Raphaël Glucksmann député européen “Place publique”, membre de la Commission des affaires étrangères, membre de la Commission du commerce international est l'invité de Questions politiques.
Retrouvez « Questions Politiques » tous les dimanches à midi sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques
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00:00...
00:11Bonjour. Ravie de vous retrouver
00:13dans Question politique, l'émission politique
00:16du dimanche sur France Inter, diffusée sur France Info,
00:20la télé et en partenariat avec le journal Le Monde.
00:23Sommes-nous entrés cette semaine dans une nouvelle ère,
00:26celle du compromis politique ?
00:27Les députés socialistes ont changé de stratégie,
00:31décidés à jouer un rôle central désormais,
00:34un rôle responsable,
00:36en négociant pied à pied avec le gouvernement,
00:38ce qui stabilise pour l'instant la situation politiquement,
00:42mais nos turbulences intérieures,
00:45qui durent maintenant des mois,
00:46nous ont fait oublier ce qui se passe à l'extérieur de la France.
00:49La guerre est toujours à nos portes en Ukraine,
00:52guerre commerciale,
00:53avec d'un côté les Etats-Unis, de l'autre la Chine,
00:55sans oublier les nouvelles guerres technologiques et informationnelles.
01:00Que fait l'Europe et que peut faire la France ?
01:02On en parle avec notre invité ce dimanche,
01:04Raphaël Glucksmann, député européen
01:07et coprésident du mouvement Place Publique qu'il a cofondé.
01:09Il est ce midi, dans Question politique, en direct et jusqu'à 13h.
01:13Question politique.
01:20Bonjour, Raphaël Glucksmann.
01:22Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:24Avec moi pour vous interviewer,
01:26Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions
01:28et François Sfresos du journal Le Monde.
01:30Bonjour à tous les deux.
01:31Bonjour à toutes et tous.
01:33On commence toujours l'émission avec vos images de la semaine,
01:36à tous les trois.
01:38Vous allez nous raconter ce qui vous a marqué en particulier.
01:40Vous, Raphaël Glucksmann,
01:41qu'est-ce qui a retenu votre attention cette semaine ?
01:45Une lueur d'espoir.
01:46Dans un monde qui ressemble de plus en plus à des ténèbres,
01:49une lueur d'espoir.
01:50Ma photo, c'est des enfants palestiniens
01:53qui déambulent parmi les ruines de Gaza.
01:57Une lueur d'espoir avec le cessez-le-feu.
01:59On voit à quel point cette lueur est vacillante et fragile.
02:03Une lueur d'espoir pour les familles des otages
02:06et les otages eux-mêmes, ceux qui sont toujours vivants.
02:10L'espoir de la liberté.
02:11Une lueur d'espoir pour ces civils palestiniens
02:13qui vivent sous les bombes,
02:15qui meurent sous les bombes depuis de si longs mois.
02:19Et une lueur d'espoir qui nous vient du Proche-Orient,
02:21une région qui ne nous a pas habitués à ça,
02:23et qui s'étend au Liban,
02:25avec l'élection enfin d'un président, M. Aoun,
02:30et l'élection d'un Premier ministre, M. Nawaf Salam,
02:34qui est extrêmement loin de la corruption ambiante
02:38de la classe politique libanaise
02:40et de la mainmise du Hezbollah sur cette classe politique.
02:42Et donc ça, c'est un espoir pour le Liban,
02:45un pays qui nous est si cher,
02:46un espoir qu'un État souverain libanais s'affirme
02:49et que des réformes puissent être engagées.
02:50Donc voilà, moi, j'ai voulu commencer cette émission,
02:52on va parler de sujets extrêmement inquiétants,
02:54par le fragile espoir de la paix.
02:56Un espoir qui va jusqu'à l'optimisme.
02:58Est-ce que vous iriez jusqu'à Joe Biden,
03:00qui dit, voilà, c'est la fin de la guerre ?
03:03Non, je pense qu'il faut être résolument pessimiste
03:07quand on touche au Proche-Orient,
03:10quand on touche à cette guerre,
03:12mais que pour la première fois depuis le 7 octobre,
03:15on a un chemin qui peut se dessiner.
03:17Alors, il est fragile,
03:18chaque étape va être un moment de bascule,
03:23mais oui, il peut y avoir la fin de cette guerre.
03:25Et à la fin, il faudra un chemin
03:28qui soit aussi un chemin vers la justice,
03:29c'est-à-dire vers la capacité des Palestiniens
03:31à avoir leur État.
03:33Est-ce qu'on peut créditer Donald Trump,
03:36lui-même le revendique, d'avoir pesé ?
03:38C'est-à-dire simplement,
03:39où il y a une coïncidence de date,
03:42ou alors, lui s'est parlé à Netanyahou ?
03:44On va parler beaucoup de Donald Trump dans cette émission,
03:46j'en suis sûr, et vous verrez tout le mal que je pense de lui.
03:49Mais là, c'est un succès de Donald Trump.
03:50Mais là, ce qui est certain, c'est que Benjamin Netanyahou
03:52misait depuis le début,
03:54face aux pressions de l'administration Biden,
03:56sur le fait que bientôt, Trump allait arriver,
03:59et que donc, il n'avait pas obtempéré aux demandes américaines.
04:02Et ce qu'il a vu, c'est que, en fait,
04:05l'envoyé de Donald Trump est allé dans le même sens
04:07que l'administration Biden,
04:08et donc, ça lui a coupé toute possibilité de jouer la montre,
04:12et il était face à ses responsabilités.
04:13Donc oui, il y a eu un rôle de l'administration Trump.
04:15Mais rôle ou succès ? Non, succès, vous ne dites pas succès ?
04:18Succès, on verra.
04:19Je veux dire, là, franchement,
04:20le cessez-le-feu n'est toujours pas mis en place,
04:21le Hamas n'a pas donné la liste des otages,
04:23il y a des bombardements au moment où on se parle.
04:25Donc, je veux dire, franchement,
04:26parler de succès au Proche-Orient, il faut être très calme.
04:28Est-ce que cette nouvelle ère au Proche-Orient,
04:31qui, malgré tout, se dessine, donc,
04:33se fera avec ou sans Benjamin Netanyahou ?
04:37Moi, je pense que Benjamin Netanyahou,
04:39c'est complètement discrédité.
04:41Après, on ne peut pas, nous,
04:42décider qui sera le prochain dirigeant israélien.
04:46Mais ce qui est certain,
04:47c'est que Netanyahou s'est discrédité avant le 7 octobre,
04:51en un sens, en misant sur le Hamas
04:54pour aboutir à l'absence d'État palestinien
04:57pendant très longtemps, dans toute sa carrière politique,
05:00et qu'ensuite, ça conduit de la guerre, le discrédite.
05:03Donc, il y a une société israélienne
05:06qui s'oppose à Benjamin Netanyahou,
05:08il y a des forces politiques qui s'opposent à Benjamin Netanyahou,
05:11et c'est clair que la perspective de paix,
05:13elle passe par ces forces politiques-là,
05:15et pas par Benjamin Netanyahou.
05:16Une question encore, on a envie de vous dire,
05:18surtout vous, le député européen, où est l'Europe ?
05:21Je vais vous le dire, l'Europe, elle a été complètement absente,
05:23enfin, pas complètement, mais très absente de la guerre,
05:28très peu audible, très divisée.
05:30Elle a raté tous les instants clés de ce conflit,
05:34et donc, il faut qu'elle soit présente,
05:36maintenant que la paix peut se construire.
05:38Et on a vu beaucoup les États arabes,
05:40on a vu beaucoup l'administration américaine,
05:42mais on a très, très peu vu l'Union européenne,
05:45et c'est essentiel que nous, on soit là,
05:48maintenant qu'une brèche s'ouvre pour agir,
05:52et pour, d'abord, l'aide humanitaire,
05:54mais pas seulement l'aide humanitaire,
05:56parce que finalement, l'Europe est toujours réduite à cela.
05:58Voilà, elle a une enveloppe qu'elle a encore, d'ailleurs,
05:59donnée, là, cette semaine, 120 millions d'euros,
06:02c'est très bien, il faut le faire.
06:03Mais derrière, l'Europe, c'est un homme politique,
06:06et donc, quand on voit qu'elle n'arrive même pas
06:08à suppléer à la potentielle absence américaine en Ukraine,
06:10on comprend bien qu'elle est très impuissante au Proche-Orient,
06:13et il faut que l'Europe parle d'une voix,
06:15mais ça, ça suppose vraiment un réveil des dirigeants européens,
06:19on n'y est pas du tout.
06:20Et que fait la France ?
06:21Parce qu'on ne l'a pas beaucoup entendu non plus,
06:22il y a eu un petit moment Macron, et puis, il a disparu, et là...
06:25La France, elle a eu un poids sur la question libanaise,
06:29mais elle a été très absente,
06:31et surtout, je pense qu'il y a eu une forme de godille permanente
06:35qui ne rendait pas la parole française très audible
06:37sur la question de cette guerre.
06:39Et donc, là, il faut qu'on soit là pour la paix.
06:41Il faut qu'on soit là pour la paix,
06:42et pas simplement en donnant de l'aide humanitaire,
06:45mais en faisant pression pour qu'il y ait un chemin vers cette paix.
06:48Et ce chemin, je le répète, il y a des dirigeants européens
06:51qui ont déjà reconnu l'État palestinien,
06:53mais ce chemin, il passe par l'affirmation d'un État palestinien.
06:57Sans le Hamas, pas aux mains du Hamas,
06:59qui est une organisation terroriste,
07:01mais il y a besoin d'une perspective,
07:03simplement de liberté et de justice pour le peuple palestinien.
07:06Allez, autre image de la semaine,
07:08retour en France avec vous, Françoise,
07:10et la déclaration de politique générale de François Bayrou.
07:13Alors, je pense que vous l'avez tous regardée,
07:15donc on ne va pas rentrer dans le fond,
07:16mais moi, ce qui m'a surpris, étonné, c'est le style Bayrou.
07:21Il y a eu un style Bayrou qui est fait de pas mal d'humour,
07:25de beaucoup de maladresse.
07:26Alors, les maladresses, il va se perdre dans ses fiches dès le début.
07:30Et puis, c'est surtout quand il répond aux autres groupes.
07:32Alors là, il ne trouve pas l'interlocuteur.
07:35Il se repère dans ses fiches,
07:38il confond les milliards, les millions.
07:40On se dit, mon Dieu, et en même temps, ça marche.
07:42Alors, j'ai essayé d'analyser pourquoi ça marche.
07:45En fait, on le trouve plutôt authentique et sympathique.
07:48Et je pense qu'il y a un effet Bayrou,
07:49par contraste avec ce qu'on a vécu avec les macronistes,
07:52c'est-à-dire la technostructure assez sûre d'elle-même,
07:56j'ai réponse à tout.
