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Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l'Emploi, le 15 janvier 2025 sur franceinfo.

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Transcription
00:00Bonjour Astrid Panossian-Mouvet.
00:02Bonjour.
00:03Le compte n'y est pas.
00:04Pour les socialistes, les annonces de François Bayrou hier sur les retraites ne vont pas assez loin.
00:08On le rappelle, trois mois de négociations par les partenaires sociaux.
00:11Et si pas d'accord entre eux, la réforme ne bouge pas.
00:14Olivier Faure, le patron du PS, a donc posé un ultimatum hier soir au Premier ministre.
00:18C'était sur TF1.
00:20Moi ce que je demande au Premier ministre, c'est qu'il soit clair
00:23et qu'il dise qu'il y ait accord ou pas accord.
00:26Le Parlement sera saisi de la question des retraites
00:29sur la base des propositions qui ont été faites par les uns et par les autres.
00:33A cette condition-là, effectivement, il y aura un vrai changement marqué
00:37par rapport à l'époque précédente.
00:39Nous censurerons, sauf si nous avons une réponse claire.
00:42Vous avez donc une réponse claire à donner à Olivier Faure ce matin ?
00:45Moi j'ai envie de reprendre un peu.
00:47J'ai fait le tour des organisations syndicales et patronales
00:50hier après la déclaration de la politique générale du Premier ministre.
00:54Et le retour que j'ai de la plupart des organisations,
00:58c'est que l'ouverture a été créée par les politiques.
01:02Et maintenant, le temps de la négociation,
01:05le travail des partenaires sociaux est ouvert.
01:10Mais ce qu'ils disent, ce qu'ils craignent, c'est que cette négociation soit biaisée
01:14parce que si elle échoue, on en revient à la réforme d'Elisabeth Borne.
01:18Mais c'est quand même fou que des sociodémocrates,
01:21et moi je pense qu'Olivier Faure, Boris Vallaud, Jérôme Guedj et d'autres
01:26sont des sociodémocrates sincères,
01:29puissent s'imaginer que le dialogue social est pipé d'avance.
01:34Moi je pense qu'il faut quand même saluer d'abord ces annonces.
01:40D'abord une confiance qui consiste à dire
01:42on remet les choses sur le tapis, sur la table,
01:46en redonnant toutes les clés aux partenaires sociaux
01:49avec la seule règle d'or qui est le retour à l'équilibre dans un horizon raisonnable.
01:55Une méthode fondée aussi sur une forme de transparence
01:58où on dit très clairement pour la première fois que la réforme de 2023 est perfectible,
02:03qu'elle crée des anxiétés, avec un diagnostic partagé de la Cour des comptes
02:08et un point qui n'a peut-être pas été suffisamment soulevé dans les commentaires,
02:11une volonté par le Premier ministre que les Français se saisissent aussi
02:15des conclusions de la Cour des comptes sur le sujet de la soutenabilité financière.
02:19Et enfin encore une fois, tous les sujets, y compris l'âge, sont sur la table
02:24à condition que les règles d'équilibre soient respectées.
02:29Je pense que ce sont des choses qui doivent quand même être saluées.
02:33Ce n'est pas un peu hypocrite de tenir ce discours là,
02:36sachant que le MEDEF, vous le savez, sur les sources de financement avec les syndicats,
02:40ils ne sont pas du tout, mais alors pas du tout, sur la même ligne.
02:43Donc l'accord va être impossible, vous en êtes consciente là aujourd'hui.
02:47Le MEDEF, comme la CPME, comme UDP, ont également conscience
02:51que se joue aussi une forme de stabilité à laquelle ils sont très attachés.
02:57Fin décembre, il y a quand même eu un appel de quasiment l'ensemble
03:03des organisations syndicales, à l'exception de la CGT,
03:06l'ensemble des organisations patronales,
03:08appelant à un sens de la responsabilité venant des partenaires sociaux
03:13et appelant à la stabilité, parce que tous les acteurs, qu'ils soient syndicaux,
03:18qu'ils soient aujourd'hui patronaux, ont besoin de stabilité.
03:21Mais vous entendez ce que dit Olivier Faure ?
03:23Ce qu'il dit, il dit, moi j'ai toute confiance dans les partenaires sociaux.
03:27Il dit s'il y a échec, donc moi j'ai envie de dire...
03:30S'il y a échec, oui, parce que c'est possible, il ne faut pas mettre de côté cette possibilité là.
03:34Donc s'il y a échec, et d'ailleurs le Premier ministre a dit s'il y a échec,
03:37il lui aussi lui-même l'a envisagé, la réforme reste telle qu'elle.
03:40Ce que dit Olivier Faure, c'est s'il y a échec, qu'il y ait échec ou pas,
03:43il faut que ça revienne du côté de la représentation nationale
03:46et qu'on puisse en discuter.
03:48Pourquoi c'est non de votre côté ?
03:50Parce que je pense que c'est biaisé forcément de penser qu'il y aura échec.
03:56On est un peu dans un phénomène de prophétie auto-réalisatrice.
04:01Je pense qu'il faut jouer la confiance.
04:04Je pense très franchement, et j'ai été une des premières à le dire,
04:07je me rappelle pendant la réforme de 2023, quand je débattais avec Laurent Berger,
04:11je disais oui, il y a des vrais sujets aujourd'hui d'amélioration
04:14sur la question de la pénibilité, sur la question de la retraite des femmes.
04:17On avait lancé avec Michel Barnier une concertation sur ces questions.
04:21Et il faut aussi prendre en compte, je le dis, les préoccupations du patronat.
04:26Vous avez quand même 28% de vos salaires, à vous deux, y compris le mien,
04:32qui part en financement de la retraite de base et complémentaire aujourd'hui
04:37pour quelque chose dont vous ne savez pas tout à fait,
04:40très honnêtement, si dans 20-30 ans, vous saurez à même de pouvoir en bénéficier aussi.
04:45Donc il y a à la fois un sujet qu'il faut comprendre côté patronat,
04:48et de compétitivité et de soutenabilité financière,
04:52tout en prenant le sujet de la justice sociale sur la question, encore une fois,
04:56de la pénibilité, parce que ça crée de l'anxiété.
04:59On va y revenir sur ce qui peut être négocié ou pas.
05:01Sur l'ultimatum que donne Olivier Faure, le patron du PS aujourd'hui,
05:05vous risquez la censure, vous l'assumez.
05:09Il dit dans deux jours, il n'y a pas de nouvelles, on censure.
05:12En tout cas, il y aurait une censure du PS.
05:15Mais moi, j'ai envie de dire qu'Olivier Faure se rapproche aussi,
05:20et je sais qu'il le fait, des organisations syndicales réformistes
05:25qui ont envie que ça marche, qui ne partent pas avec la même présomption
05:32qu'il y aura un échec.
05:34Mais vous comprenez pourquoi il va aussi loin ?
05:37Parce que lui, il attendait le mot « suspension » dans ce discours.
05:39Oui, mais ce n'est pas tout à fait la suspension.
05:41Ce n'est pas la suspension, on remet les choses sur le tapis.
05:44C'est pour ça que moi, en tant que ministre du Travail,
05:46en tant que députée avant d'être nommée ministre,
05:48je suis tellement, tellement attachée au dialogue social,
05:52parce que les partenaires sociaux sont beaucoup plus, je le pense,
05:55ancrés dans la réalité économique et sociale,
05:58et sont capables, beaucoup plus qu'on ne le croit, aux compromis.

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