L’animateur star des années 80 publie son 2e roman autobiographique « Ne le dis surtout pas à Paul ».
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00:00Bonjour Patrick Sabatier, 50 ans de carrière à la télé, à la radio, Europe 1, RTL, TF1,
00:06La 5, France 2 et j'en passe, vous étiez l'un des rois du divertissement dans les années 80.
00:10Vous revenez d'ailleurs sur vos heures de gloire, mais pas seulement, dans votre nouveau
00:14roman, ne le dis surtout pas à Paul, aux éditions du Rocher, que vous reste-t-il de
00:17tout ça Patrick Sabatier ? Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
00:21J'ai envie de vous dire que de bons souvenirs, parce que je crois que les mauvais, on les
00:25oublie assez facilement, et puis j'ai été extrêmement gâté, on a fait des émissions
00:29avec toute une équipe, qu'on a rencontré le public, Avis de Recherche, Porte Bonheur,
00:33Le Jeu de la Vérité, alors évidemment c'était une autre époque, mais on a eu la chance
00:36de rencontrer des millions de téléspectateurs qui à un moment donné ont adhéré à ce
00:40qu'on leur proposait.
00:41Alors quand je regarde dans le rétroviseur, ce qui m'arrive peu, parce que je ne suis
00:45pas très nostalgique de tout, mais je me dis que j'ai eu de la chance, qu'on a été
00:48gâté, quand je dis qu'on a été gâté, c'est-à-dire qu'on a vécu, toute une équipe
00:52et moi-même, ensemble, des choses formidables, on les imaginait, on les créait, on les proposait,
00:57on les présentait et puis tout d'un coup on avait immédiatement le résultat des courses
01:01et c'était formidable.
01:02Les résultats, c'était à l'époque, c'était des 15, 16, 17 millions de téléspectateurs.
01:06C'était une autre époque, mais c'est vrai qu'il y avait beaucoup de millions de téléspectateurs,
01:09chose qui aujourd'hui évidemment n'existe plus, mais le paysage a changé.
01:12Quel a été, s'il faut en retenir un, votre plus grand moment de télévision ?
01:17J'ai toujours envie de dire Alain Delon, Le Jeu de la Vérité, le premier, ça se
01:21passe en 1985, c'est au mois de janvier, et je dis toujours qu'Alain Delon a été
01:26pour moi, avant, pendant et après, un soutien formidable et amical et il m'avait dit oui
01:34en mai 1984, on ne s'était pas rappelé entre mai 1984 et novembre 1984, où il me
01:41tutoyait, je le voyais, je l'ai appelé, j'ai dit voilà, je voulais vous souhaiter
01:44un bon anniversaire, on est toujours d'accord qu'on fait une émission ensemble au mois
01:47de janvier et là Alain Delon m'a fait du grand Alain Delon, il m'a dit au téléphone
01:51quand Alain Delon dit oui, Alain Delon vient et Alain Delon a été le premier invité
01:55du Jeu de la Vérité, grâce à lui, toute une pléiade de célébrités a accepté le
02:02fait de se soumettre à ce jeu où le journaliste n'existait plus, puisque c'était vraiment
02:07en direct, le téléspectateur qui posait n'importe quelle question à la star.
02:12Et puis ça s'est arrêté du jour au lendemain, il y a eu ce qu'on appelle une traversée
02:15du désert, comment vit-on une chute aussi brutale quand on a été autant adulé que
02:19vous ? Alors, tout vient de l'éducation, moi j'ai
02:22eu une chance extraordinaire, encore merci à mes parents, mes parents ont cru que ça
02:26allait durer un an, puis peut-être deux ans, quand ça a duré dix ans ils m'ont dit
02:31ça ne va pas durer, donc je me suis toujours attendu à ce que les choses s'arrêtent,
02:36elles ne se sont pas arrêtées, elles ont été ralenties pendant un certain nombre
02:39de mois, enfin tout compte fait c'était le risque du métier, alors beaucoup me disaient
02:43mais comment tu le prends ? Vous me posez d'ailleurs justement la question aujourd'hui,
02:47bien très bizarrement je pense que j'ai été aidé d'une part par mon épouse, par
02:51ma famille et par la façon dont je vois la vie, je me dis bon ça arrive, ça arrive,
02:57il faut l'affronter mais pas se morfondre, pas se plaindre, déjà si ça devait s'arrêter
03:02là, maintenant, tout de suite, vous parlez des époques 92, 93, ce serait déjà formidable,
03:07il se trouve qu'après ça a continué, mais tant mieux !
03:10Dans votre livre autobiographique, vous décrivez la télé comme un monstre formidable qui vous
03:15avale, vous pensez que votre métier vous a détruit ?