07:57Lui, il montrait, enfin, un homme politique
07:59qui était assez droit sur ses objectifs,
08:02un peu sinueux sur les détails,
08:04mais assez authentique.
08:05Et puis, affirmant, en fait, affichant ses fragilités.
08:10Et j'ai trouvé ça plutôt sympathique,
08:12avec aussi une dose d'humour qui fait que l'agressivité de l'hémicycle
08:16qui a accompagné tous les Premiers ministres
08:19était là, un peu désamorcée,
08:21notamment quand il a comparé, vous savez,
08:23les jeunes qui ne poussent pas comme des poireaux.
08:25Là, on a vu le groupe écologiste qui se dit,
08:27mais qu'est-ce qu'il en a contre les poireaux ?
08:29Et c'était assez drôle parce que, voilà.
08:32Donc, les maladresses Bayrou, pour le moment, le servent.
08:34Alors, peut-être qu'il ne faut pas que ça dure trop longtemps,
08:36mais il y a une personnalité,
08:39il y a un personnage qui s'est affirmé.
08:41Il a fait rire Laurent Wauquiez et il a failli faire rire Olivier Faure.
08:44Vous vous rendez compte, quand même ?
08:45La quinte floche.
08:46Dernière image, elle concerne encore François Bayrou.
08:50Avec vous, Nathalie, là, c'est le conclave que vous avez choisi.
08:53Ce n'est pas un repas de mariage.
08:54Avant la photo, c'est le fameux conclave,
08:56la caractéristique d'un conclave,
08:57qui veut dire, je ne vais pas faire mon bas bleu conclavé,
08:59ça veut dire que c'est à clef, on les renferme.
09:01Là, ce n'est pas le cas et normalement, ils sont obligés de conclure.
09:04Juste pour dire que, je ne vais pas faire la Bayroumania,
09:07mais que l'idée de remettre tous les partenaires sociaux
09:10qui ont accepté de venir ensemble,
09:12parce que c'est quand même leur travail, leur responsabilité,
09:14ils connaissent les salariés,
09:16et d'essayer de travailler avec eux.
09:17Voilà, pour parler des retraites.
09:19Pour parler des retraites, bien sûr,
09:20mais vous savez, ils parlent des retraites,
09:21mais ils parlent aussi un peu d'autres choses.
09:23C'est-à-dire qu'il y a un retour du dialogue social
09:24qui avait quand même manqué au début d'Emmanuel Macron,
09:27qui avait manqué aussi par la suite
09:28parce que certains ne voulaient pas venir,
09:29et que là, il y a une espèce d'ardente nécessité à le faire.
09:32Donc, c'est quelque chose qui est plutôt remontant comme image,
09:35de voir tous ces gens entre eux.
09:37Et je voulais juste saluer particulièrement Marie-Lise Léon,
09:40qui est discrète, mais efficace et courageuse,
09:42et qui a pris plein de positions, y compris depuis mi-décembre,
09:46en disant, il faut avancer, il faut qu'on avance.
09:48Alors, elle ne fait pas des claquettes,
09:49elle ne fait pas des déclarations tonitruantes,
09:51mais elle avance et c'est bien d'avoir une femme un peu discrète.
09:55Je n'aime pas que les femmes soient discrètes,
09:56mais à la CFDT, voilà, ça me fait extrêmement plaisir.
10:00Espérons que ça marche, en tout cas, c'est dans ce sens-là,
10:03à mon avis, que la méthode doit continuer.
10:06Je suis totalement d'accord sur votre portrait de Marie-Lise Léon
10:10et sur son importance fondamentale dans les semaines qui viennent.
10:13Je pense que c'était aussi une de nos exigences principales.
10:17Le fait qu'on puisse renouer avec le dialogue social,
10:19qu'on fasse confiance aux partenaires sociaux,
10:21que, finalement, la brutalité avec laquelle Emmanuel Macron
10:25avait cassé ce dialogue pour imposer la réforme des retraites
10:29soit réparée et invalidée, d'abord dans la méthode.
10:34Parce que, quand on brutalise le dialogue social,
10:36en fait, on brutalise la démocratie française.
10:37Et il est extrêmement important, dans une situation aussi bouillante,
10:41qu'on puisse réhabiliter cette idée d'un dialogue
10:45entre les partenaires sociaux.
10:46Alors que l'FI a laissé entendre que c'était quantité négligeable.
10:49Oui, mais ça, ça nous oppose.
10:50Ce qui est quand même quelque chose de très étrange.
10:51Alors, on va faire le débat avant le débat,
10:53parce qu'on va évidemment en parler des nouvelles méthodes,
10:55la méthode Bayrou, l'ancienne méthode Macron, etc.
11:02Nous sommes dans l'opposition et nous y resterons.
11:06Nous sommes dans l'opposition,
11:08mais nous avons aussi signifié notre ouverture au compromis.
11:12Depuis dix jours,
11:13nous sommes entrés en négociation avec vous et vos ministres.
11:16Nous avons fait ce choix, non pour négocier une place,
11:20obtenir un ministère ou un avantage quelconque.
11:24Nous l'avons pris pour vous arracher des concessions
11:27qui n'auraient pas vu le jour sans cette discussion.
11:31Nous n'avons pas la négociation honteuse.
11:35Voilà Olivier Faure, le 1er secrétaire du PS,
11:38jeudi après-midi à la tribune de l'Assemblée,
11:40où était débattue la 1re motion de censure
11:43contre le gouvernement Bayrou.
11:44Motion rejetée grâce notamment aux 58 députés socialistes
11:48qui ne l'ont pas votée.
11:50Est-ce que l'on vient d'entrer, Raphaël Glucksmann,
11:52dans une nouvelle et inhabituelle culture du compromis en France ?
11:56Bravo déjà.
11:58Je souscris à chaque mot qui a été prononcé
12:00à la tribune de l'Assemblée nationale et qu'on vient d'entendre.
12:03D'habitude, on suspecte toujours les hommes politiques,
12:06les femmes politiques aussi d'ailleurs,
12:08de négocier des postes, des voitures de fonction,
12:11négocier des symboles, du prestige, de l'égo.
12:15Eh bien là, les négociations portaient sur des mesures
12:18extrêmement concrètes et elles ne visaient pas
12:21à entrer au gouvernement et à obtenir des ministères.
12:24Donc ce n'était pas une négociation sur les postes,
12:26c'était une négociation sur ce qu'on pouvait arracher.
12:28Et je pense que oui, nous sommes entrés dans une nouvelle phase,
12:31qui n'est pas une phase d'alliance politique,
12:34qui n'est pas une phase non plus de contrat de non-censure
12:37sur toute la mandature, mais qui est une phase de discussion.
12:39Et moi, depuis le 7 juillet,
12:42depuis les résultats des élections législatives
12:44suivant la dissolution insensée de l'Assemblée nationale,
12:47eh bien je dis cela, il faut qu'on discute, qu'on négocie.
12:51Mais pourquoi on a changé de stratégie tout à coup ?
12:53Pourquoi tout à coup Olivier Faure ?
12:54Parce qu'il y a eu un moment, un moment de prise de conscience
12:58suite à la censure de M. Barnier et aussi une opportunité.
13:03C'est-à-dire que si le gouvernement précédent avait fait le choix
13:07de faire une danse du ventre devant le Rassemblement national,
13:09il était clair qu'avec M. Bayrou, eh bien la priorité,
13:12et M. Lombard à l'économie, la priorité c'était de discuter,
13:15de dialoguer, de négocier avec la gauche.
13:18Et c'est pour ça, parce que nous sommes conscients
13:21de la difficulté du moment, de la crise politique majeure
13:24dans laquelle le gouvernement, eh bien, le pays s'enfonce
13:29depuis le 9 juin, que nous sommes conscients aussi
13:33des menaces extérieures qui pèsent sur notre pays,
13:35que nous sommes conscients des attentes des Français,
13:37des Français qui veulent un gouvernement
13:38et qui veulent, si possible, arracher des victoires
13:42en termes de déremboursement des médicaments
13:45ou d'augmentation des dépenses dans l'hôpital public
13:48ou de postes dans l'éducation nationale
13:51ou d'ouverture d'un dialogue sur les retraites,
13:53eh bien, que nous avons commencé ces discussions.
13:56Et c'était essentiel de les mener de bonne foi jusqu'au bout.
14:00– Françoise ?
14:01– Il y avait quand même un sujet extrêmement symbolique
14:03qui est la réforme des retraites, où une partie de la gauche
14:06va nécessairement vous accuser d'avoir plié,
14:08parce qu'il n'y a pas eu cette suspension de la réforme
14:11qui était quand même comme une déchirure démocratique pour la gauche.
14:15Est-ce que vous pensez que ça valait la concession de dire
14:18bon ben, on va renégocier sans suspendre, c'est suffisant ?
14:23– Mais écoutez, revenez quelques semaines en arrière,
14:26je sais qu'on est toujours focalisés sur le jour d'aujourd'hui,
14:28mais revenez quelques semaines en arrière.
14:31Cette blessure profonde que fut la réforme des retraites,
14:34à la fois sur le fond et sur la manière dont elle a été adoptée et imposée,
14:39tout le monde pensait que c'était clos.
14:43On a réussi à rouvrir le dialogue, le débat, sans tabou,
14:47y compris sur l'âge pivot.
14:49Et donc, c'est déjà une victoire.
14:52Ensuite, quand vous avez les partenaires sociaux et les syndicats qui disent
14:55mais nous on va participer aux négociations,
14:57nous on va participer aux discussions,
14:59quand vous avez Marie-Lise Léon qui vous dit
15:01c'est une opportunité pour nous,
15:03mais alors, ça veut dire que c'est quand même une victoire.
15:07Et ensuite, nous, on n'a pas signé un contrat qui abolit la censure jusqu'à la fin.
15:12Si ce dialogue est fake,
15:14si il n'y a pas d'avancée,
15:17si finalement, le gouvernement, par son attitude,
15:19donne un droit de veto au MEDEF sur chaque proposition syndicale,
15:24eh bien, il sera toujours temps d'utiliser l'arme de la censure.
15:27Mais on ne l'utilisera pas par posture,
15:29on ne l'utilisera pas a priori,
15:31on ne l'utilisera pas sur des mots,
15:33on l'utilisera sur des actes, en jugeant sur pièce,
15:35en ayant laissé sa chance au pays d'être gouverné.
15:39Et donc, moi, je pense que non,
15:42c'est une ouverture, certes limitée,
15:45nous, on aurait aimé aller plus loin,
15:46mais ce qui est certain, c'est qu'on n'est pas rien.
15:49Et dire que c'est rien, c'est de la foutaise.
15:52Et c'est aussi se moquer des syndicats qui, eux,
15:54prennent la balle au bon et vont essayer de pousser pour une réforme profonde.
15:57– Nathalie ? – Deux questions simples,
15:59vous dites « on », en quoi avez-vous pesé ?
