement ça repousse encore et
04:19encore le traitement de ce texte qui est très attendu. Si je vous entends bien, Claire Thory, il y a peut-être une forme de manœuvre pour
04:26repousser encore l'adoption de cette loi ? Franchement, je ne sais pas si c'est une manœuvre, honnêtement, j'en sais rien.
04:33Moi, ce que je vois, en tant que citoyenne, c'est qu'on est dans un contexte politique qui est quand même assez préoccupant
04:38alors qu'il y a quelques mois seulement, une assemblée de citoyens tirés au sort a fait un travail
04:43vraiment de qualité. A 184, ils ont réussi à trouver
04:47collectivement, d'une manière exigeante, en travaillant vraiment remarquablement, un chemin qui soit
04:52accepté par le plus grand nombre. Et donc ce que je dis, c'est que, à mon avis, nos responsables politiques auraient intérêt à s'inspirer de ce
04:58travail et à avancer sur un chemin qui soit
05:01acceptable. Les membres de la convention citoyenne, vous nous disiez que vous les aviez au téléphone
05:05hier, quand ils ont entendu ça. Il y avait une forme de dépit chez eux ? Il y avait une forme d'inquiétude. En fait, je crois qu'on est tous
05:14pragmatiques et puis on est tous au fait de l'actualité. Donc, on comprend qu'il y ait des aléas politiques,
05:20économiques, internationaux, diplomatiques, tout ce que vous voulez, qui peuvent entraîner
05:25un retard dans un calendrier. Ok, pas de problème. Et je pense que jusqu'ici, tout le monde a été extrêmement constructif.
05:31Sauf que ça fait presque deux ans. Rendez-vous compte, on nous a convoqués en décembre 2022.
05:36Les citoyens se sont réunis pour la première fois. On a travaillé
05:40pendant quatre mois, pendant neuf week-ends. On a remis nos travaux en temps et en heure.
05:45Un an plus tard, pour des raisons qu'on a très bien compris,
05:48le fait que ça ait pris un an, on a eu un engagement de la part du Président de la République
05:52qui a bien dit que c'était les deux jambes qu'il fallait penser ensemble, soins palliatifs et aides actives à mourir. Et puis,
05:58presque un an après,
06:01on est toujours en attente d'une réponse claire. Et donc nous, ce qu'on demande, c'est qu'il y ait un débat parlementaire qui ait lieu et qui aille au bout.

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