03:17Détruit, non, mais c'est pas un métier comme un autre, ça c'est comme on n'est pas président
03:22de la république comme un autre, parce que j'entends encore François Hollande qui disait
03:26je serai un homme ordinaire, non, on n'est pas ordinaire quand on est président de la
03:30république, on n'est pas ordinaire quand on passe à la télévision devant des millions
03:33de téléspectateurs et à un moment donné, c'est évidemment, même aujourd'hui d'ailleurs
03:36quand je vois les animateurs d'aujourd'hui sur différentes chaînes qui font des émissions
03:40à grande audience, évidemment qu'on doit faire attention à ce qu'on dit, à ce qu'on
03:43dit, à ce qu'on fait, mais les gens qui vous regardent ont une image de vous qui n'est
03:48pas totalement vous mais qui est aussi vous, donc tout ça c'est un équilibre permanent
03:53à maintenir, ce n'est pas facile mais c'est passionnant.
03:55Qu'auriez-vous fait si vous n'aviez pas été animateur ?
03:57Alors, qu'est-ce que j'aurais aimé faire ? Chanteur, mais pas chanteur de variété
04:03parce que non, j'aurais aimé, c'est un vieux rêve comme ça qui ne se réalisera pas, chanteur
04:08d'opéra parce que je trouve ça formidable, ou chef d'orchestre, en tout cas, dans la
04:12musique.
04:13Je trouve que la musique est tellement importante dans la vie de tous les jours, elle est tellement
04:19même salvatrice quand on ne va pas bien que je trouve que oui, c'est une superbe activité.
04:25Mais pourquoi vous n'êtes pas allé dans ce domaine-là ?
04:26Parce que ce qui a prédominé quand j'étais tout gamin, c'était la radio, d'ailleurs
04:31je voulais être animateur radio plus que présentateur télévision et puis bon, ça
04:35a marché assez vite, donc on ne peut pas faire tout, mais j'ai beaucoup d'admiration.
04:40Pour mes 30 ans, RTL m'avait fait le cadeau, je le raconte dans le premier livre, de me
04:46faire rencontrer Placido Domingo et ça a été extraordinaire cette rencontre parce
04:52que j'en parle dans le livre, on a eu des tas de points communs, ma mère était italienne,
04:57évidemment lui est italien, on a parlé de beaucoup de choses, son père était boulanger,
05:00il chantait lui-même, il ne voulait pas que son fils chante, qu'il ne chante pas mieux
05:04que lui.
05:05Donc oui, franchement, j'ai eu de la chance de faire ce métier, de rencontrer des gens
05:08formidables.
05:09Dans votre deuxième roman, on ne le dit surtout pas à Paul, vous avez choisi de créer en
05:12quelque sorte votre double romanesque, puisque le héros du livre, Paul Sarran, c'est vous,
05:17pourquoi vous cachez-vous derrière un personnage Patrick Sabatier ?
05:19Alors je ne me cache pas, c'est plus facile quand on fait un roman d'avoir un personnage
05:23qui devient un petit peu le double de vous, mais qui dit des choses que peut-être je
05:27n'aurais pas dit dans une autobiographie, par réserve, je ne sais pas si je suis pudique,
05:33en tout cas je suis réservé, je pense que, d'ailleurs ma femme me dit « comment tu
05:36as pu faire ce métier pendant 50 ans alors que tu ne vois personne, tu rentres à la
05:41maison tôt, tu n'as jamais été dans des soirées ». C'est vrai que j'aime une
05:46forme d'intimité, je suis quelqu'un d'un peu casanier, et Paul Sarran, lui, est plus
05:55extraverti que moi.
05:56C'est l'homme que vous aimeriez être ?
05:58J'aimerais être des tas d'hommes ! Vous savez, quand vous faites le même métier
06:03que moi, on rencontre des tas de gens, on se dit « tiens, telle personne a une qualité
06:07que j'aimerais avoir, ou telle autre a ce talent que j'aimerais avoir ». C'est
06:13Branger qui dit « les artistes ce sont des voleurs de pommes, ils prennent chez les autres
06:17ce qu'il y a de meilleur en essayant de se les attribuer ». Et moi, dans tous les
06:21gens que j'ai pu interviewer et rencontrer, il y a des tas d'hommes et des tas de femmes
06:24qui m'ont montré le chemin.
06:25Votre premier livre avait très bien marché, qui sont vos lecteurs ? Est-ce que ce sont
06:30les téléspectateurs que vous aviez qui vous lisent aujourd'hui ?
06:34Je pense, en partie.
06:36Vous les rencontrez ?
06:38Oui, mais je pense qu'il y a ceux qui me regardaient, puis il y a ceux qui ne m'ont
06:42pas connu.
06:43Car moi, j'ai quitté la télévision à grande audience depuis pas mal de temps.
06:47Si, j'ai fait quand même mot de passe pendant pas mal de temps, jusqu'en 2018.
06:50Sur France 2 ?
06:51Oui, il y a pas si longtemps ! Mais je veux dire qu'il y a aussi… Vous savez, je rencontre
06:57dans la rue, mais tous les jours, tous les jours, des gens qui me disent « j'ai vécu
07:02avec vous », « j'ai grandi avec vous », et vous me l'avez dit, je ne voulais pas vous
07:06citer par réserve.