16:01Beaucoup de gens disent « on ne l'a pas vu, on ne l'a pas entendu ».
16:03Et deuxièmement, est-ce que vous pensez que c'est une nuit grave ?
16:05Non, je ne parle pas des vôtres à vous, qui ne sont pas terribles,
16:09mais celles du parti socialiste au sein du NFP.
16:11– Pourquoi, c'est pas, vous dites « nous », on a l'impression que Place Public,
16:13on fait partie du parti socialiste ?
16:15– À Place Public, on a mené des discussions
16:18avec le ministre de l'Économie, Eric Lombard.
16:21– Vous êtes venu ?
16:22– Et donc, on y a été, on a discuté, on a dit ce qu'on demandait.
16:25– Mais avec les autres du PS, François Hollande.
16:26– Et on était en permanence en lien avec nos partenaires socialistes.
16:30Moi, vous savez, j'ai parlé avec Olivier Faure
16:32et les autres dirigeants du parti socialiste.
16:34Vous n'êtes plus fâché avec Olivier Faure ?
16:36Toute la semaine. Mais en fait, il n'y a rien de personnel dans ces histoires.
16:38Il y a une question de ligne politique.
16:40À partir du moment où Olivier Faure engage le Parti Socialiste dans la voie de la discussion,
16:45de la négociation, du rapport de force, et qu'il tient cette ligne,
16:48et qu'il l'incarne, et d'ailleurs de manière plutôt habile, vous le considérez,
16:51eh bien, il n'y a aucun problème.
16:53Donc, on était parfaitement synchrone sur toute cette période.
16:57Et donc, oui, il faut assumer aujourd'hui ce qui a été fait.
17:00Ce qui a été fait, c'est de montrer que nous privilégions l'intérêt général aux postures.
17:08Et que nous, nous ne voulons pas.
17:10Mais moi, je vais vous le dire, c'est extrêmement ancré.
17:12Nous ne voulons pas plonger le pays dans le chaos par ambition présidentielle.
17:17Nous ne pensons pas que virer Beyrou, ensuite, ça va déclencher le fait qu'Emmanuel Macron va démissionner
17:24et que nous allons aller dans une présidentielle.
17:27Donc, quand on ne pense pas ça, on assume jusqu'au bout.
17:30Est-ce que c'est réconciliable avec LFI, qui vous a traité, pas spécifiquement certains responsables,
17:37mais notamment sur les réseaux sociaux de collabos, voire de capitulars,
17:41et qui ont considéré, en gros, qu'au début, ils allaient mettre un candidat systématiquement
17:47pour plomber ceux qui n'avaient pas censuré.
17:49Est-ce que ça peut s'arranger, le NFP, en tant qu'accord électoral ?
17:53Nous ne devons absolument pas céder à ces menaces, à ces oucases, à ces diatribes.
17:59Non, mais ça veut dire quoi ?
18:00Moi, je pense que dans notre pays, la gauche majoritaire, elle est démocrate, elle est pro-européenne,
18:06elle est écologiste, elle est humaniste, elle n'est pas sur les positions de Jean-Luc Mélenchon,
18:10et donc elle ne doit pas avoir peur.
18:12N'ayez pas peur, il ne peut pas nous détruire.
18:15Donc, maintenant, on assume le rapport de force, on assume le fait d'avoir notre vision du débat public,
18:21notre vision des négociations politiques.
18:23Donc, il n'y a plus de NFP ?
18:25Et moi, je l'ai toujours dit, et là-dessus, c'est ma cohérence,
18:29et je le dis depuis le début, moi, j'ai soutenu le Nouveau Front Populaire
18:33parce qu'il y avait une menace imminente de victoire de Jordane Bardella et de Marine Le Pen,
18:39d'un gouvernement d'extrême droite dans notre pays.
18:43Et que face à une telle menace, je prendrai toujours mes responsabilités,
18:46même quand ça conduit à faire des choix difficiles.
18:49Mais j'ai toujours dit, aussi, depuis le début, que ce n'était pas un mariage,
18:53parce que nos visions du monde sont trop différentes,
18:56et notre rapport au débat public, comme on le voit maintenant,
18:59à ce qu'est la politique, est trop différent.
19:01Et donc, il y aura, de toute façon, on le sait,
19:04alors arrêtons de tirer des plans sur la comète, de toute façon, on le sait,
19:07Jean-Luc Mélenchon veut être candidat à la présidence de la République.
19:11Donc, arrêtons de faire semblant.
19:12Nous, on doit construire une offre politique qui rassemble le plus largement possible,
19:17et qui soit clairement…
19:18Vous pouvez vous remettre ensemble, puisque vous parlez de mariage.
19:20Est-ce que c'est une liaison chaque fois qu'il y a des élections ?
19:22Est-ce que c'est une liaison électorale ?
19:24Non, mais nous, de notre côté, on doit proposer une autre offre politique que celle-là.
19:27D'accord, avec les écolos, les récupérés, les communistes…
19:30Et proposer un projet clair pour le pays,
19:33puisque une chose que je reconnais, moi, à Jean-Luc Mélenchon et aux Insoumis,
19:37c'est qu'ils ont travaillé une vision du monde,
19:39c'est qu'ils ont travaillé une cohérence politique.
19:41Oui, vous l'avez déjà dit.
19:42Ce n'est pas la mienne, et je la combats.
19:43Mais il y en a une.
19:44Mais il y en a une.
19:45Donc nous, c'est ça qu'on doit faire maintenant.
19:47Et c'est pour ça que, dès le mois de septembre…
19:49Je dis attention, ne devenons pas…
19:51C'est extrêmement important d'agir sur les soubresauts de la vie politique,
19:56de semaine en semaine, de jour en jour maintenant, et même d'heure en heure.
19:59Mais n'oublions pas qu'on doit d'abord construire une vision du monde
20:03et un projet qui puisse susciter l'enthousiasme du pays.
20:05Juste, Françoise, pardonnez-moi, qu'on soit très clair.
20:07Que les choses soient dites, ça veut dire que le PS sort du nouveau Front.
20:12Oui, mais moi, je ne vais pas parler là au nom du Parti Socialiste,
20:14pour une raison très simple, c'est qu'on a un mouvement qui s'appelle Place Publique.
20:17Place Publique, d'accord.
20:18Et je n'engage pas la parole du Parti Socialiste quand je vous dis que nous, pour nous…
20:22Vous voulez dire que vous n'en avez pas besoin, en fait ?
20:24Même pas électoralement, du nouveau Front populaire, du NFP.
20:27Mais moi, ce que je pense, c'est qu'on doit construire notre politique
20:32sans la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon et l'appareil de Jean-Luc Mélenchon.
20:36Et on doit parler à ses électeurs, on doit parler aux électeurs insoumis,
20:39mais on ne doit pas lier notre destin aux désidératas et aux obsessions de Jean-Luc Mélenchon
20:45et, ce n'est pas seulement un homme, de son appareil politique.
20:48Pour une raison très simple, c'est qu'on ne veut pas la même chose là.
20:50Et ça se voit, ça se matérialise.
20:52Donc en fait, vous actez qu'il y aura deux candidats à l'élection présidentielle,
20:55un candidat Mélenchon et un candidat de la gauche réformiste.
20:59Dans ce cadre-là, comment vous répondez à l'invitation de François Hollande
21:03qui dit qu'il faut que Raphaël Glucksmann rejoigne les rangs du Parti Socialiste,
21:07de même que Cazeneuve ?
21:09Oui ou non ?
21:11Alors il dit plus que ça, parce qu'il est ce matin effectivement dans la presse, François Hollande.
21:15On parle du congrès du PS à ce moment-là,
21:17et François Hollande dit que ce serait bien qu'il y ait une motion place publique au prochain congrès.
21:22Alors vous êtes candidat ou pas ?
21:23Nous, on a un parti qui s'appelle Place Publique.
21:25On est lancé là dans un processus qui, à mon avis, est absolument vital.
21:30Parce que si on veut créer une offre politique, il faut avoir un projet.
21:32Un processus absolument vital qui implique près de 2000 personnes
21:35qui travaillent sur un projet.
21:37Notre objectif, c'est d'être prêts en juin.
21:40Et donc on va continuer à développer Place Publique.
21:42Vous savez, on est passé de 1000 adhérents payants à 11 000 en un an.
21:46Alors prêts en juin, pourquoi ?
21:48Mais prêts en juin pour proposer ce projet.
21:50Mais parce qu'en fait, je vais vous dire une chose très simple.
21:54C'est que moi, depuis la dissolution décidée par Emmanuel Macron,
21:58j'ai compris qu'on n'avait plus le droit de ne pas être prêts à tout.
22:04Parce qu'en fait, cette dissolution complètement irrationnelle
22:07montre que n'importe quelle décision peut être prise
22:09qui considère le jeu politique comme un jeu de quilles
22:12où on lance une boule de bullying.
22:14Et que quand on n'est pas content, on casse le jouet.
22:16Malheureusement, le jouet, c'est le pays et sa scène politique.
22:19Et donc il faut être prêt à tout.
22:20Parce que vous avez le droit d'être surpris par une décision irrationnelle une fois.
22:24Et donc d'être acculé à faire des choix qui sont difficiles.
22:27Mais si vous êtes à chaque fois surpris,
22:29c'est un destin que vous choisissez.
22:31Celui d'être naïf et surpris.
22:33Et nous, on ne sera plus surpris.
22:35Quelle que soit la décision.
22:36Moi, je suis contre qu'il y ait une dissolution.
22:38Moi, je suis contre qu'on brutalise les institutions.
22:40Je suis contre une présidentielle anticipée.
22:42Moi, je suis pour le respect des cycles électoraux
22:44et des institutions de la République.
22:46Et le problème, c'est que la première brutalisation,
22:48elle a été faite par Emmanuel Macron.
22:50Et qu'en fait, on a la version synchrone opposée
22:53qui est celle de Jean-Luc Mélenchon qui dit
22:55il faut une deuxième brutalisation maintenant avec une présidentielle anticipée.
22:58Moi, ce que j'espère, c'est qu'il n'y aura pas de brutalisation
23:00et qu'il y a un calendrier qui sera respecté
23:01et qu'on puisse avoir un minimum de stabilité.
23:03Mais si jamais, si jamais,
23:05des dirigeants qui ne sont pas toujours ultra-rationnels
23:08décident qu'on re-brutalise les institutions,
23:10nous, nous serons prêts.
23:12Dans le calendrier avant, il y a le congrès du PS.
23:14Pardonnez-moi d'y revenir.
23:15Je ne sais pas quand il aura lieu.
23:17Justement, on ne le sait pas.
23:18On entend parler quand même de la fin du printemps, mai, juin.
23:22Olivier Faure, vu tout ce qui vient de se passer,
23:24il est la bonne personne ?
23:26Il doit rester à la tête du PS ou pas ?
23:29Encore une fois, on ne va pas s'ingérer dans les affaires du Parti...
23:32Vous discutez en permanence avec lui ?
23:33Bien sûr qu'on discute.
23:34Mais moi, je discute avec Olivier Faure,
23:36je discute avec Nicolas Maillot-Rossignol,
23:38moi, je discute avec Karl Belga,
23:40je discute avec tout le monde au Parti socialiste.
23:43Et je vais vous dire une chose.
23:44À la fin, vous savez ce qui se passera ?
23:46Eh bien, on aura une offre politique commune avec le Parti socialiste,
23:49avec les socialistes.
23:50Et cette offre politique commune,
23:51elle sera différente de celle que propose Jean-Luc Mélenchon.
23:55Et il y aura une confrontation des idées,
23:58des projets, des manières de faire,
24:00des stratégies politiques.
24:02Et ce sera démocratiquement sain.
24:05Ce sera sain.
24:06Et d'ailleurs, dans ce qu'a promis le Premier ministre,
24:08M. François Bayrou,
24:09il y a une cause qu'il a apportée depuis longtemps,
24:11tout comme nous,
24:12et nous avons ça en partage,
24:14qui est la proportionnelle.
24:16Vous la soutenez à fond ?
24:17Non seulement à fond,
24:18mais c'est une urgence.
24:21Pourquoi ?
24:22On doit changer la culture de la classe politique.
24:24Ça fait des mois qu'on perd du temps,
24:26parce qu'on n'est pas habitué à discuter,
24:28à élaborer des compromis,
24:29qu'on n'est pas capable de faire ce que font nos voisins.
24:32Tous nos voisins, en fait.
24:34Donc on n'y arrive pas,
24:35mais on se lance dans la proportionnelle,
24:36qui nous forcera encore plus à le faire ?
24:38Eh bien oui, parce qu'en fait,
24:39la proportionnelle, c'est ce que ça permet de faire.
24:41Au-delà d'avoir une représentation plus démocratique
24:43du paysage politique français,
24:45de l'opinion des citoyennes et des citoyens.
24:46Ce que ça permet de faire,
24:47c'est que chaque famille politique
24:49vient devant les Françaises et les Français
24:51en disant une chose très simple.
24:52Non pas j'ai réussi à un accord électoral,
24:54mais voilà qui je suis
24:56et voilà ce que je veux pour le pays.
24:58Et ensuite, on vote.
25:00On vote en accord avec soi-même,
25:02sans se diviser intérieurement.
25:04C'est ce qu'on a réussi à susciter
25:05comme enthousiasme aux Européennes.
25:07Et une fois qu'on a ça,
25:08eh bien on est dans l'obligation
25:10d'établir des compromis, des rapports de force
25:12en fonction de ce que pensent réellement les Français.
25:14Ça s'appelle la démocratie parlementaire.
25:17Et c'est quelque chose qui manque dans notre pays.
25:21Justement, avec qui vous envisagez
25:23que cette démocratie puisse s'exercer ?
25:25Puisque vous êtes favorable à des compromis.
25:27Alors, le plus dur, c'est probablement pas
25:29Place publique et le PS.
25:30Et même s'il y a des courants dans le PS
25:32avec lesquels vous n'êtes pas forcément
25:33le plus, comment dire, en bonne relation.
25:35Vous avez été déçus par les écolos ?
25:37Vous pensez qu'il y a encore quelque chose à prendre
25:39de ce côté-là ?
25:40Est-ce que du côté du PC,
25:41est-ce que finalement,
25:42il n'y a pas eu une homogénéité des deux vis-à-vis ?
25:44Avec LF, est-ce que vous n'êtes pas un peu seul ?
25:46Pas vous, spécifiquement,
25:48mais les socialistes ?
25:49Moi, je ne pense pas.
25:50Regardez.
25:51L'attitude sur la reprise des négociations.
25:54Les insoumis disent depuis le début
25:55« Nous, nous ne voulons pas de négociations. »
25:57Donc, en fait, ce qu'on veut,
25:58c'est juste rester dans notre coin,
25:59avoir la posture révolutionnaire
26:01et dire du balai.
26:03OK.
26:04Les socialistes négocient,
26:06les verts négocient
26:08et les communistes négocient.
26:10Ensuite, je pense que nous,
26:12nous avons une responsabilité.
26:13C'est de montrer que le chemin qu'on trace
26:15fonctionne.
26:16Et que finalement,
26:18ces forces politiques qui hésitent
26:20ont tout intérêt à venir avec nous.
26:22Parce que vous savez,
26:23ils sont ouverts.
26:24Parce qu'il y a les verts Jadot,
26:25ce n'est pas la même chose que les verts Tendelier.
26:27Oui.
26:28Alors, le sénateur de Paris
26:29est la patronne des négociations.
26:30Vous ne m'apprenez rien,
26:31mais moi, ce que je vois,
26:32c'est qu'en fait,
26:33vous ne m'apprenez rien,
26:34mais ce que je vois,
26:35c'est qu'en fait,
26:36si on montre que notre chemin fonctionne,
26:37eh bien, les gens viendront.
26:39Vous savez,
26:40je pense que personne n'est heureux
26:42dans un système
26:43où vous avez un dirigeant
26:45comme Jean-Luc Mélenchon
26:46qui passe son temps
26:47à insulter et menacer ses partenaires.
26:50Donc, si on montre
26:52qu'il y a une autre voie,
26:53une autre manière de faire
26:54qui peut mieux fonctionner
26:56et qui peut surtout permettre,
26:58en fait, à la gauche
26:59de prendre le pouvoir dans ce pays.
27:01C'est-à-dire qu'à la fin,
27:02pourquoi on fait de la politique ?
27:03Mais chaque dirigeant de gauche
27:04doit se poser la question.
27:05Pourquoi on fait de la politique ?
27:06Pourquoi on est entré en politique ?
27:08Est-ce que c'est pour être
27:10premier à gauche
27:11ou pour satisfaire sa base
27:13militante et politique ?
27:14Ou est-ce que c'est
27:15pour prendre le pouvoir
27:16et mettre en place le projet
27:18et les idées qu'on porte ?
27:20Et si le but est de réellement
27:23transformer la société,
27:24réellement faire
27:25la transformation écologique,
27:26réellement rétablir de la justice
27:28fiscale et sociale dans ce pays,
27:30si c'est réellement
27:31de refonder la démocratie,
27:32si c'est de la protéger
27:33contre les empires autoritaires
27:35et contre les oligarques populistes
27:37qui les menacent,
27:38alors on doit se mettre
27:40en condition d'exercer
27:42les plus hautes responsabilités.
27:44On doit parler au-delà
27:46de notre propre cercle.
27:47On doit parler à l'ensemble
27:48des Françaises et des Français.
27:49Et le but,
27:50ce n'est pas d'être
27:51premier à gauche.
27:52Ça, on s'en fout, en fait.
27:53Le but, c'est d'avoir
27:5550% des gens qui, à la fin,
27:57vous choisissent
27:58et vous font confiance.
27:59Donc ça doit être
28:01une ouverture d'esprit différente.
28:03Mais Raphaël Loosman,
28:04vous oubliez un peu vite
28:05quand même le budget
28:06qui va arriver maintenant
28:07très prochainement.
28:08Je n'oublie rien du tout.
28:09Si les socialistes
28:10votent ce budget,
28:11il change aussi de camp.
28:13C'est-à-dire que, tout à coup,
28:14ils ne font plus partie
28:15de l'opposition.
28:16C'est comme ça qu'a commencé
28:17Olivier Faure.
28:18Nous faisons toujours
28:19partie de l'opposition.
28:20Nous faisons partie de l'opposition.
28:21Est-ce que vous avez vu
28:22l'un d'entre nous
28:23au gouvernement ?
28:24Est-ce que vous avez vu
28:25l'un d'entre nous
28:26faire l'apologie de la politique
28:27qui allait être portée
28:28par ce gouvernement ?
28:29Non, nous sommes dans l'opposition.
28:30Mais simplement,
28:31nous sommes dans une opposition
28:32qui ne se comporte pas
28:33comme Néron.
28:34On ne prend pas plaisir
28:35à voir la République brûler.
28:36Donc, voter un budget,
28:37ce n'est pas se rallier
28:38à une majorité.
28:39On verra sur le budget
28:40si ce qui nous a été promis
28:41déjà se matérialise,
28:42si les avancées
28:43sont bien concrètes,
28:44si le dialogue
28:45qui a été initié
28:46n'est pas une farce.
28:47Et donc là,
28:48on prendra notre décision.
28:49Mais on ne s'est pas accordé
28:50pour avoir
28:51une non-censure éternelle.
28:52On a juste dit
28:53que nous étions des acteurs
28:54rationnels,
28:55conscients de la gravité
28:56du moment.
28:57Et que du coup,
28:58si jamais le budget
28:59est une farce
29:00et que rien
29:01de ce qui nous a été promis
29:02n'est acté,
29:03eh bien nous censurons.
29:04Alors,
29:05est-ce que ce qui vous a été promis
29:06suffit ?
29:07Je ne rentre pas
29:08dans le gouvernement.
29:09Suffit ?
29:10Ou faut-il encore
29:11obtenir d'autres choses ?
29:12François Hollande,
29:13ce matin,
29:14parlait de gestes
29:15en faveur de l'écologie
29:16et de l'équité.
29:17Est-ce que vous avez
29:18encore des mesures
29:19à défendre
29:20pour ne pas voter la censure ?
29:21Mais il y a une chose
29:22qui a été quand même,
29:23on peut convenir de ça,
29:24qui a été complètement
29:25absente du discours
29:26de politique générale.
29:27En réalité,
29:28c'est la transformation écologique.
29:29Il y a un peu de dotation
29:30pour le fond vert ?
29:31Non, mais soyons sérieux.
29:32C'est sans doute
29:33le défi
29:34le plus titanesque
29:36auquel nous faisons face
29:37et il n'a été traité
29:39que pendant 37 secondes
29:41dans le discours
29:42de politique générale
29:43et tout le discours
29:44sur l'écologie,
29:45c'était en fait
29:46comment on abaisse les normes.
29:47Donc oui,
29:48il y a des progrès
29:49immenses à faire là-dessus.
29:50Nous, on a des pistes
29:51mais semblant une chose.
29:52Nous, on jugera sur pièce.
29:54Et ce que ça veut dire,
29:55c'est qu'on sait très bien
29:56que François Bayrou,
29:57il ne va pas porter notre projet.
29:58Et tout le monde le savait
30:00avant le début
30:01de l'élection.
30:02Mais vous essayerez
30:03de pousser au maximum.
30:04Au maximum.
30:05Et ensuite, on jugera.
30:06Mais on sait que ce n'est pas
30:08la grande transformation
30:09écologique et sociale
30:10qu'on désire et qu'on porte.
30:11On sait que même
30:12sur la fiscalité,
30:13s'il y a des avancées,
30:14par exemple,
30:15avec cet embryon de taxes
30:16sur les plus hauts patrimoines,
30:17eh bien, on met un pied
30:18dans la porte.