07:07Donc, pour moi, c'est ma légion d'honneur, c'est-à-dire qu'il y a des tas de gens
07:12que j'ai accompagnés, mais qui m'ont accompagné.
07:15Alors, je pense qu'il y a ceux-là qui se sont intéressés éventuellement par ce que
07:18j'écris.
07:19Et puis, il y a d'autres personnes dont on a dit « tiens, tu sais, ce gars-là a fait
07:22beaucoup de télévision ». « Ah bon ? » Et il écrit.
07:25« Ah bon ? » Ben, jette un œil.
07:26Voilà.
07:27La télé, la radio, c'est fini pour vous ?
07:30Je ne me suis jamais fermé aucune porte dans la vie.
07:32D'ailleurs, je pense qu'il ne faut jamais s'enfermer, quel que soit le métier que
07:36l'on fasse.
07:37Moi, j'ai été très gâté, j'ai vraiment fait des choses qui m'ont rempli, qui m'ont
07:42satisfait.
07:43Ce n'est pas dans mon idée, dans mon projet de vouloir faire de la télévision, de la
07:47radio aujourd'hui.
07:48Voilà, j'ai fait mon tour.
07:49Mais je ne me ferme pas les portes de la vie parce que, voilà, je pense que ce serait
07:54inutile de se dire « bon, allez, maintenant, ça, c'est terminé ». Non.
07:58En ce moment, j'ai beaucoup d'autres activités qui n'ont rien à voir avec la radio et la
08:01télévision.
08:02L'écriture en fait partie, mais il n'y a pas que ça.
08:05Mais voilà, j'ai été servi.
08:07Vous qui avez travaillé sur C8, alors très peu de temps, mais quand même, vous avez
08:11voulu relancer « Avis de recherche », vous êtes touché par sa prochaine fermeture ?
08:15Je pense que c'est toujours grave de fermer une chaîne de télévision ou une chaîne
08:18de radio, qu'il va falloir qu'on nous explique vraiment les motivations.
08:22Elles doivent être importantes pour en arriver là.
08:24Je n'aurais pas aimé faire partie de l'ARCOM et prendre part à ses décisions.
08:31Ce n'est pas quelque chose que je trouve facile à faire.
08:35Donc, je ne connais évidemment pas le dossier par cœur, je ne l'ai pas sous les yeux,
08:39mais je pense que les arguments doivent être forts pour en arriver à interrompre une chaîne
08:44populaire en plus.
08:45Première chaîne de la TNT.
08:46Quand vous voyez Vincent Lagaffe qui fait un carton en relançant le « Big deal » sur
08:50RMC Stories, vous ne dites pas quand même que vous êtes peut-être trompé de chaîne
08:54quand vous êtes allé sur C8 pour relancer, vous, votre « Avis de recherche » ?
08:57Alors, c'était la volonté de Cyril Hanouna de travailler ensemble.
09:00J'ai mis très longtemps avant de lui dire oui.
09:01Je pense que la programmation de ce qui s'appelait, non pas « Avis de recherche », mais on se
09:09retrouve chez Sabatier, mais qui était un ersatz, je suis d'accord avec vous, était
09:12mal adaptée à la chaîne, ça c'est sûr, d'ailleurs on se l'est dit avec la direction
09:19de C8.
09:20Non, je pense que c'est une expérience, mais je suis tellement heureux pour Vincent
09:25Lagaffe.
09:26Parce que, ce qu'il faut dire surtout, c'est qu'il a proposé ça à TF1 et que TF1 lui
09:30a dit la chose qui est la plus horrible pour un animateur, « oui, mais sans toi ». Et
09:35donc, le fait qu'il est parti, je ne le crois pas, c'est vexant, qu'il ait réussi
09:40avec lui à faire ce score, bravo Vincent !
09:43Vous, vous ne tenterez plus de relancer une de vos anciennes émissions sur telle ou telle
09:48chaîne ?
09:49Non, pas dans mon projet en tout cas.
09:50Quels sont vos projets ?
09:51Là, tout de suite ! Vous savez, je fais beaucoup de randonnées avec des copains, on marche
09:57beaucoup, on fait des parcours, je fais encore, je pense que c'est la première des deux
10:03dernières années, pas mal de ski encore, là aussi de randonnées, des voyages, et
10:11puis probablement encore écrire, j'ai à peu près une idée de ce que j'ai envie
10:16de faire, et puis la famille, et mes petits-enfants, et je ne veux surtout pas, je n'ai pas raté
10:23mes enfants, je ne le crois pas, d'après ce qu'ils me disent quotidiennement, mais
10:27je veux être à l'écoute de mes quatre petits-enfants, car eux ont l'avenir devant
10:32eux, et moi, j'ai envie qu'ils m'apprennent beaucoup de choses.
10:36Et encore quelques belles années aussi devant vous, c'est ce qu'on vous souhaite en tout
10:38cas !
10:39Bonne année à vous d'ailleurs !
10:40Merci infiniment d'être venu, Patrick Sabatier !
10:42Merci !