30:19C'est parce que nous,
30:20on propose.
30:21Nous, on aimerait
30:22aller plus loin.
30:23Mais c'est déjà
30:24un pied dans la porte.
30:25Et donc, ce qu'on fera,
30:26c'est juger
30:27s'il y a le minimum
30:28d'avancées possibles
30:29pour ne pas censurer.
30:30Mais s'il n'y a pas,
30:31s'il finalement,
30:32on se dit,
30:33ils ont voté là
30:34et donc, finalement,
30:35on n'a plus besoin
30:36d'être fidèle
30:37à ce qu'on leur a promis,
30:38eh bien, ça sera la censure.
30:39Mais ce que je veux dire,
30:40c'est que nous,
30:41on jugera
30:42en ayant conscience
30:43tout le temps
30:44que faire tomber
30:45un gouvernement,
30:46ce n'est pas un jeu.
30:47Et que derrière,
30:48surtout,
30:49quelle est l'alternative
30:50qu'on propose ?
30:51C'est ça qu'on doit aussi dire.
30:52Quand on est critiqué
30:53sur notre gauche
30:54en disant,
30:55mais pourquoi vous avez fait ça ?
30:56Vous avez sauvé
30:57le gouvernement Bayrou.
30:58Mais attendez,
30:59il y a deux reproches.
31:00Vous avez sauvé
31:01le gouvernement Bayrou.
31:02Et c'est juste,
31:03OK, on le fait tomber
31:04mais quoi derrière ?
31:05Qu'est-ce qu'on fait derrière ?
31:06Et deuxième chose,
31:07autre critique
31:08qui nous est adressée
31:09et qui est particulièrement cynique,
31:10qui est de dire,
31:11mais de toute façon,
31:12le gouvernement Bayrou
31:13n'allait pas tomber
31:14puisque le RN
31:15n'allait pas voter la censure.
31:16Non, mais ça veut dire quoi ?
31:17C'est-à-dire qu'on vote
31:18en fonction du vote de Marine Le Pen.
31:19C'est-à-dire que c'est nous-mêmes
31:20qui lui redonnons les clés.
31:21Mais quelle hypocrisie de dire ça.
31:23Quand on vote,
31:24on doit toujours penser
31:25que l'avenir
31:26dépend de son vote.
31:27Donc, on vote en conscience.
31:28En tout cas,
31:29Jean-Luc Mélenchon
31:30est moins sévère que vous.
31:31Vous êtes plus sévère que lui
31:32parce que là,
31:33il vient de dire que le PS
31:34n'est plus un partenaire,
31:35c'est-à-dire
31:36mais toujours un allié.
31:37Un allié de circonstance.
31:38Un allié de circonstance,
31:39c'est quoi ?
31:40C'est-à-dire que peut-être
31:41nos votes vont se rejoindre
31:42quand il s'agira de voter.
31:43Alors que vous vous dites
31:44qu'il y aura forcément
31:45deux candidats,
31:46clairement, en 2027.
31:47Jean-Luc Mélenchon explique
31:48qu'il envoie des lettres
31:49à tous les maires
31:50pour dire qu'il va être candidat
31:51aux élections présidentielles.
31:52C'est-à-dire qu'il va être candidat
31:53Il est moins dur que vous.
31:54Mais non,
31:55il n'est pas moins dur que moi.
31:56Il veut être candidat
31:57aux élections présidentielles.
31:58Tout le monde le sait.
31:59C'est quand même...
32:00J'adore le jeu
32:01de on fait semblant
32:02qu'on ne sait pas
32:03mais en réalité on sait.
32:04Quand on envoie des lettres
32:05aux maires pour dire
32:06je veux parrainer
32:07Jean-Luc Mélenchon,
32:08ça veut dire
32:09qu'il veut être candidat.
32:10À partir du moment
32:11où il est candidat,
32:12on doit juste se poser
32:13une question simple.
32:14Est-ce que nous,
32:15on est à l'aise
32:16avec la possibilité
32:17de soutenir la candidature
32:18de Jean-Luc Mélenchon ?
32:19Est-ce qu'on est à l'aise
32:23avec la possibilité
32:24de soutenir la candidature
32:25de Jean-Luc Mélenchon ?
32:26Moi je vous réponds tout cash,
32:27tout net, tout direct.
32:28Jamais je ne soutiendrai
32:29la candidature
32:30de Jean-Luc Mélenchon
32:31à la présidence de la République.
32:32Donc voilà.
32:33Vous êtes plus fait.
32:34Le député européen
32:35Raphaël Glucksmann
32:36est notre invité
32:37jusqu'à 13h
32:38dans Questions politiques.
32:39Comment va l'Europe ?
32:40On en a un petit peu parlé
32:41à Raphaël Glucksmann
32:42mais on voit peu
32:43Ursula von der Leyen
32:44la présidente
32:45de la Commission européenne.
32:46Le commissaire français
32:47Stéphane Séjourné
32:48semble être aux abonnés absent.
32:49On ne le voit nulle part.
32:50Et vous,
32:51que fait l'Europe en ce moment ?
32:52Déjà moi,
32:53je passe ma vie
32:54à bosser au Parlement européen
32:55et c'est pour ça
32:56qu'on me reproche d'ailleurs
32:57de ne pas commenter assez
32:58la vie politique française.
32:59Mais l'Europe va mal.
33:00Et là,
33:01on a des offensives
33:02quotidiennes
33:03contre les démocraties
33:04européennes,
33:05celles de Musk
33:06et de Trump.
33:07On a la guerre
33:08de Vladimir Poutine
33:09et sa croisade
33:10contre nos démocraties,
33:11elle aussi.
33:12On a les menaces
33:13sur nos productions
33:14venues de la Chine
33:15et face à cela,
33:16évidemment,
33:17il y a des défis.
33:18Et là,
33:19il y a des défis
33:20et face à cela,
33:21eh bien,
33:22on a une Europe
33:23extrêmement divisée.
33:24Mais je vais vous faire
33:25un tableau
33:26qui est flippant
33:27mais qui est en dessous
33:28de la réalité encore.
33:29Alors allons-y.
33:30On a
33:31une commission
33:32faible.
33:33La personne
33:34qui était le rempart
33:35face
33:36à Elon Musk,
33:37face
33:38à...
33:39Thierry Breton ?
33:40C'était Thierry Breton.
33:41Il a été écarté
33:42comme un malpropre
33:43et on en souffre.
33:44Et c'est la faute à qui ça ?
33:45C'est Macron
33:46qui ne l'a pas défendu ?
33:47D'abord,
33:48c'est Van der Leyen
33:49qui l'a défendu.
33:50D'où on accepte.
33:51Enfin,
33:52d'où le président de la France
33:53accepte ce deal.
33:54C'est impossible.
33:55Donc,
33:56on a une commission
33:57qui avait une personne
33:58qui était l'architecte
33:59des instruments qu'on a
34:00pour se défendre aujourd'hui.
34:01Et on avait travaillé
34:02avec lui au Parlement européen
34:03pendant des mois
34:04et des mois.
34:05Et le DSA,
34:06ce qui permet
34:07à l'Europe
34:08de défendre
34:09l'espace numérique européen
34:10face à Elon Musk
34:11ou face à TikTok,
34:12eh bien,
34:13c'était lui l'architecte.
34:14Il allait
34:15mettre en place
34:16ce qu'il avait conçu
34:17avec nous.
34:18Et il a été écarté.
34:19Donc,
34:20on a une commission faible.
34:21On a
34:22une parole de la France
34:23qui a perdu
34:24tout crédit
34:25à l'échelle européenne
34:26depuis le 9 juin.
34:27Depuis la dissolution.
34:28Vraiment.
34:29C'est-à-dire que
34:30les gens n'ont pas compris
34:31en Europe.
34:32C'est la dissolution
34:33ou c'est la personnalité
34:34de Stéphane Séjourné ?
34:35Non, non, non.
34:36C'est la dissolution.
34:37C'est depuis le 9 juin
34:38parce que la France
34:39pourrait peser
34:40dans ce qu'elle a au Conseil.
34:41Bon,
34:42mais après,
34:43il y a d'autres pays.
34:44Donc,
34:45on a l'Allemagne
34:46qui est en pleine élection.
34:47Et demain,
34:48mais dans deux jours,
34:49il sera installé.
34:50Et on a
34:51Elon Musk
34:52qui va être
34:53le numéro 2
34:54de fait
34:55de l'administration américaine.
34:56Donc,
34:57des gens
34:58qui se sont promis,
34:59mais vraiment promis,
35:00qu'il fallait,
35:01après,
35:02« make America great again »,
35:03Elon Musk le dit
35:04tous les jours,
35:05« make Europe great again »,
35:06ce qui veut dire
35:07la même bataille culturelle,
35:08la même bataille politique
35:09qu'aux Etats-Unis,
35:10mais chez nous.
35:11Comme si on était
35:12le 51e Etat
35:13des Etats-Unis.
35:14Bon,
35:15mais que fait l'Europe ?
35:16Ce qu'il faut faire,
35:17là,
35:18c'est appliquer
35:19nos lois.
35:20Vous savez,
35:21en Europe,
35:22on est des précurseurs
35:23pour produire des lois.
35:24C'est pour ça que c'est très bien
35:25d'être député européen.
35:26On produit des lois
35:27qui sont super.
35:28Donc,
35:29c'est appliquer
35:30le Digital Service Act ?
35:31On a été précurseur
35:32sur la loi de protection
35:33de notre espace numérique.
35:34Il y a des enquêtes
35:35qui ont été lancées
35:36contre X
35:37et contre TikTok.
35:38Eh bien,
35:39il faut les rendre publiques
35:40et sanctionner
35:41les dérives constatées.
35:42Et tout le monde
35:43le sait à Bruxelles
35:44que les lois
35:45européennes sont violées.
35:46À Bruxelles,
35:47là,
35:48on a recommencé une enquête
35:49qui avait déjà été menée
35:50depuis décembre 2023.
35:51Décembre 2023.
35:52Donc,
35:53on tourne en rond.
35:54Depuis juillet 2024,
35:55je sais qu'elles sont...
35:56Mais qui joue à ça ?
35:57Je sais qu'elles sont les lutins.
35:58Qui est-ce qui joue au...
35:59Mais c'est la peur
36:00qui nous freine.
36:01Mais la peur,
36:02est-ce que c'est la peur ?
36:03La peur de se cacher
36:04avec l'administration américaine.
36:05Mais moi,
36:06ce que je dis
36:07et ce qu'on va dire
36:08dans la prochaine session plénière,
36:09la semaine prochaine
36:10à la Commission européenne,
36:11parce qu'au Parlement,
36:13d'appliquer nos propres lois.
36:15Ces gens,
36:16Musk,
36:17Trump,
36:18ne respectent que
36:19les gens qui sont forts.
36:20Alors, qui vous aident ?
36:21On va prendre des choses autrement.
36:22Pas qui vous plantent,
36:23qui vous aident ?
36:24Si vous êtes tout seul
36:25à pousser des cris,
36:26pour qu'il se passe un truc...
36:27Non, mais on va construire
36:28une majorité au Parlement européen
36:29pour obliger la Commission
36:30à appliquer nos règles.
36:31Il y a quand même des gens dedans
36:32qui sont un peu...
36:33Vous savez,
36:34on a voté
36:35le Digital Services Act
36:36à une écrasante majorité.
36:37C'est sans doute
36:38l'une des lois
36:39qui a été votée
36:40avec le plus
36:41de consensus politique.
36:42La droite,
36:43la gauche,
36:44le centre,
36:45les verts,
36:46tout le monde.
36:47Et même l'extrême droite
36:48s'est abstenue,
36:49qui pourtant,
36:50d'habitude,
36:51refuse tout pouvoir
36:52pour l'Union européenne.
36:53Et là,
36:54on fait quoi ?
36:55Une loi qui a été
36:56si bien adoptée,
36:57on la passe sous le bus ?
36:58Et donc nous,
36:59ce qu'on va faire,
37:00c'est qu'on va dire
37:01à la Commission,
37:02c'est très simple.
37:03Soit vous appliquez
37:04les lois européennes
37:05et donc ça va conduire
37:06à des sanctions
37:07sur les plateformes
37:08qui ne respectent pas
37:09les lois européennes,
37:10comme c'est le cas
37:11avec TikTok en Roumanie
37:12et c'est ça ce que fait X.
37:13Donc soit vous votez,
37:14soit vous appliquez,
37:15soit quoi ?
37:16Soit on sanctionne
37:17cette Commission.
37:18On la sanctionne comment ?
37:19Avec qui ?
37:20Avec quoi ?
37:21Mais attendez,
37:22nous,
37:23on est quand même
37:24dans un système,
37:25l'Europe,
37:26qui est démocratique.
37:27Donc on vient
37:28d'installer une Commission.
37:29On peut tout à fait
37:30en engager
37:31un rapport de force
37:32sur les questions du budget,
37:33sur toutes les questions
37:34où la Commission
37:35a besoin de nous
37:36pour faire en sorte
37:37que nos lois soient appliquées.
37:38Non mais alors là,
37:39c'est la Commission
37:40qui a dit
37:41on recommence une enquête
37:42qui a déjà été faite
37:43sur Elon Musk.
37:44Eh bien,
37:45on a rendez-vous
37:46avec la Commission
37:47la semaine prochaine
37:48à Strasbourg.
37:49Ça tombe bien.
37:50Donc là,
37:51on va pouvoir
37:52mettre la pression,
37:53augmenter la pression,
37:54demander des résultats
37:55et dire une chose
37:56extrêmement simple.
37:57C'est qu'en fait,
37:58c'est pas d'insulter Musk
37:59qu'on demande nous.
38:00C'est respecter
38:01les lois
38:02qu'on a votées.
38:03Moi,
38:04j'en peux plus
38:05que nos lois soient pas respectées.
38:06C'est un manque de sérieux.
38:07On manque de moyens
38:08et c'est surtout
38:09un manque de courage
38:10parce que oui,
38:11quand vous faites
38:12respecter vos lois,
38:13eh bien,
38:14ça passe par un moment
38:15de tension.
38:16Et ce qui fait flipper
38:17tout le monde,
38:18c'est le fait
38:19qu'une nouvelle administration
38:20va mettre tout son poids
38:21pour demander à l'Europe
38:22de ne pas appliquer ses lois.
38:23Moi, je suis désolé.
38:24Je ne vis pas
38:25dans le 51e Etat américain.
38:26Les élections américaines
38:27ne changent pas
38:28les lois en Europe.
38:29Et je pense que justement,
38:30ça peut être un moment
38:31fondateur pour l'Europe.
38:32Mais je vois bien
38:33la peur qui habite
38:34tout le monde.
38:35Et ce que je veux dire,
38:36c'est qu'en fait,
38:37on est encore
38:38le premier marché du monde.
38:39Et il ne peut pas
38:40nous traiter comme un paillasson
38:41de la même manière
38:42que les Chinois
38:43ne peuvent pas éradiquer.
38:44Est-ce que c'est la peur ?
38:45Est-ce que ce sont
38:46des réflexes nationaux
38:47où certains États se disent
38:48qu'on a intérêt à négocier
38:49avec les États-Unis
38:50et puis l'Europe,
38:51on s'en fiche ?
38:52C'est quoi le moment
38:53pour l'Europe aujourd'hui ?
38:54Est-ce qu'il y a
38:55un vrai risque de dilution
38:56ou une chance de sursaut
38:57au contraire ?
38:58Il y avait deux.
38:59Et si on ne sursaute pas,
39:00si on ne se réveille pas,
39:01eh bien oui,
39:02il y aura la dilution.
39:03Il y a deux immenses tests
39:04qui nous sont posés
39:05par l'administration américaine.
39:06Le premier,
39:07c'est le Digital Services Act.
39:09Est-ce que nous sommes capables
39:10de faire appliquer nos lois
39:11même quand ça génère
39:12une tension
39:13avec une administration américaine ?
39:14Ça, c'est la première chose.
39:15Et nous ne sommes pas
39:16le 51e État des États-Unis,
39:17je vais devoir le répéter
39:1850 000 fois.
39:19Deuxième chose,
39:20deuxième chose,
39:21c'est la question de l'Ukraine.
39:22Parce qu'on est face
39:23à une guerre
39:24qui vise directement
39:25les Européens,
39:26qui vise directement
39:27l'architecture de sécurité
39:28en Europe
39:29et que si l'administration
39:31Trump précipite un deal
39:32avec Poutine
39:33pour en gros
39:34se partager le gâteau
39:35sans que les Européens
39:36soient à la table,
39:37sans que les Ukrainiens
39:38n'aient leur mot à dire,
39:39eh bien nous sommes
39:40face à une perspective…
39:41C'est une hypothèse, ça ?
39:42C'est une hypothèse
39:43sur laquelle nous sommes
39:44obligés de travailler.
39:45Pendant toute la campagne
39:46des Européennes,
39:47j'ai passé mon temps à dire
39:48qu'il faut se préparer
39:49au fait que Donald Trump
39:50gagne les élections
39:51le 5 novembre
39:52et qu'on sera face
39:53à un choix existentiel.
39:54À ce moment-là,
39:55on m'a dit,
39:56un, il ne va pas gagner
39:57les élections
39:58et deux,
39:59vous allez voir
40:00parce qu'en 2016,
40:01ça s'est mieux passé
40:02que prévu.
40:03Il va se rationaliser de ça.
40:04Depuis qu'il a gagné
40:05les élections,
40:06il se radicalise.
40:07Il veut annexer
40:08le Groenland.
40:09Il diffuse
40:10des images du Canada
40:11comme étant partie
40:12des États-Unis.
40:13Il se confronte
40:14avec la première ministre
40:15du Danemark
40:16et il menace
40:17le Danemark
40:18d'une guerre commerciale
40:19si le Danemark
40:20ne cède pas
40:21le Groenland.
40:22On a son numéro deux
40:23qui attaque
40:24les gouvernements
40:25européens progressistes,
40:26les uns à l'autre.
40:27C'est-à-dire
40:28qu'il y a
40:29des communistes
40:30les uns après les autres
40:31et il faut comprendre
40:32une chose.
40:33Ce que
40:34Donald Trump
40:35et Elon Musk
40:36sont en train de préparer
40:37et la manière
40:38dont ils le conçoivent,
40:39c'est qu'ils pensent
40:40qu'il y a une grande
40:41guerre civile culturelle
40:42au sein de l'Occident
40:43en général,
40:44pas simplement de l'Europe.
40:45Il y a un tweet de Musk
40:46qui avait été
40:47vraiment significatif.
40:48Il dit
40:49en 2016,
40:50ce qui s'est passé,
40:51c'est qu'on a
40:52éradiqué le virus Woke
40:53parce que c'est comme ça
40:54qu'il parle
40:55aux États-Unis
40:56mais on l'a laissé en Europe
40:57et du coup,
40:58on l'a fait.
40:59Cette fois-ci,
41:00il faudra aller jusqu'au bout.
41:01Ce n'est pas la révolution
41:02dans un pays,
41:03c'est la contre-révolution
41:04dans plein de pays,
41:05tous les pays.
41:06Il faudra l'éradiquer en Europe.
41:07Mais nous,
41:08nous devons résister.
41:09Ce n'est pas
41:10les électeurs
41:11du Michigan,
41:12de Floride
41:13ou du Minnesota
41:14qui vont décider
41:15des lois
41:16et de l'atmosphère politique
41:17dans les États européens.
41:18Pour résister ?
41:19Est-ce que
41:20les Lavender Lions
41:21sont invincibles ?
41:22Attendez,
41:23pardon,
41:24je n'avais pas entendu.
41:25Elles se sont invincibles ?
41:27Les Lavender Lions ?
41:28Le sentiment,
41:29c'est que...
41:30J'ai l'impression
41:31qu'elle fait ce qu'elle veut,
41:32qu'elle avance.
41:33Je pense que oui.
41:34La faiblesse des États membres,
41:35ensuite,
41:36elle se sent les mains libres
41:37puisque les poids lourds
41:38de l'ancienne commission
41:39ont été écartés
41:40et donc,
41:41il faut juste lui rappeler
41:42qu'elle doit compter sur nous
41:43et qu'au Parlement,
41:44si jamais
41:45elle a une attitude
41:46qui est trop souple
41:47et trop influencée
41:48par Georgia Meloni
41:49qui elle-même
41:50est proche de Tusk,
41:51de Musk,
41:52pardon,
41:53Tusk est du bon côté
41:54de la barrière
41:55de ce côté,
41:56le Premier ministre polonais
41:57sur lequel il faut s'appuyer,
41:58eh bien,
41:59elle aura affaire à nous.
42:00Juste,
42:01pardon,
42:02finissez.
42:03Non mais allez-y.
42:04Non,
42:05moi,
42:06je voulais revenir
42:07sur ce qu'on disait juste avant.
42:08Pour résister
42:09à Musk
42:10et à Trump,
42:11pour s'y opposer,
42:12est-ce qu'il faut quitter
42:13Twitter ?
42:14Est-ce qu'il faut quitter X
42:15puisque c'est ce que vous envisagez
42:16de faire demain ?
42:17Il faut d'abord
42:18appliquer nos lois
42:19et considérer...
42:20On l'a compris,
42:21vous l'avez dit.
42:22Non mais considérer
42:23ces réseaux
42:24et ces espaces publics
42:25qui doivent répondre à des lois
42:26parce qu'en fait,
42:27le vertige qui nous habite
42:28aujourd'hui,
42:29c'est que ces espaces publics
42:30qui font notre débat public
42:31sont en réalité
42:32des propriétés privées.
42:33Donc ça ne peut pas être
42:34des propriétés privées pures.
42:35Deuxième chose,
42:36il faut,
42:37moi,
42:38je pense,
42:39organiser notre départ,
42:40oui,
42:41de X.
42:42Ça veut dire quoi ?
42:43Moi,
42:44j'ai quitté TikTok
42:45avant la campagne électorale
42:46parce que
42:47c'était devenu
42:48évident
42:49que c'était un instrument
42:50d'ingérence du Parti communiste chinois
42:51dans nos démocraties
42:52visant à les déstabiliser.
42:53Si on concluait à ça,
42:54eh bien,
42:55face aux offensives
42:56de Musk
42:57contre nos démocraties,
42:58il faut organiser
42:59notre départ.
43:00Ce qui ne veut pas dire
43:01laisser le champ libre.
43:02Donc,
43:03à mon avis,
43:04on part à 1000
43:05le 20 janvier,
43:06ça ne suffira pas.
43:07Il faut qu'on amène
43:08nos communautés
43:09à quitter ce réseau,
43:10à se rabattre
43:11sur Blue Sky
43:12ou Mastodon.
43:13Mastodon,
43:14c'est un réseau européen
43:15et à,
43:16finalement,
43:17faire en sorte
43:18qu'il y ait un coût
43:19pour Elon Musk
43:20à notre départ.
43:21C'est-à-dire qu'il faut partir
43:22sur Elon.
43:23Il faut organiser.
43:24Et là,
43:25il y a,
43:26par exemple,
43:27le CNRS
43:28qui a produit
43:29des plateformes de portabilité
43:30de ces communautés
43:31pour qu'on puisse ensuite
43:32les transférer
43:33sur d'autres réseaux.
43:34Eh bien,
43:35cela,
43:36il faut le construire.
43:37Donc,
43:38moi,
43:39je pense que ce qu'il nous faudrait,
43:40c'est qu'on ait une deadline commune.
43:41Un temps où on dit
43:42pendant deux mois,
43:43on travaille à ça
43:44et on quitte en masse
43:45ce réseau
43:46et on va y travailler.
43:47Le contrariement,
43:48c'est de ne pas laisser
43:49au fond
43:50le réseau social
43:51de l'Occident.
43:52Le fait est
43:53qu'aujourd'hui,
43:54X pose une question particulière
43:55parce qu'on a
43:56un propriétaire de X
43:57qui va être numéro 2
43:58de l'administration américaine
43:59et qui utilise
44:00son réseau
44:01pour mener
44:02cette guerre civile
44:03au sein culturel
44:04et politique
44:05au sein de l'Occident.
44:06Et donc,
44:07rester,
44:08c'est en gros
44:09nourrir sa puissance.
44:10Et donc,
44:11vous quittez…
44:12C'est un dilemme.
44:13Moi,
44:14j'entends tout à fait.
44:15J'ai eu la discussion
44:16avec Thierry Breton,
44:17par exemple,
44:18qui dit l'inverse.
44:19Qui dit,
44:20on ne peut pas avoir
44:21une raison à 1000%
44:22et ce n'est pas
44:23une affaire religieuse
44:24et on peut tout à fait
44:25défendre le point de vue
44:26inverse.
44:27Et donc,
44:28vous dites partir en communauté
44:29mais vous,
44:30c'est-à-dire que vous
44:31ne quittez pas X finalement
44:32demain ?
44:33Si,
44:34je vais dire
44:35que dans quelques semaines,
44:36quelques mois,
44:37on aura un départ
44:38et on invite
44:39le maximum de gens
44:40à s'inscrire déjà
44:41sur les autres plateformes.
44:42C'est vu avec les architectes
44:43de la campagne
44:44Hello Quit X
44:45et je pense que c'est
44:46la démarche la plus rationnelle.
44:47Merci,
44:48Raphaël Duxman.
44:49Merci d'avoir assisté avec nous.
44:50C'est le moment d'accueillir
44:51notre second invité
44:52pour le livre de la semaine.
44:53France Inter
44:54Questions politiques
44:55Karine Bécard
44:56Bonjour,
44:57Emi Green.
44:58Bonjour.
44:59Merci de nous avoir rejoints
45:00sur le plateau de questions politiques.
45:01Vous êtes franco-américaine,
45:02spécialiste de la politique
45:03des Etats-Unis.
45:04Vous enseignez
45:05à Sciences Po Paris
45:06et vous avez publié
45:07juste avant l'élection
45:08présidentielle américaine
45:09« L'Amérique face à ses fractures »
45:10aux éditions Talendier
45:11et aux éditions
45:12France Inter.
45:13Et vous êtes
45:14spécialiste
45:15de la politique
45:16des Etats-Unis.
45:17Vous enseignez
45:18à Sciences Po Paris
45:19et aux éditions Talendier.
45:20On va donc continuer
45:21à parler des Etats-Unis
45:22à la veille, bien sûr,
45:23de la cérémonie d'investiture
45:24de Donald Trump.
45:25Il deviendra officiellement
45:26le 47e président de son pays,
45:29demain à midi,
45:30heure de Washington
45:31après avoir prêté serment
45:32sous la rotonde du Capitole.
45:34Alors, on l'a dit,
45:35depuis deux mois et demi,
45:36il est sur tous les fronts,
45:37Donald Trump,
45:38le Proche-Orient,
45:39l'Ukraine,
45:40le Groenland.
45:41Quel regard
45:42portent les Américains
45:43aujourd'hui
45:44sur leur nouveau président ?
45:45Je ne parle pas
45:46de ses partisans, bien sûr,
45:47mais globalement,
45:48les Américains,
45:49ils le regardent comment
45:50deux mois et demi après ?
45:51Alors, l'opinion
45:52publique américaine
45:53est toujours très divisée
45:54autour de la personne
45:55de Donald Trump.
45:56À peu près la moitié
45:57des Américains l'apprécient
45:58plus ou moins
45:59et l'autre moitié,
46:00pas du tout.
46:01Ce qui est très intéressant,
46:02c'est qu'on voit
46:03que l'opinion publique
46:04néanmoins soutient
46:05assez largement
46:06ses propositions politiques.
46:07Donc, même si l'homme
46:08peut diviser,
46:09il y a une forme
46:10de consensus
46:11qui se construit
46:12autour des besoins
46:13de politique
46:14qu'il va proposer.
46:15Ce qui est assez intéressant
46:16c'est cette dynamique
46:17de prise de position
46:18de Donald Trump.
46:19On avait vu, il y a quatre ans,
46:20il y a eu une forme
46:21de résistance de la gauche
46:22qui a coalescé, justement,
46:23en opposition
46:24à cette présidence-là.
46:25Cette fois-ci,
46:26c'est beaucoup plus calme,
46:27c'est presque muet.
46:28On voit une forme
46:29de réaction
46:30de la gauche
46:31qui est beaucoup plus,
46:32je dirais,
46:33beaucoup plus calme.
46:34En tout cas,
46:35il y a une résistance
46:36qui ne se constitue pas
46:37de la même façon
46:38qu'il y a huit ans.
46:39Mais ça veut dire
46:40que son style
46:41ne dérange plus ?
46:42Ce style efficace,
46:43rapide, autoritaire,
46:44ça séduit ?
46:45Ça séduit
46:46une certaine partie
46:47de l'Amérique, effectivement.
46:48Je pense que tout le monde
46:49à peu près a un avis
46:50sur cette personne,
46:51cette personnalité politique.
46:52Mais il est vrai
46:53qu'à force de l'usage,
46:54à force de voir
46:55un Donald Trump
46:56qui transforme véritablement
46:57la façon de faire
46:58de la politique aux Etats-Unis,
46:59il y a une forme
47:00d'insensibilité croissante
47:01dans cette manière de faire.
47:02Donc, en fait,
47:03le choquant ne l'est plus.
47:04Les anciennes normes,
47:05les règles de la politique
47:06ne le sont plus applicables.
47:07Et ça, en effet,
47:08il y avait
47:09un choc
47:10dans l'histoire
47:11de l'Amérique.
47:12C'est-à-dire qu'il y a
47:14vraiment véritablement
47:15changé la façon
47:16de concevoir
47:17et de mener la politique
47:18aux Etats-Unis.
47:19Mais même les démocrates
47:20ont abandonné
47:21ou il n'y a plus de démocrate
47:22ou il n'y a plus rien ?
47:23Non, il y a des démocrates,
47:24mais il y a une forme
47:25de prise de conscience
47:26de la totalité de l'échec.
47:27C'est-à-dire que là,
47:28j'argumente que l'échec
47:29des démocrates
47:30n'était pas si important
47:31que ça.
47:32Il y a des signes
47:33pour la gauche.
47:34Typiquement,
47:35la perte du vote populaire
47:36ne tient qu'à 1%.
47:37La perte du Congrès
47:38ne tient qu'à quelques sièges.
47:39Donc, il y a des signes
47:40d'espoir pour cette gauche.
47:41Mais néanmoins,
47:42il y a une forme
47:43de prise de conscience
47:44qu'il faut à la fois
47:45se rendre compte
47:46des raisons de l'échec.
47:47Et puis,
47:48pour certains élus démocrates,
47:49ils se disent
47:50qu'il va falloir composer
47:51avec le trumpisme.
47:52Et donc,
47:53sur certains sujets,
47:54il va falloir peut-être
47:55qu'on cherche des ponts
47:56pour travailler ensemble.
47:57Alors, c'est fascinant
47:58quand même de voir
47:59la différence entre
48:00la première investiture
48:01il y a huit ans
48:02et ce qui se passe aujourd'hui.
48:03Il y a huit ans,
48:04Donald Trump, président,
48:05on le moquait,
48:06on le vilipendait,
48:07on ne l'écoutait pas.
48:08Là, aujourd'hui,
48:09tout le monde,
48:10quand je dis tout le monde,
48:11c'est l'élite politique,
48:12l'élite économique,
48:13l'élite technologique,
48:14j'ai envie de dire,
48:15mange dans sa main.
48:16C'est-à-dire,
48:17veut faire partie
48:18de la cour de Donald Trump.
48:19Qu'est-ce qui s'est passé ?
48:20Oui, c'est fascinant.
48:21Il y avait un certain
48:22nombre de fêtes,
48:23de galas
48:24qui ont eu lieu
48:25hier soir à Washington
48:26autour du futur président.
48:27Et là,
48:28dans ces pièces-là,
48:29on va retrouver
48:30Jeff Bezos,
48:31Mark Zuckerberg,
48:32Musk et autres.
48:33Donc, c'est vrai que
48:34ce ralliement
48:35de la Silicon Valley
48:36autour de Donald Trump,
48:37notamment pour les raisons
48:38économiques,
48:39les intérêts économiques,
48:40est assez fascinant
48:41puisque cela représente
48:42une véritable rupture.
48:43Le fait que l'inauguration
48:44aura lieu dans le Rotonda,
48:45donc à l'intérieur,
48:46parce qu'il va faire
48:47extrêmement froid à Washington,
48:48c'est quelque chose
48:49qui est assez inédit.
48:50Et cela rend,
48:51justement,
48:52ce moment de l'investiture
48:53encore plus rare.
48:54Et donc,
48:55il y a une forme
48:56de conquérance
48:57assez importante
48:58pour avoir une place
48:59assise autour
49:00du futur président.
49:01Donc, en effet,
49:02il y a une forme
49:03d'acceptation
49:04et envie de travailler,
49:05de faire des opportunités
49:06Ce qui a joué aussi,
49:07c'est la façon
49:08dont il a été élu.
49:09C'est-à-dire,
49:10l'élection du deuxième mandat
49:11est absolument incontestable.
49:12Et je pense que c'est ça aussi
49:13qui change le regard
49:14parce que les gens se disent,
49:15ben voilà,
49:16c'est difficile de contester
49:17qu'il y a un appui.
49:18Mais absolument.
49:19C'est-à-dire que là,
49:20cette fois-ci,
49:21ce n'est plus un accident.
49:22Ce n'est pas un bémol
49:23dans l'histoire.
49:24D'autant plus
49:25qu'il a gagné
49:26dans les villes
49:27qui ont voté démocrate
49:28parmi ceux
49:29qui ont voté le plus
49:30pour Joe Biden.
49:31Chez les Noirs,
49:32chez les Hispaniques,
49:33pas majoritairement,
49:34mais ils creusent.
49:35Et donc effectivement,
49:36cela rend de lui
49:37une force politique différente.
49:38Et ça pour la gauche,
49:39je trouve que c'est un challenge
49:40aussi terrible.
49:41C'est un challenge immense
49:42pour la gauche.
49:43Et le fait que,
49:44finalement,
49:45les classes ouvrières
49:46qui étaient censées être
49:47vraiment le pilier
49:48du Parti démocrate
49:49aient basculé,
49:50c'est une leçon immense.
49:51L'autre leçon
49:52pour tous nos commentateurs,
49:53c'est qu'il faut arrêter
49:54de croire
49:55que le triomphe
49:56des populistes d'extrême-droite
49:57n'est pas le triomphe
49:58des populistes d'extrême-droite.
49:59C'est-à-dire qu'il faut arrêter
50:00de croire
50:01que le triomphe
50:02des populistes d'extrême-droite,
50:03c'est des parenthèses de l'histoire
50:04ou finalement
50:05des soubresauts irrationnels.
50:06Non.
50:07On est face
50:08à une tempête immense,
50:09à une lame de fond.
50:10Et moi,
50:11je vais vous dire,
50:12ça m'a vraiment marqué.
50:13Vous prenez Zuckerberg.
50:14En 2017,
50:15le patron de Meta
50:16et donc de Facebook.
50:17En 2017,
50:18il fait une longue lettre
50:19où il parle des origines étrangères
50:20de sa famille,
50:21où il parle des origines étrangères
50:22de sa femme,
50:23où il parle des origines étrangères
50:24de sa famille,
50:25où il parle des origines étrangères
50:26de sa famille,
50:27où il parle des origines étrangères
50:28de sa femme,
50:29où il parle des origines étrangères
50:30de sa femme,
50:31où il explique
50:32qu'on est une nation,
50:33l'Amérique,
50:34un melting pot
50:35et qu'il va falloir le défendre
50:36contre Donald Trump.
50:37Et aujourd'hui,
50:38il épouse la vague.
50:39Pourquoi ?
50:40Parce qu'il sent
50:41que cette fois-ci,
50:42c'est une lame de fond.
50:43C'est une lame de fond
50:44et c'est une lame de fond
50:45en Europe
50:46autant
50:47qu'aux Etats-Unis.
50:48Et il faut qu'on
50:49prenne la mesure.
50:50J'ai l'impression
50:51qu'on a toujours
50:52la tentation de l'autruche
50:53en disant
50:54bon,
50:55si on fait rien,
50:56qu'on met la tête dans le sable,
50:57on va se faire éclater.
50:58Non.
50:59C'est la première tentation.
51:00Oui,
51:01intéressant pour rebondir
51:02sur le point de
51:03Mehta et Zuckerberg.
51:04Effectivement,
51:05ils délocalisent
51:06une grande partie
51:07des équipes
51:08de la Californie
51:09jusqu'au Texas
51:10parce qu'ils veulent éviter
51:11l'accusation d'un biais.
51:12C'est très intéressant
51:13ce choix aussi
51:14même de réorienter
51:15le centre de gravité
51:16de ce mastodonte
51:17technologique
51:18vers le Texas.
51:19Alors,
51:20il y a une autre chose
51:21que je trouve absolument fascinante,
51:22c'est évidemment les invités
51:23demain à cette investiture
51:24de Donald Trump.
51:25Je ne vais pas toutes les citer
51:26parce que ça donne quand même
51:27la mesure.
51:28On a l'Italienne
51:29Giorgia Meloni,
51:30on a le Hongrois
51:31Victor Orban,
51:32on a Javier Milei,
51:33le président argentin,
51:34on n'oublie pas Eric Zemmour,
51:35on n'oublie pas Marion Maréchal-Le Pen.
51:36Est-ce que ça choque
51:37ça, les Américains ?
51:38Pour l'instant,
51:39non,
51:40ça ne choque pas
51:41forcément les Américains.
51:42C'est vrai qu'on en parle
51:43peut-être beaucoup plus
51:44à l'extérieur.
51:45C'est vrai que c'est
51:46la première inauguration
51:47américaine
51:48où un président,
51:49un futur président
51:50des États-Unis,
51:51convoque ou convie
51:52des dirigeants étrangers.
51:53C'est en cela
51:54déjà une rupture.
51:55Mais quand on va regarder
51:56les affinités idéologiques,
51:57on va constater
51:58l'absence
51:59de dirigeants européens
52:00comme un Emmanuel Macron,
52:01comme même
52:02Van der Leyen.
52:03En effet,
52:04on voit la forme
52:05de soutien idéologique.
52:06Par ailleurs,
52:07ce n'est pas nouveau.
52:08Il y a des membres,
52:09des anciens conseillers
52:10de Donald Trump
52:11qui ont déjà fait
52:12des pas en Europe.
52:13Je pense à Steve Bannon
52:14qui fait son retour,
52:15entre autres.
52:16Cette proximité-là
52:17n'en est en rien,
52:18un secret.
52:19Là,
52:20c'est vraiment
52:21pour la première fois
52:22devant les yeux
52:23de tout le monde,
52:24le monde entier,
52:25complètement assumé.
52:26Mais les Américains
52:27assument aussi
52:28d'entrer dans une ère,
52:29je ne sais pas
52:30comment on peut la qualifier,
52:31de nationale,
52:32capitaliste,
52:33autoritaire.
52:34C'est ça,
52:35aujourd'hui,
52:36les États-Unis ?
52:37Ce qui est très intéressant,
52:38c'est qu'effectivement,
52:39mon livre parle
52:40beaucoup de fractures.
52:41Et c'est vrai
52:42que cette élection-là
52:43nous fait plusieurs enseignements
52:44sur cette question
52:45de fractures.
52:46Et je retiens vraiment
52:47la fracture économique,
52:48la préoccupation économique
52:49et ce sentiment
52:51de menace
52:52des migrants clandestins.
52:53Parce que c'est vrai
52:54que les sujets économiques
52:55restent véritablement
52:56la préoccupation centrale
52:57pour les Américains.
52:58Maintenant,
52:59les questions de sécurité,
53:00les frontières
53:01pour d'autres Américains.
53:02Mais la question
53:03de faire nation,
53:04de projet national
53:05ne se pose pas
53:06pour le moment.
53:07Parce qu'en effet,
53:08il y a d'autres préoccupations
53:09immédiates
53:10qui saisissent
53:11les électeurs.
53:12Et pour l'instant,
53:13ce n'est pas une réflexion
53:14qui est partagée largement
53:15au sein de la société.
53:16Dernière question,
53:17pardon.
53:18Nathalie,
53:19je vous en prie,
53:20avec plaisir.
53:21L'autoritaire leur faisait peur.
53:22Il y a eu un sondage
53:23qui disait en Europe
53:24que chez les jeunes,
53:25après tout,
53:26c'était peut-être
53:27un mal nécessaire
53:28pour être efficace.
53:29Est-ce que le côté
53:30autoritaire de Trump
53:31et le côté de s'asseoir
53:32sur la justice
53:33sur un certain nombre
53:34de principes,
53:35est-ce que ça peut faire peur
53:36aux Etats-Unis ?
53:37Ça pourrait faire peur
53:38si ça va trop loin.
53:39C'est-à-dire que
53:40pour l'instant,
53:41il n'y a pas trop de vagues.
53:42Mais ce qui est assez intéressant,
53:43c'est que d'ici deux ans,
53:44il y a les élections
53:45de mi-mandat.
53:46Et donc,
53:48qui sanctionnent
53:49le parti au pouvoir.
53:50D'ici là,
53:51ils vont regarder
53:52très attentivement
53:53ce que fait Donald Trump.
53:54Typiquement,
53:55s'il y a une politique migratoire
53:56qui cherche à déporter
53:57en masse autant de migrants
53:58par des techniques
53:59ou des tactiques brutales,
54:00ça pourrait heurter
54:01à l'opinion publique.
54:02Ça pourrait.
54:03Qui pourrait se dire,
54:04bon, ok,
54:05on est d'accord
54:06pour la question de sécurité,
54:07mais là,
54:08ça rompt avec nos valeurs.
54:09Donc, il va falloir
54:10qu'on voit
54:11avec la mise en place
54:12de cette politique
54:13et la manière dont
54:14l'opinion publique réagit.
54:15En 15 secondes,
54:16c'est le même Donald Trump
54:17ou c'est le même ?
54:18Je pense qu'il durcit.
54:19Je pense qu'un Donald Trump,
54:20c'est à peu près le même,
54:21mais qu'il se sent
54:22encore plus investi du pouvoir,
54:23encore plus investi
54:24de la confiance des électeurs.
54:25Merci à tous les deux.
54:26Merci, Amy Green.
54:27Je rappelle le titre
54:28de votre livre,
54:29L'Amérique face à ses fractures.
54:30C'est sorti aux éditions Talendiers.
54:31Merci à vous,
54:32Raphaël Glucksmann,
54:33d'être venu sur le plateau
54:34de questions politiques.
54:35Un grand merci
54:36à toute l'équipe également.
54:37Fabienne Lemoyle
54:38à la rédaction en chef
54:39et à Maurie Bauché
54:40pour la programmation.
54:41Très belle fin de week-end
54:42et je vous dis
54:43à la semaine prochaine.